dimanche 27 mai 2012

La Prévention vue par la CPAM et le Sur Traitement vu par l'ORL (histoires de consultation 119 et 120)



Belle journée de consultation dans la commune jadis champêtre de Plouc-La-Jolie en ce samedi ensoleillé. Tout le monde parle de l'affaire (deux infirmiers incarcérés pour "excès" d'actes) dont je ne dirai rien car je sais peu de choses qui ne soient sous le coup du secret professionnel et je continue de facturer 23 euro mes remarquables consultations de samedi sans invoquer l'urgence au contraire de mon confrère (et pas ami) qui a fait sonner trompettes, syndicats et media pour justifier son rôle majeur dans le sauvetage urgent des populations en danger (ce qui signifie que les autres médecins généralistes qui travaillent sur zone sont de gros khons bobologues tout juste bons à prescrire des emplâtres sur des jambes de bois et à se laisser intimider par, comme dit le syndicat qui le soutient mordicus, Madame Lacaisse, au mépris de toute décence commune...).

La prévention vue par la CPAM : Histoire de consultation 119. 
Monsieur A, 39 ans, est venu pour la première fois "consulter" au cabinet il y a un mois pour me "choisir" comme médecin traitant. Originaire d'Angola il parle portugais et trois mots de français. Le dialogue est difficile, mes connaissances lusitaniennes se cantonnant à feijoada (ICI) et Mourinho (LA) et surtout, mais avec beaucoup moins d'intérêt pour la conversation dans la langue de Camoëns (ICI), à la lecture en français des romans traduits du portugais de Fernando Pessoa (ICI) ou d'Antonio Lobo Antunes (LA), et de la lecture, toujours en français, des romans écrits en italien par Antonio Tabucchi (ICI), le plus Portugais des Italiens, où en étais-je, oui, le patient, qui n'a même pas l'AME ou la CMU,  revient donc avec une enveloppe que je subodore de loin, cela me colle un cafard terrible, et qu'il va me falloir lire en faisant semblant de m'y intéresser. C'est un examen de santé émanant de la CPAM de Paris ! Je lis d'abord la prose du médecin (que je ne nommerai pas par confraternité, il faut bien vivre, il faut bien, aussi, sauver l'humanité souffrante, et là, pour le coup, pas encore souffrante, enfin c'est notre consoeur, je ne comprends pas pourquoi on dit con frère et pas conne soeur...) qui m'apprend a) qu'il y a un problème de tension ; b) que les vaccinations ne sont pas à jour faute de données et c) que les dents ne sont pas en bon état.
Vous savez ce que je pense de ces consultations de prévention appelées aussi examens périodiques de santé (ICI) et de la façon dont ces examens, pas dans ce cas, je l'avoue, il semble qu'il s'agisse d'un centre "officiel", ont été privatisés à des sociétés privées qui se moquent comme d'une guigne du parcours de soins et des structures locales pérennes (désolé d'utiliser la langue de bois officielle) qui y travaillent depuis des années et qui vont continuer de le faire en raison, d'une part, du manque de médecins et, d'autre part, du fait que les retraites sont d'un niveau ridicule... Enfin, dans ce cas précis, un patient arrivant d'Angola pour des raisons que j'ignore et dont je me moque en tant que médecin (même si des renseignements biographiques pourraient m'éclairer sur de futures pathologies ou d'anciennes négligées jusqu'alors), il est possible, pas d'études bien entendu, la France est le pays du volontarisme, on n'expérimente pas, on impose, on fixe des objectifs, on n'évalue pas et on se gargarise des résultats obtenus, il est donc possible que cela serve à quelque chose...
A propos de ces examens périodiques de santé, nul doute que le nouveau (la nouvelle) ministre, les maintiendra pour des raisons politiques et sociales... Nous verrons...
Donc, ce patient a un problème de tension, apprends-je en lisant le petit mot de notre consoeur. Je parcours donc les nombreuses pages et je constate avec plaisir, hormis le problème des dents, que le patient est, selon les examens qu'il a passés, propre comme un sou neuf, et que sa PA, mesurée par, j'imagine le docteur, puis contrôlée par l'infirmière, est, toujours à 135 / 85 !
Où sont les problèmes de tension ?
Donc, le patient a été inquiété pou rien, et je dois lui dire, dans mon français non hésitant mais adapté à un lusophone qui comprend deux mots de français, que tout le cinéma qu'on lui a fait lors des examens qu'il a passés, c'était du flan absolu. Encore un qui va avoir confiance dans le système de santé que toute la planète nous envie (ce qui est moins évident selon les derniers chiffres publiés par le Haut Conseil de la santé publique (LA), mais je me méfie des comparaisons, surtout quand il s'agit d'experts du HCSP... mais les chiffres sont tenaces... puisque selon Euro Health consumer Index 2012, nous sommes en huitième position européenne : LA).
Le patient n'en sait pas plus sur ses vaccinations, je lui en avais touché un mot lors de la première consultation, et il a eu "droit" à une prescription de DTP (c'est le nom générique), et je lui ai conseillé un dentiste qui ne fait pas de DE importants.

Le sur traitement vu par l'ORL : Histoire de consultation 120.
La charmante Madame A, 49 ans, dépose devant moi deux comptes rendus qu'elle a sortis de son grand sac. A ma droite, celui d'un ORL, à ma gauche celui d'un pneumologue.
Anamnèse : la patiente, hypertendue traitée par un IEC depuis deux ans, est fatiguée. Elle a aussi un nouveau métier depuis environ deux ans, secrétaire administrative, métier qui lui plaît beaucoup mais dont le handicap essentiel est qu'elle doit faire un peu plus de deux heures par jour de transports en commun. Son mari, qui l'accompagne souvent en consultation, l'avait "balancée" : Docteur, elle ronfle la nuit... Je l'ai interrogée selon les règles et il m'a paru qu'il existait de nombreuses pauses...
Donc, fatigue, hypertension, ronflements : explorations.
J'ai écrit une lettre au pneumologue et voici ce qui s'en suivit.
Précision : les ronchopathies, qui sont aussi fréquentes que le vieillissement, les rides et, bientôt,  l'Alzheimer sont devenues la tarte à la crème de la pneumo-oRLogie et, accessoirement, de la cardiologie. Je n'ai pas analysé récemment la littérature (qui m'a paru, dans l'ensemble, fort partiale et fort favorable à la pression positive continue comme on le voit sur des sites grand public : LA) mais il me semble que, selon mon expérience interne, de nombreux diagnostics sont faits, de nombreux appareils de pression positive continue sont posés et que de nombreux patients ne s'en servent pas (et bien que l'on parle d'un taux d'acceptation de 80 à 90 % !) pour de multiples raisons dont le bruit (les ronchopathologues ont beau dire que l'appareil fait moins de bruit que les ronflements, le patient ne s'entend pas ronfler mais a volontiers du mal à s'endormir à cause du bruit) et le côté peu sexy de l'appareillage, sans compter les éventuels effets indésirables... Quant au traitement non médical, nous allons y venir.
Donc, sur ma droite, le courrier de l'ORL qui se conclue, après un exposé négatif sur les facteurs anatomiques, par une ouverture vers le tiroir-caisse : la macroglossie postérieure pourrait faire envisager une chirurgie du voile du palais.
Sur ma gauche : le compte rendu du pneumologue qui conclut que la patiente n'a pas de syndrome obstructif d'apnée du sommeil (SAOS).
La patiente : "Vous pensez à la même chose que moi ? - Oui, j'imagine."
Sur traitement quand tu nous tiens.

Belle journée de samedi. 

11 commentaires:

Picorna a dit…

Je m'étais fait balancer par ma femme pour le ronflement, j'avais été voir, contraint et pour lui faire plaisir un ORL qui avait bonne réputation.

Il m'examine, me fout le nasofibroscope dans une des narines (d'ailleurs, au passage, très classe ne m'a rien fait payer car collègue...).

"vous êtes jeunes, vous vous réveillez en forme après une bonne nuit... Vous ne faites probablement pas d'apnée du sommeil. En cas de doute, allez voir un pneumologue. Me concernant, je pourrais éventuellement vous faire une palatoplastie (la fameuse chirurgie du voile du palais) et vous enlever les amygdale mais c'est trois semaines d'arrêt, vous n'allez rien bouffer pendant au moins 7-10 jours et en plus ça risque de laisser quand même un ronflement résiduel et en plus ça peut ne pas marcher du tout comme dans 10 à 20% des patients... Bref, je pourrais vous opérer (il avait éliminer le laser qui serait inefficace ainsi que la prothèse pour me subluxer en avant) mais ni vous ni moi n'avons envie n'est-ce pas. Mon seul conseil, perdez quelques kilos, ce sera plus efficace. Vous êtes d'accord ?"

Autant vous dire que j'ai opiné de la tête...

Après, il m'a demandé si madame insistait beaucoup, si c'était le cas, la principale chose qu'il voulait bien faire c'était me revoir avec madame pour lui expliquer les risques de l'opération, le risque d'échec. Heureusement, madame m'a cru. Il m'a dit qu'on se revoyait éventuellement si j'étais un jour gêné personnellement. Une information honnête, sans sur-traitement.

Ribat jean-Pierre a dit…

J'ai eu la faiblesse de me reconnaître dans cette description : " mon confrère (et pas ami) qui a fait sonner trompettes, syndicats et media pour justifier son rôle majeur dans le sauvetage urgent des populations en danger"
Moi, je m'appelle le Docteur Jean-Pierre Ribat. Je travaille à Limay, près de Mantes-la-Jolie (qui n'a rien d'une ville de ploucs comme vous semblez le suggérer. Je me permets de vous rappeler que "plouc" est une insulte utilisée par les citadins pour caractériser les paysans, qui sont des gens tout à fait respectables.) Je suis médecin généraliste et fier de l'être. Et je n'avance pas masqué. Je ne trouve pas ça très courageux, ni même correct de dégommer des collègues sous couvert d'anonymat.
Que les choses soient claires : je travaille le samedi matin pour 23 euros. Mais je refuse de travailler le samedi après-midi à recevoir des urgences ressenties, pour la même somme. Consultez-vous le samedi après-midi ? Je me ferai un plaisir de vous adresser mes patients, car depuis que mon cabinet est fermé à partir de midi, mes patients n'ont d'autres alternatives que de se porter vers les urgences.

Je ne partage pas votre mépris pour mes collègues. Je n'ai jamais sous-entendu que " les autres médecins généralistes qui travaillent sur zone sont de gros khons bobologues tout juste bons à prescrire des emplâtres sur des jambes de bois et à se laisser intimider par, comme dit le syndicat qui me soutient mordicus, Madame Lacaisse, au mépris de toute décence commune...". Vous ne trouverez aucun de mes propos qui aillent dans ce sens. La critique des collègues semble être plus votre spécialité que la mienne, si j'en juge par quelques textes de ce blog.

Pour finir, le syndicat FMF qui a la bonté de me soutenir milite pour la reconnaissance d'une juste rémunération des praticiens. Je ne pense pas qu'on convaincra un grand nombre d'étudiants en médecine d'embrasser la carrière de médecin généraliste pour travailler un samedi après-midi pour 23 euros de la consultation.

Je serai heureux de poursuivre ce débat face à face avec vous, si vous en avez le courage.

JC GRANGE a dit…

@ Cher Ribat.
Vous vous êtes reconnu. Je vous répondrai donc en privé pour ce qui est de votre pratique. Votre interprétation de mon texte est un contre-sens absolu. Quant au courage de vous répondre, vous êtes bien vaniteux pour croire que votre puissance intellectuelle et physique m'intimiderait.
Cela dit, pour les lecteurs de ce blog, je répondrai ceci : a) Vos précisions sémantiques sur ce qui est plouc et sur qui ne l'est pas est savoureuse : vous ignorez d'une part l'auto-dérision (je travaille à Mantes La Jolie depuis 33 ans), vous ignorez la signification initiale de plouc, désignant des paysans bretons, ce qui, au Val Fourré, ne manque pas de sel ; b) pour dégommer les collègues, et pas sous couvert d'anonymat, vous n'êtes pas en reste, ; c) je suis flatté que vous puissiez avoir l'idée de m'adresser "vos" patients urgents, quelle preuve de confiance, et que vous ne les adressiez plus aux urgences où vous pourriez les recevoir, puisque vous y travaillez : il est savoureux de penser que les urgences ressenties par les patients, donc des non urgences, vous les adressiez aux urgences de l'hôpital où elles y ont encore moins à faire ; d) je suis d'accord en théorie, qui ne le serait, pour une augmentation des honoraires le samedi après-midi (que je serais bien en mal de faire appliquer étant donné les revenus modestes de mes patients et ma personnelle décence), mais je vous rappelle que "mes" patients travaillent souvent le samedi après-midi sur zone, parfois aussi les jours fériés, pour de modestes smic, il est vrai qu'ils n'ont pas fait de longues études, et que ce n'est pas en augmentant le tarif des consultations "urgentes" du samedi que les jeunes futurs médecins voudront devenir généralistes car, comme tous les jeunes Français, ils veulent avoir leur week-end.
Ayant répondu sur ces points précis qui méritaient éclaircissement, je vous proposerai donc une rencontre à mon cabinet.
Bien à vous.

Dr MGG a dit…

Bonjour,
Etant le responsable de la CELLULE JURIDIQUE du syndicat «...qui soutient mordicus ... au mépris de toute décence...» je suis en droit de faire quelques remarques au nom du «...droit de réponse...»

Le rôle et l'honneur d'un syndicat sont de soutenir ses mandats et ceux qui font appel à eux quelque soit leur étiquette syndicale, et la CELLULE JURIDIQUE de la FMF qui est née de celle d'UNION GENERALISTE après sa fusion avec la FMF-G a depuis 6 ans défendu des centaines de médecins, généralistes comme spécialistes, et issus de tous les syndicats de médecins, sans prosélytisme.

La médecine libérale, attaquée de toutes parts, malmenée par les pouvoirs publics au point que les jeunes la fuient comme vous l'expliquez bien n'a pas besoin d'être attaquée par les siens, les autres s'en chargent !
Alors je crois plus opportun de réserver notre énergie à ce sauvetage plutôt qu'à alimenter des combats d'arrière garde aux relents syndicaux surannés.

Cordialement,

Dr Marcel GARRIGOU-GRANDCHAMP, 69003 LYON, CELLULE JURIDIQUE FMF

JC GRANGE a dit…

@ MGG.
D'abord, il n'y a pas de droit de réponse sur un blog. Le responsable de la cellule juridique devrait le savoir. Il se trouve que ce blog n'est pas modéré. C'est tout.
Qui a désanonymisé sur la place publique ? Ce n'est pas moi.
Je suis d'accord avec vous : nous avons besoin de syndicats et d'avocats lorsque nous sommes mis en cause à tort ou à raison.
Je suis moi-même passé devant, je crois, la commission paritaire, pour des arrêts de travail que j'aurais effectués hors parcours de soins. C'était faux.
C'est votre rôle et je vous en félicite.
Si, en revanche, vous voulez que les médecins se taisent, que les médecins ne disent rien, qu'ils s'alignent, qu'ils approuvent de façon "essentielle" leurs collègues parce qu'ils sont médecins généralistes comme eux, je ne peux pas être d'accord.
N'étant membre d'aucun syndicat je peux quand même me permettre de donner mon avis, sans citer personne, car, sinon, il n'existera plus qu'un seul avis sur la médecine, celui des gens qui crient haut et fort.
Sauver la médecine générale ?
Elle est déjà morte.
Il est déjà trop tard. Le moribond se débat encore.
C'est en ne condamnant pas les dérives, c'est en acceptant tout, c'est en rampant devant les autorités que la médecine générale s'est tuée elle-même. J'en ai bien entendu, loin de moi l'idée de me soustraire, ma part et ma responsabilité, moi qui ai fait des gardes pendant 24 ans, et au Val Fourré, jusqu'au jour où SOS médecins a tout détruit sur son passage, le système de garde, et qu'il n'y a plus rien, ni SOS médecin, ni système de garde de nuit, seulement une MMG qui doit voir en moyenne trois patients par séance.
Si vous lisiez mon blog, qui est probablement plus théorique qu'opérationnel sur certains points, vous verriez que je suis un défenseur acharné de la médecine générale et, plus généralement, de la médecine.
Je suis admiratif quand on défend des confrères mordicus, comme ceux qui n'ont pas prescrit de PSA, par exemple, admiratif pour le temps passé et l'énergie engagée, mais, de grâce, laissez-nous parler.
Nous connaissons trop les impératifs de la santé Publique (sic) qui prennent les généralistes pour des khons et leur imposent et de se taire et de se coucher...
Pour en revenir au propos initial, l'extension du domaine de l'urgence, comme la dénonce mon confrère, se doit d'être "traitée" aussi dans le cadre de l'organisation des cabinets. Il se propose de m'adresser des patients. Mais que ne l'a-t-il pas fait auparavant ? J'attends même ses dates de vacances d'été pour que nous puissions nous concerter (avec les autres collègues et indépendamment de tout système de garde).
Quand on entend le nouveau Ministre de la santé affirmer qu'il faudrait qu'il y ait un service d'urgence à 30 minutes de chaque patient potentiellement urgent, on sent combien la tâche est ardue.
Je suis à votre disposition pour toute réflexion sur la disparition, non programmée, mais effective de la médecine générale.
Bien confraternellement.

CMT a dit…

Je ne suis pas une fine connaisseuse des syndicats médicaux mais je remarque, en lisant ici ou là, que certains syndicats n’ont de revendications que financières.
Et cela ne contribue pas peu à la mauvaise image de la médecine.
Je trouve que la médecine est un métier (et non un sacerdoce) qui est prenant et qui demande du temps, du temps de travail et pour se former, mais dont la richesse ne se trouve pas uniquement au niveau des gains financiers. Faire croire cela et prétendre attirer des jeunes médecins en leur faisant miroiter des revenus très confortables c’est une erreur.
J’ai une meilleure opinion des jeunes et je pense qu’ils recherchent d’autres choses dans la médecine qui est un métier de service, de relation, et à la fois qui demande une solide formation scientifique .

Si bien que ceux qui recherchent surtout des revenus confortables il faudrait plutôt les encourager fortement à aller vers d’autres métiers, car ils risquent de souffrir en médecine, même si les revenus moyens en médecine libérale sont loin d’être ridicules.

La réponse financière est une très mauvaise réponse à de bonnes questions de conditions de travail, de sens du travail. C’est un prix de consolation que l’on voudrait offrir à des médecins qui ne trouvent plus de sens à ce qu’ils font, les prescriptions routinières et automatiques des médecins générant en retour des comportements automatiquement consuméristes des patients.
Quant à dire du mal des confrères … le corporatisme est une véritable gangrène de la médecine et de la société française dans son ensemble .
L’exemple ci-dessus et l’illustration du confrère montrent que fasse à une situation très concrète et pratique il y a deux façons de faire son travail : une façon correcte, qui prend en compte l’intérêt du patient et qui du coup permet une retombée positive sur la santé publique, donc de la médecine utile, et une manière incorrecte à la fois sur le plan éthique qui n’apporte rien au patient et qui risque de lui nuire, ni à la société.

Dr MGG a dit…

Bonjour,
En fait nous sommes bien d'accord sur nombre de points et c'est l'essentiel, quand j'évoque un droit de réponse c'est au sens moral et non juridique, et il n'y avait aucune confusion dans ma pensée en tant qu'adepte de l'informatique et de ses produits dérivés depuis ses débuts:-))
Loin de moi l'idée de vous ôter la parole, au contraire, je serai toujours de votre côté lorsque vous médiatiserez le piteux état de la médecine générale dans notre pays mais j'ai simplement fait remarquer qu'il ne faut pas se tromper d'adversaire en pointant tel confrère ou tel syndicat alors que nous portons tous notre part du fardeau de la responsabilité.
Enfin, il y a, y compris au sein du syndicat au sein duquel j'œuvre, des confrères qui pensent comme vous que nous sommes morts, je ne partage pas ce pessimisme parce que je crois que tant qu'il restera des généralistes qui oseront s'exprimer, nous pourrons agir sur notre avenir; alors venez œuvrer au sein de la CELLULE JURIDIQUE, la trentaine de volontaires qui y travaillent bénévolement sont issus de toutes tendances, syndiqués ou pas, généralistes ou spécialistes, ils n'ont qu'un seul souci, celui de faire avancer les choses et rompre l'isolement où se trouvent nombres de confrères, seuls face aux diktats de ceux qui cherchent à nous faire disparaître de paysage médical français, et ils sont nombreux,
Amicalement
Marcel GARRIGOU-GRANDCHAMP, 69003 LYON
Amicalement, MGG

BG a dit…

Puisqu'il est question ici de la désintégration prochaine de la médecine générale je voudrais en suggérer une des raisons : l'alignement de celle-ci sur certains objectifs vaccinaux de la santé dite publique (qui n'est pas forcément synonyme de santé du public).
Je pense à l'hexavalent prescrit à l'insu des familles qui ne voulaient pas que leur enfant soit vacciné contre l'hépatite B. Un médecin me raconte voir arriver dans son cabinet plusieurs mamans avec leur enfant ayant plusieurs sérieux problèmes de santé et dont le cumul est assez inhabituel. Les vaccins ? ''Il a eu ses vaccins mais pas l'hépatite B, ah non !'' dit la maman. ''Mais si madame, regardez'' lui répond le médecin. La confiance dans le généraliste ou le pédiatre qui a vacciné l'enfant monte soudain en flèche dans l'estime de la maman …

Au colloque du 4 mai 2011 sur les vaccinations et organisé par des parlementaires j'ai entendu qu'il fallait utiliser la confiance du public dans les généralistes pour augmenter la couverture vaccinale et que pour améliorer la santé des populations l'essentiel était de vacciner avec de plus en plus de vaccins. Il suffit donc de vaincre les rétentions des médecins et des populations et de neutraliser toute opposition.

La juste ancienne secrétaire d’État à la santé Nora Berra disait qu'il fallait rappeler aux médecins leur devoir qui est de vacciner, d'inciter leurs patients (adultes) à la vaccination et de profiter de chaque consultation pour cela !!! Un patient vient pour son diabète ou son cœur ou les deux et le médecin devra lui parler du Prévenar et de son rappel DTP ! Effarant !

Ainsi la médecine de santé publique, après avoir perdu la confiance du public entend exploiter comme une mine de charbon la confiance du public dans les généralistes. Mais si les généralistes marchent dans un tel programme ils y perdront eux aussi, à terme, la confiance du public pour ne plus être qu'une simple courroie de transmission.

A vous de choisir !

JC GRANGE a dit…

@ BG. La disparition des médecins généralistes permettra de passer par dessus la tête de la réflexion individuelle au cas par cas. C'est l'Education Nationale qui décidera, sur la foi des recommandations (sur le site InfoVac on lit que recommandations signifie quasiment obligation) du CTV ou la Mairie pour l'inscription dans les écoles ; c'est l'institutrice qui imposera la ritaline, c'est le directeur d'école qui diagnostiquera les troubles comportementaux et inscrira une croix en face du diagnostic du DSM IV bientôt V... Nora Berra croyait "bien" faire. Que pouvait-on lui demander de plus ?
Mais vous avez raison : n'échangeons pas ce qui nous reste comme confiance contre un plat de lentilles.

Dr MGG a dit…

(sur le site InfoVac on lit que recommandations signifie quasiment obligation) ...

Vous ne pouvez pas si bien dire cf le jugement de ce médecin déclaré coupable in solidum à 30% avec le pharmacien (70%) qui s'était trompé en délivrant de l'ASPEGIC 1000 à un nourrisson de moins de 3 mois. Dans ses attendus les juges de cassation ayant retenu que le généraliste n'avait noté ni le poids ni l'âge de l'enfant sur l'ordonnance comme l'impose la législation et surtout que les recommandations déconseillaient l'usage de l'Aspirine à cet âge ce qui est certes exact mais avec cette décision la justice inaugure l'ère du « pas responsable mais coupable ». En appel la responsabilité partielle des parents avait été retenue en raison de la mention «réservé à l'adulte » en gros sur la boîte d'APSEGIC 1000.

Anonyme a dit…

Les apnées du sommeil sont certainement un problème de santé dans notre population. J'ai du mal à penser qu'il s'agisse toutefois d'une épidémie qui justifie les coûteuses prises en charge (diagnostic puis thérapeutique ) et je crains que le prochain scandale financier des médecins ne soit justement des pratiques peu-déontologiques des marchands d'appareillage et d'oxygène.

J'ai été contacté par l'un d'eux me vantant tous les bienfaits lucratifs que je pourrai tirer de telles explorations : directement par une forte cotation SS et indirectement par d'aimables retour "en congrès duo" ou autres avantages à discuter.

Je crains qu'au vue de la fréquence des médecins explorant assidument cette éventuelle pathologie et au vu des nombreux appareils prescrits sans se soucier des surpoids, du tabagisme, et des rhinites ou asthme non traités, il ne s'agisse effectivement que d'une pratique financière et non médicale.

Et pourtant, une petite partie de ces gens nécessitent sûrement cette aide mécanique et une partie des praticiens qui font ces explorations ne le font pas pour l'argent. Quels pourcentages ?

Ceci dit, je suis d'accord avec les vilains canards qui critiquent docdu16 : c'est un emmerdeur prétentieux et vindicatif même quand il a raison. (dis je anonymement bien sûr)