Un congrès à Chicago (ASCO 2023)
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La séance des posters.
La nuit a été courte pour tout le monde et Gers a eu droit à un traitement spécial. Edmée Vachon ne l’a pas lâché entre le restaurant et sa chambre, ils ont flirté un peu mais le brillant et jeune chef de clinique a prétexté une grande fatigue et une éjaculation précoce au restaurant pour se débarrasser de la directrice de l’IGR qui n’a eu que l’embarras du choix pour trouver un partenaire de récréation en deuxième choix puis il a téléphoné à sa femme, il était sept-heures et demie en France, puis, contre toute attente a reçu un appel interne de Florence Maraval qui lui a demandé s’il était dispos.
Les séances de poster sont désespérantes. Vous avez des gens qui auraient aimé faire une présentation en public et dont l’abstract n’a été accepté que pour une des sessions posters et qui se retrouvent à 7.30 am dans une salle tristounette avec cinquante autres personnes, le badge autour du cou, chacune plantée devant son panneau qu’ils ou elles ont eu un mal fou à faire étant donné les contraintes de temps et d’espace, certaines aidées par un service infographique de labo et d’autres non, attendant le chaland, voyant des chalands passer, ne pas s’arrêter, d’autres regarder et ne pas leur adresser un mot, découvrir un collègue qui vient leur faire un compliment dont il ne pense pas un mot, et enfin tomber sur un oncologue coréen qui détaille le poster comme s’il s’agissait d’une œuvre d’art ou de la découverte d’une molécule qui traite tous les cancers avec une seule injection mais qui pose des questions sans intérêt, ou cet autre cancérologue kazakh qui critique, qui ne cesse de critiquer et qui s’en va sans attendre de réponses, mais il y a aussi des cancérologues de n’importe quelle nationalité qui tournicotent et s’ennuient comme des rats morts au milieu de ces posters trop chargés, avec trop de couleurs, trop de lignes, trop confus, aucun chercheur ne sachant s’arrêter au bon moment, oubliant qu’il ne faut laisser passer qu’un ou deux messages, pas plus, que le reste est superflu. Ces posters qui s’entasseront au fond d’une cave dans tous les pays des cinq continents où il y a des cancérologues avec, dans 95 % des cas aucun article à la clé.
Heureusement que Pierre Gers, les paupières tombantes, est entouré, il peut répondre aux questions, faire l’article et satisfaire deux pelés et trois non tondues, Florence Maraval n’est pas loin, Brébant est venu faire un tour pour le féliciter, il y a aussi des traîne-patins, des mélancoliques, des épuisées, et des groupies, celles qui prennent des notes devant chaque poster pour jouer les intéressées, qui posent des questions anodines, Gers se fait un plaisir d’y répondre avec sa compétence habituelle, et, là-bas, dans un coin, toute seule, la jeune conquête de la Professeure Marie Carmichael, qui se morfond de n’avoir eu encore aucun commentaire et de s’être disputée la nuit dernière avec son mentor.
Le supplice n’est pas fini : il faut encore attendre que le panel de la session poster vienne faire un tour, s’arrêter devant chacun ou chacune, car il y a un prix à la fin, le meilleur poster sur la protéine JaWs71, qui est déjà décerné mais qu’ils font semblant de choisir.
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