Un congrès à Chicago (ASCO 2023)
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La session cancer du poumon : première partie.
La session cancer du poumon est très attendue. Rappelons aux profanes et aux autres que le cancer du poumon, en général, est une saloperie, qu’il existe des exceptions mais, et il est toujours à craindre qu’une lectrice ou un lecteur soit lui-même atteint de ce cancer, il faut donc prendre des précautions, c’est une saloperie et les taux de survie sont faibles quand il n’est pas possible d’enlever un morceau de poumon, et même dans ce cas.
La session est très attendue car il existe de nouveaux traitements prometteurs et que sur la base de certains essais et de certaines expériences individuelles, des malades qui auraient dû y passer il y a cinq ans sont encore vivants.
Elle est aussi très attendue car on attend les résultats d’études complémentaires portant sur le dépistage ciblé du cancer du poumon chez les grands fumeurs. Les études précédentes avaient montré une diminution de la mortalité relative grâce au dépistage. Il n’est pas possible ici de détailler les polémiques qui ont cours sur le dépistage des cancers en général, du sein, du col de l’utérus, du colon et de la prostate. Les tenants du dépistage (et tous ne sont pas membres de l’Église de Dépistologie) insistent sur les données classiques « plus c’est petit, plus c’est curable », « mieux vaut enlever une tumeur avant qu’elle ne devienne méchante… » « on n'a jamais vu un cancer qui régressait » et cetera. Les opposants à certains dépistages ont l’inconvénient de ramer à contre-courant et leurs deux arguments essentiels sont les suivants : la mortalité globale, toutes causes confondues, n’a jamais été diminuée et il existe des risques de surdiagnostic. La notion de surdiagnostic en cancérologie est difficile à comprendre : un surdiagnostic c’est découvrir une réelle tumeur cancéreuse qui n’altèrera pas la santé du ou de la patiente dans tout le cours de sa vie. C’est tellement contre-intuitif que mêmes les docteurs en médecine ont du mal à saisir le concept. Il est même un ancien président du Conseil de l’ordre des médecins qui avait écrit à propos des tumeurs indolentes « Quant aux chimiothérapies, il vaut mieux en faire trop que pas assez » !
Mais il est une chose dont Brébant et Gers, qui connaissent parfaitement les enjeux de la dépistologie, sont persuadés : le dépistage ciblé et généralisé du cancer du poumon va être institué et une fois qu’il sera en route il deviendra impossible de le déloger. Parce qu’il s’agit d’une décision politique et que tous les politiques savent que le dépistage, coco, c’est politiquement correct et électoralement indépassable.
Pardon pour ces digressions inutiles puisqu’il faudrait un traité entier pour expliquer à beaucoup de cancérologues que le dépistage présente des inconvénients majeurs. Alors, le grand public…
La grande artillerie est présente : les pneumologues, les cancérologues (voire les oncologues), les scannerologues, les fabricants de scanner, les marchands de traitements, les financiers.
(Pour lire depuis le début Un congrès à Chicago, c'est LA )