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lundi 2 janvier 2023

Bonne année 2023

2023

Bonne année à tous en forme d'autocritique sur le manque de débats socratiques ou, pour faire moins pédant, le manque de débat intellectuel sur les réseaux sociaux et comment il m'arrive, plus souvent qu'à mon tour, de ne pas en respecter les règles.


Keith Richards (1943) : la honte de la santé publique


Je voudrais rappeler ces quelques phrases (que j'adapte) d'André Perrin (1) afin que chaque fois que je m'égare en dehors de ces chemins chacun puisse me les rappeler : 

  • Il ne faut pas disqualifier un interlocuteur par les intentions qu'on lui attribue
  • Il ne faut pas disqualifier ses thèses par les effets qu'on lui impute
  • (en amont par le mal qui les a produites
    • - le procès d'intention -
  • en aval par le mal qu'elles vont produire
    • - la réfutation par les conséquences)
  • Il ne faut pas disqualifier des mots et des concepts qu'il utilise
  • Il ne faut pas vouloir le combattre sans le lire ou du moins avant même de l'avoir lu
  • Il faut accepter le principe de charité

Il me paraît également raisonnable de se rappeler, de me rappeler, et je cite ici Jean-Claude Michéa (2), "l'idée si chère à Orwell selon laquelle la capacité de résister au charme vénéneux de l'Idéologie dépend beaucoup moins, en fin de compte, de compétences savantes ou intellectuelles que d'un véritable effort moral, pourtant à la portée de tous."

Georges Orwell (1903 - 1950)



Terminons enfin par cette citation de Simon Leys qui a toujours fait mon miel (et dans la période covidienne elle aurait pu être un leitmotiv inlassablement répété à chaque apparition de certains grands pontes et sous-fifres de la médecine française et internationale).

Il est sans doute excessif de prétendre que, à la faveur de certaines de nos procédures actuelles, on pourrait délivrer un doctorat à un âne mort, mais je crois qu'un âne vivant pourrait le décrocher.




(1) Perrin A. 2016, Scènes de la vie intellectuelle. L'intimidation contre le débat. Paris, L'artilleur, 2016, p. 23-24
(2) Michéa JC. Préface à Perrin. 2016, Scènes de la vie intellectuelle. L'intimidation contre le débat. Paris, L'artilleur, 2016, p. 16







En PS : un beau résumé sur le Covid de puis fin 2019 : LA 


samedi 1 janvier 2011

BONNE ANNEE 2011 A TOUS



Sous le regard de Milan Kundera (et de sa femme Vera en 1973 à Prague) et de Philip Roth (plus récemment photographié) qui m'accompagnent depuis tant d'années et qui m'aident à réenchanter le monde je voulais nous souhaiter, à nous tous qui fréquentons les cabinets de médecine générale, une excellente année 2011.
(La photographie de Kundera et Roth ensemble et jeunes, tellement nostalgique, n'est pas reproductible en raison de droits. Je vous invite à aller la regarder ici).
Continuons de faire notre travail à notre rythme et ne désespérons pas de l'avenir.
Continuons au jour le jour de modifier nos comportements ou de fortifier nos pratiques en tentant de nous informer et de nous former.
Ne tentons pas, chacun de notre côté, de rendre le monde meilleur. Si la société n'a plus besoin de nous, il n'est pas besoin de résister, nous disparaîtrons : quand une révolution est en marche il vaut mieux être sur le bulldozer plutôt que dessous.
Je viens d'un monde où il fallait trois ans pour obtenir une ligne téléphonique, où la télévision était rare dans les foyers, où l'on se servait de carbones, où les machines à écrire s'appelaient Remington, où ce que je mangeais était fabriqué non loin de chez moi, où les réfrigérateurs s'appelaient Frigidaire, où l'on allait à Orly acheter des billets d'avion... Donc, il est très possible que les médecins généralistes soient remplaçables ou remplacés... Si c'est une tendance sociétale, qu'y pouvons-nous ?
Nous continuerons donc, ici, de rapporter ce qui pourrait améliorer notre pratique afin que nous puissions vivre de notre activité, quand je dis vivre, ce n'est pas seulement vivre décemment de façon sonnante et trébuchante, c'est vivre sans nous épuiser à la tâche et sans nous désespérer mentalement. La satisfaction professionnelle est différente de la satisfaction pécuniaire mais il n'est pas besoin de se comparer pour se rendre heureux ou malheureux.
Je voudrais terminer par des citations, ce que je déteste le plus, des citations, donc, pour dire pourquoi j'écris ce blog, sinon la gloriole :
  1. Une citation de Marcel (Proust) : " L'inconnu de la vie des êtres est comme celui de la nature que chaque découverte scientifique ne fait que reculer mais n'annule pas." La Prisonnière in La Recherche du temps perdu, La Pléiade, 1954.
  2. Une autre de Robert (Musil) : "Il s'est constitué un monde de qualités sans homme, d'expériences vécues sans personne pour les vivre ; on en viendrait presque à penser que l'homme, dans le cas idéal, finira par ne plus pouvoir disposer d'une expérience privée et que le doux fardeau de la responsabilité personnelle se dissoudra dans l'algèbre des situations possibles." L'homme sans qualités. (traduction de Philippe Jaccottet - 1956)
  3. Et encore une de Marcel (Proust) : "Ce que nous n'avons pas eu à déchiffrer, à éclaircir par notre effort personnel, ce qui était clair avant nous, n'est pas à nous. Ne vient de nous-même que ce que nous tirons de l'obscurité qui est en nous et que ne connaissent pas les autres." ibid.
  4. Enfin, pour terminer cet étalage égoïste qui montre la "grande" culture du blogger, une citation de Milan (Kundera) : " Les biographes ne connaissent pas la vie sexuelle de leur propre épouse mais ils croient connaître celle de Stendhal ou de Faulkner." Les Testaments trahis.
BONNE ANNEE 2011


vendredi 1 janvier 2010

MEILLEURS VOEUX 2010 !

Le début de l'année est souvent l'occasion de faire un bilan de ce qui s'est passé l'année précédente et de prendre de bonnes résolutions pour l'avenir.




Ceux qui ont été de mauvais élèves savent que les bonnes résolutions, à moins qu'elles ne se fondent sur des bases théoriques et pratiques solides, finissent rapidement par se dissoudre dans le train train des (mauvaises) habitudes et de la mauvaise image que l'on peut avoir de soi-même (par l'intermédiaire des mauvaises appréciations lues sur les carnets de notes).




Mais il arrive aussi aux bons élèves de prendre de bonnes résolutions ou, simplement, de maintenir le cap en tenant compte des données de l'année précédente.




La médecine générale est au centre de nos préoccupations. Elle est à la fois une pratique et, osons-le dire, une vision du monde. Le problème vient de ce que les 60 000 médecins généralistes sont autant de points de vue tous aussi pertinents les uns que les autres.




Ce blog était à l'origine destiné aux médecins mais je me suis rendu compte très rapidement, et pas seulement en traitant de cas cliniques, que mon écriture était influencée par le regard des patients / malades. Il n'était pas possible d'écrire n'importe quoi. Ni vis à vis de l'ensemble de spatients ni vis à vis de ma propre patientèle.




L'année 2009 a, me semble-t-il, été profondément marquée par la déclaration de pandémie de grippe A/H1N1v par l'OMS. On m'a d'ailleurs fait le reproche de ne plus m'intéresser qu'à cela et de ne plus publier sur la majorité des pathologies rencontrées au cabinet, même en période de pandémie.




Mais la gestion de cette crise au niveau mondial par l'OMS, comme dans chacun des pays touchés et dans notre belle France est quand même une bonne façon de s'interroger sur la médecine générale, son fonctionnement institutionnel, son image, les relations qu'elle entretient avec la société en général et, plus particulièrement, avec les institutions et les patients / malades.




Restons en France.




Les Autorités françaises ont pris la mesure de la gravité que pourrait constituer une gestion calamiteuse de la pandémie. L'ombre de la canicule planait derrière nos dirigeants politiques et médicaux qui, entre parenthèses, ne s'en sont pas si mal sortis que cela en post critique (aucune tête n'a roulé symboliquement dans le panier d'osier).




Il fallait que les Autorités en fassent beaucoup, qu'elles s'agitent, qu'elles mobilisent le ban et l'arrière-ban des ressources sanitaires, sociétales, sociales, politiques et administratives (vous remettrez tout dans l'ordre) et, surtout, qu'elles dramatisent.




Pour la dramatisation, nous avons été servis : Madame Bachelot filmée dans les services de réanimation pédiatrique, Madame Bachelot montrant des poumons "blancs"... et ad libitum. J'allais dire : Ad nauseam !




Mais revenons à nos bons voeux en passant par la médecine générale.


  1. Le trio funeste Bachelot / Houssin / Weber a tout organisé en ignorant la médecine générale. Avec l'aide des experts virologues, qui sont en général dans le peloton de queue des compétences en infectiologie et qui, dans l'immense majorité des cas ne sont pas des cliniciens (ils ont d'ailleurs profité de l'aubaine pour tenter de prendre leur revanche sur les plateaux de télévision en élargissant spontanément le champ de leur incompétence) et des pneumologues "amis" a organisé le drame à coup de conférences de presse, de décisions administratives prises en direct en dehors de toute légalité (nombre d'injections des vaccins, indications des antiviraux, définition des personnes à risques différentes pour a vaccination et la prescription des antiviraux, préparations extemporanées des doses nourrissons, générication forcée, avis modificateurs sur l'AMM, des dits antiviraux, modifications des conditions de recueil des effets indésirables par la pharmacovigilance, et cetera) et en se servant des médecins généralistes trop fiers de faire partie des initiés et de pouvoir fouler les allées du pouvoir comme ceux participant aux différents Comités ad hoc et / ou appartenant aux réseaux GROGS financés par le Ministère...


  2. Le trio funeste et aveugle BHW, qui n'avait jamais entendu parler de logistique sanitaire, qui n'avait aucune idée de ce qu'était un engagement industriel, a fait concocter par des Enarques sans expérience sur les problèmes de Santé Publique, une stratégie où l'Etat était pieds et poings liés à Big Pharma Section Vaccin, la branche la plus nulle de la pharmacie en termes de clinique, d'essais d'efficacité, de suivi de tolérance et d'esprit critique de la profession (il suffit d'interroger le reste de Big Pharma pour s'en rendre compte). Comme il fallait faire vite le trio naïf BHW n'a pas réfléchi à la consanguinité conflictuelle entre les experts, parfois autoproclamés ou désignés par Big Pharma, et l'industrie des vaccins. Nous ne disposions pas, contrairement à ce que pensait et pense Madame Bachelot, des meilleurs épidémiologistes mondiaux (elle a trouvé où ce bobard ?), mais nous avions, dans les ONG, les meilleurs logisticiens de la planète : elle les a ignorés pour faire confiance à des Enarques sans expérience et sans savoir faire.


  3. J'ai écrit il y a longtemps, c'était en 1980, "Les médecins généralistes existent mais la médecine générale n'existe pas en tant que spécialité." Je crains qu'en France nous n'en soyons restés à ce constat terrible ! A moins que nous n'ayons encore régressé : les médecins généralistes n'existent même plus dans l'esprit des décideurs. Certains peuvent se bercer d'illusions en pendant que quelques avancées ont été faites dans le domaine des publications ; elle sont, ces publications, d'une minceur extrême. Et nul doute que les spécialistes universitaires qui ne publient jamais mais qui ont la chance de s'adosser sur des publications internationales très variées dans chacune de leur spécialité, y ont pensé en excluant les médecins généralistes du plan grippe. Tout a été jeté par dessus bord : la notion de médecin traitant, la connaissance des malades, l'identification des personnes à risque, l'effet rassurant des médecins traitants sur leur patientèle. Au profit d'une organisation para militaire organisée par le Ministère de l'Intérieur sous l'égide scientifique de madame Bachelot et son think tank conflictuel et sans la pondération d'une Agence Indépentante, l'InVS, dirigée par une généraliste n'ayant jamais exercé et n'ayant aucun titre universitaire en Santé Publique. Je vous renvoie à tout ce que j'ai écrit cette année sur le sujet (trop à mon goût).

  4. Et pendant ce temps, pendant que les médecins généralistes se faisaient écraser par le mépris et la morgue des Autorités, pendant que la soviétisation de la santé (dont on connaît les effets bénéfiques sous d'autres cieux) se mettait en place sous la houlette des libéraux sarkozyens (les extrêmes se rejoignent, disait ma grand mère), il y avait des médecins généralistes qui se portaient volontaires pour vacciner, il y avait des médecins généralistes qui ne résistaient pas aux réquisitions, il y avait des médecins généralistes qui adhéraient sans partage à la politique vaccinale en respectant le principe d'autorité ! Tous ces médecins généralistes dont la culture scientifique se résume à la lecture des annonces de locations de vacances dans le Quotidien du Médecin ou au discours décolleté de la visite médicale, sans compter ceux qui, persuadés d'avance, faisaient confiance à des revues, dont La Revue Prescrire, qui n'a, dans le passé, jamais émis le moindre doute sur l'efficacité de la vaccination contre la grippe saisonnière, qui n'émettaient que peu de doutes à lalecture des AMM curieusement simplifiées et manquant de données que les Agences leur fournissaient, n'ont pas manqué d'avoir une attitude ambiguë.
  5. Ambiguë car certains médecins généralistes, écrasés par le talon de Madame Bachelot, arrivaient encore à dire que les médecins généralistes qui se posaient des questions sur l'évaluation des nouveaux vaccins étaient, choisissez, vous avez le droit de cocher plusieurs fois, des témoins de jehovah, des millénaristes, des négateurs du progrès, des partisans de la théorie du complot, des obscurantistes, des négationnistes et autres joyeusetés agréables à entendre. Mais ces médecins généralistes qui, sur certains forums, se proclamaient des résistants contre les idées dangereuses des anti vaccins (que nous ne sommes pas), n'avaient rien lu, rien entendu, ne savaient rien ou, même, se tenaient pour informés en lisant des sites anti canulars du web (sic) comme le dangereux Hoaxbuster pour lequel vous avez le lien et dont les arguments pro vaccinaux béats sont défendus soit par des médecins qui ne publient pas leurs conflits d'intérêts, soit par des personnes qui se vantent d'avoir comme formation scientifique, celle d'ARC (attaché de recherche clinique) travaillant pour Big Pharma...
  6. Ambiguë car nombre de médecins généralistes s'opposaient à la politique administrative de Madame Bachelot mais pas à ses fondements : vacciner tout le monde. Confondant l'efficacité des vaccins contre la poliomyélite et le tétanos à celles contre des virus mutants... Ou prétendant, relayant en cela Wikipedia, que c'était la vaccination contre la tuberculose (notoirement inefficace) qui avait fait baisser la mortalité de la tuberculose (et non la streptomycine).
Où sont les médecins généralistes ?
Nulle part.
Quand paraît la recommandation de la DGS sur la prescription systématique de Tamiflu chez les porteurs de syndrome viraux probablement grippaux, que font les généralistes ? Ils se cachent. Ils ont peur de leur ombre. Ils ont peur des conséquences qu'une non prescription d'un produit non éprouvé pourrait leur faire courir sur le plan légal ! La médecine : rien à foutre ? L'intérêt de leurs patients : rien à foutre ! Ils se protègent !
Il y a certes des réactions isolées comme celle du Collège National des Généralistes Enseignants ou celle de la Société Française de Médecine Générale dont j'ai parlé ici.
Il y a eu certes des pétitions émanant soit du Formindep (et l'on sait combien je suis critique à l'égard de cette association qui est pourtant indispensable à la manifestation de la vérité des conflits d'intérêts), pétition que j'ai pourtant signée et qui, ce jour, n'a été signée que par 950 personnes ! Succès considérable ! ; soit d'un syndicat, l'Union Généraliste, et qui a été signée ce jour par 4004 médecins !
Mais les autres, que font-ils ?


J'ai très peur que nous ne nous soyions éloignés du propos initial : les bonnes intentions pour 2010.

Les miennes, les voici : lire, écouter, réfléchir.

J'en profite pour vous donner en vrac les liens de blogs que j'aime bien mais que je n'approuve pas forcément. A force de ne lire que ce que nous pensons nous finirons par ne plus penser du tout.

Liens :
Le site de Christian Lehmann qui est parfois plus politique et syndical que médical mais qui nous plaît par son style inimitable et, parfois, très narcissique.
Le site de Marc Girard qui est parfois très décalé par rapport à l'opinion dominante au risque de choquer, de heurter et de déplaire et dont le ton, heurté, est parfois difficile à suivre mais comment ferait-on sans cette vigie et ce donneur de leçons ?
Le site de Dominique Dupagne dont je retiens essentiellement les articles (le côté forum et discussion avec des patients me rasant fortement) au style ampoulé, humoristique, et manquant souvent de concision, et qui, parfois, rate son but, par excès de complexité.
Le site de Martin Winckler que j'aime bien pour son côté obsessionnel (les femmes) et pour ses ouvertures extramédicales très pertinentes (les séries télévisées).
Le blog de Michel Arnould qui est parfois intéressant mais qui me semble trop marqué par son appartenance associative et qui, parfois, publie trop vite. Indispensable pour la réflexion du praticien.

J'arrête là pour ne parler que des blogs que je consulte régulièrement.

Meilleurs voeux à tous !