Un congrès à Chicago (ASCO 2023)
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Ursula fait semblant de revenir.
Milstein est assis au sous-sol du palais des congrès et sa colère est (presque) retombée. Il se remémore toutes les séries policières américaines qu’il a vues sur Netflix, Canal ou Prime et il se dit que tout va se passer maintenant, il attend l’avocat de la firme et pour l’instant il est envahi par la culpabilité, il se demande encore comment un type aussi expérimenté que lui a pu se faire piéger par une telle nana. Les insultes qu’il a lancées dans la salle s’adressait à Ursula car il n’avait pas pu imaginer que Cora était à l’origine de l’affaire. Sa colère remonte, il serre les points, il donnerait bien des coups de poing sur la table qui est en face de lui mais il se retient. Il va falloir que toute l’énergie négative qu’il a accumulée depuis le passage des premiers écrans compromettants se transfère vers autre chose. Il envisage à peine qu’une firme concurrente ait pu le piéger, sans doute trop dangereux pour la firme elle-même… Qui, à part Ursula, cette salope d’Ursula, aurait eu des raisons de l’humilier ? Il a quand même un peu de mal à imaginer Ursula en train de monter un truc pareil. Qui sont ses complices ? Poser des caméras dans une chambre d’hôtel n’est quand même pas à la portée du premier venu, piéger une clé USB et la substituer demande au moins la complicité des techniciens du congrès. Il est perdu.
Les interrogations fusent dans sa tête et les deux hommes de la sécurité le bombardent de questions. Il joue au con de Français qui ne comprend pas l’anglais et cela a presque l’air de marcher. Il ne peut quand même pas leur dire qu’il se réfugie derrière le cinquième amendement... L’avocat de la firme arrive enfin au bout d’une petite demi-heure et Milstein est emmené après un bref interrogatoire où il n’a pas eu son mot à dire jusqu’au cabinet des avocats sis dans la Willis Tower.
Le blogueur masqué a décidé, lui, qu’il n’attendrait pas le petit matin pour diffuser ses informations. Il a commencé à envoyer tweets sur tweets en français comme en anglais tout en peaufinant son premier billet et en envisageant le deuxième qui sera plus spécifique sur les titres et travaux du professeur Norbert Milstein. Il réveille son amie Wendy pour qu’elle corrige la version anglaise dont il n’est pas sûr à cent pour cent. Sa stratégie est simple : les congrès, depuis le covid, ne devraient plus être organisés en présentiel, et si c’est le cas, c’est pour, dans l’ordre, asseoir la corruption de l’industrie pharmaceutique non seulement auprès des agences gouvernementales mais de leurs membres tout en nourrissant les futurs prescripteurs, faire du hype boursier et médical, et favoriser les rapports humains tant sur le plan du sexe que de la réciprocité industrielle.
Rien de nouveau sous le soleil de Satan de la santé publique mondiale.
Quant à la Firme 2, elle est en train d’organiser la stratégie et les avocats se creusent la tête pour faire le moins de dégâts collatéraux possibles (pour la molécule, pas pour Milstein, même si les deux sont étroitement liés).
(Pour tout relire depuis le début : LA)