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jeudi 4 juillet 2024

Histoires de santé publique sans consultation 19 : trois cas en 5 minutes.

(Crédit : Quora)


J'ai déjeuné vendredi midi avec 2 confrères dans un fameux restaurant (pas cher) de Versailles, en terrasse. 

Nous avons discouru doctement sous un beau soleil frais sur la médecine qui n'était plus ce qu'elle était.

Les vieux khons, c'est comme ça... Ça cause, ça cause et ça propose rien...

C'était mieux avant.

Image pulmonaire alakhon

Le docteur D1, 70 ans, 50 paquets/années, fait une bronchite bizarroïde (de médecin ?). 

Radiographie pulmonaire : image suspecte.

Scanner pulmonaire : image suspecte.

Scanner cérébral : image suspecte.

Branle-bas de combat.

Inquiétudes.

Le docteur R, ami du docteur D, est mis à contribution. Il lit les comptes-rendus du scanner pulmonaire et du scanner cérébral. Puis il se procure les disques.

Il commence par le cerveau : c'est autant une métastase de cancer pulmonaire que Raoult est honnête.

Il poursuit par le poumon : le nodule, situé dans un poumon emphysémateux de merdre, a effectivement des allures de nodule.

Au bout de trois semaines d'antibiothérapie... Le nodule a disparu.

Morale : que les médecins cessent de ne pas regarder les images de scanner et cessent de ne lire que les comptes-rendus de scanner. 


Compte-rendu de coloscopie.

Au décours (5 ans) d'une résection de cancer colorectal bas situé, la femme du docteur D2, passe une coloscopie de contrôle.

Tout va bien.

Le docteur D2 lit le compte-rendu de coloscopie et la lettre adressée au médecin traitant : la lettre indique des antécédents de résection d'un polype du colon gauche l'an passé.

C'est faux.

Cela n'a aucune importance.

Mais c'est un faux compte-rendu.

On s'en fout ? On s'en fout.

Morale : vérifiez quand même que le compte-rendu qui vous concerne ne comprend pas d'erreurs.


Phlébite

Monsieur M, 57 ans, se rend aux urgences un dimanche soir pour une jambe gauche gonflée.

Sur les conseils de son voisin il ne se rend pas à l'hôpital public où l'attente est de 10 heures mais dans une clinique privée avec service d'urgences où il n'attend que 4 heures. Cool.

Examens, prises de sang, bla-bla.

"C'est pas une phlébite, docteur ?

(c'est la femme de Monsieur M qui pose la question)

- Non, d'ailleurs le Doppler est normal."

Monsieur M est venu accompagné de sa femme et de son dossier (il a déjà été opéré dans cette clinique pour un canal carpien du poignet droit).

Sa femme regarde le dossier. Il existe effectivement un compte-rendu de Doppler qui date de 3 mois et qui concerne le membre supérieur droit.

Le patient a été traité pour sa phlébite après intervention de la femme du patient.

Morale : lisez les comptes-rendus, regarder la date, vérifiez la localisation.

Et rappelez-vous aussi : chaque fois qu'un médecin fait la morale à un patient, il fait de la mauvaise médecine et de la mauvaise morale.





jeudi 6 mai 2010

ECHODOPPLER VERSUS OSTEODENSITOMETRE

J'exerce à Mantes-La-Jolie depuis trente ans et depuis trente ans il n'y a pas de matériel d'echodoppler artério-veineux aux urgences de l'hôpital de Mantes-La-Jolie.
Les esprits chagrins me diront que ce type d'echodoppler n'existait pas il y a trente ans.
Ils auront raison.
Les esprits encore plus chagrins me diront qu'aujourd'hui ce matériel existe. Oui, mais pas aux urgences de l'hôpital de Mantes-La-Jolie.
Il paraît que c'est envisagé.
Je rappelle que cet appareil permet de détecter ou de non détecter des phlébites des membres inférieurs qui sont potentiellement mortelles si elles ne sont pas traitées.
Ainsi, comme il m'est arrivé l'autre samedi après-midi, j'ai dû instituer un traitement anticoagulant chez une femme pour laquelle je n'avais aucune certitude (et plutôt une certitude négative, femme traitée par methotrexate et corticothérapie). Le mardi suivant un écho-doppler pratiqué "en ville" a confirmé le diagnostic de thrombose poplitée profonde.
Ainsi, une femme enceinte est arrivée en pleine nuit de dimanche aux urgences de l'hôpital de Mantes-La-Jolie (Yvelines, France, UE, G8, G20) pour des douleurs du mollet et elle est ressortie en pleine nuit sans echodoppler et sans traitement.
J'ai eu droit à cette réflexion du senior de garde : "Quand les médecins généralistes (je traduis : ces putains de connards de débiles de médecins généralistes) comprendront qu'il n'y a pas d'echo-doppler aux urgences de l'hôpital !"
L'hôpital a quand même rappelé chez elle la patiente pour la faire hospitaliser (j'ai oublié de dire que le putain de connard de médecin généraliste avait reçu, après moultes appels téléphoniques, le résultat de la biologie qui indiquait des D-Dimères au double de la normale) dix minutes après que j'eusse appelé le fameux senior. A ce jour et à cette heure la patiente est hospitalisée, anti-coagulée et n'a toujours pas eu d'echo-doppler. Où est le docteur House ?
Tout ça, c'est de la routine.
Mais je me suis rappelé quand même que nous avions été invités il y a quelques mois (le genre de raout sponsorisé par Big Pharma que j'évite comme la peste) à l'hôpital de Mantes-La-Jolie pour fêter en grande pompe l'acquisition d'un ostéodensitomètre dont l'intérêt (comparé) avec l'acquisition d'un echodoppler artério-veineux est dans l'ordre de la nullité intersidérale.
Quelques hypothèses : quid du T2A (tarification à l'activité) ? quid du financement de l'appareillage dont l'un, l'echodoppler, peut sauver des vies et éviter des prescriptions inutiles d'anti-coagulants coûteux et l'autre, l'ostéodensitomètre, qui permet de prescrire en toute quiétude des médicaments dont l'intérêt est peu évident ?