jeudi 6 mai 2010

ECHODOPPLER VERSUS OSTEODENSITOMETRE

J'exerce à Mantes-La-Jolie depuis trente ans et depuis trente ans il n'y a pas de matériel d'echodoppler artério-veineux aux urgences de l'hôpital de Mantes-La-Jolie.
Les esprits chagrins me diront que ce type d'echodoppler n'existait pas il y a trente ans.
Ils auront raison.
Les esprits encore plus chagrins me diront qu'aujourd'hui ce matériel existe. Oui, mais pas aux urgences de l'hôpital de Mantes-La-Jolie.
Il paraît que c'est envisagé.
Je rappelle que cet appareil permet de détecter ou de non détecter des phlébites des membres inférieurs qui sont potentiellement mortelles si elles ne sont pas traitées.
Ainsi, comme il m'est arrivé l'autre samedi après-midi, j'ai dû instituer un traitement anticoagulant chez une femme pour laquelle je n'avais aucune certitude (et plutôt une certitude négative, femme traitée par methotrexate et corticothérapie). Le mardi suivant un écho-doppler pratiqué "en ville" a confirmé le diagnostic de thrombose poplitée profonde.
Ainsi, une femme enceinte est arrivée en pleine nuit de dimanche aux urgences de l'hôpital de Mantes-La-Jolie (Yvelines, France, UE, G8, G20) pour des douleurs du mollet et elle est ressortie en pleine nuit sans echodoppler et sans traitement.
J'ai eu droit à cette réflexion du senior de garde : "Quand les médecins généralistes (je traduis : ces putains de connards de débiles de médecins généralistes) comprendront qu'il n'y a pas d'echo-doppler aux urgences de l'hôpital !"
L'hôpital a quand même rappelé chez elle la patiente pour la faire hospitaliser (j'ai oublié de dire que le putain de connard de médecin généraliste avait reçu, après moultes appels téléphoniques, le résultat de la biologie qui indiquait des D-Dimères au double de la normale) dix minutes après que j'eusse appelé le fameux senior. A ce jour et à cette heure la patiente est hospitalisée, anti-coagulée et n'a toujours pas eu d'echo-doppler. Où est le docteur House ?
Tout ça, c'est de la routine.
Mais je me suis rappelé quand même que nous avions été invités il y a quelques mois (le genre de raout sponsorisé par Big Pharma que j'évite comme la peste) à l'hôpital de Mantes-La-Jolie pour fêter en grande pompe l'acquisition d'un ostéodensitomètre dont l'intérêt (comparé) avec l'acquisition d'un echodoppler artério-veineux est dans l'ordre de la nullité intersidérale.
Quelques hypothèses : quid du T2A (tarification à l'activité) ? quid du financement de l'appareillage dont l'un, l'echodoppler, peut sauver des vies et éviter des prescriptions inutiles d'anti-coagulants coûteux et l'autre, l'ostéodensitomètre, qui permet de prescrire en toute quiétude des médicaments dont l'intérêt est peu évident ?


lundi 3 mai 2010

UN ENFANT TURBULENT. HISTOIRES DE CONSULTATION : VINGT-DEUXIEME EPISODE

Premier épisode.
L'enfant A, huit ans, n'a pas d'excuses pour être une victime : il ne supporte pas le remariage de sa mère et le fait qu'elle attende un enfant. "Je ne veux pas que ce bébé naisse !" "Je veux rester seul avec ma maman !" "Ce Monsieur n'est pas mon père !"
Qu'y a-t-il de plus explicite ?
Ainsi se comporte-t-il mal en classe. Ainsi refuse-t-il de travailler. Ainsi participe-t-il à toutes les bagarres et fait-il preuve de violence à l'égard de ses camarades et des enseignants.
La maîtresse en a marre. Le directeur en a marre.
"Cet enfant est indésirable."
Il va être exclu de l'école.
Va-t-on le mettre dans une autre école ?
Va-t-on lui donner une autre chance ailleurs ?
Non. Ce serait trop facile. Non : ce serait trop compliqué pour l'Education Nationale.
Le directeur convoque la maman qui est fonctionnaire. Votre fils va être placé dans un Institut Médico Pédagogique.
"Avec les handicapés ? Avec les autistes ? C'est cela que vous voulez ! De quel droit ?
- C'est le médecin scolaire qui a décidé.
- Je ne me laisserai pas faire !
- Ce sera comme cela."
La maman, et son fils, sont assis en face de moi au cabinet.
J'écoute leur version des faits. J'essaie de démêler le vrai du faux. Mais pourquoi y aurait-il du faux ? La maman a décidé qu'il n'irait pas en IMP. Le gamin est assis en face de moi, roulé en boule dans le fauteuil Ikéa trop grand pour lui. J'essaie de l'interroger mais ce n'est pas le bon jour.
"Je vais téléphoner au directeur de l'école, je vais téléphoner au médecin scolaire.", voilà ce que je propose.
Pour l'instant la maman ne souhaite pas qu'il continue de fréquenter cette école. Elle me raconte combien son gamin est gentil, combien il est agréable, elle est arrêtée car elle va accoucher et elle le garde en ce moment toute la journée. "Ce n'est pas un débile."
J'attends qu'ils soient partis et ma secrétaire appelle l'école : un répondeur informe des horaires et on peut laisser un message. Je dis simplement : "Bonjour, c'est le docteur G, je suis le médecin traitant de A, j'aimerais vous parler." Sur ces entrefaites, et pendant que ma consultation se déroule, j'appelle le médecin de l'Education Nationale qui n'est joignable que demain vers onze heures. Je laisse un message à sa secrétaire, cite l'enfant A et laisse mon numéro de portable. Ma secrétaire appelle la mairie et le service de la scolarité pour savoir comment l'on peut faire pour parler rapidement à un responsable ; elle cite mon nom, bien entendu, et celui de l'enfant A. On me rappellera.
J'attendrai ce midi pour rappeler le directeur d'école et demain pour rappeler mon confrère. Je rappelle le directeur et il y a toujours un répondeur.
Le lendemain matin j'appelle l'école vers huit heures vingt et le directeur est occupé. A onze heures j'appelle le médecin de l'Education Nationale, il ne peut me parler.
Ils ont gagné : j'oublie tout durant l'après-midi.
Le lendemain, vers dix heures, la maman m'appelle pour me dire qu'il va, finalement, être changé d'école.
Deuxième épisode.
Je revois la maman dans le cadre du suivi de sa grossesse. Elle vient avec A. J'essaie, bien que cela ne soit pas lui le patient, de l'interroger. Il est toujours aussi peu bavard. Il me regarde, la tête enfoncée dans les épaules.
"Maman m'a dit que cela se passait bien.
- Hum.
- Tu as de bonnes notes ?"
Il finit par lâcher un "Oui" provocant.
La maman fait une grimace et ajoute : "Ca peut aller. C'est même inespéré." Mais je ne suis pas sûr qu'elle fasse tout pour me convaincre.
L'enfant est suivi au CMPP (centre médico psycho pédagogique) par une pédopsychiatre. Il se rend sans rechigner aux rendez-vous.
Troisième épisode.
Un appel téléphonique de la maman. "A a recommencé. - C'est à dire ? - Il a recommencé à ne plus travailler et à répondre à sa maîtresse. - Et alors ? - Ils veulent de nouveau l'exclure de l'école sauf si j'accepte qu'on le mette sous médicament. - De la ritaline ? - Je crois. Qu'est-ce que vous en pensez ? - C'est quand même difficile de penser par téléphone. Venez me voir."
Mais l'entretien avec la maman ne donnera rien. A va prendre de la ritaline. La maman a accepté. Et le bon docteur G ? Il n'a rien pu faire. La maman ne veut surtout pas que j'intervienne.
A suivre.


samedi 1 mai 2010

PAS DE SIROPS AVANT DEUX ANS : UN SCANDALE SANITAIRE ?

Après les poumons "blancs" de Madame Bachelot (cf. supra image de D Falcon), voici les poumons "inondés" de l'AFSSAPS.
Sans autre forme de procès, l'AFSSAPS a adressé une note à certains médecins, note que je n'ai toujours pas reçue, qui stipule que les fluidifiants bronchiques et autres sirops sont désormais interdits chez les enfants de moins de deux ans. Cette information se retrouve ici sur le site de l'Agence.
Cette note a suscité un certain nombre de réactions sur les forums médicaux que je lis régulièrement et qui sont fréquentés de façon presque exclusive par des médecins généralistes.
Les réactions sont diverses et variées et témoignent, selon moi, de la formidable hétérogénéité du corps médical généraliste français et, au bout du compte, mais ce n'est pas la première fois que je le remarque, qu'il est, en les lisant et les analysant, extrêmement difficile de parler d'une communauté généraliste...
Et d'abord, pour clarifier les choses : J'ai été, je suis et je ne pourrai plus être un prescripteur de fluidifiants bronchiques chez les enfants âgés de moins de deux ans ; chez les nourrissons j'ai toujours considéré que les fluidifiants bronchiques (carbocystéine, acétylcystéine) étaient des produits peu efficaces sinon des placebos ; tout comme le benzoate de méglumine (fluisedal) et la bave d'escargot (hélicidine) ; je suis connu pour mes positions (très) critiques sur l'utilisation des placebos en médecine (ici par exemple), ce qui signifie une contradiction de plus dans mon exercice professionnel.
Et ensuite, avant de parler des autres, voici mon avis : Cela m'embête un peu que ces médicaments soient retirés du marché car il va me falloir plus de temps pour expliquer aux parents qu'il n'est plus possible de prescrire AUCUN traitement dans la rhinopharyngite ou la toux ou la bronchiolite de l'enfant ; cela m'embête aussi parce qu'ils vont se demander pourquoi j'en prescrivais avant (réponse complexe que je vous proposerai plus tard).

Voici un florilège (mais ce n'est ni critique ni moqueur) des propos que j'ai lus sur les forums.
  1. L'AFSSAPS a pris une décision brutale alors qu'elle a été beaucoup moins empressée pour le retrait d'autres spécialités comme le mediator ou le diantalvic (allusion à la collusion de l'organisme gouvernemental à Big Pharma)
  2. L'AFSSAPS ne connaît pas les "nécessités" de la médecine de ville où il est nécessaire de prescrire des sirops (la médecine d'en haut contre la médecine d'en bas)
  3. L'AFSSAPS ne peut pas dire que ces produits sont des placebos et aussi des produits dangereux (incohérence des autorités)
  4. Nous avons besoin de placebos pour soigner nos patients (débat complexe sur lequel j'essaierai de revenir un autre jour)
  5. Les fluidifiants ne sont pas vraiment des placebos, on constatait une amélioration (avis d'experts)
  6. Ces sirops, par quoi allons-nous les remplacer ? (inquiétude)
  7. Le médecin généraliste a besoin de prescrire des médicaments pour rassurer les patients (prendre le point de vue du patient)
  8. Il s'agit d'une décision autoritaire qui ne repose sur aucune donnée scientifique (mépris des gens d'en haut contre ceux d'en bas)
  9. Cette interdiction rend paradoxalement ces produits efficaces au delà de l'âge de deux ans... (incohérence administrative)
  10. Il y a un risque que l'on utilise des produits plus dangereux encore... (politique du pire)
  11. Nous allons devoir adresser plus d'enfants aux urgences (chantage)
  12. Les parents vont être déboussolés (les médecins sont déboussolés)
  13. C'est un scandale que les Autorités se mêlent de nos pratiques... (autoritarisme gouvernemental)
  14. Les conseils donnés aux parents sont d'une indigence absolue : conditions de couchage, hydratation, température de la pièce
  15. Rien n'est proposé pour remplacer les dits sirops : miel, et cetera...

Et ce que je n'ai pas lu : à savoir surtout que l'AFSSAPS continue de dire que la kinésithérapie respiratoire a un intérêt alors qu'il semblerait, d'après les dernières publications connues, que son efficacité ne soit pas encore établie.

Bien entendu que cette brutale décision pose des questions sur nos pratiques.
Bien entendu que cette brutale décision pose des questions sur nos habitudes.
Bien entendu que cette brutale décision pose des questions sur nos croyances.
Bien entendu que cette brutale décision pose des questions sur nos habituelles facilités prescriptrices.
Bien entendu que cette brutale décision pose des questions sur notre arrogance prescriptrice.
Bien entendu que cette brutale décision nous impose de réfléchir à nos réflexes conditionnés.
Bien entendu que cette brutale décision nous impose de perdre plus de temps avec nos petits patients tousseurs.
Bien entendu que tous nos petits patients tousseurs ne se ressemblent pas.
Bien entendu que nos petits patients porteurs de bronchiolites vont encore plus nous poser des questions sur la gravité de leur état.
Bien entendu que cette décision brutale doit nous obliger à réévaluer nos pratiques.
Est-ce si irraisonnable ?

mercredi 28 avril 2010

UNE JEUNE FEMME ENCEINTE. HISTOIRES DE CONSULTATION : VINGT-ET-UNIEME EPISODE


Cette jeune femme est une grande anxieuse mais je ne sais pas pourquoi je vous parle de cela. Je l'aime beaucoup. Elle est fraîche, elle est jolie, elle a de la repartie et elle est intelligente. Que dire de plus ?
Nous avons l'habitude de parler de tout et de rien, en plaisantant, et j'en profite pour placer quelques conseils dits médicaux.
Depuis qu'elle est enceinte elle est à la fois épanouie et tendue.
Epanouie, car elle est heureuse.
Tendue, car elle sait que la famille recomposée vers laquelle elle se dirige ne sera pas facile à vivre. Nous en avons parlé avant qu'elle ne soit enceinte et nous avons continué d'en parler pendant.
Malgré mes réticences, une sorte d'intimité s'est installée entre nous. Je n'ai ni peur du fameux transfert ni du non moins fameux contre-transfert. Notre distance de sécurité est très grande.
Je me méfie pourtant de sa naïveté et de mon cynisme. Je ne voudrais pas qu'elle prenne ce cynisme pour argent comptant.
Son ami l'a accompagnée une fois ou deux et j'ai compris qu'il ne m'aimait pas. Parce qu'il se doute que nous aimons bien parler ensemble.
Aujourd'hui elle a envie de parler d'un truc qui la titille. Je ne m'en rends pas compte tout de suite et elle me surprend.
Avant tout, je voudrais dire ceci : sa grossesse la rend heureuse mais elle déforme son corps. Elle a pris beaucoup de kilos et j'ai peur qu'elle ne retrouve pas complètement son élégance d'avant.
Problème personnel : j'ai beaucoup de mal avec les corps imparfaits et, plus que tout, abîmés par le travail ou par le vieillissement accéléré et, ici, par la maternité.
Voici ce qu'elle dit (et au moment où elle me dit cela je ne sais rien sur ce qu'en disent les Freudiens, les anti Freudiens, les TCC ou les gourous, je n'ai jamais rien lu de tel dans les livres et les romans que je lis depuis plus de cinquante ans, mes maîtres ne m'en ont rien dit, ni Milan Kundera, ni Philip Roth, ni Marcel Proust, ni Joseph Conrad, mais je m'arrête là, pas même Sandor Maraï, je suis sans avis, sans repères, je n'ai jamais entendu parler de cela, c'est vrai, au risque de passer pour un imbécile, malgré toutes mes lectures, malgré le poids de trente ans de conversations avec des femmes enceintes, ayant accouché ou sur le point de l'être, avec des femmes qui ont eu des filles enceintes, avec des hommes qui ont été les compagnons de femmes pas encore enceintes, déjà enceintes ou ayant accouché une fois, deux fois ou trois fois, pas plus qu'avec des femmes qui voulaient interrompre leur grossesse, je suis passé au travers, je n'ai même pas imaginé, je suis surpris, j'en prends un coup dans la figure et, avec un air patelin, j'arrive à encaisser en me demandant comment je dois réagir) : Je n'ai plus envie de faire l'amour avec mon ami (jusque là je suis en terrain connu, j'en ai entendu des tonnes de la part des femmes enceintes qui n'avaient plus envie, qui ne désiraient plus, qui se sentaient mal dans leur corps, la peur des vergetures, la peur de ne pas tout reperdre...) et il le prend un peu mal (air connu) mais sans plus, c'est un type bien, mais j'ai honte de moi, ce n'est pas par manque de désir (là, elle commence à m'intriguer), c'est parce que je ne peux pas faire l'amour alors que le bébé peut nous voir...
Elle continue de parler sur le sujet et, pendant qu'elle parle, pendant que je hoche la tête, pendant que je ne perds pas son regard, pendant que je lui fais comprendre que je la comprends, que sa réaction tout à fait compréhensible (je viens de le comprendre, si j'ose dire, alors que c'est la première fois que j'entends parler une femme d'un tel sujet et que pas plus un homme, car, après tout, je n'ai jamais pensé à ce détail...), je cherche dans ma mémoire des traces de ce que pourrait en avoir dit Françoise Dolto, elle qui me surprit en disant qu'il n'était pas bon qu'un enfant voit la nudité de ses parents, ou Mélanie Klein ou René Spitz...
Je n'y avais jamais pensé.
Est-ce qu'on en parle dans les magazines féminins ?
Cela m'aurait-il échappé ?
J'imagine ceci : serait-il possible que ce fait ait échappé à la sagacité des Freudiens ? Cela m'étonnerait. Mais que disent-ils en cette occasion ? Eux qui prétendent que le moindre geste, que la moindre parole, que la moindre accélération du coeur de la maman, que la moindre musique entendue dans la pièce, sont perçus par le foetus et qu'ils pourraient être à l'origine, bien plus tard, c'est ce qui fait la fortune des analystes, d'une névrose, conseilleraient-ils quand même à cette jeune femme d'accepter de faire l'amour malgré ses réticences ?
J'avoue n'en rien savoir.
Je reste dans un flou artistique, tentant de la rassurer, cette belle jeune femme dont le corps est déformé par les kilos de la grossesse, en lui disant qu'il faut expliquer à son compagnon, elle ne lui a rien dit par peur du ridicule, et qu'il sera toujours temps, après, de faire l'amour à l'abri des regards indiscrets d'un tiers, fût-il le futur enfant du couple...


dimanche 25 avril 2010

CAPI EN GB (QOF) : 8 CRITERES ENLEVES DONT 5 APPARTENANT AU CAPI !

De nombreux médecins généralistes français bavent devant le système de santé britannique.
Les médecins de gauche parce que le système du paiement à l'acte n'existe plus.
Mais personne ne voudrait être britannique...
Ainsi, l'introduction du CAPI, système de prime à la performance, a-t-elle séduit des médecins dits de gauche car elle semblait introduire une part de forfait dans la rémunération et a-t-elle séduit les médecins de droite parce qu'elle permettait une augmentation des honoraires.
On me dit que ma segmentation des médecins de gauche et des médecins de droite est une connerie. D'abord parce qu'il y a aussi des médecins du centre, des médecins d'extrême-droite et des médecins d'extrême-gauche.
Dont acte.
Et surtout parce que l'argent c'est quand même important, que l'on soit de gauche ou de droite.
Mais on sait ici combien j'apprécie peu le CAPI pour des raisons qui ne tiennent ni à la forfaitisation de l'activité, ni à la prime qui pourrait venir au bout. Ni d'ailleurs au principe lui-même de l'excellence ou de l'amélioration.
Si je suis contre le CAPI, c'est en raison des critères choisis et de la façon de les apprécier. J'ai déjà dit ici et tout le mal que j'en pensais.
Les promoteurs de l'opération se sont, sans nul doute, inspirés du modèle britannique : Quality and Outcomes framework. Pour les curieux nous vous donnons le lien avec le site du NHS sur le système mis en place afin de pouvoir vous faire une idée (en anglais) : ICI.
En anglais parce que les Anglais écrivent dans leur langue. Mais le CAPI n'est pas une bonne traduction en français !

Ainsi, nos amis britanniques, ont-ils enlevé des critères pour la future grille d'évaluation des médecins.

Rappelons auparavant que le QOF comprend quatre domaines (% de participation à l'évaluation) :
  1. Un domaine clinique avec 80 indicateurs recouvrant 19 champs cliniques (65 %) : pathologie coronarienne (10 indicateurs), insuffisance cardiaque (3), AVC et AIT (8), HTA (3)... et vous pourrez vous reporter à la page 8 du document du NHS Information Centre
  2. Un domaine organisationnel avec 36 indicateurs sur cinq aires organisationnelles (16.75 %) : dossiers et informations (12), information des patients (2), éducation et formation (7), organisation pratique (7) et contrôle des médicaments (8)
  3. Un domaine patients comprenant 5 indicateurs (14.65 %) : longueur des consultations, gestion des rendez-vous et surveillance des patients.
  4. Un domaine de services additionnels (3.6 %) : frottis cervical, surveillance de la santé de l'enfant, maternité, contraception.
Et donc, pour l'an prochain, un certain nombre de critères vont être enlevés comme le décrit un article du BMJ car ils paraissent peu discriminants et peu contributifs : mesures de la pression artérielle (insuffisance coronarienne, diabète, AVC ou AIT), prises de sang pour mesurer l'HbA1C (diabète), cholestérolémie totale (diabète) ou créatininémie (diabète, patients traités par lithium), fonction thyroïdienne (patients traités par lithium, hypothyroïdisme). Et lisez ceci : c'est parce que la récompense concernait plus l'action de pratiquer tel ou tel geste plutôt que de proposer une réponse clinique à des résultats ou à des indicateurs intermédiaires comme la pression artérielle ou le taux de cholestérol... Cela ne vous rappelle pas quelque chose ?
Néanmoins des facteurs intermédiaires seront maintenus en ces domaines comme par exemple la proportion de patients dont la pression artérielle sera inférieure à 145 / 85 dans les quinze mois précédents chez les diabétiques...

On voit donc le retard de notre CAPI et le fait que les décideurs restent de marbre en constatant les "erreurs" étrangères qu'ils nous proposent de copier.

Le meilleur système de santé du monde est à la traîne...

samedi 24 avril 2010

VINGT-TROIS EURO !

23, c'est le nombre de coups de couteau qu'a reçus Jules Cesar avant de mourir !
23 euro, c'est le chant du cygne de la médecine générale française
23 euro, c'est le baiser de Judas de Sarkozy à sa clientèle électorale
23 euro, c'est le début de la fin des augmentations d'honoraires
23, c'est le nombre de trahisons de...
23, ce n'est pas le prix de la "spécialisation" du médecin généraliste
23 euro, c'est la base de remboursement pour les mésothérapeutes, les homéopathes, les nutritionnistes, les aromathérapeutes, les injecteurs de collagène,
23, c'est aussi le moyen de faire taire les grincheux
23 euro, c'est aussi le moyen de faire revenir les médecins généralistes dans la Creuse (23) !
23, nombre premier ou nombre dernier ?

Je vous l'avais dit
Pour ne pas pratiquer comme un spécialiste
Et j'ai été exaucé
En restant médecin généraliste non spécialiste
Je vais toucher 23 euro
Sans changer d'un iota le contenu de ma consultation
Je vais toucher un euro de plus
Sans me former plus
Je vais toucher un euro de plus
Sans lire plus de revues "sérieuses"
Je vais toucher un euro de plus
Sans m'interroger plus sur ma fonction
Je vais toucher un euro de plus
Sans améliorer mon diagnostic
Je vais toucher un euro de plus
Sans améliorer mes relations avec mes patients
Je vais toucher un euro de plus
Sans m'intéresser plus aux conditions de vie de mes patients
Je vais toucher un euro de plus
Sans me poser plus de questions EBM
(Médecine par les preuves)
Je vais gagner un euro de plus

Elle est pas belle, la vie ?


jeudi 22 avril 2010

LE DOCTEUR BORIS HANSEL FAIT DE LA PUB


Ce brave garçon, chef de clinique en endocrinologie à l'Hôpital de la Pitié-Salpétrière, fait de la pub sur France 2 dans l'émission Télé Matin dont il est possible de dire que les "journalistes" scientifiques ne connaissent rien à la réglementation sur la déclaration des liens d'intérêt.
Ce brave docteur est interrogé par une certaine Christelle Ballestero qui a fait son sujet sur le périmètre abdominal, notion contestée et contestable. Cette journaliste a elle-aussi des conflits d'intérêt : ici avec le cranberry.
Il s'agit de promouvoir une campagne de mesure du tour de tailles des patients hommes et femmes dans les pharmacies ! Le syndrome métabolique est de retour ! Après l'échec d'un médicament dont le critère intermédiaire d'efficacité était la diminution du tour de taille, que nous prépare Big Pharma ? A moins que le docteur Hansel ne soit là que pour vendre son livre. Toujours est-il qu'on voit un brave pharmacien qui mesure la taille d'un homme et d'une femme habillés et qui leur donnent des conseils hygiéno-diététiques pour prévenir les problèmes cardiovasculaires.
La maman de Boris Hansel doit être fière que son fils passe à la télé.
Le Conseil de l'Ordre des médecins ne devrait pas être fier.
Car le bon docteur Boris Hansel, endocrinologue dans le public, n'a pas parlé de ses conflits d'intérêt.
Vendre son livre qu'il promeut sur un site "scientifique".
Faire de la surenchère sur un site connu pour sa dépendance éditoriale et financière à Big Pharma. Voici le titre : Le syndrome métabolique : Désamorcer maintenant une véritable bombe à retardement. Selon une bonne vieille tactique de la stratégie de Knock : dramatiser, faire peur... Voir ici sur ce blog.
Faire plaisir à ses sponsors : comme Danone.

Quand des reportages aussi nuls cesseront-ils de passer sur la télévision publique ?
Quand le décret sur la déclaration des liens d'intérêt sera-t-il respecté (Art. L4113-13 du Code de la santé publique) ?