vendredi 22 septembre 2023

BeyfortusⓇ/niservimab : dernières nouvelles. Ce que l'on sait médicalement et politiquement. Avec une note finale du CNGE.

Le capitalisme d'Etat


J'ai déjà écrit deux billets sur le sujet, le premier pour critiquer la recommandation très curieuse de la HAS (c'est LA) et le deuxième (c'est ICI) pour montrer combien le complexe santéo-industriel français s'était mobilisé pour imposer le remboursement d'une molécule française en dépit de toutes les réserves qui pouvaient être émises sur son efficacité.

Au moment où j'écris ces lignes le prix du BeyfortusⓇ/niservimab  n'a pas été communiqué. C'est une information confidentielle secret défense.

Pourtant nous apprenons que le gouvernement français aurait commandé 200 000 doses à Sanofi en février-mars 2023, donc avant la recommandation de la HAS et même avant que la seule étude contrôlée positive n'eut été publiée (Le Moniteur des Pharmacies : LA).

Sanofi, de plus, va gérer les stocks et recevra directement les commandes des pharmacies. 

Je vous parlais de capitalisme d'Etat.

Et bien entendu, nous sommes le premier pays à le faire car les intérêts de Sanofi sont à préserver car d'autres molécules arrivent pour les nouveaux-nés et nourrissons et également un vaccin chez la femme enceinte.

Avec élargissement des prescriptions aux sages-femmes. Pour rendre la population des nouveaux-nés et des nourrissons complètement captive (environ 750 000 en France par an).


On se résume : 

  • La HAS recommande le remboursement d'une molécule sans prendre en compte le seul essai contrôlé positif chez les nourrissons "fragiles" alors qu'elle a pris en compte une étude positive mais ouverte, c'est à dire sans aveugle (les soignants savaient à qui ils ou elles avaient affaire) : on n'a jamais vue telle précipitation et une telle confusion (on me dit dans l'oreillette qu'avec la HAS tout est possible).
  • Une molécule dont l'ASMR est cotée IV et le SMR coté V, c'est à dire efficacité nulle ou presque
  • Une molécule Sanofi-Aventis (multinationale française)
  • Le gouvernement achète à un prix non communiqué mais probablement très élevé (plus cher qu'un vaccin) car il s'agit d'un anticorps monoclonal une molécule dont, officiellement, les résultats cliniques ne sont pas connus (sauf pour les nourrissons en bonne santé chez lesquels on ne diminue pas significativement le nombre des hospitalisations)
  • Le nouveau DGS, nommé dans la précipitation, un politique de chez politique, Grégory Emery, s'empresse de tout valider.
  • Le Ministre de la Santé et de la Prévention et toute l'administration communiquent de façon triomphale sur le traitement universel de tous les nourrissons en affirmant que cela va faire baisser le nombre d'hospitalisations de tous les nouveaux-nés et de tous les nourrissons de 80 % (RRR) (alors qu'il y a eu manipulation des résultats en agrégeant 2 études concernant des population sans risques et une population à risques).

Ce que l'on sait sur le plan de l'efficacité : 

  1. Chez les nouveaux-nés et nourrissons en bonne santé et nés à terme : l'étude contrôlée indique une diminution significative du nombre de crises avec un nombre de sujets à traiter (NST) de 14 (NST=1/RRA, soit 1/(0,026-0,095)) mais pas de diminution significative du nombre d'hospitalisations
  2. Chez les nouveaux-nés et nourrissons prématurés et/ou porteurs d'une affection grave : l'étude contrôlée indique une diminution significative du nombre de crises (NST = 14) et du nombre d'hospitalisations (NST = 62, soit  1/(0,022-0,096)).

Ce que l'on sait sur la plan de la tolérance :

  • Une étude spécifique de tolérance a été réalisée nirsevimab vs palivizumab (étude MEDLEY : LA) et non par rapport à un placebo et au moins un effet indésirable chez plus de 60 % des sujets dans les deux groupes (ce qui est beaucoup) et dans les groupes nirsevimab, et non attribués au produit : 5 décès 
  • Dans l'essai chez les enfants "sains" : 3 décès dans le groupe nirsevimab
  • Dans l'essai chez les enfants "fragiles" : 2 décès dans le groupe nirsevimab et 3 dans le groupe placebo 


Notes : 
RRR = Réduction du Risque Relatif
RRA = Réduction du Risque Absolu

DERNIERES NOUVELLES.

La société savante des médecins généralistes (@CNGE sur twitter) communique ce 29 septembre 2023 et confirme tout à fait l'analyse que nous avions faite.



A lire absolument : ICI (le lien ne fonctionne pas...). Pas plus sur le site du CNGE.


PS du 08/10/2024 : Rapport de pharmacovigilance de l'ANSM !

C'est ICI.

Il commence par un résumé d'efficacité présenté en chiffres relatifs tout à fait conforme à ce qu'écrit l'HAS (et en contradiction avec le CNGE). Les agences gouvernementales se serrent les coudes.

En revanche, la partie proprement pharmacovigilance est intéressante. 

Page 42 du rapport : 3 signaux potentiels de pharmacovigilance.


Des considérations tout à fait surprenantes sur les problèmes d'efficacité pour le nourrisson du vaccin contre le VRS chez la femme enceinte.


Enfin, le risque d'hypersensibilité allergique pose le problème de la deuxième saison pour les enfants de moins de 24 mois. Des données de pharmacovigilance supplémentaires sont nécessaires.





lundi 18 septembre 2023

BeyfortusⓇ/Nirsevimab : nouvel épisode de la toute-puissance du complexe santéo-industriel français.



L’affaire BeyfortusⓇ/nirsevimab est tellement lamentable que j’hésite à la recommenter (déjà fait ICI) car je me sens pousser des ailes de méchanceté qui ne vont pas accroître ma popularité déjà bien compromise sur les réseaux sociaux. 


Les mêmes causes produisant les mêmes effets car le système, quelle que soit la bonne volonté de tous les participants, ne change pas et n'est pas près de changer en raison des intérêts mêlés qui l'animent de façon de plus en plus chaotique, l'affaire BeyfortusⓇ/nirsevimab/Sanofi ressemble presque ou pas encore à l'affaire MediatorⓇ/benfluorex/Servier sur le plan de la corruption des esprits et sur celui de l'incompétence des agences gouvernementales.

 

Mais ne nous laissons pas distraire.

La veille de la publication de la recommandation de remboursement du BeyfortusⓇ, imaginons que nous ne nous trouvions pas sur le seuil du vaste appartement de fonction du PDG (on dit CEO en anglais) de Sanofi-Aventis au moment où se congratulent trois membres éminents de l’intelligentsia de la santé, du comité central du capitalisme d'Etat ou du QG du complexe santéo-industriel français dont la caractéristique majeure est la soumission au capitalisme d'Etat. 


Il y a là trois non médecins (il faut cependant reconnaître que le fait de nommer un médecin à la tête du Ministère de la Santé n'est pas une garantie de qualité : les médecins espèrent qu'il n'est pas aussi mauvais homme politique qu'il est médecin et les hommes politiques qu'il n'est pas aussi mauvais médecin qu'il est mauvais homme politique)


Aurélien Rousseau avec son accent du sud à éclipse, son ventre bedonnant, son art d’être toujours sur la photo dans des lieux de soin (et sans masque pour qu’on puisse mieux l’admirer et ne pas le confondre avec Agnès Buzyn) et son aura construite par des communiqués de presse sur son rôle éminent dans la gestion du Covid à la tête de l'ARS d'Île-de-France (sans masques toujours). 


Aurélien Rousseau ne masque pas son enthousiasme pour la transmission aéroportée des virus.


Thomas Fatôme et son air de faux jeton qui a toujours des bonnes notes parce qu’il copie sur sa voisine (je ne dis pas qu’il s’agit de Marguerite Cazeneuve) et ses déclarations toujours aussi aimables en tant que directeur général de la CNAM à l’égard des médecins généralistes libéraux, vous savez ces types qu’on invite dans des dîners et qui piquent du nez dès les premières olives avalées parce qu’ils sont en pleine forme, qu’ils ne font que de la bobologie et ne cessent de remplir des arrêts de travail de complaisance, après s’être fait payer leurs études par le contribuable, 


Thomas Fatôme en train de sourire à la destruction définitive des soins primaires.



Nicolas Revel, le directeur d’un Etat dans l’Etat, l’AP-HP, où il y a plus de PUPH que dans toute la France mais moins de publications internationales que partout ailleurs dans le monde, un haut fonctionnaire qui fait douter des lois de l’hérédité, mais il est vrai qu’il n’est pas un petit pois, quand on se rappelle le bon esprit de sa maman et l’intelligence hors norme de son papa. L'analyse de ses déclarations présentes et passée indique qu'il pourrait se reconvertir comme professeur de langue de bois.




Nicolas Revel s'interrogeant sur sa destinée grandiose.


Mais il n'y a pas lors de cette réunion de travail destinée à polir les éléments de langage et à distribuer les tâches dans les différents lieux de pouvoir, cette réunion ne comportait :


ni la directrice générale de l’HAS dont tout le monde a oublié le nom (même elle), mais, pour vous mettre sur la piste, ce n’est pas une ex-joueuse de tennis qui aurait trempé dans l’affaire Mediator, et, rassurez-vous, elle est désormais sèche et elle n’a pas révélé qui l’avait poussée dans la piscine, 


ni la directrice de l’Agence du médicament qui, pour le coup, n’est connue que de son employée de maison qui aurait au moins pu rédiger une (courte) note biographique sur Wikipedia puisqu’elle est non répertoriée au bataillon de cette institution respectable, 


ni Stéphanie Rist, à court d’acide hyaluronique, et qui réfléchit encore à l'admirable réforme qu'elle a portée pour redonner de la place aux soignants


ni Agnès Firmin-Le Bodo, à court de tenues différentes pour ne pas faire de doublon sur X (ex-twitter) tant le nombre de ses apparitions photographiques force le respect.


et j’en oublie certaines et certains qui ne protesteront pas pour éviter l’effet Streasand. 


Pardon donc pour les autres sous-fifres que j’ai oubliés, dont le professeur Christian Rabaud, directeur général de la santé, infectiologue de renom qui a réussi à décrocher un poste connu pour être la récompense suprême des has been ou de ceux qui ont quelque chose à se reprocher ou que l’on veut faire taire (il suffit de regarder les précédents DGS). 


Quant à la directrice de l’ARS Ile-de-France dont le titre de gloire majeur est d’être très proche du PR, elle n'a pas réussi à être de la compagnie.

 


 Éléments de langage

En sortant de chez le PDG dont le nom ressemble à celui d’un fleuve états-unien où Tom Hanks a réussi à poser son avion, les participants rendent leurs portables/armes comme dans toutes les bonnes séries policières états-uniennes au cas où un petit malin aurait voulu assurer ses arrières quand on lui reprochera d'avoir joué le rôle de délégué à l'information médicale et/ou pharmaceutique du premier laboratoire français… 


Le message pas du tout subliminal de Sanofi est clair : « Ce n’est pas un vaccin, ce n’est pas un vaccin, c’est un anticorps monoclonal (nos visiteurs médicaux ont été conviés à faire des exercices de prononciation - an ti corps mo no clo nal- pour ne pas s’emmêler les crayons devant les micros qui vont se tendre vers eux et éviter également de prononcer le nom imprononçable de la molécule -nirsevimab/nirvesimab), c'est un anticorps monoclonal, ça diminue les hospitalisations de 80 %, ça diminue les hospitalisations de 80 %, et y a pas d’effets indésirables, y a pas d’effets indésirables. » Il y a donc 4 trucs à répéter, c’est pas compliqué, les trois VM ne sont pas médecins et ont tous fait l’ENA (comme Ségolène Royal ou Valérie Pécresse pour donner du poids à la valeur de l’ENA), il suffit de répéter.

 

Une molécule pas terrible.

On rappelle la recommandation de la HAS qui est favorable au remboursement de cette molécule qui, pourtant, pardon de faire le malin et de rappeler des données de base sur les médicaments, est cataloguée IV ou V selon les indications et les nourrissons pour l’Amélioration du Service Médical Rendu (ASMR), c’est-à-dire une amélioration mineure ou absente et présente un SMR (Service Médical Rendu) modéré à faible selon les indications. Pour mémoire, le macrogol, un laxatif bien connu et qui, sans nul doute, utilisé à dose presque toxique empêche un passage aux urgences tous les deux malades, a un SMR modéré… 



J'en ai fait l'analyse ICI et je vous prie d'excuser mon outrecuidance à m'auto-citer.

 

La HAS recommande avec de puissants liens/conflits d'intérêts.

La recommandation de la HAS, rédigée par des experts auréolés de liens d’intérêts (l’auréole leur a été fournie par le Club des Plus T’es Sponsorisé Par l’Industrie et Plus T’es Bon – PTSPIPTB, club vanté par Agnès Buzyn, celle dont le mérite a été, outre le déremboursement de l’homéopathie qui continue d’être prescrite par de grands PU-PH et par leurs sbires dans de grandes maternités de France et de Navarre, de s’être dégagée de la responsabilité de la lutte contre le Covid grâce à une sextape), experts tellement sponsorisés que même la HAS a dû reconnaître que nombre d’entre eux n’avaient pas participé au vote final pour la recommandation, ce qui a réduit de façon drastique le corps électoral à deux personnes pour ce qui est de la Société Française de Néonatologie dont le président a 91 déclarations de liens d’intérêts avec l’industrie dont 12 avec Sanofi… Les évaluations de la HAS, ce n’est pas comme le disait Jean-Luc Godard à propos d’autre chose, 50 % pour les sanofiens et 50 % pour les non-sanofiens, mais tout pour Sanofi.


Cette recommandation a été faite essentiellement à partir d'un essai randomisé chez des nourrissons en bonne santé (ICI) qui comparait le nirsevimab à un placebo. Faisons remarquer que le critère hospitalisation n'était pas le critère principal mais un critère exploratoire (on sent combien les promoteurs de l'essai avaient confiance en leur produit).

 


Le malaise des PU-PH de qualité

L’enseignement de la médecine en France est assurée par les PU-PH, ces PU-PH qui affirment que la médecine est une science, ce qui est une vaste rigolade, et que tous les médecins, sauf eux, sont des nuls qui ne connaissent rien à la médecine, mais la majorité d’entre eux, c’est un sondage piloté par l’IHU de Marseille, ne connaissent pas la différence entre la réduction du risque relatif et celle du risque absolu, pas plus que la hiérarchie des types d’études ou la gradation des recommandations. Le pire vient de ce que certains enseignent ces notions basiques aux étudiants et ne les appliquent pas quand ils lisent des articles. Cela nous rappelle follement les cours que l'on peut voir en ligne du sinistre professeur Didier Raoult quand il parle de statistiques, d'études cliniques, voire de microbiologie. Quant aux non-PU-PH, cela ne les exonère pas de cette triple dissonance cognitive (une qualification moderne et sophistiquée de la bêtise et/ou de l’ignorance), surtout les médecins généralistes qui ont des positions universitaires et dont la seule ambition est d’atteindre en douceur cette triple dissonance pour en être.

La conclusion de la HAS est simple : le produit est nul, il ne diminue pas le nombre des hospitalisations des enfants en bonne santé nés à terme, mais il mérite quand même le remboursement (le prix qui va être accordé à cette molécule va sans doute donner le vague-à-l’âme à certains salariés des hôpitaux et pas seulement aux PU-PH).

 



Le complexe santéo-industriel est lancé et le marketing-mix est bien rôdé. 





Je vous ai déjà raconté l'histoire dans un billet précédent (toujours LA).

Tout le monde s'y met. Et notamment une pédiatre détestée par les covidistes (on y reviendra si on en a le temps) la professeure Christèle Gras Le Guen ...


 


Deus ex machina.

L’analyse de la HAS ne prenait pas en compte toutes les études publiées concernant le nirsevimab ! Et notamment celle concernant les enfants prématurés (LA)


On vous l'avait bien dit !


Le professeur Elisabeth Leca a fait une remarquable analyse de ce happy end sur le site du Vidal qui est sponsorisé à presque 100 % par l'industrie pharmaceutique (LA), ce qui montre quand même que l'affaire est grave, et son analyse confirme grosso modo ce que j'avais écrit sur le blog (pardon encore pour cette auto promotion, cela n'a pas bonne presse mais il fallait le redire) et elle précise la manipulation qui a été faite : il a fallu regrouper deux études distinctes, l'une chez des nourrissons en bonne santé, l'autre chez des nourrissons prématurés pour obtenir un résultat sur la prévention des hospitalisations qui n'était qu'un critère exploratoire ! 


On n'est pas très loin des études alaraoult sur le plan protocolaire, sur le plan méthodologique, sur le plan de la confusion des résultats.


Pour finir : confusion des esprits.

Le positionnement des intervenants sur l'affaire BeyfortusⓇ ne manque pas de sel.

Comme je l'ai rappelé plus haut, la différence entre la réduction du risque relatif et celle du risque absolu, pas plus que la hiérarchie des types d’études ou la gradation des recommandations, de nombreux médecins quand il s'agit de croire à leurs croyances s'en moquent comme de leur premier marteau réflexe...

Les études non randomisées et/ou non contrôlées qu'ils vénéraient dans le Covid leur paraissent suspectes pour le VRS.

Le vaccin contre la grippe saisonnière qu'ils critiquaient avant le Covid, qu'ils ont adoptés pendant le Covid et dont les forts critères d'inefficacité leur paraissaient acceptables, ils ne savent plus trop quoi en faire... 

Certains ont peur de critiquer le nirvesimab parce que certains l'assimilent à un vaccin et ils ne voudraient pas qu'on les assimile à des antivaxx.

C'est le bal des hypocrites.

Pourtant, c'est simple, l'appareil d'Etat impose, recommande, appuie fortement, un anticorps monoclonal sur la base d'études trafiquées par une multinationale française.

What else?



samedi 9 septembre 2023

Histoire de santé publique sans consultation : une médecine rêvée et hors-sol. Episode 13.



Le meilleur copain d'un de mes copains (médecin) s'appelle A et c'est un riche garçon qui a fait fortune (le mot n'est pas exagéré) dans le commerce. Il continue de travailler en emploi-retraite non pas tant parce qu'il aime son boulot mais parce que son boulot est un boulot de contact (il adore parler) et qu'il aime les contacts (et pas seulement vocaux). La deuxième raison : sa femme l'emmerde. Donc, quand il est au boulot, sa femme ne l'emmerde pas. Pour le reste : cela ne me regarde pas et je n'ai surtout pas beaucoup de détails.

A croit en la médecine mille fois plus que moi.

Il a 66 ans.

Je résume : 

  • son médecin traitant lui dose le PSA une fois par an *
  • il consulte un cardiologue une fois par an alors qu'il est totalement asymptomatique *
  • Il mange une statine en prévention primaire (il ne prend aucun autre médicament) *
  • il consulte une dermatologue ("elle est extra") une fois par an qui lui fait à chaque fois une cartographie de ses "grains de beauté" pour la modique somme de 90 euros *
  • il fait une coloscopie tous les 5 ans (son gastro-entérologue lui a dit que l'hemoccult, ça ne servait à rien) *
  • il a la bouche refaite d'implants
  • il est en surpoids
  • il ne fait jamais d'exercice physique (et encore moins de sport)
  • il a un ostéopathe particulier qu'il va voir chaque fois qu'il a mal au dos, au cou ou je ne sais pas où
  • il porte éventuellement des semelles orthopédiques en raison de pieds plats *
  • il a déjà mangé des granules homéopathiques et la médecine chinoise ne lui fait pas peur
  • quant au reiki, c'est une option 
  • il ne fume pas 

What else?

Quant à sa femme, 64 ans, qui travaille également (je ne sais pas si les raisons sont les mêmes que son mari, mon copain ne m'en a pas parlé), elle est suivie par une super gynécologue qui lui palpe les seins*, qui lui fait faire une échographie/mammographie tous les ans* (depuis l'âge de 40 ans* et il n'y a pas d'antécédents dans la famille), un frottis annuel* et le gastro-entérologue fait itou pour la coloscopie*. Le reste, je ne sais pas, ma source est muette.

Quelques données.

Rappelons que les check-up annuels n'ont jamais fait la preuve de leur "efficacité. ICI

Rappelons aussi qu'aucun dépistage organisé ou non (colon, cancer du col, ovaire, prostate, sein) n'a jamais diminué la mortalité globale. LA


Médecine des riches ou médecine tout court ?

Est-ce seulement la médecine des riches ou est-ce la médecine consumériste ascientifique où la prescription d'examens complémentaires tient lieu de prière chamaniste et s'apparente à un médicament sans AMM, ou est-ce la médecine du bien-être où les séances de yoga pourraient être remboursés au même titre que l'efficacité anti stress de la lecture d'un livre de Je vous laisse choisir ?

C'est la médecine des riches que d'aucuns, les représentants des industriels de la pharmacie comme des matériels (et les professionnels concernés) comme les partisans de l'accès aux soins universel sans définition de ce qu'est le soin ou la santé publique, voudraient généraliser à tous pour des raisons mercantiles et en faisant payer par l'Etat, les mutuelles et les assurances des soins inutiles qui ne concourent pas à l'amélioration de la santé publique mais à l'enrichissement des actionnaires.

Rappelons également que l'Assurance maladie et les mutuelles privées remboursement l'intégralité ou presque de ces aberrations médicales, de ces pratiques contraires aux recommandations, à la bonne pratique au Choisir Sagement, à la prévention quaternaire. C'est à dire que l'Assurance maladie et, accessoirement les mutuelles qui sont devenues obligatoires pour les salariés, rembourse les riches qui exagèrent l'accès aux soins et que ce sont les pauvres, les CSP -, ceux qui ont le moins accès aux professionnels de santé qui paient pour eux sans en profiter.


On ne pourra éviter une réflexion sur le contenu de la santé.




* Contraire aux recommandations.

vendredi 1 septembre 2023

Remboursement du Beyfortus (nirsevimab) dans la bronchiolite aiguë du nourrisson due au Virus respiratoire Syncitial : le naufrage de la Haute Autorité de Santé.



La communication Beyfortus®/nirsevimab est une histoire triste car c'est la répétition, le bégaiement et la palingénésie de la déliquescence avancée de la santé publique française et internationale. 

Au centre de cette affaire, nous observons la corruption des esprits, la corruption des savoirs et la corruption des comptes en banque.

Avec comme contexte plus général, l'importance du complexe santéo-industriel (comme on parle du complexe militaro-industriel).

Je vous raconte l'histoire française. 

Pour les profanes, il ne s'agit pas d'un vaccin mais d'un anticorps monoclonal, donc, le premier, et j'ai des sources, qui disent que cet article est antivaxx, a droit à une entrée directe au Paradis des khons.

Le produit/molécule est le fruit d'un développement conjoint entre Sanofi et Astra Zeneca.

1. La Haute Autorité de Santé (HAS)

1.1 La HAS fait paraître ICI un avis le premier août 2023, un avis favorable au remboursement du produit pour, simplifions, le traitement préventif de la bronchiolite aiguë du nourrisson : 


Il me paraît important que vous le lisiez en détail et, notamment ce qui concerne les analyses des essais cliniques qui ont permis de forger l'avis de la HAS sur le remboursement et l'établissement des SMR et ASMR.

Le pitch est celui-ci : "Un progrès dans la stratégie dans la prise en charge de la population non éligible au Synagis®/palivizumab"

Le Synagis®/palivizumab a déjà obtenu le remboursement à 100 % dans l'indication "bronchiolite aiguë du nourrisson" en 2007, (voir LA les détails). Le problème avec cette molécule vient de que l'injection préventive doit être faite avant le déclenchement de l'épidémie de bronchiolite, mensuellement, au maximum 5 fois selon les études, que son prix est important (c'est un euphémisme : 403 à 670 € par injection), et que les études ne montrent pas de diminution significative du taux d'hospitalisation !

Le SMR est faible, l'ASMR est IV (mineure).

Ainsi le Synagis®/palivizumab est-il un produit peu efficace et sur prescrit hors AMM.

Par quoi va-t-il être remplacé?

Par une molécule dont l'ASMR est IV (mineure) et le SMR V (absent) !

Et dont le prix, n'en doutons pas, sera élevé.

Ainsi, la HAS est favorable au remboursement d'une molécule qui, comparée à une molécule sans intérêt médical (et c'est l'HAS qui le disait), n'est pas supérieure à celle-ci.


1.2 Les méthodes de la HAS pour évaluer

L'évaluation des molécules est confiée à la Commission de la Transparence dont vous pouvez voir la composition  : LA.

L'HAS a aussi dans son avis cité l'opinion de la Société Française de Néonatalogie (SFN) et du Groupe de Pathologie Infectieuse Pédiatrique (GPIP), qui est inclus dans la précédente,  en date du 05/06/2023. "Il a été approuvé à l’unanimité par le bureau de la SFN à l’exception de ceux de ses membres ayant des liens d’intérêt, qui n’ont pas participé au vote."

Voici le bureau de la SFN (son site ne rapporte pas de "Mentions légales" contrairement à ce qu'exige la loi) :


(A noter que le président a 91 déclarations de liens d'intérêts financiers avec l'industrie dont 12 avec Sanofi et qu'à part 2 d'entre elleux, toustes ont des liens avec Sanofi et/ou Astra Zeneca).

1.3 La présentation des résultats.

La HAS, agence gouvernementale, présente les résultats des essais en faisant preuve d'un innumérisme institutionnel qui avait déjà été dénoncé par Benoit Soulié (ICI) puisqu'elle ne fait part que de la réduction du risque relatif (RRR) et non de la réduction du risque absolu (RRA) et, ainsi, omet de préciser combien il faut traiter de sujets pour éviter un événement (nombre de malades à traiter).

La HAS, agence gouvernementale, ne connaît pas non plus la hiérarchie de valeur des essais cliniques puisqu'elle met en avant les résultats positifs d'un essai "ouvert" (HARMONIE) contre les résultats négatifs d'un essai contrôlé (MELODY).

Rappel :



En résumé pour le Beyfortus®/biservimab : 

  • Les études contrôlées ne montrent pas de bénéfice significatif chez les enfants bien portants
    • sur le nombre d'hospitalisations
    • sur la nécessité de proposer une oxygénothérapie
    • sur la mortalité
  • Il faut traiter 27 enfants pour éviter une crise de bronchiolite dans l'étude MELODY
  • A noter que pour l'étude ouverte HARMONY, il faut traiter 83 enfants pour éviter une hospitalisation.


2. Le complexe santéo-industriel. 

2.1 Le ministère de la santé a fait fort : 


Le point le plus important, c'est la communication gouvernementale : grâce à ce produit, on va diminuer le nombre d'hospitalisations ! 

C'est faux.

Le reste est littérature.

2.2 La Direction Générale de la Santé.

Un communiqué DGS Urgent : LA.



2.3 Le Collège de la Médecine Générale qui n'a fait preuve d'aucun semblant de critiques et qui a montré, mais on est habitués, son innumérisme et ses croyances : LA.




2.4 L'AP-HP


2.5 Le meilleur infectiologue de toutes les terres émergées : Nathan Peiffer-Smadja


2.6 La presse grand public


2.7 La Revue Prescrire, qu'on a connue plus travailleuse et mieux éclairée, approuve éventuellement l'anticorps monoclonal (ICI).




2.8 Quant à Sanofi, après avoir fait travailler son service de presse, publié des commentaires élogieux sur sa molécule (LA), passé des coups de fil ad hoc, le laboratoire se tourne les pouces tout en essayant d'obtenir le meilleur prix possible.

L'argumentation est simple : une étude ouverte diminue le risque d'hospitalisation, les hospitalisations pour bronchiolite, ça coûte cher, donc on va produire une étude médico-économique favorable et passer muscade.


Félix Vallotton

PS : Rajout du 15/09/2023


Un article de Lacet Elisabeth dans Vidal : LA

Il ajoute les données de la deuxième partie de l'essai Melody, confirme que le critère "Hospitalisations" était un critère secondaire et que les résultats chez les enfants "sains" ne sont pas encourageants.


PS du 18/09/2023 : deuxième volet (et deuxième billet) sur la question : c'est LA

mercredi 23 août 2023

Un Congrès à Chicago. Une pause vacancière avant le retour de l'épisode 57.

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

Photograph: Courtesy Beat Kitchen



L'épisode 56 n'a pas eu de suite immédiate en raison de vacances. 

Mais l'affaire n'est pas terminée.

Je m'étais imposé la contrainte d'écrire un épisode par jour.

Sans anticiper.

Mais je n'avais pas imaginé que cela durerait aussi longtemps.

Pour ceux qui n'ont pas participé à l'aventure, vous pouvez tout reprendre depuis le début.

C'est ICI.


L'intérieur du Congrès (et son gigantisme)



Photo : Institut Jules Bordet

Photo Gustave Roussy


mercredi 16 août 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : Ursula fait semblant de revenir. 56

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

56

Ursula fait semblant de revenir.


Milstein est assis au sous-sol du palais des congrès et sa colère est (presque) retombée. Il se remémore toutes les séries policières américaines qu’il a vues sur NetflixCanal ou Prime et il se dit que tout va se passer maintenant, il attend l’avocat de la firme et pour l’instant il est envahi par la culpabilité, il se demande encore comment un type aussi expérimenté que lui a pu se faire piéger par une telle nana. Les insultes qu’il a lancées dans la salle s’adressait à Ursula car il n’avait pas pu imaginer que Cora était à l’origine de l’affaire. Sa colère remonte, il serre les points, il donnerait bien des coups de poing sur la table qui est en face de lui mais il se retient. Il va falloir que toute l’énergie négative qu’il a accumulée depuis le passage des premiers écrans compromettants se transfère vers autre chose. Il envisage à peine qu’une firme concurrente ait pu le piéger, sans doute trop dangereux pour la firme elle-même… Qui, à part Ursula, cette salope d’Ursula, aurait eu des raisons de l’humilier ?  Il a quand même un peu de mal à imaginer Ursula en train de monter un truc pareil. Qui sont ses complices ? Poser des caméras dans une chambre d’hôtel n’est quand même pas à la portée du premier venu, piéger une clé USB et la substituer demande au moins la complicité des techniciens du congrès. Il est perdu.

Les interrogations fusent dans sa tête et les deux hommes de la sécurité le bombardent de questions. Il joue au con de Français qui ne comprend pas l’anglais et cela a presque l’air de marcher. Il ne peut quand même pas leur dire qu’il se réfugie derrière le cinquième amendement... L’avocat de la firme arrive enfin au bout d’une petite demi-heure et Milstein est emmené après un bref interrogatoire où il n’a pas eu son mot à dire jusqu’au cabinet des avocats sis dans la Willis Tower.

Le blogueur masqué a décidé, lui, qu’il n’attendrait pas le petit matin pour diffuser ses informations. Il a commencé à envoyer tweets sur tweets en français comme en anglais tout en peaufinant son premier billet et en envisageant le deuxième qui sera plus spécifique sur les titres et travaux du professeur Norbert Milstein. Il réveille son amie Wendy pour qu’elle corrige la version anglaise dont il n’est pas sûr à cent pour cent. Sa stratégie est simple : les congrès, depuis le covid, ne devraient plus être organisés en présentiel, et si c’est le cas, c’est pour, dans l’ordre, asseoir la corruption de l’industrie pharmaceutique non seulement auprès des agences gouvernementales mais de leurs membres tout en nourrissant les futurs prescripteurs, faire du hype boursier et médical, et favoriser les rapports humains tant sur le plan du sexe que de la réciprocité industrielle.

Rien de nouveau sous le soleil de Satan de la santé publique mondiale.

Quant à la Firme 2, elle est en train d’organiser la stratégie et les avocats se creusent la tête pour faire le moins de dégâts collatéraux possibles (pour la molécule, pas pour Milstein, même si les deux sont étroitement liés). 



(Pour tout relire depuis le début : LA)

mardi 15 août 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : Milstein dans la tourmente. 55

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

55

Milstein dans la tourmente.


Les agents de sécurité emmènent manu militari le professeur Norbert Milstein dans un petit bureau du sous-sol où deux inspecteurs commencent à l’interroger. Berson lui a recommandé de ne pas prononcer un mot et d’attendre que l’avocat de la firme arrive : il obéit.

La direction de l’ASCO est sur le point d’enquêter sur le pourquoi du comment du piratage de la clé USB et s’il n’existe pas des complicités internes (il en existe).

Kubistki, du cabinet Morgenstern, Levi and Rosenkranz (Cora Milstein est née Rosenkranz) exfiltre Cora et Jonathan Milstein du palais des congrès et les emmène directement à O’Hare où un vol les attend pour la France. Un adjoint de Kubistki a profité de la crise de colère de Milstein et de la confusion dans la salle pour récupérer la clé USB fichée dans le Mac.

Pierre Gers est assis dans un coin de salle avec plusieurs représentants de la firme franco-états-unienne. C’est une réunion de crise. On se moque de Milstein car ce qui importe c’est quand même la molécule et le prochain hearing devant la FDA. Il faut cependant s’occuper du professeur pour éteindre l’affaire privée et l’incendie industriel. Un communiqué de presse est en train d’être rédigé.

Les sessions continuent de se dérouler dans les autres salles du congrès. L’histoire de Milstein va prendre une dimension internationale, les premières mentions sont apparues sur les réseaux sociaux et ne vont pas tarder à être reprises par les chaînes d’information US et françaises. Les oncologues français ne savent pas sur quel pied danser mais il leur semble raisonnable d’adopter une attitude digne en public. Même si en privé les ricanements sauvages vont bon train et les blagues de mauvais goût éclatent comme des bulles.

Le blogueur masqué a commencé d’écrire un billet au vitriol sur les pratiques sexuelles dans les congrès médicaux qui va laisser des traces dans les couples des congressistes qu’ils soient oncologues, infectiologues, cardiologues, ophtalmologues ou urologues. L’auteur anonyme du blog que tout le monde dit connaître mais qui n’a pas encore été officiellement ou officieusement doxxé n’est pas sur site à Chicago mais un de ses amis qui était dans la salle l’a informé. Il suffit au blogueur masqué d’initier le buzz en déroulant toutes les anecdotes qu’il connaît sur la sexualité dans les congrès, une expérience personnelle et communautaire, acquise par une collection incalculable de ouï-dire, de ragots, de on-dit, de vantardise et de vérités qu’il n’a pas besoin de vérifier car il n’est pas journaliste. 

A sept heures françaises le billet paraîtra sur le blog annoncé par un tweet alléchant. Il sera toujours temps ensuite d’écrire un billet moins évasif sur les pratiques délictueuses de Milstein tant pour les essais cliniques que pour ses consultations privées à l’hôpital ou ses accointances financières avec l’industrie pharmaceutique.



(Pour lire Un Congrès à Chicago depuis le début, c'est ICI)