mardi 19 juin 2012

Un entretien (presque) imaginaire avec Elena Pasca


Docteurdu16 : Elena Pasca, je suis tellement content de vous rencontrer et de vous faire connaître, si jamais quelqu'un pouvait vous ignorer, tant votre blog Pharmacritique est devenu le phénix des hôtes d'internet.
Elena Pasca : Vous trouvez ? Je crois effectivement que j'ai réussi à imposer un style inimitable qui est celui de l'expression libre sur la santé et sur tous les lobbies et conflits d'intérêts qui la mettent en danger.
Doc16 : Votre cursus scientifique est par ailleurs véritablement remarquable : philosophe vous réclamant de L'école de Francfort, vous êtes capable d'embrasser à la fois la philosophie et toutes les sciences sociales, vous avez aussi beaucoup travaillé en psychanalyse et, sans doute, seriez-vous capable de travailler dans n'importe quel domaine touchant à l'interdisciplinarité du fait social.
EP : Vous oubliez de dire que je suis germaniste et que je pourrais écrire des livres entiers sur la psychologie des médecins et des musiciens et, dans une moindre mesure des journalistes, mais surtout, et c'est ma fierté, j'interviens pour écouter, aider, conseiller des patients maltraités et mal traités par les médecins, et dans de nombreux pays.
Doc16 : Il est également frappant de constater que vos immenses connaissances médicales tranchent avec la médiocrité du discours ambiant. Je pense notamment que vous êtes devenue la spécialiste mondiale de l'endométriose comme en témoignent les commentaires et les conseils médicaux que vous prodiguez sur votre site à l'attention de toutes ces femmes qui n'ont pas eu la chance ou la clairvoyance de consulter le docteur David Redwine.
EP : Je suis contente que vous ayez remarqué cela. Après les recherches sérieuses que j'ai menées sur le sujet je suis arrivée à la conclusion que la seule solution dans l'endométriose est la chirurgie par exérèse radicale conservatrice, et aucune autre technique, de toutes les lésions en même temps. Vous pourrez lire avec profit ce que j'ai écrit et qui peut s'assimiler à un véritable Etat de l'Art.
Doc16 : Ce qui frappe également c'est que vous ayez réussi à développer une sorte d'auto-analyse médicale à propos de vous-même, grâce probablement au recul que vous avez construit par la fréquentation de la psychanalyse, et qu'ainsi vous soyez devenue une formidable auto diagnosticienne.
EP : Effectivement, me concernant, c'est moi qui ai posé tous les diagnostics et trouvé les médecins les plus susceptibles de m'orienter vers ceux capables de prendre cela en charge et j'ajoute que tous mes diagnostics ont été confirmés.
Doc16 : C'est extraordinaire. Il semblerait que, contrairement à la bien-pensance actuelle, vous éprouviez une sincère détestation pour les médecins généralistes et que vous fondiez votre sentiment sur des preuves intrinsèques fortes.
EP : Et comment ! Disons que je suis contre la médecine libérale et, plus encore, je ne supporte plus la posture victimaire et le complexe d'infériorité des médecins généralistes.
Doc16 : Il est vrai que les expériences que vous avez eues avec les nombreux médecins généralistes que vous avez consultés ont été particulièrement désastreuses.
EP : Pour ma part j'avais trouvé les spécialistes hospitaliers avant d'avoir le médecin traitant et ce sont les spécialistes hospitaliers qui gèrent, sans passer par le médecin généraliste. Il faut dire que mes soucis de santé sont très compliqués...
Doc16 : Quelle manifestation d'indépendance par rapport à l'autorité ! On sent là tout le travail que vous avez accompli sur vous-même et votre absence totale d'ego ! Vous n'aimez donc pas beaucoup les médecins libéraux et, plus encore, les médecins généralistes... au point de leur dénier le rôle de médecin traitant.
EP : Vous ne trouvez pas qu'il y a de quoi ? Mes expériences personnelles s'ajoutent à cela : erreurs médicales en série, si bien qu'après avoir changé je ne sais combien de médecins, tous plus médiocres les uns que les autres, après avoir perdu beaucoup de temps à écouter beaucoup d'inepties et à me voir prescrire n'importe quoi, j'ai dû à un moment donné les envoyer balader et me mettre à apprendre et à chercher.
Doc16 : Finalement, vous ne dites faire confiance qu'à quelques médecins choisis par vous et vous en citez deux, Claude Béraud et Marc Zaffran, dont le premier est à la retraite et le second à la retraite de la médecine générale, n'est-ce pas symptomatique d'un certain renoncement ?
EP : Je ne crois pas. Je trouve simplement qu'ils sont exceptionnels et professionnels au sens anglo-saxon,...
Doc16 : On vous sent fascinée par la médecine anglo-saxonne...
EP : Il est vrai que les valeurs éthiques anglo-saxonnes comme le shared decision-making, l'empowerment ou les patients' values and preferences mériteraient d'être transplantées et enracinées en France. Sans compter qu'un Sunshine Act à la française serait le bienvenu pour lutter contre les influences délétères de l'industrie pharmaceutique.
Doc16 : Convenons que le système de santé américain est excitant : le plus onéreux du monde, le plus inégalitaire de tous les pays développés, celui dont les indicateurs de santé publique sont les plus catastrophiques, notamment pour les plus emblématiques comme la mortalité infantile, celui des plus grandes firmes pharmaceutiques mondiales dont on dénonce à l'envi les pratiques frauduleuses... Mais revenons à vous-même, votre détachement et votre manque d'arrogance, votre souci du respect du secret professionnel, votre ouverture d'esprit, ne les avez-vous pas acquis dans la douleur ?
EP : C'est surtout ma grande culture philosophique, ma formation psychanalytique, les articles que j'ai écrits dans de grandes revues, qui m'ont façonnée, qui m'ont "blindée" et qui me permettent de dominer  toutes les petites et injustes polémiques de la blogosphère (je garde tous les textes), toutes les mesquines critiques (que je garde en réserve pour confondre leurs auteurs), tous les commentaires acides (que j'ai décidé d'un commun accord avec moi-même de ne plus publier) qui montrent combien le corps médical dans son entier résiste à mes analyses décapantes, ce qui confirme combien elles sont pertinentes. Je resterai donc à la pointe du combat des citoyens.
Doc16 : Merci encore Elena Pasca.

Le blog Pharmacritique est ICI.
Pour l'endométriose : LA.
Illustration : Max Horkheimer (au premier plan, à gauche), Theodor Adorno (au premier plan, à droite), et Jürgen Habermas en arrière plan, à droite, en1965 à Heidelberg.

18 commentaires:

Dominique Dupagne a dit…

Ces règlements de compte par billets interposés m'attristent au plus haut point.

Nous sommes peu nombreux à être capables d'analyser scientifiquement l'information, de traquer l'influence des lobbies, de redresser les discours du marketing pharmaceutique. Nous sommes encore moins nombreux à trouver le temps pour écrire et communiquer ces analyses.

Nous sommes peu nombreux, mais nous sommes parvenus progressivement, lentement, à nous faire un nom sur le web, à attirer l'attention des journalistes, à représenter un contre-pouvoir crédible face à la désinformation ambiante.

La tâche n'est pas facile. Nous sommes coincés entre les médias traditionnels et le web des agités : le web de ceux qui rejettent tout ce qui vient des médecins par principe et s'adonnent à la théorie du complot avec délice (ou délire).

L'espace est ténu.

Docteurdu16, tu es de ceux-là. Tu es précieux, ta culture est immense. Marc Girard en est un autre, Elena Pasca en est une autre.

Quand je lis le blog de Marc Girard et ses débordements d'agressivité envers Irène Frachon ou d'autres "rebelles", cela m'attriste car cela nous décrédibilise tous. Elena aussi fait parfois montre d'agressivité sur son site Pharmacritique, mais je n'ai pas souvenir qu'elle ait rédigé un billet dans le seul but d'allumer un collègue (je l'appelle collègue car à mon sens, elle mérite ce qualificatif même si elle n'est pas médecin).

Bien sûr elle a ses défaut, mais toi aussi, moi aussi, et je ne te parle même pas de Girard. Le monde des rebelles n'est pas un monde parfait. C'est un monde peuplé de fortes personnalités, de grandes gueules, d'écorchés vifs, d'egos surdéveloppés. Il faut être tolérant vis-à-vis des défauts des autres, mêmes de leurs attaques. C'est le jeu, nous ne sommes pas "normaux".

Sinon, le triste spectacle de nos luttes intestines nous renverra dos-à-dos avec les illuminés du web et les charlatans. On peut se critiquer, comme le fait Borée par exemple http://boree.eu/?p=1941 C'est constructif, c'est utile. Mais régler des comptes, s'envoyer des patates par billets interposés et aux yeux de tous, permets-moi de te dire que je trouve ça nul et même dangereux.

Luc Dussart a dit…

Piquant ! Jacques Dutronc chantait en 1966 :

Le monde entier est un cactus
Il est impossible de s'asseoir
Dans la vie, il y a que des cactus
Moi je me pique de le savoir
Aïe aïe aïe, ouille, aïe aïe aïe

(Paroles de Jacques Lanzmann)

Les piquants, ça aide à se protéger des prédateurs. Cela empêche les caresses aussi !

CRJ a dit…

Docteur du 16, j'ai toujours beaucoup de plaisir à vous lire, mais cette fois-ci encore plus que d'habitude: vous avez du talent et du courage. Si vous ne dénoncez pas les errances de certains de vos "collègues", qui le fera? Et quand c'est fait avec humour, en plus, c'est délicieux!
Le politiquement correct a ses limites, et vous les dépassez avec subtilité.
Bravo et merci.

JC GRANGE a dit…

@Dominique Dupagne.
Je te remercie sincèrement pour cette critique car elle montre combien la liberté de ton est consubstantielle des débats scientifique et démocratique (qui sont bien différents par nature, j'en conviens).
Je ne suis pas d'accord avec toi sur les points que tu développes bien que je comprenne quel but tu poursuis.
Je ne suis pas un rebelle, voilà qui est certain, je tente simplement d'être juste avec moi-même et avec les autres, c'est à dire de ne pas me laisser embarquer dans le copinage idéologique ou pratique. J'ai trop connu, mais tu es trop jeune pour l'avoir vécu, les silences et les mensonges destinés à la Cause et aux Intérêts Supérieurs de la Nation, Cause et Intérêts dont on se rend compte bien vite qu'ils ne sont qu'illusions et faux-semblants.
Ta critique, que j'accepte avec beaucoup de sérieux, souligne encore plus combien le débat se doit de régner quand on discute de choses sérieuses comme la Santé Publique et combien la citoyenneté, terme "valise" ou "plastique", ne peut être proclamée haut et fort et, au même moment, bafouée dans les faits.
S'il t'arrive de trouver qu'un de mes posts va dans le bon sens, je saurais, grâce à ce présent commentaire qui, pour tout autre que moi, pourrait paraître humiliant, que ce post n'était pas trop mauvais (à moins bien entendu qu'il ne s'agisse d'une ruse de ta raison).
Dernier point : ta défense d'Elena Pasca doit avoir des raisons que la raison ignore.
Bien à toi.

BG a dit…

Je vais continuer dans le genre ''avis décalés'' comme me disait JCG il y a peu. La personne qui a une belle opportunité dans cette affaire, c'est Elena au cas où elle lirait ce pseudo interview. Pour répondre ici-même ou plutôt sur son blog ? Non, même si elle le fera peut-être mais pour progresser dans la maitrise de ses émotions comme nous aurions tous intérêt à le faire.

Quand on est ainsi ''attaqué'', que ce soit ''justifié ou pas, il faut en effet une très grande maitrise de soi pour n'être perturbé par aucune émotion négative. Celles-ci ont toutes chances de germer au niveau du plexus solaire et du cou, réactivant d'anciennes émotions et perturbant des organes dont sans doute le pancréas.

Faut-il vouloir une société et des mœurs où de telles attaques seraient impossibles ? On peut toujours rêver pour se faire soudain surprendre, au saut du lit, par une attaque aussi soudaine que perfide. Ce qui compte vraiment, du point de vue où je me place, ce n'est pas la réponse formelle apparente qu'on va donner mais la réponse profonde, même si elle reste ignorée des autres. C'est sans doute très important pour notre santé et notre équilibre intérieur.

Cette maitrise était l'objectif des grands philosophes de la Grèce antique comme Platon et Pythagore. Quand Bayrou, alors ministre de l’Éducation nationale, avait institutionnalisé l'évaluation des enseignements (et non des enseignants mais la confusion fut générale...) par les étudiants dans les universités il avait avancé que cela se pratiquait dans la Grèce antique, oubliant qu'il s'agissait d'enseigner la Philosophie, c'est à dire la Sagesse et qu'en ce sens, cette évaluation était une opportunité de progresser dans son apprentissage, que ce soit pour les élèves comme pour leurs professeurs. J'ai connu, en tant qu'enseignant, les débuts de cette évaluation. Inutile de vous dire que la recherche de la Sagesse ne faisait pas partie des objectifs et qu'une réflexion en ce sens, une fois les évaluations formulées, était totalement absente !!!

JCG a voulu écrire et publier un tel article, c'est un fait. Pour ma part, je ne dirai pas qu'il est inutile, nul ou négatif, justifié ou pas, ce n'est pas mon propos. Il EST et il posera un problème à tous ceux qui le liront comme les premiers commentaires le démontrent. Je suggère à chaque lecteur de faire l'expérience suivante : supposez qu'Elena ce soit vous et que vous soyez ainsi ''attaqué''. Que ce passerait-il en vous, quelle réponse ''interne'' pourriez-vous mettre en œuvre instantanément pour compenser le premier déséquilibre émotionnel que cette attaque va inévitablement provoquer en vous ? Chaque expérience peut être un entrainement pour prendre conscience des failles existantes et pour peaufiner la réponse à apporter afin d'être plus performant la prochaine fois...

PS. Si je suis ''attaqué'' pour ce propos très ''décalé'' ce sera un nouvel ''exercice'' pour moi (j'en ai eu d'autres ici même et aussi par Marc Girard dans son ''fameux'' article ''Qui croire'' [1], car d'une incroyable médiocrité à tout point de vue de la première à la dernière ligne).

[1] http://www.rolandsimion.org/spip.php?article21

CMT a dit…

A DD,
Ton souci de la cohérence de groupe t’honore (je le dis sérieusement) et je te vois bien en capitaine du Titanic te laissant couler pour assumer jusqu’au bout ton rôle de chef d’équipe, et assumer les fautes des autres, que tu ne commettrais pas toi-même. Mais je crois que tu es dans l’erreur.
JCG et moi, nous partageons je crois, parmi d’autres choses, une certaine détestation de l’arrogance et de l’auto-satisfaction, un certain scepticisme au sujet des « purs ».
Je pense qu’on ne peut pas un jour se vanter d’avoir parmi ses publications (sur Pharmacritique) tel article avant-gardiste sur le Prevenar, et quelques jours plus tard traiter avec le plus grand dédain son auteur. Tout ça parce qu’on s’appelle Elena Pasca. On ne peut pas profiter du travail de quelqu’un qu’on déteste. A un moment il faut que les choses soient claires.
Et c’est ce que j’ai voulu signifier à EP quand j’ai DECIDE de lui demander de retirer mes articles, puis, sur sa proposition tous mes commentaires. Ce faisant j’ai perdu des centaines d’heures de travail, parce que je n’avais pas de copie (même si un confrère m’a permis de récupérer des copies des articles par la suite).
Et je sais que je ne suis pas la seule à avoir été malmenée lors des accès d’autoritarisme d’EP. Et d’autres, contrairement à moi, en ont vraiment souffert.
Ca c’est pour la petite histoire.
Mais je pense aussi plusieurs autres choses.
Premièrement, je pense que le portrait que JCG, tout en finisse, que tu trouves insultant parce que tu assumes totalement les sentiments d’EP, tu te mets totalement à sa place et tu penses comme elle, n’est rien d’autre qu’un miroir grossissant qui lui renvoie sa propre image et le ridicule de ses monologues et de ses vantardises.
Si elle avait un tant soit peu d’humour elle pourrait en rire et se sentir flattée d’avoir été ainsi croquée. Parce que tout le monde ne retient pas l’attention de JCG.
Deuxièmement que quelque soit la « cause » à défendre, sauvegarder à tout prix les apparences, n’est pas un but en soi. Je te l’accorde, les affaires privées et de personnes devraient rester privées. Mais pour cela il y a un moyen très simple : arrêter les attaques publiques ad personam.
Ceci dit les gens sont adultes. Il ne faut pas essayer de leur vendre le monde des bisounours.
On pourrait au contraire se dire que c’est admirable, que des personnes qui se détestent à ce point arrivent néanmoins aux mêmes conclusions. Ce doit donc être les idées qui sont bonnes et non les personnes.
Et tu fais justement la remarque, qu’il y a peu de personnes qui prennent le temps de lire, de réfléchir, et de partager leurs réflexions. C’est justement là le point : les gens n’ont pas besoin d’idoles à adorer mais de petites mains qui fassent le travail que d’autres n’ont pas le temps, pas l’envie de faire.
Pour autant, je rappelle juste que c’est ce que font des millions de bénévoles en France, qui font partie de diverses associations, et qui n’attendent pas pour autant de reconnaissance, et encore moins d’allégeance en retour. Et s’ils en attendent, ils seront bien déçus.
Un autre point est le « ils » par lequel EP désigne les médecins généralistes. Ce « ils » est universel. Il résume en lui à la fois la haine faite de peur et la fascination que nous inspire l’autre. Ce « ils » peut être les arabes, les voisins, tous ceux qui nous ressemblent assez pour qu’on puisse craindre de devenir comme eux tout en ayant quelque chose de différent sur quoi nous pouvons focaliser tout ce qu’il y a de négatif en nous.
Ce « ils » est toujours abusif, car il ne peut jamais résumer les individualités d’un groupe de personnes. Et je m’étonne qu’une philosophe qui plus est ayant fait des études de psychanalyse ne soit pas capable de le comprendre et de se garder d’utiliser ce « ils ».
Pour finir, conforter quelqu’un dans une position, toujours illusoire, d’omnipotence (ça se sont mes lectures psychanalytiques et autres qui me le font dire), ce n’est jamais lui rendre service.

Dr MG a dit…

Bonjour

Le post du Docteurdu16 m'a amusé , mais au delà de l'amusement qui n'est que l'expression de mes "émotions" il pose comme souvent un sujet à débat : peut-on dans l'expression de ses idées tout dire ?
La forme et le fond.
Les arguments de Dominique Dupagne sont tout à fait pertinents comme toujours.
Il se résume à " Doit-on désespérer Billancourt ?"
C'est débat qui est ancien .
En d'autre terme ce genre d'attaque est-elle utile pour le "combat "?
mais le Docteurdu16 attaque-t-il vraiment Mme Pasca?
C'est notre première réaction .
En fait, c'est l’interprétation que nous en faisons.
L'essentiel de son post ne fait que reprendre ce que Mme Pasca a écrit.

Pour moi, ce post pose le débat suivant : peut-on laisser tout dire ou tout écrire sans réagir sous prétexte que la majorité du discours va dans le sens de ce que l'on pense?
Dans la défense d'une certaine idée de la santé, doit-on laisser quelqu'un attaquer les MG sans discernement.

Chacun a sa réponse .
Ce qui est sain c'est le débat en dehors de toute outrance et dans le respect de chacun .

cath a dit…

Bonjour
Ce post ne m’a pas amusée, mais attristée –merci D. Dupagne d’en avoir si bien exprimé les motifs- d’autant qu’il y avait matière à discuter, dans l’article lui-même peut-être plus que dans les commentaires..
Je ne partage pas forcément l’opinion d’Elena Pasca, particulièrement sur les médecins gé libéraux opposés aux PH, ceux-ci me paraissant globalement encore plus conformistes et formatés (et pas moins prescripteurs, loin de là !) et habituellement plus arrogants et inaccessibles. Le thème des derniers articles d’Elena concerne la réappropriation de la décision par l’usager, le patient ou le consommateur de santé, comme vous voudrez, et le colloque qui lui a été récemment consacré à Bobigny, qui méritait peut-être une discussion; sans doute a-t-elle été échaudée par l’attitude des intervenants médicaux qui conçoivent mal le partage des décisions avec les non-médicaux, et elle dit elle-même “s’être défoulée, pour une fois”, pour se trouver fréquemment face à la face sombre de la pratique médicale.
Ca ne retire rien à la qualité de l’information sur le site de Pharmacritique, si ce n’est peut-être sur l’endométriose, d’après ce qui est sous-entendu, que je ne connais que superficiellement et que je ne peux donc pas apprécier.
Docdu16, j’apprécie beaucoup l’intelligence, le courage et l’honnêteté de beaucoup de vos articles, servis en plus par une belle plume; là, j’ai été surprise du fiel exprimé dans l’intention de blesser et même de démolir, et ça me semble un regrettable gaspillage de talent..

Frédéric a dit…

Le doc du 16 dans le rôle du poil à gratter : j'adore !

Le poil à gratter, il est là pour faire réagir (contrairement à la pommade), et force est de constater que ça marche.
La réaction engendre le débat, le débat fait avancer les idées, les idées façonnent le monde, etc.
Alors même si le thème du débat est toujours discutable (moins il est consensuel plus il le semble), j'adhère à la démarche sans modération ! ;)

Frédéric

CMT a dit…

A Cath
Je me permets de répondre que je ne pense pas qu'il y ait dans l'esprit de JCG d'intention de démolir. Tout simplement, je sais que ce n'est pas dans son état d'esprit. De l'ironie oui, certes, beaucoup d'ironie.
Personne n'a remis en cause le travail d'EP, c'est plutôt son attitude et son comportement.
Je pense que JCG a pu se sentir blessé, comme beaucoup de MG par les propos outranciers et arbitraires d'EP.
Je peux témoigner que EP est quelqu'un qui est dans une attitude d'extrême défiance vis à vis des médecins, qu'elle traite comme des animaux dangereux, qu'il est très difficile d'établir avec elle une relation fluide et de confiance. Du moins elle le refuse et vous accule à choisir entre deux attitudes: la vénération ou la haine. Entre les deux, je choisis l'indifférence. Dans la mesure où ma tolérance aux attaques personnelles répétées me le permet (je ne contrôle pas totalement mon plexus solaire).
C'est une attitude qui est tournée en dérision. Une attitude cela peut se changer.

cath a dit…

Même si l’intention n’y était pas, une ironie si mordante et une mise en cause non argumentée de l’article sur l’endométriose renvoie une image vraiment dévalorisante du site et de son animatrice. JCG aurait pu s’exprimer dans les commentaires, et élargir le débat, mais il semble qu’un contentieux personnel bloque le dialogue.
Je trouve vraiment très regrettable qu’il soit aussi difficile de communiquer entre les acteurs du petit monde de la santé, et que le lecteur non initié qui aurait le courage de s’intéresser aux quelques voix sincères et qualifiées, dont la vôtre, qui traitent avec rigueur et honnêteté de la dérive actuelle de la médecine se voie aussitôt confronté à une querelle d’ego..

Dans le commentaire évoqué, EP a certes eu des propos durs sur les MG en général, et les généralités sont toujours redoutables, mais ses critiques ne sont malheureusement pas infondées. J’avoue en avoir marre également de lire les comparaisons entre le tarif des plombiers et des coiffeuses et celui de la consultation, et surtout l’absence de critique de l’aspect santé publique de la politique de nos décideurs. Concernant par exemple la P4P, ou encore la gestion de la fameuse pandémie grippale, l’essentiel des arguments se résume à “comment nous considère-t-on” et “y a en réalité pas grand-chose à y gagner, on se fait encore avoir”. A part les articles de DD, ceux de JCG, les vôtres et ceux d’EP et de ses intervenants, je ne me souviens pas d’avoir lu de vrais articles de fond écrits par des médecins osant s’interroger sur certains dogmes et dénonçant la dérive commerciale actuelle et son influence sur les pratiques.
Dans la vie professionnelle mes rapports avec les médecins sont habituellement satisfaisants, en ce sens qu’il est possible de dialoguer car nous restons relativement hors opinion, mais sur internet le poids du mépris et du corporatisme est palpable..
Bon, tout ça pour dire que ce genre de poil à gratter ne me semble pas provoquer une démangeaison créative et ne flatte pas mon optimisme, déjà un peu misérable..

JC GRANGE a dit…

@Cath
Je vous remercie pour ces commentaires.
Il est vrai que j'aurais dû surligner les éléments du langage de EP qui étaient extraits directement de ses propos, il n'y aurait pas eu d'ambiguïté.
Critiquer sans nuances les 60 000 MG français me semblent d'une dangerosité absolue : tous pourris, comme on dirait en politique !
Je ne peux m'exprimer sur Pharmacritique, mes propos sont censurés, où voulez-vous que je dise que je ne suis pas d'accord ?
L'unanimisme est une bêtise : mes propos ne sont censurés ni chez DD, ni au formindep où il m'arrive, pour le moins, de ne pas être d'accord.
C'est tout. Et on me dit que j'aurais blessé EP... Mais je n'ai fait que la citer.
Désolé si je l'ai fait mais, avant tout, je ne veux pas la connaître : à l'imitation de Georges Orwell qui ne souhaitait pas rencontrer d'autres hommes de lettres pour ne pas être influencé par leur côté "humain", je reste dans mon coin.
Merci encore pour votre contribution.

CMT a dit…

A Cath,
Je conçois que vu de l'extérieur ces débats puissent choquer quelques uns qui n'y sont pas impliqués, puisqu'il s'agit de querelles personnelles.
Pour ma part quand je n'ai pas de sympathie pour quelqu'un je l'assume et je me contente d'éviter la personne sans chercher à lui nuire. Cela fait la troisième fois en quelques mois que EP m'attaque à titre personnel. Je me suis contenue tant que j'ai pu.JCG a la gentillesse de me laisser me défendre sur son blog.
Je crois qu'il faut simplement assumer ses sympathies et antipathies personnelles sans essayer d'en faire une question d'Etat ou de morale.Sans essayer de les faire partager à tous prix à d'autres. Prétendre être irréprochable est tout simplement absurde.
D'autre part, les prise de position d'EP sont souvent très clivantes: les bons patients et les mauvais médecins.

Et ses postures très hautaines d'arbitre qui distribue des bons et des mauvais points prêtent malheureusement le flanc à la moquerie et à l'ironie.
Mais prétendre maintenant qu'il ne faut jamais rien dire, sur elle ou sur quelqu'un d'autre, au prétexte que tel ou tel est utile à "la cause", c'est une pétition de principe qui a de quoi faire échouer la plus belle des causes.

BG a dit…

On est en pleine télé-réalité sur blog. Le producteur propose une épreuve aux blogueurs et chacun réagit. Frédéric n'a pas tort, ça fait sortir les problèmes enfouis... Je pense que Cath pose une très bonne question quand elle soulève le problème du rapport entre les médicaux et les non médicaux.
Si Elena Pasca était médecin aurait-elle été ''attaquée'' de la même façon ? D'ailleurs D. Dupagne, pour la défendre, la décore d'une médaille en la promouvant ''collègue''.

C'est encore plus significatif avec Marc Girard. S'il s'attaque à l'industrie pharmaceutique il se montre encore plus féroce à l'encontre de tous les non médicaux qui ont eu l'outrecuidance d'entrer dans la chasse réservée. De ce point de vue, son ''Qui croire'' est un modèle du genre, à lire les yeux grands ouverts, très grands !!! Si vous n'êtes pas sûr de les ouvrir tout seul (il faut certains éléments) j'en ai parlé discrètement dans l'annexe de [1] et dans [2] (§ une opposition à la vaccination....et suivants).

D'ailleurs avec Marc Girard il n'est pas nécessaire d'aller chercher ses défauts de personnalité. Les contradictions et carences de ses arguments suffisent amplement. Un exemple : le 29 septembre 2004 il est à C dans l'air pour l'étude d'Hernan sortie le 14 septembre et qui fait très grand bruit. Il dira qu'alors que le vaccin Engerix (de GSK) fait une carrière internationale ''gentille'' on va utiliser en France le Genevac (de Sanofi) qui n'a pas d'AMM européenne. Pour un spécialiste du médicament, dira-t-il, cela signifie que c'est un mauvais produit. François Bricaire (professeur très connu) dira ''je ne peux pas laisser dire cela'' et Yves Calvi interrogera ''on aurait voulu pousser un vaccin ?''
Le problème est que Girard défendra avec constance la valeur probante de l'étude d'Hernan alors que ses données étaient britanniques, donc toutes vaccinées avec Engerix ; que Girard avait rédigé des expertises payantes en faveur de victimes de la vaccination HB dont certaines avec Engerix et que c'est SKB devenu GSK qui avait obtenu le marché en 1994, des mains de Douste Blazy. D'ailleurs sur les 80 enfants vaccinés et avec SEP de la cohorte KIDSEP il y avait 50 Engerix, 22 Genevac et 8 avec un autre vaccin. On pourrait continuer. Girard dit lui-même avec quels laboratoires de vaccins il avait travaillé...

Elena Pasca a sans doute des défauts, comme nous tous, son argumentation doit pouvoir être contestée (je ne sais pas précisément) mais s'il n'y avait qu'elle. Avec Marc Girard c'est autre chose. Il faudra bien un jour dépasser la barrière de son ton hyper-polémiste, sans redouter ses réactions violentes, pour aborder méthodiquement la valeur de son argumentation.

[1] http://questionvaccins.canalblog.com/archives/2009/06/21/14154965.html
[2] http://questionvaccins.canalblog.com/archives/2009/07/09/14342043.html

CRJ a dit…

@BG
Pourquoi ne pas créer votre propre blog? Vous avez tant de choses passionnantes à déballer. Et même sans talent, certains se font une vraie petite réputation sur la toile...

Nathalie Péronnet Salaün a dit…

A Cath
Vous dites : « Concernant par exemple la P4P, ou encore la gestion de la fameuse pandémie grippale, l’essentiel des arguments se résume à “comment nous considère-t-on” et “y a en réalité pas grand-chose à y gagner, on se fait encore avoir”. A part les articles de DD, ceux de JCG, les vôtres et ceux d’EP et de ses intervenants, je ne me souviens pas d’avoir lu de vrais articles de fond écrits par des médecins osant s’interroger sur certains dogmes et dénonçant la dérive commerciale actuelle et son influence sur les pratiques »
Peut-être devriez vous aller faire un petit tour ici: http://www.voixmedicales.fr/ afin de vous remonter un peu le moral:-)

BT a dit…

Au second degré puisse ce post symptôme d'une certaine rivalité mimétique conduire à l'émulation intellectuelle.

cath a dit…

A Nathalie Péronnet Salaün
Pardon de m’être exprimée un peu rapidement, je vais régulièrement faire un tour chez vous, et il y a bien sûr quelques autres auteurs plus occasionnels que ceux que j’ai cités..
Je reste malgré tout plutôt consternée par le fatalisme et l’opportunisme coutumiers aux professionnels de santé, dont les infirmières, dans un contexte d’évolution rapide du fondement du soin. Ce que je ne faisais que pressentir en libéral me saute à la figure depuis quelques années que j’ai renoué avec le salariat en entreprises de santé, publiques ou privées, où il est difficile de conserver son intégrité et impossible de ne pas nuire..
D’où la nécessité de ces précieux et tout de même assez rares espaces de liberté où l’on accepte de voir les diverses facettes de la réalité et de les commenter, même si une de mes jeunes collègues me disait récemment ne pas vouloir savoir précisément, car elle ne pourrait plus travailler. Une sorte de scepticisme désabusé me semble commun à l’ensemble des soignants, qui peuvent au moins le partager avec les résidents d’Ehpad..