Affichage des articles dont le libellé est DREES. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est DREES. Afficher tous les articles

dimanche 23 avril 2023

Bilan médical (abrégé pour cause de norovirus) du lundi 17 au dimanche 23 avril 2023 : ordonnance de merdre, espérance de vie en IdF, DREES, Raoult, soins primaires : on liquide, contraception.




152. Un nouveau Directeur Général de la Santé a été nommé.





153. Une ordonnance pour une personne de 81 ans !

J'ai listé par ordre alphabétique les problèmes que cela pose (mais je ne suis pas certain d'y être arrivé complètement).



  • AINS chez la personne âgée
  • AINS : interactions pharmacologiques
  • Bénéfices/risques
  • Biais d'habitudes
  • Coordination des soins
  • Clientélisme
  • Délire thérapeutique
  • Evidence Based Medicine
  • Formation médicale continue
  • Gériatrie
  • Khonnerie pure et dure
  • Interactions médicamenteuses
  • Logiciel de prescription
  • Pharmacovigilance
  • Prévention quaternaire
  • Sur diagnostic
  • Sur traitement
  • Tramadol chez la personne âgée

Ah, j'ai oublié de vous dire :




154. La santé des Franciliens : 

La DREES est une source inépuisable de données. Voici, LA, sa dernière livraison sur l'état de santé des Franciliens.

  • Contre-intuitivement la régie Ile-de-France est celle de la meilleure espérance de vie
  • Le neuf trois a les moins bons résultats (vous avez 3 minutes pour nous dire pourquoi)
  • Remarquons en passant que les femmes du 93 ont une espérance de vie à la naissance plus élevée que les hommes de la région et dans n'importe quel département !
  • Le covid a eu un impact très fort sur l'espérance de vie (mais il me semble urgent d'attendre pour en tirer des conclusions définitives)
  • Le différentiel d'espérance de vie entre hommes et femmes se réduit mais pour une mauvaise raison : c'est leur espérance de vie qui baisse.

Je reprends une infographie parue dans le journal Le Parisien (ICI, sur abonnement) et qui nous est fournie par un de ses journalistes @nicolasberrod (LA) : 


155. Le non recours aux prestations sociales est lié à un manque d'informations. La DREES.

On le savait mais ça va mieux en le disant.


Vous pouvez lire le résumé et le rapport complet ICI


155 Bis : Iggy Pop avait des infos.


Iggy Pop né le 21 avril 1947
Encore un défi à la Santé publique

155 ter. Pas Notorious B.I.G (1972-1997)

ICI


156. La corruption à la Raoult : c'est la Provence qui en parle le mieux.


                                                                    Source : La Provence ICI

C'est ICI.

Articles passionnants et au scalpel par Sophie Manelli et Alexandra Ducamp.


157. Les futurs centres de santé alaRamsey, c'est la corruption qui en parle le mieux.

Il est désormais probable que la médecine libérale traditionnelle des soins primaires disparaisse sous les assauts répétés et non coordonnés, ne tombons pas dans le complotisme, invoquons simplement la bêtise pure et simple, de : 

  • L'Assurance-maladie elle-même qui impose des normes non applicables à des médecins généralistes libéraux débordés de travail et qui assujettissent d'éventuelles augmentations de chiffre d'affaire à des mesures qui n'ont fait nulle par la preuve de leur efficacité et qui dénotent une incapacité comprendre où sont les problèmes et comment les résoudre.
  • Les Agences Régionales de Santé qui ont décidé de ne faire que de la communication institutionnelle, en déprofessionnalisant le soin, c'est à dire en prenant sans médecins des décisions concernant les médecins, sans infirmières libérales des décisions concernant les infirmières libérales, sans kinésithérapeutes des décisions concernant les kinésithérapeutes, sans orthophonistes, bla-bla, sans orthoptistes, bla-bla, sans assistantes sociales, bla-bla, et en ne se donnant pas les moyens de contrôler lesdits établissements de soin, qu'il s'agisse des hôpitaux, des cliniques ou des EHPAD ou en y envoyant des anciens du rayon tomates de chez Auchan ou des nouveaux diplômés dont la formation est réduite à une carte du parti macronien... 
  • L'hôpital public (et je ne fais aucune différence entre les directeurs administratifs et les médecins, les autres membres de l'hôpital public, et le petit personnel commence rapidement pour les 2 groupes précédents, n'ayant strictement aucun pouvoir) qui déconne depuis des décennies pas seulement par manque d'argent (je répète inlassablement que la France est le deuxième pays de l'OCDE pour les dépenses hospitalières) qui ne pose jamais aucune question sur lui-même (donnez l'argent on va tout régler) et qui rend coupable ces médiocres de MG libéraux, ces coolies qui, en plus de travailler plus de 50 heures par semaine, ne font pas de gardes, ne viennent pas aider les hôpitaux, gagner aussi de l'argent : l'hospitalocentrisme est la maladie infantile la Santé publique.
  • Les associations de patients qui considèrent les MG libéraux comme des parasites et qui veulent tout, tout de suite, une angine, une fracture, ou un infarctus...
  • Je continue ?

Pour en revenir à notre propos initial, la corruption, il faut bien appeler les choses par leur nom, voici un article saisissant et éclairant sur le COSEM : LA.

Cette organisation des soins, c'est la santé de demain : 

  • Un symptôme = une urgence
  • Un symptôme = un examen complémentaire (deux ou trois, ce sera mieux)
  • Un symptôme = un traitement

Vous aurez des centres de santé avec : 

  • des MG salariés payés pour effectuer 35 heures
  • des examens complémentaires pratiqués dans les laboratoires du Centre, les Centres de radiologie du Centre
  • des adressages vers les spécialistes d'organes du Centre
  • des traitements effectués dans des cliniques du Centre
  • ad libitum. 




158. La médecine générale, c'est l'Académie de médecine qui en parle le mieux (?).

L'Académie de médecine, c'est à la fois le cimetière des éléphants, les boeufs-carottes, et l'auberge espagnole : on peut y faire du cherry-picking (la cueillette des cerises) quand une décision ou un avis qu'Elle a émis nous plaît ou nous plaît pas.

Voir LA pour la réforme de la médecine générale.

Aucun intérêt.

On peut y retrouver tous les poncifs sur la médecine générale émanant de personnes qui l'ont toujours méprisée ontologiquement et défendu pour faire bien.

Une lecture d'un derrière distrait n'est même pas recommandé.

A-t-on jamais vu une société savante de médecine générale parler de la réforme de l'hôpital ou de l'Académie de médecins ? 



159. Comment changer de contraception.

Via @DocArnica

La technique du chevauchement


Il y avait matière à autant de numéros.
Je ne veux pas lasser.

dimanche 8 janvier 2023

Bilan médical de la semaine du lundi 2 janvier au dimanche 8 janvier 2023 : Alzheimer, EMA, le salaire des libéraux, une chronique mal placée, non recours aux soins, check-up, un essai douteux, le temps non médical



1. FDA et Aduhelm (aducanumab-avwa) : un scandale majeur dans le "traitement" de la maladie d'Alzheimer


La FDA a aidé Biogen, la firme commercialisant Aduhelm, à obtenir son AMM alors que les essais cliniques n'étaient pas convaincants. Au prix pharamineux de 56 000 dollars par an.

En France, on retrouve un entretien dans Ouest France en juin 2021 (ICI) avec le professeur Bruno Dubois, directeur de l'Institut de la mémoire et de la maladie Alzheimer qui a participé aux essais en France.

Le professeur Dubois est plutôt mesuré dans ses propos. Il ne nous avait pas habitués à cela (il est connu de nos services car nous le citions déjà en 2011 pour le remboursement des médicaments dits anti-Alzheimer (LA))

  1. Le professeur Bruno Dubois fait feu de tout... bois dans les media. Il faut dire qu'il défend sa paroisse, étant Président de l'Institut Alzheimer de l'Hôpital de la Pitié Salpétrière, et il fait de l'annonce dans deux voies : une molécule, dont je ne vous dirai pas le nom, a montré, en double-aveugle contre placebo (nous attendons la publication), qu'elle diminuait la diminution de la taille de l'hippocampe qui serait une donnée anatomique chez les patients Alzheimer ; un vaccin aurait été mis au point et il agit, selon les dires Dubois, de façon spectaculaire chez les souris (il ne nous dit pas s'il s'agit de mâles ou de femelles). Voir ICI. Tout baignerait donc bien dans le monde merveilleux de l'Alzheimer s'il n'y avait pas, comme le dit si bien le docteur Trivalle, la revue Prescrire, les syndicats de médecin généraliste et des médecins médiatiques (ICI ENCORE)...


Philippe Charles Jacquet (1957 - )


2. Et ça recommence avec lecanemab !

Le lecanemab vient d'obtenir son AMM états-unienne dans l'indication Alzheimer avec un très faible niveau de preuves.

Le problème vient de ce que l'hypothèse physiopathologique, le dépôt de substance amyloïde dans le cerveau, soit fausse : voir LA

Et voici une mise au point de la Société Française de Pharmacologie et de Thérapeutique : ICI

Cela ne marche pas !


Villa Savoye à Poissy 1927.
Le Corbusier (1887 - 1965) Peut-on séparer l'architecte du fasciste ?


3. L' EMA valide des procédures de soins d'une qualité médiocre avec des conséquences désastreuses.

Un article de Siebert et col paru dans BMC Medicine (LA) ré-analyse des essais approuvés par l'EMA et souligne le manque de transparence et le fait que ces essais ne sont pas reproductibles par des chercheurs indépendants.


Vous pourrez lire avec profit un fil twitter d'un des signataires de l'article Florian Naudet : ICI.

Sidney Poitier, Harry Belafonte et Charlton Heston, lors de la marche pour les droits civiques (Civil Rights March), au Lincoln Memorial, le 28 août 1963. via
@ClassicFilm2


4. On tombe des nues ! La crise covidienne n'aurait pas été bien gérée en 2020...


ICI


Félix Vallotton, Cagnes 1921


5. Un journaliste d'investigation : Julien Pain


Il s'agit d'un journaliste reconnu par tous, me dit-on, parce qu'il a combattu les FakeNews et qu'il s'est attaqué à Raoult et acolytes. Dont acte. 

C'est un fil à charge contre les médecins libéraux qui demandent des augmentations, à mes yeux exorbitantes, de leurs honoraires, en voulant un doublement du prix de la consultation.

Le journaliste fait un thread sur le sujet !

Et dans son chapeau il parle du salaire global des médecins libéraux !

Quel est son degré de pertinence sur une échelle entre 0- et 0 + ?


Virginia Woolf (1882 - 1941)


6. De quoi notre santé est-elle le nom : Philippe Moreau Chevrolet 

Merci de lire l'éditorial de notre conseiller en communication : ICI

Avant ou après avoir vu l'émission C ce soir (LA) qu'il commente (cela dure une heure).

On ne peut pas dire que je sois un fan d'Agnès Buzyn pour laquelle j'avais consacré un billet prophétique en mars 2016 (LA) où j'écrivais : "La nomination du professeur Agnès Buzyn à la tête de la HAS était ce qui pouvait arriver de pire à la Santé publique française.

Rien ne va dans ce billet de PMC. 

PMC a choisi son parti : Lehman, Chiche et Desbiolles vs Buzyn.

Facile : tirer sur une ambulance n'a rien de courageux, mais voyons les arguments. Pour les premiers la santé serait un droit et pour la seconde un objet de commerce. 

A propos des 3 premiers PMC écrit : "Dans un retour à une période où l’hygiène était l’exception et non la règle, à une époque où la santé de l’autre ne nous concernait littéralement pas." Mais où voit-il cela ? Il ne fait pas la différence entre hygiène publique (les progrès depuis le dix-neuvième siècle ont été considérables : tout à l'égout, eau courante, hygiène alimentaire, et cetera et il serait intéressant qu'il lise un peu les grands auteurs comme Thomas McKeown) et hygiène individuelle et il porte un jugement moral sur ceux qui ne se préoccuperaient pas des autres. 

PMC cite les propos d'Agnès Buzyn et les commente : "Elle condamne la “surconsommation”, non pas de médicaments, ce qui pourrait s’entendre s’agissant de produits, mais de soins." Et il ajoute : "Or, soigner ou se soigner ne constituent pas des choix de consommation. On ne peut pas se passer d’une radio, d’un scanner ou d’un traitement comme on se passe de Nutella. Soit l’on soigne un patient, soit un patient se soigne, soit on renonce au soin. 

Cela est faux. Toutes les études montrent qu'il existe non seulement une sur consommation de soins mais surtout une sur consommation de soins inutiles. On peut, contrairement à ce qu'affirme PMC, se passer d'un scanner quand son indication n'est pas justifiée. On peut même se passer d'un traitement quand il n'est pas validé par des essais de qualité. Or, des données états-uniennes, britanniques et australiennes concluent que de 35 à 54 % des pratiques académiques hospitalières (hors homéopathie) de soins ne sont pas validées (LA). On imagine ce que cela doit être en ville ! 

Opposer les médecins entre eux : le "vrai" médecin contre "la" politique. Facile. 

Il faudrait demander à PMC s'il se promène dans la vie courante avec un détecteur de CO2 dans la poche, s'il est masqué FFP2 dans tous les lieux clos qu'il fréquente, c'est à dire, non seulement dans les transports mais dans les bureaux qu'il fréquente et s'il ne va jamais manger au restaurant ou discuter à la machine à café.

Mais, last but not least, après nous avoir fait une leçon de morale sans déclarer ses liens d'intérêts, PMC se lance sur Semmelweis où là, non seulement les gants nous en tombent mais également les bras. Hormis une interprétation personnelle sur Semmelweis avec quelques approximations, il cite Céline (dont on sait qu'il a écrit sur le sujet, oui, mais qu'il a écrit d'autres choses et fait d'autres choses).

On pourrait même citer PMC ainsi : Vu de Sigmaringen : "En renonçant à la santé des autres, nous renonçons à notre civilisation. Petit à petit, sans même nous en rendre compte, nous renonçons à notre rêve. Nous abandonnons notre humanité. Nous renonçons à voir dans la nuit."

Le droit à la santé ne peut se concevoir sans une politique de santé publique qui privilégie, outre le soin raisonné (validé), le revenu, l'emploi, l'éducation et l'alphabétisme, les conditions de vie et la sécurité alimentaire. 

Voir point suivant : 

7. Le non-recours aux prestations sociales : la DREES communique





8. Un maire états-unien impose le masque aux enfants dès la maternelle et ne le porte pas en zone dense à l'intérieur.


9. Les horreurs du check-up.

Vous pouvez lire le fil twitter de @FantineetHippo : LA

Et mon fil de réponse ICI

Les "check-up" proposés par le premier fil est une aberration. On ne peut pas faire de la médecine générale comme cela. Ce n'est bon pour personne. Vous pourrez utilement allez au point 10.

Mon fil explique pourquoi.


Hertha Müller (1953 - )
Prix Nobel de littérature en 2009


10. Un article de Nature (LA) de qualité douteuse est porté au pinacle



Vous voulez quelques éléments de réponse ?

  • Cet essai est un essai épidémiologique cas témoin rétrospectif (niveau de preuve a priori : très faible)
  • Cet essai a été réalisé par des auteurs dont un a reçu des fonds de Pfizer, de MSD et de Vax-Cyte (bien entendu sans relations avec le sujet de l'article ! Dans ces cas-là l'expérience prouve que, caché au milieu des autres auteurs, c'est lui qui a rédigé l'article...)
  • La rédaction de l'article est surprenante : le chapitre Méthodes est mentionné en fin d'article et une partie des résultats renseigne sur les méthodes
  • Le risque de transmission de l'omicron en milieu carcéral est passé de 36 % chez les non vaccinés à 28 % chez les vaccinés !
  • Les analyses post hoc (les sous-groupes de sous-groupes) sont bien entendu plus favorables et l'agrégation des sous-groupes (dont l'immunité naturelle qui devrait faire sauter en l'air les puristes) est assez improbable et montre enfin des résultats mais la rédaction de la phrase de résultats est prodigieusement incompréhensible : "we estimated that any vaccination, prior infection alone and both vaccination and prior infection reduced an index case’s risk of transmitting infection by 22% (6–36%), 23% (3–39%) and 40% (20–55%), respectively. "
  • Il n'y a aucune indication sur les mesures barrières.

En résumé : vanter un essai peu robuste pour vanter la vaccination alimente les antivaxx.


11. Réduire le temps non médical en médecine générale

Une tribune dans l'Express  (ICI) reprend les arguments largement exposés depuis des lustres par Michael Rochoy sur son blog (LA)

Une mise au point très à propos :




dimanche 16 octobre 2022

Bilan médical du lundi 10 au dimanche 16 octobre 2022 : Dépistage du cancer colorectal, maladies chroniques, surdiagnostic (Australie), AC/FA, Ordres, Myocardites post ARNm, Pittet...


Via Rithy Panh

1. NordICC : Le dépistage du cancer colo-rectal par coloscopie unique ne sauve pas de vies.


L'étude NordICC est un essai pragmatique randomisé incluant des personnes asymptomatiques âgées de 55 à 64 ans entre 2009 et 2014 et issues de registres médicaux (en Pologne, Norvège, Suède et Pays-Bas). Il est publié LA dans le NEJM.

Le titre de l'essai est important : Effet du dépistage par coloscopie sur les risques de cancer colorectal et de la mortalité associée.

Les 84585 participants étaient randomisés en deux groupes (ratio de 1 pour 2), le premier recevait une invitation à une coloscopie de dépistage et le second n'en recevait pas. Un total de 11843 patients (42 %) ont accepté le dépistage. 

Après 10 de suivi : pour le groupe en intention de dépistage (que l'on appelle dans les essais thérapeutiques en intention de traiter) par rapport au groupe non invité : 
  1. Moins de cancers (0,98 vs 1,2 %) ont été détectés avec une différence relative significative de 18 % Ce qui signifie que le nombre nécessaire de personnes à inviter au dépistage pour éviter un cancer colorectal est de 455 (IC à 95% : 270-1429)
  2. Le risque de mortalité liée  au cancer colorectal n'était significativement pas différent (0,28 vs 0,31)
  3. Le risque de mortalité totale était identique : 11,03 vs 11,04 %. 

Conclusion : le dépistage du cancer colorectal par coloscopie sur invitation chez des personnes asymptomatiques ne sauve pas de vie.

Pourtant :

L'analyse per protocole (c'est à dire en ne retenant que les patients invités qui ont répondu favorablement au dépistage) indique pour la mortalité relative 0,15 vs 0,30 (diminution relative de 50 %) mais les auteurs ne précisent pas les chiffres pour la mortalité totale.

Les auteurs de l'essai sont donc favorables à ce dépistage.
 
On commence à comprendre pourquoi cet essai fait l'objet de conclusions différentes.

Rappelons qu'en France le dépistage organisé du cancer du colon invite les personnes âgées entre 50 et 74 ans (cette invitation est adressée par voie postale aux populations concernées et est relayée par les médecins traitants lors de consultations) à pratiquer eux-mêmes une recherche unique de sang dans les selles dont le résulta est transmis au médecin qui a prescrit le test. Cette façon de procéder ne diminue ni la mortalité relative, ni la mortalité totale.


Je vous propose donc, par souci d'objectivité, de vous présenter dans un premier temps différents points de vue, les uns considérant que cet essai enterre le dépistage du cancer colorectal par pratique de la coloscopie et d'autres qui y sont plutôt favorables.

Dans un deuxième temps je tenterais de faire la synthèse, une synthèse qui permettra en outre de faire le point sur les recherches cliniques en termes de dépistage en général.


Pro : 

Un commentaire en anglais de Vinay Prasad (ICI) explique les tenants et les aboutissants de cette affaire (30 minutes) et exprime son point de vue (négatif).

Mais il y a des critiques de Prasad favorables à l'essai :


et les commentaires : LA

Un échange entre Prasad, Cifu et Mandrola : ICI. Où Cifu est pour le dépistage.

Mais aussi un problème de méthodologie statistique selon certains : LA.

Per protocole vs intention to treat ? LA


Bishal Gyawali (BG) publie sur Mescape (ICI) un article (il faut s'enregistrer gratuitement pour le lire) qui résume les pros et les contres de l'essai randomisé concernant le dépistage du cancer du colon par coloscopie.

En voici les points essentiels avec mes observations personnelles :
  1. La critique principale est que l'essai aurait dû s'intituler : Effet d'une invitation unique par coloscopie sur les risques de cancer colorectal et de la mortalité associée. Avec des résultats négatifs sur la mortalité relative et la mortalité totale.
  2. Le chiffre de 42 % d'acceptation de la coloscopie est inférieure à celui des Etats-unis (60 %) dans une population éligible. Que se serait-il passé si 60 % des personnes avaient accepté l'invitation ? Probablement peu de changement selon BG puisque le risque de mortalité liée au cancer colorectal est diminué de 0,15 % entre l'ensemble des patients invités et les patients ayant répondu à l'invitation.
  3. Pour mémoire, en France le taux de participation à la détection de sang dans les selles est environ, selon les années de 28-29 %
  4. L'analyse per protocole, c'est à dire en ne prenant en compte que les patients ayant accepté l'invitation, c'est tricher dans le cadre d'un essai randomisé. En effet cela n'analyse pas les résultats de la décision partagée mais seulement les résultats du protocole.
  5. Si cet essai a été mené, c'était pour savoir si les résultats de l'étude randomisée méritaient que le dépistage du cancer colorectal soit généralisé à la population entière d'un pays. La réponse est probablement non. D'une part il est rare que la validation externe d'un essai randomisé montre des chiffres plus importants que l'essai lui-même... D'autre part cet essai montre que l'invitation ne modifie pas ou très peu le risque de mourir d'un cancer colorectal ni d'autre chose. 
  6. Ainsi, il est important de dire que cet essai ajoute une pierre de plus à l'édifice du dépistage du cancer colorectal par coloscopie. Le citoyen non malade doit être informé avant toute décision de dépistage du résulta de cet essai. Idem pour le test de détection de sang dans les selles. On peut aussi se demander pourquoi la sigmoïdoscopie, peu pratiquée en France, n'est pas proposée (pas d'anesthésie) (LA), avec de meilleurs résultats que les deux procédures précédentes.
  7. Un citoyen informé asymptomatique a le droit à une coloscopie de dépistage.




2. DREES : Les maladies chroniques touchent plus souvent les personnes modestes et réduisent davantage leur espérance de vie

La DREES publie un rapport (ICI) complémentaire à celui que je vous avais résumé la semaine dernière (LA)

C'est terrifiant.

Un bref résumé : 
  1. Les personnes les plus modestes ont 2,8 fois plus de risques de développer u diabète que les plus aisés
  2. Le risque de développer une maladie respiratoire chronique est 1,4 fois plus élevé chez les ouvriers que chez les cadres
  3. Les plus modestes ont un risque 2,8 fois plus élevé de vivre avec une maladie psychiatrique que les plus aisés.
  4. Le risque de vivre avec un diabète est plus inégalitaire chez les femmes, celui de vivre avec une maladie psychiatrique l'est plus chez les hommes.
  5. Les maladies chroniques accroissent les inégalités en termes d'espérance de vie.

On comprend que les jeunes Français préfèrent devenir cols blancs que cols bleus : ce ne sont pas des feignants mais des pratiquants actifs de l'autoprévention... Ils ont empowerdé les rapports qui ne cessent de décrire ces situations d'inégalités dans tous les domaines de la santé.

Un commentaire de Georges Bernanos (Nouvelle histoire de Mouchette - 1937) : "Les misérables ne s'intéressent guère aux maladies chroniques dans lesquelles ils reconnaissent une misère de plus, aussi fatale que les autres, à quoi les médecins ne peuvent rien." 

"Est-ce que tout va bien ? Vous n'avez pas photographié votre nourriture."


3. Surdiagnostic : On n'en peut plus !

Les Australiens (les antipodistes pour les oncologues français qui ne savent pas ce qu'est un surdiagnostic ou qui parlent d'organogenèse aux ignorants quand on les interroge sur la question) publient sur le surdiagnostic.

En anglais : ICI.

In women. An estimated 22% of breast cancers (invasive cancers, 13%), 58% of renal cancers, 73% of thyroid cancers, and 54% of melanomas (invasive melanoma, 15%) were overdiagnosed, or 18% of all cancer diagnoses (8% of invasive cancer diagnoses).

In men. An estimated 42% of prostate cancers, 42% of renal cancers, 73% of thyroid cancers, and 58% of melanomas (invasive melanomas, 22%) were overdiagnosed, or 24% of all cancer diagnoses (16% of invasive cancer diagnoses).

En français : LA.


via @Bourrigaud


4. Un dépistage qui ne sert à rien et qui est "recommandé" par les médias GB : celui de la fibrillation auriculaire

Un article publié dans le BMJ (ICI) analyse les raisons pour lesquelles le dépistage de l'ACFA (arythmie cardiaque par fibrillation auriculaire), non recommandé par l'agence britannique de dépistage (UK National Screening Committee), est promu par les médias.

La plupart des commentateurs, des organisations appartenant au NHS (National Health Service) et des associations caritatives qui promeuvent le dépistage ont des conflits d'intérêts directs ou indirects. Une information indépendante est rare. Les raisons en sont inconnues. Les lecteurs doivent considérer le rôle jouée par les conflits d'intérêts financiers dans les recommandations à dépister.



5. Que l'Ordre des médecins se mêle des rapports de la Cour des comptes pas de l'organisation des soins.

Je reçois par mail le texte suivant : LA.

Dont le titre est : 

L'Ordre des médecins propose une nouvelle organisation 

du parcours de soins


Mais, cela n'a pas trainé, les Sept Ordres ont signé !





La dépendance des ordres à l'égard du pouvoir politique est à interpréter en fonction de considérations politiques, bien entendu, et de considérations financières (les subsides étatiques qui leur permettent pour certains de vivre).


5. Les survivantes et les survivants des cancers n'ont pas à être félicité.es pour leur courage. 


Cela signifierait que les autres sont mort.es parce qu'iels étaient lâches...

La guérison du cancer est le salaire du courage.


6. Loni Besancon et Eric Topol sont dans un bateau : myocardites/péricardites post vaccinales.

Une étude épidémiologique rétrospective vient d'être publiée sur l'incidence des myocardites/péricardites post vaccinales (Pfizer et Moderna). LA

Eric Topol ( le médecin qui fut à l'origine du dévoilement du scandale du Vioxx et qui est devenu un pur produit de la bigpharmalogie, comme quoi il est rare d'être deux fois un héros) tweete de façon triomphaliste.

Loni Besancon, le seul spécialiste mondial de la santé à la suédoise, recopie mot pour mot les propos de Topol.

La présentation initiale (et sa traduction) sont rassurantes, lénifiantes et se résument à quatre points majeurs :
  1. Y a plus de myocardites/péricardites post vaccinales dans certaines tranches d'âge
  2. Mais elles ne sont pas graves (les hospitalisations sont douces)
  3. Mais elles sont moins nombreuses que les m/p acquises post covid (qui sont plus graves)
  4. Circulez, y a rien à voir.
Quand on reprend les chiffres du tableau cité et surligné, on remarque que :
  1. Les chiffres les plus élevés ne sont pas pris en compte par Topol
  2. Si on fait une analyse comparative hommes/femmes, tranches d'âge par tranche d'âge de la façon dont Topol aime présenter les résultats de l'efficacité des vaccins (en chiffres relatifs et non absolus), cela donne ceci :
  3. Pour les 12-15, 16-17 et 18-29 ans : respectivement 6.2, 14.7 et 16.2 fois plus !
  4. Si on veut rester objectif, dans l'absolu, c'est peu, mais : quand même
En lisant l'article on se rend compte également du tempérament cueilleurs de cerises des auteurs pour ce qui est des comparaisons avec les autres études sur m/p.

Mais j'ai trouvé une perle : les chiffres de m/p retrouvés dans cette étude épidémiologique cas-témoins sur dossiers sont inférieurs aux chiffres recueillis par le système VAERS (Vaccine adverse effects reporting system) considéré par LB/ET et tous les vaccinolâtrescomme une merde utilisée par les antivaxx pour gonfler les chiffres des événements indésirables attribuables aux vaccins.


7. Les recommandations de l'Union européenne pour le dépistage des cancers : une abomination ascientifique




Remplacer Oz par Raoult !


8. Pittet et le HCSP : pas de masques et du gel hydroalcoolique





Pittet, le professeur helvète, va recevoir la Légion d'honneur.

On croit rêver.

Le propagandiste du lavage des mains et le négationniste de la transmission par aérosol (qui n'a presque pas changé d'avis). Le Haut Comité de la Santé Publique est toujours aussi cool et à côté de la plaque.


Enfin :



nn



dimanche 25 septembre 2022

Bilan médical partiel du lundi 19 au dimanche 25 septembre 2022 : Retours en arrière, éruption cutanée, PFS vs OS, lithium, Covid long, maladies injustes, inégalités sociales, cardiologie avant effort...



Retours (violents) en arrière. 

A quoi cela peut-il bien avoir servi, depuis le début de la pandémie, de contempler des médecins auto satisfaits hurlant "La science ! La science ! La science !"

alors que 

  1. L'UE finance des campagnes anti cancer (prostate, sein, col) fondées sur des non assertions scientifiques
  2. L'AP-HP étend le domaine du dépistage du cancer de la prostate sous sa propre autorité (incompétente)
  3. Les gériatres continuent de prescrire des pseudo anti Alzheimer et de regretter qu'ils ne soient plus remboursés
  4. Des rhumatologues s'insurgent contre le déremboursement de l'acide hyaluronique injectable... contre toutes les études robustes qui indiquent que ce n'est pas plus efficace qu'un placebo...
  5. Le ministre de la santé (François Braun) prône le dépistage du cancer de la prostate par dosage de PSA à 45 ans (contre toutes les recommandations internationales) ou, au même âge, la mammographie pour le dépistage du cancer du sein
  6. Le même ministre prône une quatrième (i.e. onzième) année d'étude pour les MG



Pendant ce temps la bureaucratie de la médecine (et ici de la pharmacie) se déchaîne pour une éruption cutanée :




Si vous n'arrivez pas à lire, ne soyez pas inquiets, c'est de la merdre en barre.

La PFS (progression free survival) n'a pas (toujours) de corrélation avec l'OS (la survie globale)

Est-ce que des oncologues pourraient le clamer un peu plus fort ?

Car des molécules sont commercialisées (tel le duvelisib) qui augmentent la survie sans progression de la tumeur en diminuant la survie globale !



Medical Reversal ? Le lithium ne préviendrait pas le suicide.

Une méta-analyse (je ne vous refais pas l'article sur le niveau de preuves des méta-analyses qui dépendent des essais que l'on inclut, de ceux que l'on rejette et des études -- le plus souvent négatives -- qui ne sont pas publiées et dont on n'a même pas la preuve qu'elles auraient pu exister ; GIGO : Garbage In, Garbage Out) conclut que l'utilisation du lithium ne prévient ni le suicide ni les conduites suicidaires (ICI).

A suivre. 

N'arrêtez pas brutalement le traitement. Ne cessez pas de prendre votre traitement.




Covid long : j'en remets une couche.

  1. Des personnes estimables, et je pèse mes mots, ne cessent de citer des études observationnelles, pas toujours cas-témoin, pour pousser en même temps des cris d'orfraie sur le poids des covid longs, sur le "vrai" problème de santé publique que cela représente et sur, ouvrez grand les yeux, la nécessité d'une prise en charge et y compris médicamenteuse
  2. Ce n'est pas bien (voyez, je sais faire de la morale à bon marché) de citer de telles études a) sans les avoir lues, b ) en n'en ayant lu que l'abstract, c) uniquement parce qu'elles vont dans le sens de croyances end) pour ne pas avoir à se dédire
  3. Je répète : il est possible que le covid long existe et, quelle que soit l'intensité initiale des symptômes mais, pour l'instant, il n'existe aucun marqueur spécifique de cette atteinte prolongée.
  4.  Cela ne veut pas dire que les personnes malades qui se plaignent de symptômes prolongés attribués au Covid a) mentent, b) sont hypochondriaques, c) sont à adresser chez un psychiatre et/ou un psychologue... en l'état actuel de nos connaissances.
  5. Car l'absence de physiopathologie uniciste, l'absence de marqueurs tissulaires, l'absence de marqueurs biologiques,  et l'absence ne signifie pas que l'on ne passe pas à côté de quelque chose, l'absence de traitements non et médicamenteux, toutes ces absences conduisent les personnes malades vers les spécialistes autoproclamés du Lyme, de la fibromyalgie et de l'intolérance au gluten.
Cette infographie montrant la prise en charge du Covid long explique mon propos


Une nouvelle catégorie de maladies : les maladies injustes.



J'apprends par la même occasion l'existence de cette personne qui est, ouvrez les guillemets, "Ambassadrice pour la santé mondiale au Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères". Ouah...

Rappelons que la véritable injustice des maladies, et je vous épargne ma célèbre litanie "La maladie est le salaire du péché", au niveau mondial et français, ce sont les inégalités socio-économiques.


Le rapport de la DREES sur l'état de santé de la population en France

Madame Seydoux a dû se jeter sur le rapport avant même sa parution officielle ! LA

Eh bien, croyez-moi si vous voulez, je l'ai déjà écrit un million de fois sur ce blog (ICI par exemple), les riches sont en meilleure santé que les pauvres...

Et ça, c'est pour notre maître, le Ministre de la Santé et de la prévention :

  • Le recours au dépistage du cancer est inégal selon le niveau de vie, avec par exemple, 24 % des femmes de 50-74 ans parmi le cinquième des personnes les plus aisées n’ayant jamais eu de mammographie ou en ayant eu une il y a plus de 2 ans contre 39 % pour les femmes parmi le cinquième des personnes les plus modestes en 2019.


Rappel à l'attention des dépistologues : la gratuité des dépistages est un effet d'aubaine pour les riches et une impasse pour les pauvres qui n'ont pas accès aux soins.


Les maladies injustes (et je ne cite qu'un extrait, pour le reste : lire)

  • Lorsqu’ils grandissent, deux fois plus d’enfants d’ouvriers que d’enfants de cadres se retrouvent en surpoids en grande section maternelle. En 2017, 18 % des enfants en classe de troisième sont en surpoids et 5 % sont obèses (3 % chez les enfants de cadre et 8 % chez les enfants d’ouvriers). La part de ces enfants en surpoids ou obèses progresse.


Les examens inutiles en cardiologie avant de pratiquer une activité physique


Un nouveau guide de la HAS vient de paraître sur la prescription de l'activité physique (AP) : LA




"Existe-t-il des antécédents de maladie mentale dans votre famille ?
- J'ai un oncle qui a fait la queue 35 heures pour passer devant le cercueil d'une femme qu'il n'a jamais rencontrée."