samedi 1 juillet 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : François Brébant et l'industrie : win-win. 17.

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

17

François Brébant et l'industrie : win-win.


François Brébant a un profil spécial dans l’industrie pharmaceutique : celui d’un universitaire de qualité. Brillant pour ses qualités de clinicien et de chercheur à l’hôpital, il avait fini par devenir le tsar français d’une maladie orpheline qui concernait peu de patients mais dont les caractéristiques excitaient beaucoup les firmes pharmaceutiques pour les retombées économiques possibles qu’un traitement aurait dans d’autres maladies voisines et plus fréquentes. Mais sa carrière fut interrompue par des intérêts opposés tenant à la jalousie et à son manque d’entregent et de diplomatie. Qu’il fût un homme d’extrême-gauche ne fut pas un obstacle parce qu’il cacha rapidement ses idées à mesure que son ambition de grimper dans la hiérarchie devenait plus évidente : il était devenu de gauche, plus simplement. L’Université, et son chef de service en particulier, était passée à côté d’un médecin de qualité préférant promouvoir un imbécile à un poste auquel il n’était pas fait et l’industrie pharmaceutique était alors venue le chercher avec beaucoup d’intelligence et d’arguments. 

D’une certaine manière, et hors idées politiques, Pierre Gers a le même profil que lui à quinze ans d’écart. La seule différence, et elle est de taille, vient de ce que Gers travaille dans un secteur porteur, l’oncologie, et que les études cliniques auxquelles il participe et pour lesquelles son avis est requis, font partie d’un domaine que les marketeurs ont identifié comme ultra bankable, les tumeurs liquides, qui représente à la fois des centaines de milliers de malades à travers le monde, une grille de prix intéressante et des succès thérapeutiques prometteurs. Tous les indicateurs sont au vert. 

Dans cet avion qui se dirige vers Chicago, il y a, en classe affaire comme en classe éco, nombre de spécialistes, des cliniciens avisés ou des arrivistes arrivés, qui ne sont pas au courant des enjeux de leurs recherches ou de leurs pseudo recherches, qui ne savent pas combien ils sont manipulés par des firmes qui sont animées par des objectifs mercantiles cachés sous l’apparence de la science et du soin. 

Ici, les gens informés, ceux qui savent et qui décèlent au premier coup d’œil les discours complotistes, tendent l’oreille et se hérissent : cette description de l’industrie pharmaceutique ne peut être le fait que d’un gauchiste ou d’un adorateur des Illuminati.

Brébant a fini par oublier qu’il était rouge vif et maintenant qu’il est dans la place, il vise l’excellence, avec grand cynisme et sans trop de culpabilité : il vole vers les US en classe affaire et tente d’effectuer son travail avec le plus de professionnalisme possible.

Il regarde Gers avec amitié sans oublier qu’il est en train de l’aider à obtenir un poste universitaire où il pourra le manipuler bien malgré lui pour le plus grand bien des possédants de fonds de pension et des actionnaires.



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