jeudi 24 mars 2016

Patrick Pelloux, ce khonnard (joueur de khon, instrument de musique laotien - et éventuellement thaïlandais).



On savait déjà que cet urgentiste mondain était un khonnard (pour ceux qui ne savent pas ce qu'est un khonnard, c'est un joueur de khon, instrument de musique laotien thaïlandais).



Khon ou orgue à bouche. Instrument de musique thaïlandais.
On savait aussi qu'il avait perdu pied avec la médecine de ville, avac la médecine libérale (traître mot pour cet habitué des cabinets ministériels).

P. P.: Je suis totalement d'accord. La médecine s'est éloignée de ce lien social au profit des protocoles... Le dialogue avec le patient, c'est fini. On ne palpe plus, on fait des échographies. Un mal à la tête? On vous prescrit direct un scanner. Un souci de respiration? On vous envoie chez le cardiologue. 


On savait encore que ce médecin était un chieur qui emmerdait tout le monde (et ses collègues urgentistes) et dont la théorie philosophique "Moi et Ma Pomme" suffisait à son bonheur. On avait espéré à un moment qu'on l'exilât à Berck, mais, peine perdue, il est toujours à Paris.

Il y a aussi des journaux de merdre comme L'Express qui publie des classements truqués des hôpitaux, où l'hôpital qui a le moins d'infections nosocomiales est celui qui en a le moins déclaré.
Eh bien, qui l'aurait cru, le journal de merdre a rencontré le joueur de khon d'urgentiste. L'Express, au lieu d'interroger un médecin généraliste, est allé chercher un zozo salarié des hôpitaux qui ne sait de la médecine générale que ce qu'il en a entendu dire ici ou là.
L'Express, pour présenter un film sur Rembrandt, interroge un vendeur de tomates sur les marchés ou un journaliste sportif.

Cela dit, pour être juste, le réalisateur du film, pour dire des khonneries, il est aussi champion du monde.

T. L.: D'autant qu'en un siècle toutes les maladies ont été décrites. Si on sait décrypter les signes, on peut facilement identifier une pathologie.

Mais notre ami PP surenchérit (il va être bientôt invité chez Busnel à La grande Librairie)

P. P.: Le monde médical est riche d'une littérature formidable. Il existe des vieux livres de sémiologie grandioses. Les mecs te racontent des tumeurs, c'est du Zola! Bientôt, les médecins auront perdu le verbe et le complément. 


Je m'arrête un moment pour consulter mon avocat qui me dit que je vais m'attirer de graves ennuis en racontant des vérités.


Patrick, pour revenir au film de Thomas, votre oncle était lui-même médecin de campagne... 
P. P.: A Combs-la-Ville, oui, près de Melun. A l'époque, c'était la campagne. Quand il est mort, on m'a refilé son matériel. Le mec avait tout pour faire les accouchements! Son cabinet se composait d'un bureau et, derrière, il y avait sa salle d'examen, avec du carrelage. Remarquez une chose: quand vous allez chez un médecin aujourd'hui, il n'y a que du parquet ou de la moquette. Pourquoi? Parce qu'ils ne prennent plus les gens qui saignent. Un médecin de campagne, il a l'habitude. Le sang, ça tache et ça se nettoie facilement sur du carrelage. On sent que le personnage joué par François Cluzet a l'habitude de cette réalité, qu'il n'a pas peur de se salir. Le plus beau, c'est sa relation avec cette personne âgée dont il veut respecter la volonté de ne pas aller à l'hôpital.  


Mais en lisant son entretien dans l'Express (je ne vous donne pas le lien de peur que vous n'avaliez de travers) je me rends compte que c'est lui qui devrait être attaqué en justice et devant le conseil de l'ordre. Comme cette éminente psychanalyste oeuvrant sur France-Culture qui avait été condamnée par deux fois par l'Ordre des médecins après qu'elle eut prétendu que les enfants suivis par les médecins généralistes étaient plus en danger que ceux suivis par des pédiâââââtres... (voir ICI)


T. L.: Un chiffre: 80% des gens meurent à l'hôpital. C'est devenu leur dernière demeure. Dans le monde moderne dans lequel on vit, on pourrait espérer mourir de son grand âge et pas d'une longue maladie! Mais c'est un cercle vicieux: moins on a de médecins dans les campagnes, plus les familles se sentent isolées et incapables de prendre en charge le mourant. Et, en règle généra le, quand les gens se sentent impuissants, ils voient dans l'hôpital la solution. 
P. P.: Alors que, pour les personnes âgées, rester chez elles est ce qui les maintient en vie. Bien sûr, elles finissent par ne plus faire grand-chose et limitent leur conversation à la météo. C'est un signe: quand vous commencez à vieillir, vous ne parlez que de la pluie et du beau temps. Moi, je n'en parle plus! N'empêche. C'est très long et compliqué de savoir parler aux personnes âgées; les bons gériatres le savent. Quand il n'y a pas de spécialiste disponible, le généraliste dit qu'il ne peut rien pour vous.  



L'accumulation de sottises, de contre-vérités, d'approximations, de mensonges sur les médecins généralistes et la médecine générale montre une profonde bétise de ce médecin doute que je puisse en être un.
Et, en plus, il parle de lui, il tisse le lien social en buvant un café avec des victimes... Tragique garçon.


P. P.: Et, au-delà de ça, il faut élargir le rôle du médecin, qui ne se limite pas au diagnostic. Hier et avant-hier, j'étais au Bataclan: les patrons sont un peu inquiets car la salle va inéluctablement basculer vers un lieu de mémoire. Ils ne savaient pas s'ils devaient ouvrir avant les travaux pour que les gens viennent s'y recueillir. J'ai évidemment approuvé cette initiative. J'ai passé deux jours avec la cellule d'urgence médico-psychologique. Vu que je suis médecin urgentiste, les psychologues et psychiatres me demandaient ce que je faisais là. Je préparais du café, j'accueillais les gens, on buvait un coup avec les victimes, on discutait... On a fait du lien social. 

Et on me dit que c'est le grand ami de cette fossoyeuse (pour les royalties voir Christian Lehmann) de Marisol Touraine...

P. P.: Faut dire que Médecin de campagne, ça manque de flingues! De sexe aussi! C'est même pas un superhéros! Tu aurais pu lui mettre une cape! Blague à part, ton film est essentiel parce que tu montres qu'un médecin n'est justement pas un superhéros.  

Cela ne m'étonne pas.

Donc, si je pensais que l'Ordre des médecins servait à autre chose qu'à ramasser des cotisations et à faire des films de pub, j'aurais un nombre de procès en diffamation à faire contre le dénommé joueur de khon dont le mépris pour ma profession est au delà de tout ce qu'il est possible d'imaginer et dont la qualité première est l'ignorance de ce dont il parle.

7 commentaires:

emilie a dit…

Merci

Anonyme a dit…

Quel ( n ayons pas peur des mots) CON. Son mépris des personnes âgées est juste intolérable.

fredledragon a dit…

Mouarffff

Popper31 a dit…

j'avais déjà prédit sur ce blog il y a quelques années que ce type finirait ministre ou équivalent, mon pari tient toujours, car pour le moment il fait le parcours sans faute ( Ah l'embrassade du Président après Charlie !!..) et je ne vous livre pas, de l'urgentiste à la tronche enflée ou du politique arriviste, vers qui va mon dégoût le plus profond.

Doctoc a dit…

La volée est juste, belle, et pas volée!
Las, elle ne suffira pas à lui couper les ailes!

Unknown a dit…

Il n'y a pas plus diamétralement opposé, dans les pratiques médicales, que celle de la MG et l'urgentisme. Ce type qui ne voit chaque patient qu'une fois dans leur vie et qui se permet de donner des leçons de relations mėdecin malade ! Ce type qui affiche sur son profil twitter son profond mépris des malades mentaux ! Et qui vient afficher son mépris des médecins généralistes dans cette interview nauséabonde. Comme le disait Bernard Pivot, il y a deux r dans le mot arrogance, le r de mépris et le r de connerie. Si les arrogants volaient...

JC GRANGE a dit…

Erratum.
Marc Zaffran/Martin Winckler m'a repris sur Facebook, assez méchamment, en disant en substance, à propos du khon, que ce n'était pas un instrument de musique thaïlandais mais laotien et qu'il vaudrait mieux que je ne parle pas de choses que je ne connaissais pas, et je lui ai répondu qu'il n'y connaissait rien, que je citais Boris Vian, "En avant la zizique... et par ici les gros sous" qui parlait bien d'instrument de musique thaïlandais. Et lui de citer un article montrant mon erreur.
Il avait raison. J'ai retrouvé le fameux livre en question, acheté en 1972.
Boris Vian a même écrit une note liminaire où il cite la définition du khon tirée du numéro 179 du 10 janvier 1958 :
"Khon : instrument en usage au Laos. Il figure une espèce d'orgue ayant des tuyaux en bambou.
(On sait par ailleurs en argot (ancien) qu'un orgue est un homme)
D'où Khon (espèce d'orgue et non ce que l'on croyait)."
Conclusions de cette histoire :
1) Il faut toujours vérifier ce que l'on écrit
2) Notre mémoire n'est pas à l'abri des erreurs et des mauvaises interprétations
3) Le fait que je n'aime pas beaucoup Marc Zaffran n'explique pourtant pas mes réponses sur Facebook qui étaient inappropriées et ce, d'autant plus, que j'avais tort
4) Le fait que je n'aime pas beaucoup Martin Winckler n'explique pourtant pas mes réponses sur Facebook qui étaient inappropriées et ce, d'autant plus, que j'avais tort.
5) C'est une bonne leçon pour moi.
6) Le khon est aussi un instrument de musique utilisé en nord Thaïlande mais Boris Vian n'a jamais rien écrit de tel.
Bonne journée à tous.