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dimanche 8 janvier 2023

Bilan médical de la semaine du lundi 2 janvier au dimanche 8 janvier 2023 : Alzheimer, EMA, le salaire des libéraux, une chronique mal placée, non recours aux soins, check-up, un essai douteux, le temps non médical



1. FDA et Aduhelm (aducanumab-avwa) : un scandale majeur dans le "traitement" de la maladie d'Alzheimer


La FDA a aidé Biogen, la firme commercialisant Aduhelm, à obtenir son AMM alors que les essais cliniques n'étaient pas convaincants. Au prix pharamineux de 56 000 dollars par an.

En France, on retrouve un entretien dans Ouest France en juin 2021 (ICI) avec le professeur Bruno Dubois, directeur de l'Institut de la mémoire et de la maladie Alzheimer qui a participé aux essais en France.

Le professeur Dubois est plutôt mesuré dans ses propos. Il ne nous avait pas habitués à cela (il est connu de nos services car nous le citions déjà en 2011 pour le remboursement des médicaments dits anti-Alzheimer (LA))

  1. Le professeur Bruno Dubois fait feu de tout... bois dans les media. Il faut dire qu'il défend sa paroisse, étant Président de l'Institut Alzheimer de l'Hôpital de la Pitié Salpétrière, et il fait de l'annonce dans deux voies : une molécule, dont je ne vous dirai pas le nom, a montré, en double-aveugle contre placebo (nous attendons la publication), qu'elle diminuait la diminution de la taille de l'hippocampe qui serait une donnée anatomique chez les patients Alzheimer ; un vaccin aurait été mis au point et il agit, selon les dires Dubois, de façon spectaculaire chez les souris (il ne nous dit pas s'il s'agit de mâles ou de femelles). Voir ICI. Tout baignerait donc bien dans le monde merveilleux de l'Alzheimer s'il n'y avait pas, comme le dit si bien le docteur Trivalle, la revue Prescrire, les syndicats de médecin généraliste et des médecins médiatiques (ICI ENCORE)...


Philippe Charles Jacquet (1957 - )


2. Et ça recommence avec lecanemab !

Le lecanemab vient d'obtenir son AMM états-unienne dans l'indication Alzheimer avec un très faible niveau de preuves.

Le problème vient de ce que l'hypothèse physiopathologique, le dépôt de substance amyloïde dans le cerveau, soit fausse : voir LA

Et voici une mise au point de la Société Française de Pharmacologie et de Thérapeutique : ICI

Cela ne marche pas !


Villa Savoye à Poissy 1927.
Le Corbusier (1887 - 1965) Peut-on séparer l'architecte du fasciste ?


3. L' EMA valide des procédures de soins d'une qualité médiocre avec des conséquences désastreuses.

Un article de Siebert et col paru dans BMC Medicine (LA) ré-analyse des essais approuvés par l'EMA et souligne le manque de transparence et le fait que ces essais ne sont pas reproductibles par des chercheurs indépendants.


Vous pourrez lire avec profit un fil twitter d'un des signataires de l'article Florian Naudet : ICI.

Sidney Poitier, Harry Belafonte et Charlton Heston, lors de la marche pour les droits civiques (Civil Rights March), au Lincoln Memorial, le 28 août 1963. via
@ClassicFilm2


4. On tombe des nues ! La crise covidienne n'aurait pas été bien gérée en 2020...


ICI


Félix Vallotton, Cagnes 1921


5. Un journaliste d'investigation : Julien Pain


Il s'agit d'un journaliste reconnu par tous, me dit-on, parce qu'il a combattu les FakeNews et qu'il s'est attaqué à Raoult et acolytes. Dont acte. 

C'est un fil à charge contre les médecins libéraux qui demandent des augmentations, à mes yeux exorbitantes, de leurs honoraires, en voulant un doublement du prix de la consultation.

Le journaliste fait un thread sur le sujet !

Et dans son chapeau il parle du salaire global des médecins libéraux !

Quel est son degré de pertinence sur une échelle entre 0- et 0 + ?


Virginia Woolf (1882 - 1941)


6. De quoi notre santé est-elle le nom : Philippe Moreau Chevrolet 

Merci de lire l'éditorial de notre conseiller en communication : ICI

Avant ou après avoir vu l'émission C ce soir (LA) qu'il commente (cela dure une heure).

On ne peut pas dire que je sois un fan d'Agnès Buzyn pour laquelle j'avais consacré un billet prophétique en mars 2016 (LA) où j'écrivais : "La nomination du professeur Agnès Buzyn à la tête de la HAS était ce qui pouvait arriver de pire à la Santé publique française.

Rien ne va dans ce billet de PMC. 

PMC a choisi son parti : Lehman, Chiche et Desbiolles vs Buzyn.

Facile : tirer sur une ambulance n'a rien de courageux, mais voyons les arguments. Pour les premiers la santé serait un droit et pour la seconde un objet de commerce. 

A propos des 3 premiers PMC écrit : "Dans un retour à une période où l’hygiène était l’exception et non la règle, à une époque où la santé de l’autre ne nous concernait littéralement pas." Mais où voit-il cela ? Il ne fait pas la différence entre hygiène publique (les progrès depuis le dix-neuvième siècle ont été considérables : tout à l'égout, eau courante, hygiène alimentaire, et cetera et il serait intéressant qu'il lise un peu les grands auteurs comme Thomas McKeown) et hygiène individuelle et il porte un jugement moral sur ceux qui ne se préoccuperaient pas des autres. 

PMC cite les propos d'Agnès Buzyn et les commente : "Elle condamne la “surconsommation”, non pas de médicaments, ce qui pourrait s’entendre s’agissant de produits, mais de soins." Et il ajoute : "Or, soigner ou se soigner ne constituent pas des choix de consommation. On ne peut pas se passer d’une radio, d’un scanner ou d’un traitement comme on se passe de Nutella. Soit l’on soigne un patient, soit un patient se soigne, soit on renonce au soin. 

Cela est faux. Toutes les études montrent qu'il existe non seulement une sur consommation de soins mais surtout une sur consommation de soins inutiles. On peut, contrairement à ce qu'affirme PMC, se passer d'un scanner quand son indication n'est pas justifiée. On peut même se passer d'un traitement quand il n'est pas validé par des essais de qualité. Or, des données états-uniennes, britanniques et australiennes concluent que de 35 à 54 % des pratiques académiques hospitalières (hors homéopathie) de soins ne sont pas validées (LA). On imagine ce que cela doit être en ville ! 

Opposer les médecins entre eux : le "vrai" médecin contre "la" politique. Facile. 

Il faudrait demander à PMC s'il se promène dans la vie courante avec un détecteur de CO2 dans la poche, s'il est masqué FFP2 dans tous les lieux clos qu'il fréquente, c'est à dire, non seulement dans les transports mais dans les bureaux qu'il fréquente et s'il ne va jamais manger au restaurant ou discuter à la machine à café.

Mais, last but not least, après nous avoir fait une leçon de morale sans déclarer ses liens d'intérêts, PMC se lance sur Semmelweis où là, non seulement les gants nous en tombent mais également les bras. Hormis une interprétation personnelle sur Semmelweis avec quelques approximations, il cite Céline (dont on sait qu'il a écrit sur le sujet, oui, mais qu'il a écrit d'autres choses et fait d'autres choses).

On pourrait même citer PMC ainsi : Vu de Sigmaringen : "En renonçant à la santé des autres, nous renonçons à notre civilisation. Petit à petit, sans même nous en rendre compte, nous renonçons à notre rêve. Nous abandonnons notre humanité. Nous renonçons à voir dans la nuit."

Le droit à la santé ne peut se concevoir sans une politique de santé publique qui privilégie, outre le soin raisonné (validé), le revenu, l'emploi, l'éducation et l'alphabétisme, les conditions de vie et la sécurité alimentaire. 

Voir point suivant : 

7. Le non-recours aux prestations sociales : la DREES communique





8. Un maire états-unien impose le masque aux enfants dès la maternelle et ne le porte pas en zone dense à l'intérieur.


9. Les horreurs du check-up.

Vous pouvez lire le fil twitter de @FantineetHippo : LA

Et mon fil de réponse ICI

Les "check-up" proposés par le premier fil est une aberration. On ne peut pas faire de la médecine générale comme cela. Ce n'est bon pour personne. Vous pourrez utilement allez au point 10.

Mon fil explique pourquoi.


Hertha Müller (1953 - )
Prix Nobel de littérature en 2009


10. Un article de Nature (LA) de qualité douteuse est porté au pinacle



Vous voulez quelques éléments de réponse ?

  • Cet essai est un essai épidémiologique cas témoin rétrospectif (niveau de preuve a priori : très faible)
  • Cet essai a été réalisé par des auteurs dont un a reçu des fonds de Pfizer, de MSD et de Vax-Cyte (bien entendu sans relations avec le sujet de l'article ! Dans ces cas-là l'expérience prouve que, caché au milieu des autres auteurs, c'est lui qui a rédigé l'article...)
  • La rédaction de l'article est surprenante : le chapitre Méthodes est mentionné en fin d'article et une partie des résultats renseigne sur les méthodes
  • Le risque de transmission de l'omicron en milieu carcéral est passé de 36 % chez les non vaccinés à 28 % chez les vaccinés !
  • Les analyses post hoc (les sous-groupes de sous-groupes) sont bien entendu plus favorables et l'agrégation des sous-groupes (dont l'immunité naturelle qui devrait faire sauter en l'air les puristes) est assez improbable et montre enfin des résultats mais la rédaction de la phrase de résultats est prodigieusement incompréhensible : "we estimated that any vaccination, prior infection alone and both vaccination and prior infection reduced an index case’s risk of transmitting infection by 22% (6–36%), 23% (3–39%) and 40% (20–55%), respectively. "
  • Il n'y a aucune indication sur les mesures barrières.

En résumé : vanter un essai peu robuste pour vanter la vaccination alimente les antivaxx.


11. Réduire le temps non médical en médecine générale

Une tribune dans l'Express  (ICI) reprend les arguments largement exposés depuis des lustres par Michael Rochoy sur son blog (LA)

Une mise au point très à propos :




mardi 5 juin 2018

La médecine m'inquiète : microf(r)ictions (93)


Le déremboursement retardé des médicaments prétendument anti Alzheimer illustre à merveille les problèmes soulevés par Cifu et Prasad in : Ending Medical Reverse. Voir ICI et LA.
  1. Sur quelles bases scientifiques les AMM sont-elles accordées.
  2. Pourquoi le suivi des effets indésirables par des essais cliniques post commercialisation n'est jamais fait.
  3. Lorsqu'un essai montre qu'une molécule (ou une procédure) n'est pas efficace : combien de temps faut-il pour revenir en arrière (on savait tout depuis 2008 : ICI) ?
  4. Pourquoi les médecins continuent-ils de prescrire des molécules ou de pratiquer des procédures  dont il a été clairement montré qu'elles étaient inefficaces, dangereuses et/ou d'un mauvais rapport bénéfices/risques ?
  5. Comment faire pour que cela ne se reproduise pas.


L'affaire des anti Alzheimer est exemplaire à de nombreux titres.

  1. Comment des médicaments inefficaces et dangereux ont obtenu une AMM (corruption des instances ou ignorance des experts ?) ?
  2. Comment se fait-ce que la Pharmacovigilance française (celle que tout le monde entier nous envie) n'a rien signalé ou n'a pas été visible ? 
  3. Comment est-il possible que le seul qui ait fait bouger les lignes était un médecin généraliste travaillant presque bénévolement à la HAS (Philippe Nicot) (voir tous les autres MG un peu plus bas) ?
  4. Comment des experts (neurologues, gériatres) ont-ils pu (ICI) (et continuent-ils) (de) défendre l'indéfendable, à savoir l'efficacité et l'innocuité de ces médicaments ?
  5. Comment, à partir d'une maladie (ou plutôt de maladies) a-t-on pu structurer la prise en charge de malades autour de médicaments inefficaces et dangereux ?
  6. Comment une filière a-t-elle été créée de novo à partir de mensonges thérapeutiques ?
  7. Comment les consultations mémoire sont devenues de simples officines de prescription de médicaments. 
  8. Comment une association de patients (France-Alzheimer, voir LA) est-elle devenue officiellement un lobbyiste majeur des laboratoires pharmaceutiques (quasiment une personne morale visiteuse médicale) et a-t-elle pris un tel poids politique ?
  9. Comment illustrer au mieux la stratégie de Knock et/ou le disease mongering : (LA).

Voici ce qu'entre autres je rappelais en 2016 (voir LA) : 

Reprenons les choses dès le début : les médicaments dits anti Alzheimer sont inefficaces (et dangereux). Tout le reste n'est que littérature.

Et il y a longtemps qu'on le sait !

Rappelons d'abord les actions du Formindep qui s'est d'abord attaqué aux liens/conflits d'intérêts des experts de l'HAS dès décembre 2008 (ICI) avec succès puisque les recommandations professionnelles sur la maladie d'Alzheimer datant de 2008 (LA) ont été ensuite retirées. 

Philippe Nicot produit une expertise externe (20 juillet 2011) (LA) qui conduit à revoir à la baisse le remboursement des médicaments anti Alzheimer.
Philippe Nicot écrit en octobre 2010 un article excellent, Anticholinestérasiques : le généraliste peut-il dire non ?,  qui fait la genèse des éléments de preuve indiquant l'inefficacité et la dangerosité des anti Alzheimer en général (ICI).

La Haute Autorité de Santé le disait en 2011, les anti Alzheimer ont peu d'intérêt. Je signale que le lien a disparu.

Louis-Adrien Delarue l'écrivait en 2011 dans sa thèse de médecine : LA et avec mes commentaires (élogieux : ICI) ainsi que ceux de Dominique Dupagne le 18 novembre 2011 (LA).

Marc Girard, le 13 novembre 2011, dénonçait les faux semblants de la réévaluation des anti Alzheimer (LA) et écrivait de façon prophétique : "quand le ministre avait d’emblée annoncé que la réévaluation ne changerait rien au remboursement des médicaments en question [9] ?"

Dominique Dupagne a lui aussi apporté sa contribution sur les conflits d'intérêts des experts à la suite du Formindep le 8 décembre 2009 (ICI) et le 21 septembre 2011 (ICI).

Sans oublier Christian Lehmann que nous avons déjà cité et qui publiait le 21 septembre 2011 un billet définitif : ICI.

Et j'en oublie.


Source du diagramme (par l'intermédiaire de François Pesty) : ICI

jeudi 3 novembre 2016

Alzheimer. Le non déremboursement de médicaments inefficaces et dangereux : Marisol Touraine fait le job des lobbys.


Marisol Touraine, dont j'avais montré en son temps qu'elle était la marionnette parfaite (il est difficile d'utiliser un tel adjectif avec cette femme dont Christian Lehmann a écrit récemment qu'elle était "veule, stupide, consternante", ICI) du lobby santé-industriel qui règne sur la santé publique en France (LA), a donc décidé qu'il ne fallait pas tenir compte des avis d'une agence gouvernementale pourtant ad hoc, la HAS, et que des médicaments inefficaces, coûteux et dangereux pouvaient continuer à être remboursés. Il s'agit des médicaments dits anti Alzheimer.

Marisol Touraine fait le job des lobbys.

Je ne voudrais pas en faire une affaire de personne mais Madame Touraine, qui a montré en de domaines qu'elle était une menteuse patentée, ne rate jamais une occasion de faire des déclarations sottes et infondées, elle qui déclarait encore récemment que "La vaccination, ça se discute pas" avant que de mettre en place une concertation dite "citoyenne" sur le même sujet. Il eût fallu qu'elle claironne : "Circulez, y a rien à voir !" Elle est aussi en première ligne pour tenter de mettre à la poubelle le rapport sur le dépistage organisé du cancer du sein qui lui aussi ne plaît pas au lobby santéo-industriel (vous le trouverez ICI et vous pourrez consulter le site Cancer Rose LA qui tente de fournir une information balancée sur le dépistage organisé du cancer du sein).

Mais, ne lui en déplaise, ce serait injuste de lui donner plus d'importance qu'elle n'en a : elle ne fait que continuer la politique de ses prédécesseurs quand Roselyne Bachelot modifiait l'AMM du tamiflu en conférence de presse ou quand Xavier Bertrand mediatorisait sans vergogne. Le ministre de la santé est la marionnette des lobbyistes de tous poils qui interviennent dans la santé publique (et privée).

Reprenons les choses dès le début : les médicaments dits anti Alzheimer sont inefficaces (et dangereux). Tout le reste n'est que littérature.

Et il y a longtemps qu'on le sait !

Rappelons d'abord les actions du Formindep qui s'est d'abord attaqué aux liens/conflits d'intérêts des experts de l'HAS dès décembre 2008 (ICI) avec succès puisque les recommandations professionnelles sur la maladie d'Alzheimer datant de 2008 (LA) ont été ensuite retirées. 

Philippe Nicot produit une expertise externe (20 juillet 2011) (LA) qui conduit à revoir à la baisse le remboursement des médicaments anti Alzheimer.
Philippe Nicot écrit en octobre 2010 un article excellent, Anticholinestérasiques : le généraliste peut-il dire non ?,  qui fait la genèse des éléments de preuve indiquant l'inefficacité et la dangerosité des anti Alzheimer en général (ICI).

La Haute Autorité de Santé le disait en 2011, les anti Alzheimer ont peu d'intérêt. Je signale que le lien a disparu.

Louis-Adrien Delarue l'écrivait en 2011 dans sa thèse de médecine : LA et avec mes commentaires (élogieux : ICI) ainsi que ceux de Dominique Dupagne le 18 novembre 2011 (LA).

Marc Girard, le 13 novembre 2011, dénonçait les faux semblants de la réévaluation des anti Alzheimer (LA) et écrivait de façon prophétique : "quand le ministre avait d’emblée annoncé que la réévaluation ne changerait rien au remboursement des médicaments en question [9] ?"

Dominique Dupagne a lui aussi apporté sa contribution sur les conflits d'intérêts des experts à la suite du Formindep le 8 décembre 2009 (ICI) et le 21 septembre 2011 (ICI).

Sans oublier Christian Lehmann que nous avons déjà cité et qui publiait le 21 septembre 2011 un billet définitif : ICI.

Et j'en oublie.

Qu'est-ce qui vous frappe, dans cette affaire ? 
Vous avez deux minutes.



Il n'y a que des médecins généralistes (MG) pour dénoncer l'inefficacité et la dangerosité des anti Alzheimer (j'oublie Olivier Saint-Jean qui a eu le courage de savoir lire et de ne pas la fermer dans le concert assourdissant des professeurs). Ces pourris (je parle des MG), ces bas du cerveau, ces rugueux, ces ratés de l'Examen Classant national, cette race honnie qui va disparaître et qui pourrait très bien être remplacée par des IDE ou des réceptionnistes dont le rôle serait d'envoyer tout ce beau monde chez les spécialistes... Je m'arrête là.

Ce qui est aussi très intéressant c'est que les MG, pour une fois, dans une de ces manipulations dont les grands professeurs, la CPAM et la Direction Générale de la Santé ont le secret, ne pourront pas être accusés de trop prescrire d'anti Alzheimer puisqu'ils n'avaient pas le droit d'en initier la prescription ! Seuls les neurologues, les gériatres et les médecins ayant une compétence en gériatrie avaient le droit de le faire...  

Le non déremboursement de médicaments inefficaces et dangereux n'est pas une nouveauté mondiale. C'est le lot. Notamment en cancérologie.


Mais ce qui attire l'attention, ce sont les justifications des experts.

Les alzheimerologues qui sont neurologues, neurogériatres (si, ça existe), et surtout gériatres, nouvelle spécialité réservée jadis aux internistes sans diagnostics, aux hospitaliers sans chaire, et maintenant aux généralistes qui aspirent à plus de reconnaissance et qui s'autorisent du haut de leur suffisance à dénoncer leurs anciens confrères, sont favorables  aux médicaments anti Alzheimer (il y a des exceptions, heureusement et ils font l'objet du mépris de leurs pairs) avec des arguments dont la drôlerie est épatante : Structurer la maladie (il est évident que c'est une idée de médiocres : imagine-t-on que Claude Bernard ait attendu un médicament pour découvrir un syndrome ou que Basedow ait eu besoin...), comme si une maladie se structurait en raison du traitement qui était administré... Dans ce cas on pourrait répondre à ces cuistres que les médecins généralistes savent d'ores et déjà "structurer" les maladies parce qu'ils savent ce que c'est un malade dans la continuité, un malade dans son jus (son lieu de vie, sa famille, ses amis), un malade avant qu'il ne le soit, un malade vu une fois par mois ou moins, et cetera... Les médecins hospitaliers entrent-ils au domicile des patients souffrant d'une maladie d'Alzheimer, font-ils des visites en EHPAD, revoient-ils les familles après la fameuse consultation d'annonce ? Mais les médecins généralistes, surtout, savent aussi déstructurer les maladies (pour les cours de médecine générale, nous verrons...)... Proposer quelque chose aux patients, comme si la médecine, et a fortiori les soins, signifiait seulement donner des médicaments... Ce qu'il faut proposer aux patients c'est une prise en charge globale, cela tout le monde le sait, même les experts, et il existe même une étude (d'un faible niveau de preuve il est vrai) montrant que le suivi en médecine générale était identique à celui des centres de mémoire pour ce qui est de l'aggravation des patients. Et c'est pas facile. Donner de l'espoir aux familles, c'est à dire leur mentir sur l'inéluctable évolution de la maladie vers des lendemains qui déchantent.

On passe.

Ce que nous retiendrons de ce non déremboursement.

Premier point : la maladie d'Alzheimer n'est actuellement pas, ou presque, un problème médical. Sinon faire le diagnostic et ne pas prescrire des médicaments inappropriés (il n'y a pas que les anti Alzheimer). une étude toulousaine a montré que sur deux ans de suivi, ce qui est peu, les médecins généralistes faisaient aussi bien que les centres de mémoire (LA).
Deuxième point : la mise en place des aides à la personne est fondamental : anticiper, prévoir, organiser, adapter, assumer. C'est le rôle du médecin généraliste et des services d'aide à la personne.
Troisième point : le rôle des médecins généralistes est capital pour ce qui est d'aider les  aidants familiaux. 

Derniers points :

Les tests de mémoire : Comme toujours en médecine (que les exceptions cochent une petite case) les tests psychométriques (dépression, anxiété, mémoire, qualité de vie, et cetera) ont toujours été créés pour déclencher la prescription de médicaments, pour enrichir l'industrie pharmaceutique, pour gonfler d'importance les auteurs, pour solidifier des maladies ou des symptômes qui ne demandaient rien, voire pour inventer des maladies. Mais ils ne servent ni à faire un diagnostic, ni à faire le suivi, et cetera. Qu'on le sache.

Les associations de patients : France-Alzheimer, j'en ai déjà parlé (ICI), est certainement un plus pour l'aide aux aidants. Les familles sont désemparées, elles ont besoin de parler, de communiquer avec d'autres familles, pas seulement pour l'organisation des soins, des prises en charge, et cetera, et bien que sur le terrain il existe de nombreuses structures d'accompagnement, aux compétences confuses, aux acronymes mystérieux, et, en écrivant ces lignes, je me rends compte que je suis assez ignorant des structures existant sur mon lieu d'exercice, m'en remettant au centre de gérontologie local, me défaussant de mes tâches extra médicales, cent fois plus par exemple, que lorsqu'il s'agit de malades en fin de vie ressortissant de l'oncologie, fin de la parenthèse... Donc, France-Alzheimer en fait sans doute beaucoup mais l'association se désole, crie au scandale, du possible déremboursement des anti Alzheimer... Pourquoi ? Sans doute parce que la médicamentation d'une maladie incurable donne de l'espoir.  Sans doute parce que l'arrêt des traitements signifie la fin de l'espoir ou le retour à la réalité. Sans doute parce que la trop grande complicité avec les professeurs rend les familles crédules sur l'efficacité des médicaments anti Alzheimer. Sans doute parce que le financement de l'association par les industriels fabriquant les anti Alzheimer adoucit les consciences et aiguise les appétits...

Amis généralistes. Vous ne pouviez prescrire des anti Alzheimer, vous aviez des difficultés à les arrêter (avis d'experts, croyances des familles), continuez de prendre en charge patients et aidants et soyez au top pour connaître les structures d'aides sociales qui permettront à tous et à toutes de survivre. Voir par exemple le portail gouvernemental pour les personnes âgées : ICI.

Marisol Touraine est une marionette et elle obéit aux lobbys dont le principal, je ne l'ai pas mentionné, l'éléphant dans le couloir, est l'industrie pharmaceutique qui a structuré la maladie, le marché et les prescripteurs. Il était normal qu'elle ne voulût pas un déremboursement.