Patrick Roy
Il fut un temps où l'on mentait aux malades en ne leur disant pas de quelle maladie grave ou mortelle ils souffraient (la période paternaliste hypocrite) et, par un tour de passe passe idéologique et moral, il est licite désormais de dire la vérité aux malades surtout quand leur maladie est grave ou mortelle (la période libérale hypocrite, libérale au sens philosophique, pas économique).
Aujourd'hui, je pense certes aux proches du député Patrick Roy qui vient de mourir d'un cancer du **** (et vous lirez ICI une analyse politique de Christian Lehman), mais moi, et j'ai hésité à écrire ce post, je l'ai fait après avoir consulté une famille de patient, je pense surtout à tous les malades qui ont actuellement un cancer du **** et qui viennent d'apprendre en direct qu'ils sont foutus. Je pense aux familles qui, telles un Etat policier, ont tenté de couper la télévision, internet ou supprimé les journaux de la maison (grève très vraisemblable des NMPP) afin que leur mari, père, fils (et la même chose dans l'autre sexe) ne perde pas définitivement l'espoir de guérir.
J'ai déjà parlé ici de la pratique barbare de dire la vérité au malade quel qu'en soit le coût moral mais je voudrais souligner ici combien la transparence et la publicité, considérées comme geste éthique fondamental vis à vis des medias, de la maladie des hommes politiques, par exemple, est une des composantes, je pèse mes mots, du totalitarisme moderne des sociétés libérales, celui de l'intrusion de la démocratie d'opinion dans la vie privée de tout un chacun.
Non, chers malades, le cancer du **** du député Patrick Roy n'est pas toujours mortel. Ayez de l'espoir.
6 commentaires:
Je comprends bien l'émotion que cela peut susciter.
Néanmoins, attention à ne pas tout confondre et surtout induire des confusion dans l'esprit des lecteurs en utilisant à tort et à travers ce mot de "transparence" ou encore "démocratie d'opinion".
C'est le jeu des "communicants" actuels d'induire la confusion sur le sens des mots et sur les concepts qu'ils recouvrent.
Sur le plan du droit, je pense, comme sur le plan moral, le droit à la "transparence" sur la vie privée ne peut être défendu. Plutôt que le droit à la transparence il faudrait l'appeler le droit au RAGOT. Ca sonne déjà beaucoup moins bien mais c'est beaucoup plus proche de la réalité.Derrière cela il y a l'alliance d'une curiosité morbide et malsaine du public avec les intérêts commerciaux de certains torchons ou des médias en général s'agissant d'informations comme celle-ci.
En revanche, un expert consulté pour donner son avis sur un produit de santé ne peut se retrancher derrière son droit à la vie privée pour ne pas déclarer ou déclarer incomplètement ses conflits d'intérêt. Car son avis à une incidence directe sur la manière dont sera pris en compte ou non l'intérêt général dans la décision finale et donc, finalement sur la Santé publique. Cela parce qu'il le donne dans le cadre d'une mission de service public.D'où qu'il soit logique que la déclaration soit non seulement souhaitable mais imposée et que la non déclaration ou la déclaration partielle puisse être sanctionnée par le Code pénal dans ce cadre là.
Dans les deux cas ce qui est sous-jacent est de savoir si les droits commerciaux doivent prévaloir sur des droits fondamentaux de l'homme et du citoyen. Et le terme de transparence ne recouvre pas du tout le même concept.
CMT
@ CMT
Certes, certes.
Je ne confonds rien.
Je prends un concept, la transparence et je le décline.
Le député Roy s'est laissé prendre par l'idéologie de la transparence en dévoilant son cancer et sa localisation. Il l'a fait de bonne foi.
La transparence, pour les hommes politiques, voudraient qu'ils déclarassent leurs maux et leurs peines parce que leurs maladies, fussent une dyslipidémie, pourraient influencer leurs décisions publiques. On a eu les exemples de Pompidou et de Mitterrand.
Dans le cas de Roy, c'est la presse tout entière qui en a fait des gorges chaudes dans une envolée de kitsch à la sauce kunderienne : le raisonnement s'efface devant les pseudo bons sentiments. J'en ai souligné les effets collatéraux.
Pour ce qui est des experts pharamceutiques, nous sommes aussi d'accord mais où fixer la limite ? Existe-t-il une limite temporelle (si non le pardon n'existe plus pas plus que la rédemption) ? Une limite intellectuelle (si non le fait d'avoir été marxiste au temps de Staline ou de droite au temps de Pinchet rendent-ils le péché originel) ? Une limite inquisitoriale ( si non il faut mener des enquêtes policières et nous découvrirons que la maîtresse de tel membre de la commission d'AMM travaille dans l'industrie, exemple vrai mais ancien selon mes preuves) ?
Avoir un lien conduit-il systématiquement au conflit d'intérêt ? Quand le couper ?
Mais la réflexion est profonde.
Un médecin obèse peut-il décider pour le mediator ? (joke !)
Tous et aucune maladie est mortelle ou guérissable - tous dépend de l'organisme et de ses ressources de la personne, ainsi son moral. Un bon moral fait vivre et bien lutter contre les agressions que subit le corps. Mais ceci n'est que mon opinion.
La médecine (avec son aide-adjoint la pharmacopée avec son industrie) et les médecins ne sont pas les seuls acteurs dans la santé.
Bonne journée
Chantal
A JCG
Vous ne confondez rien, j'en suis sûre. Vos repères idéologiques et moraux sont très clairs. C'est pourquoi je m'adressais à d'hypothétiques autres, moins avertis, qui auraient pu déduire que la transparence en général est une mauvaise chose, dangereuse.
Pour le reste, le tout n'est pas dans le tout et équivalent au tout.
Les lois et les règles sont là pour assurer l'ordre public et éviter la Loi de la jungle qui survient lorsqu'il n'existe aucune règle et aucun contrôle. Quand c'est la Loi de la jungle qui s'applique les plus forts ont toujours raison et ils imposent leur volonté à la masse des gens et font prévaloir leurs intérêts sur l'intérêt général.
Alors il faut créer des règles et des lois ou appliquer celles existantes (p exp l'article 432-12 du CP). Toute loi ou règle comporte sa part de contrainte pour les individus qui la subissent. L'essentiel c'est qu'elle préserve l'intérêt du plus grand nombre.Et puis qu'elle soit appliquée avec humanité et réalisme. Mais sur les modalités ce n'est ni à moi ni à vous de décider.
Dire que parce qu'une loi est difficile à appliquer ou à concevoir il faudrait s'en tenir à l'état de fait, entériner un rapport de force préexistant au risque d'une aggravation continue de la situation, sanitaire dans ce cas, pour le plus grand nombre (quelle est la limite si les seuls habilités à en poser une, les représentants de l'Etat et les législateurs représentants du peuple n'en posent pas? Il n'y en a aucune) est un peu court.
A Anonyme
JCG a parlé du rôle de l'espoir dans les perspectives de guérison dans l'article qu'il met en lien. Je ne l'ai pas relu mais je m'en rappelle.
CMT
Parfois je ne comprends pas mes chers confrères.
Entre Dominique Dupagne, qui a publié un article d'une blogueuse intitulé "conflit d'amour" et qui établit un étrange parallèle avec les conflits d'intérêts , et vous, JCG qui me parlez de Staline (auriez vous atteint le fameux point Godwin?).
Qu'avez vous besoin de brouiller les pistes? Ne trouvez vous pas que les laboratoires et les politiques sont assez bien armés pour y arriver tous seuls?
Les choses sont assez simples. Il me semble que tant à l'AFSSAPS, qu'à la HAS, qu'au HCSP et qu'au CTV (Comité technique de vaccination rattaché au HCSP) il y a des règles assez simples à respecter en ce qui concerne les conflits d'intérêts sans avoir à se poser de questions métaphysiques à ce sujet.
Ce sont grosso modo les mêmes.
Voici pour l'AFSSAPS:
http://www.afssaps.fr/Activites/Expertise/Prevention-et-gestion-des-conflits-d-interets/%28offset%29/3
Tout membre d'une commission n'ayant pas déclaré ses conflits d'intérêt ou n'ayant pas mis à jour sa déclaration depuis plus d'un an est suspendu tant que sa déclaration n'est pas à jour.
Tout membre ayant un conflit d'intérêt important (c'est défini) au sujet du produit de santé dont il est question doit quitter la salle et ne participe pas aux débats ni à la décision finale.
En cas de fausse déclaration d'un expert et si celui-ci donne son avis sur un produit alors qu'il a un conflit d'intérêt avec le fabriquant, c'est l'article 432-12 du Code pénal qui devrait s'appliquer.
Tout cela devrait être contrôlé par des fonctionnaires, représentant l'Etat et garants de l'intérêt général, supposés indépendants en impartiaux. Mais tout le monde s'assoit dessus.On dirait que ce type de fonctionnaires n'existent plus dans les instances que j'ai citées.
Faut-il mettre un inspecteur de l'IGAS au sein de chaque commission pour faire la police et s'assurer que les règlements et la loi sont appliqués?
Qu'on ne me dise pas que seuls les experts ayant des liens d'intérêts sont compétents. Combien de morts faudra-t-il pour qu'on admette que l'existence de liens d'intérêt c'est bien ce qui les rend totalement incompétents au sujet des produits sur lesquels ils sont censés se prononcer?
CMT
@ CMT
Il faut que je sois plus clair.
J'ai parlé du concept de transparence en général, d'un point de vue philosophique, anthropologique, sociologique, psychologique, en affirmant (rapidement) que ce concept était une aporie.
J'ai ensuite parlé des liens d'intérêt en disant que j'étais d'accord avec la loi. Mais en soulignant qu'il est nécessaire d'y mettre une limite car sinon nous aurons effectivement des inspecteurs (de l'Igas ou d'autre chose) pour aller rechercher dans le tréfonds des vies et des âmes quels liens nous avons entretenu avec l'industrie pharmaceutique (la marque de l'échographe lors de notre vie in utero... C'EST UNE PLAISANTERIE !).
Est-ce faire le jeu de l'industrie que de se poser des questions ? Ou est-ce que le combat contre l'industrie (et, je le répète, je ne suis pas contre l'industrie, je suis pour des organismes indépendants de régulation)signifie aussi se taire, mentir et dire n'importe quoi pour ne pas désespérer Billancourt...
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