dimanche 7 avril 2024

Bilan médical du lundi premier au dimanche sept avril 2024 : féminisation de la médecine générale, Attal : mort des soins primaires, méta-analyses, maladies chroniques, obésité, choix des traitements, paxlovid : stop, les pédiatres détestent les MG, soins palliatifs.

Brigitte Dormont déteste les soins primaires libéraux.


Féminisation de la médecine générale : une bonne chose pour les hommes MG !

Les attaques contre les femmes médecins généralistes viennent de partout et il est probable, soyons prudent, que ce soit un vieux fond de misogynie associé au discours dominant du patriarcat.

Passons sur la réflexion récurrente et pas toujours vraie/fausse : quand une profession se féminise, c'est qu'elle perd de sa valeur. Et les crétins de citer l'enseignement. 

L'idée première est celle-ci : les femmes MG travaillent moins que les hommes MG (en durée hebdomadaire, cela va sans dire). Elle travaillent moins, donc, disent les imbéciles, elles pénalisent les patients (les médecins le disent, les patients le disent, les économistes de la santé le disent) en réduisant l'offre de soins. 

Des données de 2012 (ICI) indiquaient seulement 10 % de temps de travail en moins.

Des données plus récentes de 2015 (LA) indique que le volume d'activité des femmes médecins était inférieur de 25 % à celui des hommes médecins. 

Ce sont des statistiques de faible niveau de preuves.

Retenons que les femmes MG travaillent moins que les hommes MG.

Essayons de réfléchir.

De quoi est-ce le symptôme ?

Rappelons que les données déclaratives des médecins sur leur temps de travail sont sujettes à caution (ils ont tendance à exagérer) et, dans le même temps, ils oublient les tâches administratives faites au ou hors cabinet (à leur domicile).

Quand la profession était très masculine, n'oublions pas que les femmes des MG hommes, surtout en province et en campagne, étaient souvent des bonniches non rétribuées qui répondaient au téléphone, servaient de secrétaires, classaient les factures, faisaient le ménage, s'occupaient de l'intendance, de la maison, des enfants, et cetera.

Les choses ont changé.

Les femmes MG, selon les données dont nous disposons, ne disposent pas d'un mari homme à tout faire, répondant au téléphone, servant de secrétaire, classant les factures, faisant le ménage, s'occupant de l'intendance, de la maison, des enfants, et cetera.

Elles veulent donc travailler moins. 

Et elles ont raison.

Tant et si bien que les hommes MG dont l'esprit était brouillé par le patriarcat, l'orgueil, la vocation et le pouvoir, ont commencé à se rendre compte qu'il était nécessaire de moins travailler. 

Les femmes MG ont donc été le facilitateur de la prise de conscience que la médecine générale, même exercée par des hommes, pouvait être une activité presque normale, avec des horaires presque normaux et une qualité de vie presque normale.


Premier Ministre hors sol torpillant les négociations conventionnelles.


Accès direct chez le spécialiste d'organe annoncé par Gabriel Attal.

Un seul commentaire : courage, les cardiologues, les dermatologues, les pneumologues.

Courage, les patients : les délais de rendez-vous vont s'allonger et les non-motifs de consultation d'un spécialiste d'organes augmenter.


Lapin à 5 €


Le traitement des maux de gorge et celui des cystites exfiltrés de la médecine générale.

Ou : comment faire de la médecine générale une spécialité d'organes en la confiant à des sous-spécialistes.

J'ai fait un fil sur X que l'on peut lire facilement sans X : ICI



La MGEN ne traite toujours pas les ALD



Les méta-analyses.




Le top du top ou le top du flop ? LA


Les méta-analyses sont censées clore les débats scientifiques. Souvent, elles entraînent encore plus de controverses.



Les maladies chroniques touchent plus souvent les personnes modestes...



... et réduisent davantage leur espérance de vie.

Le rapport est LA.

Nous en parlerons en détail la semaine prochaine.




La médecine anti-obésité des États-Unis d'Amérique se fait à la corbeille.



Plus de 9 millions de prescriptions de Wegovy (semaglutide) et d'autres molécules injectables aux EU d'Amérique pour les seuls 3 derniers mois de 2022. Les chercheurs de JP Morgan estiment que 30 millions de personnes pourraient utiliser des médicaments de la classe des GLP-1 en 2030, soit 9 % de la population...

Ces produits sont commercialisés en France t assèchent l'offre de soins pour les diabétiques.

Confusion dans le processus de choix des traitements.


Ce ne sont pas seulement les modèles théoriques qui confondent, ce sont aussi les médecins. Ils confondent la décision clinique (faire le diagnostic et envisager les prescriptions possibles) et la décision partagée ("Voici les avantages et les inconvénients des options thérapeutiques, décidons de celle qui sera la mieux adaptée pour vous).


Voici à quoi ressemble le covid long.


Via @JenSeniorNY

Si vous voulez en savoir plus sur l'EBM+, c'est LA.

Le paxlovid ne sert à rien (par rapport à un placebo) !

Nous allons être diplomates : compte-tenu de la situation épidémiologique actuelle (le virus circulant du Covid), la prescription de paxlovid chez des patients vaccinés ambulatoires présentant au moins un facteur de risque de gravité ne sert à rien. Pas plus chez les patients ambulatoires non vaccinés, insuffisamment vaccinés ou déjà Covidés.

L'étude est ICI.

Encore une fois (mais on va dire que je me répète) : rien ne vaut une étude contrôlée (même imparfaite) que les bruits de chiottes des études observationnelles cueillies quand elles confirment les préjugés. Voir ce papier : LA.

Le paxlovid ne sert plus à rien en ambulatoire, vaccinés ou non : arrêtez d'en prescrire !


Déprescrire.


Les pédiatres détestent les MG (sans les connaître) !

Les pédiatres hospitaliers pensent que la pédiatrie de ville doit s'apprendre à l'hôpital avec des malades hospitalisés : ils ont publié une tribune en ce sens dans Le Figaro. Ils ajoutent, les salopards, que si la mortalité infantile augmente en France, c'est à cause de ces putains de MG mal formés ! Vous chercherez vous-même le lien : c'est tellement Khon... Allez, je vous fais une fleur : c'est LA.

Les pédiatres hospitaliers répondront-ils à l'invitation du @DrePetronille s'exprimant sur X ?


La suite est sur X : LA.


Soins palliatifs et aide à mourir : va falloir en parler.



Le livre de la semaine : 






lundi 1 avril 2024

Bilan médical du lundi 25 au dimanche 31 mars 2024 : Servier délinquant et adoubé, corruption des médecins aux US et en France, opacité de l'EMA, études observationnelles alakhon, Bernie Sanders, lombalgies : échec de l'exercice, PSA, CAC et bureaucratie.

Via @kiki2larc
Le visage à l'origine du Saint Suaire enfin révélé.


Difficile de publier un bilan médical de la semaine un premier avril !

Ce sera donc le seul poisson d'avril.


Le reste est "vrai".


Servier a gagné.

Servier est revenu dans l'appareil d'Etat.

Servier arrose, corrompt, triche, handicape, tue et les médecins s'en moquent. Ils ont prescrit (pas tous) du mediator et ils n'ont jamais été inquiétés. Jamais un obésologue, un endocrinologue, un diabétologue, un charlatonologue, n'a été poursuivi en justice pour avoir prescrit du médiator hors AMM à des patientes (la majorité) dans une indication sans objet et pour des raisons de clientélisme.

Les congrès de cardiologie continuent d'être sponsorisés par le laboratoire Servier.

Des études cliniques continuent d'être menées et des médecins acceptent l'argent de Servier pour des essais d'implantation, des essais sans portée pour les patients, pour des molécules qui ont fait cent fois la preuve de leur inintérêt.

Et le ministre de la santé, Frédéric Valletoux, qui a été pendant de nombreuses années, président de la Fédération Hospitalière Française (la FHF) ne sait pas que Servier est un groupe criminel. Il participe à une manifestation organisée par le journal L'Opinion, organe de presse "pro-business", dirigé par Nicolas Beytout et dont les actionnaires minoritaires sont Bernard Arnault (22,8 %), la famille Bettencourt (17,1 %) et Murdoch (7,6 %). Il participe à un colloque où le nom de Servier apparaît en gros sur les écrans, comme une bannière.

Encore une fois la santé publique est bafouée.


Roselyne Bachelot, 77 ans, a été placé à la tête d'un organisme pour qu'elle ne s'ennuie pas.



La corruption des médecins. C'est aux US ! 12 milliards de dollars en 10 ans.

Une étude (ICI) indique qu'entre 2013 et 2022 l'industrie pharmaceutique, ne parlez pas de Big Pharma, c'est du complotisme, a payé 12 milliards de dollars aux médecins et que 57 % d'entre eux ont au moins touché une fois de l'argent.


Les 25 médicaments les plus sponsorisés.


Les 25 matériels les plus sponsorisés


Les 13 spécialités les mieux rémunérées.



Mais aussi en France !


Je vous en avais déjà parlé ICI, le Free-lunch Index français, à partir d'un article écrit par Scanff A et al : LA



Le manque de transparence, c'est en Europe : EMA.

Demander à l'agence européenne de déclarer les liens d'intérêts de ses membres est un sport de combat : LA


La conclusion :


En français : c'est pas de la tarte !

Taxonomie des preuves en fonction de leur poids : les études observationnelles sont trop souvent alakhon


Mr Wolf : Pulp Fiction



C'est ICI pour l'article.


Bernie Sanders annonce la diminution par 10 du prix des aérosols dans l'asthme et la BPCO aux US

Trois des plus grands laboratoires commercialisant des aérosols (Glaxo Smith Kline, Astra Zeneca, Boehringer Ingelheim) ont répondu à une commission d'investigation du Sénat des EU en acceptant une diminution par 10 des prix des aérosols !

Ce qui les rend au niveau des standards européens. Ajoutons que les prix français sont les plus bas que cite Sanders.

La video est LA.





MG regardant l'avenir des soins primaires (allégorie)


Dans les lombalgies communes, l'exercice physique ne fait pas mieux que rien.



Je vous avais déjà parlé ICI (point 136) d'une étude de 2023 peu convaincante sur les effets de la prise en charge des lombalgies communes sub aiguës par la méthode McKenzie (prise en charge des patients avec kinésithérapie, et cetera...), eh bien une méta-analyse peine à montrer l'intérêt de l'exercice physique à partir d'essais randomisés exercice vs placebo (faux exercices) et rien. C'est LA

La critique principale est qu'il s'agit d'une méta-analyse menée à partir d'études contrôlées randomisées d'un faible niveau de preuves.

La première réflexion est celle-ci : depuis le temps que les lombalgies banales existent, depuis le temps que l'on compte des malades par millions et partout dans le monde, on n'a toujours pas été fichus de mener des essais contrôlés de qualité ! Pourquoi ?

La deuxième est celle-ci : il s'agit encore d'une maladie où les prises en charge sont essentiellement fondées sur l'absence de preuves !


Le dépistage du cancer de la prostate par dosage du PSA est une catastrophe sanitaire et personnelle pour les citoyens !

On l'a dit cent fois dans ce blog mais il faut le répéter, le répéter, le répéter.


1 décès évité et 40 surdiagnostics

Pour le dépistage du cancer du poumon


via @BoussageonR


On le rappelle : le CAC (score calcique) ne doit pas être utilisé en routine.

On sait que les généralistes sont des chieurs, mais rappeler l'avis du conseil scientifique du CNGE datant de 2022 (LA), sur la non-utilité de la mesure du CAC en complément ou à la place de SCORE 2 pour évaluer le risque cardiovasculaire des patients met manifestement les cardiologues à la peine comme le montre certaines d leurs mises au point (qui ne mettent rien au point).

Il existe des études en cours concernant la valeur du CAC (qui durent depuis si longtemps que l'on se demande quand les résultats vont "sortir" et s'ils vont "sortir"). Pour l'instant il paraît superflu de mesurer le CAC sinon dans le but de faire monter la valeur boursière des lieux de soins où le CAC est pratiqué de routine.  

Le CAC n'est bon que pour le CAC 40.




Les vaches sont bien gardées par le mille-feuilles bureaucratique.



Je me rappelle avoir eu comme patiente une responsable du social à la mairie de Mantes-La-Jolie qui m'avait avoué que lorsqu'elle avait pris ses fonctions elle avait mis au moins un an à comprendre l'empilement du mille-feuilles administratif et qui adresser à qui en cas de problèmes. C'était il y a 20 ans.

Je me rappelle aussi les "instructions" que nous laissions à nos remplaçants "en cas de problème". C'était une façon pour nous de réaliser la complexité de l'organisation médico-sociale de notre secteur d'activité en médecine générale.

Ce mille-feuilles administratif ou ce puzzle bureaucratique rendent inadéquates toutes les tentatives de simplification qui ont toujours conduit à un empilement et non à une réduction de l'épaisseur des feuilles.

Où va l'argent ?

Les termes ronflants, les acronymes mystérieux, les interactions invisibles et les freins visibles à ces interactions, les "territoires" comme objets de pouvoir et non comme communautés des hommes et des femmes s'occupant du médico-social.

Il est possible que ce schéma soit un fake.

Mais ce n'est pas le cas.

C'est le symbole à la fois de l'intervention de l'Etat (indispensable) et de sa paralysie.

Cela fait des années que "tout le monde" le dit et rien ne change.

Ce n'est pas prêt de changer.

Trop d'intérêts sont en jeu.


La série de la semaine (SF)






dimanche 24 mars 2024

Bilan médical de la semaine du lundi 18 au dimanche 24 mars 2024 : pauvreté des enfant, ASE, agenda de la recherche orienté, conflits d'intérêts en oncologie, recommandations : peu de preuves, surdiagnostic, prévention quaternaire, metformine, enseignement de la médecine : fiasco, fausses pistes en oncologie.

Hôtel Belvédère (Conches-le-Haut - Valais - Suisse) (1882-2015)
via @hiddenlibuara


Une belle allégorie des soins primaires ou comment les éviter



La pauvreté chez les enfants entraîne une augmentation des troubles mentaux (en GB).

L'article est ICI

La British Psychological Society est d'accord (LA)


Un problème majeur de Santé publique : les enfants placés.


Il existe des tensions entre les intérêts publics et commerciaux pour prioriser les aspects de la santé liés au biomédical, au social et à l'environnemental dans l'agenda de la recherche.

L'article est LA

Nous avons toujours signalé en ce blog combien la recherche biomédicale était (pour de multiples raisons dont la principale est le financement) devenue quasiment en France l'exclusivité des industriels et que l'agenda des industriels était essentiellement lié aux profits espérés et non à la santé des populations. Pareil ailleurs.


Conflits d'intérêts financiers en oncologie : les paiements se font-ils aux frais des patients ?

Magnifique éditorial (ICI) de Sandford NN et Gyawali B qui proposent 4 solutions en indiquant que la simple déclaration des liens d'intérêts ne suffit pas (je résume).

  1. Les médecins participant à des Recommandations officielles ne devraient pas recevoir d'argent pendant la période de rédaction et de publication. Par ailleurs il faudrait fixer un plafond de rémunération pour les membres des comités gouvernementaux (en général). L'objectif étant : zéro.
  2. Les sociétés savantes devraient exiger de leurs membres qu'ils ne reçoivent pas d'argent de l'industrie.
  3. Les investigateurs et co-investigateurs des essais cliniques ne devraient pas posséder d'actions de la compagnie qui commercialise les molécules. A la fois pour les concepteurs d'essais, les "interprétateurs" et les rédacteurs.
  4. De la même manière, les éditorialistes des revues ne devraient pas non plus avoir des conflits d'intérêts financiers avec les firmes.

On toussote.

Lisez l'article en entier, c'est bien.

La plupart des recommandations reposent sur des preuves de faible qualité (Professeur Rémy Boussageon).

Les chiffres sont catastrophiques.


Lors du 17° Congrès de Médecine Générale France

Nous avons parlé plusieurs fois de ce point sur ce blog mais en insistant sur les pratiques hospitalières (les chiffres sont moins calamiteux) : voir ICI par exemple.


Pourquoi il faut enseigner ce qu'est un surdiagnostic.

Bel article en anglais et facile à lire pour comprendre pour quoi il faut enseigner cette notion aux étudiants et aux médecins praticiens. L'article est ICI.  

J'ajouterai : pour savoir ce qu'est et ce que n'est pas un surdiagnostic. Un surdiagnostic de cancer est un cancer. Prendre une lésion non cancéreuse pour un cancer est une erreur diagnostique.




La prévention quaternaire : pourquoi de nombreux médecins prescrivent des prises en charge inutiles.

Bel article encore : LA.

Il s'agit d'une étude qualitative pour inventorier les facilitateurs et les barrières pour mener une politique de prévention quaternaire.

La prévention quaternaire, pour simplifier, vise à protéger la population et le patient de la surmédicalisation (mais aussi la simple médicalisation et/ou de la médecine non nécessaire).

En français : ICI ou LA

La metformine a été mal étudiée dans le diabète de type 2 et les résultats sont : 

mauvais pour la Revue Cochrane : ICI

acceptables pour la Revue Prescrire : LA

On fait quoi ?

Quand on traite mal les étudiants en santé comment voulez-vous qu'ils traitent bien les patients ?


Ajoutons le fiasco complet des épreuves blanches des ECOS (Examens cliniques Objectifs et Structurés).

Et leur côté fortement discriminatoire.

Voir le billet précédent et le commentaire de Stanilkiewicz : LA


L'utilisation des molécules cardiovasculaires et/ou anti-inflammatoires repositionnées en cancérologie : ça ne marche pas.

Une étude combinant revue systématique et méta-analyse (ICI) montre que les produits comme l'aspirine, les inhibiteurs de l'enzyme de conversion, les statines, la metformine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens ne produisent pas d'effets soit en prévention soit en récurrence des cancers.

Faut-il croire un article indiquant que la vaccination contre le Covid diminue pendant un an les complications thrombose-emboliques et cardiovasculaires ? NON

Un article paru dans Heart (LA) est commenté de façon virulente d'un point de vue strictement méthodologique par Vinay Prasad : ICI.

Le livre de la semaine (anthropologie, ethnologie, préhistoire)



Fabuleux !




lundi 18 mars 2024

Bilan médical de la semaine du lundi 11 au dimanche 17 mars 2024 : lecture crique d'articles, télémédecine, euthanasie, vitamine D, antidépresseurs, diversification alimentaire, ECOS, encéphalite léthargique, ChatGPT

Frédéric Valletoux après avoir détruit complètement les soins primaires et les avoir fourgués aux fonds de pension.

Vous pouvez avec profit suivre sur X les fils de @RichardTalbot9 et de @mimiryudo qui vous renseigneront en direct sur, respectivement, l'avancée des négociations entre les syndicats et l'Assurance Maladie et le niveau dramatique de connaissance de l'Assurance Maladie sur les dernières données de la science.

Profane confondant la veille bibliographique avec la lecture critique d'articles.


Revue de lecture sans lecture critique d'articles.

Nous sommes envahis sur X par les personnes, associations de patients, groupes de pressions, néo-médecins et/ou épidémiologistes qui sont persuadé.e.s que la qualité naît de la quantité et que le nombre pharamineux d'études sans ou avec niveaux de preuves, d'éditoriaux, de points de vue, confirment que le Covid Long est une maladie à part entière et qu'il sera possible, avec une approche multidisciplinaire (c'est l'expression magique) de trouver la Magic Bullet qui serait en réalité un composite savant entre une explication étio-physio-pathologique unique et une réunion de consensus entre spécialistes hospitaliers.

Nous aimerions tellement croire à la Magic Bullett.

Un article passionnant sur la méthodologie de la méthodologie des essais cliniques : LA.

Et un autre sur presque le même sujet  : ICI.


Télémédecine, antibiothérapie et infections respiratoires chez les enfants entre 0 et 17 ans.

Médecin de télécabine venant de faire 8 heures de télé consultation à l'île Maurice. 

En télémédecine, les médecins traitants prescrivent moins d'antibiotiques que les médecins des sociétés de service DTC (Direct to Consumer) en cas d'infection respiratoire et il y a moins de reconsultations.

L'article est LA. C'est états-unien.

C'est critiquable méthodologiquement (cross-sectional study) à tous points de vue.

Mais cette étude ne servira à rien car les compagnies privées de télémédecine ont déjà pris le pouvoir aux US.

La France et les Français, préparez-vous.


Retour sur le SIDA : on n'est pas le cul sorti des ronces.

Voici 4 entrevues avec des chercheurs qui étaient là au tout début (le choix est bien entendu contestable mais certains sont morts et il fallait choisir) : Christine Katlama, Willy Rozenbaum, Gilles Pialoux, et Francis Barin.

C'est ICI.


Euthanasie, fin de vie, mort assistée, mort douce, mort tout court.


Sujet sensible sur lequel nous reviendrons car il s'agit d'un problème de société et d'un problème personnel pour chaque individu et pour chaque famille. La façon dont il est appréhendé à partir d'un projet de loi en préparation par les différents acteurs : profanes en bonne santé, profanes malades, profanes handicapés, professionnels de santé en général, des centres de soins palliatifs, des cancérologues, des algologues, des neurologues, des hospitaliers, des médecins des soins primaires, et cetera...




Simplifions : la supplémentation en vitamine D pendant 20 ans chez les femmes ménopausées  n'apporte rien !

Gériatre après avoir prescrit un anti-Alzheimer et de la vitamine D chez un octogénaire en troisième ligne de chimiothérapie.



Un article récent (LA) dont, voir plus haut, nous signalons avec vigueur qu'il s'agit d'une analyse post-hoc d'un essai randomisé contre placebo, montre que cela ne sert pas à grand chose. Prévention quaternaire : n'en prescrivez pas.

Les antidépresseurs sont devenus une denrée usuelle à l'égale du lait, du pain et des légumes dans les sociétés développées.







La diversification alimentaire pour les nuls


Le podcast WhyDoc fait un point déboussolant mais encore trop normatif qui se résume à :
  • chez les bobos tout est possible et rien ne se passera vraiment
  • les prescriptions normatives que j'ai entendues depuis 42 ans de médecine générale par les pédiatres, les nutritionnistes, et autres nutri-pédiatres étaient de la merdre en barre non fondée sur les preuves
  • (j'ai fait quelques critiques sur X : voir LA) : la diversification alimentaire comme le reste de la santé est à 80 % non médicale : elle dépend du niveau socio-économique et éducationnel des populations : il y a plus d'obèses nourrissons et enfants chez les CSP - que chez les CSP +
En illustration : 


Une étude a 21 fois plus de chance de trouver des résultats défavorables au Nutri-score si les auteurs déclarent un conflit (note personnelle : un lien eût été plus approprié) d'intérêts ou si l'étude a été financée par l'industrie alimentaire.


"Désastreux", "carnage", "inégalitaire" : les premiers ECOS tests plongent les externes dans la tourmente. 



PU-PH pédagogiste après avoir fait passer les ECOS aux externes

C'est le titre du Quotidien du Médecin, journal sans intérêt pour sa relation des essais cliniques en raison de ses liens incestueux avec l'industrie pharmaceutique... Voir ICI jusqu'à ce que vous vous heurtiez au Mur du Paiement.

ECOS : Examens Cliniques Objectifs Structurés.


Vous connaissiez l'encéphalite léthargique ?

Moi : non.

Article passionnant de Stéphane Korsia-Meffre (LA) sur une maladie oubliée. L'auteur raconte l'affaire avec beaucoup d'intelligence car il n'oublie pas de la replacer dans le cadre de l'histoire de la médecine qui n'est pas toujours celle de la glorieuse aventure des lendemains qui chantent de la science presque infuse qui conduit à des lendemains radieux.

Le fait que nous ne sachions toujours pas quelle est son étiopathogénie devrait nous inciter à nous interroger sur la pandémie de Covid qui n'a pas livré tous ses secrets.

Dominique Dupagne, je crois, soulève l'hypothèse qu'elle ait pu inspirer Hergé pour l'album "Les 7 boules de cristal" (voir LA pour wikipedia qui montre que Hergé n'a pas réfléchi seul).



ChatGPT en majesté.


ChatGPT après une publication dans une revue Elsevier


Via @Gcaba sur X


Conclusion (provisoire et définitive pour ce billet) :

Les images récurrentes de ce billet sont liées à un clin d'oeil à @FZores et sont parties d'un tweet qui est celui-ci :

Cardiologue interventionnel après avoir posé des stents à un coronarien asymptomatique.




mardi 12 mars 2024

Histoire de santé publique sans consultation. Episode 17. Mal de gorge.

Dans un Monoprix. Via @DrJohnFa


Un de mes collègues me raconte l'histoire de sa mère (86 ans) qui a mal à la gorge, qui n'est pas fébrile, dont le nez coule, qui toussote, qui consulte son médecin traitant, qui lui dit qu'elle a une angine et qui lui prescrit de l'amoxicilline.

Sa mère habite à 800 kilomètres.

Le médecin traitant n'a pas pratiqué un test de détection rapide du streptocoque (TDR).

L'histoire ne dit pas si son expérience clinique lui a permis de se passer du test de McIsaac ou s'il l'a effectué mentalement.

Madame A est hypertendue bi-traitée et équilibrée (me dit son fils). Et c'est tout.

WhatsApp a permis à mon collègue, par l'intermédiaire de sa soeur, de visionner une "angine" "rouge". Après la consultation chez le médecin.

Ce simple cas clinique de base pose quelques questions.

  1. Faut-il consulter son médecin traitant pour un mal de gorge ?
  2. Faut-il téléphoner à son fils médecin avant de consulter son médecin traitant ? 
  3. Faut-il systématiquement pratiquer un TDR en cas de mal de gorge ?
  4. Faut-il prescrire de l'amoxicilline à une femme de 86 ans pour un syndrome viral ?
  5. Quel est le risque de ne pas prescrire de l'amoxicilline à une femme de 86 ans même si le TDR avait été positif ?
  6. Vous en voyez d'autres, des questions ? 

samedi 2 mars 2024

Histoire de santé publique sans consultation. Prendre des notes. Le médecin et le plombier. 16

Jacques Chirac en train de signer un formulaire de consentement

1.

Une de mes connaissances, 64 ans, a de lourds problèmes de santé qui ne mettent pas en jeu son pronostic vital, elle m'en a fait part et j'ai pu consulter son dossier du moins les documents dont elle disposait. C'est un gros bordel.

Je suis effrayé par la prise en charge.

L'autre jour elle me téléphone pour me dire qu'elle a rencontré un chirurgien (celui que je ne lui avais pas conseillé mais qui lui avait chaudement été recommandé par son médecin traitant pour des raisons qui tiennent à la fois, sans ordre, à la confraternité, au compérage, aux idées politiques, aux idées religieuses et aux idées sociétales) qui lui a expliqué ce qu'il allait lui faire.

Elle : Je n'ai pas tout compris.
Moi : Ah ? ....
Elle : C'était compliqué. Il m'a quand même fait un dessin. Alors, qu'en penses-tu ?
Moi : Heu. 
(je connais le dossier mais je ne connais pas bien les techniques chirurgicales possibles à la mode pour ce genre de lésion.)
Elle : Bah, je lui fais confiance, il m'a bien reçue. En revanche il m'a fait signer un truc, genre formulaire de consentement (1), c'est impressionnant le nombre de complications qu'il peut y avoir. Le document était épais. J'ai failli renoncer...

Il y a un dépassement. Conséquent.

Pour le prix du dépassement il aurait quand même pu s'assurer qu'elle avait compris ce qu'il allait lui faire.

(1) Petite incidente : ne croyez en aucun cas que ce genre de document est un progrès dans les relations entre soignants et soignés, il s'agit surtout d'une démarche juridique de la part du soignant (dans le style, "vous avez signé, je vous avais signalé les potentielles complications, bla-bla-bla"). Cela s'appelle aussi consentement "libre et éclairé", deux adjectifs, deux mensonges. Notons au passage que la fameuse décision partagée entre soignant et soigné est aussi une décharge de responsabilité de la part du soignant (ça vient des pays anglo-saxons où les avocats sont très procéduriers...)


Les détails du consentement éclairé

2.

Il y a quelques mois, dans mon appartement sis au troisième et dernier étage, j'ai dû faire changer deux robinets de colonnes, l'un pour l'eau froide, l'un pour l'eau chaude.

Les robinets de colonnes permettent, en cas de fuite et à titre préventif lorsque vous partez en vacances, d'empêcher l'arrivée d'eau dans les appartements. Les robinets fonctionnaient mais n'étaient pas étanches. (2)

J'ai donc demandé un devis à deux sociétés de plomberie que je connaissais déjà. 

Un commercial est venu pour la société 1 et le patron pour la société 2.

Le devis était de + 80 % pour la société 1 par rapport à la société 2.

Ce qui est curieux c'est que la dernière fois que j'ai fait un devis de plomberie la société 1 était beaucoup moins chère (je ne me rappelle pas les pourcentages) que la société 2.

Faites faire des devis. Même quand vous connaissez quelqu'un.

Quoi qu'il en soit : le plombier vient changer les robinets. 

J'avais pris la précaution de repérer à la cave les vannes correspondant aux deux colonnes sur lesquelles les changements de robinet allaient être effectués. 

Je sens qu'il trainaille pour ne pas montrer qu'il aurait pu faire le boulot en deux fois dix minutes (il avait compté une heure de main d'oeuvre, tout heure entamée bla-bla...) (3)

Je demande au plombier s'il n'a pas besoin de purger et il me répond, agacé, "au dernier étage, c'est pas la peine..."

Une fois que l'opération est terminée le plombier m'explique longuement (il trainaille encore) comment il faut procéder pour que les robinets ne s'encrassent pas, comment il ne faut pas les fermer à fond ou les ouvrir à fond en une seule fois, il me donne des instructions précises et circonstanciées. Je ne me rappelle plus rien.

  • Parce que je n'ai pas pris de notes
  • Parce que le plombier ne m'a pas laissé de traces écrites
  • Parce que je pensais avoir compris : cela tombait tellement sur le bon sens en l'écoutant parler.

(2) Les contrats d'assurance dégâts des eaux sont différents selon les assureurs : si vous partez en vacances plus de 3 ou 7 jours sans avoir bloqué les colonnes vous pourriez n'être remboursés qu'à 50 % des dégâts occasionnés.
(3) J'avais téléphoné à la société 1 pour savoir pourquoi, eux, avaient compté 2 heures de main d'oeuvre et la personne que j'avais eue au téléphone m'avait dit qu'il fallait compter le temps de purge.


Toujours prendre des notes : chez le médecin, avec le plombier.


3. Quel est le rapport entre les robinets, la médecine et la santé publique ? 

Ceci :

  • Les personnes qui prennent des notes en consultation sur ce que disent les médecins sont rares
  • Rarissimes
  • Et c'est en général mal vu (des médecins) : je ne dirais pas ce que certains médecins disent (4)
  • Les médecins qui conseillent aux personnes qui les consultent de prendre des notes sont rares
  • Rarissimes
  • Les médecins qui écrivent des conseils aux personnes qui les consultent en leur remettant quelque chose écrit de leurs mains ou, a minima, un document, sont rares
  • C'est dommage
  • Il arrive que des médecins fournissent des documents écrits ou à récupérer sur des sites, rédigés par des sociétés savantes, des associations de malades, documents que les médecins n'ont souvent pas vraiment lus.
  • Quand vous allez chez votre médecin prenez des notes et relisez-les quand vous revenez chez vous.

(4) Ce sont des neuneus, des enseignants, des bas QI, des profs de maths, des MGEN et autres gentillesses...