Le service public en train de sauver la médecine générale. |
249. Euthanasie en cas d'Alzheimer avancé.
Un tweet d'un gériatre des hôpitaux.
Vous pouvez suivre le fil de discussion : LA
Quelques réflexions :
- L'euthanasie, selon la définition historique retenue par Wikipedia (voir ICI l'article) "désigne le fait d'avoir une mort douce, qu'elle soit naturelle ou provoquée". Cette définition est surprenante.
- Les définitions modernes de l'euthanasie sont multiples et variées. Retenons encore celle de Wikipedia : "l'euthanasie est décrite comme une pratique (action ou omission) visant à provoquer — particulièrement par un médecin ou sous son contrôle — le décès d'un individu atteint d'une maladie incurable qui lui inflige des souffrances morales ou physiques intolérables."
- Dans le cas de la maladie d'Alzheimer qui nous occupe se posent les problèmes de la mémoire (la personne malade ne reconnaît pas, ici, son mari), à peine celui du consentement puisqu'il n'est pas possible de communiquer, celui des directives anticipées et comment elles sont formulées et comment elles sont interprétables, de la souffrance de la personne malade (elle ne se rappelle pas mais quel est son monde, comment vit-elle cet isolement), de la souffrance des aidants (ici encore son mari) et :
- La position idéologique des médecins et les risques médico-légaux : l'euthanasie est actuellement considérée par assimilation comme un homicide (article 221-5 du code pénal : "Le fait de donner volontairement la mort à autrui constitue un meurtre. Il est puni de trente ans de réclusion criminelle." Et l'on apprend dans le fil que le gériatre sus nommé est contre l'euthanasie
- La souffrance des médecins et des personnels de soins non médecins, notamment dans UHR (unités d'hébergement renforcées)
L'avis de la famille mais plus encore des aidants familiaux est primordial s'il n'existe pas de directives anticipées ou s'il en existe.
Ma conclusion provisoire (je vous donnerai plus tard ma solution que j'espère élégante mais pas définitive) : Il n'est pas possible de demander à un soignant d'euthanasier un patient mais il est indispensable qu'un soignant puisse donner les instructions à la famille.
(PS du 15/07/2023 : L'Académie nationale de médecine se "rallie" à l'idée d'un "droit" à l'"assistance au suicide" : LA.)
250. Médecine générale chez les British (et ici une Ecossaise écrit).
Les habitué.e.s de cet blog connaissent Margaret McCartney dont j'ai déjà commenté les livres (LA).
Elle publie un article dans le Financial Times (LA) qui s'inscrit dans le contexte du NHS britannique mais qui va bien au-delà tant l'universalité de la crise de la médecine générale dans les pays développés est à son comble quels que soient les systèmes d'accès aux soins et de rémunération des médecins, une crise qui est aggravée (ou provoquée) par le fait que les jeunes diplômés ne s'y engagent plus et qui se traduit par un surcroit de travail pour les médecins installés et un délai d'attente augmenté pour les patients.
L'indice de satisfaction du public pour le NHS n'a jamais été aussi bas : 35 %
Elle nous parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître où les médecins généralistes étaient proches des populations, connaissaient les conditions socio-économiques de l'endroit où ils étaient installés et suivaient les patients depuis le berceau jusqu'à'à la mort.
Il ne s'agit pas de dire "C'était mieux avant" mais d'affirmer qu'une telle médecine de proximité n'est plus possible : 40 % des MG qui ont abandonné l'ont fait pour cause d'épuisement professionnel ; 61 % des MG de plus de 50 ans veulent arrêter dans les 5 ans.
Les MG britanniques consultent en moyenne 50 patients par jour et exercent le plus souvent comme contractant du NHS dans des cabinets qui tiennent plus de la petite entreprise que de nos cabinets libéraux avec des médecins partenaires, des salariés professionnels de santé ou non.
L'objectif des autorités de santé est de passer ces médecins contractants au salariat.
Margaret McCartney est contre. Elle cite pourtant l'exemple danois (LA) où les salaires des MG sont supérieurs à ceux des médecins hospitaliers et où la médecine générale est le centre des soins. Nous y reviendrons un jour.
Quoi qu'il en soit Margaret McCartney est contre le salariat bien qu'il propose en théorie une charge de travail de 25 patients par jour avec un horaire hebdomadaire de 37,5 heures. Mais, selon elle, cela va coûter beaucoup d'argent et, surtout, cela inaugure le sytème de la médecine supermarché disparition des cabinets petites entreprises au profit de cabinets succursales gérés par des groupes financiers. Elle rappelle que cette médecine générale est fondée sur l'accès aux médecins, n'importe quel médecin, mais pas sur l'accès aux soins du berceau à la mort.
Les études montrent que lorsqu'un ou une patiente est suivi.e par le même médecin, l'espérance de vie est augmentée et les coûts secondaires de soins diminués. Elle insiste sur le rôle des MG pour absorber les demandes non urgentes et les demandes ne nécessitant pas un adressage, prendre en compte l'incertitude, ce qui entraîne de prendre mieux soin des patients polymorbides et, en n'adressant pas plus, de désengorger l'aval.
Les solutions qu'elle propose pour rendre la médecine générale plus attractive et moins génératrice d'épuisement au travail, sont malheureusement connues et peu révolutionnaires. On sait cela par coeur. Moins de paperasse, moins prescrire de molécules mal validées, moins prescrire de tests inutiles insuffisamment validés.
Elle est pessimiste.
Elle dit : la médecine générale n'est pas le problème mais la solution.
(Et c'est pareil à San Francisco : ICI)
Avant
1948 |
251. Le dépistage chez des personnes non symptomatiques : une méta-analyse.
L'article est ICI.
Est-ce que le dépistage diminue la mortalité liée au dépistage ?
Est-ce que le dépistage diminue la mortalité globale ?
Les donneurs de leçon (de Bordeaux)
Les détails sur Chronimed : LA |
1 commentaire:
Je souhaiterai apporter un commentaire au sujet évoqué de l’euthanasie car je pense que c’est un sujet important car il a trait à notre « humanité » qui dans notre société actuelle disparait.
Tout d’abord, je voudrais faire une remarque sur un tweet du professeur de médecine gériatre (non cité dans l’article mais consultable en suivant le lien donné) : « Qui juge de la dignité de vivre ou de ne pas vivre? » écrit il.
Mais il faudrait définir ce que vivre signifie avant de savoir qui juge.
Pour nombre de médecins et d’autres sûrement, vivre signifie que le coeur bat.
Je ne reviendrai pas sur l’affaire Vincent Humbert mais le problème de l’euthanasie ne se résoudra pas sans une définition de ce que c’est que vivre pour un être humain.
La vie peut se définir de façon « mécaniste » , le corps fonctionne, le coeur bat et donc la vie c’est ce qui s’oppose à la mort. C’est l’esprit de la philosophie des « animaux machines » chère à Descartes, philosophe emblématique de l’esprit français.
Mais personnellement je considère que vivre c’est plus que cela, c’est être en relation avec l’autre, pouvoir communiquer etc.
Perdre cette capacité, en totalité ou partiellement c’est perdre la qualité de vie, voire même la vie même si certains organes fonctionnent encore.
La qualité de vie est rarement interrogée par la Médecine « moderne » qui ne considère elle que la quantité de vie.
Ne parle-t-elle pas « d’espérance de vie » sans que la qualité de celle-ci soit interrogée?
Nombre de traitements proposés ne visent qu’à augmenter la quantité de vie, rarement sa qualité.
Et c’est là qu’une notion capitale intervient, la notion de souffrance.
« de la souffrance de la personne malade (elle ne se rappelle pas mais quel est son monde, comment vit-elle cet isolement), de la souffrance des aidants (ici encore son mari) »
Mais qui en médecine se soucie de cette souffrance là, au delà de la prescription d’antalgiques ou de médicaments psychotropes, laissant croire que toutes souffrances se règlent par une médication?
Pour terminer, je pense que ce sujet , l’euthanasie ne devrait être pas être confiée aux médecins.
Ils ont une attitude trop biaisée « La position idéologique des médecins et les risques médico-légaux ».
Les médecins ne pensent, bien souvent, qu’en terme d’augmentation de vie rarement de souffrance et de qualité de vie.
Et je ne parle pas de leurs intérêts propres à maintenir en vie le plus longtemps possible la personne malade, ou leurs liens avec l’industrie pharmaceutique .
Ce sujet est très complexe.
Souvent aussi la réflexion est , à ce propos, minimaliste, voire même absente mais n’empêche pas d’avoir « un avis », une « position », des « certitudes ».
J’attends donc avec intérêt la position de l’auteur de ce billet, qu’il « espère élégante mais pas définitive »
Bien amicalement
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