Les risques du tabagisme passif semblaient pour moi une donnée évidente dans les années 90, évidente car je ne m'étais pas interrogé sur le sujet.
Influencé probablement par l'évidence du fait, le bon sens, je ne m'étais même pas posé de questions.
Jusqu'à ce que je lise sur le site du Formindep des articles du grand professeur Robert Molimard, repenti connu de Big Pharma, et chantre désormais de la transparence absolue pour ce qui est de la fumée.
J'avais eu le malheur de ne pas être d'accord, non avec ses critiques concernant le rapport européen sur le tabagisme passif (ICI), mais sur ses vieillottes théories concernant le paléo cerveau et la dépression chez le tabagique (que j'avais retrouvées sur internet). Il avait nié (voir les commentaires et les réponses aux commentaires et les preuves qu'il mentait), m'avait traité de suppôt de Big Pharma (et sûrement de Pfizer avec qui le grand professeur a un problème que je ne cherche pas à identifier) et vous ne serez pas surpris que les fidèles de l'alter tabacologie (j'imagine une allusion marquée à l'alter modialisme) soient venus à son secours.
Quant à ses ex liens et / ou conflits d'intérêts, ils ont été effacés d'un coup d'éponge magique par Philippe Foucras que l'on a connu plus virulent à propos d'autres experts.
Où en étais-je ?
Robert Molimard, en substance, prétend que le tabagisme passif n'a pas d'effets sur la mortalité.
Il est vrai qu'en 32 ans d'exercice de la médecine générale libérale je n'ai pas connuu de cancer du poumon chez une femme non fumeuse dont le mari fumait. Mais il ne s'agit pas de statistiques, il s'agit de mon expérience interne.
Cela dit, et pour faire un peu de provocation, fumer dans un appartement où s'ébattent de jeunes enfants, a fortiori s'ils ont des troubles respiratoires, peut être assimilé à mon avis à de la maltraitance.
Ensuite : Catherine Hill. Nous l'aimons bien quand elle nous fait des exposés brillantissimes sur le cancer de la prostate et de l'inutilité de son dépistage (j'ai trouvé cette conférence grâce au site Voix Médicales, une annexe du Formindep : vous cliquez LA et vous cliquez ensuite sur Conférenciers et Catherine Hill). Et voilà, à la suite d'autres articles qu'elle a déjà publiés sur le sujet et qui lui ont valu les foudres du professeur Molimard, que Catherine Hill publie dans le BEH un article (Les effets sur la santé du tabagisme passif : LA en regardant l'article à la page 233) qui rend le tabagisme passif coupable.
Donc, j'aimerais qu'un débat contradictoire pût réunir Catherine Hill et Robert Molimard.
Est-ce possible ?
Sur le site du Formindep ?
Petites réflexions en passant :
- L'expertise n'est pas une donnée éternelle : elle doit être soumise à la méritocratie des publications.
- Il s'agit d'un exemple patent de conflit d'intérêt interne car il eût été du devoir d'information du Formindep, ouvrant largement ses colonnes à la seule voix du professeur Molimard, de les ouvrir également à Catherine Hill professant (c'est le mot) un avis différent.
Personnellement, je ne sais pas qui a raison.
(Photographies : à gauche : Catherine Hill ; à droite : Robert Molimard)
7 commentaires:
A « légende du web »
Il faudra un jour ou l’autre vous expliquer sur cet acharnement. Qu’avez-vous contre les retraités actifs ? D’abord P. Even, ensuite C. Béraud et maintenant R. Miolimard. Je professe, pour ma part, le respect dû aux têtes blanches, même si je peux convenir qu’elles ne sont pas toutes également respectables.
J’en profite pour faire plusieurs remarques. A propos de l’Etat d’abord. L’Etat n’est pas une entité immuable et intemporelle. L’Etat Providence imposant des politiques unifiées au nom d l’intérêt général et étendant ses bienfaits sur l’ensemble de la population au détriment des intérêts particuliers n’est plus. Ce qui prévaut aujourd’hui c’est le MODELE CHINOIS ou l’heureux mariage d’un Etat totalitaire imposant des politiques contraires à l’intérêt général, et du néo-libéralisme c'est-à-dire la défense inconditionnelle du droit suprême des marchés, personnifiés par les multinationales, entités industrialo-financières (plus financières qu’industrialo le temps passant) à se développer et à faire des bénéfices, par delà toute autre considération. Dans ce cadre la tendance, pas uniquement française, à la SOVIETISATION DES POLITIQUES SANITAIRES appelées ABUSIVEMENT « médecine préventive » s’explique bien mieux. Cette pseudo-médecine préventive se caractérise par son scientisme, croyance absolue dans ses bénéfices, son caractère dispendieux, sa déconnexion des vrais problèmes de santé publique et son inefficacité au regard des objectifs affichés, à savoir améliorer la santé publique.
Cela ne disqualifie pas l’approche scientifique, dans le sens d’approche rigoureuse et non biaisée. La médecine n’a pas une « posture scientifique » comme le dit M. Baringer, ou alors j’ai mal compris, mais elle a un urgent besoin d’un DEMARCHE VRAIMENT SCIENTIFIQUE, en lieu et place de cette supercherie, de ce charlatanisme permanent imposés par l’approche marketing et entérinée par les représentants de l’Etat. De sorte que Xavier Bertrand peut prendre son air le plus innocent (ou idiot au choix) pour déclarer qu’il va examiner la question de savoir si les visiteurs médicaux apportent vraiment de l’information aux médecins.
Test instantané
SUITE
D’autre part, qu’on le déplore ou qu’on s’en félicite, toute forme de médecine, qu’elle soit préventive ou curative a besoin d’une approche épidémiologique et statistique à la base, non biaisée par des conflits d’intérêt si possible, pour acquérir un minimum de LEGITIMITE. Parce que, justement, l’idée scientiste selon laquelle il existerait des médicaments absolument bons ou des démarches préventives universellement valables est FAUSSE. Dès lors qu’on s’éloigne du monde merveilleux et magique du scientisme on rentre dans le monde moins merveilleux mais plus réaliste des statistiques et du doute. Mais aussi dans celui du dialogue avec le patient, car celui qui est conscient de ne pas posséder la vérité révélée conçoit la nécessité du dialogue.
Le problème des dépistages systématiques pose aussi la question, ancienne en épistémologie, de la modification de l’objet observé par l’observateur qui cherche à le connaître de manière expérimentale. Curieusement cette question ne se pose jamais en pseudo-médecine préventive (elle se pose en sociologie et en physique) alors que, il n’y a rien de plus agressivement interventionniste que ce tipe de médecine. Il semble en effet important d’acquérir des outils de pensée et de raisonnement qui nous prémunissent contre l’application automatique et imbécile d’attitudes inefficaces. Je trouve que la conférence de Catherine Hill, signalée par JCG (la, comment ? légende du web) nous y aide. Les biais détectés sont omparaison de groupes non comparables, augmentation artificielle du taux de survie, non prise en compte des effets secondaires…
ET FIN
Et je signalerai aussi, le texte de Marc Girard sur la mammographie http://www.rolandsimion.org/spip.php?article162et l’exposé magistral de Bernard Junod sur atoutes :http://www.atoute.org/n/article208.html
Moi j'ai eu une patiente non fumeuse morte d'un cancer du poumon 4 ans après son mari fumeur repenti, décédé également d'un cancer du poumon …
Et de façon générale, il ne me paraît pas souhaitable d'exposer les non fumeurs à la fumée, que sa nocivité soit scientifiquement prouvée ou non. Je ne suis pas souvent d'accord avec le principe de précaution, mais en l'occurrence il me paraît très raisonnable.
une patiente morte d'un cancer du poumon aucun fumeur accepté dans son quotidien (visiteuse médicale).mais expo à la pollution parisienne
néanmoins je pense que dans le cas du tabac il est préférable d'appliquer le principe de précaution
Je trouve que mes distingués confrères vont un peu vite en besogne.Ce n'est pas le principe de précaution qui est en question ici. Le Pr Molimard dit qu'on a trafiqué les données qui permettaient d'établir un lien de causalité probable entre tabagisme passif et cancer du poumon. On a changé la définition à la dernière minute (on a connu ça aussi avec la pseudo-pandémie de grippe, le procédé est signé et labellisé industrie pharmaceutique). Cela ne veut pas dire qu'on en est à recommander aux parents de souffler la fumée de leur cigarette au visage de leur enfant pour le rendre plus résistant.
Le tabagisme passif comporte d'autres inconvénients, qui relèvent de l'urbanité par exemple (pourquoi être obligé de subir la fumée de ceux qui revendiquent leur liberté de fumer?Bp de fumeurs n'avaient pas la délicatesse de poser la question avant l'interdiction de fumer dans les lieux publics). Pour les enfants: lien avec la mort subite du nourrisson (facteur de risque), symptômes des infections ORL et respiratoires plus bruyants et prolongés (validé par mon expérience interne), aggravation des affections respi chroniques, et problème de l'exemplarité (plus de risques de devenir fumeur chez les enfants de fumeurs).
La question est comment on a pu glisser d'une campagne contre le tabac à une croisade contre les tabagiques et quel est le rôle de Big Pharma dans tout ça? Ou: pourquoi la SFSP (Société française de Santé publique) condamne l'industrie du tabac mais ne voit pas les conflits d'intérêts avec l'industrie pharmaceutique? Ou encore: quelle est le rôle de la judiciarisation à l'américaine dans l'ambiance qui s'est instaurée? Après tout, Kennedy était peut-être berlinois mais nous ne sommes pas tous des américains.
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