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lundi 27 mai 2024

Bilan médical du 13 au 26 mai 2024 : la médecine générale (stress, disponibilité, supervision, aires défavorisées, face cachée, Foucault) ! Certificats absurdes, faut-il encore faire des streptatests ?

L'effiScience des mutuelles qui remboursent les séances d'ostéopathie ! 

 

Nous allons nous concentrer cette semaine sur les soins primaires et en particulier la médecine générale.

Cela fera plaisir à certains qui trouvaient que ce blog "dérivait" ailleurs.

Un site indispensable pour les MG

Je rappelle l'excellent site Certificats Absurdes (LA) que vous pouvez consulter chaque fois qu'un tiers, une association, une crèche, un membre de l'Education Nationale, un assureur, une banque vous demandent ce type de document.

Cel vous dira comment gérer ces demandes.




Une enquête internationale (dix pays) analyse l'état de stress et de surmenage des MG

Cette enquête (LA) présente des limitations liées au recueil des données, aux différences des systèmes de santé, au nombre de patients vus par jour avec aide ou non d'une IDE ou d'une assistante, aux rôles des MG dans chacun des pays : Allemagne, Australie, Canada, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Suède, Suisse. 



Eh bien, ne soyez pas déçus, les MG français, issus du peuple le plus râleur du monde (il manque cependant des études comparatives contrôlées robustes...), ne sont pas toujours premiers.

L'article analyse surtout ce que qui se passe en Grande-Bretagne où la satisfaction d'être un MG est de 24 % (comme en France), la plus basse des 8 autres pays.

Seuls 14 % des MG britanniques pensent que la délivrance des soins s'est améliorée en post covid, ce qui est un peu mieux qu'en France et moins bien qu'en Nouvelle-Zélande.

La durée de consultation : 


Vous pouvez aller pêcher de nombreuses informations qui montrent que l'état de stress des MG est commun dans tous les pays. Et les Français semblent "cool".





La disponibilité des MG en France selon leur mode d'exercice.



Le lien vers l'étude est LA.

L'enquête a été menée entre octobre 2018 et avril 2019

Mode d'exercice des MG : 

  • 38 % des MG exerçaient seuls.
  • 32 % en groupes monodisciplinaires (avec d'autres MG)
  • 30 % en groupes avec des paramédicaux (avec ou sans médecins)
    • 12 % en maisons de santé pluridisciplinaires (MSP)
    • 18 % en groupes pluriprofessionnels non MSP

En 2019 plus de la moitié des MG (54 %) refusent de devenir les médecins traitants de nouveaux patients 

Mais les pourcentages ne sont pas les mêmes en fonction des 4 groupes précités : 

Les différences ne sont quand même pas énormes !
Elles le sont d'autant moins qu'en 2022 ils sont devenus deux médecins sur trois !

Fabrice Lenglart, le directeur de la DREES, rajoute ce commentaire sur X (@Fabrice Lenglart) :



Un MG doit-il être un médecin ou un superviseur ?

Joanne Reeve est une MG professeure de soins primaires à Hull York Medical school et elle n'est pas d'accord avec la nouvelle définition du rôle du MG telle qu'elle a été définie par le Royal College of général Practitioners (RCGP)... "un médecin qui est conseiller en médecine générale". 

Elle n'est pas la seule : Helen Salisbury, dans le BMJ (LA), confirme que le rôle du MG est aussi d'encadrer et d'apprendre aux étudiants à devenir MG mais conteste le fait que le MG se doive de superviser des professionnels de santé non médecins. Pour elle, se serait abandonner le rôle traditionnel du MG qui est de gérer une liste de patients (nous parlerions de médecin traitant en France) et d'offrir des soins médicaux en tant qu'expert et leur continuité aux patients et aux familles. 

Salisbury ajoute que les patients ont besoin d'un meilleur accès aux soins primaires et que pour cela il faut recruter et entraîner des MG pour faire de la médecine générale et pas pour leur donner d'autres rôles qui fragmentent et anonymement leur expertise du soin.

Reeve souligne que cela demande des financements mais des financement qui vont vers la pratique des soins primaires en redéfinissant ce qui doit et ce qui ne doit pas être fait par les MG.

Amen.  



Dieppe : AirBnb
via @massinfabien
MG : @doctolib

Les MG britanniques des zones défavorisées en ont assez de vider l'océan avec une petite cuillère.

Un article dans The Guardian (ICI) rapporte que le RCGP (cf. supra), dans une lettre ouverte demande une refonte des allocations des ressources pour les MG arguant que ce sont dans les zones les plus déshéritées que les sommes les plus faibles sont données par patient.

Les habitués du blog connaissent la Loi Inverse des Soins (Inverse Care Law).

Pour 10 % d'augmentation dans les zones défavorisées, les paiements augmentent de 0,06 %

Bien plus, dans ces zones, les MG ont des listes de patients supérieures de 300 patients à celles des zones plus riches.




La face cachée de la médecine générale.

C'est un thème rebattu mais l'article est tout à fait pertinent.

L'article fait le point (dans le système britannique ou les conditions d'exercice, bla-bla...) : c'est ICI

On résume : 

  • Le travail des MG en dehors du face-à-face médecin patient est souvent invisible et caché
  • Le travail caché est souvent associé à la complexité et à l'incertitude
  • Le travail derrière la scène est du soin comme le travail en direct avec le patient est du soin
  • Les médecins sont confrontés à des tensions entre terminer leur travail et gérer leur journée de travail
  • Il est nécessaire d'étudier et de formaliser ce travail caché pour améliorer la relation médecin patient


La France, toujours au top. Cette fois pour les sans abris.


Taux de sans abri pour 10 000 personnes (2023)
Sources : Financial Time et OCDE


Le ROSP, Foucault et la gestion du soin.

J'ai lu l'article qui est (presque) exhaustif mais que je critiquerai plus tard en raison de ses a priori et de sa négation du rôle néfaste du marché. C'est LA.



Médecine générale : faut-il faire un streptatest en cas d'angine ?

Accrochez-vous aux branches ! 

Le Conseil scientifique du CNGE, Collège Général des Généralistes Enseignants, lance un pavé dans la mare, c'est LA.

Je vous en avais déjà parlé le 11 décembre 2022 (ICI, point 2 du billet de blog) : nos amis britanniques en avaient conclu ceci : un MG sur 350 verra une infection invasive à streptocoque A par an.

Les conclusions du CNGE : 

En conclusion, devant un patient souffrant d’une angine, si la douleur est tolérable, sans risque de forme grave et que l’entourage du patient n’est pas à risque de forme grave en cas de contamination, il est raisonnable de ne traiter que par antalgiques, sans faire de TDR ni prescrire d’antibiotiques. Dans tous les autres cas, un TDR est légitime avec prescription d’antibiotique s’il est positif. L’évaluation clinique globale de la situation du patient est donc nécessaire pour poser l’indication du TDR et d’un éventuel traitement antibiotique qui ne doit pas dépendre que du résultat du test.

Je vous conseille de lire le commentaire du Dr Agibus en son excellent blog (LA, le point 3)

Je me permets de reproduire sans sa permission l'algorithme qu'il a créé.


(Je rappelle encore une fois qu'en cliquant sur l'image on l'agrandit et on la rend plus lisible).


La série de la quinzaine sur Arte.TV


Série québécoise avec un accent à couper au couteau, une langue magnifique, un scénario malin. Je n'ai vu que la saison 1 (8 épisodes). C'est bon.


mardi 12 mars 2024

Histoire de santé publique sans consultation. Episode 17. Mal de gorge.

Dans un Monoprix. Via @DrJohnFa


Un de mes collègues me raconte l'histoire de sa mère (86 ans) qui a mal à la gorge, qui n'est pas fébrile, dont le nez coule, qui toussote, qui consulte son médecin traitant, qui lui dit qu'elle a une angine et qui lui prescrit de l'amoxicilline.

Sa mère habite à 800 kilomètres.

Le médecin traitant n'a pas pratiqué un test de détection rapide du streptocoque (TDR).

L'histoire ne dit pas si son expérience clinique lui a permis de se passer du test de McIsaac ou s'il l'a effectué mentalement.

Madame A est hypertendue bi-traitée et équilibrée (me dit son fils). Et c'est tout.

WhatsApp a permis à mon collègue, par l'intermédiaire de sa soeur, de visionner une "angine" "rouge". Après la consultation chez le médecin.

Ce simple cas clinique de base pose quelques questions.

  1. Faut-il consulter son médecin traitant pour un mal de gorge ?
  2. Faut-il téléphoner à son fils médecin avant de consulter son médecin traitant ? 
  3. Faut-il systématiquement pratiquer un TDR en cas de mal de gorge ?
  4. Faut-il prescrire de l'amoxicilline à une femme de 86 ans pour un syndrome viral ?
  5. Quel est le risque de ne pas prescrire de l'amoxicilline à une femme de 86 ans même si le TDR avait été positif ?
  6. Vous en voyez d'autres, des questions ? 

lundi 18 avril 2022

Bilan médical de la semaine du lundi 11 au dimanche 17 avril 2022 : Macron, liens d'intérêts, restriction sodée, dépistage des cancers, covid long, Sacubitril/valsartan

Je n'ai pas trouvé le nom du dessinateur...


Le Collège National des Généralistes Enseignants s'engage.


Le communiqué : LA.

Les résultats du premier tour de l'élection présidentielle me feront voter Macron au second.

Nul ne saurait ignorer combien ce blog a publié de billets critiquant à la fois la politique économique violente d'Emmanuel Macron à l'égard des plus précaires (que l'on a vus être les plus fragiles par rapport au Covid en termes de nombre de cas, de sévérité de la maladie, d'hospitalisations et de décès) et l'incompréhensible politique de santé publique vis à vis du Covid (prise en compte de gourous, refus des données, initiatives curieuses, manque de cohérence, électoralisme...) et pourtant, en raison du danger que l'extrême-droite prenne le pouvoir en France, il me paraît utile de voter Macron au deuxième tour.

Marc Gozlan et l'industrie.

Nous avons toujours beaucoup apprécié  les billets de Marc Gozlan en son blog (ICI) "Réalités Biomédicales" et nous continuerons de le lire avec attention malgré ce qui suit (ou, plutôt en en tenant compte).

En revanche, ne voilà-t-il pas qu'il promeut sur son compte twitter (désormais il m'a verrouillé, je ne peux plus y accéder) un site consacré au diabète (LA) dont il loue l'indépendance, un centre dirigé par le professeur Philippe Froguel et qui s'intitule Preci Diab, National Center for Precision Diabetic dans lequel il publie un blog "Le diabète dans tous ses états" (LA).

Voici les partenaires industriels du site.


J'avais signalé qu'il ne pouvait pas mettre en avant son indépendance et ne pas signaler que le site est sponsorisé par l'industrie (bien que le site en fasse mention). Cela n'enlève rien sans doutes aux qualités éditoriales de Marc Gozlan mais, pour le diabète, cela invite à la prudence.


Pourquoi les psychologues sont opposés au nouveau remboursement des consultations de psychologie.

Depuis le 5 avril 2022 les consultations de psychologie sont désormais remboursées par l'Assurance maladie, ce qui pourrait être une bonne nouvelle pour la profession, mais ce qui lui pose manifestement des problèmes.

Un psychologue explique dans La République du Centre  (LA) les raisons pour lesquelles la profession s'y oppose.

Quand Vinay Prasad attaque frontalement la politique #ZeroCovid à partir de la politique de santé publique chinoise : effrayant.

Vinay Prasad est désormais très contesté pour ses prises de position contre la fermeture des écoles, contre le port du masque dans l'Etat de New-York pour les enfants de 2 à 4 ans, et cetera. Mais il est toujours très important de l'écouter. (ICI pour twitter et LA pour YouTube)


La restriction sodée dans l'insuffisance cardiaque : un dogme mis à mal par la randomisation.

John Mandrola commente (LA) un essai publié dans Lancet (ICI) (dont on voit ICI le protocole).

Conclusion (rapide) : En médecine ambulatoire la restriction sodée ne diminue pas les "événements" cliniques.

Il s'agit d'un essai pragmatique randomisé testant les conseils habituels vs un régime faible en sodium à 1500 mg/jour.

Il n'y avait pas d'essai contrôlé auparavant.

Quelques remarques (de John Mandrola) : cet essai ne montre pas de différence, il est possible qu'il n'y en ait pas (vrai négatif) et il est possible que l'essai n'arrive pas à démontrer cette différence (faux négatif). Mandrola penche pour la deuxième hypothèse : 
  1. Le groupe contrôle consommait peu de sel (avec une différence quotidienne de 500 mg) (en moyenne les Etats-uniens consomment 3 g/jour)
  2. Le nombre de patients inclus était trop faible car l'estimation des événements cliniques avait été sous-estimé au départ
  3. Les patients inclus n'étaient pas assez sévères.
Quoi qu'il en soit : un dogme fondé sur le bon-sens est malmené par un essai contrôlé.

En d'autres domaines (covid, par exemple) on pourrait s'y intéresser.


Cancer screening: the good, the bad and the ugly. Mille repetita placent.

Cent fois sur le métier Gilbert Welch remet son ouvrage dans le JAMA: LA.

Cet article est fondamental. il devrait être enseigné dans toutes les facultés de médecine de France et de Navarre.

En voici la traduction française sur le site de Cancer Rose (LA).

Discussions passionnées sur Twitter, où l'on se rend compte que le dépistage et ses supposés bienfaits reculent un peu dans l'esprit des scientistes et des bonsensistes. 

Je faisais remarquer que :
  1. Le dépistage organisé du K du colon ne sauvait pas de vies et l'on m'a répondu que le critère mortalité globale était sans doute dépassé (cela m'a évoqué l'abandon ou presque du critère Survie Globale dans les essais de cancérologie au profit de critères de substitution afin de pouvoir commercialiser des molécules non efficaces)
  2. Qu'il y avait également un sur diagnostic dans le dépistage du cancer du colon mais qu'il concernait effectivement peu les lésions cancéreuses mais surtout les lésions précancéreuses et on m'a répondu qu'il n'était pas éthique de faire des essais randomisés et qu'on devrait m'inclure dans le bras contrôle d'un essai contrôlé (l'empathie des scientistes) et que, finalement, si j'étais si malin, pourquoi n'avais-je pas mené de tels essais ?
  3. Les arguments des défenseurs du dépistage organisé du cancer du colon ressemblent à ceux des urologues pour le dépistage du cancer de la prostate par dosage du PSA (dont on sait qu'il entraîne trop de sur diagnostics et de sur traitements) ou des gynécologues-obstétriciens pour le dépistage organisé du cancer du sein ou pour le dépistage sauvage du cancer du sein (quel que que soit l'âge et à des fréquences curieuses), sans oublier les oncologues et les marchands de mammographes, ou des pneumologues pour le dépistage organisé et ciblé du cancer du poumon chez le fumeur.

Covid long : une étude de cohorte ouverte mal fichue et inquiétante qui fait partie de la désinformation des Faiseurs de Peur.

Un article de Sciences et Avenir (LA) commenté sur twitter par l'auteur, Nicolas Gutieriez, à partir d'un essai français de cohorte (ICI) rapporte, dès la deuxième phrase que

Le Covid long (...) toucherait près de la moitié des personnes ayant développé le Covid.
Or, que nous apprend l'article princeps ?

... qu'environ 10 % des personnes ayant présenté un syndrome respiratoire sévère dû au covid ont présenté un Covid long...

On arrête là ? 

Je ne suis pas ici pour négliger les covid longs.
Je ne suis pas ici pour nier les covid longs.
Je ne suis pas ici pour ne pas prendre en compte et en charge et en soin les covid longs.
Je demande des données issues d'essais robustes.


Sur diagnostic (anxiété) chez les enfants/adolescents.  

Un article du New-York Times (LA) rapporte qu'un panel d'experts états-uniens recommande le dépistage de l'anxiété chez les enfants de 8 à 18 ans en soulignant l'intérêt d'un diagnostic et d'un traitement précoces.

Voici la réponse d'Allen Frances (ICI)



Hors sujet

Félix Valloton. Paysage avec paysan. Honfleur. 1912


Sacubitril et insuffisance cardiaque par Florian Zores

Lire ICI

L'association Sacubitril/valsartan est un très bon traitement de l'insuffisance cardiaque à Fraction d'éjection du ventricule gauche altérée si l'on reste dans le cadre de l'étude PARADIGM (LA).

Pour les questions en suspens lire l'article de Florian Zores.

A propos des maux de gorge non compliqués en téléconsultation : ni TDR ? ni antibiotiques ?

Sur twitter le docteur Licha montre le résultat d'une télé consultation sans visio avec prescription de céfixime pour des maux de gorge (ICI).

Lisez toute la conversation.

Et Didier Boussageon pose la question à 25 euros : était-il nécessaire de pratiquer un TDR ? Etait-il même nécessaire, sans TDR, de prescrire des antibiotiques ? 

Dans le cadre de la décision partagée, voici un document australien qu'il faut prendre en considération et qui pourrait changer nos pratiques.



C'est tout pour cette semaine mais c'était beaucoup.