Un congrès à Chicago (ASCO 2023)
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Art Institute de Chicago et une (grosse) surprise.
Visiter ce musée en une heure et demie est sans doute l’expérience la plus douloureuse qui puisse arriver à des visiteurs qui ont un certain penchant pour l’art et qui souhaiteraient que les autres s’en rendent compte pour ajouter à leur réputation. Ils n’ont pas beaucoup plus de temps. Particulièrement Pierre Gers qui ne voudrait pas rendre Milstein fou d’inquiétude et de rage (il manie les émotions avec aisance) en arrivant au dernier moment avant sa présentation.
« Les stratégies de visites de musées sont sans doute un résumé métaphorique de l’état de la culture touristique mondialisée. » Voilà la phrase que vient de prononcer Hélène Benzolft dans le taxi qui les emmène à L’Art Institute.
« Hu hu hu. » répond Brébant qui, depuis le temps qu’il fréquente l’ASCO ne manque jamais d’aller y faire un tour pour assouvir un plaisir réel et pour se montrer à la hauteur de ses prétentions intellectuelles dans un milieu qui lui paraît, à tort parce qu’il l’a peu exploré, totalement dépourvu d’intelligence et de culture. Florence Maraval surajoute : « On a du mal à comprendre comment quelqu’un qui ne sait pas lire un protocole dans la spécialité qu’il pratique tous les jours pourrait comprendre le conflit entre Bonnard et Picasso… »
Il y a tellement d’œuvres, tellement de sections, tellement de salles que l’on pourrait rester trois jours entiers dans cette immense bâtisse sans épuiser le sujet. Hélène Benzolft a préparé une petite liste de quinze œuvres qu’elle n’a pas encore sortie de sa poche.
« On procède comment ? » Ils décident de partir en groupe, de ne pas se lâcher, il faut qu’ils prennent un taxi à midi et demi maximum… Si on se perd, on se retrouve à la sortie. La psychiatre avait plus que préparé son affaire et elle leur demande, sa petite liste dans la main, de lui faire confiance. Et ainsi, en cette belle matinée chicagoane, ils se baladent et voient, presque dans l’ordre, Night Hawks d’Edward Hopper, le fameux American Gothic de Grant Wood, quelques toiles classiques de Caillebotte, Monet, Degas, Cézanne, Braque ou Van Gogh (« On n’est quand mêmes pas là pour voir des Français… ») puis Pollock, de Kooning, Rothko (Brébant, pour une fois cela énerve Gers, ne peut s’empêcher de parler de la chapelle Rothko à Houston), Jeff Wall, Warhol, Lichtenstein et d’autres.
« Il serait temps de nous arrêter, nous avons trop vu de belles choses. » Ils conviennent aux paroles de Benzolft et elle ajoute : « Notre ami Brébant devrait faire un compte-rendu de cette visite dans Allo ASCO, il ferait certainement un tabac. Tout le monde rit quand, tout d’un coup, Pierre Gers pousse un cri. On se retourne sur lui. « Non, rien, je crois que je viens d’avoir une hallucination. » Qu’est-ce qui pourrait bien se passer ? « Il faut me croire : je viens d’apercevoir Cora Milstein… - Cora Milstein ? Qu’est-ce que c’est que cette connerie ? » Florence Maraval regarde Gers dont le visage est décomposé : est-il possible qu’il fasse un malaise ?
(Pour reprendre Un congrès à Chicago depuis le début, c'est LA)