L’histoire de l’obligation vaccinale au XXème
siècle montre que l’obligation vaccinale est un contre-sens historique
De 1900 à 1969 la politique vaccinale française est essentiellement fondée sur l’obligation
Le premier vaccin rendu obligatoire en France fut donc le vaccin contre
la variole en 1902. L’obligation de vaccination généralisée fut
promulguée par la première Loi de Santé Publique. A la fin des années 30, deux
autres vaccins furent rendus obligatoires, celui contre la diphtérie et celui contre
le tétanos. Néanmoins, avant la deuxième guerre mondiale, la généralisation de
la vaccination demeura un objectif inatteignable, et la couverture vaccinale demeura très inégale dans les
différents départements qui avaient la charge de la vaccination.
En janvier 1950 le parlement vota l’obligation de vaccination généralisée
contre la tuberculose, malgré les insuffisances, déjà connues de ce vaccin,
actées lors du premier congrès international sur le BCG à l’Institut Pasteur en
1948, congrès qui avait admis l’efficacité « relative » du vaccin,
classé plus tard comme vaccin égoïste
car n’empêchant pas la transmission du bacille de Koch et ne protégeant que
dans 50% des cas les vaccinés contre la tuberculose. Néanmoins, parce que la tuberculose était encore la principale cause de décès chez les
jeunes adultes en France, le
vaccin contre la tuberculose, ou BCG (Bacille de Calmette et Guérin) fut rendu
obligatoire, dans l’espoir de réduire radicalement sa fréquence.
Cette obligation, dans le texte
initial de la loi, était assortie
de sanctions pénales en cas de non respect, des amendes et un emprisonnement de
quelques jours. Dans le texte final la peine d’emprisonnement fut supprimée et
seules les amendes furent conservées.
Le débat sur l’obligation de
vaccination contre la tuberculose eut lieu en marge des organes officiels et
n’apparut pas dans la presse « sérieuse » ni sur les bancs des
parlementaires qui votèrent en faveur de l’obligation à la quasi unanimité. Les
thématiques récurrentes des partisans de l’obligation portaient sur
l’efficacité de la vaccination et
son caractère inoffensif. L’argument de l’exemple des autres pays européens qui
avaient rendu le vaccin obligatoire pour leur population fut également utilisé.
Mais au fur et à mesure que les pays européens levèrent l’obligation de
vaccination généralisée contre la tuberculose cet argument perdit de sa valeur.
Le système français de vaccination
était entièrement fondé sur l’obligation. Malgré cela, ses résultats
sur la couverture vaccinale furent très mitigés et pas seulement en raison de
la défiance de la population et de l’action des ligues anti-vaccinalistes. En
1963, un médecin constate, dans « le Monde », qu’environ 70 % des
enfants échappent à la vaccination par le BCG, et que pour bon nombre d’entre
eux, c’est en raison de conseils médicaux.
C’est en 1964 que le vaccin antipoliomyélitique à virus atténué oral (vaccin Sabin) fut rendu
obligatoire en France. Aux
Etats-Unis, le vaccin Salk, vaccin atténué injectable contre la
poliomyélite, avait provoqué, lors de l’accident de Cutter, quelques 200 cas de
poliomyélite et 40 000 contaminations
lors de la vaccination de 200 000 enfants par un vaccin insuffisamment
atténué (les fameux impondérables de la technique)[1] [2]. En
France, le nombre moyen de poliomyélites symptomatiques était d’environ 500 à
1500 pendant les années précédant l’obligation vaccinale.
L’incident de Cutter avait rendu
les parlementaires un peu moins affirmatifs sur le profil de sécurité des
vaccins. Sous la pression des ligues opposées à l’obligation vaccinale ils
acceptèrent, pour la première fois, dans
un amendement que l’Etat assume la responsabilité « des dommages
directement imputables à une vaccination effectuée dans un centre de vaccination agréé ».
Abandon de l’obligation vaccinale pour les nouveaux vaccins par les autorités en raison de son inefficacité
En 1969 eut lieu la pandémie
grippale de Hong Kong. Les épidémiologistes français estimèrent à 8000 le
nombre de morts dus à cette pandémie. Il
est intéressant de remarquer que le nombre de morts estimés pour la pandémie grippale de 1969, fut bien moindre que le nombre
de morts estimés pour une épidémie de
grippe banale en 2015, 18 300,
alors que les groupes à risque étaient, au moins en partie, vaccinés.
A l’automne suivant, les autorités
françaises appelèrent la population à se faire vacciner. Pour ce faire, ils
mirent en place une campagne « d’information » de type publicitaire,
utilisant tous les moyens modernes tels la radio et la télévision. Le succès
fut inattendu et les Français se firent vacciner en masse, bien que le vaccin
ne fût pas remboursé et que son efficacité fût reconnue comme limitée.
Cet épisode marqua un tournant, et
même un retournement de situation. Un comité de prévention de la grippe
réclamant la mise en place de l’obligation vaccinale pour la grippe et son remboursement se vit opposer un refus.
A partir de ce moment, plus aucun
nouveau vaccin ne fut rendu obligatoire.
L’histoire n’est donc pas en faveur de l’obligation vaccinale comme outil
de diffusion des vaccins comme le montre ce qui s’est passé lors de .la
levée de l’obligation vaccinale pour le BCG : l’idéologie avait pris
le pas sur les preuves scientifiques
L'exemple de la tuberculose.
La tuberculose fut longtemps une
maladie redoutable. Bien que l’on manque de statistiques fiables pour la France
on estime que la mortalité par tuberculose était de 220 pour 100 000
habitants au début du siècle, touchant surtout des jeunes adultes de 20 à 40
ans. Cela représente la mortalité totale par cancer de nos jours. Les
statistiques britanniques sont plus précises et anciennes et montrent une
mortalité par tuberculose en constante baisse. Entre 1865-69 et 1936-38, la
mortalité par tuberculose en Grande Bretagne est passée de 453 à 140 décès pour
100 000 habitants, soit une diminution de 69%[3].
Cette mortalité de 220 pour
100 000 habitants était toutefois très inégalement répartie et touchait de
manière très prépondérante les catégories les plus pauvres de la population.
C’est ce que montre de manière frappante le Dr Lowenthal pour la ville de Paris, dans un travail accessible en
ligne[4]. La ville
de Paris comptait alors 2,7 millions
d’habitants et quelques 80 000 habitations. Environ 11000 habitants mouraient de la tuberculose chaque année.
En s’appuyant sur les travaux d’un
hygiéniste qui a recensé pendant
11 ans la domiciliation des décès par tuberculose dans la ville de Paris, Lowenthal montre que sur cette période, la moitié des habitations parisiennes, les moins densément peuplées, c'est à dire 40 000, correspondant aux
habitations bourgeoises, n’ont connu aucun décès par tuberculose, tandis que
dans quelques habitations dont la densité des habitants et la promiscuité
sont très importantes, la mortalité par tuberculose atteint 9 fois la mortalité
tuberculeuse moyenne à Paris soit 4419 pour 100 000 habitants. Il montre
ainsi que la mortalité tuberculeuse est en relation directe avec les conditions
de vie, et notamment avec la promiscuité[5].
Malgré l’instauration de
l’obligation vaccinale dans les
années cinquante la couverture vaccinale
pour les nourrissons n’augmenta que très peu et ne commença vraiment à
croître qu’à la fin des années soixante-dix[6].
Entre temps et indépendamment de cette couverture, le nombre de cas de
tuberculose et leur mortalité avaient beaucoup diminué. Au début des années 70 le
nombre de cas (on ne parle plus ici des décès) était de 60 pour 100 000
habitants. Puis il a diminué à 16 pour 100 000 habitants en 1993 (environ
9000 cas).
C’est à partir des années quatre-vingt
qu’on commença, en France, à
débattre de la possibilité de mettre fin à l’obligation de vaccination
généralisée contre la tuberculose. En outre, la France avait atteint à la fin
des années 90 les critères épidémiologiques fixés par l’Union Internationale
contre la Tuberculose et les Maladies Respiratoires (UICTMR) pour permettre
l’arrêt de l’obligation de vaccination par le BCG. En 1999, parut un rapport de
l’INVS, recommandant la suppression du rappel et la levée de l’obligation
vaccinale généralisée des enfants[7]. Ce
rapport envisageait plusieurs scénarii et tenait compte des effets indésirables
du vaccin, bien connus, que l’arrêt de la vaccination de masse allait permettre
de réduire, et du fait que la
moitié des cas observés l’étaient chez des personnes nées à l’étranger. En
effet, l’incidence de la tuberculose chez les étrangers arrivant, notamment, d’Afrique Sub-saharienne est celle de
leur pays d’origine, c'est-à-dire environ 30 fois plus élevée que celle des personnes nées en France. Cette
différence s’atténue avec la durée du séjour en France et la prévalence de la
tuberculose dans ces populations tend à rejoindre celle des personnes nées en
France.
Ce n’est cependant que le 9 mars
2007, que le comité technique de vaccination émit un avis demandant la levée de l’obligation
vaccinale généralisée chez les enfants, afin de la remplacer par une
vaccination ciblée. Il fallut donc 30 ans après qu’eut débuté la réflexion sur
le sujet et huit ans après que l’INVS eut considéré cette levée comme
souhaitable pour qu’une décision fût
prise.
Pourquoi la prise de décision prit
elle autant de temps ? Parce
que, malgré l’efficacité limitée du vaccin, malgré l’intérêt limité de le réaliser chez des enfants nés
en France, la crainte, non justifiée scientifiquement, était qu’un arrêt de l’obligation
généralisée produisît une
augmentation brutale des cas de tuberculose. Cette crainte avait donc son
origine dans des positions idéologiques, et des croyances attribuant au vaccin
une efficacité bien au-delà de ce qui était établi par la science. Si d’autres
raisons peuvent avoir joué un rôle, c’est en tous cas cette crainte qui
justifia officiellement que l’arrêt de l’obligation fut sans cesse reporté.
Les effets indésirables du BCG,
bien connus car visibles et non contestés, furent mis en balance avec les
risques d’un arrêt de la vaccination, c'est-à-dire avec une augmentation
potentielle des cas de tuberculose, notamment chez les enfants de moins de 15
ans. L’hypothèse retenue du vaccin par multipuncture, alors utilisé en
France, lui attribuait, de manière
bien hasardeuse, une efficacité de 85% contre les miliaires et méningites
tuberculeuses et une efficacité de 75% contre les autres formes. La vaccination
ciblée aurait donc, selon ces hypothèses, dû entraîner une augmentation de 200
à 485 cas supplémentaires, selon la couverture vaccinale, des cas de
tuberculose chez les enfant de moins de 15 ans soit un doublement ou triplement
des cas dans cette tranche d’âge[8]. On aurait
donc dû constater dans cette tranche d’âge une augmentation du taux de
tuberculose de 1,6 à 4 pour 100 000,
alors que le taux de base était à 2,7.
En réalité, l’arrêt de la
vaccination généralisée eut lieu, et il n’y eut non seulement aucune augmentation
des cas de tuberculose chez les enfants de moins de 15 ans mais au contraire une baisse ( de 2,7 avant l’arrêt à
2,1 après l’arrêt[9]),
montrant a posteriori que toutes ces tergiversations étaient infondées car en
réalité le vaccin par multipuncture n’était pas du tout efficace et n’apportait
aucune protection.
Cet épisode montre
surtout le caractère illusoire d’une obligation transitoire de vaccination dont
les experts et idéologues vaccinolâtres détiendraient les clés. En effet,
l’initiative de l’arrêt de l’obligation reviendrait alors à ceux-là même qui
l’ont instaurée et qui cherchent à l’imposer. Autrement dit les comités et
experts seraient juges et partie d’une obligation qui accroît considérablement
leurs pouvoirs au détriment d’une science sans conflits d’intérêts et éclairée
et de la liberté de choix des citoyens en situation d’incertitude scientifique.
En 1984 fut levée l’obligation de vaccination contre la variole qui avait été déclarée comme éradiquée en 1980 par l’OMS.
[2] https://en.wikipedia.org/wiki/Cutter_Laboratories On April 12, 1955, Cutter Laboratories became one of
several companies that the United States government licensed to produce Salk polio
vaccine.
In what became known as the Cutter Incident, some lots of the Cutter
vaccine—despite passing required safety tests—contained live polio
virus
in what was supposed to be an inactivated-virus vaccine. Cutter withdrew its
vaccine from the market on April 27 after vaccine-associated cases were
reported.
Surgeon General Scheele sent
Drs. William Tripp and Karl Habel from the NIH to inspect Cutter's Berkeley facilities, question
workers, and examine records. After a thorough investigation, they found
nothing wrong with Cutter's production methods.[2] A congressional hearing in June 1955
concluded that the problem was primarily the lack of scrutiny from the NIH Laboratory of Biologics Control (and its excessive trust in the
National Foundation for Infantile Paralysis reports).[3]
A number of civil lawsuits
were filed against Cutter Laboratories in subsequent years, the first of which
was Gottsdanker v. Cutter Laboratories.[4] The jury found Cutter not negligent,
but liable for breach of implied
warranty,
and awarded the plaintiffs monetary damages. This set a precedent for later
lawsuits. All five companies that produced the Salk vaccine in 1955—Eli Lilly,
Parke-Davis, Wyeth, Pitman-Moore, and Cutter—had difficulty completely
inactivating the polio virus. Three companies other than Cutter were sued, but
the cases settled out of court.[5]
The Cutter incident was one of
the worst pharmaceutical disasters in U.S. history, and exposed several
thousand children to live polio virus on vaccination.[6] The NIH Laboratory of Biologics
Control, which had
certified
the Cutter polio vaccine, had received advance warnings of problems: in 1954,
staff member Dr. Bernice Eddy had reported to her superiors that some
inoculated monkeys had become paralyzed (pictures were sent as well). William
Sebrell, the director of NIH wouldn't hear of such a thing.[3]
The
mistake produced 120,000 doses of polio vaccine that contained live polio
virus. Of children who received the vaccine, 40,000 developed abortive poliomyelitis (a form of the disease that does not
involve the central
nervous system),
56 developed paralytic poliomyelitis—and of these, five children died from
polio.[7] The exposures led to an epidemic of polio in the families and
communities of the affected children, resulting in a further 113 people
paralyzed and 5 deaths.[6] The director of the microbiology institute lost his
job, as did the equivalent of the assista stepped down. Dr Sebrell, the director
of the NIH, resigned.[3] nt secretary for health. Secretary of Health,
Education, and Welfare Oveta
Culp Hobby