jeudi 29 novembre 2018

Calendrier de l'avent des lectures médicales : Rachel Campergue. #6

Le livre de Rachel Campergue est pour moi une des plus formidables expériences que j'ai connues, un coup de poing dans la figure, un rappel à l'ordre éthique et déontologique pour tous les médecins. Comment ce non médecin, cette citoyenne non malade, qui plus est, a pu, par ses propres moyens, sans aides extérieures ou presque (je pense au regretté Bernard Junod, à Marc Girard ou à Philippe Nicot et à la Revue prescrire) écrire livre aussi sidérant qu'un médecin aurait dû écrire par simple correction intellectuelle.



Voici ce que j'ai écrit en 2011 sur le site Amazon dès que j'ai terminé la lecture de la dernière page du livre :
Le livre de Rachel Campergue est remarquable : permettez qu'un médecin ait honte qu'il s'agisse d'un non médecin qui ait écrit cette somme extrêmement documentée. Ce livre est complet, rempli de références lisibles en ligne, et rend compte de l'aveuglement coupable des élites de la santé publique de notre pays. Le livre nous annonce aussi ce qui va nous arriver : une intensification des campagnes grand public ininformatives comme elles se déroulent déjà aux Etats-Unis. Il serait temps que nous nous réveillions et qu'une enquête indépendante sur les bienfaits et les méfaits de ces campagnes de dépistage, soit menée, une enquête qui ne soit pas écrite d'avance par les Agences gouvernementales qui, en France, écrasent tout sur leur passage et, notamment, l'esprit critique et l'indépendance d'esprit. Les quelques médecins qui, en France, expriment des doutes, notamment Bernard Junod, risquent, malheureusement, d'être plus rapidement entendus par les citoyens non experts que par les médecins de base englués dans l'idéologie millénariste de la prévention. Lisez ce livre et posez des questions à votre médecin généraliste, à votre radiologue, à votre oncologue.
Bonne lecture.
Ce qui est terrible dans cette affaire, c'est l'aveuglement coupable des autorités, c'est le fait que la ministre de la santé actuelle, Agnès Buzyn, qui fut directrice de l'InCA puis de la HAS, n'a pas changé d'un iota sa position pour des raisons multiples et variées (cochez la ou les cases) : bêtise, corruption, corporatisme, intelligence, aveuglement, croyance, croyances, ...

Combien de radiologues osent ouvrir le bec ? Combien d'oncologues osent ouvrir le bec ? Combien de radiothérapeutes osent ouvrir le bec ? Combien d'anatomo-pathologistes osent ouvrir le bec ? Combien de gynécologues osent ouvrir le bec ? Combien de chirurgiens osent ouvrir le bec ? Combien d'épidémiologistes osent ouvrir le bec ?

Quelques faits :


  • Le dépistage organisé du cancer du sein ne sauve pas de vies chez les femmes de 50 à 74 ans.
  • Plus on pratique de mammographies et plus le nombre de diagnostics de cancers du sein augmente mais la mortalité par cancer du sein est stable. 
  • Le nombre de sur diagnostics et de sur traitements (et je rappelle que le sur traitement signifie parfois le combo complet chirurgie/radiothérapie/chimiothérapie) atteint selon les études 20 à 50 % des patientes.
  • Avant 50 ans et en absence d'antécédents familiaux de cancer du sein, le sur diagnostic est encore plus important.
  • En France plus de 2 millions de mammographies sont effectuées chaque année.
  • En France il y a environ 50 000 nouveaux cas de cancers du sein diagnostiqués (allez faire un tour au point 3 pour imaginer ce que cela signifie).
  • Madame Buzyn trouve que tout cela est très normal.
  • Les femmes sont manipulées (voir ICI sur le blog de JB Blanc) mais puisque je suis un homme il vaut mieux que je me taise ; on leur ment, on leur fait peur, on leur fait des sur promesses.
  • Les courses "roses" sont des opérations commerciales banales encouragées par les autorités.
  • Les choses ne sont pas près de s'arrêter.
  • Pour plus d'informations allez lire le site Cancer Rose.

  • En lisant Rachel Campergue nous mettons nos pas dans ceux d'Illich : la médicalisation de la société  est dangereuse ; elle ne justifie pas la dépistologie généralisée (prostate, sein, colon) qui n'a pas encore démontré son efficacité sur la diminution de la mortalité globale ; nous mettons nos pas dans ceux de Peter Gotzsche qui a dénoncé le dépistage organisé du cancer du sein et son lot de sur diagnostics. Et nous mettons nos pas dans la dénonciation du complexe santéo-industriel par Jeanne Lenzer. Le monde s'organise.


    1 commentaire:

    Daniel Corcos a dit…

    Bonjour,
    Peut-être serait-il intéressant de considérer que l'aveuglement est lié à l'incapacité de remettre en cause un croyance, et que l'aveuglement n'est pas forcément lié à un conflit d'intérêt.
    Vous postez un lien sur le blog de JB Blanc qui est intéressant, car il reprend la théorie la plus en vogue concernant le dépistage (important surdiagnostic, pas d'effet sur la mortalité) avec un diagramme qui masque les incohérences de cette théorie. On y apprend que chez mille femmes suivies, 75 cancers sont dépistés sur 20 ans, et sur 75 cancers dépistés 13 sont mortels, tandis que chez les femmes non soumises au dépistage, le nombre de décès serait de 13 à 19. Or, il y a les cancers de l'intervalle (15 sur la figure). A regarder la figure, on a l'impression qu'ils sont vraiment très méchants, ces cancers de l'intervalle, ils conduisent tous au décès. Mais si on additionne ces 15 décès au 13 décès liés au cancers dépistés, alors on a plus de morts chez les femmes suivies que chez les femmes non suivies (28 contre 19), ce que même les adversaires les plus acharnés du dépistage n'oseraient affirmer. En réalité, si la proportion de décès est plus importante pour les cancers de l'intervalle, on est très loin de ce qu'a l'air d'impliquer la figure. Dès lors, pourquoi une telle représentation ? Parce qu'il faut donner du poids à l'idée que les "mauvais" cancers passent entre les mailles du filet, tandis qu'à l'écran on détecte surtout les "gentils" cancers, ce qui est nécessaire à la théorie du surdiagnostic. La théorie du surdiagnostic repose sur la constatation que la mortalité par cancer du sein reste stable tandis que l'incidence augmente après dépistage. Or, disent les tenants de la théorie, il n'y a pas de raison que cette incidence augmente, donc c'est du surdiagnostic. Mais comme le surdiagnostic n'explique pas l'échec du dépistage, il va falloir trouver l'explication supplémentaire du cancer qui passe entre les mailles du filet et qui examinée attentivement, ne tient pas du tout la route. Or, il y a une explication à l'augmentation de l'incidence : les cancers mammo-induits. Et elle rend compte également de l'échec du dépistage.