Le livre se lit avec plaisir.
C'est un livre pour profanes.
Le fait de le publier directement dans une collection de poche, 10/18, le rend accessible (6 euros).
Il aurait dû être intitulé "Combien coûtent nos médicaments ? Enquête sur la fixation des prix."
En effet, la politique du médicament est un point majeur mais ne rend compte ni du coût de la santé, ni des progrès thérapeutiques, ni de l'espérance de vie.
PLJM soulignent combien la financiarisation de la recherche a fait du marché du médicament un marché comme un autre avec l'aval des autorités gouvernementales de nombreux pays riches (dont la France) qui n'osent pas s'opposer à l'industrie pharmaceutique par idéologie de marché et, aussi, parce que les 10 plus grandes multinationales sont implantées en Europe et aux Etats-Unis.
La recherche et développement (R&D) est très souvent, en fonction des molécules, des circonstances, des ouvertures et des opportunités un mix public/privé avant, pendant et même après la mise au point des médicaments.
Le manque de transparence (c'est un euphémisme) ne permet pas de se faire une idée réelle du coût de la R&D pas plus d'ailleurs que celui du prix de revient de la fabrication. Comprenez que les pertes sont compensées par le public et les bénéfices engrangés par le privé.
PLJM rapportent les analyses de Andrew Hill sur le sofosbuvir qui montrent les super profits de Gilead et comment l'Egypte a sorti un générique...
La financiarisation oriente la R&D vers les secteurs les plus rentables (et les auteurs ne nous parlent pas du poids de plus en plus important de l'oncologie) et les plus profitables à court terme sans tenir compte des besoins en santé publique et a fortiori dans les pays à faibles et bas revenus (qui ne pourront pas acheter les médicament en raison des prix demandés).
Les pays rebelles sont les pays moins riches comme le Brésil et l'Inde qui osent braver l'industrie pharmaceutique et les licences d'offices et d'obligation.
PLJM appuient sur les carences françaises en notant que notre beau pays est le 48° en terme de publications scientifiques et que le CEPS (Comité économique des produits de santé) prend des décisions d'une grande opacité.
PLJM proposent des solutions. Contrôle des matières premières, relocalisation des productions, changement des procédures de fixation des prix... Lutte contre les brevets "de mauvaise qualité", problème des licences, et cetera.
Mais surtout, à propos de la France : "Les politiques du médicament doivent désormais être conduites par des agents publics expérimentés formés aux questions de santé et de production pharmaceutique, sans conflits ou liens d'intérêts. Leur travail doit se faire en lien avec la société civile experte et les associations de patients indépendantes."
Ce résumé succinct devrait vous inviter à lire ce livre.
Resources supplémentaires :
Sur les essais cliniques le livre "Bad Pharma" de Ben Goldacre (ICI) disait déjà l'essentiel en 2013. Il insistait sur le côté immoral de certains essais effectués dans des pays pauvres sur des patients qui ne pourraient ensuite acheter les médicaments.
Un grand spécialiste des questions de brevet, de saucissonnages des indications et autres est Marc-André Gagnon de l'université Carleton à Ottawa. Un podcast LA et ses titres et travaux ICI
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