samedi 23 juillet 2022

Hors sujet : la deuxième division (littéraire). Europe. Un écrivain, une oeuvre. Travail en cours.

Après avoir brièvement parlé de la première division littéraire en Europe (ICI), voici la deuxième division.

Et comme le disait Richard Strauss (nazi notoire, ça, c'est pour le politiquement correct) : "Je ne suis peut-être pas un compositeur de premier ordre mais je suis un compositeur de deuxième ordre de première classe." 


2 AOUT 2022

Olga Tokarczuk (1962) - Sulechow (Pologne)
Prix Nobel de littérature 2018
Sur les ossements des morts (2012)


26 JUILLET 2022

Claudio Magris (1939) - Trieste (Italie).
Danube (1986)



22 juillet 2022

Antonio Tabucchi (1943-2012) - Vecchiano (Italie)
Pereira prétend (1995)


jeudi 21 juillet 2022

Je n'irai pas en EHPAD !

Les invasions barbares - Denys Arcand - 2003


"Je n'irai pas en EHPAD !" est une phrase débile qui pourrait très bien se retourner contre moi le jour où, ayant perdu toute autonomie et où mes proches (ou ce qu'il en restera) en auront eu assez d'éponger la salive sortant de ma bouche, de me torcher le cul ou de changer mes couches, de me donner à manger de la nourriture moulinée (chaque fois que je lis sur la carte d'un restaurant l'intitulé "Ecrasé de pommes de terres", je pense à l'EHPAD), de perdre leur temps à venir me voir, de se battre avec les horaires des auxiliaires de vie et des aides à domicile, de mordre sur leurs horaires de travail et de se faire engueuler par leurs chefs qui n'ont ni parents ni grands-parents, de se faire reprocher de mal faire par les membres de la famille qui ne font rien (et si je remarque tout et que je ne dis rien c'est parce que la vieillesse, au lieu d'être la période où on règle tout est plutôt celle où on laisse tout passer), le jour où ils ne pourront plus s'occuper de moi dans l'appartement où j'ai passé une cinquantaine d'années à collectionner des souvenirs dont personne ne voudra plus, et, donc, il n'est pas question de déménager dans un établissement sentant le désinfectant et rythmé par le bruits des crocs sur les linoléums et de me retrouver dans une chambre anonyme en train d'attendre la mort ou des visites qui ne viendront pas ou qui viendront malheureusement.

Je n'irai pas en EHPAD.

Pour ne pas attendre avec impatience des visites et, une fois qu'elles seront là, penser me trouver au parloir d'une prison, purgeant une peine à perpétuité sans possibilité d'aménagement de durée, pour ne pas me rappeler mes propres visites en EHPAD où je m'y ennuyais ferme tout en jouant au bon fils, au bon beau-fils, au bon camarade.

Je me rappelle le film de Denys Arcand, Les invasions barbares, où les amis d'un mourant lui apportent  une bouteille d'un très grand vin et qu'il les regarde en leur disant qu'il ne fait plus la différence entre une piquette et un verre d'eau... Sans compter la disparition du sexe et de la séduction. 

Bien que médecin, je ne sais pas quoi faire quand je suis dans une chambre d'hôpital avec quelqu'un de ma famille : je ne suis ni médecin, ni un proche, je suis un intrus. Je fais semblant de pouvoir interférer avec l'hôpital, alors, quand je serai malade : avec qui pourrais-je interférer pour décider des traitements que je prendrai ou que je refuserai de prendre ?

Je n'irai pas en EHPAD car je n'aimerais pas qu'en fin de vie mes proches, ceux que j'aime, ceux à qui j'ai tenté de donner un sens à ma vie et à leur existence, me voient décrépit, bavant, bredouillant, lent, le cerveau englué, l'ombre de moi-même.

Je n'irai pas en EHPAD pour ne pas rendre ma famille coupable de ne pas venir me voir, de ne pas venir assez me voir, de se trouver désemparée et anxieuse (de sa propre déchéance voire de sa propre mort), pour ne pas voir dans les yeux de mes proches que je ne ressemble pas à celui que j'étais, que je suis à la porte de la mort.

Je n'irai pas en EHPAD pour me retrouver dans une grande salle, à huit, à dix, à six, en train de regarder des émissions débiles à la télé, toutes celles que je ne regardais jamais quand j'étais jeune, beau et valide, ou à jouer au volley fauteuil avec des animateurs zélés qui ne pourraient me faire oublier l'apollon des plages que j'étais qui smashait pour draguer les jeunes femmes...

Je n'irai pas en EHPAD pour voir des personnes de mon âge dans un état désespérant qui ne peut être que le miroir de moi-même.

Je n'irai pas en EHPAD pour pisser et pour chier dans ma couche, pour pisser et pour chier dans un bassin.

Je n'irai pas en EHPAD pour ne pas subir des toilettes quotidiennes complètes en cinq minutes alors que je préfèrerais une toilette de chat (d'ailleurs, où est mon chat, pourquoi n'est-il pas à côté de moi ? Parce que c'est un chat d'appartement, de son appartement, qui n'aurait pas supporté le transfert, qui aurait eu peur de toute cette agitation...) faite par une jeune femme douce qui me parlerait de son enfance à Fouta et qui éclaterait de rire à la moindre de mes débiles remarques sans avoir besoin de cocher des cases alakhon sur son tableau de service.

Je n'irai pas en EHPAD bien qu'il soit possible que je sois déjà incapable de savoir que j'y suis (la meilleure façon de survivre dans ce couloir de la mort) et que ma mémoire me fera défaut au point que toutes les lectures que j'ai fièrement faites tout au long de ma vie ne seront qu'évanescences irritantes.

Il est possible que j'aille en EHPAD mais il faudrait changer ce putain d'acronyme.

C'étaient mes directives anticipées.

PS

Et ce n'est pas la peine de faire des commentaires sur les EHPAD où il fait bon vivre, où il y a des animations (j'ai toujours détesté les animations du Club Med), passez votre chemin. 

Et ce n'est pas la peine de faire des commentaires sur le dévouement des personnels, le fait que toutes ces personnes sont mal payées, cela fait partie du package.

Et ce n'est pas la peine de me parler de fin de vie agréable, de mort douce, ce sont des âneries modernes.

Changer l'acronyme ?

dimanche 17 juillet 2022

Bilan médical du lundi 11 juillet au dimanche 17 juillet 2022 : santé publique à gauche, dépendance et sevrage, décès des enfants : rassurant, vaccin femme enceinte, rotavirus, tricheries, APHINITY négative, paludisme et vaccin.

@JeffYsope


Quand les membres de Think Tank libéraux critiquent la gauche pour lui dire ce que doit être la vraie gauche en santé publique. Etonnant.

Deux articles parus récemment (ICI et LA) dans AOC-Media s'attaquent au livre de Barbara Stiegler et François Alla, Santé publique : année zéro paru dans la collection Tract, (non cité par la deuxième autrice, on remarque l'élégance)  pour donner des leçons de gauche en santé publique. Au delà des arguments, et notons que le premier article est une défense de la politique macronienne et le second un plagiat de  l'éminence based santé publique, il est savoureux de constater que Terra Nova et Institut Montaigne, dont on connaissait par ailleurs les financements et l'idéologie libérale, veulent donner des leçons de gauche à des auteurs clairement de gauche.

A noter que le livre commenté est, comme les deux articles critiques, truffé d'erreurs et d'approximations qui pourraient nous faire intituler le champ de ces auteurs : Misère des sciences sociales covidiennes.
Chien de garde : Il a menti sur son CV mais il a eu quand même le job.


L'institution d'un traitement pouvant entraîner dépendance et/ou symptômes de sevrage à son arrêt doit faire l'objet d'un choix partagé.

Un article du BMJ (sur abonnement : LA) rappelle que la perspective pour un prescripteur d'instituer un traitement pouvant entraîner dépendance et symptômes de sevrage doit faire l'objet d'une décision partagée entre le soignant et le (futur) soigné incluant une information sur les bénéfices/risques de cette thérapeutique et prévoyant un plan de surveillance permettant l'adaptation des posologies et l'éventuel retrait programmé...

C'est évident mais cela va mieux en le disant.

Quand Santé publique France dit le contraire des Faiseurs de Peur à propos des décès d'enfants avec un lien possible avec le Covid 

Attention. Ce que je rapporte ne signifie pas qu'il ne faut pas lutter contre le Covid.

Attention. Ce que je rapporte ne signifie pas que je suis un eugéniste.

Attention. Ce que je rapporte signifie qu'il ne faut pas mentir sur les chiffres, que les faiseurs de peur, sans doute de bonne foi (je ménage tûtes les susceptibilités), se sont nourri, pour leur ego, de la peur qu'ils ont suscitée.

Un rapport de Santé publique France (et n'oubliez jamais combien j'ai toujours été critique de cette institution aux ordres, ici je donne des arguments aux faiseurs de peur) (LA) indique que depuis le début de l'épidémie : 



En résumé : 94 enfants et adolescents sont décédés depuis le début de la pandémie en France. Pour 79 d'entre eux une enquête a été menée : dans 33 cas (42 %) il y avait un lien possible avec le covid et 29 de ces 33 enfants (88 %) présentaient des comorbidités très sévères.

Attention : il est désormais nécessaire de se poser la question : aurait-on pu faire mieux ?

Sur ces 3 années il n'y a ps eu d'excès de mortalité.

Voici le nombre absolu de décès d'enfants par an en France : LA

Paxlovid (suite du feuilleton tamiflu)

Rappelons encore qu'aucun essai avec Paxlovid n'a été mené chez les vaccinés.




Emigrer ?





Les effets de la vaccination anti covid chez la femme enceinte.


On ne dit pas que c'est négligeable mais ce n'est quand même pas fameux, l'efficacité...

The effectiveness of maternal vaccination against hospitalization for Covid-19 among infants was 52% (95% confidence interval [CI], 33 to 65) overall, 80% (95% CI, 60 to 90) during the delta period, and 38% (95% CI, 8 to 58) during the omicron period. Effectiveness was 69% (95% CI, 50 to 80) when maternal vaccination occurred after 20 weeks of pregnancy and 38% (95% CI, 3 to 60) during the first 20 weeks of pregnancy.

Voir LA.

La HAS recommande la vaccination contre le rotavirus.

La HAS prône la vaccination contre le rotavirus (ICI) le 12/07/2022

Est-ce sérieux ? 

Il semble que oui. Rappelons ici que les solutés de ré hydratation sauvent des vies.

Pfizer a déjà triché et manipulé des essais cliniques : Neurontin (gabapentine).

Pfizer, le fabricant du vaccin Comirnaty et de l'anti viral Paxlovid, les lecteurs de ce blog sont au courant depuis longtemps, a déjà été condamné pour tricheries dans des essais cliniques (LA). 

Mais aussi dans le cas de Zoloft et Champix.

Quand le journal Le Monde fait un publi-reportage sur les malheurs de l'industrie pharmaceutique...

Voir LA

Préparez vos mouchoirs. On y lit ceci : "De nombreux médicaments tomberont dans le domaine public à partir de 2023. Un cap périlleux pour les groupes, qui feront face à une baisse de leurs revenus."

Tous les poncifs sur les difficultés et les coûts de la recherche cliniques sont cités sans le moindre esprit critique. Il est possible que cet article ait été écrit sous la dictée du LEEM, le syndicat patronal de l'industrie pharmaceutique (ICI).

Quand l'étude APHINITY ne montre pas, après 8 ans de suivi, une augmentation de la survie globale (cancer du sein HER2-positif) !

Malgré les déclarations péremptoires des laboratoires (LA) le traitement adjuvant par pertuzumab et trastuzumab n'améliorent pas la survie globale. Il paraît, selon les auteurs et les industriels, que l'essai n'est pas assez mature. C'est malheureusement cuit. Mais les firmes n'abandonnent pas et la FDA va finalement (j'espère que non), sauter dans le train.

Quand l'argent manque pour délivrer la première dose du vaccin anti palu (c'est pour les pauvres, c'est pas la 4° dose anti covid pour les adultes en bonne santé des pays du G7 !) 


Il y a moins de ZéroPaluders que de Zérocoviders ! Surtout quand les maladies touchent les pays du tiers-monde et, surtout, les enfants du tiers-monde.

L'OMS alerte (LA) sur les freins à la vaccination liés au manque de doses de vaccins, aux problèmes structurels des pays concernés mais surtout au déficit de financement.

Pour être juste il est important de souligner que l'efficacité du vaccin est assumée à 30 %, ce qui n'est pas fameux, et que les investisseurs attendent de meilleurs résultats (les effets de la deuxième dose) pour s'engager plus avant.

Rappelons pour la énième fois, et cette fois à l'échelle planétaire, la Loi Inverse des Soins (voir ICI) et le mépris des pays riches à l'égard des pays pauvres.

Sachez encore que le vaccin Moderna contre le covid a une efficacité, asseyez-vous un peu, chez les enfants âgés de 6 à 24 mois de 4 % (LA)

Mais aussi : un article paru dans le BMJ (LA) tente de comprendre pourquoi on vaccine moins contre le covid sans les pays à faible revenu et explique, notamment, que ce sont les insuffisances des systèmes de santé de ces pays qui expliquent ces faibles taux de vaccination et non une hypothétique hésitation vaccinale qui est en fait un bouc-émissaire qui permet de ne pas investir dans les structures médico-sociales.

Dissonance(s) cognitive (s)

Il est amusant de constater que les dissonances cognitives ne NOUS concernent jamais (n'oublions pas, et vous l'aurez noté vous-mêmes que je suis partie intégrante de ce NOUS).

Le club des commentateurs faisant autorité sur les réseaux (CCFASR) (par exemple : Claude-Alexandre GUSTAVE, @C_A_Gustave) cite, par exemple, la pyramide (cf. infra) des niveaux de preuve


pour fustiger les études ou les avis brandis par leurs adversaires et oublient de la regarder quand ils proposent des essais (cliniques ou non) pour justifier leur point de vue.


La lecture critique d'articles sur twitter donne ceci (en anglais) :


D'autres membres du club (CCFASR) (Bio_Saiyan, @SaiyanBio) brandissent des études montrant l'efficacité des masques comme preuve ultime indiscutable alors qu'il s'agit de modélisations mathématiques (LA) (et nous n'aurons pas l'insolence de citer les modélisations farfelues dont nous avons dû subir les publications depuis janvier 2020) : où placent-ils cette étude sur la pyramide ?

Commentaire amusant de @VPrasadMDMPH : 


C'est tout pour cette semaine.

mardi 12 juillet 2022

Une gonalgie bien ordinaire. Histoire de santé publique sans consultation 5.

Le genou de Claire. Eric Rohmer. 1970


Monsieur A, 83 ans et est en pleine forme (il est cependant traité, selon lui, pour une hypertension légère à modérée, il reçoit une statine, mais je n'en sais pas plus car il n'y a pas eu de consultation, c'est un voisin, je n'ai pas insisté). 

Il a marché un peu plus longtemps que d'habitude et il a désormais mal au genou. Non seulement il a mal au genou mais son genou est gonflé.

Son médecin traitant ne peut le recevoir avant quelques jours.

Sa femme est inquiète.

Il se rend aux urgences de l'hôpital public.

Il y passe six heures.

Les urgences, pardon de vous déranger, c'est quand même un lieu à risque majeur d'infection nosocomiale et, en cette période de pandémie, malgré la vaccination complète de Monsieur A (2 + 2 Pfizer), il vaut mieux ne pas trop y séjourner.

Quoi qu'il en soit, pendant ces six heures, il a eu droit à des radiographies simples du genou ("y a de l'arthrose") et à un diagnostic de sortie qui est, je cite, "épanchement de synovie". Un peu de paracétamol, ajoute-t-il.

On lui a conseillé de consulter un rhumatologue et on lui a prescrit une IRM du genou.


Rien ne va dans cette histoire de santé publique sans consultation.

Rien.

(Il est possible à ce stade de commencer par engueuler le patient et son entourage : on ne va pas aux urgences pour un genou qui fait mal et qui est gonflé)

(On peut aussi engueuler le médecin généraliste qui n'a pas assez de plages d'urgence pour recevoir un patient de 83 ans qu'il connaît pour un genou mécanique qui fait mal et qui est gonflé)

(On peut aussi engueuler la structure publique d'urgences qui n'a pu "trier" à l'entrée et dire à ce patient qu'il risquait plus à attendre six heures aux urgences dans un lieu clos mal ventilé que de souffrir quelques jours en attendant un rendez-vous chez son médecin traitant)

(On peut aussi engueuler le gouvernement pour ne pas donner assez de moyens à l'hôpital et aux urgences pour pouvoir recevoir en urgences un vieux monsieur qui a mal au genou)

(On peut aussi engueuler la médecine libérale qui est défaillante parce que les médecins ne veulent plus travailler, surtout les femmes, ne veulent plus prendre de gardes et ne veulent plus assumer le fait de recevoir de façon urgente un "épanchement de synovie")

(On peut aussi engueuler les pouvoirs publics de ne pas contraindre les médecins libéraux, à qui, je cite, "on a payé les études", à être disponibles 24/24, 7/7, 365/365, pour recevoir un patient épanché de synovie)

(On peut aussi s'étonner que le patient sorte des urgences avec le conseil d'aller voir un rhumatologue et de pratiquer une IRM)

(On peut encore s'étonner du degré de méconnaissance de la santé publique de base pour un citoyen qui fait partie des Catégories Socio-Professionnelles supérieures. Il est possible également que notre épanché de synovie ait parcouru un article écrit par un médecin attiré par les lumières des réseaux sociaux et des magazines de vulgarisation scientifique ou par un journaliste épris de cardiologie voulant sauver son prochain pour garder son poste de pigiste en éblouissant son employeur rapportant que les douleurs isolées d'un genou, le gauche, celui du coeur, peuvent être un signe précoce d'infarctus du myocarde chez les personnes âgées où les symptômes sont si différents et trompeurs...)

Rien ne va donc mais ainsi va le monde.

Et ce, d'autant plus, et là je suis coupable, que rétablir la "vérité" ou commencer un semblant d'information avec son voisin de boulangerie sur les "vrais" enjeux de la santé publique en France, non seulement ne servirait à rien mais plongerait encore plus notre octogénaire dans le doute qui le conduirait, la prochaine fois, non pas à se rendre chez son médecin traitant ou chez un rhumatologue, mais chez un ostéopathe ou un naturopathe. 

Je n'ai donc rien rétabli du tout, j'ai rassuré.

Cela dit, consulter ce que raconte l'assurance maladie sur les gonalgies (ICI), aurait pu conduire notre Monsieur A à vérifier que sa convention obsèques est de qualité.


dimanche 10 juillet 2022

Bilan médical du lundi 4 juillet au dimanche 10 juillet 2022 : Variole du singe, Innovation, Médecine patient-centrée, complications du covid chez l'enfant, un influenceur qui dépiste mal, vaccins anti covid, Damien Barraud, Mépris des MG

 
Yves Hirschfeld (2022)

Un Pu-PH en forme olympique



"Variole du singe" : un cas d'école pour la Loi Inverse des Soins.

Un billet de @MartetChristoph dans Komitid (ICI) souligne l'urgence de s'intéresser à la très mal nommée "variole du singe". Plusieurs sujets sont traités : 1) le fait que cela touche surtout des hommes gays et bis, 2) l'absence de visibilité sur la disponibilité du vaccin, 3) la nécessité d'aller vite et de cibler les population pré citées et notamment les utilisateurs de la PrEP, 4) les mesures barrières (et y compris la diminution des partenaires sexuels).

Mais.

D'autres voix se font entendre pour ne pas stigmatiser les gays et bis et, je cite, "pour ne pas refaire les erreurs commises lors du sida". 

OK. 

Mais : 1) on ne connaît pas l'efficacité du vaccin antivariolique contre la variole du singe, 2) on ne connaît pas les quantités de stock de vaccin, 3) il vaudrait mieux, donc, au risque de stigmatiser, et tout en donnant des conseils barrières, commencer par administrer le vaccin aux groupes les plus à risque (et ne pas commettre les mêmes erreurs que pour la vaccination anti Covid où les populations les plus à risque n'ont pas été suffisamment ciblées) puis, en fonction de l'extension de l'épidémie et des stocks disponibles, étendre à la population générale...


Quand seulement 14 % des molécules (en oncologie et en onco-hématologie) approuvées par la FDA ont remplacé un traitement standard.

Un article de Benjamin DJ et al (LA) rapporte qu'entre 2016 et 2021 270 molécules ont été approuvées par la FDA. Les auteurs remarquent que 28 molécules (14 %) ont remplacé un traitement standard (innovation thérapeutique), que 32 molécules (15 %) sont devenues des équivalents du traitement standard (me-too), que 61 (29 %) étaient des adjuvants et 86 (42 %) des traitements de dernière ligne (niches ou en plus).

Cela signifie que l'innovation ne représente que 14 % de la production des laboratoires.


Remettre en cause la médecine patient-centrée qui serait la cause de (tous) les maux. Pour, sans rire, demander de revenir à une médecine médecin-centrée. Panique.

La "crise" de la santé publique, la "crise" de l'hôpital, la "crise" des urgences, serait liée, selon certains (je ne les cite pas pour ne pas leur donner une visibilité inappropriée) au fait que la médecine, science pure et dure (comme si la médecine était une science), serait trop tournée vers le patient !

Au nom de théories fumeuses dans le style s'occuper d'abord des patients, c'est, je cite, "un langage de bonne soeur", ou ce serait comme "le client a toujours raison"...

Les médecins cherchent toujours des boucs-émissaires pour excuser leurs erreurs : les médecins hospitaliers accusent les administratifs, ne cessent d'adresser des piques contre la ville (les libéraux) mais c'est donner trop d'importance à ces pelés et ces galeux, et, désormais, ils ont vraiment un cerveau rétréci, ils s'en prennent aux malades. 

Le rêve des hospitaliers : un hôpital sans malades.

Voir un article que ces médecins new scientists (l'EBM sans les patients) devraient lire : ICI.


En résumé : les médecins sont amenés à faire quotidiennement des choix entre leurs propres intérêts, les intérêts de leurs patients et les intérêts de la société qui doit préserver les ressources médicales. Pour surveiller ces choix, la société compte à la fois sur l'éthique professionnelle, la gestion bureaucratique et le contrôle. 

On peut exprimer cela autrement : l'éthique des praticiens, dans le cadre de préférences sociales qui les lient entre eux, voudrait qu'ils placent l'intérêt des patients avant leurs propres intérêts (altruisme) et qu'ils délivrent les ressources limitées dont ils disposent de façon efficiente (selon un principe d'égalité et d'efficience).

L'étude en question montre qu'ils sont deux fois plus altruistes qu'un groupe social équivalent mais que pour les critères égalité/efficience, il n'y a pas de différence. Les étudiants en médecine attachent plus d'importance que les médecins praticiens.

Cependant, il ne faudrait pas que les décideurs en santé publique comptent trop sur le professionnalisme des médecins pour assurer l'efficience.

Quand il devient très difficile, chez l'enfant, de savoir si les inflammations post covid et/ou les décès dus au Covid sont un mythe ou un problème de santé publique.

Nos amis les ZéroCoviders, nos amis les Faiseurs de Peur (Fear Mongers), nos amis les "précautionneux" (la nouvelle catégorie sociologique découverte et/ou inventée par A&L --Antoine et Laure, éditions Slate), nos amis les Faiseurs de Maladie (les Disease Mongers)...

... Nos amis les rassuristes, les signataires de la déclaration de Barrington, les darwinistes sociaux, les eugénistes (et climatosceptiques)...

... ont l'art consommé du cherry-picking, c'est à dire de ne retenir, éventuellement de lire, et de ne citer que les articles (et quelle soit la qualité de la publication car la lecture critique se dissout dans l'idéologie) qui vont dans leur sens.



Une étude islandaise très inconfortable pour tout le monde sur les hospitalisations des enfants : 

Cette étude (ICI) a suivi tous les enfants islandais infectés par le covid (1749) pendant les 3 premières vagues du Covid (entre le 28/02/20 et le 31/08/22). Aucun enfant n'a eu des symptômes sévères, 81 (4,6 %), 1287 (73,9 %), et 374 (21,5 %) ont présenté respectivement  des symptômes modérés, légers et pas de symptômes.
Aucun enfant n'a été hospitalisé.
La source de l'infection a été le foyer familial dans 65 % des cas.

Des données françaises d'avril 2022 donnent des informations différentes :

ICI


Mais volontiers moins alarmistes que celles fournies par les sites Faiseurs de peur.


Covid-long

Ce commentaire (LA) d'un article danois (ICI) résume assez bien la situation sur le Covid long : l'article (épidémiologie rétrospective) est rassurant mais la méthodologie est loin d'être parfaite. Il rapporte également des faits contradictoires.

Mais, encore une fois, la "vraie" question est celle-ci : si le Covid long est un problème de santé publique, existe-t-il un essai contrôlé montrant que la vaccination sera la solution ?

Shamez Ladhani se pose des questions : ICI. Et Noah Louis-Ferdinand lui répond : LA.

La disparition mystérieuse des MIS-C

Alasdair Munro raconte comment le Multi-system Inflammatory Syndrome a quasiment disparu des radars : LA.


Pourquoi ? Et selon l'auteur : 
  1. Le virus a changé. On ne sait pas pourquoi les enfants attrapent le MIS-C mais il est possible que les nouveaux variants avec un changement de la protéine spike entraînent moins cette complication
  2. Les enfants ont changé : en GB tous les enfants ou presque ont attrapé le Covid ; une étude épidémiologique (peu robuste) montrerait que chez les enfants entre 12 et 18 ans la vaccination par 2 doses de Pfizer diminue le nombre de MIS-C (LA) ; il existerait une double immunité (naturelle et vaccinale et combinée) qui empêcherait la survenue de nouveaux MIS-C 

C'est également le cas pour la nécessité ou non, par exemple, de vacciner les enfants de moins de 5 ans.


Mais aussi pour les taux de myocardites/péricardites post Covid chez les adultes.

(Une étude israélienne rétrospective portant sur 196 992 adultes publiée en avril 2012 (entre 03/2020 et 01/2021) (ICI), avec un groupe contrôle apparié non covid de 590 976 sujets montre :
5 patients post-COVID-19 ont présenté une myocardite (0.0046%) et 11 patients une péricardite (0.0056%) et dans le groupe contrôle : respectivement 27 (0.0046%) et 52 (0.0088%), le sexe (masculin) et une pathologie vasculaire périphériques étaient plus souvent associés à la péricardite, Conclusion : cette étude n'a pas retrouvé d'augmentation de l'incidence de myocardite/péricardite chez les patients ayant contracté le covid.

Mais il y a aussi des articles (déjà plus anciens) qui disent le contraire : LA
Cet article compare les taux supplémentaires de myocardites/péricardites chez les patients ayant eu le covid vs les sujets ayant été vaccinés : 40 myocardite vs 10 respectivement pour 1 M de covidés vs 1M de vaccinés.

Il y a même un article Qatari (preprint) qui parle de l'efficacité de l'immunité naturelle.


Trop beau pour être vrai ?
L'étude menée sur deux ans montre que les réinfections sont le plus souvent non sévères.

Eglise de Dépistologie : un influenceur raconte n'importe quoi sur le dépistage du cancer du sein.

Voici ce qu'il écrit : 

"Le cancer du sein est la principale cause de mortalité par cancer chez les femmes.
1 cancer du sein sur 5 touche les femmes de moins de 50 ans.
Plus tôt il est détecté tôt mieux il se soigne.
A partir de 25 ans un examen clinique de vos seins (palpation) par un professionnel de santé est recommandé tous les ans."
Bla-bla-bla.

Le procédé est toujours le même : mélanger des faits et des non faits.

Il a eu son diplôme de médecin dans une pochette surprise ou il a suivi les cours de l'Eglise de Dépistologie qui est à la médecine ce que la scientologie est à la religion : une entreprise de décérébration.

Pour avoir des informations non erronées sur le dépistage du cancer du sein par palpation ou par mammographie, voir le site Cancer Rose LA.

Ras-le-bol des courbes explicatives mono causales !


Désormais, quand vous croisez quelqu'un dans la vraie vie comme dans la fausse (Twitter), iel défend ses positions sur les "vraies" causes de l'échec/réussite de ses théories. 

Dans le débat d'idées et pour s'en tenir à masques/aération/vaccination/distanciation/lockdown/traçage (et n'oubliez pas que pour chaque item il existe des sous-sections) vous pouvez être certain (il faut bien être certain de quelque chose) que votre interlocuteur/trice va vous envoyer dans les tympans les mots Japon, Corée, Nouvelle-Zélande, Singapour, Islande, Italie, GB, US, Brésil, et cetera, avec une courbe expliquant tout et vous renvoyant dans les cordes.

Misère de l'infographie et infographie de la misère.

Rappel : le score calcique ne sert à rien.

Le CNGE nous l'avait dit. On le rappelle : voir LA. "Aucun élément de preuve ne suggère qu'il peut avoir un bénéfice clinique." Fermez le ban.

Rappel : la visco-supplémentation par acide hyaluronique pour les genoux arthrosiques ne fait pas mieux qu'un placebo.

L'accumulation de données n'y fait rien : les orthopédistes et les rhumatologues continueront de le faire.

Voir une revue récente dans le British Medical Journal : ICI.

Qui confirme les données de 2012 : LA.

Les vaccins anti Covid : efficacité, évanescence.

Une nouvelle publication EPIPHARE (ICI) (dont on connaît les limites méthodologiques, à savoir qu'il s'agit de comparaisons épidémiologiques rétrospectives entre groupe de sujets et de patients et non d'un essai prospectif comparatif contrôlé comparant l'efficacité d'une dose de rappel vs placebo entre deux ou plusieurs groupes de patients) montre une efficacité de 80 % (hospitalisation) (delta et omicron) et de 72 % pour omicron pour la première dose de rappel (booster 1) des vaccins ARNm.

Rappelons que ce papier ne parle pas de diminution du risque absolu mais que, surtout, le critère de substitution "hospitalisation" est une daube absolue. Sans compter la signification d l'hospitalisation : service covid, soins intensifs, réanimation.

OK.

Et voici les données (pré print) d'une étude italienne de la littérature (LA) (c'est son défaut) qui montre que vis à vis d'omicron la deuxième dose de vaccin n'est efficace qu'à 70 % après la deuxième dose, et qu'après la troisième dose de vaccin  moins de 20 % et 25 % d'efficacité sur, respectivement, l'infection et sur l'apparition de formes symptomatiques 9 mois après le booster.

Vous voulez des nouvelles de Damien Barraud ? Le voici qui parle de Raoult et ac (acolytes) sur Sud-Radio avec son franc-parler et son autorité habituelle.


C'est ICI, proposé par Alexandre Samuel @AlexSamTG

Il y a plusieurs enregistrements que l'on peut consulter les uns après les autres.
ccc

Voici comment le CHU de Montpellier voit la médecine générale (mépris) : 







Pause.

jeudi 7 juillet 2022

Le masque. Histoire de santé publique sans consultation 4.



Je croise une dame d'un certain âge en train de faire son footing (on ne peut pas dire qu'elle court vraiment ni qu'elle marche vraiment, elle est entre les deux) dans une grande allée ombragée du parc de Versailles. Je l'ai vue arriver de loin.

Je cours moi-même (un peu plus que du footing, mais pas loin) et je n'ai rien à vous proposer : pas de moyenne horaire, pas de distance, pas d'iPhone chargé sur une application course, pas de montre connectée, pas d'iPhone du tout, pas de musique dans les oreilles, j'écoute le bruit de mes foulées (mais pas de sentimentalisme, pas d'ego sur dimensionné, je ne fais pas de sport, je m'entretiens le physique et le mental en courant, je n'ai jamais été bon, toujours moyen, plutôt dans la dernière moitié de la classe, pas en première division, mais j'aime courir. On pourrait dire, par analogie, les analogies étant la figure de style la plus médiocre qui soit, que je suis un grand lecteur qui aime lire depuis toujours les romans à la mode et les essais grand public (je ne donnerai pas de nom pour ne fâcher personne), je suis donc un médiocre coureur qui n'a jamais fait mieux, même au temps de ma jeunesse que du 12 à l'heure pendant une demi-heure... Mais j'en suis plutôt à 9 à l'heure en ce moment.

Quoi qu'il en soit, il est vraisemblable que cette dame d'un âge certain, il fait tiède, a entre 60 et 67 ans. Elle porte une casquette, sa tenue est Décathlon pur jus (je ne vous ferai pas une période sur la mondialisation, l'uniformisation et la raréfaction des marques, et tout le tintouin car cela nous emmènerait très loin de la santé publique et ne manquerait pas de m'attirer les foudres de nombre de personnes véhémentes... quoique la mondialisation, l'uniformisation et la raréfaction des marques, et tout le tintouin soient très proches de la santé publique...).

La dame est essoufflée.

A part moi qui vais la croiser à bien dix mètres d'elle, il n'y a personne aux alentours.

Eh bien, cette dame respectable, et sans doute respectée, porte un masque chirurgical pour courir.

Quelle drôle d'idée.

Qui a bien pu lui faire croire qu'il était nécessaire, intéressant, productif, sain, hygiéniquement correct, covidement compatible, de porter un masque en courant dans les allées désertées du parc de Versailles ?

Qui ?

Quel.le est cet influenceur.e anonyme ?

Qu'iel se dénonce.


mardi 5 juillet 2022

Respecter les prostates ? Histoire de santé publique sans consultation 3.

Simon Hantaï (1922 - 2008)


Je croise Monsieur A, 77 ans, dans la rue, le salue et nous nous arrêtons pour parler.

Monsieur A est boucher charcutier et je suis son client depuis plus de trente ans. Il vend des produits de choix.

Cet homme a beaucoup travaillé dans sa vie, il travaille encore mais il a laissé les rênes de l'entreprise à son fils et à sa belle-fille.

Je trouve Monsieur A amaigri. Mais je ne dis rien.

Il sait que je suis médecin.

"Bonjour, comment ça va ? Vous avez l'air fatigué...
- Ah, j'ai été opéré de la prostate... et après l'opération j'ai beaucoup saigné.
- Mince... Cela arrive...
- Oui, mais là, j'ai été servi."
Je ne sais pas comment poser la question du pourquoi du comment de l'intervention.

" Vous étiez très gêné ?
- Oui, je pissais quatre à cinq fois par nuit. Et dans la journée cela devenait difficile, les déplacements en voiture devenaient difficiles. Le chirurgien m'a dit que j'avais une énorme prostate...
- Vous aviez combien de PSA ?
- C'était peu élevé. Six ou sept.
- Ah...
- Mais, surtout, j'ai été opéré par voie haute.
- Par voie haute ? Ah... Et pourquoi ?
- Parce que le chirurgien m'a dit qu'il y avait un truc bizarre à l'IRM, qu'il voulait voir.
- Et vous avez eu des biopsies ?
- Oui, elles sont revenues négatives. Mais j'ai été opéré dans un très bon service, par un professeur qu'on m'avait conseillé, en privé, bien entendu, ils ont été formidables. Je suis quand même resté trois semaines...
- Hospitalisé ?
- Oui. Le temps m'a paru long.
- Et vous avez un traitement ?
- Non. Enfin, si, du proscar. Je dois faire redoser mes PSA dans trois mois, c'est tout.
- Et vous allez moins souvent pisser ?
- Oui. C'est beaucoup mieux."

Je n'ai pas demandé à Monsieur A, nous sommes dans la rue et je ne le connais pas assez, s'il bandait encore...

Cette histoire de non consultation est navrante.

Il est clair qu'une non consultation dans la rue ne cadre pas avec les données de la science. Le patient me dit ce qu'il a envie de me dire, il se trompe peut-être sur les chiffres de PSA, il rapporte les propos du chirurgien qui ne lui a peut-être pas du tout dit ça. Il me cache un cancer dont il n'a pas envie de me parler. Et cetera.

Mais l'histoire qu'il me raconte compte quand même. C'est quand même son ressenti.

La cascade d'examens complémentaires et d'événements n'est malheureusement pas banale. Mais quand on met le doigt dans l'engrenage...

Et, en plus, que demande le peuple ?, Monsieur A est content de sa prise en charge.

Monsieur A me demande : "Vous avez quel âge ?" - Presque 70. - Et votre PSA ? - Je ne sais pas. - Je ne vous crois pas. Vous êtes médecin, vous devriez vous tester... Vous avez vu ce qu'il m'est arrivé..."

Je m'arrête là. Je ne vais quand même pas lui raconter ce que je pense du PSA, comment pourrait-il ne pas mal le prendre ? Et en quoi cela lui servirait pour qu'il aille mieux ? 

1967

PS : Monsieur A ne s'appelle pas Monsieur A. Il n'a pas 77 ans. Il n'est pas boucher.