mercredi 23 août 2023

Un Congrès à Chicago. Une pause vacancière avant le retour de l'épisode 57.

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

Photograph: Courtesy Beat Kitchen



L'épisode 56 n'a pas eu de suite immédiate en raison de vacances. 

Mais l'affaire n'est pas terminée.

Je m'étais imposé la contrainte d'écrire un épisode par jour.

Sans anticiper.

Mais je n'avais pas imaginé que cela durerait aussi longtemps.

Pour ceux qui n'ont pas participé à l'aventure, vous pouvez tout reprendre depuis le début.

C'est ICI.


L'intérieur du Congrès (et son gigantisme)



Photo : Institut Jules Bordet

Photo Gustave Roussy


mercredi 16 août 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : Ursula fait semblant de revenir. 56

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

56

Ursula fait semblant de revenir.


Milstein est assis au sous-sol du palais des congrès et sa colère est (presque) retombée. Il se remémore toutes les séries policières américaines qu’il a vues sur NetflixCanal ou Prime et il se dit que tout va se passer maintenant, il attend l’avocat de la firme et pour l’instant il est envahi par la culpabilité, il se demande encore comment un type aussi expérimenté que lui a pu se faire piéger par une telle nana. Les insultes qu’il a lancées dans la salle s’adressait à Ursula car il n’avait pas pu imaginer que Cora était à l’origine de l’affaire. Sa colère remonte, il serre les points, il donnerait bien des coups de poing sur la table qui est en face de lui mais il se retient. Il va falloir que toute l’énergie négative qu’il a accumulée depuis le passage des premiers écrans compromettants se transfère vers autre chose. Il envisage à peine qu’une firme concurrente ait pu le piéger, sans doute trop dangereux pour la firme elle-même… Qui, à part Ursula, cette salope d’Ursula, aurait eu des raisons de l’humilier ?  Il a quand même un peu de mal à imaginer Ursula en train de monter un truc pareil. Qui sont ses complices ? Poser des caméras dans une chambre d’hôtel n’est quand même pas à la portée du premier venu, piéger une clé USB et la substituer demande au moins la complicité des techniciens du congrès. Il est perdu.

Les interrogations fusent dans sa tête et les deux hommes de la sécurité le bombardent de questions. Il joue au con de Français qui ne comprend pas l’anglais et cela a presque l’air de marcher. Il ne peut quand même pas leur dire qu’il se réfugie derrière le cinquième amendement... L’avocat de la firme arrive enfin au bout d’une petite demi-heure et Milstein est emmené après un bref interrogatoire où il n’a pas eu son mot à dire jusqu’au cabinet des avocats sis dans la Willis Tower.

Le blogueur masqué a décidé, lui, qu’il n’attendrait pas le petit matin pour diffuser ses informations. Il a commencé à envoyer tweets sur tweets en français comme en anglais tout en peaufinant son premier billet et en envisageant le deuxième qui sera plus spécifique sur les titres et travaux du professeur Norbert Milstein. Il réveille son amie Wendy pour qu’elle corrige la version anglaise dont il n’est pas sûr à cent pour cent. Sa stratégie est simple : les congrès, depuis le covid, ne devraient plus être organisés en présentiel, et si c’est le cas, c’est pour, dans l’ordre, asseoir la corruption de l’industrie pharmaceutique non seulement auprès des agences gouvernementales mais de leurs membres tout en nourrissant les futurs prescripteurs, faire du hype boursier et médical, et favoriser les rapports humains tant sur le plan du sexe que de la réciprocité industrielle.

Rien de nouveau sous le soleil de Satan de la santé publique mondiale.

Quant à la Firme 2, elle est en train d’organiser la stratégie et les avocats se creusent la tête pour faire le moins de dégâts collatéraux possibles (pour la molécule, pas pour Milstein, même si les deux sont étroitement liés). 



(Pour tout relire depuis le début : LA)

mardi 15 août 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : Milstein dans la tourmente. 55

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

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Milstein dans la tourmente.


Les agents de sécurité emmènent manu militari le professeur Norbert Milstein dans un petit bureau du sous-sol où deux inspecteurs commencent à l’interroger. Berson lui a recommandé de ne pas prononcer un mot et d’attendre que l’avocat de la firme arrive : il obéit.

La direction de l’ASCO est sur le point d’enquêter sur le pourquoi du comment du piratage de la clé USB et s’il n’existe pas des complicités internes (il en existe).

Kubistki, du cabinet Morgenstern, Levi and Rosenkranz (Cora Milstein est née Rosenkranz) exfiltre Cora et Jonathan Milstein du palais des congrès et les emmène directement à O’Hare où un vol les attend pour la France. Un adjoint de Kubistki a profité de la crise de colère de Milstein et de la confusion dans la salle pour récupérer la clé USB fichée dans le Mac.

Pierre Gers est assis dans un coin de salle avec plusieurs représentants de la firme franco-états-unienne. C’est une réunion de crise. On se moque de Milstein car ce qui importe c’est quand même la molécule et le prochain hearing devant la FDA. Il faut cependant s’occuper du professeur pour éteindre l’affaire privée et l’incendie industriel. Un communiqué de presse est en train d’être rédigé.

Les sessions continuent de se dérouler dans les autres salles du congrès. L’histoire de Milstein va prendre une dimension internationale, les premières mentions sont apparues sur les réseaux sociaux et ne vont pas tarder à être reprises par les chaînes d’information US et françaises. Les oncologues français ne savent pas sur quel pied danser mais il leur semble raisonnable d’adopter une attitude digne en public. Même si en privé les ricanements sauvages vont bon train et les blagues de mauvais goût éclatent comme des bulles.

Le blogueur masqué a commencé d’écrire un billet au vitriol sur les pratiques sexuelles dans les congrès médicaux qui va laisser des traces dans les couples des congressistes qu’ils soient oncologues, infectiologues, cardiologues, ophtalmologues ou urologues. L’auteur anonyme du blog que tout le monde dit connaître mais qui n’a pas encore été officiellement ou officieusement doxxé n’est pas sur site à Chicago mais un de ses amis qui était dans la salle l’a informé. Il suffit au blogueur masqué d’initier le buzz en déroulant toutes les anecdotes qu’il connaît sur la sexualité dans les congrès, une expérience personnelle et communautaire, acquise par une collection incalculable de ouï-dire, de ragots, de on-dit, de vantardise et de vérités qu’il n’a pas besoin de vérifier car il n’est pas journaliste. 

A sept heures françaises le billet paraîtra sur le blog annoncé par un tweet alléchant. Il sera toujours temps ensuite d’écrire un billet moins évasif sur les pratiques délictueuses de Milstein tant pour les essais cliniques que pour ses consultations privées à l’hôpital ou ses accointances financières avec l’industrie pharmaceutique.



(Pour lire Un Congrès à Chicago depuis le début, c'est ICI)

 

lundi 14 août 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : Norbert Milstein pète les plombs. 54

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

54

Norbert Milstein pète les plombs.


Le scandale est total. La session animée par Perez est sur le point d’exploser. Ce qui ne fait plaisir ni à la firme commercialisant le guéritouzimab puisque la présentation ne sera jamais reprise ni aux intervenants suivants car il va être très difficile de retrouver le calme.

Milstein est dans une fureur noire. Contre toute attente il a saisi son Mac et vient de le fracasser par terre. Il pousse des cris, il hurle (et tous les smartphones de la salle sont en train de le filmer), on entend des « salope », « putain de saloperie de chienne », « elle me le paiera ». Mais pour l’instant c’est Milstein qui paye. Son invraisemblable réaction donne raison à sa femme : non seulement c’est un mari ignoble mais il parle comme un voyou.

Gers et Berson tentent de le raisonner mais il faudrait déjà le contenir, tenter de l’empêcher de donner des coups de pieds dans les sièges et d’essayer de les désosser. 

Et tout d’un coup, alors que les agents de sécurité se pressent dans les allées pour s’emparer de lui, il se calme, il s’assoit par terre et se met à pleurer, la tête enfouie dans ses mains. La communauté oncologique assiste à cet effondrement et, bien qu’aucun sondage scientifiquement validé n’ait été fait, il semble qu’une majorité des collègues français aient du mal à éprouver de l’empathie, de la solidarité ou de la compassion pour ce qui fut le terrorisant Milstein.

Il accepte de sortir de la salle accompagné par des gardes dont le physique rend compte de l’épidémie d’obésité aux Etats-Unis d’Amérique et du fait qu’il ne faut pas plaisanter avec des agents de sécurité, le coupable fût-il blanc de chez blanc et les agents afro-américains de chez Afro-américains. Gers, Berson et Marie DeFrance suivent le mouvement et le président US de la firme a déjà appelé un avocat.

Au fond de l’immense salle Cora Milstein et son fils Jonathan ont assisté aux événements, cachés discrètement derrière des lunettes noires et leurs programmes. Ils n’imaginaient pas, même en rêve, que cela prenne une telle tournure. Ils jubilent. Pas une once de regret. Il fallait qu’il paye. Fred Kubistki n’est pas loin : il leur fait un signe de tête et les accompagne vers la sortie juste après que le professeur a évacué la salle.

Il est minuit passé à Paris et les téléphones portables sonnent quand même. Tous les congressistes qui ont assisté à ce cirque annoncent la nouvelle à leurs familles et à leurs collègues et parfois amis. Les salles de rédaction sont prêtes à réagir. Les journalistes présents dans la salle n’ont pas d’hésitations déontologiques mais des réflexions sur les conséquences que cela pourrait avoir pour les premiers dénonciateurs. Faut-il assassiner l’oncologie française qui nous fait vivre ? Est-ce que l’opinion française ne va pas plus rire que s’indigner ? Après tout, c’est un bon oncologue, on se moque de sa vie privée… Quant au mari d’Ursula, il sera la première victime collatérale… 



(Pour reprendre Un Congrès à Chicago depuis le début : ICI)


 


dimanche 13 août 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : Norbert Milstein trompe sa femme en public. 53

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

53

Norbert Milstein trompe sa femme en public.


Norbert Milstein monte à la tribune. Il est habillé comme un professeur européen qui veut ressembler à un professeur états-unien avec tout l’attirail du bon élève : le costume bleu nuit, la chemise avec de fines rayures bleu pâle, la pochette blanche, la cravate club, les mocassins marron sans pompons et le sourire carnassier de ceux qui aimeraient vous montrer la dernière ligne de leur compte en banque mais qui ne le font pas par sublime élégance. 

Il a étalé quelques notes sur le lutrin à côté du Mac mais il connaît la présentation par cœur, les blagues à faire et à ne pas faire, les clins d’œil à l’auditoire, profiter du fait qu’il est français et que les Français sont des séducteurs et de joyeux bons-vivants qu’on ne doit pas trop prendre au sérieux.

La présentation sur deux écrans va être parfaite, du PowerPoint amélioré, des couleurs connotées, un nombre de lignes normé, et la taille des caractères adaptée à la salle.

Premier écran (gauche): Efficacy and safety of guéritouzimab in *** cancer: The European multicenter TKP TrialAvec en arrière-plan la photographie de l’hôpital parisien. Premier écran (droite) : Milstein N et le nom des six autres auteurs. Plus bas : les Competing interests qui ont l’épaisseur d’une tranche de jambon coupée au microtome.

Deuxième écran gauche : Background et droit : Methods

Milstein assure. Il est bon. Même Brébant le trouve bon.

Troisième écran gauche : Trial design and oversight et droit : End points, adverse effects, pharmacokinetics.

Il faut qu’il accélère un peu pense Berson.

Quatrième écran gauche : Milstein allongé nu dans un lit face l'objectif avec à côté de lui une femme dans le même appareil qui pourrait bien être Ursula et droit : Milstein de profil en train de faire l’amour avec une femme qui pourrait bien être Ursula.

Les écrans sont nets. Il n’y a pas de doutes sur les personnes.

Et les écrans continuent de défiler à toute allure comme un diaporama et à chaque fois Milstein est identifiable et d’autant plus qu’un bandeau traverse les écrans « Milstein is a fucking husband ! » 

La salle a poussé des cris et des rires après une ou deux secondes de sidération et quand Milstein s’est retourné vers l’écran il s’est demandé s’il était bien réveillé et si le cauchemar qu’il vivait allait bientôt se terminer.

Brébant a la présence d’esprit de se ruer vers le lutrin et de débrancher l’ordinateur alors que douze écrans suggestifs sont déjà passés mais le mal est fait, tout le monde a vu. Comment un tel truc a-t-il pu se produire ? Qui avait des copies de la clé USB ? Il est toujours surprenant que l’on pense à des détails pareils alors que des faits aussi extravagants viennent de se produire. Perez, le modérateur philippin, pris de court lance un « What else ? » qui met la salle en furie. Les congressistes tapent même dans leurs mains en criant et en se trémoussant. 



(Si vous voulez reprendre Un congrès à Chicago depuis le début, c'est ICI


vendredi 11 août 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : Cora Milstein réapparaît. 52

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

52

Cora Milstein réapparaît.


Elle ne se rappelle plus à quel moment elle s’est dit qu’elle n’en pouvait plus, que la comédie qu’elle jouait avec son mari ne pouvait plus durer, qu’il fallait qu’elle agisse. Elle avait pesé le pour et le contre et elle avait décidé, en accord avec son grand fils qui avait initié la révolte tant la conduite de son père le dégoutait, qu’il devenait difficile de continuer de séparer le grand professeur du mari et du père. La réputation sulfureuse de Norbert Milstein, le collectionneur, Cora Milstein la ressentait dans le regard de toutes les personnes qu’elle croisait, même chez ses meilleures amies. Non seulement elle en avait assez d’être considérée avec pitié comme une femme trompée mais, plus encore, qu’on lui reproche de l’accepter. Sa carrière universitaire s’était arrêtée brutalement, elle était sociologue, pour se consacrer au futur grand professeur puis à ses enfants, et elle avait tenté de se persuader, où avait-elle lu de pareilles bêtises ? (Cora Milstein ne disait jamais de gros mots comme « conneries », c’était sa bonne éducation), qu’il n’y avait rien de plus beau et excitant que de se charger de l’éducation de ses enfants, mais elle avait craqué. 

Hier soir, elle a contacté Ursula et l’a menacée, preuves à l’appui, de tout révéler au mari de la maîtresse de son mari et Ursula a pris peur. Après tout elle se moque de Norbert Milstein, elle n’en est surtout pas amoureuse, et elle ne se voit pas en train de finir sa vie avec lui entre congrès, viagra et portes dérobées. Le rôle de la femme fatale qu’elle a joué à Chicago l’a beaucoup amusée mais il est temps de revenir aux affaires courantes.

Cora Milstein a donc pris l’avion pour Chicago avec son fils pour suivre son mari et elle l’a suivi de loin pour ne pas se faire remarquer et de près pour obtenir des éléments qui pourraient faire réfléchir Ursula et déboulonner le grand professeur. Car elle se moque désormais de sa carrière, de sa réputation, de ses relations, de son entregent, de sa position de notable, non seulement à l’Assistance Publique de Paris mais aussi dans les différentes assemblées communautaires où il tient des positions fortes tant politiques que sociales.

Elle est, comme l’ont dit ses deux filles qui ne sont pas au courant du voyage parce qu’elles ont pris le parti de leur père pour des raisons que Cora Milstein a décidé d’oublier, en mode vengeance. Et elle s’est rendu compte qu’elle était capable de tout pour défendre sa vertu outragée.

Quant à Milstein, contrairement à toute attente, il n’est même pas perturbé par le fait qu’il s’est fâché hier soir avec Ursula, il est tout à sa présentation qui sera l’achèvement de sa gloire de professeur de médecine. Auréolé de ce succès chicagoan, il pourra continuer à souffler le chaud et le froid dans son hôpital et auprès de la communauté oncologique française et des sociétés savantes, sans oublier ses entrées dans les ministères, ses accointances avec les Directeurs généraux de la santé successifs ou les présidents de l’INCa… Une sorte d’aboutissement qui ne le prend même pas par surprise. 



(pour lire Un Congrès à Chicago depuis le début, c'est LA)



jeudi 10 août 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : Ursula disparaît. 51

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

51

Ursula disparaît.


La fine fleur de l’oncologie française est prête pour la présentation de Milstein de 3:00 pm. Les sentiments sont partagés entre ceux qui aimeraient que la France de la cancérologie soit reconnue à sa juste valeur pour que tout le monde en profite, le fameux ruissellement, et il n’est pas inutile de préciser, tant les mauvaises langues sont nombreuses, qu’il existe des gens sincères, des collègues oncologues qui pensent que Milstein n’est pas le plus mauvais d’entre eux et qu’il vaudrait mieux que sa gloire rejaillisse sur tous. Il y a aussi les envieux qui se croient aussi capables que lui, il y en a peu qui sont de ce niveau, et des méchants qui aimeraient bien qu’il se casse la gueule, les plus nombreux, il y a des curieux, des traîne-patins de l’oncologie, des revanchards ou des ennemis déclarés… L’humanité en quelque sorte. Mais l’enjeu de cette présentation est aussi industriel, boursier et, scientifique (la survie des malades atteints d’une affection très tueuse) et, accessoirement, c’est pourquoi il n’y a pas que des Français qui attendent cette présentation dont l’abstract a déjà résumé les points forts et les centres d’intérêt, il y a la division US de la firme, les experts de la FDA et d’ailleurs, les commentateurs et leurs blogs ou podcasts assassins, mais surtout les journalistes qui vont pouvoir faire de la copie sur une molécule, on cite, « innovante », « pleine d’espoir », « changeuse de jeu » ou, comme le proposent les Canadiens, « bouleversante », « introduisant un nouveau paradigme », « révolutionnaire »… Les journalistes français embarqués ont tous prévu, il sera une heure du matin en France le jour d’après, des commentaires dithyrambiques pour les éditions en ligne de leurs journaux respectifs et pour l’édition papier, pour Télé Matin ou pour Le journal de la santé, sans oublier Doctissimoentre deux pubs pour les ceintures chauffantes.

Le professeur Norbert Milstein est, malgré le trac, dans son élément. Il est bien entouré : Gers le rassure, mais ce n’est pas pour cela qu’il sera son poulain pour les prochaines nominations, Berson est aux petits soins, Marie DeFrance fait la mouche du coche, le marketing prend des photos, et tout le menu fretin s’agite autour du professeur de cancérologie qui est assis tranquillement au premier rang tout à droite de la salle où se déroule la session. Il n’arrive pas à écouter les intervenants, il se concentre, il tente de se concentrer et tout le monde remarque quand même que l’égérie du patron n’est pas là. Ursula est ailleurs. Le modérateur de séance est un Philippin qui parle un anglais de compétition avec un vague accent mélange d’espagnol et de tagalog. Il a l’air gentil comme tout et la consultation en ligne, mais qui ferait cela à cet instant sinon de méchants gauchistes, de ses competing interests indique qu’il n’est pas possible qu’il se rappelle qui le nourrit tant le nombre de firmes qui lui ont versé de l’argent depuis cinq ans est important. 

Qui donc pourrait penser qu’Ursula est déjà dans un avion qui vole vers Paris ?



(Pour lire Un Congrès à Chicago depuis le début, c'est ICI)