dimanche 21 mai 2023

Bilan médical du lundi 15 au dimanche 21 mai 2023 : vaccination Covid inéquitable, espérance de vie US en baisse, Ozempic, USPSTF, la fête de la cancérologie, conflits d'intérêts, antidépresseurs.

 
Non, les fearmongers, les anti-eugénistes n'ont pas prescrit des khonneries de santé publique.

169 - La vaccination contre le Covid dans le Neuf Trois : inéquitable

Un article en preprint (ICI) rapporte qu'entre le 8 janvier et le 30 septembre 2021, 32712 personnes se sont fait vacciner à l'hôpital Avicenne de Bobigny (93). Que les premières personnes vaccinées furent celles provenant des zones socialement favorisées.

On le savait mais c'est vérifié.

La loi inverse des soins (Inverse Care Law) s'applique non seulement dans les zones favorisées (plus de ressources qu'ailleurs) mais aussi dans une zone défavorisée où ce sont les personnes dont le statut socio-économique et éducationnel est le plus élevé qui viennent squatter les zones défavorisées.

Commentaires de Nicolas Berrod, journaliste au journal Le Parisien, qui a pu se procurer l'article lui-même en preprint et il fait des commentaires passionnants qui vont en ce sens : (LA

On attend l'article en publication post revue...



Où s'asseoit le médecin ? Pas d'asymétrie ?



170. Pourquoi les Américains meurent-ils si jeunes ? 

Un article (terrifiant) du Time (LA)



Voici quelques raisons.

A dysfunctional and costly healthcare system

Societal systems that undermine wellbeing and accelerate inequality

An inadequate policy response to growing inequality and precarity

Structural racism, racial capitalism, and their attendant injustices





171. Ozempic : un nouveau Mediator ?

Mes amis prescripteurs : allez-y, prescrivez Ozempic quand vos patientes (et vos patients) vous le demandent, vous ne serez jamais inquiétés s'il y a des problèmes : aucun prescripteur de Mediator n'a jamais été poursuivi.

Une AMM obtenue dans des conditions peu évidentes.

Jamais le passé n'éclaire le présent.

En plein procès Mediator.

Notre amie la HAS est aussi favorable au remboursement  du Wegovy : ICI

Sachez que la perte de poids obtenue sous semaglutide cesse à l'arrêt du traitement et qu'aux États-Unis d'Amérique (cf supra 170.) on initie le traitement chez les enfants.



Réussir sa vie après cinquante ans.


172. Les nouvelles recommandations de l'USPSTF concernant le dépistage du K du sein aux US auront un impact économique fort.


The Task Force now recommends that all women get screened for breast cancer every other year starting at age 40. Voir ICI.


Au-delà des doutes réels sur le rapport bénéfices/risques d'une telle recommandation (les lecteurs du blog sont habitués à notre recension des analyses sur le manque d'effet du dépistage du cancer du sein par mammographie dans la tranche d'âge 50 - 74 ans), un article de Oncozine (ICI) indique que des prévisions économiques indiquent que cela pourrait avoir des conséquences (favorables) pour les fabricants de matériel : en 2021 le budget de la mammographie aux US était de 1,9 milliard de dollars et les projections en 2030 seraient de 4,3 milliards de dollars !

Cancer Rose nous reparle (en anglais) du surdiagnostic dans le dépistage du cancer du sein : LA

17 à 38 %


Cream : Ginger Baker, Jack Bruce, Eric Clapton


173. Cancérologie

173.1 Comment interpréter un essai en cancérologie.

Vinay Prasad propose (LA) de la lecture critique d'article de haut niveau en donnant des outils exploitables immédiatement.

Mais c'est vraiment pour des spécialistes des essais en tout genre.


173.2 Une tribune dans le journal Le Monde sur les essais en cancérologie

LA





Un commentaire bien assassin d'un illustre non déclarant ses liens d'intérêts et/ou d'où il parle.


Le mek doit détester Vinay Prasad (cf. supra)

173.3 Un article écrit par des oncologues (d'autres débiles) dans une revue anglo-saxonne 

(LA)



Des différences irréconciliables : divorce entre les taux de réponse, la survie sans progression et la survie globale.

173.4 Un article sur les changements de critères finaux dans les articles en cancérologie



...70% of the trials examined did not include information about primary endpoint changes in articles published in medical journals...










174. Les conflits d'intérêts favorisent les avis défavorables

On n'y croit pas !

Commentaire (LA) qui nous donne des indications précises sur la question.


21 fois plus d'avis défavorables sur le Nutriscore si les auteurs déclarent leurs liens d'intérêts avec l'industrie alimentaire


Odilon Redon La Barque, 1892…


175. Deux tiers des associations de patients US reçoivent de l'argent de l'industrie (des médicaments)...

Voir ICI

115 millions de dollars en 2015 !

On y a apprend, par exemple, que 


176. ... Mais aussi le groupe de travail de la nouvelle directrice du National Institute of Health !



43 millions de dollars en une année !


Kenzaburô Oé (1957-2023)
Prix Nobel de littérature 1994




177. Les antidépresseurs ont un effet modéré sur la qualité de vie des patients souffrant d'une première dépression sévère !


Une méta-analyse (LA) d'essais contrôlés randomisés antidépresseurs vs placebo rapporte également que dans le cas de récidives ou de suivi l'amélioration de la qualité de vie est douteuse.

178. Evitez de prescrire des antidépresseurs lors de la première consultation en soins primaires

Cette primo prescription est d'autant plus inefficace que la dépression est peu marquée.

L'article est court et l'intéresse tous les MG : LA





179. Les effets d'un traitement anti HTA intensif disparaissent au long cours.


C'est une réanalyse d'un essai antérieur. ICI

Faut dire qu'ils n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère ! PAS < 120 mm Hg !




J'ai oublié plein de trucs : actualité trop riche !






dimanche 14 mai 2023

Bilan médical du mardi 9 au dimanche 14 mai 2023 : douleur chronique et antidépresseurs, qualité de vie des étudiants en santé, dépistage du K du sein, cigarette électronique

 

Quand les députés décident de ce que doivent faire les MG sans en parler aux MG

165 Les antidépresseurs ne "marchent" pas dans la douleur chronique.

Une revue Cochrane (ICI).


via @Leya_MK


166. La qualité de vie des étudiants en santé est inquiétante

Un rapport de l'IGAS en témoigne : ICI

Il faut se méfier des rapports de l'IGAS qui sont toujours des rapports politiques.

Mais : 5 facteurs identifiés :

  • Violences sexistes et sexuelles
  • Risques psychosociaux
  • Précarité financière
  • Conditions de travail en stage
  • Addictions.
A lire, donc.


Bill Brandt Coal-Miner’s Bath Chester-le-Street, Durham England, 1937…

167. Encore de la littérature cette semaine sur le dépistage du K du sein.

Je sais, je radote.

Vinay Prasad pendant 37 minutes (n'hésitez pas à mettre les sous-titres).




Gilbert Welsch il y a 2 ans sur l'IRM comme outil de dépistage (6 mn).




Michael Baum en 48 mn sur les tumeurs in situ (DCIS)






Enlever les tumeurs in situ ne diminue pas le nombre de tumeurs évoluées.


L'industrie du rose (dépistage du K du sein) décortiquée en 1H37






Conclusion : il faut informer les citoyennes.


168. La cigarette électronique avec nicotine permet d'augmenter le taux d'arrêt du tabac, 

soit 4 abandons de plus pour 100 personnes, par rapport aux traitements substitutifs. C'est donc peu.

C'est une revue Cochrane (LA) ayant analysé 78 études randomisées.

Pas de différences par rapport à la cigarette électronique non nicotinée. Pas de différence non plus avec les autres traitements ou pas de traitement du tout.

A suivre car les essais méritent des développements.



C'est tout pour cette courte semaine.


lundi 8 mai 2023

Bilan médical du mardi 2 au lundi 8 mai 2023 : territoires, placebo et effet placebo, empowerment, experts, BNP.

 

160. Comment les territoires sont organisés : on hésite entre Jérôme Bosh et Jackson Pollock. ⏫⏫⏫

Et ce schéma des Yvelines est ancien. D'autres structures se sont ajoutées, les DAC ou dispositifs d'appui à la coordination (suite) dans le nord et le sud du département... par exemple.


Nicolas de Stael

161. Placebo, effet placebo : cessons de mentir aux patients. 

Les habitués de ce blog savent quel est mon point de vue sur l'utilisation d'un placebo en médecine.

Je l'ai exposé ICI en novembre 2008 avec comme titre provocateur : "L'usage du placebo en médecine : un danger pour le prescripteur." 

Rappelons ceci : 

1) L'effet placebo est estimé entre 30 et 60 % selon les pathologies.

2) On parle aussi d'effet contextuel, le fait d'être reçu par un professionnel de santé dans une structure médicale, par exemple, d'où la notion d'effets placebo au pluriel

3) Il ne faut pas confondre le placebo et l'effet placebo

4) L'effet nocebo est une autre version de l'effet placebo mais il semblerait qu'il fût moins recherché... 

5) Les dangers de l'utilisation d'un placebo

Les tenants et les aboutissants de l'usage du placebo en médecine sont malheureusement oubliés par les médecins, surtout quand il s'agit d'essais cliniques contrôlés (1). Ainsi, je voudrais souligner plusieurs dangers liés à l'utilisation d'un placebo : cela pollue la relation médecin malade, cela accentue la relation asymétrique -paternalisme- existant entre les médecins qui savent et les patients qui souffrent, cela peut être médicalement dangereux -spécialement quand le but du médecin est de savoir si oui ou non le patient souffre d'une affection organique- et renforce l'arrogance du médecin, infantilisant les patients encore plus. Citons Howard M Shapiro : "Finalement nous avons à considérer ce qui peut être le plus grand danger pour le médecin, à savoir que donner un placebo pourrait lui donner une opinion encore meilleure de ses propres capacités à aider."(2)

(1) Spiegel D, Harrington A. What is the placebo worth? BMJ 2008;336:967-8. (3 May.)[Free Full Text] 
(2) Shapiro HM. Doctors, patients, and placebos. Yale: Yale University Press, 1986.


Un article paru dans le journal du CNRS (LA) interroge encore sur l'usage du placebo. 

Le problème éthique est au centre de l'utilisation de placebos en médecine, enfin, pour certains médecins, car d'autres ne s'embarrassent pas de ce genre de préoccupation et prétendent, et ce point de vue est défendable, que le but des soins est de soulager les patients et que peu importent les moyens (conséquentialisme, utilitarisme, et cetera).

L'article du CNRS aborde la question sous l'angle de l'utilisation d'un placebo honnête qui permettrait de contourner le mensonge ou la trahison (en anglais : deception) liés à l'utilisation d'un placebo classique. En réalité, il s'agit plutôt d'une façon plus honnête de prescrire un placebo ou une façon de prescrire un placebo sans tromperie.

Il rappelle une étude de Kaptchuk TJ et al (LA) parue en 2010 qui a été très souvent citée.

Son titre (je traduis) : Placebos sans tromperie : un essai randomisé contrôlé dans le syndrome de l'intestin irritable.

Il s'agissait donc de comparer un groupe de patients à qui on prescrivait un placebo en leur disant que c'était un placebo et en leur expliquant que cela pouvait avoir un effet positif (placebo honnête) à un groupe de patients non traités. 

Cet essai a montré une amélioration statistiquement significative des symptômes à J11 et J21 dans le groupe placebo honnête par rapport au groupe non traité mais ce simple énoncé indique que l'essai souffre de limitations méthodologiques majeures.

  • Le colon irritable est une entité pathologique mal définie
  • L'étude est randomisée, contrôlée mais n'est pas aveugle
  • Il y aurait dû y avoir 3 groupes : produit "actif" (dans le colon irritable ?), placebo honnête avec explications et placebo sans explications.

Une étude ultérieure randomisée mais ouverte (2017), LA, a comparé, en cas de douleurs localisées, les effets de 4 prises en charge : 

  • crème placebo honnête (le malade sait qu'il reçoit un placebo), 
  • crème placebo honnête avec informations (le malade sait qu'il reçoit un placebo mais on lui explique les mécanismes d'action physiopathologiques possibles d'un placebo), 
  • Crème placebo trompeuse (on ne dit pas au malade qu'il s'agit d'un placebo)
  • Pas de traitement du tout.
Les résultats montrent qu'il n'y avait pas de différences significatives entre les 3 premiers groupes mais que le fait d'informer diminuait l'efficacité (NS).

Enfin, les auteurs de l'article du CNRS présentent des résultats préliminaires d'un essai sur la douleur qui indiquent qu'il n'y a aucune différence entre la prescription d'un placebo annoncé comme produit efficace et d'un placebo annoncé comme un placebo.

Pourquoi donc mentir aux patients ? 

On me signale un podcast sur France-Culture, voir LA, dont l'épisode 5/6 parle de "Placebo, le tromperie qui soigne ?" :  c'est gratiné de chez gratiné ! Et très peu en rapport avec les études que je viens de vous citer.

Un autre essai passionnant : https://psycnet.apa.org/record/2003-07872-001 où l'on voit que cacher aux patients l'administration d'une prise en charge pharmacologique ou non pharmacologique est moins efficace que le leur dire...

Conclusion : 

  • Quand on utilise un placebo il vaut mieux le dire aux patients pour des raisons d'éthique et d'efficacité.


Lumières de la nuit par @dominiqueloubet


162. Tribune surréaliste dans l'Express : l'empowerment expliqué aux Nuls.

Les tribuniciens/ciennes ont encore frappé : voir LA

Une tribune qui ne parle pas de l'empowerment.

J'aurais pu signer mais, bien entendu, personne parmi les signataires n'auraient pu me le proposer. Cela aurait fait tache. Un incroyant qui prierait avec des zélotes...  Ou alors un croyant priant avec des pècheurs.

Comme on dit, on peut rire de tout mais pas avec tout le monde, j'aurais pu signer ce catalogue de bonnes intentions mais pas avec tout ce monde.

Car.

Parmi elles, #PasToutes, les tribuniciens/ciennes, il y a des champions du monde de l'anathème, de l'insulte, de la dénonciation,  qui n'hésitent pas à traiter le collectif qui ne pense pas comme eux de négationnistes (l'approche du point Godwin n'est pas furtive), de révisionnistes, de tueurs d'enfants (à la pleine lune), 

parmi eux, #PasTous, il y a les championnes du monde de la prédiction catastrophique, les fausses Cassandre, les Elisabeth Tessier de l'épidémiologie, les astrologues de la mort en masse des enfants dans les écoles, les prévisionnistes fous du PIMS généralisé, du covid long à tous les étages, 

parmi elles, #PasToutes, il y a les champions du monde du dépistage des cancers tous azimut sans information des participantes (surtout les femmes, hein) et des participants sur la non diminution de la mortalité globale, sur les sur diagnostics et les sur traitements, 

parmi eux, #PasTous, il y a les championnes du monde de la consultation à 50 € et du déconventionnement, sans doute dans un but d'un meilleur accès collectif aux soins, il y a les champions du monde de la non déclaration des liens d'intérêts avec l'industrie du médicament et des matériels, sans doute parce que le marché de la médecine académique est sous l'influence du marché et de sa main invisible...

parmi elles, #PasToutes, il y a les champions de la stricte méthodologie des essais cliniques, de la stricte interprétation de la robustesse des mêmes essais, confondant la veille documentaire et la lecture critique des articles, ne s'inquiétant pas une seule seconde de l'absence d'essais contrôlés randomisés en double-aveugle versus placebo (ECR+) sur les mesures non pharmacologiques de la prévention de la dissémination du virus,  pas plus, sinon sur des critères de substitution sur l'efficacité des boosters chez les enfants, les adolescents, voire les vieillards, préférant les études épidémiologiques rétrospectives cas-témoins (au mieux) aux ECR+ quand les données fragiles vont dans le sens de la dureté de leurs convictions, adoubant ou rejetant, la Cochrane, la HAS, le CDC, au fil des croyances et non au fil de la qualité des recommandations...

mais surtout, parmi elles, parmi eux, #Tous, pas un mot sur le collectif social, il est probable que la composante idéologique du collectif pose problème, non pas seulement parce que les signataires n'ont pas les mêmes idées politiques, mais parce qu'ils ont "oublié". Ils ont oublié que la pandémie a montré combien la fragilité sociale était la tache aveugle des politiques de santé, combien les programmes collectifs de santé publique n'atteignaient que les populations non concernées s'ils n'étaient pas centrés sur les plus pauvres, les moins éduqués, les plus mal logés, les plus mal nourris... que le port du masque dans les transports publics, par exemple, aurait dû s'accompagner de distributeurs de masques dans les transports comme il y eut jadis les préservatifs à un franc (merci Jean Lamarche)...

et enfin, terminons par la polémique, je n'avais pas encore commencé pour celles et ceux qui ne l'avaient pas remarqué, dans cette tribune collective, traversée par l'arrogance auto satisfaite, la certitude de la certitude, pas une once d'autocritique, pas un mot sur les conseils erronés donnés sur le lavage des mains, le port de charlottes dans les cabinets de médecine générale, le port des masques en tissu, chirurgicaux, FFP2, la désinfection des locaux, la distanciation (1mètre, 1,5 mètre, voire 2), le confinement, la fermeture des écoles, l'épuration de l'air, sur la base d'absence d'études robustes tout en prétendant qu'il s'agissait de la Science, des données de la Science alors que c'était faux...

et, voyez, je suis prudent, je n'ai pas encore parlé de la vaccination, de l'enthousiasme délirant de certaines et de certains, #PasToutes, #PasTous, 95 % d'efficacité sur tout et sur rien, tous les vaccins se valent, mais, ne vous inquiétez pas, tribuniciens/ciennes, je ne suis pas la police, je n'ai pas fait de copies d'écran, je n'ai pas constitué de dossiers, heureusement car je me suis moi-même trompé sur le vaccin Astra-zeneca, sur le vaccin Jansen, sur l'efficience des vaccins sur la transmission, et cetera.

Le collectif et l'empowerment...

J'espère par ailleurs que les quelques amis qui ont signé cette tribune ne le prendront pas mal : comme le disait Proust, quand on apprend que son meilleur ami est trompé par sa femme, faut-il le lui dire ou ne pas le lui dire, par gentillesse, par méchanceté ou par amitié ?

J'avais aussi réagi à chaud sur twitter : LA

Et @audevisine m'avait répondu : ICI.

Bon, en conclusion, et contre toute attente, travaillons ensemble, oublions les anathèmes, les rancoeurs, fondons un collectif sur des bases saines, sur des principes méthodologiques éthiques, sur les fondements de la recherche clinique, et non sur le bon sens ou les particularités de clocher, les principes amicaux ou les inimitiés tenaces.


Pas la peine de venir avec un avocat : je vais me lever pour te donner à manger.


163. Palmarès du Point sur les meilleurs experts médicaux français de spécialités.

  • Passons sur la méthode où sont pris en compte les publications (et on voit que certains des experts publient plusieurs fois par mois depuis des années) et les liens d'intérêts (plus les liens d'intérêts avec l'industrie sont forts, plus les experts sont glorieux).
  • Passons sur l'intérêt d'un tel classement sinon pour engorger des consultations déjà engorgées et pour permettre des dépassements d'honoraires encore plus extravagants.
  • Passons sur l'intérêt de la décence commune, la proximité ou le fait que la position centrale de l'AP-HP dans ce classement est assez curieuse, toute la France devrait prendre rendez-vous à Paris, et qui connaît l'AP-HP... sait que...
  • Passons surtout sur le fait qu'une seule spécialité a été oubliée, la médecine générale, c'est à dire les soins primaires...

Où sont les experts en médecine générale ?






164. Illustration de la controverse cardiologues vs pneumologues sur le BNP




Définition du BNP pour les nuls : Bonne Nouvelle pour le Pneumologue.


dimanche 23 avril 2023

Bilan médical (abrégé pour cause de norovirus) du lundi 17 au dimanche 23 avril 2023 : ordonnance de merdre, espérance de vie en IdF, DREES, Raoult, soins primaires : on liquide, contraception.




152. Un nouveau Directeur Général de la Santé a été nommé.





153. Une ordonnance pour une personne de 81 ans !

J'ai listé par ordre alphabétique les problèmes que cela pose (mais je ne suis pas certain d'y être arrivé complètement).



  • AINS chez la personne âgée
  • AINS : interactions pharmacologiques
  • Bénéfices/risques
  • Biais d'habitudes
  • Coordination des soins
  • Clientélisme
  • Délire thérapeutique
  • Evidence Based Medicine
  • Formation médicale continue
  • Gériatrie
  • Khonnerie pure et dure
  • Interactions médicamenteuses
  • Logiciel de prescription
  • Pharmacovigilance
  • Prévention quaternaire
  • Sur diagnostic
  • Sur traitement
  • Tramadol chez la personne âgée

Ah, j'ai oublié de vous dire :




154. La santé des Franciliens : 

La DREES est une source inépuisable de données. Voici, LA, sa dernière livraison sur l'état de santé des Franciliens.

  • Contre-intuitivement la régie Ile-de-France est celle de la meilleure espérance de vie
  • Le neuf trois a les moins bons résultats (vous avez 3 minutes pour nous dire pourquoi)
  • Remarquons en passant que les femmes du 93 ont une espérance de vie à la naissance plus élevée que les hommes de la région et dans n'importe quel département !
  • Le covid a eu un impact très fort sur l'espérance de vie (mais il me semble urgent d'attendre pour en tirer des conclusions définitives)
  • Le différentiel d'espérance de vie entre hommes et femmes se réduit mais pour une mauvaise raison : c'est leur espérance de vie qui baisse.

Je reprends une infographie parue dans le journal Le Parisien (ICI, sur abonnement) et qui nous est fournie par un de ses journalistes @nicolasberrod (LA) : 


155. Le non recours aux prestations sociales est lié à un manque d'informations. La DREES.

On le savait mais ça va mieux en le disant.


Vous pouvez lire le résumé et le rapport complet ICI


155 Bis : Iggy Pop avait des infos.


Iggy Pop né le 21 avril 1947
Encore un défi à la Santé publique

155 ter. Pas Notorious B.I.G (1972-1997)

ICI


156. La corruption à la Raoult : c'est la Provence qui en parle le mieux.


                                                                    Source : La Provence ICI

C'est ICI.

Articles passionnants et au scalpel par Sophie Manelli et Alexandra Ducamp.


157. Les futurs centres de santé alaRamsey, c'est la corruption qui en parle le mieux.

Il est désormais probable que la médecine libérale traditionnelle des soins primaires disparaisse sous les assauts répétés et non coordonnés, ne tombons pas dans le complotisme, invoquons simplement la bêtise pure et simple, de : 

  • L'Assurance-maladie elle-même qui impose des normes non applicables à des médecins généralistes libéraux débordés de travail et qui assujettissent d'éventuelles augmentations de chiffre d'affaire à des mesures qui n'ont fait nulle par la preuve de leur efficacité et qui dénotent une incapacité comprendre où sont les problèmes et comment les résoudre.
  • Les Agences Régionales de Santé qui ont décidé de ne faire que de la communication institutionnelle, en déprofessionnalisant le soin, c'est à dire en prenant sans médecins des décisions concernant les médecins, sans infirmières libérales des décisions concernant les infirmières libérales, sans kinésithérapeutes des décisions concernant les kinésithérapeutes, sans orthophonistes, bla-bla, sans orthoptistes, bla-bla, sans assistantes sociales, bla-bla, et en ne se donnant pas les moyens de contrôler lesdits établissements de soin, qu'il s'agisse des hôpitaux, des cliniques ou des EHPAD ou en y envoyant des anciens du rayon tomates de chez Auchan ou des nouveaux diplômés dont la formation est réduite à une carte du parti macronien... 
  • L'hôpital public (et je ne fais aucune différence entre les directeurs administratifs et les médecins, les autres membres de l'hôpital public, et le petit personnel commence rapidement pour les 2 groupes précédents, n'ayant strictement aucun pouvoir) qui déconne depuis des décennies pas seulement par manque d'argent (je répète inlassablement que la France est le deuxième pays de l'OCDE pour les dépenses hospitalières) qui ne pose jamais aucune question sur lui-même (donnez l'argent on va tout régler) et qui rend coupable ces médiocres de MG libéraux, ces coolies qui, en plus de travailler plus de 50 heures par semaine, ne font pas de gardes, ne viennent pas aider les hôpitaux, gagner aussi de l'argent : l'hospitalocentrisme est la maladie infantile la Santé publique.
  • Les associations de patients qui considèrent les MG libéraux comme des parasites et qui veulent tout, tout de suite, une angine, une fracture, ou un infarctus...
  • Je continue ?

Pour en revenir à notre propos initial, la corruption, il faut bien appeler les choses par leur nom, voici un article saisissant et éclairant sur le COSEM : LA.

Cette organisation des soins, c'est la santé de demain : 

  • Un symptôme = une urgence
  • Un symptôme = un examen complémentaire (deux ou trois, ce sera mieux)
  • Un symptôme = un traitement

Vous aurez des centres de santé avec : 

  • des MG salariés payés pour effectuer 35 heures
  • des examens complémentaires pratiqués dans les laboratoires du Centre, les Centres de radiologie du Centre
  • des adressages vers les spécialistes d'organes du Centre
  • des traitements effectués dans des cliniques du Centre
  • ad libitum. 




158. La médecine générale, c'est l'Académie de médecine qui en parle le mieux (?).

L'Académie de médecine, c'est à la fois le cimetière des éléphants, les boeufs-carottes, et l'auberge espagnole : on peut y faire du cherry-picking (la cueillette des cerises) quand une décision ou un avis qu'Elle a émis nous plaît ou nous plaît pas.

Voir LA pour la réforme de la médecine générale.

Aucun intérêt.

On peut y retrouver tous les poncifs sur la médecine générale émanant de personnes qui l'ont toujours méprisée ontologiquement et défendu pour faire bien.

Une lecture d'un derrière distrait n'est même pas recommandé.

A-t-on jamais vu une société savante de médecine générale parler de la réforme de l'hôpital ou de l'Académie de médecins ? 



159. Comment changer de contraception.

Via @DocArnica

La technique du chevauchement


Il y avait matière à autant de numéros.
Je ne veux pas lasser.

dimanche 16 avril 2023

Bilan médical du lundi 10 avril au dimanche 16 avril 2023 : santé genrée, fin de vie chez les CSP +, metformine, imagerie, financiarisation des soins, LCA et VRS, covid long, nouveau calendrier vaccinal.

 

Via @pash22 Le système de santé états-unien

143. Quand le genre remplace les luttes sociales : l'intersectionnalité sans la lutte des classes.

Pratiquement au même moment un article est paru dans Slate (ICI) (Laure Dasinières et Antoine Flahaut) et une tribune a été publiée dans Le Monde (LA) (Anne-Sophie Leroux, Pauline Londeix, Jérôme Martin) pour dénoncer respectivement un manque de prévention genrée en France et un manque d'accès aux soins genré partout dans le monde.

Dans les deux cas les auteurs.e.s parlent de prévention médicale et d'accès aux soins médicaux.

Rappelons aux auteurs de ces textes que : 

  • 80 % des déterminants de santé sont non médicaux (on peut, certes, discuter, et le genre est un déterminant non médical a  priori)
  • l'accès aux soins (et aux prestations sociales) est lié à la Catégorie Socio-Professionnelle quel que soit le genre, les plus favorisées CSP + : les chefs d'entreprise, les professions libérales, les professions à plus fort revenu du secteur privé (cadres, ingénieurs, chercheurs, etc.) ainsi que l'ensemble des fonctionnaires de catégorie A. Associée à un fort pouvoir d'achat la notion permet de regrouper de manière approximative la classe moyenne supérieure et les ménages aisés.   Le dernier rapport de la DREES l'atteste : ICI.
  • la prévention en général, en France, est une rigolade sans fin pour ce qui est des risques évitables (en Europe) : alcool (n°2 en Europe), tabac (n°3), cannabis (n°1), cocaïne (n°1), accidents du travail (n°8), mortalité infantile (19/27 dans l'UE), mortalité maternelle (20/27)...
  • Il faut donc mettre le paquet pour que la France ne soit pas, dans l'OCDE, le dernier des derniers pays pour la prévention médicale et non médicale.

Mon commentaire sur twitter (ICI) souligne que la prévention genrée est éminemment politique et qu'elle repose comme le montre la littérature médicale et de sciences sociales sur : 

  • La diminution globale du temps de travail cumulé des femmes (domestique et professionnel, transports)
  • L'amélioration des conditions de travail des femmes exerçant les métiers les plus pénibles, les moins payés, les moins valorisés, 
  • Imposer la médecine du travail chez les femmes payés par des chèques Emplois Services, 
  • L'égalité des salaires hommes/femmes pour des postes identiques
  • Les protéger contre les violences domestiques
  • Lutter contre l'alcoolisme des hommes, première cause de féminicides
  • et cetera.
  • Ce sont les femmes des milieux défavorisés qui sont les plus à risques, qui sont les moins prévenus, les moins éduqués, les moins médicalisés et ce sont les femmes CSP + qui encombrent par exemple les consultations de gynécologie en se faisant pratiquer des frottis du col utérin tous les ans (et avec dépassement d'honoraires)
Je vous invite à lire cet éditorial passionnant du BMJ (accès gratuit) : LA.



Par ailleurs, le corps des femmes est un terrain d'expérimentation incroyable pour les médecins et les chercheurs : on leur dit ce qu'elles doivent faire depuis la préconception, pendant la conception (disease mongering ahurissant sur le diabète gestationnel), pour la naissance, pour le développement des enfants et la PMA est un parcours d'obstacles fait de souffrances physiques et psychologiques... Quant aux derniers développements sur l'IVG et la pénurie médicamenteuse de misoprostol, elle m'a fait penser au fait que l'on ne demande pas leur avis aux femmes (sauf pour des raisons de nombre de semaines d'aménorrhée) sur le choix de la méthode abortive (médicamenteuse ou instrumentale)...

Sans oublier le manque d'informations données aux femmes lors du dépistage du cancer du sein par mammographie avec des Aunt Tom comme cette mammographiste canadienne (voici le tweet original et le fil) : 

Le fil : LA

Vous avez lu ? Fausse alerte.

👉Je signale un billet de blog remarquable sur le dépistage du cancer du sein : ✊✊✊

Ecrit par une médecine généraliste. C'est un document de qualité. 

LA.

Et voici ce que proposent les agences gouvernementales comme prévention, relayées par l'Assurance Maladie. Navrant : 


La prévention est avant tout sociétale. Mais aussi individuelle.

Mais c'est injuste de faire porter la responsabilité des maladies sur les patients selon le vieil adage répété comme un mantra : La maladie est le salaire du péché.

Une initiative du gouvernement anglais : 




Détail d'une céramique de la maison Picassiette à Chartres qui mérite une visite...
Photo docdu16


144. Quand un CSP + hospitalier se rend compte que la fin de vie vue des urgences, ça dysfonctionne.

La Tribune de Mathias Wargon dans le journal Le Monde que l'on ne peut lire que si on est abonné (LA) méritait un commentaire.

Le voici sur twitter : LA


Via @RavaudGilles ICI
Les jeunes médecins (UK) demandent une augmentation de 35 % de leur salaire.


145. Existe-t-il encore une seule raison d'initier un traitement par metformine dans le diabète de type 2 ?

Nous avons abordé ce problème plusieurs fois dans ce blog et je rappelle l'excellent article de Boussageon R et al (LA).

Il remet en cause toutes nos certitudes (?) et il est probable que la metformine fera partie du Medical Reversal.

Je réponds à la question : oui.  Le ROSP ou l'incentive de l'Assurance Maladie qui ne rémunère les MG français que s'ils prescrivent de la metformine en première intention. 


Toujours la maison Picassiette.
Photo docdu16


146. Trop d'imagerie prescrite par les MG dans les troubles musculo-squelettiques (en Australie)

Un essai randomisé australien portant sur les effets d'un audit et d'une intervention/non intervention sur la prescription d'imagerie dans les troubles musculosquelettiques par les médecins généralistes :(LA).

Eh bien, la formation des MG, ça marche, du moins à court terme.




147. Financiarisation des soins.


Une analyse implacable de Nicolas Da Silva sans vraies solutions.  Malheureusement : ICI

La suppression des soins primaires est actée depuis longtemps. L'hospitalo-centrisme et la faillite de l'hôpital sont passés par là. 

Nicolas Da Silva ne voit que l'adjectif libéral dans les soins primaires.

Il est partisan de la suppression pure et simple de cette médecine libérale en soins primaires dont on connaît les défauts (il suffit de lire ce blog) liés aux soins primaires eux-mêmes (comme les expériences des autres pays le montrent) mais la nature ayant horreur du vide et comme les centres de santé communautaires ne vont pas pousser comme des champignons, les groupes privés vont capturer les médecins et il sera fini de la médecine longitudinale, la médecine de famille, pour une médecine au coup par coup qui n'a jamais donné rien de bon.


148. Lectures critiques d'article et vaccin VRS chez la femme enceinte.

Je lisais récemment sur twitter les propos d'un hospitalier prétendant que l'enseignement de la LCA était inutile et empêchait les étudiants d'apprendre la vraie médecine.

Oups. Prenons l'exemple du vaccin anti VRS ("bronchiolite") chez la femme enceinte. 

Voici l'abstract de l'article (il faut être abonné pour le lire en entier) : ICI.

Contre : un étudiant anonyme publiant chez Vinay Prasad

Pour : Eric Topol

ICI

Attendons l'avis de la HAS... 😅😅😅


@HillmanMarc


149. Covid long : un article analyse les critères retenus pour le définir : du grand n'importe quoi.

L'article paru le 25 mars 2023 (ICI) analyse les critères de définition du Covid Long dans 92 études publiées : dans seulement 54 % des études les résultats de laboratoire affirmant le covid étaient mentionnés ! Pour définir le Covid Long 8 durées de symptômes ont été retrouvées (entre 4 et 52 semaines) avec une moyenne de 12 (alors que 36 % des études ne précisaient pas la durée retenue). Un total de 57 symptômes a été pris en compte ! 


Ôé Kenzaburo (1935-2023)
Prix Nobel de littérature 1994
Première Division


150. Covid : Les essais d'un vaccin intranasal sont prometteurs chez les hamsters et les souris : du spin, du spin, du spin

Je commente ? C'est LA



151. Le nouveau calendrier vaccinal.

C'est LA.