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dimanche 20 octobre 2024

A quoi servent les recommandations si elles sont biaisées (méthodologie insuffisante et conflits d'intérêts) ? A propos d'Antibioclic.



Un article paraît sur l'évaluation (la validation interne) des recommandations en infectiologie (Antibioclic) dont le but essentiel est la prescription (ou non) d'antibiotiques dans le cadre des soins primaires (ICI).


Les résultats sont atterrants (corruption la méthodologie, corruption des auteurs des recommandations).


Un des signataires de l'article, Rémy Boussageon, pose les questions suivantes sur X : 


Il se trouve que Florian Zores publie 2 articles sur la prise en charge de l'HTA à partir de Recommandations élaborées par des sociétés savantes de cardiologie.

Le premier article (LA) parle du diagnostic.


Et le second (ICI) de la prise en charge.


Florian Zores aborde le problème de la validation interne et de la validation externe des études et souligne la complexité des mesures et de leur interprétation ainsi que du faible niveau de preuves des chiffres seuils.

Je fais quelques commentaires en élargissant le débat : ICI.



Et voilà que paraît un article (LA) qui compare la façon de mesurer la pression artérielle selon la position du bras.

Et l'on est ahuri tant les différences dans les résultats des mesures dépendent de facteurs dont on n'entend jamais (ou si peu) parler dans les études épidémiologiques ou dans les essais thérapeutiques en fonction de la position du bras du patient, de sa position, de son état, et cetera. Ces différences peuvent paraître à la fois importantes et mineures mais les conséquences de ces approximations de mesures peuvent influencer la vie tout entière de millions de patients à travers le monde en fonction des seuils d'intervention établis. 


On est typiquement dans le cas, avec l'Hypertension Artérielle, d'une affection courante

selon l'Observatoire de la médecine générale en 2009, l'HTA est en France le premier motif de consultation en médecine générale, soit 14,8 % (LA)



d'une affection mesurable par la prise de la Pression Artérielle qui est en théorie un geste simple

Il existe des recommandations concernant la prise de la pression artérielle dans le cabinet d'un médecin généraliste ou d'un spécialiste, recommandations largement diffusées que tout professionnel de santé délivrant du soin devrait connaître. Qui les connaît vraiment ? Qui les respecte vraiment ?

Je google-ise à la volée sur la façon de mesurer la pression artérielle : 


La HAS (ICI).


Cardio Online (LA) qui "représente" la SFC (la société française de cardiologie)

L'article est volumineux, il y a 2 lignes sur la méthode de la prise de la PA


La SFHTA (ICI) ou Société Française de l'HTA

Il y a 13 recommandations dont 7 sur la mesure courante de l'HTA.

La recommandation 5 est vague


Le site RecoMédicales (LA) ne représente que lui-même mais arrive en position 4 d'une Recherche Google !

Peu informatif.

Un document lunaire de l'Assurance Maladie (ICI) :


Une source belge, Louvain Médical, (LA), qui ne parle pas du tout des techniques de mesure.

Tout le monde s'en fout : on est en plein dans le vieux sketch de Fernand Raynaud : "Combien de temps l'affût du canon met-il à se refroidir ? - Un certain temps." Fermez le ban.




Revenons à l'essentiel.

1. Pour une pathologie aussi fréquente que l'HTA les recommandations pour mesurer la pression artérielle sont relativement précises mais quand même relativement floues : types de brassard, position du patient, façon de noter les mesures consécutives, interprétation des résultats.

2. L'imprécision sur la méthodologie de la mesure de la PA n'est rien quant aux valeurs (fluctuantes) épidémiologiques retenues pour les mesures de prédiction et les mesures d'intervention. Elles sont même non mémorisables si l'on ne dispose pas de prise de décision automatisée.

3. Sans oublier les études cliniques dont la taxonomie des preuves selon leur poids et, plus particulièrement, les conditions de mesure de la PA, sont éminemment critiquables tout autant que les résultats obtenus... 

4. Sans oublier le contexte des scores de risque cardiovasculaires qui sont des modélisations à partir de chiffres vagues dont on ne connaît pas la simple reproductibilité.

5. Le résultat de tout cela : de très nombreuses personnes (pas encore patientes ou patients) entrent sans doute dans la catégorie des sudiagnostics : ils sont traités pour une HTA qui n'aurait jamais fait parler d'elle avant la mort du ou de la patiente.

Bref : 

1. Une étude remet en cause la méthodologie et les conflits d'intérêts qui permettent à Antibioclic de recommander en infectiologie communautaire.

2. Rémy Boussageon, signataire de l'article, pose la question de savoir s'il vaut mieux suivre des recommandations biaisées que de ne pas les suivre du tout.

3. La question subsidiaire est celle-ci : si vous savez que les recommandations sont biaisées, les suivrez-vous quand même ?


Commentaires personnels : 

1. Pour ce qui est d'Antibioclic, il vaut mieux que cela existe plutôt que cela n'existe pas.

2. Mon expérience des médecins praticiens montre que les médecins qui connaissent l'existence de recommandations et les utilisent (le % vient de chuter prodigieusement) sont plutôt les plus à même de moins prescrire de C3G dans l'angine.

3. Les médecins qui utilisent les recommandations de façon automatique se facilitent la vie et se posent moins de questions que certains autres.

4. Les médecins qui ne savent même pas qu'antibiollic existe ont une MSP à Lascaux (dans les grottes).

5. Il existe peu de médecins qui appliquent à la lettre les recommandations quand ils les connaissent : ils profitent de leur liberté individuelle et du manque de contrôle de leurs activités. Et peut-être, soyons optimistes, de la spécificité du malade qu'ils ou elles ont dans leur cabinet. Mais il est toujours possible que le contrôle soit fait par des incompétents en méthodologie ou par les personnes qui ont écrit, commandité ou réalisé les recommandations avec des liens/conflits d'intérêts patents.

6. Tout est dans tout et réciproquement.


En conclusion, que répondez-vous aux 2 questions posées par Rémy Boussageon ?

vendredi 4 octobre 2024

Histoire de santé publique sans consultation 23 : je n'en peux plus.



Je rencontre un voisin au marché (76 ans).

Il tousse depuis plus de six mois (j'entends cela à travers les murs car c'est un voisin dans un appartement contigu). Une toux sèche, caractéristique.

On parle de choses et d'autres, du temps qu'il fait, à quel moment il faudra remettre le chauffage, la VMC qui fonctionne bien, les travaux dans le bâtiment...

Il : Ah, vous qui êtes docteur... Je suis gêné par la toux, surtout la nuit. Vous entendez ? (il vient de tousser)

Moi : Je vous ai effectivement déjà entendu tousser. Vous en avez parlé à votre médecin ?

Il : Oui, il m'a dit qu'il y avait plein de virus qui couraient en ce moment...

Moi : Mais ça fait longtemps que vous toussez ?

Il : Oui, ma femme en a assez.

Moi : Qu'est-ce que vous prenez comme médicaments ?

Il : Je ne me rappelle pas les noms. 

Moi : Juste pour savoir.




Dans l'après-midi le voisin me rappelle. "J'ai des médicaments pour la tension. Je vais vous dire les noms. - OK. - Lisinopril et telmisartan..." Je marque un blanc au téléphone.





Qu'auriez-vous fait à ma place ? Plusieurs réponses possibles.

  • Ne rien dire.
  • Lui dire qu'il arrive que les IEC fassent tousser.
  • Lui conseiller de changer de médecin.
  • Râler contre ce médecin alakhon...
  • In petto : nous sommes prêts pour la fin du monde.





Pour les non-médecins : associer un IEC et un sartan, quelle que soit la raison, ici une hypertension artérielle (d'ailleurs mal contrôlée selon les déclarations du voisin) n'a aucune justification.

Vous connaissez l'adresse d'un monastère pour faire retraite ?
Ou un Ashram ?
Une madrassa ? 



lundi 30 septembre 2024

La prise en charge de l'HTA : à votre bon coeur m'sieurs dames. Restons simples selon Florian Zores. A propos de nouvelles recommandations.



La Société Européenne d'hypertension (ESH) a publié de nouvelles recommandations concernant l'attitude à tenir vis à vis de l'HTA (107 pages, 38 pages d'annexes et 500 références). 

Encore une fois, et tant pis pour ceux qui pensent que les blogs ne servent à rien ou n'ont aucune validité scientifique, mais les deux épisodes de blog écrits par Florian Zores (FZ) concernant ces recommandations sont remarquables tant pour leur qualité intrinsèque (validité interne) que pour leur validité externe potentielle et pratique.

Il me paraît judicieux de lire des 2 épisodes avant de lire mes commentaires qui ont quand même beaucoup moins d'intérêt quand on n'est pas au courant de l'affaire. C'est ICI  et LA

Je vais essentiellement commenter l'article 2 (LA) comme le ferait la mouche du coche.


et sélectionner quelques paragraphes.

Je ne reviens donc pas sur la première partie (ICI) qui concerne le diagnostic pour lequel j'ai écrit deux billets de blog (n'oubliez pas que l'auto-citation est considérée comme une tare pour ceux qui n'écrivent jamais) à la gloire de l'utilisation du tensiomètre électronique (LA et ICI) par les médecins au cabinet et par les personnes (et bien entendu les patients) tant pour le diagnostic que pour le suivi de l'HTA.

En résumé : il paraît archaïque et inapproprié de mesurer la pression artérielle dans un cabinet de médecine générale autrement qu'avec un tensiomètre électronique validé.





Introduction : 

Il est tout à fait fascinant de constater les approximations des données permettant de recommander, c'est à dire la validité des preuves à disposition.

Il est tout à fait fascinant de comparer les recommandations, comme le fait FZ, dont les différences, mineures et parfois majeures, ont des conséquences pratiques colossales en termes de prise en charge (les seuils d'entrée dans la maladie, les scores) et de traitements. C'est à dire, surtout, qui il faut traiter.

Il est tout à fait fascinant (et inquiétant) de constater que les données dont les recommandeurs disposent, c'est à dire les études cliniques, sont à la fois très nombreuses, de qualité disparate mais plutôt de mauvaise qualité tant pour l'évaluation du pronostic (les scores cardiovasculaires sont une auberge espagnole) que pour le suivi au long cours.

Il est tout à fait inquiétant que pour une maladie ou un facteur de risque cardiovasculaire aussi communs dans le monde, une maladie ou un facteur de risque cardiovasculaire que les médecins rencontrent plusieurs fois pas jour dans leur cabinet tant pour le diagnostic que pour le suivi, pour lesquels les médecins décident ou non qu'il faut aller plus loin ou ne pas en tenir compte, une maladie ou un facteur de risque cardiovasculaire dont les conséquences peuvent être dévastatrices, que les recommandations soient si diverses et variées.

On pourrait affirmer trivialement : c'est à votre bon coeur m'sieurs dames ou, pour faire moderne, c'est l'open bar du cherry picking.

Chez les patients asymptomatiques :

Selon FZ : 

On ne sait même pas si l'ECG sert à quelque chose ! Mais imagine-t-on une consultation de cardiologie sans ECG ?

On ne sait même pas si l'échocardiographie cardiaque sert à quelque chose ! Et en fait cela ne change rien à la prise en charge.
En pratique, les MG initient le plus souvent un traitement anti-hypertenseur sans ECG de base (surtout s'ils connaissent le patient, ses antécédents et ses comorbidités déjà connues) et pratiquement toujours sans écho-cardiographie.

 

On entre dans le vif du sujet et c'est là où l'on entre dans un flou artistique impressionnant.

Jackson Pollock en train de prescrire un traitement anti hypertenseur.

C'est même vertigineux.

Je mets au défi quiconque d'y retrouver ses petits. 

Ainsi, à partir d'un mix de données floues issues de rares essais contrôlés, de nombreuses études observationnelles de qualités diverses, les essais rétrospectifs comparatifs ou non, les essais prospectifs comparatifs ou non, les cas-témoins sur dossiers électroniques ou sur appels téléphoniques et/ou mails, avec des sous-groupes taillés à la serpe (et en fonction des préjugés des rédacteurs d'essais et des intérêts de vendeurs de molécules anti-hypertensives), des études sponsorisées ou non, le décideur, le futur prescripteur, le futur non-prescripteur joue à la roulette russe avec son patient ou sa patiente, en sachant qu'on ne lui reprochera jamais d'avoir prescrit mais qu'on lui reprochera toujours de ne pas l'avoir fait.



Bref.

On apprend aussi de FZ (enfin, on le savait un peu) que la baisse des apports sodés est sans doute intéressant pour le sous-groupe des "saleurs" mais là encore les études sont couci-couça.


Je me permets de revenir sur quelques points (mes dadas).

1. Quid de la consultation d'annonce ? 

Le fait que l'HTA soit commune ne doit pas faire négliger que sa perception par le soignant et par le soigné est complexe et qu'il est toujours nécessaire d'expliquer, sans cesse expliquer, quels sont les enjeux d'une élévation pathologique de la pression artérielle car cette annonce, cette entrée dans la maladie, sont souvent une étape nouvelle dans la vie d'un citoyen ou d'une citoyenne. Une personne non-malade devient malade et, qui plus est, malade chronique.

La modification des habitudes de vie, c'est à dire les prises en charge non pharmacologiques de l'HTA, alimentation, activité physique, tabagisme, dépendance à l'alcool, et cetera est un choc majeur et, indépendamment du faible niveau d'épreuves de certaines interventions, la stigmatisation des hypertendus est un danger tout comme la délivrance de messages que le patient ne pourra suivre et qui le mettront en situation d'échec et le conduiront à tout arrêter. 

La prise d'un traitement à vie modifie la perception de son propre corps par une personne lambda et lui impose des contraintes : quand prendre les médicaments, comment faire pour ne pas les oublier, que se passe-t-il si on oublie, et cetera.

Il ne faut ni banaliser ni dramatiser : ce n'est pas facile. Il est donc nécessaire de prendre le temps, plusieurs consultations,

2. Quid de l'incertitude des mesures de la pression artérielle ?

FZ a abordé le problème. 

L'effet blouse blanche est archi connu. Je n'y reviendrai pas.

Je voulais souligner l'incohérence que l'on remarque à propos des auto-mesures répétées de la pression artérielle chez un même patient (variations intra-individuelles) en dehors d'un trouble du rythme ou d'un problème technique.

Un phénomène que je n'ai lu nulle part est celui de la PA plus élevée lors des auto-mesures qu'au cabinet : effet stress ? Ainsi que des mesures rapportées par les patients où la première mesure est la plus faible des trois mesures répétées.

Anecdotique.

Sans oublier les contraintes du holter et de l'effet stress lié au port de l'appareil (qui n'est pas une condition habituelle de vie).

3. Quid du manque d'observance ?

Un des phénomènes majeurs des traitements anti-hypertenseurs est l'oubli et la non-prise des médicaments. Pas sur une seule journée mais sur une période plus longue. 

On en revient à la consultation d'annonce et aux enjeux du traitement ainsi qu'à la non stigmatisation des citoyens entrant dans l'HTA.

Des données (ICI) indiquent qu'en 2018 12 millions de Français étaient considérés comme hypertendus et que 45 % n'étaient pas contrôlés (BEH) mais surtout d'autres données indiquent de façon très étonnante et inquiétante que sur un suivi de cohorte :

  • 51,1 % des patients (1 ou 2 anti-hypertenseurs) étaient adhérents
  • 20,5 % à au moins 3 classes !

4. Quid des effets indésirables et de la qualité de vie ?

Les effets indésirables des médicaments anti-hypertenseurs, sans parler des effets graves, sont à prendre en considération dans l'évaluation et le suivi des patients. Sous-estimés ils peuvent être, au nom d'objectifs de pression artérielle atteints et surtout non atteints, la source de chutes, de mal-être, d'anxiété et de non adhérence au traitement.

On ne peut mettre sous le tapis de légers oedèmes des membres inférieurs liés aux inhibiteurs calciques et a fortiori s'ils sont importants.

On ne peut mettre sous le tapis les phénomènes d'hypotension orthostatique ou les phénomènes d'hypotension à certains moment de la journée qui induisent une gêne, une asthénie ou un malaise.

Prendre en compte la qualité de vie des patients est donc nécessaire. Comment le faire sinon par l'interrogatoire car il n'existe pas amalgame connaissance d'échelles véritablement adaptées. Y penser.

5. Quid des caractéristiques des  populations de patients ?

Les recommandations sont interprétées, modélisées en fonction de populations qui ne sont pas, pour l'essentiel, françaises, et que les adaptations sur cette population est-elle aussi interprétée et modélisée. La marge d'erreur est gigantesque.

6. Quid des possibilités socio-professionnelles, socio-éducatives, monétaires, pour changer son mode de vie ?

L'HTA est toujours secondaire (au sens qu'elle n'est pas liée à des causes "médicales") à des comportements sociaux (fumer, boire, ne pas faire d'exercice physique,...) : comment changer la société ?




En conclusion : énormes incertitudes pour les prises en charge d'une pathologie ou d'un facteur de risque cardiovasculaire qui interviennent de façon majeure sur la morbi-mortalité en France, seuls ou associés aux autres co-morbidités liées à l'âge ou non.

Retenons les recommandations simplifiées et pratiques de FZ : 

  1. PA supérieure à 140/90 mmHg : HTA :indication thérapeutique pour tous les patients
  2. PA égale à 130-140 mmHg : indication thérapeutique pour certains patients (mais certainement pas l'ensemble des catégories proposées par les auteurs)
  3. PA inférieure à 130 mmHg : absence d'HTA.
Ce n'est quand même pas de la tarte !

On ne peut que remercier Florian Zores pour ce travail de décryptage qui laisse pantois les médecins des soins primaires qui sont confrontés tous les jours au principe d'incertitude.

PS du 14/11/2024. Une publication (LA) montre, encore une fois, les dangers de la norme, les incertitudes la concernant et les conséquences non contrôlées sur les prises en charge.




dimanche 7 janvier 2024

Bilan médical du lundi 1 janvier au dimanche 7 janvier 2024 (Avec un peu de 2023) : Janvier sec, antidépresseurs, HTA, masques, obésité infantile et ozempic, pratiques de soins non conventionnelles, HCQ, Fentanyl, Paxlovid, censure, cannabis.





1/2024. Le Janvier Sec

En vue du Janvier Sec (Dry January) qui est une belle auto promotion des addictologues en mal de lumière et qui n'ont jamais réalisé un essai clinique de leur vie, il faudrait passer dans les collèges ce magnifique documentaire concernant Shane McGowan et les Pogues. C'est inouï : ICI Cela ne peut pas donner envie de boire de l'alcool : c'estdévastateur.



On voit le niveau de preuves.



2/2024. Antidépresseurs : les Britanniques se posent des questions.

Des politiciens, des experts et des patients appellent le gouvernement britannique à agir pour inverser le taux de prescription des antidépresseurs (AD). ICI

Ils rappellent qu'en 10 ans la prescription d'AD a été multipliée par deux passant de 47,3 millions en 2011 à 85,6 millions en 2022-3, ce qui fait que 20 % de la population reçoit annuellement des AD. La moitié de ces patients sont des utilisateurs chroniques.

Pourtant la santé mentale des Britanniques ne s'est pas améliorée.

De nombreuses méta-analyses ont montré que les AD n'étaient pas plus efficaces que des placebos pour tous les patients mais seulement dans les dépressions sévères.

Ils parlent également des effets indésirables.

Ils proposent de diminuer drastiquement la prescription d'AD chez les malades dont la dépression est légère à modérée.

58 % des patients utilisant des AD pendant plus de 2 ans n'ont plus aucun symptôme de dépression, ce qui ne signifie pas qu'ils sont guéris grâce aux AD mais qu'ils auraient dû arrêter depuis longtemps.

Peter Gotzsche, activiste connu et pourfendeur des AD, répond LA et conteste même que l'utilisation des AD dans les dépressions sévères serait bénéfique. Les AD ne diminuent pas le risque de suicide ni les tentatives de suicides dans les formes sévères contrairement à la psychothérapie qui diminue le nombre de suicides et la récidive.

Vous lirez la bibliographie dans la lettre.



3/2024. La maladie est le salaire du péché selon Laurent Wauquiez.


Laurent Wauquiez est une injure à la méritocratie à la française.


4/2024. Dépister l'hypertension selon l'US Preventive Services Task Force. 

Le rituel de la prise de pression artérielle en cabinet de médecine générale est bien ancré. Et ne pas le faire pourrait entraîner de mauvaises notes sur Google. 

La conclusion de l'USPSTF, méta-analyse, bla-bla, LA, est que la mesure en cabinet manque de précision et pourrait conduire à des erreurs de diagnostic et (c'est moi qui précise)à des surdiagnostics et des surtraitements.

Tous les médecins savent qu'il ne faut pas se précipiter, savoir attendre, interroger sures conduites alimentaires, et cetera avant de prescrire un traitement à vie. 


Une campagne du Ministère de la santé sous l'ère Rousseau complètement à côté de la plaque.



5/2024. Sans masques


Nous sommes à la fin de la quatrième année du Covid et le (futur ex) ministre de la santé et la sous-ministre (future ministre par interim et par Urgo interposé), pas plus que la pharmacienne, ne portent de masques.



Sous-ministre proche du Ministère mais emberlificotée dans le pansement qui attache.


Rappel (pour les pros masques tous terrains et les anti masques tous terrains) :

  • Il n'y a pas d'études cliniques contrôlées sur des populations tout venant, pas plus d'ailleurs que dans les lieux de soin, qui montrent l'intérêt de porter un masque en général sur des critères de contamination, de nombre de cas, de cas sévères ou de de mortalité.
  • Mais il existe des études in vitro, en laboratoire, qui indiquent que le port du masque diminue les projections de virus d'individus à individus avec une gradation qui est FFP2 > masque chirurgical > masque en tissu.
  • Ainsi, il paraît licite, en suivant le principe de prévention, de porter un masque FFP2 dans des lieux clos et surtout dans les lieux de soins.



6/2024. L'obésité des enfants aux US.

Tout le monde sait que l'obésité aux US est aussi (pas seulement) un problème social : plus t'es un enfant pauvre, noir, hispanique, ou racisé en général, plus t'es gros (statistiquement).

Vinay Prasad rappelle que l'USPSTF conseille un régime adapté et de l'exercice physique.

Et note que l'Association Américaine de Pédiatrie conseille l'ozempic (dont on sait que les effets s'arrêtent à l'arrêt du traitement) pratiquement à vie (et on ne connaît pas les effets indésirables).



Eh bien, j'ai trouvé un commentaire formidable : après avoir admis que la perte de poids ne se maintenait pas après l'arrêt de l'ozempic, un médecin a écrit que cela ne le choquait pas puisque à l'arrêt des anti HTA la PA remontait.

Rude Boys- Brixton (1969) via Michael Wharburton



7/2024. Faut-il intégrer les pratiques de soins non conventionnelles au système de Santé ?

Belle initiative du journal Le Figaro qui publie ICI deux tribunes contradictoires sur le sujet.

Ce qui est tout à fait curieux, c'est que l'on en soit arrivé là.

Nous en avions parlé au moment du débat sur la pratique de l'homéopathie et sur son déremboursement, mais la tâche est tellement vaste... qu'il vaudrait mieux demander : "Faut-il continuer à intégrer des pratiques de soins non validées par les preuves dans le système de santé ?"

On rappelle que des études états-uniennes ont montré (il y a des variations) que seules 54 % des prises en charge de soin dans les grands hôpitaux US éteint validées. Voir ICI pour plus d'informations.




8/2024. Les études rétrospectives




Tous les vaccinolâtres et autres académiques qui ont la frousse qu'un de leurs mots ou qu'une de leurs déclarations puissent donner un argument aux antivaxx ont vanté cette étude (LA) qui est d'un niveau méthodologique ultra médiocre. 

Il y a même des spécialistes de la taxonomie des preuves en fonction de leur poids qui ont crié au miracle. 

N'oubliez pas que les études merdiques qui vont dans le sens de nos préjugés deviennent magiques. 





9/2024. La fameuse méta-analyse HCQ avec estimations.


On en parlera la semaine prochaine car c'est assez extraordinaire (ICI) : 
  • 199 morts estimés en France à cause de HCQ
  • 18000 morts par accident médicamenteux en 2013 (en une année).
La phrase de conclusion de l'article : "Although our estimates are limited by their imprecision, these findings illustrate the hazard of drug repurposing with low-level evidence."


10/2024 Le Fentanyl touche les enfants aux US (pas en France où nous avons les meilleurs médecins du monde).

C'est un article du journal Le Monde et il est payant : LA.

Via Anne Jouan.



11/2024. Paxlovid

Voir l'article LA.

Rappelons que Paxlovid :

  • est efficace chez les patients non vaccinés
  • n'a pas été testé chez les patients vaccinés
  • s'est montré inefficace chez les patients hospitalisés sévères





12/2024. Censure en Santé : une tentation récurrente

Ce blog est super.

Lisez-le.

L'article est LA.

Il raconte, de façon quasiment apocalyptique, comment l'INCa, l'Institut National du Cancer qui ne sait toujours pas ce qu'est un surdiagnostic en cas de dépistage des cancers, veut pénaliser, donner des amendes, emprisonner le refus de se faire traiter à partir du moment où le traitement est jugé bénéfique par les patients !

Cela n'a pas été voté !


13/2024. CANNABIS

Voici ce que les cannabisolâtres affichent.


On en discutera la semaine prochaine.

Car ce que j'ai découvert sur X est assez rigolo et inquiétant.

dimanche 4 juin 2023

Bilan médical du mardi 30 mai au dimanche 4 juin 2023 : destruction de la médecine générale, Raoult : une nouvelle affaire Mediator ?, Cochrane et benzodiazépines, HTA et hôpital, ASCO, dépistage, psychotropes, édition, anticholinestérasiques, écoles et covid


 

192. La destruction méthodique de la médecine générale.

La pratique de la médecine générale est dévoyée depuis des décennies.

L'affiche que vous voyez plus haut montre ce qu'est devenu la médecine générale dans le milieu financier  :  une vache à lait qui ne se préoccupe plus des malades mais des symptômes des citoyens.

Et il semblerait que Ramsay ne soit pas la seule firme qui partage ce point de vue : il y a des firmes de médecins hospitaliers, des firmes de médecins généralistes libéraux ou non, des firmes de médecins spécialistes d'organes libéraux ou non, des firmes de ministres, des firmes d'universitaires, des firmes de médecins réalisateurs d'examens complémentaires tant radiologiques que biologiques, des firmes pharmaceutiques, des firmes de fabricants de matériel médical, des firmes syndicales (toutes les professions précitées sont représentées), des firmes de patients et de patientes, des firmes politiques allant de l'extrême-droite à l'extrême-gauche... Et j'en passe.

Il y a bien entendu des personnes faisant partie des catégories que j'ai nommées (dont celles que j'ai ignorées) qui n'osent pas dire : "les médecins généralistes sont de la merde, la médecine générale est une spécialité destinée aux ratés du concours national, c'est une spécialité de bobologues, d'écrivains de certificats alakhon... et on s'en ballec de la disparition de ces gens..."

Il y a aussi des hypocrites qui disent "c'est le plus beau métier du monde, le plus difficile, moi, en tant que cardiologue, neurologue, pneumologue, et j'en passe, je serais incapable de le faire, le pivot, bla-bla, mais il faut avoir la vocation et plus personne n'a la vocation d'être un médecin dévoué, disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre... et... la féminisation de la profession..."

Et au même moment où la médecine générale est décriée, certains tentent de s'emparer de ses dépouilles...

Quant à responsabilité des médecins généralistes eux-mêmes, je n'en parle plus, on ne tire pas sur des ambulances...

16 avril 2018 :


 ICI

193. Espérons que l'enterrement de Raoult ne sera pas Mediator-like.

On rappelle que le procès Mediator est toujours en cours, que Jacques Servier est mort, que nombre des protagonistes de l'affaire sont soit morts, soit gâteux, et que les victimes sont mortes, souffrent, vont souffrir et vont mourir...

Ira-t-on jusqu'au bout ?

Ira-t-on jusqu'au bout de la dénonciation des pratiques mafieuses du milieu académique marseillais en abordant les pratiques mafieuses du milieu académique français ?

A mon avis : non. 


Qui pouvait ne pas être au courant ?

Qui a fermé les yeux ?

Et pourquoi ?

Et pendant ce temps, à la Société de Pathologie Infectieuse de Lange Française : 




194. Une revue Cochrane critiquée par Peter Gøtzsche (une de plus)

Une revue Cochrane avait conclu que les benzodiazépines, comparées à l'haloperidol, "ne marchaient pas" dans les accès psychotiques aigus.


Après une longue bataille, en voir les modalités : LA, voici la réponse des auteurs : 


Mais le mal était fait et l'abstract dans PubMed n'a toujours pas été modifié.

Les benzodiazépines "marchent" autant que l'haloperidol dans les accès psychotiques aigus.



Et voici le commentaire de Rosa Rosam : 





195. Traiter l'HTA de façon intensive des personnes âgées en milieu hospitalier n'est pas pertinent.

C'est une étude rétrospective menée aux US chez les Veterans (66 140 patients).

L'étude parue dans le JAMA est LA.

On y apprend que les effets indésirables sont majeurs et que cela n'apporte rien sur le devenir des patients.


196. L'ASCO : le marketing mondial du lobby cancéro-industriel.

C'est la grand-messe de la cancérologie à Chicago ou le festival de la promotion des études non encore publiées, d'abstracts, de communications et de posters.

Les porteurs d'eau de la cancérologie sont sur le pied de guerre pour faire du hype et pour annoncer des avancées majeures, des changements de paradigmes et autres nouvelles ères.

Un abstract provocateur vient de paraître (ICI), il raconte les rapports entre l'argent perçu par les cancérologues et  leur utilisation de pratiques cancérologiques non recommandées et/ou de peu de valeur.

Rappelons-nous l'affaire Mediator et le scandale Raoult.

  • Les auteurs de cet article sont des cancérologues exerçant aux États-Unis d'Amérique.
  • L'article a été sponsorisé par le National Institute of Health (LA) dépendant du gouvernement états-unien
  • Etonnant, non ?
En conclusion, vous lirez : il existe un rapport entre les paiements de l'industrie et l'utilisation de pratiques cancérologiques non recommandées et/ou de faible valeur.

Vous ne savez pas ce qu'est le hype ? Voici :



197. La cascade du dépistage.




198. Les patients sont des khons : épisode Trouze mille.


Les commentaires montrent que si les patient.e.s grossissent sous psychotropes c'est parcequ'iels n'ont pas compris le bon mode d'action qui fait grossir mais ne fait pas vraiment grossir.


199. Les éditeurs d'articles scientifiques sont des esclavagistes.

Voir l'article : LA.

Et le commentaire de Gøtzsche : 


200. Polémique (à suivre pour les commentaires) : les anticholinestérasiques "marcheraient-ils"  dans les démences ?

Je suis désolé : je ne peux me prononcer. Je n'ai pas assez d'informations.

Voir l'article LA qui date de septembre 2022.


L'utilisation d'anticholinestérasiques diminuerait la mortalité globale.

PS  : voir le commentaire de docteur Agibus qui, lui, avait assez d'informations pour être critique de cet essai. Donc, la méta-analyse est de mauvaise qualité... J'en profite pour recommander encore la revue hebdomadaire Agibus/Pétronille : LA

201. Le rôle des écoles dans la transmission du covid.

Je n'ai pas encore assez d'éléments, non seulement pour conclure car l'expérience néo-zélandaise est un peu particulière et parce qu'il semble normal et intuitif de penser que le brassage des enfants est susceptible d'augmenter la transmission du virus. 

Je n'ai pas d'éléments pour conclure qu'une intervention dans les écoles aurait pu améliorer la situation en France.

Quelles étaient les interventions possibles ?

  • Fermeture des écoles.
  • Distanciation sociale.
  • Port d'un masque FFP2 en maternelle, primaire, collège, lycée, université.
  • Systèmes d'épuration de l'air.
  • Vaccination de tous les enfants depuis l'entrée en maternelle jusqu'à l'université.
  • Vaccination de tous les enseignants et de tous les personnels de l'Education nationale.
  • Nombre de doses de vaccins.
Je vous propose de lire un article de Stephane Korsia-Meffre décrivant non pas une étude néo-zélandaise mais un éditorial.

C'est ICI : il n'y va pas par Quatre Chemins pour asséner :



Si vous préférez lire l'éditorial original, c'est LA.



La situation en Nouvelle-Zélande était très particulière. Nous y reviendrons.


Regardons les derniers chiffres états-uniens : 


Quant aux chiffres français, ils datent. Pas de chiffres à ma connaissance depuis le 13 janvier 2022 !

LA


Les questions que nous nous posons :

  • Pouvait-on faire mieux ?
  • De combien était-il possible de faire mieux ?
  • Etait-il possible de vacciner tous les usagers de l'Education nationale ? Et combien de fois ?
  • Etait-il possible de vacciner tous les personnels de l'Education nationale ? Et combien de fois ?
  • A-t-on des études ?
  • Pourquoi n'a-t-on pas fait d'études contrôlées de clusters ?

A suivre.

(Je n'ai pu malheureusement pas traiter de très nombreux sujets de la semaine, non par manque de temps mai pour ne pas faire trop long.)