L'étude NarcoFlu VAESCO France (branche française de l'étude cas-témoins européenne réalisée entre le 01octobre 2009 et le 30 avril 2011) vient d'être rendue publique et confirme malheureusement ce que nous savions déjà sur Pandemrix et narcolepsie.
Etude NarcoFlu-VF (NarcoFlu VAESCO-France) : Grippe, vaccination antigrippale et narcolepsie :
contribution française à l’étude cas-témoins européenne. Août 2012.
Service de pharmacologie (INSERM CIC-P 0005 Pharmaco-Epidémiologie), Université Bordeaux Segalen – CHU de
Bordeaux. Auteurs : Antoine Pariente et Yves Dauvilliers.
"L’association retrouvée chez les cas de moins de 19 ans et leurs témoins apparaît cohérente avec
les données de la littérature publiées à la suite des premières études réalisées en Finlande, en
Suède, et en Irlande."
Voici les résultats :
"Ces analyses retrouvent une association entre vaccination contre la grippe A H1N1 et
narcolepsie, avec un Odds Ratio (OR) estimé à 4,6 (Intervalle de Confiance à 95 %, IC95 % : 2,3
– 8,9) pour l’analyse portant sur la date index principale et la totalité de la population éligible,
sans différence apparente selon la période d’étude (période pré-médiatisation : OR [IC95 %] =
4,5 [1,4 – 14,7] ; période post-médiatisation : OR [IC95 %] = 4,6 [2,0 – 10,3]) ou selon l’âge des
cas (< 19 ans : OR [IC95 %] = 5,1 [2,1 – 12,3] ; ≥ 19 ans OR [IC95 %] = 3,9 [1,4 – 11,0])."
Mais il est aussi un fait majeur qui remet en cause toute la politique réglementaire et tous les projets d'étude de pharmacovigilance vaccinale prospective :
"Chez les cas exposés au vaccin anti H1N1, le délai médian entre la vaccination et la date index
principale était de 9,8 mois [5,1 ; 12,1] et le délai médian entre la vaccination et le diagnostic de
narcolepsie de 11,4 mois [8 ; 15,2]."
Il ne devrait plus être possible de faire des essais avec un suivi de pharmacovigilance de quelques jour. On verra.
Les auteurs reconnaissent des limitations à leur étude (c'est moi qui souligne) :
"Enfin l’hypothèse soulevée dans la littérature de l’influence de la grippe, et en particulier de la
grippe A (H1N1) pourtant très importante, avait motivé la considération des cas et des témoins dont la date index
était comprise entre avril 2009 et octobre 2009 pour l’étude européenne VAESCO et la
contribution de l’étude NarcoFlu-VF à cette étude. Son exploration nécessiterait, pour avoir des
informations précises de pouvoir réaliser des sérologies virales chez les sujets inclus, les
informations concernant les infections virales telles que rapportées par les patients étant trop
imprécises pour permettre cette investigation. Si prélèvement sanguin a pu être réalisé chez un
certain nombre de cas et de témoins, le budget de l’étude ne comprenait pas d’enveloppe
destinée à la réalisation de ces sérologies."
Il n'y a désormais plus de doutes.
Les 4,1 millions de doses de Pandemrix ont provoqué plus de narcolepsies qu'attendu et chez des enfants et des adolescents français (5 fois plus).
Mais cette étude a également montré un lien chez les adultes, ce qui est la première fois dans un essai de ce type (X 3,5).
Bien entendu l'ANSM (la "nouvelle" agence gouvernementale française) s'est fendue
ICI d'un communiqué pour expliquer que rien n'est moins sûr et je ne peux me priver de reproduire une phrase incroyable de naïveté et de bêtise :
L’ANSM rappelle que, sur la base des données existantes, une relation de causalité entre la vaccination
contre la grippe A (H1N1) et la survenue de narcolepsie n’a pas été établie à ce jour; d’autres causes ne
peuvent en effet être écartées (génétiques et environnementales).
qui montre combien les experts grippaux se moquent des populations.
L’affaire Pandemrix a été parfaitement analysée par Marc
Girard dès la fin août 2010 (
LA) et surtout le 9 septembre 2010 (
ICI) et le 26 septembre (
LA) alors que les premiers communiqués de presse suédois et finlandais dataient respectivement du 17 et du 24 août... Je vous invite à lire ce qu’il
avait écrit : il constatait, il comprenait et il anticipait même les
réponses de la future ANSM à ce fameux rapport NarcoFlu.
J’avais moi-même commis quelques posts sur la question et, à
ma grande honte, en les relisant, je constate que je n’ai rien écrit qui ne
soit vrai, confirmé ou corroboré.
Les premiers posts sur le Pandemrix datent de janvier et septembre 2010 et concernaient les 7 décès du dossier d'AMM dont m'avait parlé Marc Girard. Ils sont consultables
ICI et
LA.
Un autre post du 3 février 2011 indiquait que l'agence finlandaise parlait d'un risque multiplié par 9 de faire une narcolepsie post pandemrixale entre 4 et 19 ans (
ICI).
Autre post encore sur le Pandemrix le 31 mars 2011 :
ICI indiquant, selon des sources suédoises que le risque de faire une narcolepsie sous Pandemrix quand on avait moins de 20 ans était multiplié par 4.
N’étant ni un spécialiste des vaccins, ni un
épidémiologiste, ni un statisticien, et encore moins un expert académique,
j’avais un peu de pusillanimité à exposer ce que j’avais lu dans les dossiers, ayant
peur de me faire taper sur les doigts, me demandant quelle pouvait être cette
illusion d’optique qui faisait que nous étions un certain nombre à voir mais
que l’immense majorité de nos confrères ne voyait pas, dont les plus titrés
d’entre eux.
Mais je n'ai pu résister à la polémique. A la polémique contre Daniel Floret à que je demandais de dégager (
ICI), à la polémique contre l'Agence européenne (
LA), à la polémique contre tous les experts du Comité technique des Vaccinations, dont Christian Perronne, qui n'ont cessé de nous mentir et j'ai encore à l'esprit la fameuse conférence de presse organisée au Ministère de la santé le 8 octobre 2009 où les mensonges les plus éhontés nous ont été servis sur les vaccins adjuvés (
LA).
Je ne crois pas que la simple corruption financière puisse
« tout » expliquer dans l’attitude des experts et nombre de facteurs
non économiques et ressortissant du domaine psychologique pourraient être
avancés (cela mériterait une thèse de doctorat).
Cette affaire Pandemrix montre encore, et l’affaire des traitements hormono
substitutifs de la ménopause avec Dominique Dupagne, celle des traitements de la maladie d’Alzheimer avec
Louis-Adrien Delarue et Philippe Nicot, celle du dépistage du cancer du sein
avec Rachel Campergue (aidée largement par Bernard Junod), et je passe sur le
dépistage du cancer de la prostate par le dosage du PSA, les glitazones ou les
coxibs, que nos responsables politiques devraient s’entourer un peu plus de non
experts et de non spécialistes académiques pour regarder les dossiers et ne pas
se faire berner par le lobby politico-administrativo-industriel dont ils font
partie à leur corps sans doute défendant. Mais cette liste n’est pas exhaustive
et je n’ai pas oublié les interventions de Marc Girard sur les vaccins, les
statines ou l’hormone de croissance naturelle ou celles de Claudina Michal
(CMT) sur les vaccins.
L’importance du nombre de médecins généralistes dans cette
liste ou, du moins, de non spécialistes académiques, indique d’une part que la
science universitaire n’a pas complètement réussi à annihiler leur esprit
critique lors de leur passage à l’hôpital (les années de plomb) et, d’autre part, que l’Université se
prive de compétences et d’expériences internes qui pourraient ouvrir les
mandarins au monde.
Cette prédominance relative des médecins généralistes dans
la critique des institutions remonte à la fondation de Prescrire, revue créée
par des médecins généralistes et des pharmaciens pour comprendre pourquoi on
faisait ceci ou cela, pour savoir si l’Etat de l’Art était fondé sur des
données ou sur l’opinion des experts. Et sur des sujets aussi banals que la
prescription de semelles orthopédiques.
Je remarque que les critiques émanant de la société civile
des médecins praticiens ou d’autres professionnels de santé n’ont pas une
origine associative. Il n’est pas besoin de faire partie d’un groupe d’experts
pour travailler.
On me dira avec raison que l’union fait la force et que
c’est le regroupement de médecins et de pharmaciens dans Prescrire qui a rendu
son avis important. On le voit également avec le Formindep qui, de structure
politico-syndicale, est devenue peu ou prou un organe d’information
scientifique.
Mais où sont nos lanceurs d'alerte vénérés et sanctifiés quand il s'agit de narcolepsies chez l'enfant et l'adolescent dues à des vaccins ? Sont-ils en train de se former dans un Institut européen ?
Mais l’expertise critique (et je suis désolé pour ce
pléonasme que les esprits malicieux pourraient prendre pour un oxymore) ne peut
être une activité académique. Elle demande certes une formation de base pour la
rendre compétente mais elle exige une indépendance d’esprit que la rédaction
collective de Prescrire ne peut complètement assurer ou que l’esprit syndical
du Formindep peine à assumer. Si Prescrire dit que le Pandemrix est acceptable
il n’est pas de bon ton, en tant que membre de l’association Mieux Prescrire ou
en tant que simple abonné de Prescrire s’exprimant sur le Forum Lecteur
Prescrire et écrivant par ailleurs à l’extérieur, de s’y attaquer. Si le
Formindep dit que les conflits d’intérêts passés et à moitié avoués de Robert
Molimard, on peut les effacer d’un coup d’éponge, en raison des services
rendus, il faut s’incliner.
Mais si Marc Girard dit du mal de Prescrire ou du Formindep,
il faut le clouer au pilori et ne plus l’intégrer au Club des Médecins
Blogueurs (
ICI) pour des raisons de bienséance idéologique.
L’association des nouveaux experts européens, telle prônée
par le Formindep, nous fait irrémédiablement penser aux scissions successives
dans les organisations révolutionnaires et, plus trivialement, à Goscinny et Tabary qui ont décrit dans un fameux article du Journal du Nouveau Khalifat Le
syndrome d’Iznogoud, c’est à dire La volonté maniaque de devenir Calife à la place du Calife.
Mais parlons un peu de Marisol Touraine, celle qui hurlait
avec les loups pour dire que Roselyne Bachelot n’en faisait pas assez pour
vacciner la population contre la grippe, cette femme qui fait mentir la phrase
idiote de Françoise Giroud « Il y aura égalité entre les hommes et les
femmes quand une femme incompétente sera nommée à un poste important »,
pour lui demander ce qu’elle compte faire à propos du Pandemrix et, à ce propos,
à l’égard de tous les experts qui se sont trompés en nous disant droit dans les
yeux, droits dans leurs bottes, que le Pandemrix était un vaccin sûr.
Marisol Touraine, dont le slogan est l’hôpital et l’hôpital,
nous ferait presque regretter Xavier Bertrand qui avait le mérite de la nullité
affichée et de la mauvaise foi au premier regard.
Oui, Madame Touraine, l'affaire Pandemrix est un scandale sanitaire : on a entraîné par une vaccination inutile des narcolepsies chez des enfants et des adolescents en bonne santé qui ne demandaient rien à personne. On n'a pas entraîné des valvulopathies mortelles chez des adultes obèses, en surpoids ou qui se croyaient trop gros, non, on a rendu des enfants et des adolescents malades pour le restant de leur vie. Et, incroyable, il s'agit d'une maladie où l'auto-immunité est mise en jeu.
On aura beau tourner autour du pot, raconter les sornettes
habituelles sur la différence entre lien et causalité, demander des études
supplémentaires (alors que l’on croyait qu’elles avaient été faites depuis
belle lurette), prendre du temps et hésiter à se confronter à la puissance
financière de GlaxoSmithKline, entreprise philanthropique qui vient d’écoper
aux Etats-Unis d’une amende de 3 milliards de dollars pour tromperie aggravée
sur 3 produits et je vous propose de lire un commentaire (1082) de Richard Lehman en son blog qui est particulièrement
éclairant sur ce qu’il faut penser du laboratoire pré cité (
LA).
Les faits sont là : Pandemrix a entraîné des
narcolepsies chez des enfants entre 4 et 19 ans et 4 à 5 fois plus que si le
vaccin avait été propre.
Une équipe française a fait son travail.
On imagine sans peine que Daniel Floret ou Christian
Perronne dorment du sommeil des justes
mais on aimerait que Marisol Touraine s’intéressât à eux.
On aimerait aussi que certain pharmacovigilant rebelle commentât et nous servît encore un cours magistral sur la différence entre lien et causalité
ou qu'une autre pharmacovigilante donneuse de leçons nous pondît encore un article génial sur l’encéphalite de Von
Economo comme modèle de la narcolepsie à partir de données sources chinoises éventées.
Le scandale Mediator et ses 500 morts en des dizaines d’années
n’est rien par rapport à une seule campagne de vaccination chez des enfants et
des adolescents qui a causé 60 cas de narcolepsie en Finlande pour une
population d’un peu plus de 5 millions d’habitants…
(Illustration - Pierre Paul Rubens : Deux enfants endormis. 1612 - 1613)
PS du 28 février 2013 dans le BMJ : une relation causale a été montrée.
ICI