dimanche 16 septembre 2018

Peter Gøtzsche est viré de la Cochrane.

Peter Gøtzsche


Comme tout le monde je suis un lecteur (pas émérite) des articles de la Collaboration Cochrane. Comme tout le monde, ou presque, je retiens surtout les conclusions qui vont dans le sens de ce que je pense et j'oublie ou mets du temps à considérer (et à appliquer) celles qui remettent en cause mes habitudes (dans le style : ça a toujours marché, mon expérience personnelle est favorable, mes patients sont contents, et cetera, l'auto avis d'expert, et ne venez pas m'emmerder dans ma pratique).
Lecteur (pas émérite) de la revue Prescrire j'ai souvent critiqué la méthode Prescrire d'évaluation sur le site des Lecteurs Prescrire (pas l'endroit le plus empathique du monde à l'égard de ceux qui critiquent la revue Prescrire) dans la mesure où la méthodologie, hormis le bla bla sur la recherche méthodique de documentation sur les bases de données, n'était jamais précisée de façon claire (pondération de la pertinence des articles en particulier) en mettant en avant la plus grande clarté de la méthodologie Cochrane.

Patatra. On apprend que Peter Gøtzsche est viré du conseil de gouvernance de la collaboration Cochrane.

Comme le rappelait fort justement CMT dans un thread sur TWT (ICI), il suffit (excusez le ton suffisant) de chercher l'argent. Le financement de la collaboration Cochrane est privé. Donc, pour avoir de l'argent il faut ne pas dire du mal du privé. Même si l'histoire est celle-ci : ce sont les publications Cochrane qui rapportent de l'argent et qui achète les publications Cochrane, sinon BigPharma, quand elles sont favorables à ses produits ou quand elles permettent de les utiliser comme matériel de vente ?

Le communiqué de Peter Gøtzsche est empreint d'humilité, de désespérance et d'ambition : LA
A moral governance crisis: the growing lack of democratic collaboration and scientific pluralism in Cochrane
Une crise morale de la gouvernance : le manque grandissant de collaboration démocratique et de pluralisme scientifique chez Cochrane.

I regret to inform you that I have been expelled from membership in the Cochrane Collaboration by the favourable vote of 6 of the 13 members of the Governing Board. No clear reasoned justification has been given for my expulsion aside from accusing me of causing “disrepute” for the organization. This is the first time in 25 years that a member has been excluded from membership of Cochrane. This unprecedented action taken by a minority of the Governing Board is disproportionate and damaging to Cochrane, as well as to public health interests.

J'ai le regret de vous informer que j'ai été exclu de la Collaboration Cochrane par le vote favorable de 6 sur 13 des membres du conseil de gouvernance. Aucune justification claire et raisonnable n'a été donnée pour mon éviction à part le fait d'être accusé de causer de la déconsidération pour la Collaboration Cochrane. C'est la première fois en 25 ans qu'un membre est exclu de la communauté Cochrane. Cette action sans précédent prise par une minorité du conseil de gouvernance est disproportionnée et dommageable pour Cochrane, tout autant que pour les intérêts de la santé publique.

Peter Gøtzsche demande donc la dissolution du conseil de gouvernance et la tenue de nouvelles élections à la suite d'une argumentation rapportant combien les objectifs premiers de la collaboration ont été abandonnés et combien ce sont les objectifs commerciaux qui priment désormais. Il souligne que les termes "marques", "produits", "commerce" résument la communication de la gouvernance alors que la Cochrane  devrait être avant tout, selon lui, un réseau collaboratif ayant pour valeurs le partage, l'indépendance et l'ouverture.

Voici ce que disent les 4 démissionnaires qui ont suivi l'exclusion de Peter Gøtzsche : LA.

Leur conclusion : "It is our hope and deepest desire that this event will encourage all Cochrane members and the wider community to reflect upon where we currently find ourselves and give serious consideration to what we want for the future of Cochrane and its principles, objectives, and ethos. "

Les raisons supposées de l'exclusion de Peter Gøtzsche (pour en savoir plus sur lui, voir ICI) :

Les derniers faits connus de nous auxquels se réfère Peter Gøtzsche sont ceux de l'évaluation du vaccin anti papillomavirus par la Collaboration Cochrane. aurait mis de côté certains articles mais, surtout, aurait négligé le fait que les firmes ne leur auraient pas fourni tous les documents permettant cette évaluation et ne l'aurait pas signalé aux lecteurs.

La publication originelle de Cochrane peut être lue ICI  et date de mai 2018.

Elle a entraîné le déclenchement d'actions marketing dans le monde entier, les Key Opinion Leaders se sont déchaînés et les sites de propagande vaccinolâtre ont embrayé en demandant l'obligation vaccinale contre le papillomavirus pour les filles et les garçons.

Tom Jefferson


Trois auteurs, dont deux appartenant à Cochrane, Jørgensen L et Gøtzsche P, et un troisième, Jefferson T (Centre For Evidence Based Medicine in Oxford), bien connu pour avoir dénoncé les manipulations de Roche concernant le rapport bénéfices/risques du Tamiflu (voir LA : en notant qu'à l'époque Jefferson et Cochrane officiel étaient d'accord pour dénoncer des faits de tricherie et de dissimulation émanant de Roche qui ressemblent étrangement à ce qui est reproché à Cochrane désormais Canal Historique), publient un article virulent (ICI) dans le British Evidence-Based Medicine Journal qui met le feu aux poudres

Voici les reproches faits par les 3 auteurs à la revue Cochrane :
  1. Presque 50 % des essais éligibles n'ont pas été pris en compte (et notamment des essais concernant le gardasil 9) qui intéressaient 120 000 femmes) et parmi ceux pris en compte il existait des biais de reporting et de méthodologie. (Par ailleurs ces mêmes 3 auteurs avaient publié un listing des études à prendre en compte : ICI)
  2. Aucun essai inclus ne comportait un vrai bras placebo, les comparateurs étant l'aluminium et/ou le vaccin contre l'hépatite.
  3. Les critères de jugement pour évaluer la survenue du cancer du col étaient un composite de critères de substitution dont certains ne sont pas corrélés à la survenue d'un cancer du col.
  4. Les effets indésirables sévères et systémiques n'ont pas été évalués de façon correcte (données manquantes, données non intégrées à la synthèse finale, données non fournies par les industriels et non exigées...)
  5. Certains risques liés à l'administration du vaccin ont été mis de côté et l'évaluation a été faite à partir d'études de tolérance communautaires, patronnées par le WHO ou par l'EMA elles-mêmes fondées sur des données industrielles.
  6. Les conflits d'intérêts ont été négligés puisque tous les essais retenus ont été réalisés sur des fonds émanant des fabricants, 14 auteurs du premier protocole avaient des liens avec l'industrie des vaccins, sur les 4 auteurs principaux de la revue, 3 présentaient des conflits d'intérêts dans les 10 ans précédents et le premier auteur "currently leads EMA’s ‘post-marketing surveillance of HPV vaccination effects in non-Nordic member states of the European Union’, which is funded by Sanofi-Pasteur-MSD that was the co-manufacturer of Gardasil."  
Les 3 auteurs remarquent également que la recension de cette analyse par la presse médicale a été unanime dans les louanges sans la moindre critique, et sont ainsi d'accord avec les écrits de Richard Smith, ancien rédacteur en chef du British Medical Journal, qui décrivaient cette presse médicale comme une extension marketing de l'industrie pharmaceutique.

La lecture complète de l'article est édifiante et on comprend que Cochrane n'ait pas aimé.


9 août 2018 : Bon résumé de la situation par Nigel Hawkes dans le BMJ :  LA

Voici la réponse circonstanciée de Cochrane : ICI.

Puis le BMJ Evidence-Based Medicine Journal répond à Cochrane et ne s'excuse pas : LA.

Puis Peter Gøtzsche est viré.

Un nouveau thread de CMT (@MartinFierro769) commentant les critiques des 3 auteurs : LA.

A suivre car il en est de l'indépendance critique de l'évaluation des soins au niveau international.

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Fil d'actualité concernant l'affaire (que vous retrouverez LA) :

15 septembre 2018 : un papier de Talha Burki dans Lancet.

16 septembre : article dans Stat par Adam Marcus et Ivan Oransky : La tourmente éclate après l'expulsion d'un membre du groupe leader de l'EBM. LA
16 septembre 2018 :
Sur le blog de Maryanne Demasi qui collabore avec Peter Gøtzsche : Cochrane ? - Un bateau en train de couler ? ICI
17 septembre 2018 :
Une réaction curieuse de Ray Moynihan : LA.
17 septembre : Trish Greenhalgh : Une voix discordante : ICI.

Le 17 septembre, le Cochrane's Governing Board s'explique sur l'exclusion :
This Board decision is not about freedom of speech.
It is not about scientific debate.
It is not about tolerance of dissent.
It is not about someone being unable to criticize a Cochrane Review.
It is about a long-term pattern of behaviour that we say is totally, and utterly, at variance with the principles and governance of the Cochrane Collaboration. This is about integrity, accountability and leadership.
Pour lire la suite :
ICI.

Le 17 septembre 2018 : un brûlot de Richard Smith défendant Peter Gøtzsche : LA.

Le 17 septembre 2018 :une réaction d'Inca Vesper dans Nature.

Le 18 septembre 2018 :un billet de Hilda Bastian dans Plos.

Le 19 septembre 2018 : un premier commentaire français par Hervé Maisonneuve. LA

Le 20 septembre 2018 : un nouveau thread de CMT : Il faut sauver le soldat Gøtzsche : ICI.

Le 20 septembre 2018 : un éditorial de Fiona Godlee, rédactrice en chef du BMJ, intitulé "ReinvigoratingCochrane" : ICI.

Le 21 septembre 2018 : un article grand public de Stéphane Foucart : LA.

Le 21 septembre : un article grand public sur Peter Gøtzsche de Stéphane Foucart : ICI.

Le 22 septembre 2018 Abel Novoa, de No Gracias, écrit un article en espagnol (je vous mets la  version originale et la traduction en anglais) qui reprend tous les arguments des articles et des contributions précité.e.s. Le résumé est celui-ci ou le GIGO paradigme :


Que dit-il? Il prend partie pour Fiona Godlee et contre Hilda Bastian en reprenant les propos de la première,
“We must hope that Cochrane remembers its roots, and that it comes through this episode reinvigorated, independent, and committed to holding industry and academia to account.”

Et il conclut :
“Limiting the market and the growing power of organizational bureaucracies is not an ideological matter, but clearly a professional one. Interested accusations of ideologization against professional independence initiatives are putting patients and populations at risk in the name of particular interests.” 

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Et voici en ce 23 septembre la réponse des trois auteurs qui ont mis le feu aux poudres : ICI pour le texte complet.

"Jørgensen, 1Gøtzsche and Jefferson  consider their analysis was appropriate and that the Cochrane editors substantially ignored several of their criticisms.".


"We did not “substantially overstate” (1) our criticisms of the Cochrane HPV vaccine review (2). The Cochrane editors substantially ignored several of our criticisms. The Cochrane HPV review is still incomplete and ignores important evidence of bias.
The Cochrane editors stated that “Some of the criticisms will inform the next version of this Cochrane Review and the planned review of comparative studies of HPV vaccines,” and that the editors “recognize public concerns about the aluminium-based adjuvants” (1).
The editors also stated that “reliance on the published reports in scientific journals may introduce bias due to incomplete and selective reporting” (1). We agree and remind the Cochrane editors that the Cochrane review on neuraminidase inhibitors substantially changed its conclusions after it got updated and became based on clinical study reports instead of journal publications (31).
With our analysis (2), we have contributed to a scientific debate in an area that is complex and biased. The Cochrane HPV review authors stated that they will make a “Request for non‐published available data” such as clinical study reports that “will be integrated in future updates of the review” (3). We can offer them these data, which we have used for our own systematic review that we have submitted for publication."
Nous n'avons pas "considérablement exagéré" nos critiques à l'égard de la revue Cochrane consacrée au vaccin HPV. Les éditeurs de Cochrane ont considérablement ignoré nombre de nos critiques. La revue Cochrane consacrée au vaccin HPV est encore incomplète et ignore d'importantes preuves de biais.
Les éditeurs ont affirmé que "Certaines des critiques seront prises en compte dans la prochaine version de la revue Cochrane et pour la revue prévue sur les études comparatives des vaccins HPV" et  qu'ils "reconnaissent les problèmes posés par les adjuvants à base d'aluminium".
Ils ont affirmé également que "la confiance sur les rapports publiés dans des journaux scientifiques peut introduire des biais liés à des rapports incomplets et sélectifs". Nous acquiesçons et nous rappelons aux éditeurs que la revue Cochrane sur les inhibiteurs de la neuraminidase a considérablement changé ses conclusions après qu'elle a pris en compte et fondé ses conclusions sur les rapports d'études cliniques et non sur les publications dans les revues.
Avec notre analyse nous avons contribué à un débat scientifique dans un domaine complexe et biaisé. Les auteurs de la revue Cochrane consacrée au vaccin HPV ont affirmé qu'ils feraient une "requête pour obtenir des données disponibles non publiées" comme des rapports d'études cliniques qui seront "intégrées dans les futures mises à jour de la revue". Nous pouvons leur fournir ces données que nous avons utilisées pour notre propre revue systématique que nous avons soumise à publication". 

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Un article paru le 24 septembre sur les défis liés à une interprétation indépendante des effets indésirables des vaccins HPV par Jorgensen, Doshi, Gotzche et Jefferson : LA.

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Peter Gøtzsche  est vraiment viré. Voir ICI le communiqué du Board de Cochrane.

Le dernier paragraphe est orwellien :

"We are committed to the highest standards of governance and to ensuring that Cochrane is a welcoming, open, dynamic organization, that lives up to its values, and has a working culture which attracts the best researchers, clinicians and others interested in healthcare evidence. We continue to lead and support the organization to deliver our Strategy to 2020, which aims to put Cochrane evidence at the heart of health decision-making all over the world."

Ainsi le Cochrane's Governing Board ne répond-il pas sur le fond (la mauvaise qualité de la revue sur les vaccins HPV pas plus que sur les liens d'intérêt) mais sur l'attitude de Peter Gøtzsche qui n'a pas respecté les critères de collégialité de l'organisation.

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On peut se référer au blog de Peter Gøtzsche : ICI

Voici ce qu'il écrit le 26 septembre :

"Gøtzsche’s comments on Statement from Cochrane’s Governing Board about why his appeal was rejected. The Cochrane Governing Board – instead of providing a good example for others to follow – distorts the evidence, suppresses it, or lies about it. I have devoted 25 years of my life to Cochrane, including many evenings and weekends, and got elected to the Board with the most votes of the 11 candidates because I wanted to change Cochrane’s current direction of travel, which contradicts its fundamental values. I feel sadness for the thousands of unpaid volunteers who have worked tirelessly to create the wealth of Cochrane, only to be under the cloud of the current leadership. This must change. If not, the moral downfall will continue and Cochrane will wither."

Cette déclaration a été publiée le 27 septembre 2018 sur le site FaceBook de La Cochrane italienne (AssociALI) puis elle a disparu.

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Le 28 septembre 2018 : l'appel de Peter Gøtzsche a été rejeté par Cochrane. 
une information de Nigel Hawkes dans le BMJ : ICI.

Fin de l'histoire ?

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Le 29 septembre, la Nordic Cochrane fait sécession.



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Quand Cochrane ne suit pas sa politique interne.


Désolé, mais pour une erreur technique de manipulation un certain nombre d'informations ont disparu du billet. J'essaie de réparer.

Pour l'instant : la suite :

Le 18 novembre : la lette de John Ioannidis à la ministre de la santé danoise. LA.

Letter from John Ioannidis to the Danish Minister of Health in defence of Peter Gøtzsche


Le 6 décembre John Ioannidis analyse avec brio la crise Cochrane :  ICI 

Le 15 décembre 2018 Peter Gøtzsche monte d'un ton : ICI.

My dismissal is scientific judicial murder.

It is a full-blown scandal that Rigshospitalet will dismiss me. It is a clear attack on both independent research and freedom of expression.

La suite : ICI

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Le 3 janvier 2019 : création d'un Institut libre par Peter Gøtzsche : LA

Peter C. Gøtzsche: Why we're establishing an institute for scientific freedom


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Un très bon papier dans le BMJ du 3 janvier 2019 : ICI

Has Cochrane lost its way?


Le 11 décembre, la direction Cochrane "reprend la main" et publie des directives.

Priorities for Cochrane in the coming months: a joint message from the Board and Council Co-Chairs



Un éditorial de John Ioannidis : LA.

Cochrane crisis: Secrecy, intolérance and evidence-based values.


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Le 2 février 2019 : Communiqué pour la parution du livre de

Peter Gøtzsche


Book: Gøtzsche PC. Death of a whistleblower and Cochrane's moral collapse
 
This book, released two days ago, gives readers access to secret recordings, which reveal how the Cochrane leadership betrayed the charity’s mission and values; misled millions of people about the facts; and trampled over all sorts of rules and agreements for charities and Cochrane in the process to get its way.  

I pull back the covers on this unscrupulous process. This is the fascinating story about institutional corruption in one of the world’s most venerated charities, the Cochrane Collaboration, which ultimately led to the worst show trial in academia you can imagine. 

There were three main reasons why I was expelled from Cochrane:

1. Although I was a democratically elected member of the Governing Board, Cochrane’s CEO, Mark Wilson, wanted me out not only from the board but from Cochrane because I had criticised his management.

2. My criticism of psychiatry and psychiatric drugs.

3. My criticism of the prestigious Cochrane HPV vaccine review, which my co-workers and I published in another scientific journal. 

Mark Wilson did not stop by having me expelled. He even succeeded to get me fired from my job in Denmark two days ago, although Cochrane’s own legal investigation showed I had done nothing wrong. Cochrane cannot survive without the altruistic contributions of thousands of volunteers. I have contributed a lot to Cochrane, including over 4 million Euros to software development. When the CEO can get people like me fired whose activities were paid for by a government in another country, it raises questions about whether this is an organisation you would want to belong to. 

I fought to uphold Cochrane’s original values of transparency, rigorous science, free scientific debates, and collaboration. But instead of maintaining scientific integrity, Cochrane’s CEO is consumed with managing the charity like a business, promoting its brand and products and demanding the censorship of dissenting views. This is detrimental to a scientific organisation and action is therefore needed. 

My book: Gøtzsche PC. Death of a whistleblower and Cochrane's moral collapse. Copenhagen: People’s Press; 2019, is an e-book that was released on 31 January. It can be bought on Amazon for £22,19:
https://www.amazon.co.uk/Death-whistleblower-Cochranes-moral-collapse-ebook/dp/B07N927GXC/ref=sr_1_15?s=books&ie=UTF8&qid=1549013946&sr=1-15&keywords=death+of+a+whistleblower

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Le 27 mars 2019

Une analyse de Robert Wolff sur la crise : ICI.

Cochrane Members for Change
I am also one of the 620 supporters of Cochrane Members for Change, a movement initiated by Jos Verbeek (Coordinating Editor, Cochrane Work), Gerd Antes (former Director, Cochrane Germany), Matteo Bruschettini (Director, Cochrane Sweden), Jani Ruotsalainen (Managing Editor, Cochrane Work), Chris Del Mar (Coordinating Editor, Cochrane Acute Respiratory Infections), Mark Jones (Centre for Research in Evidence-Based Practice (CREBP), Bond University, Australia), Caroline Struthers (UK EQUATOR Centre, University of Oxford), Lotty Hooft (Director, Cochrane Netherlands), Tianjing Li (Co-ordinating Editor, (US Satellite) Eyes and Vision), Gerald Gartlehner (Director, Cochrane Austria), Nicole Skoetz (Senior Editor, Cochrane Cancer), Barbara Nußbaumer-Streit (Associate Director, Cochrane Austria), Nancy Santesso (Deputy Director, Cochrane Canada), Philipp Dahm (Coordinating Editor, Cochrane Urology), Malgorzata Bala (Director, Cochrane Poland), and Jörg Meerpohl (Director, Cochrane Germany).
The initiative identified four major policy issues:
  1. Create a culture of open discussion,
  2. Refocus on the heart of Cochrane,
  3. Increase the involvement of Cochrane members, and
  4. Find a better business model for Cochrane.
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Octobre/décembre 2019


Peter Gøtzsche fait une mise au point sur son expulsion de la Cochrane : ICI. Et l'abstract

Abstract
On September 13, 2018, one of the founders of the Cochrane Collaboration was expelled from the organisation, by a narrow vote of 6 to 5. Many see this as a moral collapse in what was once a magnificent grassroots organisation, guided by ethical principles and helping people make better decisions about healthcare interventions.
I am that excommunicated person. I review here the essential issues leading to my expulsion, which occurred primarily because, in my capacity as a board member, I had challenged the CEO’s virtually total control over the board, his mismanagement of Cochrane, and the direction in which he was taking the organisation. My criticism of psychiatric drugs and the highly prestigious Cochrane review of HPV vaccines also played a role. Freedom of Information requests revealed that the CEO went well beyond his brief to demand my removal from the Nordic Cochrane Centre, resulting in my sacking.
Cochrane has become too close to industry and has introduced scientific censorship, which is detrimental for a scientific organisation. The board has announced a “zero tolerance” policy for repeated, serious bad behaviour. It would be beneficial if its CEO and board members applied this principle to themselves.
I also discuss a recent paper by Trisha Greenhalgh et al that
purported to have analysed the current Cochrane crisis in a disinterested fashion, which it did not. Instead of discussing the undeniable facts and the horrific abuses of power, TG consistently used positive terms about Cochrane and negative ones about me and my supporters.

***

6 novembre 2019

Une critique du dernier livre 

Book review: Death of a whistleblower and Cochrane’s moral collapse

 de 

Peter Gøtzsche : ICI


A suivre


jeudi 6 septembre 2018

Homéopathie et doyens des facultés de médecine. La médecine m'inquiète : microf(r)ictions 86


La conférence des doyens se prononce pour l'enseignement universitaire de l'homéopathie et des médecines alternatives et intégratives. Voir ICI.

Nous voilà bien.

Devrait-on s'inquiéter dans d'autres domaines de la médecine académique ?

Pour un enseignement universitaire rigoureux de l’homéopathie et des médecines alternatives et intégratives
6 septembre 2018

    La Conférence des Présidents d’Université (CPU), la Conférence des Doyens des Facultés de Médecine et la Conférence des Doyens des Facultés de Pharmacie souhaitent affirmer leur engagement pour analyser avec rigueur et ouverture d’esprit les actions de formation et de recherche consacrées aux médecines alternatives et intégratives, en particulier l’homéopathie.
    L’université doit être le seul garant de la qualité d’une formation qui est indispensable pour comprendre et connaître l’intérêt, mais aussi les limites, de ces approches utilisées par de nombreux praticiens et pour lesquelles leur avis est sollicité par de nombreux patients.
    Concernant l’homéopathie, nous souhaitons souligner le respect que nous avons pour les praticiens homéopathes et les pharmaciens dont la pratique le plus souvent associe une écoute et une disponibilité qui est très appréciée par les patients. Néanmoins, nous soutenons une démarche d’évaluation objective. Celle menée par la Haute Autorité de Santé (HAS), qui vise à mesurer l’efficacité et les effets indésirables de ces produits, leur place dans la stratégie thérapeutique et leur intérêt pour la santé doit légitimement déterminer la prise en charge ou non de ces traitements, ce qui relève de la responsabilité des autorités de santé.
    Les Conférences souhaitent une démarche universitaire collective pour déterminer la place, en formation et en recherche, de ces médicaments et stratégies non conventionnelles dont certains ont un grand succès depuis quelques années. Cette démarche, sincère et critique, doit se faire selon une méthodologie rigoureuse et transparente.
    – Nous menons la mise en place d’un observatoire universitaire des médecines alternatives et intégratives qui puisse non seulement faire un inventaire précis de l’offre de formation et de recherche mais aussi travailler pour comprendre les déterminants psychosociaux qui font leur succès.
    – Nous souhaitons renforcer la réévaluation annuelle des Diplômes universitaires et interuniversitaires consacrés à ces pratiques pour confirmer leur intérêt, au regard notamment des conclusions des travaux de la HAS, et cela avec une validation pédagogique et réglementaire par la commission pédagogique (CFVU) de nos universités.
    – Nous souhaitons inciter nos enseignants à s’engager dans des actions de formation et de recherche dans ce domaine en respect rigoureux de la charte d’éthique et de déontologie que nous déployons dans nos facultés et nos universités. A ce titre, nous recommandons que les formations soient encadrées et réalisées par des enseignants universitaires en Santé et en toute transparence quand il peut exister un lien d’intérêt »
    Les Conférences souhaitent donc assumer leur responsabilité universitaire en assurant avec rigueur et ouverture d’esprit la formation initiale et continue de leurs étudiants et de nos médecins et pharmaciens, en leur donnant une vision moderne et critique, mais toujours humaniste et en lien avec les réalités de terrain, des connaissances dans tous les domaines utiles à la prise en charge de nos patients et de nos citoyens.
    Gilles ROUSSEL, Président de la Conférence des Présidents d’Université
    Jean SIBILIA, Président de la Conférence des Doyens des Facultés de Médecine
    Bernard MULLER, Président de la Conférence des Doyens des Facultés de Pharmacie
    Contact presse :
    Conférence des Présidents d’Université : Johanne Ferry-Dély 06 07 53 06 66 – 01 44 32 90 03 – jfd@cpu.fr
    .

    mardi 31 juillet 2018

    Homéopathie et santé publique : the single-bullet theory.

    Assassinat de JFK : the single-bullet theory

    La guerre picrocholine entre anti et pro homéopathie devient risible (Picrochole étant le syndicat des homéopathes et Grandgousier, je vous laisse choisir pour ne pas faire de jaloux, Wargon, Et un peu de neurologie ou Lehmann).

    Il semblerait que le déremboursement des produits homéopathiques soit l'oeuf de Colomb de la santé publique.

    Il suffit même, regardez twitter, d'être l'un des 124 ou un sympathisant (fût-il anonyme), demandant le déremboursement de l'homéopathie pour s'auto attribuer la médaille en chocolat de médecin scientifique.

    Les médecins refusant l'homéopathie et soutenant les 124 sont également de vaillants ruraux installés dans des déserts médicaux, ils font encore plus la preuve de leur scientificité.

    Il suffit désormais d'être un 124 partner, en anglais c'est plus chouette, anti FakeMed, pour avoir droit dans sa salle d'attente à une vignette : "Votre médecin traite selon les données de la science".

    Le déremboursement des granules homéopathiques est la Magic Bullet de la santé publique.

    Si les urgences sont débordées et les personnels fatigués, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie.
    Si la prescription d'antibiotiques est au zénith en France, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie.
    S'il existe des neurologues (et gérontoneurologues, si si, ça existe) distingués pour défendre les pseudos anti-Alzheimer dangereux, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie.
    S'il existe des violences obstétricales en France, et Martin Winckler nous y fait penser avec sagacité, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie.
    Si 3,4 millions d'hommes sans cancer de la prostate ont eu un dosage de PSA en 2014, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie : voir LA.
    Si l'INCa n'est pas capable de fournir des données objectives aux femmes soumises au dépistage organisé du cancer du sein, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie. Voir LA.
    Si la France est le seul pays du monde où la kinésithérapie respiratoire est prescrite en ville dans le cas des bronchiolites, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie.
    Si on a prescrit du Mediator, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie.
    Si l'Eglise de dépistologie prétend sauver des vies avec les dépistages organisés du cancer du sein et du cancer du colon, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie.
    Si la médecine de précision balbutie, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie.
    Si les critères d'attribution des AMM en cancérologie diminuent et que le prix des médicaments explose, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie (c'est aux US).
    Si le taux de mortalité infantile est si élevé dans le neuf trois, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie.
    Si la décision partagée est une chimère pour les médecins français, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie.

    Je suis en vacances et il me reste 111 situations où le déremboursement de l'homéopathie résoudrait les problèmes de santé publique de notre cher pays.

    On va y arriver.

    Vivement la rentrée.






    jeudi 19 juillet 2018

    La médecine m'inquiète : microf(r)ictions (87)

    Jérôme Cahuzac fait des TIG comme médecin généraliste


    Trois billets de blogs (écrits pas des médecins généralistes) sont parus récemment et leur pertinence illustre de façon saisissante l'état de la médecine en ce moment.

    Le lien d'intérêt est évident : je suis médecin généraliste.


    Ces billets de blog sont courts. Percutants.



    Commençons par le cas clinique rapporté par Hippocrate et Pindare (H et P) (LA) : un patient diabétique est suivi par un endocrinologue qui est également son médecin traitant. Quand il commence à souffrir de (fortes) douleurs articulaires, le médecin traitant endocrinologue l'adresse à un rhumatologue et, semble-t-il, sans tenter de soulager ses douleurs afin de ne pas perturber le diagnostic (qui aura lieu dans quelques semaines en raison des difficultés pour obtenir un rendez-vous).


    H et P tente de trouver des raisons à cet état de fait : mépris du médecin généraliste, mépris de la médecine générale, incompétence médicale de l'endocrinologue pour soulager un patient en dehors de sa spécialité, mais aussi incompétence du patient par rapport au parcours de soins.

    Mon interprétation est la suivante : les spécialistes d'organes exerçant en ville sont des refoulés de l'hôpital dans deux acceptions : refoulés physiquement par manque de postes et refoulés psychologiquement par regret de ne plus faire partie de l'alma mater.

    Cette interprétation est tendancieuse : en réalité, l'enseignement académique de la médecine et l'organisation hospitalière de la médecine, ne reconnaissent pas la médecine générale qui arrive comme une verrue en fin d'études sur le visage lisse et élégant de l'académisme hospitalier.

    Quand un patient hospitalisé en CHU dans un service d'endocrinologie ou de médecine interne/endocrinologie fait un pet de travers, on appelle le gastro-entérologue. Sans doute pour qu'il n'y ait pas de perte de chance (on rit !). Il arrive même qu'un patient endocrinien guéri reste quelques jours de plus hospitalisé dans l'attente de l'avis spécialisé sur ce pet de travers.

    Ce modèle est reproduit en ville (Note 1).

    Dans le cas clinique rapporté par H et P l'erreur (administrative et théorique) fondamentale tient au fait qu'un spécialiste d'organe puisse être médecin traitant (on me dit qu'il s'agissait à l'origine d'une demande syndicale). La deuxième erreur tient au fait qu'un spécialiste d'organe puisse penser qu'il peut être médecin traitant, c'est à dire répondre à des demandes de soins qui sortent de sa spécialité. La troisième erreur tient au fait qu'un patient puise penser qu'il peut se passer d'un médecin traitant.

    Mais surtout : la transposition de l'organisation hospitalière vers la ville passe par le culte du diagnostic.

    Et encore : ce n'est absolument pas une critique à l'égard des spécialistes d'organe, non non non (un médecin généraliste sait combien l'avis des spécialistes est fondamental dans sa pratique) (Note 2).

    Note 1 : Et je ne parle pas de l'hospitalisation non publique où le cabotage (i.e. le "à toi à moi" entre spécialistes d'organes n'est pas un problème diagnostique mais un souci économique)

    Note 2 : On m'a maintes fois reproché de ne pas "aimer" les spécialistes d'organes ou de toujours les critiquer. Précisons ceci : il est normal qu'un cardiologue en sache plus en cardiologie qu'un médecin généraliste (les médecins généralistes universitaires sont en train de me traiter de traître) et itou pour les autres spécialités. En revanche il est anormal que le médecin généraliste se rende compte que le spécialiste ne fasse pas tout à fait le job, soit pour des raisons pécuniaires, soit pour des raisons idéologiques, soit pour les deux à la fois. 

    Ce qui nous amène au billet de Bruit des sabots (BdS) (ICI).


    Ce billet devrait être lu dans toutes les écoles de médecine avant toute explication théorique. Et relu. Il est parfait.

    C'est la part invisible du travail des médecins généralistes qui est rapportée. Grosso modo BdS nous dit ceci : les médecins généralistes gèrent l'incertitude, les soins non programmés, c'est eux ; quand un patient arrive aux urgences, soit de son propre chef, soit adressé par son médecin traitant, c'est la partie émergée de l'iceberg, l'écume de l'activité, celle que l'on met en exergue pour parfois la critiquer.

    BdS nous parle donc de la partie immergée invisible, celle que le médecin généraliste gère dans une zone non institutionnalisée, avec les moyens du bord, avec les correspondants amis ou non disponibles. Dans l'urgence ou la semi-urgence, au milieu d'un planning serré.

    Quand les médecins généralistes auront disparu, c'est que l'iceberg aura fondu, il n'y aura plus de partie émergée et de partie immergée, le niveau des eaux aura monté et les malades couleront(Note 3).

    Note 3 : BdS est le digne continuateur de la pensée de Desmond Spence, généraliste écossais. Qui dit aussi, ce qui peut être paradoxal : "La valeur de la médecine générale ne tient pas à ce qu'elle fait mais à ce qu'elle ne fait pas." Il signifie par là gérer l'incertitude, ne pas demander trop d'examens complémentaires, d'avis spécialisés. Voir LA.



    Luc Perino nous dit ICI que la iatrogénicité est l'éléphant dans le couloir des soins. Que nombre de pathologies et/ou de symptômes sont liés à la prescription et que la déprescription est l'avenir de la médecine. C'est le triomphe de la médecine symptomatique qu'il faut remettre en question. C'est le triomphe de la médecine (et de l'industrie pharmaceutique) qu'il faut remettre en question. Il faut donc créer le médecin expert de demain en iatropathogénicité dit-il avec ironie. Créer un expert c'est comme créer une commission, c'est pour enterrer le projet.

    Le cadre et l'horizon de la médecine, c'est la société de consommation. Les marketers ont une loi fondamentale : une tâche (ou une tache) un produit. Pour l'industrie pharmaceutique : une maladie, un produit, un symptôme, un produit. Et tout comme les alcooliers tentent de sensibiliser les jeunes enfants au goût de l'alcool ou les junkfooders à celui du sucre, on incite les consommateurs malades (ou non) au zéro douleurs.

    On en revient au rôle du médecin généraliste : être fédérateur, informer les spécialistes d'organes, faire des choix, pondérer, arbitrer, disposer de toutes les ordonnances émanant des spécialistes ou non pour en faire une prescription unique.


    jeudi 28 juin 2018

    La médecine m'inquiète : microf(r)ictions (88)

    Lecteur de La Revue Prescrire producteur de pertes de chances pour ses patients.


    Je lis ici ou là sur twitter des propos anti La revue Prescrire (ICI).

    Ce n'est pas nouveau.

    Les lecteurs on eu droit à tout : ayatollahs, intransigeants, sectaires, gauchistes, anti capitalistes et cetera. 

    Les tenants de Big Pharma ont toujours considéré que Prescrire était contre l'innovation, la nouveauté, le progrès...

    Certains d'entre nous n'ont pas ménagé leurs critiques. Et dans ce blog en particulier (LA), mais aussi chez Dupagne (ICI), Girard (LA) ou Lehmann (ICI).

    Mais, sous l'influence de certains activistes payés par Big Pharma et par des naïfs qui veulent ressembler aux précédents, apparaît une nouvelle tendance : lire Prescrire serait une perte de chance pour les patients !

    Ces suppôts de la modernité ont oublié de nombreuses affaires dans lesquelles Prescrire avait eu raison avant les autres. 

    Les rappellerons-nous ?

    Pour ces "progressistes" il ne sert à rien d'avoir raison avant les autres, il suffit d'avoir raison avec tout le monde et d'oublier quand le même Toulemonde avait tort.

    La Big Pharma attitude décomplexée est en vogue (voir LA).
    Tout comme la Big Matériel attitude (voir ICI).

    Je ne vais donc pas rappeler ce que l'on peut reprocher à La Revue Prescrire, non pas que je ne veuille pas désespérer Billancourt (les anciens comprendront), mais parce que je veux rester positif et souligner ce que nous devons à La Revue Prescrire.

    Mais oser écrire que lire Prescrire (certains ont modéré leurs propos en disant ne lire que Prescrire, les mêmes qui sont abonnés au Journal de Suzette et qui ne lisent que les bulletins paroissiaux de Big Pharma et de Big Matériel, soit, dans le désordre, Le Quotidien du Médecin et le New England Journal of Medicine) entraîne une perte de chance pour les malades...

    La Revue Prescrire a été une formidable opportunité pour les médecins, et surtout les médecins généralistes, pour se sortir de la gangue académico-industrielle, c'est à dire le paternalisme, l'avis d'experts, les études bidonnées, l'argent, et la possibilité de se tourner vers l'Evidence-based-Medicine.

    Mais attention : La Revue Prescrire n'est pas une revue d'EBM. Elle y contribue fortement.

    Les spécialistes hospitaliers et libéraux sont très critiques, ne s'abonnent pas, ou peu, à la revue et trouvant ici ou là des erreurs, des imprécisions, notamment sur le plan clinique, se gaussent, mais, surtout, ils ne retrouvent pas l'idéologie du progrès qui rend fous les meilleurs d'entre eux.
    Mais il est aussi vrai que nombre de spécialistes hospitaliers sont des chercheurs. Que les chercheurs ne trouvent pas toujours et qu'ils sont aussi là pour expérimenter des traitements qui ne sont pas encore validés.

    Crédit photographique : Alalam News Network


    dimanche 24 juin 2018

    La médecine m'inquiète : microf(r)ictions (89).



    Sur twitter nous avons l'insigne honneur de pouvoir lire les propos d'un oncologue anonyme et nous sommes contents de pouvoir lui faire de la publicité car il s'agit d'un médecin hors pair, d'un pédagogue accompli, d'un empathique exceptionnel, en bref, d'une pépite que le monde entier nous envie. 

    Nous reviendrons plus loin sur les raisons de cet anonymat.


    Toujours est-il que cet oncologue distingué, et en remontant son fil twitter anonyme vous comprendrez qu'il est un grrrrrand oncologue, qu'il a une haute idée de lui-même, qu'il est le seul compétent sur la question de l'oncologie et comme il n'a pas de concurrence française sur twitter il ne risque pas grand chose à affirmer des choses que lui seul connaît..

    Ce garçon, sans doute PUPH, cumule les qualités inestimables, inestimées et sous-évaluées de l'hospitalo-académisme français traditionnel et de l'expertise à la Française, celle qui fit de la médecine française et dans une période sans doute très courte, entre le deux février 1967 à 7 heures 42 et le trois mars 1968 à 20 heures 13, la meilleure du monde. 

    Nous pensions, tels de naïfs citoyens bercés par l'immanence du néo libéralisme économique et culturel, que l'ère de l'expertise absolue, l'ère du paternalisme béat, l'ère de la corruption assumée, s'était dissoute dans la crise de la pseudo pandémie grippale de 2009 (et vous pourrez lire Christian Lehmann ICI ou LA, Marc Girard LA, mais dont le blog comporte au moins une vingtaine de papiers consacrés à ce sujet) ou dans l'affaire Mediator pour laquelle on nous avait promis "Plus jamais cela".

    Eh bien non.

    La nouvelle génération des experts (mais après tout il n'est peut-être pas aussi jeune que cela) n'a rien appris du passé.

    Pour en revenir à notre héros médical qui est aussi un héraut anti FakeMed (voir LA) et un héraut pro Big Pharma (et plus précisément pro Big Onco), la lecture de ses gazouillis est instructive.

    Sa doctrine générale est la suivante :

    1. L'oncologie est une science exacte.
    2. L'innovation est le maître mot de la médecine : les produits innovants sont innovants.
    3. L'industrie pharmaceutique est propre, philanthrope mais il est normal qu'elle gagne de l'argent.
    4. Pour être un bon médecin il faut travailler avec l'industrie pharmaceutique (Big Pharma) ou, plutôt, il faut avoir été élu par elle (ce qui, par raisonnement tautologique, rend le médecin excellent)
    5. Le fait de recevoir de l'argent, des compensations, des pots de vin, des invitations à dîner, à voyager, à dormir, n'est pas condamnable à condition a) de les déclarer selon les lois en vigueur, b) que plusieurs laboratoires soient les promoteurs. Cette doctrine que nous avons identifiée à partir des déclarations de foi du virologue Bruno Lina peut être résumée à celle-ci : "Trop de corruption tue la corruption." Je vous renvoie, et je le renvoie, à Célimène dans Le Misanthrope de Molière quand Alceste lui reproche d'avoir trop de soupirants et qu'elle lui répond en substance que le fait d'en avoir beaucoup signifie qu'elle n'en a pas un en particulier, ce qui devrait le rassurer (ICI). Cela ne nous rassure pas.
    6. L'immunothérapie est l'avenir de l'humanité.
    7. Les critères de survie globale (OS in English) et de Qualité de Vie (QoL) sont dépassés en oncologie et doivent être remplacés par le substitut magique qu'est la PFS (Progression free Survival). Rajout : article comparant OS et PFS pour les traitements des cancers par PD-1inhibiteurs (ICI).
    8. Les essais randomisés contrôlés en oncologie sont de vieilles lunes non innovantes et ne méritent qu'un haussement d'épaules (sauf cas particuliers bien entendu) et de citer la métaphore du parachute : on n'a jamais fait d'essais contrôlés parachute vs placebo (voir ICI pour une analyse critique).
    9. Les réunions de concertation pluridisciplinaires (les fameuses RCP) sont un lieu dont doivent être exclues la partie la plus importante (le patient) et la partie négligeable (le médecin traitant). Ce qui renvoie à la conception patriarcale de la décision partagée : le praticien explique au patient après qu'il a pris la décision.
    10. Les Boards pharmaceutiques (cf. Agnès Buzyn) sont des aréopages d'hyper spécialistes où les stratégies médico-pharmaceutiques sont décidées, ainsi que la méthodologie des essais et sont l'Olympe de la recherche (voir aussi les steering committees pour les essais cliniques).
    11. Etre Key Opinion Leader (KOL) est une ambition estimable pour diffuser la bonne parole de l'innovation (un de ses hashtags favori). Nous savons comment on devient KOL par l'intermédiaire de l'expert mongering : voir LA.
    12. Bla bla.

    Mais ce qui nous choque le plus chez lui est ceci : 
    1. L'anonymat. L'anonymat est un comportement de voyou (voire plus) mais on peut arguer ceci : certains lanceurs d'alerte ou activistes ne peuvent s'exprimer à visage découvert pour des raisons de sécurité professionnelle ; pour notre héraut il est possible que la perte de son anonymat lui barre une nomination universitaire ou permette qu'on le juge sur ses titres et travaux à l'aune de ses publications (ses non pairs et ses pairs pourraient-ils s'en donner à coeur joie ?) ; mais aussi : insulter sans se montrer est quand même plus facile et un peu couard.
    2. L'arrogance, son arrogance à l'ancienne à l'égard de ceux et celles (et a priori les "celles" sont sa cible favorite pour des raisons que je vous laisse deviner) qui n'ont pas ses titres universitaires, qui n'ont pas travaillé en tant qu'experts sur les questions, qui donc ne peuvent juger de l'activité des spécialistes auto recrutés (il n'est que d'écouter les chroniques santé de DK, oncologue chef de service et, semble-t-il peu apprécié par notre héros, sur Radio Classique).
    3. La fierté de toucher de l'argent (et autres) de Big Pharma (Big Onco) qui va même jusqu'à, il l'écrit avec tant d'innocence, faire des cours aux visiteurs médicaux des firmes qu'il conseille.
    4. La haine qu'il voue à l'oncologie anglo-saxonne et non française en réalité qui ose critiquer les protocoles, les agences gouvernementales (FDA), faire preuve de scepticisme, s'interroger sur elle-même à visage découvert (pas d'anonymat) et... faire des propositions. Vinay Prasad est l'archétype de ce qu'il déteste le plus (ICI) (ma propre naïveté ne va pas jusqu'à penser que Vinay Prasad est un saint, que tout ce qu'il dit est vrai, non critiquable, qu'il n'a pas d'ambitions académiques et/ou financières, bla bla mais nous aimerions tant que cette liberté de ton soit contagieuse et que les débats indispensables sur l'oncologie en France ne se résument pas à des propos de couloir et fassent l'objet d'articles circonstanciés)

    On peut cependant le remercier de s'exprimer sur twitter, peu le font, et cela nous permet de connaître la vraie nature de Bernadette.
    Qu'il en soit remercié.

    PS : On peut donc être un médecin anti FakeMed et ne pas être gêné par les liens/conflits d'intérêts, voire même les revendiquer.


    jeudi 21 juin 2018

    La médecine m'inquiète : microf(r)ictions (90)



    Voici donc ce que prétendent les 124 (ou l'un d'entre eux) à propos de leur mouvement. 

    Je rappelle que le régime du concordat existe toujours en Alsace-Moselle.

    Faut-il être assez ignorant pour penser que la médecine serait une sorte d'entité hors sol, non construite, bien entendu, pure comme un théorème, sans croyances ?

    Nous demandons la séparation de la Médecine et de l'Eglise de Dépistologie.

    Expulsion du grand séminaire des idolâtres du dépistage organisé du cancer du sein par mammographie

    Légende réelle : Expulsion du grand séminaire de Quimper en 1906 (à la suite de la loi de 1905)