dimanche 20 janvier 2013

Martin Winckler : quelques conseils et quelques erreurs.


Martin Winckler...

Il faudra un jour que l'on m'explique qui est qui. Si j'ai bien compris Martin Winckler est le nom littéraire de Marc Zaffran, médecin généraliste. Quand Marc Zaffran signe un roman il utilise son nom de plume qui est donc un pseudo. Mais quand il écrit un article médical il signe aussi Martin Winckler qui n'est pas son nom de médecin tout en signalant qu'il s'appelle vraiment Marc Zaffran. Je ne comprends pas bien quelle est sa stratégie. Quand on choisit un pseudo, c'est par hypothèse, pour ne pas être reconnu ; dans le cas de notre néo Canadien l'intention est inverse : le pseudo renforce le nom réel et vice versa, ce qui rend l'anonymat éclatant.

...que vous connaissez tous, le pape incontesté de la contraception, celui dont il faut approuver tous les propos sous peine de passer pour un affreux défenseur de la non contraception hormonale, un affreux catho facho ou plus simplement nataliste, voire un opposant agressif à l'interruption volontaire de grossesse (IVG), voire un Jérôme Lejeune au petit pied, sans compter un misogyne ne comprenant rien à la cause des femmes,

celui que tout le monde médical bien pensant et anti autoritaire encense sans recul à la manière de ces adolescents qui appartiennent à un groupe de fans et qui écoutent en boucle les morceaux de l'artiste idéalisé, a écrit, à la suite des articles parus dans la presse sur les dangers des pilules de troisième et de quatrième génération (dont le lecteur de ce blog a été entretenu abondamment bien que de façon non exhaustive et partiale ICI et LA) et concomitamment aux prises de position des "grands" experts de la question dont le trop fameux professeur Israël Nisand,  

Un texte récent de ce professeur strasbourgeois (et cosigné par le docteur Brigitte Letombe) publié ICI par le JIM ne manque pas de laisser rêveur sur le ressentiment de ce grand patron français à l'égard des chercheurs danois (il faudra un jour que l'on analyse pourquoi la Santé Publique française --sic-- a des problèmes avec le Danemark qui, petit pays de 5,5 millions d'habitants, réalise non seulement des essais de qualité mais exporte des chercheurs terroristes en Angleterre -- i.e. Peter Götzche LA-- qui professent des idées contraires à ceux des Agences gouvernementales françaises sur le dépistage du cancer du sein), de sa frustration de n'être qu'un médecin médiatique et non un scientifique de renom, un théoricien des conflits d'intérêts qui, tels Bruno Lina prétend que l'excès de ces conflits les annule, ressentiment également à l'égard des instances réglementaires --ANSM-- qu'il critique et des entourages ministériels qu'il accuse d'incompétence... certainement parce qu'il n'en fait pas partie... 

... Israël Nisand mériterait que l'on s'occupât plus précisément de lui, notamment lorsqu'il propose de façon innocente la contraception involontaire pour toutes les femmes, femmes considérées probablement comme des écervelées ne pensant à rien et encore moins à leur non désir d'enfants, en citant l'indice de Pearl excellent des pilules (mises au point par l'excellentissime Big Pharma) mais déplorable en utilisation réelle (la déplorable jeune femme incapable de gérer)... Israël Nizand, si prompt à dénoncer l'incompétence de ses collègues appartenant aux instances, oublie de dire que la France, le pays des Droits de l'Homme, est très mal placée en termes de mortalité maternelle malgré la débauche d'examens prescrits durant les grossesses...

Martin Winckler publie donc deux posts censés donner l'avis contre officiel officiel sur le sujet. Cette formulation alambiquée traduit ma gêne à l'égard de qui, ancien de La Revue Prescrire (cela ne vous rappelle pas quelque chose ?, voir LA), est à la fois un médecin généraliste à la retraite et un expert de la féminitude (la philogynie étant une forme particulière de la misogynie) qui s'oppose aux spécialistes (voir ICI) avec des arguments scientifiques et moraux... peu opérationnels. Il est à noter que cet article est d'une meilleure tenue que celui que nous allons analyser. Pourquoi est-il revenu en arrière ? Je ne sais pas. Parce qu'il s'adresse directement à des patientes ?
Dans des conversations privées que j'avais entretenues récemment avec lui (et que je garderai secrètes par confidentialité évidente), nous avions abordé un certain nombre des thèmes qu'il développe aujourd'hui et, manifestement, mes arguments n'ont pas porté sauf sur un ou deux points de détail.
Je vous propose un tableau des pilules qui est clair sur les différents dosages : LA.

Examinons le dernier post "Je prends une pilule de 3e ou 4e génération. Dois-je l'arrêter ? Puis-je la poursuivre ?ICI, que je vous engage à lire avant de me lire.

Il s'agit finalement d'une Recommandation wincklerozaffranienne sous forme de dialogue supposé avec une patiente putative. 

Je ne vais pas m'arrêter sur tous les paragraphes, ce serait fastidieux et l'on pourrait m'accuser de criticisme systématique, mais tenter de revenir sur des points qui me paraissent faux de façon intrinsèque. Les phrases grasseyées, rougies et soulignées sont de MW / MZ.

... la pratique plus que désinvolte d’un trop grand nombre de médecins leur a fait oublier que certaines pilules ne devraient pas être prescrites comme première contraception.

Cette phrase est un jugement moral alors qu'elle devrait se référer à des recommandations officielles datant de 2007 (HAS) indiquant tout simplement que les P3G et P4G doivent être prescrites en deuxième intention.

Car le risque est alors élevé de voir survenir un accident thrombo-embolique (caillot dans une veine, ou une artère ; phlébite ou accident vasculaire cérébral). 

En effet, l'utilisation des P3G et des P4G n'entraîne pas plus de phénomènes thrombo-emboliques (T / E) artériels que les P2G à dosage d'éthynil estradiol égal mais plus de phénomènes T / E veineux en raison de la nature du progestatif (qui n'est pas du lévonorgestrel le plus sûr des progestatifs) (cf. infra le graphique montrant les risques T / E veineux avant 1 an).

Mais rien n'est simple : les dosages d'éthynil estradiol diffèrent dans le groupe des P2G (seules les pilules Leeloo G, Lovalulo et Optilova ne contiennent que 20 microgrammes d'éthynil estradiol,  dosage considéré comme le moins dangereux pour la survenue de phénomènes T / E artériels)  ; dans le groupe des P3G  seules Melodia / Minesse / Edenesse / Optinel Gé, d'une part, Meliane / Harmonet / Carlin 20 / Efezial 20 / Felixita 20, d'autre part et Mercilon / Cycléane 20 / Désobel Gé 20 contiennent 20 microgrammes ou moins d'éthynil estradiol ; dans le groupe des P4G où le progestatif présente un risque important certaines pilules contiennent 20 microgrammes et d'autres 30 microgrammes d'éthynil estradiol.

le risque d’accident vasculaire avec TOUTES les pilules est inférieur au risque vasculaire pendant une grossesse. 

En réalité, le risque T / E veineux des pilules combinées dépend du progestatif et certains progestatifs, pendant un an d'utilisation (on rappelle à qui l'aurait oublié que la grossesse chez la femme dure environ 9 mois), entraînent plus de risques T / E que la grossesse (mais il faut également tenir compte, sur le plan artériel, du dosage d'ethynil estradiol).


(Il est possible de cliquer sur le graphique pour mieux le lire)

La phrase suivante est à inscrire dans les Annales :"
Bien sûr ce n’est pas comparable (une grossesse est un risque assumé) mais rappelez-vous que le risque est faible...
"
Nous apprenons ici que la grossesse n'est pas un désir d'enfant mais un risque assumé de présenter des phénomènes T / E veineux...

 les femmes les plus exposées sont celles :


- dont c’est la première pilule contenant des estrogènes ET qui la prennent depuis moins de 2 ans

OU

- qui ont plus de 35 ans et/ou fument



Les femmes qui prennent des pilules P3G et P4G les plus exposées sont donc celles :
  1. Qui présentent une thrombophilie (2 à 5 % de la population) et dont l'interrogatoire n'a pas retrouvé d'antécédents T / E personnels ou familiaux (car en ce cas cela contre-indiquerait définitivement l'utilisation des pilules combinées) car le risque T / E artériel ou veineux est possible et grave, thrombophilie que l'on ne recherche pas systématiquement pour des raisons de coût quel que soit leur âge  OU
  2. Qui fument, quel que soit leur âge, mais a fortiori si elles ont plus de 35 ans : le tabac, chez une femme prenant la pilule et fumant, multiplie par 9 le risque T / E veineux et artériel, cet effet est cumulatif (nombre de paquets / années) et augmente avec l'âge. OU
  3. Qui prennent la pilule depuis moins d'1an : les données sources de l'étude danoise (ICI) indiquent que le risque est maximum avant un an et non avant deux ans. OU
  4. Qui prennent une pilule contenant un dosage d'éthynil estradiol supérieur à 20 microgrammes.

Je m'arrête là.
Pour le reste il est assez difficile de suivre les conseils de MW / MZ quand on se rend compte que l'expert non académique (encore qu'au Canada il exerce des activités académiques) ne connaît pas tout son sujet ou, pire, le connaît et cache des choses pour ne pas effrayer les femmes. Ce que nous retiendrons essentiellement : les méthodes de contraception moderne non hormonales combinées ne sont pas assez utilisées dans le monde développé.
Mais j'ai lu ses conseils et mon courage de non expert s'arrête au seuil de mes propres recommandations dont seule ma patientèle aura le privilège.
Je retiendrai pourtant que dans un post précédent il disait que les pilules de P3G et P4G devraient n'être prescrites en France qu'à quelques centaines de femmes... ICI
J'ai bien aimé l'autre jour sur Europe 1, le 15 janvier 2013, Bruno Toussaint, directeur de la rédaction de Prescrire dire tout simplement qu'il fallait se préparer au retrait progressif des P3G et des P4G. N'est-ce pas la voie de la sagesse ? 
Il faudra aussi que nous ayons le courage de remettre à plat le problème de la contraception en général dans une ambiance scientifique et sociétale mais qui le fera ?
Pas moi en tous les cas (j'ai déjà assez écrit sur le sujet sur ce blog et s'il reste pourtant de nombreux sujets non abordés comme l'aspect sociétal de la contraception moderne, sur les liens des experts avec Big Pharma, sur l'arrogance de ces experts, sur leurs mensonges au nom de l'intérêt supérieur des femmes). 

(Je l'ai déjà dit mais je le répète : le nombre de pilules commercialisées est une insulte au bon sens. Les spécialistes ad hoc nous disent que l'offre de choix garantit un traitement adapté à chaque femme. Je dirais volontiers que l'offre de choix de Big Pharma garantit de bons revenus à Big Pharma avec un savant enfumage des risques et des bénéfices que même un grand expert ignore ou feint d'ignorer). 

(Illustration : Google Images ICI)

PS du 7 février 2013 : une mise au point intéressante sur les effets T / E des pilules par Jacqueline Conard qui me paraît un peu trop optimiste sur le rôle du tabac : ICI

19 commentaires:

B. a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
B. a dit…

Donc :
-l'EE favorise les phénomènes TE artériels, indépendamment du P;
-les progestatifs seuls ou l'association PE les phénomènes TE veineux, dont le risque augmente avec les P3G et P4G ;

Si une patiente fait un AVC sur un terrain de thrombophilie, le problème vient donc de l'E.

Je ne connais pas les chiffres, mais la logique voudrait qu'indépendamment du P, à partir du moment où nous prescrivons des E, nous devrions doser les marqueurs de thrombophilie chez les sujets à risque. Et donc même en première intention, si on écarte les troubles TE veineux qui caractérise sa prescription en seconde intention, les P3G ou P4G ne sont pas problématiques à la condition de doser systématiquement les marqueurs thrombophiliques chez une certaine catégorie de patientes.

Plusieurs questions me viennent à l'esprit :
1- quel est le prix de ce dosage ?
et
2- pourquoi autant d'agitation autour des P3G et P4G si la cause des tb TE artériels est l'E ?

La conclusion serait donc :
- prescription E : bilan de thrombophilie systématique si FDR ;
-prescription d'EP : bilan de thrombophilie systématique si FDR, ET prescription de P2G car mieux éprouvés sur les tb TE veineux

Je réalise que j'enfonce des portes ouvertes... ^^

CMT a dit…

A JCG,
sur les erreurs relevées tu as sans doute totalement raison.

Mais je ne mettrai pas MW sur le même plan qu'Israël Nisand. La notoriété de MW doit tout de même quelque chose à son propre talent, au moins littéaire. Alors qu'Israël Nisand est, comme tous les leaders d'opinion, la créature de Big Pharma. Se Big Pharma n'était pas derrière lui pour le mettre en avant lors des formations, le pousser devant les médias, lui permettre de publier, il n'existerait pas. Il ne peut faire rien d'autre que se soumettre aux intérêts de big pharma pour exister et de s'aligner sur les positions de Big Pharma.
Pour MW,c'est différent. Car on voit bien que malgré des travaux scientifiques probants, connus depuis 1995, on l'a appris incidemment, les opérations de communication à grande échelle de big pharma ont jeté la confusion dans les esprits concernant la contraception hormonale.Cela a induit en erreur beaucoup de monde.

Errare humanum est.

Dans la rubrique "apprendre en s'amusant" vous allez comprendre comment fonctionnent les politiques du médicament grâce à cette vidéo http://labs.ebuzzing.fr/video/complot-goldman-sachs-7831535 intitulée "le complot de Goldman Sachs".
Il suffit de remplacer Goldman Sach par Big Pharma, la banque centrale européenne par l'agence européenne du médicament, la fed par la FDA et le CDC, et de garder la commission européenne qui défend le paquet pharmaceutique et vous comprendrez la raison de tous ces scandales, qui ne sont, je le disais que la pointe émergée de l'iceberg.
Les politiques du médicament dans le monde sont gérées par une poignée de personnes, qui se connaissent entre elles.

mirabelle84 a dit…

Bonjour, je croyais que Meliane / Harmonet / Carlin 20 / Efezial 20 / Felixita 20, qui contiennetn certes 20 microg d'Ethynnil estradiol, mais dont le progestatif est du désogestrel, n'étaient pas à recommander..??

JC GRANGE a dit…

@ Mirabelle 84 Vous avez raison. Je ne dis pas le contraire. Mais je précise que le taux d'éthynil estradiol est "convenable" dans ces pilules mais il n'en est pas moins vrai que leur progestatif est moins sûr que le levonorgestrel...
Je voulais signaler la complexité de la situation.
Bien à vous.

docpp a dit…

A Doc du 16

Pourquoi tant de haine à propos de Martin Winckler ?

tu sais tres bien que les données de la science en Médecine ne sont pas un quizz ou on peut répondre vrai ou faux , c'est beaucoup plus complexe et compliqué que ça !

MW a eu le mérite de lutter contre de nombreuses idées reçues en matière de contraception

Il a la capacité de vulgariser des données compliquées pour que les non médecins puissent comprendre et éclairer ainsi leur décision

Le texte que tu as critiqué avec tant de virulence est un de ces textes qui permettent à des femmes non médecins qui se posent des questions sur leur contraception d'avoir les idées plus claires c'est déjà pas mal !

On pourrait certes lui reprocher un non référencement de ses affirmations mais ce n'est pas un article scientifique .

JC GRANGE a dit…

@ Docpp Aucune haine contre Winckler.
Je dis simplement qu'il est nécessaire de dire les choses quand elles sont à dire.
S'il y a des erreurs il faut en parler, serait-ce Winckler qui les dit.
Mais bon, la netétiquette n'est qu'une variante de la censure.
Si ce texte s'adresse à des femmes pour les conseiller il est trop compliqué et il est dans la ligne de sa conception du conseil aux femmes : je suis un homme mais je me soigne ; je suis un expert non académique ; je sais combien les autres médecins sont des psychopathes (il a écrit un article là-dessus) et je vous dis combien les spécialistes sont corrompus par l'ignorance et les industriels ; quant aux autres médecins non spécialistes ils ne savent pas parler aux femmes, ils ne savent pas les écouter, ils ne savent pas les examiner ou, variante, ils ne savent pas ne pas les examiner ; et mon empathie, ma bienveillance, fait de moi l'ami des femmes ; comme toute mon oeuvre littéraire en témoigne.
La banalisation de la contraception, c'est les femmes qui en subissent les conséquences, mais elle ne s'accompagne pas d'une démédicalisation de la "cause des femmes".
Il semble que la critique des experts ne passe pas.
j'en suis désolé.
Bien à vous.

Charlotte a dit…

Bonjour Docteur Grange,
Que cherchez-vous à exprimer dans ce post :
- Apporter des informations complémentaires ou correctives pour les patientes quant aux conduites à tenir de la part des patientes concernées, donc essayer de donner l’information la plus juste ?
- Dénoncer le suivi aveugle des experts (autoproclamés ou reconnus, il semble que MW/MZ soit plutôt dans la 2nde catégorie),
- Dénoncer l’ambigüité et le positionnement de MW par rapport à MF (ou réciproquement, je dois avouer que cela fait longtemps que je m’y perds aussi) ?
En tant que patiente, je dois avouer que ce post me laisse perplexe… Je ne comprends pas le but que vous poursuivez, et du coup, votre message « médical » me semble noyé, biaisé peut-être même en termes d’objectivité par cette colère/désaccord que je ressens vis-à-vis de MZ/MW.
Attention à ne pas tout mélanger, les données médicales, et le fonctionnement de l’information médicale. Les deux sont liés mais ne peuvent pas forcément être traités conjointement, enfin il me semble, surtout quand il s’agit de sujets qui mériteraient chacun d’avoir leur propre papier.
Même si contrairement à DD, je trouve intéressant que certains désaccords puissent se traduire sur la toile, ce qui permet à chaque lecteur de se faire une idée plus juste des difficultés de votre profession et de choisir les lectures desquelles il se sent plus proche, mettre dans un même papier une information médical et un désaccord sur le « positionnement » de MZ/MW semble dommageable.
Chaque médecin à une sensibilité, une approche personnelle et professionnelle de son métier, une philosophie, une religion qui lui est propre, c’est ce qui fait la richesse d’un individu (et le lecteur le sait, ou au moins, le sens). Mais lorsque les informations purement techniques commencent à être mélangées avec des avis personnels, on ne sait plus trop qui parle ; le médecin qui fait l’effort de tout vérifier, décortiquer et à la gentillesse d’en faire bénéficier les patients, ou l’homme (médecin aussi) qui est en colère parce que la société fonctionne mal.
Je vous souhaite une excellente journée.
Cordialement
Ps : Vous venez de répondre à Docpp, donc je fais un ajout.
La critique, ou la remise en cause des experts dérange sans doute au sein du corps médical, mais elle est néanmoins salutaire et indispensable pour les patients (mais aussi pour les médecins, je pense), si elle est faite sans animosité perceptible et factuelle. C’est pour cela qu’il me semble de la traiter séparément des données purement médicales, pour ne pas qu’il y ait confusion, pour ne pas qu’il y ait amalgame.

JC GRANGE a dit…

@ Charlotte.
Vous avez probablement raison : mon post est confusant.
J'ai mélangé les arguments "scientifiques" et les critiques contre MW / MZ.
Mais l'animosité de MW / MZ à l'égard des confrères est aussi très sensible dans ses écrits médicaux et littéraires. Disons que je me suis laissé aller en mélangeant mes critiques.
Ce n'est pas une raison pour laisser passer des incongruités, qui peuvent apparaître comme mineures mais qui sont néanmoins significatives de la simplification des données.
Mon post était probablement parasité par mon désaccord général sur la posture de MW / MZ en tant qu'"ami des femmes" comme tous ces spécialistes tels Nizand, David Elia, Mimoun et autres.
J'aurais dû écrire : Reconsulter votre médecin, il n'y a pas d'urgence, et continuer votre plaquette.
Merci de ces commentaires.

CMT a dit…

Une remarque culturelle.
En France, l’erreur est assimilée à une faute (avec le poids de la religion à l’arrière plan). Dire à quelqu’un qu’il s’est trompé équivaut à une insulte. Cela pèse d’un poids très lourd sur l’éducation des enfants et le système scolaire français où les enfants sont soumis à des injonctions paradoxales : savoir avant d’apprendre être adultes avant de grandir.
En pédagogie et en neuropsychologie on évoque souvent l’exemple pratique de l’attitude des parents anglo-saxons comparée à l’attitude des parents français dans une situation d’apprentissage.
Le petit enfant joue sur le terrain de jeux. Il s’essaie à grimper et tombe. Le parent français se précipite et lui dit agacé : « je te l’avais bien dit ! Voilà ce qui arrive quand on n’écoute pas maman (papa) ! Comme ça tu ne recommenceras plus ! ». Le parent anglo-saxon dira simplement : « try again » (essaie encore).
On ne peut apprendre que de ses erreurs. Les erreurs font partie intégrante du processus d’apprentissage. Quand on se trompe, ce n’est pas qu’on est nul, qu’on a commis une faute. C’est qu’on est en train d’apprendre.
Le corollaire de cette approche c’est qu’il est mal vu de contredire quelqu’un qu’on connaît parce que c’est le désavouer, le stigmatiser, nuire à sa réputation. C’est sûrement ce qui fait qu’en France plus qu’ailleurs, les idées dominantes se forgent dans des écoles de pensée (école psychanalytique et école cognitiviste par exemple) mais aussi autour d’une logique corporatiste (médecins versus non médecins, généralistes versus spécialistes), ce qui sclérose le débat et est un terrain de jeux idéal pour des stratégies d’influence telle que celle de Big Pharma.
Je pense la même chose que Charlotte à propos de DD. L’évitement systématique du conflit et de la contradiction n’est pas souhaitable. C’est précisément ce que nous propose la société actuelle. Des messages élaborés au sein de sociétés spécialisés dans la communication et selon des stratégies prédéfinies sont répétés à l’infini par les médias à l’identique. Les dépêches AFP sont reprises telles quelles par les journalistes. Cela donne l’ILLUSION d’un CONSENSUS qui induit en erreur les patients et aussi les médecins. Nous n’avons pas besoin de consensus nous avons besoin de débat, de confrontation d’idées et d’arguments.

CMT a dit…

Israël Nisand, lui, ne se trompe pas. Il est de mauvaise foi. Et l’article cité par JCG me donne envie de vomir.
Il est très agacé qu’on remette en cause la politique de contraception qu’il a prôné dans d’innombrables articles et d’innombrables formations faites devant les médecins, qui est totalement fondée sur la contraception hormonale. Il cherche, dans un louable souci de se protéger lui-même, à dresser les médecins, qui ont « bien fait leur travail », puisqu’ils se sont strictement tenus à ce qu’il leur avait appris, contre les patients (qui portent plainte pour un oui pour un non) et contre les autorités (arguments classiques qui ont bonne presse auprès des médecins libéraux : qui sont taxées d’incompétence, de vouloir faire des économies sur le dos des patients et des médecins, qui se laissent trop facilement déstabiliser par une ou deux plaintes sans importance…).
On peut résumer ses propos en disant que pour lui, la politique contraceptive menée en France n’est rien moins qu’idéale, que les médecins français sont des bons professionnels puisqu’ils ne prescrivent pas plus de pilules de troisième génération que les Allemands, les Danois et les Espagnols et que, d’ailleurs, il n’y a qu’une étude qui montre une différence de tolérance au plan du risque thrombo embolique veineux entre les pilules de deuxième et troisième génération, celle de Lindegaard, étude danoise datant de 2011, et cette étude est de mauvaise qualité et ne démontre rien.
Il oublie juste de préciser deux ou trois choses :
- Les médecins français n’ont pas tenu compte des recommandations de la HAS mais ont bien tenu compte de ses recommandations à lui
- Les pays qu’il cite sont ceux qui prescrivent le plus la pilule en Europe et, pour le Danemark, ce pays ayant constaté les dégâts des pilules de troisième génération, a entrepris une campagne volontariste et réussie pour en réduire la prescription (mais les médecins danois ne sont peut-être pas formés directement par les labos)
- Je ne suis pas professeur de gynécologie, mais il m’a suffi de chercher un peu pour trouver que des études anciennes montraient une différence de risque trhombo-embolique veineux (TEV) du même ordre que celle qui a été trouvée par l’étude danoise par exemple celle-ci http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/7500748
Le BMJ avait fait une synthèse des risques et effets secondaires de la contraception hormonale en 2000 http://cmbi.bjmu.edu.cn/uptodate/vascular%20medicine/Miscellaneous/Risks%20and%20side%20effects%20associated%20with%20oral%20contraceptives.htm où étaient rapportés des chiffres proches de ceux cités par l’étude danoise, fondés sur différentes études. Un rapport de côtes (OR) multiplié par 3 par les pilules de deuxième génération (risque de TEveineux) et un OR multiplié par plus de 4 pour les troisième génération. Le risque de décès par accident TEV était multiplié par 4 par les pilules de troisième génération (2 pour 100 000/ an) par 3 pour celles de deuxième génération (1,4 pour 100 000/an) par rapport au risque sans pilule (0,5/100 000/ an).
Le professeur Nisand ne doit pas avoir connaissance de tout ça. Pour avoir le temps de s’informer il faudrait qu’il passe moins de temps au restaurant avec des représentants des labos.

CMT a dit…

Il ne doit pas avoir connaissance non plus du fait que la France, tout en étant un des pays au monde où la contraception est le plus diffusée (plus de 95% des femmes sexuellement actives sous contraception selon l’IGAS) où la contraception est le plus médicalisée (plus de 80% des moyens contraceptifs utilisés sont prescrits par des médecins et sont très efficaces en théorie) reste en queue de peloton européen pour le recours à l’IVG. Malgré la diffusion très rapide de la contraception d’urgence dont 1,3 millions de boites ont été vendues en 2010. DONC ON A BIEN LES RISQUES MAIS SANS LES BENEFICES. http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2011-11/note_cadrage_cu_vf.pdf .
Si la stabilité du nombre d’ IVG s’explique par un recours pour fréquent aux IVG qu’il y a 30 ans en cas de grossesse non désirée, d’après la HAS les grossesses non désirées ont diminué de 13% depuis 1976 (de 46% à 33%) malgré une diffusion massive de la contraception hormonale et, plus tard, du stérilet.
La revue Prescrire, dans un article diffusé à titre publicitaire, vient opportunément rappeler que les hormones sont des médicaments et, qu’en tant que tels, ils ont des effets secondaires, des intéractions avec d’autres médicaments (antidiabétiques, antihypertenseurs, hypolipémiants, antivitamines K) et que leurs effets indésirables s’additionnent à ceux d’autres médicaments (corticoïdes, certains AINS, neuroleptiques etc. etc).
La Filande est exemplaire en ce que c’est le pays qui aurait diminué le plus rapidement le taux d’IVG (baisse de 51%) tout en diversifiant les moyens de contraception. En Finlande, avant 35 ans, les femmes utilisent environ deux fois moins la pilule que les femmes françaises et le taux d’utilisation après 35 ans, qui diminue spectaculairement et tourne à 10-12% est environ 4 fois inférieur à celui des femmes françaises.
Il faut noter aussi que dans les pays où les taux sont les plus bas les hommes participent à la contraception, par l’utilisation des préservatifs et par la stérilisation.
J’ajoute, cela fait partie des informations de base que tout médecin devrait fournir aux femmes (quoique la consultation pour contraception devrait avoir lieu en couple) que le risque de thrombose et d’ischémie cérébrale ou cardiaque (angine de poitrine) sont, à la différence des risques veineux, des processus généralement chroniques qui se développent pendant des années à cause de la constitution de plaques d’athérome dans les artères et qui aboutissent, in fine, à l’accident (infarctus, AVC par obstruction d’une artère par un caillot sur le lieu de la plaque). C’est le mécanisme le plus fréquent. La constitution de la plaque et la détérioration de l’artère est accélérée par tous les facteurs de risque (hypertension, diabète, hypercholestérolémie, sédentarité, mauvaise hygiène alimentaire, tabac et CONTRACEPTION HORMONALE). D’où l’intérêt de limiter la durée d’utilisation de la contraception hormonale d’utiliser des pilules peu dosées en oestrogènes et de choisir celles qui minimisent le risque de thrombose veineuse également.
Cela fait tout de même partie des éléments qui peuvent éviter l’augmentation des AVC et des infarctus chez les femmes française auxquels nous assistons actuellement . Il faut savoir que la France est déjà très mal placée en termes de prévention de la mortalité précoce chez l’homme (mortalité masculine chez les hommes de moins de 65 ans) et qu’il ne faudra pas qu’elle soit aussi très mal placée en termes de prévention de la mortalité précoce féminine. Elle en prend le chemin actuellement et seules les progrès techniques dans le traitement des AVC et des infarctus du myocarde ont pu limiter cette évolution.



Anonyme a dit…

CMT,

J'ai feuilleté en bibliothèque le livre d'olivier Rollot, Génération Y.
Dans un chapitre, il y rapporte la surprise d’étudiants français face au mode d'enseignement qui a cours aux États-Unis dans l'enseignement supérieur : moins d'heures de cours, beaucoup de travail personnel, sollicitation des commentaires des étudiants....

Anonyme a dit…

"La plainte déposée par une jeune femme, Marion Larat, victime d’un accident vasculaire cérébral, a été l’occasion de la prise de conscience du risque modéré mais réel des contraceptifs oraux. Elle a été aussi l’occasion de révéler le scandale des pilules de 3ème et 4èmegénération qui majorent le risque d’embolie pulmonaire sans bénéfice par ailleurs.
Les média s'emparent alors du "bon sujet" et les révélations pleuvent: techniques marketing des firmes, experts aux liens d'intérêt longs comme le bras, infantilisation des patientes, paresse et aveuglement coupable des agences sanitaires elles-mêmes engluées dans leurs conflits d'intérêt..." écrit le Dr Christian Lehman là : http://enattendanth5n1.20minutes-blogs.fr/

"Les agressions peuvent avoir du bon. Sur son blog En attendant H5N1 Christian Lehmann, médecin et écrivain, ne craint pas de s’attaquer frontalement à la profession journalistique spécialisée dans les questions relatives à la médecine et à la santé. Il le fait à l’occasion de l’affaire des pilules de troisième génération mais en centrant son propos sur une autre classe médicamenteuse : celles des spécialités pharmaceutiques ayant comme indication la maladie d’Alzheimer."

C'est ce qu'écritJ.Y. Nau en introduction d'un article intitulé "Médicaments « anti-Alzheimer » : inefficaces, dangereux et remboursés. Que fait la presse ?"

Toujours en quarantaine pour cause de grippe J.Y.Nau ?

JC GRANGE a dit…

@ Dernier Anonyme Je suis content que la cousine de JY Nau intervienne pour défendre son cousin. Je plaisante.
J'ai répondu à JY Nau.
"Monsieur,
Votre post confirme les dires de Christian Lehmann : il suffit de lire les dates de vos articles pour comprendre que vous arrivez après la bataille. La démonstration est ainsi faite.
Je n'irai pas plus loin ne voulant pas rappeler combien vous êtes toujours (vous trouverez bien une exception pour confirmer la règle) venu au secours de la victoire lorsqu'il s'agissait de dénoncer les futurs scandales et combien votre attitude timorée à l'égard des experts a freiné la divulgation des informations, notamment quand vous oeuvriez au journal Le Monde."
Bonne journée.

Anonyme a dit…

OK. C'est clair et net.

[pas bien sûr de comprendre votre cousinade ; mais c'est pas grave]

siary a dit…

Quelques réflexions à propos d'un certain nombre d'affirmations . Il n'y a pas de vérité absolue en médecine, les affirmations ont un caractère relatif et sont reconsidérées en fonction des données factuelles issues des études ( suivi de cohorte, études cas témoins, essais cliniques randomisés etc) ce qui doit nous inciter à une certaine modestie dans nos affirmations : ainsi affirmer que la contraception oestroprogestative augmente à long terme le risque d'athérosclérose est parfaitement subjectif et ne repose sur aucune étude . La seule certitude , c'est l'action bien démontrée aussi bien sur le plan épidémiologique que biologique sur le risque thromboembolique . Voilà pourquoi le dosage du cholestérol et de ses composantes biologiques est probablement inutile chez une jeune femme sans facteur de risque personnel ou familial .
Par ailleurs proposer comme alternative à la contraception médicale le préservatif ou la stérilisation, c'est ignorer que ces moyens ne s'adressent pas aux mêmes personnes . Chez une jeune femme la stérilisation n'est évidemment pas appropriée, quant au préservatif sa fonction protectrice vis à vis des IST est essentielle, mais chez les couples stables,, ce n'est pas le moyen le meilleur; d'ailleurs le préservatif est rapidement abandonné quand le risque d'IST diminue .
Je reste fermement convaincu , en contradiction avec CMT que la contraception médicale reste la plus appropriée en tenant compte du désir des femmes
( Contraception orale OP, Progestative et DIU)
Les autres moyens resteront toujours marginaux et n'ont aucune mesure avec le confort constitué par la contraception médicale

docpp a dit…

Siary a dit (mieux que moi )ce que je voulais exprimer


pour en revenir à des données factuelles j'ai trouvé ces analyses sur le site belge farmaka qui fait 2 synthèses sur la contraception

http://www.farmaka.be/publications.php


sur ce site ;il y aussi le formulaire MRS qui aborde la thérapeutique pour les personnes agées de manière à la fois factuelle et pertinente pour la pratique de Médecine Générale

Merci à Doc du 16 pour son blog !


Miss Niet a dit…

Bonjour,

Je ne vais pas m'appesantir sur le pavé. Je suis en "sursis" de contraception. Mon premier DIU s'est déplacé, et j'appréhende une éco pour le 2eme puisque j'arrive à la période où le premier avait bougé.
Vous dites que la présence d'autant de pilules sur le marché est une hérésie (ou presque). Mais commbien de pilule faut-il faire tester à une femme comme moi avant d'en trouver une qui convienne ?

La réaction du retrait de X ou Y pilules n'est pas une solution. Votre articles attaque une personne qui s'attache à essayer d'expliquer les choses au plus grand nombre, certes pour rétablir la vérité, mais votre conclusion ne me donne pas envie de vous concédez quoi que ce soit.

La diversité des pilules permet à une majorité de femmes de trouver une molécules et des excipients avec peu d'ES. Si cela vous importe peu, et bien vous ne méritez pas votre titre de médecin puisque le confort des femmes vous semble secondaires.

Vous brassez beaucoup d'air pour rien, pour finalement ne pas ajouter grand chose au débat.