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samedi 16 juillet 2011

L'alcoolisme : est-ce oui ou non une maladie ?


J'aime bien poser des questions auxquelles je ne sais pas répondre (voir les effets du tabagisme passif : ICI). Questions dont certains sont persuadés du bien fondé de leur réponse. Et qui, en fonction de ce que vous répondrez, oui ou non, vous considèreront de façon définitive comme in ou out.
Je dois dire que la prise en charge des sur consommateurs d'alcool, je ne sais pas bien comment il faut les appeler, est une question relativement simple dans ma pratique : soit je suis un supplétif pour un patient / malade (citoyen ?) qui a déjà pris sa décision, c'est à dire arrêter ou ne pas arriver à s'arrêter, soit je suis un relai pour permettre au patient / malade (citoyen ?) d'aller consulter un ou une alcoologue distingué (e) qui, au gré des modes et des nouvelles parutions va entamer une pychothérapie non analytique ou analytique, une chimiothérapie légère ou lourde, et cetera.
Je ne me posais aucune question existentielle, qui est malade, qui ne l'est pas, et je lis un article publié sur le site Atoute, L'alcool, ce n'est pas un problème : LA. Et je dois avouer, à ma grande confusion, que je n'ai rien compris à ce texte. Je me suis gratté le caillou plusieurs fois et j'ai eu l'impression de lire un texte ésotérique, écrit pour quelques happy few (les alcooliques et les aidants d'alcooliques), ou pour des hyper spécialistes, ou pour des patients / malades (citoyens) qui avaient besoin qu'on leur dise que tout est dans tout et réciproquement. Ainsi, à la fin de cette lecture puis de cette relecture, j'avais plusieurs options : a) je suis un crétin fini ; b) les enjeux de ce problème me dépassent ; c) je ne suis pas devenu plus opérationnel ; d) dans les dîners en ville (où je vais peu) il faut affirmer de façon péremptoire : L'alcoolisme est une maladie ; et on finit par trouver des arguments ; e) voilà un sujet qui me dépasse...
M'intéressant récemment au blog de Claude Béraud pour des raisons que vous pouvez lire ICI, je "tombe" sur un article qui s'appelle : L'alcoolisme n'est pas une maladie et que vous pouvez lire LA.
Je n'avais pratiquement rien compris à l'article d'Atoute et je suis plutôt en phase avec ce qu'écrit Claude Béraud, beaucoup plus consensuel.
Mais, arrivé à ce stade de raisonnement (?), je me dis que je suis incapable de trancher : il y a un article obscur et un article limpide, qui dit la vérité ?
Parlons alors de préjugés :
1) commençons par Atoute : je remercie le site de m'avoir informé d'une question que j'ignorais et de m'avoir fait douter ; et de me permettre de ne pas conclure ; si un forum d'alcoolique parle de cela, il doit bien y avoir une raison ; ce doit être un point fondamental pour la prise en charge des dits alcoolique, qui, il faut l'avouer, sont de désespérants consultants en clientèle de médecine générale. J'ai donc plutôt une impression favorable. MAIS ! Mais je sais que Dominique Dupagne, l'administrateur, est, dans une autre addiction que je connais mieux, favorable, je dirais même inconditionnellement favorable, aux thèses de Robert Molimard sur le tabagisme, thèse qui m'ont toujours paru touffues et fumeuses (voir ICI) ; donc, c'est simple : Dominique Dupagne publie un article non signé par lui émanant d'un Forum Alcool qui est hébergé par son site, il doit (mais rien n'est moins sûr) y être favorable même si aucune réserve n'a été émise par lui, et cet article ne me "parle" pas même si je pense qu'il doit bien y avoir une raison pour qu'il ait éventuellement raison ; ensuite : Dominique Dupagne promeut dur comme fer les théories molimardiennes auxquelles je ne crois pas ; cela signifie-t-il que, pensant qu'il a tort pour le tabac, je doive penser qu'il a forcément tort pour l'alcool ?
2) continuons par Béraud : son article sur l'alcool m'a paru équilibré et m'a séduit ; pourtant, sur un autre sujet, celui des dépenses de Santé, il ne m'a pas convaincu et il est, selon moi, passé à côté de l'essentiel ; donc, le préjugé défavorable que j'avais sur Claude Béraud va-t-il me faire douter de son article sur l'alcool, tout en sachant que je connais mieux les dépenses de santé que l'alcool ?
A l'aide !

(Le jugement de Salomon - Raphaël : 1518)

jeudi 14 juillet 2011

Tabagisme passif : qui dit et comment savoir la vérité ?



Les risques du tabagisme passif semblaient pour moi une donnée évidente dans les années 90, évidente car je ne m'étais pas interrogé sur le sujet.
Influencé probablement par l'évidence du fait, le bon sens, je ne m'étais même pas posé de questions.
Jusqu'à ce que je lise sur le site du Formindep des articles du grand professeur Robert Molimard, repenti connu de Big Pharma, et chantre désormais de la transparence absolue pour ce qui est de la fumée.
J'avais eu le malheur de ne pas être d'accord, non avec ses critiques concernant le rapport européen sur le tabagisme passif (ICI), mais sur ses vieillottes théories concernant le paléo cerveau et la dépression chez le tabagique (que j'avais retrouvées sur internet). Il avait nié (voir les commentaires et les réponses aux commentaires et les preuves qu'il mentait), m'avait traité de suppôt de Big Pharma (et sûrement de Pfizer avec qui le grand professeur a un problème que je ne cherche pas à identifier) et vous ne serez pas surpris que les fidèles de l'alter tabacologie (j'imagine une allusion marquée à l'alter modialisme) soient venus à son secours.
Quant à ses ex liens et / ou conflits d'intérêts, ils ont été effacés d'un coup d'éponge magique par Philippe Foucras que l'on a connu plus virulent à propos d'autres experts.
Où en étais-je ?
Robert Molimard, en substance, prétend que le tabagisme passif n'a pas d'effets sur la mortalité.
Il est vrai qu'en 32 ans d'exercice de la médecine générale libérale je n'ai pas connuu de cancer du poumon chez une femme non fumeuse dont le mari fumait. Mais il ne s'agit pas de statistiques, il s'agit de mon expérience interne.
Cela dit, et pour faire un peu de provocation, fumer dans un appartement où s'ébattent de jeunes enfants, a fortiori s'ils ont des troubles respiratoires, peut être assimilé à mon avis à de la maltraitance.
Ensuite : Catherine Hill. Nous l'aimons bien quand elle nous fait des exposés brillantissimes sur le cancer de la prostate et de l'inutilité de son dépistage (j'ai trouvé cette conférence grâce au site Voix Médicales, une annexe du Formindep : vous cliquez LA et vous cliquez ensuite sur Conférenciers et Catherine Hill). Et voilà, à la suite d'autres articles qu'elle a déjà publiés sur le sujet et qui lui ont valu les foudres du professeur Molimard, que Catherine Hill publie dans le BEH un article (Les effets sur la santé du tabagisme passif : LA en regardant l'article à la page 233) qui rend le tabagisme passif coupable.

Donc, j'aimerais qu'un débat contradictoire pût réunir Catherine Hill et Robert Molimard.
Est-ce possible ?
Sur le site du Formindep ?

Petites réflexions en passant :
  1. L'expertise n'est pas une donnée éternelle : elle doit être soumise à la méritocratie des publications.
  2. Il s'agit d'un exemple patent de conflit d'intérêt interne car il eût été du devoir d'information du Formindep, ouvrant largement ses colonnes à la seule voix du professeur Molimard, de les ouvrir également à Catherine Hill professant (c'est le mot) un avis différent.

Personnellement, je ne sais pas qui a raison.

(Photographies : à gauche : Catherine Hill ; à droite : Robert Molimard)

lundi 24 mai 2010

UN PATIENT HYPERTENDU - HISTOIRES DE CONSULTATION : VINGT-QUATRIEME EPISODE


Monsieur A est hypertendu et il quarante-sept ans.
CONSULTATION COURTE.
C'est un malade facile : sa pression artérielle est équilibrée avec un seul anti hypertenseur, son taux de mauvais cholestérol est dans les normes, sa fonction rénale est OK, son échographie cardiaque est dans le même métal, l'ophtalmologiste n'a rien à dire...
Mais il a deux défauts.
Il est fumeur (vingt cigarettes par jour depuis trente ans) et il est buveur.
Pour le tabac et malgré tout ce que je lui ai dit, tous les conseils que je lui ai donnés, tous les efforts qu'il a faits, depuis vingt ans, il fume toujours.
Pour la boisson le déni est flagrant. Le paradoxe vient aussi de ce que sa vie sociale est très perturbée et que sa fonction hépatique est préservée. Quand je dis que sa vie sociale est perturbée, c'est un euphémisme : il ne travaille plus et il a divorcé.
Donc, je lui prends sa pression artérielle, j'écoute son coeur, je lis les examens que j'ai demandés et je ne change pas son traitement. Il va sortir du cabinet avec son unique anti hypertenseur, des bons conseils et une impasse : il continuera de fumer et de boire.
CONSULTATION LONGUE.
C'est un malade facile : sa pression artérielle est équilibrée avec un seul anti hypertenseur, son taux de mauvais cholestérol est dans les normes, sa fonction rénale est OK, son échographie cardiaque est dans le même métal, l'ophtalmologiste n'a rien à dire...
Mais il a deux défauts.
Je pourrais dire : un défaut mineur et un défaut majeur.
Un défaut mineur d'un point de vue personnel : il fume vingt cigarettes par jour et depuis des lustres ; mais un défaut majeur pour les cardiologues, les athérologues, les lipidologues, les pneumologues, et autres médecins qui, après avoir été laxistes depuis et pendant des années, sont devenus des tabacophobes convaincus et autoritaires. Je suis un peu embêté. Embêté car j'ai beaucoup changé d'avis sur le tabac. Comme beaucoup. Comme tout le monde ? Et, pour le coup, je suis gêné aux entournures. S'agit-il d'un défaut mineur ou d'un défaut majeur ? Reprenons par le début : j'ai fumé, je n'ai pas été gêné par cette addiction, je n'ai pas été gêné par la fumée des autres, puis j'ai décidé d'arrêter (parce que j'en avais assez de fumer le matin et de voir mes dents noircir) et je suis devenu plus intransigeant à l'égard de mes patients, la fumée a commencé à me déranger dans les cafés et les restaurants puis l'odeur même du tabac froid m'a rendu casse-pied. Indépendamment des risques liés au tabagisme, ce tabagisme ne gêne personne car le patient est désormais célibataire et, à moins qu'il mette le feu à sa literie, il ne gêne que sa propre personne.
Un défaut majeur car il boit. Et il se met en danger, il met en danger la vie des autres parce qu'il conduit, souvent avec un coup dans le nez, parce que cela l'empêche de vraiment chercher du travail, parce que cela l'empêche de se réintégrer. Mécanicien, il travaille au noir sur les parkings, il répare des voitures, il répare des épaves, il change, il échange et il survit. Il a déjà vu les spécialistes de l'addiction alcoolique mais cela n'a jamais rien donné de façon durable. Son problème est profond : familial (son père buvait sec du côté de Valenciennes), familial encore car son ex femme refuse qu'il voit ses enfants qu'il vient chercher en voiture, elle dit avoir peur et elle n'a pas tort et personnel : il se dégoute et il sait qu'il dégoute les autres. Nous avons, tous les deux, essayé beaucoup de choses mais rien n'a vraiment marché. Il a eu quelques périodes de sobriété mais cela n'a jamais duré très longtemps. Il se demande, il me demande, pourquoi il le ferait, pour qui il pourrait le faire... Nous avons discuté cent fois et aujourd'hui il s'agit de la cent unième fois !
En fin de consultation il me répète sa phrase favorite : "Et tout ça à cause de Sarkozy !"
Une explication ?
Monsieur A est mécanicien à l'origine. Puis il a fait du dépannage auto pour le compte de son patron. Puis, voyant combien cela "marchait", il a décidé d'emprunter (beaucoup) pour acheter une dépanneuse. Cela a correspondu à la mise en place des mesures contre la vitesse et notamment des radars automatiques lorsque Nicolas Sarkozy était ministre de l'intérieur et, brutalement, le nombre d'accidents dans le département, et sur l'A 13 et sur les routes adjacentes, a fortement diminué. D'où la faillite que le patient a prise pour une conséquence de l'implantation des radars et du retrait des points.
Voilà pourquoi votre fille est muette.

mardi 19 mai 2009

EST-CE QUE LUTTER CONTRE LE TABAGISME EST REACTIONNAIRE ?

Combien de fois ne nous sommes-nous pas sentis impuissants, nous, médecins généralistes, quand nous étions confrontés à l'enthousiasme d'un patient qui désirait arrêter de fumer et qui pensait qu'une simple pilule ferait l'affaire ?

Il existe un tel écart entre les résultats obtenus dans les essais contrôlés et les commentaires dithyrambiques de la presse grand public sur les résultats obtenus par les nouvelles molécules miracle que les médecins généralistes ne peuvent que ressentir un malaise et un futur sentiment d'incompétence quand l'échec arrivera.

Car les médecins généralistes informés et avisés savent qu'à un an seuls un ou deux patients sur les dix qu'ils auront pris en charge auront arrêté de fumer.

Quant à ceux qu'ils auront envoyés dans un centre anti tabac pour consulter un spécialiste, un tabacologue distingué, ils ne bénéficieront pas de meilleures statistiques.

Qu'est-ce qui se passe ?

Le tabac est d'abord une drogue dure.

Ensuite le tabac tue. Et il tue plus que l'héroïne et la cocaïne associées.

Le cancer du poumon est une saloperie : grosso modo 28000 nouveaux cas par an en France et 27000 morts. Le taux de survie à 5 ans est de 5 %

Et nous ne parlerons pas ici des autres atteintes cardiovasculaires et pulmonaires qui tuent encore plus chaque année en France.

Mais le tabac est aussi une donnée sociétale.

Pendant des décennies les industriels du tabac, alias Big Tobacco, ont menti, payé, prévariqué, truqué, publié des fausses études cliniques, fustigé les essais cas-témoins demandant des essais contrôlés en double-aveugle, afin de ne pas reconnaître que le tabac pouvait rendre malade.

Ils ont aussi financé des campagnes de presse qui soutenaient que fumer était un droit fondamental, une partie inaliénable de la liberté individuelle et que chaque individu avait bien le droit de mourir de ce qu'il voulait.

Cette attitude existe encore de nos jours où la liberté de fumer dans les lieux publics est mise au même niveau que celle de pouvoir rouler à toute vitesse sur les routes, et sur les autoroutes, à ne pas limiter la vente d'alcool à certaines heures et, plus généralement, à refuser que l'Etat se même des affaires des citoyens.
Ce point de vue anti étatiste est, en France, plutôt classé à droite, plutôt dans la droite franchouillarde, ou, pour faire plus académique : ce sont des libéraux de droite.

Mais il existe une critique de gauche qui n'a pas eu besoin de Big Tobacco pour se développer.

Cette critique de gauche assimile la lutte contre le tabagisme à l'hygiénisme réactionnaire anglosaxon ; ces braves gens oublient que l'hygiénisme n'est pas seulement une invention anglosaxonne (la fin du dix-neuvième siècle français a été riche en publications hygiénistes, l'école française ayant eu sa part du gâteau) mais n'hésitent pas à utiliser un argument chauvin que les libéraux de droite pourraient utiliser avec profit, l'antianglosaxonisme primaire. Les appellerait-on des libéraux de gauche (ils préfèreraient libertaires) ?

Il n'est pas rare de rencontrer des libéraux de droite qui sont contre le cannabis et pour l'alcool mais ausi des libéraux de gauche qui sont pour le cannabis pour la seule raison que l'alcool et le tabac sont des drogues légales.

Mais là où les libéraux de gauche sont forts c'est qu'ils arrivent à être des opposants des campagnes anti tabac grand public, alors même que certains médecins de gauche sont capables, dans le secret de leur cabinet, de s'atteler à la tâche compliquée d'aider un patient à arrêter le tabac, parce que, premièrement, c'est Big Pharma qui mène la danse (avec des médicaments, on l'a vu, assez peu efficaces), et, deuxièmement, parce que la lutte contre le tabac est une mauvaise manoeuvre anti sociale puisque cela stigmatise les populations défavorisées (voir ce blog sur la situation américaine) : « Le poids des maladies tabaco-dépendantes tombe de façon disproportionnée sur ceux qui ont le statut socio-économique le plus bas. Les cigarettiers font essentiellement leur proie des pauvres, des moins éduqués, et de ceux qui souffrent de pathologie mentale ou d’addiction médicamenteuse, et, parmi les populations les plus vulnérables, les jeunes. Le tabac est le seul produit commercialisé qui ne présente aucun bénéfice et qui entraîne sans équivoque le plus de risques pour la santé humaine. »

Et ainsi, le doute s'installant, il devient encore plus difficile de traiter le tabagisme comme il se devrait, c'est à dire avec le consentement éclairé des patients.

Il existerait un antitabagisme de droite qui serait l'allié de Big Pharma contre lequel, pour des raisons de conflits d'intérêts, il faudrait s'opposer et un antitabagisme de gauche, libertaire en quelque sorte, qui refuserait Big Pharma tout en favorisant Big Tobacco (mais comme disent les marxistes : il faut savoir distinguer la contradiction principale et la contradiction secondaire).

Ainsi, en suivant les libéraux de gauche, le champ libre serait laissé à Big Tobacco dans les pays du Tiers-Monde (c'est là où il y a le plus de déshérités) et il faudrait combattre Big Pharma dans ceux où l'ultralibéralisme (de droite) règne.

Comprenne qui pourra.

Ces controverses francofrançaises sur le combat contre le tabagisme, comme seuls les Français en ont le secret, font aussi le jeu des gourous, des sectes, des acupuncteurs, des auriculothérapeutes, des mésothérapeutes, des homéopathes, des naturopathes de tous poils, des freudiens de toutes obédiences, des tenants de la théorie du cerveau reptilien, des tenants de la théorie qui veut qui peut, et cetera et rend les non fumeurs médecins suspects de se mêler de choses qu'ils ne comprennent pas...

Il est donc possible que prescrire des gommes ou des patchs ou des antidépresseurs recyclés dans la lutte contre le tabac soit le fait de médecins réactionnaires... et vendus à Big Pharma. mais je n'y crois pas une seconde.

Nous sommes désemparés devant un fléau qui tue beaucoup.








dimanche 7 décembre 2008

LES REGIMES TOTALITAIRES AIMENT LE TABAC

Après avoir signé la convention de l'OMS sur le tabac il y a environ un an la Russie ne se conforme pas à ses engagements.

Contrairement à la convention la publicité est de nouveau autorisée pour les produits "light" et l'industrie du tabac est autorisée à participer au financement des partis politiques.

Rappelons ici que 60 % des jeunes Russes fument, que l'espérance de vie des hommes se situe aux alentours de 60 ans (très loin de la moyenne des pays industrialisés).
On estime (mais nous nous méfions toujours des estimations à la louche) que 330 000 personnes meurent par an des conséquences possibles du tabac.
Le prix d'un paquet de cigarettes sans filtre à Moscou est de 0,07 euro.

Rappelons aux sceptiques que l'industrie du tabac est plus forte que l'industrie pharmaceutique et que cette industrie finance également la recherche cardiologique en Allemagne : German heart specialist received research grant from tobacco industry foundation
BMJ BMJ 2008;337:a2085, doi: 10.1136/bmj.a2085 (Published 15 October 2008)

Envoyons leur le bon Professeur Molimard pour leur expliquer l'alter tabacologie.


Cette rubrique a été écrite à partir d'un article paru dans le British Medical Journal. http://www.bmj.com/cgi/content/full/337/dec01_2/a2837

jeudi 20 novembre 2008

LE TABAGISME EST AUSSI UN PROBLEME SOCIAL

Qui a écrit ceci ?

« Le poids des maladies tabaco-dépendantes tombe de façon disproportionnée sur ceux qui ont le statut socio-économique le plus bas. Les cigarettiers font essentiellement leur proie des pauvres, des moins éduqués, et de ceux qui souffrent de pathologie mentale ou d’addiction médicamenteuse, et, parmi les populations les plus vulnérables, les jeunes. Le tabac est le seul produit commercialisé qui ne présente aucun bénéfice et qui entraîne sans équivoque le plus de risques pour la santé humaine. »

Des gauchistes ? Une organisation non gouvernementale ? Non : un éditorial du New England Journal of Medicine. http://content.nejm.org/cgi/content/full/359/10/1056?ijkey=85e84aef85921ed0ee0d7f16477ce416bed01a8f&keytype2=tf_ipsecsha

COMMENTAIRES

Alors, que l’on cesse de nous bassiner sur les querelles internes des tabacologues français ! Que l’on nous épargne les théories « fumeuses » du grand professeur Robert Molimard, expert mondial auto-proclamé de la lutte contre le tabac ! Que l’on cesse de parler, à propos des campagnes anti-tabac, d’actions liberticides sous le prétexte qu’elles seraient sponsorisées par des laboratoires pharmaceutiques ! Que des associations pures comme le Formindep cessent d’héberger le professeur Molimard [ http://formindep.org/spip.php?article192 ] (dont les conflits d’intérêts sont, jusqu’à preuve du contraire, du domaine ego académique bien qu’il ne dédaigne pas se faire sponsoriser par des associations nord-américaines comme le C.A.G.E. qui sont des officines anti étatiques de la pire espèce défendant, entre autres, le droit de ne pas porter un casque en vélo ou les happy hours dans les cafés de la Colombie Britannique ! Je vous donne les coordonnées de cette association Citoyens Anti Gouvernement Envahissant afin que vous puissiez vous-mêmes profiter de ses bienfaits : http://www.cagecanada.ca/).

Quoi qu’il en soit, le dernier rapport du CDC, tiré d’une grande enquête sur 23000 personnes montre que si le tabagisme décline le plus fortement chez les Afroaméricains (23 à 20 %) et chez les personnes âgées de plus de 65 ans (de 10 à 8 %), la prévalence reste spécialement élevée chez les Indiens Américains (36 %), chez les personnes n’ayant pas fait d’études supérieures (44 %) et ceux qui sont au dessous du seuil de pauvreté (29 %). [http://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/mm5745a2.htm?s_cid=mm5745a2_x]


Il n’est bien entendu pas question d’avaliser les conflits d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique dans la lutte contre le tabagisme mais il faut prendre en compte le fait que lorsque nous abordons la prise en charge du diabète non insulinodépendant et / ou de l’hypertension artérielle , nous prescrivons aussi des médicaments.


Nous reviendrons une autre fois sur le Professeur Molimard.

samedi 4 octobre 2008

QUAND LA LUTTE CONTRE LE TABAGISME DEVIENT SUSPECTE

QUAND LA LUTTE CONTRE LE TABAGISME DEVIENT SUSPECTE
NON AUX CAMPAGNES ANTI TABAC !
Quelle mouche a donc piqué le Formindep, http://formindep.org/, organisme prônant "...une formation et une information médicales indépendantes au service des seuls professionnels de santé et des patients" (on m'expliquera qui cela peut laisser indifférent : les professionnels de santé malades ?) et dont le maître-mot est la transparence (nous reviendrons ailleurs sur cette obsession), de fonder l'alter-tabacologie par le truchement du professeur Robert Molimard http://formindep.org/spip.php?article194.

Et qu'est-ce qu'un lecteur non averti pourrait en retenir ?

Que les campagnes anti-tabac sont méprisables puisqu'elles sont subventionnées par les marchands de médicaments.

A partir de là, comme dirait le philosophe français Didier Deschamps, il est suggéré que l'Europe a mis en place "une chasse aux fumeurs" et tout cela par le biais de deux laboratoires anglo-américains, parangons de l'hygiénisme... à l'anglo-saxonne.

Diable !

Où le Formindep veut-il en venir ?

Je crains que la Santé Publique ne soit oubliée dans ce combat douteux.

Si j'ai bien compris, l'article du professeur tabacologue se fonde sur sa critique d'un rapport sur le tabagisme passif " Lifting the SmokeScreen, 10 reasons for Smoke Free Europe " publié en février 2006 sous l’égide [c'est le professeur Molimard qui écrit :] de l’European Respiratory Society, de Cancer Research UK, de l’European Heart Network et de l’Institut National du Cancer.


Il oublie de dire que le rapport a été initié par le parlement Européen qui, comme on le sait, est un repaire de lobbyistes anti tabac.


Le professeur Molimard, donc, y relève des erreurs, des approximations et des mensonges et en conclut qu'il s'agit d'une campagne d'intoxication (non tabagique) menée par les laboratoires Pfizer et Glaxo pour vendre leurs molécules (qu'il cite d'ailleurs expressément)... Il finit son intervention formindepienne par une phrase vigoureuse : "La fin ne justifie pas les moyens. Le mensonge décrédibilise les meilleures causes."


Certes. Qui ne pourrait être d'accord ?

Mais quels sont les tenants et les aboutissants de cette affaire ?

Existe-t-il des conflits d'intérêt cachés ?

Ne connaissant pas le professeur Molimard, j'ai tenté de me renseigner sur lui.

J'en conclus ceci :
1) Sur les sites non professionnels, et pour vendre son livre, il tient d'abord un discours pour cours élémentaire sur les trois cerveaux http://www.linternaute.com/femmes/itvw/0402molimard.shtml qui me paraît d'une indigence absolue...

2) Toujours au même endroit, à la question "La solution vient-elle des antidépresseurs ?" il répond souvent prescrire un antidépresseur en première intention, tout en précisant : C'est une frustration, un deuil que l'on fait : c'est normal de se sentir un peu déprimé. Mais ce n'est pas une dépression organique. On est rassurés.

3) Il médicalise l'arrêt du tabac, il fait de la tabacologie une spécialité, et seuls les tabacologues diplomés (par le grand professeur) ont le droit de proposer l'arrêt du tabac. Voici comment les centres, où le professeur conseille d'aller, sont agréés : "si un centre possède un responsable qui est médecin diplômé de tabacologie ou quelqu'un qui a fait la preuve de ses compétences en matière de tabac, par exemple au travers de publications scientifiques sur le sujet."

Le médecin généraliste lambda peut aller se rhabiller.

Il s'agit donc peu ou prou d'une prise d'intérêts dans le domaine de la lutte anti tabac, le professeur Molimard ayant une méthode (les trois cerveaux + la psychiatrie analytique + les anti dépresseurs), brevetée (par la société de tabacologie), un site internet exfumeur.com, et les thérapeutes doivent être diplomés de la société ou avoir publié dans des revues scientifiques, être familiarisés avec l'analyse freudienne (faut-il être analyste analysé et analysant ?), prescrire des antidépresseurs qui ne soient pas le champix (si j'ai bien compris) ou le zyban (ai-je encore compris ?), et être des ex fumeurs.

Molimard a-t-il voulu recréer les AA ?

Mais il y a encore autre chose : serait-ce à la fois un combat contre le tabac et un combat contre l'hygiénisme ?


Le terme hygiénisme a des acceptions diverses mais le professeur Molimard voudrait-il dire qu'il faut combattre le tabac sans stigmatiser les fumeurs ? Ce serait plus acceptable.


J'attends des réponses indignées.


Donc, le titre de ce message était trompeur : le tabac est toujours une saloperie mais seul le professeur Molimard est capable de faire s'arrêter les patients sans les rendre coupables (sinon d'être déprimés).