Comme le dit Philippe Nicot, médecin généraliste, sur le forum Lecteurs Prescrire, ICI, 187 inscrits, à propos de la grippe.
Plus on compte les morts et moins on en trouve.
J'ajouterai ceci à la phrase de mon éminent collègue : "Et moins on avait vacciné."
Et, pour paraphraser ce bon Corneille :
Nous partîmes sept mille ; et par un prompt renfort
Nous nous vîmes deux cents en arrivant au port.
Il faut s'expliquer. Le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, que l'on aimerait être un bulletin de référence, et qui n'est, malheureusement, qu'un organe de propagande du gouvernement, i.e. de la DGS (Direction Générale de la Santé), de Big Pharma et de ses visiteurs médicaux, vient de publier le bilan de la grippe 2010 - 2011 (ICI).
Qu'y apprend-on ?
Que la grippe a provoqué 800 cas graves dont 151 décès.
Cent cinquante et un décès !
Tout le monde vous dira que c'est trop.
C'est trop !
Mais nous sommes loin des déclarations de guerre des virologues et autres virothérapeutes (cela existe ?), sans compter les épidémiologistes, dont le fameux Antoine Flaw Flahault, je vous indique les coordonnées de son blog (LA), il faut être généreux, qui parlaient sans sourciller des 5 à 7000 morts par an dus à la grippe.
L'an passé, la grippe A/H1N1, malgré tous les tripatouillages statistiques et autres tripatouillages clinico-épidémiologiques, avait provoqué 312 morts ! Je prends donc ma calculette et fais des calculs : il y a eu, en comptant mieux, 51,6 % de décès en moins.
Je ne veux pas forcer le trait. Je suis conscient du fait que le nombre de décès annuels de la grippe dépend bien entendu de la virulence, de la pénétration et d'autres facteurs qui rendent, je l'ai déjà signalé ICI, les études contrôlées difficiles quand il s'agit de comparer mortalité et morbidité d'une année sur l'autre, sans compter le taux de vaccination des populations.
Une des "conclusions" du BEH est qu'il faut plus vacciner : toujours PLUS.
Voici quelques faits discordants :
- L'analyse des décès montre un surcroît de décès chez les nourrissons de moins de un an mais il n'est pas précisé s'il s'agissait de nourrissons à risque.
- Je cite : Les formes graves observées en 2010-2011 sont marquées par une proportion plus élevée de syndromes de détresse respiratoire aiguë (SDRA) et de recours à l’oxygénation extracorporelle (ECMO) mais une létalité équivalente. Elles sont globalement survenues plus fréquemment qu’en 2009 chez des personnes sans facteurs de risque et chez des personnes obèses, et moins souvent chez des personnes atteintes de maladies chroniques ciblées par la vaccination grippale saisonnière. . Il est quand même excitant de savoir que ce sont les personnes qui ne sont pas ciblées par la vaccination, les personnes sans facteurs de risque qui sont, relativement, plus touchées par les décès.
- Pas un mot chiffré ou documenté sur le pourcentage de personnes vaccinées dans la population générale (il était de l'ordre de 7 % lors de la campagne précédente) pas pour plus que pour les personnes à risques visées par la campagne de vaccination, ce qui est quand même un point manquant majeur dans cet article écrit par les membres éminents de l'InVS (il y a un Comité de Lecture ? Je me propose, avis aux auteurs)
- Les données du CepiDC (organisme insermien) indiquent (soyez bien assis et accrochez-vous à votre écran) que, pour les années précédentes (de 2000 à 2008), le nombre de décès dus à la grippe était "estimé" à 437 par an avec une moyenne d'âge à 82 ans (ces chiffres vous étaient cachés, chers amis citoyens débiles et médecins ignares et on préférait vous assener 5000 à 7000 morts annuels) et, pour l'année de la grippe "pandémique" les décès avaient été assumés à 349 avec une moyenne d'âge à 59 ans. Mais non, ils ne vous étaient pas cachés, ces chiffres, ils avaient fait l'objet d'une publication dans le même BEH : Vicente P, Aouba A, Lévy-Bruhl D, Jougla E, Rey G. Spécificité des caractéristiques de la mortalité liée à la grippe lors de la pandémie de grippe A(H1N1) en 2009-2010 en France. Bull Epidémiol Hebd. 2011; (1):1-5.
Que dire de plus ?
151 décès dans une population peu vaccinée.
Faut-il vous faire un dessin ?
(Illustration : Pierre Corneille - 1606 - 1684)