La Revue Esprit, à laquelle je suis abonné avec bonheur, publie un article d'un certain Frédéric Orobon, philosophe en Bourgogne, dont le titre pompeux, Les réticences contemporaines vis à vis de la vaccination (Revue Prescrire 2016, 426 : 150-61), est trompeur.
Frédéric Orobon a par ailleurs publié un livre, que je n'ai pas lu (et que je n'ai pas envie de lire, en raison de ce que je viens de lire et qui ferait de lui un spécialiste de Santé publique philosophique), intitulé Santé publique et libertés individuelles. L'exemple des conduites par lesquelles on peut se nuire à soi-même, Paris, LGDJ, 2013. C'est en fait son sujet de thèse.
J'ai hésité à écrire ce billet par peur de gaspiller mon énergie et par crainte de faire de la publicité à ce philosophe qui aurait dû rester dans sa spécialité. Mais, sans doute peu enclin à écrire de la philosophie par incompétence, il a préféré se spécialiser ailleurs, c'est à dire trouver des sujets d'étude peu abordés, sa thèse ayant été un objectif, un prétexte et une opportunité, et ainsi, spécialiste auto proclamé et seul dans son genre, c'est le principe de l'expert mongering, il est désormais invité à vie à gloser dans la Revue Esprit ou dans carnets de Santé (LA). Il aurait pu faire oeuvre de philosophe des sciences, envisager l'anthropologie, la sociologie, voire la médecine, mais non, il a recopié béatement et benoîtement la littérature plan plan et officielle de big vaccine.
On aurait aimé apprendre quelque chose, la transdisciplinarité étant à la mode et, nonobstant, potentiellement féconde, mais il est clair que cet article est un copié collé de racontars et, malheureusement, d'ignorance.
Nous avons écrit plusieurs fois ici, et CMT encore plus, qu'il était aussi crétin de parler de LA vaccination que de parler DES traitements antibiotiques, chaque cas étant particulier. Monsieur Orobon ne fait pas la différence et ne saisit pas la nuance, ce qui pour un philosophe ne manque pas de sel, mais il n'omet pourtant pas de ne pas parler du vaccin anti papillomavirus ou des graves effets provoqués par le pandemrix. Le philosophe autodidacte des sciences n'en est pas arrivé à la lettre P.
Il appert donc que l'ignorance scientifique de monsieur Orobon est à l'égal de mon ignorance philosophique (enfin, je n'espère pas, j'écris cela pour ne pas être trop méchant).
Il appert donc que l'ignorance scientifique de monsieur Orobon est à l'égal de mon ignorance philosophique (enfin, je n'espère pas, j'écris cela pour ne pas être trop méchant).
Prenons dans l'ordre.
Dès la deuxième ligne (p 150) il va fort :
... les réticences plus ou moins marquées vis-à-vis de la vaccination semblent aujourd'hui gagner un public plus large, à mesure que la rougeole gagne aussi du terrain.
N'étant pas habitué à la rédaction scientifique il ne cite pas ses sources. La rougeole gagnerait-elle du terrain ? Les derniers chiffres dont nous disposons ne vont plutôt pas en ce sens. Monsieur Orobon aurait dû lire CMT (LA) sur le fait qu'il existe effectivement des foyers épidémiques mais y compris dans des pays où le taux de couverture vaccinale est sub optimal (en France les "épidémies" de rougeole sont le fait de communautés à faible niveau socio-sanitaire ou de communautés religieuses réticentes à l'égard des vaccins). La lecture du Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire sur le sujet (ICI) qui, en passant, est une officine de big vaccine, ne fait pas partie des occupations académiques de Frédéric Orobon.
Orobon ajoute même plus loin (p 153) :
Ainsi la rougeole, maladie considérée à tort comme bénigne, alors qu'elle est potentiellement mortelle, et que n'existent contre elle que des traitements symptomatiques, est la plus contagieuse des maladies contagieuses...
A aucun moment le philosophe ne parle de l'efficacité du vaccin ou des vaccins mais on sent chez lui une certitude appuyée quand, p 154, il écrit, enthousiaste : "Par conséquent, même si au niveau populationnel, l'efficacité de la vaccination est incontestable..." Il ne connaît pas plus les chiffres de mortalité de la rougeole avant la généralisation de la vaccination. Mais c'est parce qu'il se trompe complètement de perspective. Il écrit pour parachever son contre sens fondamental (p 151) :
S'adressant à de vastes populations, la vaccination est une des pratiques de santé publique parmi les plus connues et parmi les plus efficaces avec l'accès à l'eau potable.Diantre.
Il est toujours déterminant de s'intéresser aux citations ou aux références qui sont celles d'un auteur, elles éclairent sur son degré de connaissance du sujet ou du parti-pris qui l'a animé : Anne-Marie Moulin, Frédéric Huet, Roselyne Bachelot (Frédéric Orobon écrit sans sourciller, ce qui montre le niveau de son argumentation : "...Roselyne Bachelot, qui se fait vacciner, certes pour montrer l'exemple, mais aussi pour ne pas exposer son petit-fils de 7 ans, et aussi pour protéger ses collaborateurs...", François Ewald, Patrick Zylberman (qui fait des ménages pour big vaccine et qui est également membre du cercle prestigieux des amis d'Antoine Flahault, spécialiste du catastrophisme A H1N1 non éclairé, 5 à 7000 morts par an dues à la grippe en France), Claude Le Pen (économiste de la santé ultra libéral). Mais Frédéric Orobon n'a pas cherché à s'informer, il n'a lu que les tirés-à-part éparpillés sur des tables lorsqu'il a assisté à la dernière conférence de Daniel Floret. Frédéric Orobon semble induire donc que seuls des illuminés, des illuminati, des crétins, des idiots, des anencéphales s'interrogent sur la vaccination.
Pourquoi Frédéric Orobon n'a-t-il pas eu connaissance ou ne cite-t-il pas Thomas McKeown et son livre fondateur paru en 1976 ?
J'en ai déjà un peu parlé ICI (que l'on me pardonne les auto citations mais la littérature mackeownienne en français est d'une ridicule pauvreté mais j'avais oublié CECI écrit par JBB). Que monsieur Orobon regarde cette courbe concernant la rougeole.
S'il l'avait vue et analysée il aurait pu comprendre que la quasi disparition de la rougeole dans les pays post pasteuriens (i.e. les pays où le tout à l'égout, l'eau potable et le lavage des mains font partie de la culture de base) est avant tout liée aux progrès de l'hygiène et non à la vaccination. J'écris cela en soulignant que je vaccine contre la rougeole avec un zèle immense (99 % de mes patients sont vaccinés) et que le fait de vacciner peut certes rendre idiot mais n'empêche pas non plus de réfléchir à ce que l'on fait. N'est-ce pas un des grands principes de la philosophie ?
Une lecture attentive de McKeown aurait pu permettre à notre philosophe (des sciences ?) de citer l'exemple de la vaccination anti poliomyélite qui, elle, grossomodo, a tué la maladie, hygiène ou pas hygiène (je sens déjà que certains de mes amis vont émettre des réticences car...).
La lecture du fameux livre de McKeown, tout autant que ses premiers articles datant de 1955, aurait pu le mettre sur la piste de cette idée pourtant simple : la médecine et les médicaments ne résument pas la santé publique, il existe des politiques publiques et, surtout, des conditions socio-économiques. Il aurait pu tout aussi bien lire des critiques que l'on a adressées à McKeown qui éclairent mieux encore, à mon avis, ses propos qui étaient prémonitoires (LA).
Nous avons droit également à une virée touristique sur le droit où notre nouveau Candide découvre que les décisions de justice n'ont rien à voir avec la médecine ("... le raisonnement juridique sur la causalité va s'écarter du raisonnement scientifique.") ! Mais cela lui permet de parler de l'hépatite B, de la SEP, de l'hydroxyde d'aluminium et de la myofasciite à macrophages (il n'a rien lu de vraiment déterminant sur ce sujet). Il fait même un exposé très scolaire sur le rôle des adjuvants pour l'industrie des vaccins (p 157) qu'il a recopié on ne sait où.
Il se rend coupable d'une causerie sur la grippe A (H1N1) en nous servant un couplet sur l'individualisme opposé à la solidarité. Il est vrai que Frédéric Orobon est le défenseur d'un nouveau paternalisme, le paternalisme libéral, sans doute pour vacciner les populations à l'insu de leur plein gré (voir Revue Esprit 2093, 396 : 16-29 : il écrit un article sur le libéralisme et l'individualisme en ne citant jamais John Rawls ou le self).
Voici, à propos de la grippe ce qu'écrit le Haut Conseil de la Santé Publique qui semble être la bible de ce philosophe (voir ICI) : "La politique de vaccination contre la grippe chez les personnes âgées a été mise en place sans qu'il existe d'éléments scientifiques robustes démontrant l'efficacité des vaccins grippaux dans ce genre de population. Les études de chohorte pour justifier a posteriori pour justifier cette recommandation sont entachées de biais qui majorent l'efficacité des vaccins." Ce n'est quand même pas moi qui ai écrit cela...
Frédéric Orobon a également l'art des non citations et la note 20 de son papier est savoureuse. Il assène :
Où a-t-il vu cela ? Je rappelle que selon les chiffres officiels de l'administration l'épidémie de grippe 2010-2011, largement commentée par Orobon, a fait 151 morts contre 312 la saison précédente (LA).
Un rapport du CepiDC de 2011 disait ceci :
Les données du CepiDC (organisme insermien) indiquent (soyez bien assis et accrochez-vous à votre écran) que, pour les années précédentes (de 2000 à 2008), le nombre de décès dus à la grippe était "estimé" à 437 par an avec une moyenne d'âge à 82 ans (ces chiffres vous étaient cachés, chers amis citoyens débiles et médecins ignares et on préférait vous assener 5000 à 7000 morts annuels) et, pour l'année de la grippe "pandémique" les décès avaient été assumés à 349 avec une moyenne d'âge à 59 ans. Mais non, ils ne vous étaient pas cachés, ces chiffres, ils avaient fait l'objet d'une publication dans le même BEH : Vicente P, Aouba A, Lévy-Bruhl D, Jougla E, Rey G. Spécificité des caractéristiques de la mortalité liée à la grippe lors de la pandémie de grippe A(H1N1) en 2009-2010 en France. Bull Epidémiol Hebd. 2011; (1):1-5.
Il n'a pas plus mentionné un rapport de l'INED que nous avions critiqué LA qui allait pourtant dans son sens.
Mais il n'a plus lu les articles de la Collaboration Cochrane sur l'efficacité de la vaccination anti grippale chez les personnes âgées (ICI), chez les jeunes enfants en bonne santé (LA) ou sur l'effet préventif de la vaccination des personnels en institution (ICI).
Et lui, le philosophe, aurait pu lire Tom Jefferson commentant les mesures de coercition à l'égard des professionnels de santé en Colombie Britannique.
"It is not my place to judge the policies currently underway in British Columbia, but coercion and forcing public ridicule on human beings (for example by forcing them to wear distinctive badges or clothing) is usually the practice of tyrants.". (LA)
Le sujet de son article était passionnant et il aurait pu aborder le problème de "la" vaccination du point de vue des représentations collectives en termes de sacré/profane, en liaison également avec les autres procédures médicales (le dépistage, la prévention, le traitement) qui sont elles-mêmes sujettes à questionnement, aborder l'anthropologie, la sociologie, la philosophie des sciences, citer Illich, Jean-Pierre Dupuy, voire René Girard ou, plus prosaïquement, souligner les incroyables erreurs de communication de Bachelot and co dans une démarche qui aurait pu être gagnée d'avance, les mensonges, les approximations, les affirmations à l'emporte-pièce des autorités politiques, des agences gouvernementales dont celle, récente de Marisol Touraine, "la vaccination, ça ne se discute pas".
Occasion manquée.
En conclusion : Misère de la philosophie vaccinale.
La lecture du fameux livre de McKeown, tout autant que ses premiers articles datant de 1955, aurait pu le mettre sur la piste de cette idée pourtant simple : la médecine et les médicaments ne résument pas la santé publique, il existe des politiques publiques et, surtout, des conditions socio-économiques. Il aurait pu tout aussi bien lire des critiques que l'on a adressées à McKeown qui éclairent mieux encore, à mon avis, ses propos qui étaient prémonitoires (LA).
A large and growing body of research suggesting that broad social conditions must be addressed in order to effect meaningful and long-term improvements in the health of populations has validated the underlying premise of McKeown's inquiries.
Nous avons droit également à une virée touristique sur le droit où notre nouveau Candide découvre que les décisions de justice n'ont rien à voir avec la médecine ("... le raisonnement juridique sur la causalité va s'écarter du raisonnement scientifique.") ! Mais cela lui permet de parler de l'hépatite B, de la SEP, de l'hydroxyde d'aluminium et de la myofasciite à macrophages (il n'a rien lu de vraiment déterminant sur ce sujet). Il fait même un exposé très scolaire sur le rôle des adjuvants pour l'industrie des vaccins (p 157) qu'il a recopié on ne sait où.
Il se rend coupable d'une causerie sur la grippe A (H1N1) en nous servant un couplet sur l'individualisme opposé à la solidarité. Il est vrai que Frédéric Orobon est le défenseur d'un nouveau paternalisme, le paternalisme libéral, sans doute pour vacciner les populations à l'insu de leur plein gré (voir Revue Esprit 2093, 396 : 16-29 : il écrit un article sur le libéralisme et l'individualisme en ne citant jamais John Rawls ou le self).
Voici, à propos de la grippe ce qu'écrit le Haut Conseil de la Santé Publique qui semble être la bible de ce philosophe (voir ICI) : "La politique de vaccination contre la grippe chez les personnes âgées a été mise en place sans qu'il existe d'éléments scientifiques robustes démontrant l'efficacité des vaccins grippaux dans ce genre de population. Les études de chohorte pour justifier a posteriori pour justifier cette recommandation sont entachées de biais qui majorent l'efficacité des vaccins." Ce n'est quand même pas moi qui ai écrit cela...
Frédéric Orobon a également l'art des non citations et la note 20 de son papier est savoureuse. Il assène :
De même, nous ignorons le plus souvent qu'une épidémie de grippe saisonnière "standard" cause de 1500 à 2000 morts par an en France. Par contre, le nombre de décès due à l'épidémie de grippe saisonnière de l'hiver 2014-2015 est d'environ 10 000.
Où a-t-il vu cela ? Je rappelle que selon les chiffres officiels de l'administration l'épidémie de grippe 2010-2011, largement commentée par Orobon, a fait 151 morts contre 312 la saison précédente (LA).
Un rapport du CepiDC de 2011 disait ceci :
Les données du CepiDC (organisme insermien) indiquent (soyez bien assis et accrochez-vous à votre écran) que, pour les années précédentes (de 2000 à 2008), le nombre de décès dus à la grippe était "estimé" à 437 par an avec une moyenne d'âge à 82 ans (ces chiffres vous étaient cachés, chers amis citoyens débiles et médecins ignares et on préférait vous assener 5000 à 7000 morts annuels) et, pour l'année de la grippe "pandémique" les décès avaient été assumés à 349 avec une moyenne d'âge à 59 ans. Mais non, ils ne vous étaient pas cachés, ces chiffres, ils avaient fait l'objet d'une publication dans le même BEH : Vicente P, Aouba A, Lévy-Bruhl D, Jougla E, Rey G. Spécificité des caractéristiques de la mortalité liée à la grippe lors de la pandémie de grippe A(H1N1) en 2009-2010 en France. Bull Epidémiol Hebd. 2011; (1):1-5.
Il n'a pas plus mentionné un rapport de l'INED que nous avions critiqué LA qui allait pourtant dans son sens.
Mais il n'a plus lu les articles de la Collaboration Cochrane sur l'efficacité de la vaccination anti grippale chez les personnes âgées (ICI), chez les jeunes enfants en bonne santé (LA) ou sur l'effet préventif de la vaccination des personnels en institution (ICI).
Et lui, le philosophe, aurait pu lire Tom Jefferson commentant les mesures de coercition à l'égard des professionnels de santé en Colombie Britannique.
"It is not my place to judge the policies currently underway in British Columbia, but coercion and forcing public ridicule on human beings (for example by forcing them to wear distinctive badges or clothing) is usually the practice of tyrants.". (LA)
Le sujet de son article était passionnant et il aurait pu aborder le problème de "la" vaccination du point de vue des représentations collectives en termes de sacré/profane, en liaison également avec les autres procédures médicales (le dépistage, la prévention, le traitement) qui sont elles-mêmes sujettes à questionnement, aborder l'anthropologie, la sociologie, la philosophie des sciences, citer Illich, Jean-Pierre Dupuy, voire René Girard ou, plus prosaïquement, souligner les incroyables erreurs de communication de Bachelot and co dans une démarche qui aurait pu être gagnée d'avance, les mensonges, les approximations, les affirmations à l'emporte-pièce des autorités politiques, des agences gouvernementales dont celle, récente de Marisol Touraine, "la vaccination, ça ne se discute pas".
Occasion manquée.
En conclusion : Misère de la philosophie vaccinale.
9 commentaires:
Bonjour
Une question naïve à propos de la vaccination contre la rougeole : a-t-on une estimation de l'immunisation actuelle de la population adulte contre la rougeole en France ?
J'ai l'impression intuitive que le fait de vacciner les enfants donne une excellente immunisation chez les plus jeunes (pour lesquelles la maladie est pourtant rarement grave) mais fait que les adultes, chez lesquelles la maladie est potentiellement extrêmement grave, ne bénéficient plus d'une immunité suffisante du fait de l'ancienneté de leur vaccin et de l'absence de rappel (qu'il soit vaccinal ou naturel par contact avec des enfants malades). Ai-je tort ?
Je tiens à remercier Philippe Gouttas et David Sillou, pour leurs efforts et leur talent dans la construction de ce site ; Jean Deleuze pour sa bienveillance ; mes enfants pour leur tolérance ; et Marie bien sûr, pour son amour, sa patience, son appui indéfectible et son exigence (officiellement :
Et :
Marie-Pierre Deleuze, rédactrice en chef de la Revue du praticien - médecine générale et ma compagne).
@ Anonyme de 11.56 : quid ?
À titre d'exemple, le rapport relatif au programme national d'amélioration de la politique vaccinale 2012-2017 (HCSP 25 mai 2012) -et non d'amélioration de la santé- envisage clairement de faire passer les idées d’égalité dans l’accession à la santé avant de les appliquer à la vaccination en s’appuyant sur les enseignants (professeurs des écoles, professeurs de
biologie, professeurs de philosophie) et les organismes d’éducation pour la santé. Big vaccine semble avoir trouvé son porte-plume.
Bonsoir, en tant qu'étudiante en fac de philo et co-fondatrice du collectif indépendant Initiative Citoyenne et étudiant le sujet du dogme vaccinal depuis maintenant une dizaine d'années, il me plaisait vraiment de vous féliciter pour cette critique des plus adéquates des prises de positions de ce "philosophe".... MERCI, il ne l'a vraiment pas volé tant il fait preuve d'une méconnaissance crasse de ce sujet ô combien complexe et qui s'étend à perte de vue tant dans ses enjeux médicaux, juridiques qu'éthiques et sociétaux!
PS: Mr Orobon aurait sans doute gagné aussi à lire l'article que moi et des deux collègues, Marie-Rose Cavalier et Muriel Desclée avons co-signé et qui était paru dans la revue d'Ethique Médicale belge Ethica Clinica en juin 2015 intitulé "la gravité insoupçonnée des enjeux éthiques posés par les vaccins": http://initiativecitoyenne.be/2015/08/la-gravite-insoupconnee-des-enjeux-ethiques-poses-par-les-vaccins-article-d-initiative-citoyenne-dans-ethica-clinica-n-78-de-juin-20
Merci pour ce post et bravo d’avoir trouvé une citation où le Haut Conseil de Santé publique reconnaît, fait très rare, qu’une vaccination a été mise en place « sans qu'il existe d'éléments scientifiques robustes démontrant l'efficacité des vaccins grippaux dans ce genre de population ». Ce qui signifie que les recommandations de vaccination contre la grippe ne sont pas un acte scientifique mais un acte de foi.
Pour moi, un philosophe, c’est quelqu’un qui, par sa grande capacité d’abstraction et son esprit critique, aussi bien que par sa rigueur est capable de dépasser les apparences et de s’abstraire de la foule des « croyants » aussi bien que de s’affranchir de ses propres passions pour accéder à l’universel et à l’essentiel . Le prototype du philosophe pourrait être Spinoza. C’est, en tous cas, celui qui plait le plus aux scientifiques.
Les « philosophes » actuellement encensés dans les medias, sont plutôt , comme ce monsieur, des rhétoriciens et des vulgarisateurs qui aiment s’entendre parler mais qui n’apportent rien de fondamental au débat.
Dans tous les cas, parler des vaccins avec un peu de pertinence demande un minimum de travail autre que de copé-coller.
Parce qu’il s’agit d’un sujet extrêmement complexe où l’on envisage un bénéfice à venir qui ne peut s’évaluer, très difficilement, qu’ en termes statistiques, au prix d’ effets indésirables qu’il est encore plus difficile d’évaluer. De cela il faudrait pouvoir retirer un ordre de grandeur concernant le rapport bénéfice/risque de chaque vaccin.
Il s’agit donc d’une équation à plusieurs inconnues qui demande, pour être résolue, un minimum de connaissances sur le plan statistique et épidémiologique, sur le plan virologique ou microbiologique, sur le plan réglementaire, sur le plan historique…
Et encore, même en admettant que l’on puisse accéder à une évaluation précise des bénéfices et des risques d’un vaccin particulier et que celle-ci demeure stable dans le temps, ce qui n’est rarement le cas, le fait de décider si un vaccin vaut la peine d’être implémenté relèverait encore, non d’une décision scientifique mais d’un jugement de valeur. A savoir, dans une société où les ressources sont limitées et les causes de morbidité et de mortalité multiples et, notamment, non infectieuses, quel degré de priorité accorder à la vaccination par rapport à d’autres interventions peut-être plus pertinentes.
D’un point de vue philosophique, si on entend par « philosophique » ne rien prendre pour acquis, ne pas se contenter des apparences, et tout remettre perpétuellement en question, dans une phrase telle que : « il faut se vacciner contre la grippe car cela permet d’éviter 5000 (admettons) décès chaque année » à peu près chaque mot peut être contesté factuellement....
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Pour plusieurs raisons :
1- La définition de la cause unique d’un décès est un processus qui se fait par convention et obéit à des règles complexes et qui peuvent varier dans le temps. Il faut que beaucoup de spécialistes se réunissent régulièrement pour essayer de tomber d’accord sur la définition de la cause unique qui doit être retenue sur un certificat et, au final dans les statistiques de mortalité d’un pays. Ainsi, d’après le Cépi dc : » La cause initiale de décès est définie par l’OMS comme « a) la maladie ou le traumatisme qui a déclenché l’évolution morbide conduisant directement au décès, ou b) les circonstances de l’accident ou de la violence qui ont entraîné le traumatisme mortel ». La cause initiale est donc la cause sur laquelle il faut agir pour prévenir le décès ». Par exemple, dans un cas qui peut paraître simple, quelqu’un qui a un accident de voiture et se tue après s’être bien alcoolisé, la cause du décès retenue ne devrait pas être l’accident de voiture mais l’ivresse, donc l’alcoolisation. Comme les médecins qui font les certificats ignorent les règles de définition de la cause de décès et qu’il n’est pas toujours facile d’avoir toutes les informations à disposition au moment de la rédaction du certificat, cela mène à une sous estimation des décès par accident de la route causés par l’alcool https://www.santelog.com/news/addictions/alcool-au-volant-un-nombre-de-deces-largement-sous-estime_12056_lirelasuite.htm .
2- En ce qui concerne la grippe, une autre difficulté vient compliquer encore le problème. C’est que les personnes ayant contracté la grippe et décédées par la suite ne décèdent pas de la grippe elle-même mais, le plus souvent, de ses complications, en particulier des pneumopathies qui se greffent sur la grippe. Or, le virus de la grippe, à supposer qu’on veuille le rechercher systématiquement dans les cas où l’on suspecte un décès dû à la grippe, n’est plus présent dans l’organisme au moment du décès. D’autre part, un très grand nombre de virus, tel le rhinovirus, par exemple, provoquant, par ailleurs, des symptômes tout à fait semblables à ceux de la grippe et pouvant mener aux mêmes complications, il est très difficile de déterminer la cause initiale du décès, celle qui va permettre de classer ce décès dans telle ou telle catégorie et d’affirmer qu’il y a tant de décès par an dus à la grippe. J’avais évoqué cette difficulté dans cet article https://www.jp-petit.org/nouv_f/pandemie/Grippe_A_H1_N1.pdf .
3- Extraire une cause unique s’avère d’autant plus difficile que les personnes décédant de la grippe sont en général âgées et/ou souffrent de pathologies multiples, dont certaines ont pu contribuer au décès également.
4- D’où il résulte que les affirmations concernant les décès par grippe sont basées sur des estimations dont les règles peuvent elles-mêmes être à géométrie variable selon l’humeur du moment des autorités et leur volonté de promouvoir la vaccination contre la grippe comme cela est expliqué dans cet article canadien http://www.mitacs.ca/images/stories/documents/mitacs-ar08-fr.pdf
...
SUITE
Voilà déjà comment la simple évaluation du bénéfice maximal escompté représenté par le poids épidémiologique de la maladie qu’on cherche à combattre, et même pour un évènement aussi clair et incontestable que le décès, peut être très complexe.
Et je n’ai pas parlé d’efficacité.
Je ne vais pas plus loin, mais cela montre à quel point un discours, le discours ultra-vaccinaliste, qui est présenté comme une succession d’évidences, et dont ce monsieur s’étonne qu’il ne soit pas accepté sans défiance par la population, n’est en fait qu’une construction historique fragile, de nature idéologique, car présentant à priori , « la vaccination » en général comme totalement incontestable et absolument bénéfique. dont Dès lors que l’on a compris la complexité du sujet, on se rend compte que l’essentiel de l’argumentaire des ultra-vaccinalistes se résume au fond à ceci : « j’ai raison parce qu’il est universellement admis que j’ai raison ».
On attendrait un tout petit peu plus de recul de la part d’un supposé philosophe.
Merci Docdu16 pour cet excellent billet de rentrée ! Orobon , c'est la Maud Fontenoy de l'Ecologie . On en rit ou on en pleure? C'est le reflet d'une certaine "philosophie" contemporaine qui s'empare des sciences version Luc Ferry (qui vient de faire "des études de biologie en candidats libre" dixit lui -même) adorateur du transhumanisme et dont le degré de réflexion est celui d'un bon devoir de terminale L. Il y a aussi Michel Onfray (pour qui j'ai de la sympathie)) qui découvre l'évolution des êtres vivants à la lecture de JM PELT et qui fait des conférences au final plutôt banales, sans grande surprise sur ce sujet et avec beaucoup de frustration pour des personnes au fait du débat sur le finalisme en biologie. Comme vous, je rêve de transdisciplinarité. On est pas rendus.
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