jeudi 3 février 2011

PANDEMRIX ET NARCOLEPSIE : AFSSAPS ET NARCOLEPSIE

Morphée - Jean-Antoine HOUDON (1769)


Nous avions souligné déjà dans des posts anciens datant de janvier et de septembre 2010 nos inquiétudes concernant le dossier d'enregistrement du PANDEMRIX de chez Glaxo, notamment 7 décès inexpliqués, chose jamais vue lors de l'enregistrement d'un médicament, décès qui avaient été balayés d'un revers de main par les autorités en termes d'imputabilité au vaccin.
Des cas de narcolepsie ont été signalés depuis mais ont été mis par les pharmacovigilants sur le compte du hasard.
Et voilà que l'Agence Finlandaise, THL et, en anglais, National Institute for Health and Welfare, fait un communiqué de presse (ICI) le premier février dans lequel elle rapporte un nombre anormal de cas de narcolepsieS chez des patients de 4 à 19 ans vaccinés majoritairement par le Pandemrix. Pour l'instant le THL n'a pas d'argument selon lequel cela serait dû à des lots particuliers de vaccin. En revanche, il a été constaté entre 2009 et 2010 60 cas de narcolepsie dans la tranche d'âge précitée. Concernant ces cas 52 avaient été vaccinés par Pandemrix alors que la cible était à 70 % vaccinée par ce vaccin. Les analyses préliminaires montrent un risque multiplié par 9 d'avoir une narcolepsie et ce risque est encore plus grand chez les 5 - 15 ans. Aucun cas de narcolepsie n'a été signalé chez les enfants de moins de 4 ans et la fréquence n'a pas été augmentée chez les plus de 19 ans. Le délai moyen d'apparition de l'effet indésirable est de deux mois après la vaccination. D'autres cas ont été signalés en Suède et en Islande.

Comme on dit quand on est une Agence officielle : il faut compléter l'étude, il faut faire des essais dans d'autres pays de la Communauté Européenne (neuf). Le facteur vaccinal semble retenu mais d'autres facteurs environnementaux et ethniques ne peuvent être écartés...

Comme quoi, la vaccination de masse sans même prendre en compte les données inquiétantes des dossiers d'enregistrement, fait prendre des risques à des populations saines et ce, d'autant, que les promoteurs de cette vaccination de masse sont persuadés a priori que les vaccins ne produisent pas d'effets indésirables.

mercredi 2 février 2011

BREVES DE MEDECINE GENERALE - HISTOIRES DE CONSULTATION : EPISODES 64, 65, 66

Sausalito (Ca) (Photo personnelle)

MERCREDI DEUX FEVRIER DE L'AN DE GRÂCE 2011

EPISODE 64 - Monsieur A, 42 ans, vient au cabinet pour la première fois. Il n'est pas content de son ancien médecin qu'il ne me cite pas. Cette entrée en matière est toujours pour moi, comme disent les cuistres, ambivalente. D'un côté je me réjouis qu'un patient insatisfait de son médecin puisse me choisir (sans que j'ignore que je peux avoir été recommandé par un patient à qui je n'ai procuré aucun avantage scientifique véritable mais à qui je parais "sympa", ce qui, du point de vue de mon ego et comparé aux grands services médicaux que je peux rendre en d'autres circonstances et à d'autres patients, n'est pas grand chose ; mais cela vaut mieux que d'avoir été recommandé par la voisine du gars qui sait que le docteurdu16 a une secrétaire avenante...), d'un autre côté je sais par expérience que ce genre de patients aura autant tendance à être volage avec moi qu'il l'a été avec le médecin précédent. Quoi qu'il en soit Monsieur A n'est pas content de son médecin parce qu'il ne lui a pas prescrit de radios alors qu'il souffre, dit-il, de lombalgies. Il est donc nécessaire que je fasse le grand jeu. Je l'interroge, il se déshabille, je l'examine et il s'avère que le diagnostic que je retiens est lombo-radiculalgie gauche L4L5. Avant même que j'aie commencé à faire le beau et à prescrire ou ne pas prescrire, le malade me dit : "Vous êtes un vrai spécialiste." Je lui demande pourquoi il me dit cela et il me répond : "Mon médecin ne me faisait jamais déshabiller." Cet adoubement, spécialiste, me rend encore plus fat. Moi qui ne suis même pas spécialiste en médecine générale. Vox populi, vox dei.

EPISODE 65 - La petite A, onze ans, est conduite par ses parents directement aux urgences d'un grand CHU parisien, pour des douleurs abdominales atypiques et les parents hésitent entre une gastro-entérite et une appendicite (on verra plus tard que les médecins auront le même état d'esprit, enfin, selon les propos des parents). Longue attente, petit examen, échographie difficile à faire "en raison d'interpositions coliques" et retour au domicile avec un vague "diagnostic" (?) de douleurs abdominales. Deux jours après retour au même CHU de la même petite fille : péritonite de chez péritonite. Opération en urgence. L'anamnèse rapporte ceci : une échographie inconclusive a été pratiquée mais ni NFS, ni CRP (à 200 le jour de la péritonite). Quand il n'y aura plus de médecins généralistes il y aura encore plus de monde aux urgences et les urgentistes demanderont encore plus de crédits pour obtenir une échographie en urgence pratiquée par un échographiste junior et ne demanderont pas des examens qu'un médecin généraliste des temps où il y avait encore des médecins généralistes aurait demandés. Vae victis.

EPISODE 66 - Madame A, 64 ans, est suivie par mes soins pour une hypertension artérielle, un diabète non insulino-dépendant et un glaucome (je suis, officiellement, le médecin traitant). Madame A est arthrosique et se plaint depuis des années de douleurs multiples et variées (DMV, copyright docteurdu16) pour lesquelles je n'ai pas trouvé de solutions adéquates. Elle souffre encore. Aujourd'hui elle est en colère. Pas contre moi, ce qui me soulage. Elle est allée voir un mésothérapeute du coin qui a) lui a fait du pique pique (plusieurs séances) et sans résultats ; b) qui lui a prescrit des radiographies des deux mains qui ont conclu, que les lecteurs et trices s'accrochent, à de l'arthrose diffuse touchant les articulations MP et les IPP, et cetera... ; c) qui l'a dirigée, de guerre lasse, vers un rhumatologue qui a jeté un regard dédaigneux sur la lettre du distingué mésothérapeute (mais le témoignage humain, ma brave dame...), qui a prescrit des examens complémentaires (en double ou en triple par rapport à ce que j'avais déjà prescrit il y a longtemps) et qui, oh surprise pour un médecin généraliste spécialiste en rien, a "prescrit" de la cuivramine, un traitement de six mois, accompagné de documents en couleur format fiche de mentions légales pour un médicament en demandant d'envoyer un chèque de 150 euro au dit laboratoire (tout le monde, d'après la patiente qui attendait dans la salle d'attente, ressortait avec les dépliants publicitaires...). Elle voulait, ma chère patiente, savoir ce qu'elle devait faire.
Je lui ai dit ceci : a) le mésothérapeute est un einstein ; b) le mésothérapeute est un charmant confrère respectueux des règles de la déontologie ; c) le mésothérapeute respecte également le parcours de soins mis en oeuvre par la sainte CNAM ; d) le rhumatologue ne pratique pas la dichotomie ; d) le rhumatologue ne touche pas de l'argent cuivramine ; e) j'écrivais de ce pas un petit mot à ma façon au confrère médecin généraliste faisant de la mésothérapie (sur ce dernier point elle a poussé de hauts cris car, "Comment allait-elle faire quand elle aurait de nouveau mal, car il l'avait soulagée de quelques douleurs ici et là ?" Je lui répondis avec un sourire appuyé et sincère : "Mais comme d'habitude, chère Madame A, sans me prévenir." Nous restons bons amis.

lundi 31 janvier 2011

LECONS DE H1N1 : ET SI UNE IMMUNISATION PARTIELLE POUVAIT ETRE CONTRE PRODUCTIVE...


(Je reprends et traduis les commentaires faits dans La revue Inside Vaccines à propos d'un article que j'ai pu lire dans la revue Nature )
L'article : Monsalvo, A.C., et al, Severe pandemic 2009 H1N1 influenza disease due to pathogenic immune complexes. Nature Medicine (2010)
Voici les commentaires :

L'essai : a) comprenait des malades hospitalisés en 2009 en Argentine pour grippe H1N1, des malades témoins hospitalisés sans grippe H1N1, et étudiait des tissus pulmonaires de patients décédés de la grippe en 1957 ; b) tentait de comprendre pourquoi la grippe H1N1 de 2009 avait touché une faible partie d'adultes d'âge moyen et pas les plus jeunes et les plus âgés, contrairement aux modèles typiques de la grippe et étudiait une série de marqueurs immunitaires parmi des patients ayant présenté différentes sévérités de grippes.

Les résultats fondamentaux :
  1. La charge virale du H1N1 2009 était plus faible que celle constatée dans les épidémies saisonnières antérieures. Ce résultat était cohérent parmi tous les patients atteints même dans les formes les plus sévères. La pandémie H1N1 2009 fut effectivement moins sévère et moins dangereuse que que les épidémies saisonnières antérieures.
  2. Les personnes âgées avaient un haut niveau d'anticorps protecteurs contre H1N1 2009 qu'ils avaient acquis lors d'expositions à des virus identiques dans le passé.
  3. Dans les cas les plus sévères (adultes d'âge moyen) il existait de forts taux d'anticorps non protecteurs contre H1 (une faible avidité antigénique incapable de neutraliser les antigènes). En revanche les patients d'âge moyen avaient des anticorps à forte avidité pour H1 1999. Une exposition antérieure à une maladie identique (ou à un vaccin) a entraîné la formation d'anticorps se fixant sur les antigènes mais incapables de les neutraliser.
  4. Les cas les plus sévères avaient de hautes concentrations de marqueurs de la maladie des complexes immuns : le système immunitaire s'attaque aux complexes immuns (AC/Ag) dus à la maladie initiale. Dans le cas de H1N1 cette maladie des complexes immuns a conduit aux formes respiratoires les plus sévères, voire à la mort alors que les cas sévères non H1N1 ne présentaient pas ces marqueurs. Les anticorps anti H1N1 non protecteurs ont entraîné la maladie des complexes immuns qui a causé les cas les plus sévères.
  5. Les études sur les tissus pulmonaires de la pandémie H2 1957 ont aussi retrouvé des marqueurs de la maladie des complexes immuns.
CONCLUSION : la maladie des complexes immuns est un candidat sérieux à la survenue de pandémies grippales où, globalement, le virus est léger mais peut entraîner des maladies sévères dans une population atypique comme celle des adultes d'âge moyen.

(Il est à noter que la maladie des complexes immuns avait été à l'origine de l'arrêt des essais du vaccin contre le VRS (virus respiratoire syncitial) dans les années soixante.)

Cette étude n'est pas une preuve définitive.
Il s'agit d'une piste. Sérieuse.
Mais elle invite à se rappeler les opinions toutes faites débitées par les experts pendant la pandémie grippale, experts qui devaient connaître de tels faits mais qui ne pouvaient se permettre de mettre des bâtons dans les roues de la grande machine OMS / Big Pharma lancée à grand frais sur l'autoroute de la connaissance et du bien-être des populations.

Voici les questions, cependant, que l'on doit se poser à la lumière de ces faits :
  1. Est-ce que les études faites sur les vaccins antigrippaux vérifient que les anticorps produits ont une forte avidité ?
  2. Est-ce que les anticorps à faible avidité retrouvés chez les adultes présentant une maladie sévère sont dus au vaccin ou à des expositions précédentes à la grippe ?
  3. Est-il réellement avisé de proposer la vaccination de toute la population au risque de rendre toute la population vulnérable si un virus identique survient et que les anticorps ont une faible avidité ?
Cette étude a le mérite de poser de vraies questions.
Cette étude renforce l'idée que le raisonnement scientifique se doit d'être en première ligne et non les solutions militaires : on vaccine tout le monde et personne ne bouge.
Trouver des solutions sanitaires efficaces fondées sur des approches pragmatiques et ciblées en ciblant les populations à risque est probablement le meilleur moyen de sauver des vies et d'éviter les dégâts collatéraux des initiatives médicales de masse volontiers non nécessaires et pobablement contre productives.

jeudi 27 janvier 2011

INDOLENCE ET ANHEDONISME : UNE SOCIETE IDEALE ?

Francis Bacon (1909 - 1992)

La conscience moderne a décidé ceci : Tu ne souffriras plus.
Cette injonction est moralement inattaquable, éthiquement indispensable et bonsensément évidente.
Il est donc nécessaire que le corps médical et ses associés paramédicaux se mobilisent pour atteindre cet idéal : la Société a une conscience universelle qui s'applique à tous les membres du corps social sans exception, c'est cela la démocratie que tout le monde nous envie.
Cet idéal est bien entendu incontestable : qui oserait s'avancer sur la voie étroite et semée de mauvais sentiments que serait l'ébauche de l'esquisse d'une acceptation de la souffrance physique et morale ?
J'essaierai de m'y risquer.
Par où commencer ?
Il n'est pas contestable que la douleur doit être "traitée" quand il est possible de le faire, c'est à dire la faire disparaître ou l'atténuer.
Il est probable que la France a mis un certain temps à comprendre que les enfants souffraient, que les personnes en fin de vie souffraient et qu'il était possible, sinon souhaitable, de leur prescrire des antalgiques adaptés, dont des opiacés et des morphiniques, malgré le risque théorique et réel de dépendance, ce qui, pour une personne très âgée semble à la fois dérisoire et sans objet. Mais maintenant que le corps médical a compris, ou a fait semblant de comprendre, l'intérêt de la prise en charge de la douleur, il n'est plus possible d'entrer dans un service hospitalier sans qu'un soignant ne vous tende une réglette EVA (échelle visuelle analogique) qui transforme en un clin d'oeil un malade souffrant de douleurs en un chiffre compris entre 0 et 10.
L'indolence physique a un prix. Les antalgiques sont susceptibles d'entraîner des effets indésirables qui peuvent avoir des conséquences néfastes quand ils perturbent la vigilance, des conducteurs ou des personnes âgées (fractures du col du fémur), et aussi quand ils conduisent à l'addiction. Mais ils sont aussi potentiellement responsables de lésions hépatiques ou de dépendance et d'accidents de coprescriptions.
Les antalgiques, pain killers en anglais, sont donc de plus en plus prescrits, sont de plus en plus vendus au dessus du comptoir (c'est à dire sans ordonnance), car personne ne supporte plus de souffrir. Cette attirance pour l'indolence est même devenue un droit : la vie humaine ne doit plus souffrir de souffrances. On en arrive à parler de la disparition de l'autonomie quand le chiffre de l'EVA devient préoccupant.
Il y a donc un marché. Et un marché quasiment infini à l'échelle de la mondialisation. De nouvelles classes de médicaments apparaissent car la douleur prend des masques complexes. Les douleurs neuropathiques sont à la mode, par exemple. Mais les "nouvelles" maladies qu'il faut traiter avec de "nouveaux" médicaments naissent aussi de la baisse des coûts des antalgiques traditionnels, produits anciens tombés dans le domaine public. Traiter une douleur avec de la prégabaline est plus rentable que de la traiter avec du paracétamol. Je ne dis pas que les douleurs neuropathiques... Je dis que la possibilité de traiter toutes les douleurs avec la prégabaline est ouverte.
Un monde sans douleur, voilà le but à atteindre. La douleur, cette ennemie, a permis, outre le développement des centres anti douleurs qui sont, après avoir été la propriété des anesthésistes, devenus celle des psychologues et, désormais, sans vergogne, celle de la pregabaline déjà citée et des stimulateurs externes. Point n'est besoin d'adresser des patients dans ces centres, sinon pour se débarrasser de patients qui ne savent pas ne pas souffrir, car ils en ressortent avec une ordonnance identique.
Un monde sans douleur dans lequel est née la fibromyalgie. J'en ai déjà parlé ici. La fibromyalgie est un cas d'école de la lutte anti douleur car tous les ingrédients de la maladie à la mode sont réunis ; gageons même que telle l'hystérie de Charcot, la fibromyalgie des fibromyalgologues disparaîtra un jour de sa même mort. Les ingrédients : la fabrication de la maladie, les hypothèses étiopathogéniques les plus farfelues comme les plus sérieuses, des débats titanesques et, au bout du compte, des ordonnances à rallonge, "symptomatiques", et des malades qui continuent de souffrir.
Un monde sans douleur et un monde, presque, sans mort. La mort dans la dignité signifie, aussi, mourir sans douleur. Les services de soins palliatifs arrivent ! Les médecins curés, imams ou rabbins sont aux manettes mais pour exercer une sorte de sainteté laïque qui consiste à rendre la fin de vie indolore et acceptable.
Et quand la médecine échoue, c'est ce que disent les partisans de la fin de vie définitive, il faut transformer les médecins en prescripteurs passifs de l'euthanasie. Et les médecins qui émettent des doutes, pas les médecins non laïques, ceux qui refusent d'abréger la vie humaine au nom de la religion, ceux-là sont des anti modernes avérés, non, les médecins qui se demandent pourquoi on fait appel à eux, en fin de vie, pour donner l'extrême-onction scientifique, alors qu'il devrait s'agir d'une affaire privée...
Car la perte d'autonomie, nouvelle notion moderne et non critiquable, la modernité est une notion per se, une notion naturelle qui n'a besoin d'aucune justification morale, conduit elle-aussi à l'euthanasie. A partir du moment où l'individu perd son autonomie il n'est plus "vivable", il ne correspond plus à l'idéal de la vie complète de l'homme (ou de la femme) moderne.
Mais la douleur morale est aussi à combattre. Qu'il s'agisse de la banale anxiété qui peut aller jusqu'à l'anxiété pathologique, qu'il s'agisse des phobies qui empêchent de vivre, qu'il s'agisse de la dépression réactionnelle ou de la bipolarité. L'humanité souffrante n'a plus le droit de souffrir moralement. Chaque "maladie" psychique est étudiée, testée, et pour chacune identifiée un ou des médicaments sont utilisables.
Vous perdez vos clés ? Une cellule psychologique est convoquée. Un enfant tombe d'un toboggan dans une école maternelle le samu psychique est exigé par le parents d'élèves. Votre petite amie vous plaque, il faut un IRS pour vous soulager. Vous avez la phobie des pots de fleurs ? Un autre IRS est à votre disposition. Vous êtes fibromyalgique ? Un antidépresseur qui agit sur le seuil de la douleur peut aussi vous être prescrit. Car le fibromyalgique, s'il souffre, ne veut pas qu'on dise qu'il souffre de sa tête, sa maladie est ORGANIQUE, alors, il prend quand même des antidépresseurs, non pour traiter sa dépression mais pour traiter sa douleur...
Combien de malades sous Prozac sont anhédoniques, c'est à dire incapables de ne plus rien éprouver, ni en bien ni en mal, combien de malades sous antidépresseurs se sentent ailleurs dans cette bulle de bien-être, une bulle de bien-être qu'à cause du Prozac ils ne peuvent même plus apprécier... Ils regrettent la "vraie" vie quand ils pleuraient lors d'un décès de l'un de leur proche, ils regrettent la "vraie" vie quand un sourire les faisait sourire.
Et il n'est pas de jours où des médecins, des associations de malades, ne s'insurgent contre le sous-diagnostic des dépressions, pas un jour où l'on n'entend de braves gens s'insurger contre la souffrance des dépressifs, des anxieux, des phobiques, ne parlons pas des schizophrènes et autres psychotiques : la maladie mentale est négligée en France.
Un monde sans douleurs, un monde où les gens ne souffrent pas, ne souffrent plus, ne souffriront pas, un monde dans lequel l'humanité non souffrante ne s'acceptera plus en tant qu'humanité mais en tant qu'humanoïdes froids et aneuronaux.
Et ainsi, dans ce monde si bien décrit par Illich (voir ici), les gens qui oseront dire le contraire seront, encore, traités de réactionnaires, de partisans du vieux monde, de vieillards lubriques répétant à l'envi "Tu accoucheras dans la douleur."
Souffrons donc de ne pas participer à l'enthousiasme général, au combat contre l'algie, sorte de divinité maléfique, cessons de nous rappeler notre spleen, cessons de le vivre notre spleen, arrêtons de chanter le blues, d'écouter le blues, de nous complaire dans la mélancolie, soyons positifs, beaux, forts et compétents, voire compétitifs, soyons malheureux de devoir être heureux, des hommes sans douleurs et sans passions.

mardi 25 janvier 2011

OCNI : OBJETS CUTANES NON IDENTIFIES

Saint-Louis guérissant les écrouelles

La médecine générale est bonne et mauvaise fille. Bonne fille car elle nous permet de nous confronter à des situations nouvelles qui devraient rendre notre ennui et notre lassitude inopérants, mauvaise fille car elle nous renvoie à une ignorance liée à l'immensité du champ des connaissances qui peut conduire à la culpabilité d'avoir été ignorant.
Les lésions cutanées sont un cas fréquent de doute en médecine générale.
Le premier médecin que j'avais remplacé (en 1979) m'avait dit : La dermatologie, c'est facile, les lésions sont soit traitables par la cortisone, soit traitables par les anti mycosiques, soit par la biopsie.
Il exagérait, bien entendu. Mais, avec un peu d'expérience, quelques échecs cuisants et quelques succès faciles, je peux affirmer qu'il avait raison.
Cela dit, les OCNI sont générateurs de prises de tête embarrassantes en consultation de médecine générale.
Les dermatologues, qui exercent une spécialité qu'ils disent compliquée, ont tendance à penser que la peau est le miroir du corps mais c'est un miroir qui se nourrit d'examens de laboratoire dont nous manquons cruellement, pour la plupart, durant la consultation de médecine générale.
Je vous propose, et même à ceux qui ne croient pas aux soucoupes volantes, cet exercice de dermatologie qui a le mérite, lui aussi, comme tous les albums d'images, de nous renvoyer à notre quotidien, c'est à dire à notre innocence (corticoïdes versus anti mycosiques) et à notre ignorance supposée (tous moyens d'investigation égaux par ailleurs).
Je pense, mais j'imagine que je serai critiqué par nos amis dermatologues, que la dermatologie, malgré la présence des OCNI, n'a rien à faire en ville et qu'elle devrait se replier vers l'hôpital où elle rendrait des services significatifs.
Pour tester vos connaissances, c'est ICI.

samedi 22 janvier 2011

UNE AFFECTION VIRALE - HISTOIRE DE CONSULTATION 63

Paul Klee - Tête d'homme (sur le point de devenir sénile) - 1922

Les medias n'en ont pas fini avec la grippe. N'ayant rien appris de la calamiteuse campagne pandémique de l'année dernière ils continuent de diffuser des nouvelles alarmistes et à prôner l'épidémie. On apprend même que la période de vaccination remboursée est étendue jusqu'au mois de février : Big Pharma n'aurait pas fait son chiffre ?

C'est dans cette ambiance que la petite A, trois ans, 16 kilos, est amenée en ce lundi soir par sa maman pour une fièvre persistante (38° le matin et volontiers 39°5 le soir) après qu'elle a vu vendredi son pédiââtre qui a conclu à une grippe. Le pédiatre a prescrit une désinfection rhinopharyngée et une association paracetamol / ibuprofène.
J'examine la petite, floride, et ne retrouve rien de particulier. Voici ce que j'écris dans le carnet de santé et dans le dossier électronique :"Syndrome grippal like sans signes de localisation. Pharyngite a minima, tympans rosés en périphérie, nuque et ventre souples, auscultation pulmonaire sans particularité, pas d'éruption. Traitement non modifié. Prévoir un ecbu et une radio pulmonaire en cas de fièvre prolongée." Je demande à la maman de m'appeler le lendemain.
Appel de la maman le mercredi après-midi : Plus de fièvre le matin mais 38°9 le soir. Je conseille au téléphone de faire l'ecbu et les radiographies pulmonaires que j'avais déjà prescrits.
Rendez-vous est pris le lendemain avec mon associée (je suis absent le jeudi) pour rapporter les radios car "Il y a quelque chose...". Résultat de consultation : "Syndrome grippal confirmé." Les radiographies montraient selon le compte rendu : "Majoration de la trame broncho-interstitielle en faveur d'une broncho-pneumopathie..." Par oral la maman de la petite A a appris que le culot urinaire était normal.
Vendredi. La maman m'appelle vers 17 heures. Sa fille a toujours 38°5. Le laboratoire lui a téléphoné pour lui dire qu'il y avait quelque chose. Je m'étonne : "Je croyais que le culot était normal. - Il y a dû avoir une erreur." Le fax prévu n'arrive pas, je téléphone au labo. Escherichia coli sensible à tout."
Je vous passe les détails du reste.
Je vous laisse faire les commentaires.
La pratique de la médecine générale est étonnante.

mercredi 19 janvier 2011

MAXIME GREMETZ PORTE PLAINTE CONTRE SERVIER

Maxime Gremetz, que l'on appelait jadis Minime au PCF, en raison de sa grande intelligence, mais c'est une époque révolue que celle où, ne connaissant d'autre langue étrangère que le français et croyant que le Mur de Berlin avait été construit par les forces du grand Capital pour empêcher les Allemands de l'Ouestde passer à l'Est, a pris du Mediator pendant au minimum quinze ans selon une dépêche de l'AFP (ici) certainement parce qu' il représentait le Parti dans tous les pays "frères" et notamment en Corée du Nord, les grands démocrates amis de nos communistes nationaux !

On se perd en conjectures.

On se demande d'abord comment un homme aussi calme et connu pour sa parfaite retenue a pu résister au poids des effets indésirables des amphétamines et on s'étonne ensuite qu'une addiction de quinze ans n'ait pas plus entamé sa pondération légendaire et son sens inaltérable des nuances.
On se demande aussi comment un homme aussi au courant de l'influence délétère de Big Pharma sur la Santé Publique française a pu manger du Servier et croire qu'il pourrait en maigrir ou faire baisser son hémoglobine glyquée (nous ne savons pas en l'état actuel de l'enquête, nos sources politico-judiciaires n'ont pas encore décidé de se manifester, s'il s'agissait de prescriptions inutiles in AMM ou de prescriptions antisociales hors AMM) .
On se demande comment un médecin, à moins qu'il n'ait été un anticommuniste primaire de la pire espèce ou un trotskiste de la première mouture (quand les amis de Maxime Gremetz les appelaient de façon charmante les hitléro-trotskistes), a pu lui prescrire un médicament susceptible de détruire d'aussi solides valves cardiaques prolétariennes anticapitalistes capables à n'en pas douter de venir à bout des flots sanguins les plus réactionnaires et ici servieristes.
On se demande comment Maxime Gremetz a pu se faire prescrire du Mediator par un médecin qui ne connaissait même pas l'existence de la revue Prescrire.
On se demande aussi pourquoi le député de la Somme n'a pas ajouté sa plainte à celle des autres victimes : ses valves auraient-elles des pouvoirs spéciaux ?
Le mediator de Monsieur Servier, contrairement à Monsieur Servier, ne fait pas de politique : il est aussi adoubé par les responsables communistes. La lutte des classes n'est plus ce qu'elle était.
Tout comme Madame Bachelot avait été adoptée par Jean-Luc Mélenchon mais pas par le Parti de Gauche tout entier (on pense au sénateur Autain) au moment de la grande campagne prolétarienne de vaccination contre la pandémie de grippe A/H1N1v initiée par Margaret Chan, camarade citoyenne de la grande République Populaire de Chine, et mise en oeuvre dans les fameux vaccinodromes dont l'importance de l'enveloppe budgétaire a permis de supprimer de nombreux emplois intérimaires en 2010 dans nombre d'administrations.
Décidément, l'AFSSAPS était non seulement aux mains du Grand Capital mais elle avait aussi pour mission de rendre malades les opposants au Grand Capital. John Le Carré en aurait fait ses choux blancs : Margaret Chan dans le rôle de Karla et le professeur Gentilini dans celui de Smiley...
On espère que le médecin traitant de Monsieur Gremetz n'a écouté que son coeur tout en l'auscultant ou a prescrit une échocardiographie qu'il ira faire dans un dispensaire de proximité (de l'Assemblée Nationale) afin d'éliminer toute atteinte valvulaire susceptible de l'empêcher de se faire amnistier par Jacques Chirac dans une sombre affaire d'accident de voiture (dû à une rupture de cordage ?).

Longue vie au camarade Gremetz et honte au ci-devant Servier qui n'a mis au point (si l'on ose dire) le Mediator que pour nuire au Parti Communiste Français.

(J'apprends en dernière minute que le grand philogyne et misophile Michel Charasse a également pris du Mediator pendant des années : la patrie est en danger !).