dimanche 14 juin 2009

CONTROLEUR DES ARRETS DE TRAVAIL : UN METIER PLEIN D'AVENIR

Une enquête récente diligentée par la SS (excusez, l'Assurance Maladie) et reprise par La Tribune montre que onze pour cent des arrêts de travail de courte durée et treize pour cent des arrêts de travail de longue durée seraient injustifiés.

On aurait pu titrer également 89 % des arrêts de travail de courte durée sont justifiés ! Parce que, les arrêts de longue durée, dans le cadre en particulier de la longue maladie, sont décidés de concert entre le médecin traitant et le médecin-conseil. On pourrait affirmer que dans treize pour cent des cas le médecin-conseil donne son accord pour des prunes et qu'ensuite il accuse le médecin traitant.

Les commentaires des internautes, comme d'habitude, sur les sites qui ont repris les informations, La Tribune, Le Figaro, Le Monde, montrent que la gabegie c'est l'autre.

Tout comme les commentaires des médecins montrent que les abus, c'est les autres.

Il faut rester objectifs : que signifie un arrêt de travail injustifié ? Un arrêt de travail totalement injustifié ? Ou un arrêt de travail trop long ? Ce n'est pas la même chose.

Nous ne dirons pas (par réflexe corporatiste) qu'il n'y a pas de problèmes, qu'il n'y a pas d'abus, cela peut exister, nous en avons tous constaté. Mais si les contrôles se passent dans des conditions acceptables, si les médecins accusés, au lieu d'être isolés, se regroupent pour se défendre avec des confrères syndicalistes et qu'il n'y a pas de chasse aux sorcières, il est normal que la SS fasse son travail.

Le problème est qu'il n'y a pas de critères pour l'attribution et pour la durée d'un arrêt de travail. Et le médecin traitant est le plus souvent à même de mieux cerner les tenants et les aboutissants de la nécessité et de la durée dudit arrêt de travail : il existe des pathologies, des circonstances, des métiers, des moyens de transport, des facteurs extérieurs et intérieurs qui changent la façon dont un même signe, symptôme, syndrome, maladie, s'expriment chez un patient donné. Commet le médecin conseil peut-il intégrer tous ces éléments ? Comment peut-il analyser tous ces facteurs au cours d'une consultation, quand il y en a, où, dans la majorité des cas il ne regarde ni les examens complémentaires ni n'examine le patient !

Combien dure la consultation d'un médecin conseil ? Deux ou trois minutes ? Que la CNAM publie ces chiffres !

Ce qui nous gêne, c'est, encore une fois, la mise en scène médiatique de cette enquête interne de la SS (Assurance Maladie, CNAM) et des conséquences politiques que le gouvernement espère en tirer. Christian Lehman a analysé cela dans son livre "Les Fossoyeurs" et sur son blog, je n'ajouterai pas grand chose à son analyse très déprimante pour l'avenir des régimes sociaux.

En revanche il y a des employeurs qui fliquent leur personnel et qui utilisent des médecins contrôleurs. C'est le rôle de l'employeur, me direz-vous, que de fliquer ses employés surtout quand les conditions sociales régnant dans l'entreprise sont détestables. Il y a des sociétés qui sont chargées de faire la police des arrêts de travail et elles publient leurs tarifs.

Mais, et c'est là le but de ce billet, il y a des médecins, et des médecins généralistes exerçant eux-mêmes en clientèle, qui font des contrôles !

Alors là, ç'est le summum !

Il y a donc des médecins qui acceptent, moyennement finances (tout travail mérite sa laire), qui trouvent normal de contrôler les arrêts de travail de leurs confrères en se rendant au domicile de leurs patients !

Nous nous perdons en conjectures sur les raisons qui font que des médecins généralistes normaux, avec un cerveau, deux mains, deux pieds et les reste, s'investissent de la mission suprême de vouloir rendre la SS saine, la SS rentable, la SS éthique, la SS acteur loyal de la vie en société...

Nous nous permettons, avec la plus grande humilité, d'évoquer des hypothèses : un sens sociétal au top, des idées politiques correctes, un souci légitime de se comporter en chevalier blanc, un sens aigu de la déontologie, une adhésion idéologique au MEDEF, une faible clientèle, un amour du travail salarié bien fait...

Enfin, en ces temps difficiles, raréfaction des médecins généralistes, zones géographiques qui deviennent des déserts médicaux, réquisitions préfectorales, arrêt des cadeaux de l'industrie pharmaceutique, il est rassurant de voir que certains médecins, héritiers farouches de la médecine hippocratique, défenseurs acharnés du Code de Déontologie, font des visites à domicile pour encourager l'humanité non souffrante à reprendre le travail.


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