mercredi 9 août 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : James McFarlane fait l'ange. 50

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

50

James McFarlane fait l'ange.


Les intellectuels du musée et Cora Milstein ont raté en cette fin de matinée une performance exceptionnelle de Jamie McFarlane, un oncologue de UCLA qui fait partie avec David Semiov, le pourfendeur des essais cliniques truqués, et Brent Marshall, le combattant inlassable et déstructurant de la dépistologie, des ennemis attitrés des oncologues mainstream de l’ASCO. Le problème vient de ce que McFarlane raconte toujours la même chose et que son discours se perd dans le vide sidéral d’un système qui tourne autour de lui-même. McFarlane accumule les preuves qui finissent par lasser ses partisans et renforcer l’idée chez ses adversaires qu’il est un illuminé. 

McFarlane a malheureusement beaucoup de qualités qui le rendent insupportable : il est beau gosse, il parle avec aisance, ses exposés sont d’une limpidité décoiffante, ses écrans sont lumineux, son sens de la repartie est légendaire, ses essais cliniques sont presque parfaits et ses commentaires d’essais cliniques sont toujours appropriés. Que faut-il de plus pour mettre mal à l’aise un public averti ? Un public averti qui ne supporte pas que la devise de notre héros soit « Follow the money and you should find the science ».

Quoi qu’il en soit McFarlane est têtu comme une mule, il répète toujours les mêmes phrases : « Quand un anticancéreux améliore l’espérance de vie totale de trois mois par rapport à un placebo ou à un traitement de référence, si vous n’avez pas fait en même temps une étude de qualité de vie montrant que le patient va mieux pendant ces putains de trois mois avec le nouveau traitement, ne l’administrez pas et attendez de voir. » McFarlane insiste : « Bien entendu, dans un monde parfait la FDA et aucune agence dans le monde n’auraient dû donner son accord pour la commercialisation d’une telle molécule. » Il prend sa respiration : « Mais quand vous voyez le prix de vente des molécules qui font vivre une patiente trois mois de plus sans améliorer sa qualité de vie, vous comprenez pourquoi la FDA a donné son autorisation et pourquoi des médecins, les fameux Key Opinion Leaders, vantent leurs effets et pourquoi nos collègues cancérologues dans leurs hôpitaux douillets, dans leurs cliniques luxueuses et dans leurs cabinets étincelants, les prescrivent. » 

La salle est parcourue de mouvements divers. McFarlane, avec sa gueule d’ange et ses statistiques ravageuses, est en train de traiter la foule des congressistes présents de corrompus. Sur l’écran de droite : la liste des molécules qui n’auraient pas dû être commercialisées avec le nom des firmes. Sur l’écran de gauche : la liste des études avec le nom des cancérologues qui en sont les responsables.

Certains quittent la salle bruyamment mais d’autres attendent les questions pour profiter du spectacle, quand les ténors de la spécialité, les tsars de l’oncologie, les faiseurs d’opinion vont monter au créneau pour détruire définitivement McFarlane.

La crainte de l’effet Streisand fait que seules des petites mains se manifestent. McFarlane a encore perdu : ses adversaires abandonnent avant d’avoir combattu.



(Si vous voulez lire depuis le début "Un Congrès à Chicago", c'est ICI)


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