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dimanche 11 juin 2023

Bilan médical du lundi 5 au dimanche 11 juin 2023 : soins primaires, gabapentinoïdes, ASCO, Frédéric Valletoux, sur publications, dermatologie pratique, mortalité 2022, loi de Goodhart, zéro défaut, covid nosocomial.



202. Il est temps pour les soins primaires de cesser d'alimenter un système de soins dysfonctionnel (US)

LA

Cet article est un classique du genre pour rappeler l'intérêt de la médecine de famille, terme qui est désormais devenu obsolète tant les structures familiales ont éclaté sous nos climats et il existe une abondante littérature pour indiquer que le suivi longitudinal (dans la durée) des patients est une donnée forte en santé publique.

Cet article, écrit dans un anglais volontiers soutenu, énumère tous les poncifs (j'utilise explicitement ce terme pour indiquer combien ce que l'on raconte depuis des dizaines d'années est devenu un poncif qui n'a jamais intéressé et qui n'intéresse plus les décideurs de santé, les responsables de santé publique, la médecine non familiale en général, l'assurance maladie et ses dépendances, les politiciens, les assureurs et les banquiers, et, bien entendu, l'industrie des médicaments et des matériels) qui jalonnent l'histoire de la création, de la théorisation et de la connaissance  des soins primaires en tant que spécialité et... son abandon.

Chacun d'entre vous, praticiens des soins primaires, de la médecine familiale (recomposée ou non), du premier recours, connaît ces poncifs. Formation à la médecine de famille et pas seulement à la médecine, éducation des futurs soignants à la médecine du doute et de l'incertitude, disposer de temps, respecter chaque patient comme individu et pas seulement comme malade, cesser de remplir des objectifs, cesser de cocher des cases, cesser de devenir un agent administratif de l'Etat, cesser de faire de l'incentive pour répondre à des critères hors-sol et parfois sans conséquences démontrées sur la santé publique.

Savoir que le mauvais état de santé, que la maladie, la mort, sont plus fréquents chez les mal payés, les mal logés, les professionnels utilisant leurs muscles et leur squelette, chez les moins éduqués, et cetera.

Et ainsi le malaise des soignants en soins primaires à qui on oblige de pratiquer des prises en charge intenables, inégalitaires, moralement injustes, les conduit au burn-out, à la dépression ou au mal-être.

Cet article demande, entre autres, que les consultations, toutes les consultations durent plus de dix minutes et que la patientèle ne dépasse pas 500 patients.

On en est loin.

Et l'assurance maladie va à l'encontre de ces améliorations.


toutes les photos : docdu16


203. Rappel (2013). Les gabapentinoïdes ne "marchent" pas vs placebo dans les lombalgies et/ou les douleurs sciatiques

L'article de 2013 est LA.

Gabapentine (Neurontin)

Prégabaline (Lyrica) 

Si vous les utilisez, prévenez les patients que ce sont des placebos


Jean-Michel Basquiat, Francesco Clemente et Andy Warhol
In Bianco 1984



204. ASCO : le lieu de tous les espoirs (déçus ou non).

Tous les ans a lieu à Chicago le congrès de l'ASCO (Association états-unienne de cancérologie clinique en français) dont les objectifs avoués par les industriels (et non avoués) est de faire du hype, du spin, de la promotion, de la publicité, du marketing, à coups de résultats d'études non encore publiées, d'abstracts dont on ne verra jamais l'article final, de symposiums satellites organisées par les firmes...

Et tous les ans cela recommence. 

J'ai commencé un feuilleton à épisodes concernant l'ASCO : c'est ICI. Un chapitre tous les jours sauf le dimanche.

Pendant le congrès de l'ASCO et après, vous pouvez suivre sur twitter @oncology_bg ou Bishal Gyawali

Un exemple : il répond à Eric Topol (déjà abondamment cité sur ce blog) à propos d'un nouveau traitement du cancer du poumon.

Eric Topol fait le buzz et Bishal Gyawali remet les choses en proportion : LA.



2013 !


Publicité dans les rues de Chicago

Devons-nous accepter des essais  qui s'empilent en faveur des nouvelles molécules et non en faveur des patients ?


Lire l'article ICI : il est gratuit après inscription facile sur Medscape.


205. Frédéric Valletoux, au service du néant et du mensonge.


Frédéric Valletoux est un des fossoyeurs du système hospitalier français.

Il est membre du parti (dont j'ai oublié le nom) d'Edouard Philippe, ex premier ministre d'Emmanuel Macron, qui a comme ambition de succéder à Macron.

L'ambition de Frédéric Valletoux dont le principal axe de communication politique est de cracher sur les soins primaires qui ne seraient pas assez ça ou trop ci, en mentant sur les déserts médicaux et sur les possibilités de les combler tout en affirmant que les médecins généralistes ne travaillaient pas assez et ne voulaient pas discuter... Bref, l'ambition de Valletoux, journaliste sans diplôme mais avec un bon carnet d'adresse, est d'être le futur Ministre de la Santé d'Edouard qui se droites chaque fois qu'il ouvre la bouche.

Les propos de Valletoux par exemple : LA

Il y a aussi C'est une proposition de loi (PPL pour les intimes) trans partisane sur les déserts médicaux qui n'est pas piquée des hannetons : ICI pour la PPL et LA pour le mur des khons.


Mais il n'est pas le seul coupable, ils ne sont pas les seuls coupables.



Robert Doisneau via @thierryLacombe5


206. Y a pas que Raoult qui publie beaucoup

Un article d'El Pais version anglaise, LA, nous raconte qu'un certain José Manuel Lorenzo a publié 176 articles l'année dernière, ce qui pose quand même un sacré problème de crédibilité scientifique.

Nous avons retrouvé un petit joueur français non raoultien a priori.

JM Molina, élu par le journal L'Express, une des plus prestigieuses revues scientifiques mondiales, comme l'infectiologue des infectiologues, a signé en 5 ans (2018-2023) 243 articles (source PubMed), soit 4 par mois ou 1 par semaine.

Un lecteur écrit ceci sur twitter en commentaires :


Cela fait beaucoup quand même... Non ?


207. Dermatologie pratique : un site

Recommandé par @phtiriasis, une dermatologue que nous aimons bien sur twitter : LA

Comment gagner du temps en consultation.


Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol
China Paramount 1984


208. Mortalité en France en 2022

Berrod : https://twitter.com/nicolasberrod/status/1666098565985488898

INSEE : https://www.insee.fr/fr/statistiques/7628176

Je vous conseille de lire Berrod pour aller à l'essentiel et l'INSEE pour pouvoir consulter tous les chiffres.

Je n'ai pas eu le temps de tout lire (INSEE) et je ne fais pas de commentairesprobablement inappropriés (et le sujet est d'importance).




209. Rappel de la loi de Goodhart (évaluation des hôpitaux, des médecins)

ICI.

La loi de Goodhart, du nom de l'économiste Charles Goodhart qui l'a formulée pour la première fois en 1975, indique que « lorsqu'une mesure devient un objectif, elle cesse d'être une bonne mesure »1, car elle devient sujette à des manipulations, directes (trucage des chiffres) ou indirectes (travailler uniquement à améliorer cette mesure)2,3.


Un article US dont je ne peux que vous transmettre l'abstract (LA) décrit le coût humain et financier du reporting dans les hôpitaux.


Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol
Heart Attack 1984


210. Zéro défaut en Santé publique.

Quelques propos décapants (la dermatologie mène à tout à condition d'en sortir) par @dermatopoulos sur twitter. Le fil complet est LA.

La crème solaire, n’est pas faite pour revenir bronzé sans avoir de coup de soleil. Bronzer, est un mécanisme de défense de la peau contre l’excès d’UV, une cicatrice transitoire. Si l’objectif c’est 0 risque de cancer cutané, alors, il faut revenir non bronzé de ses congés.



211. Les hôpitaux anglo-écossais encore plus khons que les soins primaires (anglo-écossais).

Un article anglo-écossais indique que lorsque l'on a cessé de tester le covid avant hospitalisation le nombre de cas de Covid a augmenté !

Qui aurait pu le croire ?

Qui a eu cette idée de génie

Et les médecins hospitaliers n'auraient rien dit. 

L'article est LA.

En France on ne fait pas d'études sur des sujets aussi futiles...




vendredi 9 juin 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : Pierre Gers, la conjuration des imbéciles et l'industrie. 4.

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

4

Pierre Gers, la conjuration des imbéciles et l'industrie.



Gers est un grand dissimulateur : il voit beaucoup de crétins autour de lui et fait semblant de ne pas les remarquer. Il côtoie des débiles avec des titres ronflants et se permet de ne pas les contredire ou de le faire avec souplesse et intelligence en tentant toujours de se mettre en valeur et de flatter les puissants. Il est avant tout compétent, avenant, et évite de faire des réflexions en privé qui risqueraient, les mauvaises langues sont légion, de devenir publiques et de nuire à son trajet semé d’embûches jusqu’à son but final, l’agrégation. Car Gers, parce qu’il connaît son sujet et qu’il est gosse-beau, suscite les jalousies, les jalousies des incompétents comme celles des plus doués. Outre ses qualités d’auteur, il est l’un des meilleurs faiseurs de littérature scientifique de la place de Paris, il est au courant de tout ce qui est publié, de tout ce qui est annoncé et sa fantastique mémoire lui permet, à la seconde et sans consulter ses notes ou son portable, de rappeler à un interlocuteur un peu moins professionnel que lui que le taux d’amélioration de la PFS est en moyenne de 32 % pour le produit A et de 37 % pour le produit B. 

Il s’amuse, mais il finira bien par cesser de s’en amuser, de constater combien ses collègues sont de gros feignants qui comptent sur lui et sur d’autres pour glaner des informations qu’il suffit de ramasser sur le web ou en feuilletant les revues en ligne. Il a compris depuis longtemps que la compétence médicale ne se mesure ni au lit du malade par des qualités diagnostiques, ni par l’intelligence des raisonnements ou des propos, mais par la pure politique de la vénération des chefs et de l’appartenance à des réseaux. On dira que ce mode de promotion et les injustices qu’il génère n’est pas réservé au milieu hospitalier et qu’il règne partout ailleurs, mais convenons, sans faire de morale à deux sous, qu’il s’agit quand même de la santé des gens et qu’il doit bien y avoir un moment où la conjuration des imbéciles a un retentissement sur la qualité des soins. A moins, et c’est une théorie répandue, que le système soit plus fort que les individus, que la complexité des interactions entre les différents rouages de l’institution, ici hospitalière, et son immersion dans une société tout aussi complexe qui interfère avec elle, soit plus fort que la qualité des membres du système, les humains en quelque sorte, qu’ils aient moins d’effets, le professionnel consciencieux contre le pourri paresseux, pour transformer ou améliorer les choses.

Gers n’est pas non plus dupe sur le rôle de l’industrie. Il sait que pour réussir il doit accepter la corruption des voyages transatlantiques en business, des hôtels quatre étoiles, des grands repas dans les meilleurs restaurants de France et de la planète, mais aussi les conférences pour délivrer la bonne parole à Paris comme à Clermont-Ferrand ou à Nice, et, surtout, on en parlera dans l’avion, accepter les modifications de données ou leur suppression pour que les résultats des études auxquelles il participe soient positifs.

dimanche 4 juin 2023

Bilan médical du mardi 30 mai au dimanche 4 juin 2023 : destruction de la médecine générale, Raoult : une nouvelle affaire Mediator ?, Cochrane et benzodiazépines, HTA et hôpital, ASCO, dépistage, psychotropes, édition, anticholinestérasiques, écoles et covid


 

192. La destruction méthodique de la médecine générale.

La pratique de la médecine générale est dévoyée depuis des décennies.

L'affiche que vous voyez plus haut montre ce qu'est devenu la médecine générale dans le milieu financier  :  une vache à lait qui ne se préoccupe plus des malades mais des symptômes des citoyens.

Et il semblerait que Ramsay ne soit pas la seule firme qui partage ce point de vue : il y a des firmes de médecins hospitaliers, des firmes de médecins généralistes libéraux ou non, des firmes de médecins spécialistes d'organes libéraux ou non, des firmes de ministres, des firmes d'universitaires, des firmes de médecins réalisateurs d'examens complémentaires tant radiologiques que biologiques, des firmes pharmaceutiques, des firmes de fabricants de matériel médical, des firmes syndicales (toutes les professions précitées sont représentées), des firmes de patients et de patientes, des firmes politiques allant de l'extrême-droite à l'extrême-gauche... Et j'en passe.

Il y a bien entendu des personnes faisant partie des catégories que j'ai nommées (dont celles que j'ai ignorées) qui n'osent pas dire : "les médecins généralistes sont de la merde, la médecine générale est une spécialité destinée aux ratés du concours national, c'est une spécialité de bobologues, d'écrivains de certificats alakhon... et on s'en ballec de la disparition de ces gens..."

Il y a aussi des hypocrites qui disent "c'est le plus beau métier du monde, le plus difficile, moi, en tant que cardiologue, neurologue, pneumologue, et j'en passe, je serais incapable de le faire, le pivot, bla-bla, mais il faut avoir la vocation et plus personne n'a la vocation d'être un médecin dévoué, disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre... et... la féminisation de la profession..."

Et au même moment où la médecine générale est décriée, certains tentent de s'emparer de ses dépouilles...

Quant à responsabilité des médecins généralistes eux-mêmes, je n'en parle plus, on ne tire pas sur des ambulances...

16 avril 2018 :


 ICI

193. Espérons que l'enterrement de Raoult ne sera pas Mediator-like.

On rappelle que le procès Mediator est toujours en cours, que Jacques Servier est mort, que nombre des protagonistes de l'affaire sont soit morts, soit gâteux, et que les victimes sont mortes, souffrent, vont souffrir et vont mourir...

Ira-t-on jusqu'au bout ?

Ira-t-on jusqu'au bout de la dénonciation des pratiques mafieuses du milieu académique marseillais en abordant les pratiques mafieuses du milieu académique français ?

A mon avis : non. 


Qui pouvait ne pas être au courant ?

Qui a fermé les yeux ?

Et pourquoi ?

Et pendant ce temps, à la Société de Pathologie Infectieuse de Lange Française : 




194. Une revue Cochrane critiquée par Peter Gøtzsche (une de plus)

Une revue Cochrane avait conclu que les benzodiazépines, comparées à l'haloperidol, "ne marchaient pas" dans les accès psychotiques aigus.


Après une longue bataille, en voir les modalités : LA, voici la réponse des auteurs : 


Mais le mal était fait et l'abstract dans PubMed n'a toujours pas été modifié.

Les benzodiazépines "marchent" autant que l'haloperidol dans les accès psychotiques aigus.



Et voici le commentaire de Rosa Rosam : 





195. Traiter l'HTA de façon intensive des personnes âgées en milieu hospitalier n'est pas pertinent.

C'est une étude rétrospective menée aux US chez les Veterans (66 140 patients).

L'étude parue dans le JAMA est LA.

On y apprend que les effets indésirables sont majeurs et que cela n'apporte rien sur le devenir des patients.


196. L'ASCO : le marketing mondial du lobby cancéro-industriel.

C'est la grand-messe de la cancérologie à Chicago ou le festival de la promotion des études non encore publiées, d'abstracts, de communications et de posters.

Les porteurs d'eau de la cancérologie sont sur le pied de guerre pour faire du hype et pour annoncer des avancées majeures, des changements de paradigmes et autres nouvelles ères.

Un abstract provocateur vient de paraître (ICI), il raconte les rapports entre l'argent perçu par les cancérologues et  leur utilisation de pratiques cancérologiques non recommandées et/ou de peu de valeur.

Rappelons-nous l'affaire Mediator et le scandale Raoult.

  • Les auteurs de cet article sont des cancérologues exerçant aux États-Unis d'Amérique.
  • L'article a été sponsorisé par le National Institute of Health (LA) dépendant du gouvernement états-unien
  • Etonnant, non ?
En conclusion, vous lirez : il existe un rapport entre les paiements de l'industrie et l'utilisation de pratiques cancérologiques non recommandées et/ou de faible valeur.

Vous ne savez pas ce qu'est le hype ? Voici :



197. La cascade du dépistage.




198. Les patients sont des khons : épisode Trouze mille.


Les commentaires montrent que si les patient.e.s grossissent sous psychotropes c'est parcequ'iels n'ont pas compris le bon mode d'action qui fait grossir mais ne fait pas vraiment grossir.


199. Les éditeurs d'articles scientifiques sont des esclavagistes.

Voir l'article : LA.

Et le commentaire de Gøtzsche : 


200. Polémique (à suivre pour les commentaires) : les anticholinestérasiques "marcheraient-ils"  dans les démences ?

Je suis désolé : je ne peux me prononcer. Je n'ai pas assez d'informations.

Voir l'article LA qui date de septembre 2022.


L'utilisation d'anticholinestérasiques diminuerait la mortalité globale.

PS  : voir le commentaire de docteur Agibus qui, lui, avait assez d'informations pour être critique de cet essai. Donc, la méta-analyse est de mauvaise qualité... J'en profite pour recommander encore la revue hebdomadaire Agibus/Pétronille : LA

201. Le rôle des écoles dans la transmission du covid.

Je n'ai pas encore assez d'éléments, non seulement pour conclure car l'expérience néo-zélandaise est un peu particulière et parce qu'il semble normal et intuitif de penser que le brassage des enfants est susceptible d'augmenter la transmission du virus. 

Je n'ai pas d'éléments pour conclure qu'une intervention dans les écoles aurait pu améliorer la situation en France.

Quelles étaient les interventions possibles ?

  • Fermeture des écoles.
  • Distanciation sociale.
  • Port d'un masque FFP2 en maternelle, primaire, collège, lycée, université.
  • Systèmes d'épuration de l'air.
  • Vaccination de tous les enfants depuis l'entrée en maternelle jusqu'à l'université.
  • Vaccination de tous les enseignants et de tous les personnels de l'Education nationale.
  • Nombre de doses de vaccins.
Je vous propose de lire un article de Stephane Korsia-Meffre décrivant non pas une étude néo-zélandaise mais un éditorial.

C'est ICI : il n'y va pas par Quatre Chemins pour asséner :



Si vous préférez lire l'éditorial original, c'est LA.



La situation en Nouvelle-Zélande était très particulière. Nous y reviendrons.


Regardons les derniers chiffres états-uniens : 


Quant aux chiffres français, ils datent. Pas de chiffres à ma connaissance depuis le 13 janvier 2022 !

LA


Les questions que nous nous posons :

  • Pouvait-on faire mieux ?
  • De combien était-il possible de faire mieux ?
  • Etait-il possible de vacciner tous les usagers de l'Education nationale ? Et combien de fois ?
  • Etait-il possible de vacciner tous les personnels de l'Education nationale ? Et combien de fois ?
  • A-t-on des études ?
  • Pourquoi n'a-t-on pas fait d'études contrôlées de clusters ?

A suivre.

(Je n'ai pu malheureusement pas traiter de très nombreux sujets de la semaine, non par manque de temps mai pour ne pas faire trop long.)




dimanche 12 juin 2022

Bilan médical du lundi 6 juin au dimanche 12 juin 2022 : obésité (traitement miracle ?), cancer du rectum (traitement miracle ?), dépistage encore, ASCO, ASCO, ASCO, et plein de trucs dont exercice physique, mortalité chez les enfants, mélanome.

 

The Wailers & Bob Marley (1998)
Jacques Villeglé (1926- 2022)

Obésité : un traitement miracle ?

Le hype pour le tirzepatide injectable (on rappelle que la molécule a un double mécanisme d'action : agoniste du récepteur GLP-1 et comme agoniste du GIP ou glucose-dependent insulinotropic polypeptide)

La presse grand public annonce le traitement du siècle (ICI) pour l'obésité.

A partir d'un essai paru dans la prestigieuse revue NEJM... (Quant un journaliste, un médecin, ajoute l'adjectif prestigieuse à la citation d'une revue il faut se méfier car la signification de cet adjectif n'ajoute rien à la validité interne du traitement, cela peut paraître ironique ou c'est prendre le lecteur pour un Khon...) : LA.

Il s'agit d'une étude contrôlée de phase III tirzepatide vs placebo d'une durée de 72 semaines, les 2 critères principaux étant la perte de poids et une perte de poids d'au moins 5 % Les patients avaient au moins une complication de l'obésité (à l'exception du diabète). Dans les 2 groupes un programme diététique et de l'exercice physique étaient proposés.

Il y avait 3 doses possibles : 5, 10 et 15 mg.

Ça marche. C'est significatif (p<0001) pour toutes les comparaisons vs placebo : perte de poids de 16.1, 22.2 et 23.6 kilos selon les doses vs 2.4 dans le groupe placebo.

Cette molécule change le jeu dit The Guardian.

Vous avez bien lu que je me moquais un peu de ces déclarations tonitruantes.

Mais.

Les critiques sont faciles : 72 semaines, c'est peu. On ne traite pas vraiment les causes. Quelles seront les conséquences au long cours ? La perte de poids est une critère de substitution.

Mais surtout : les commentateurs experts affirment que l'obésité est une maladie chronique comme les autres... Changement de paradigme, comme on dit à l'ex ENA ? Comme les régimes et l'exercice physique ne suffisent pas la prise d'un médicament (ultra cher) résout tout et permet de mettre le Nutriscore à la poubelle et de continuer à boire du coca et d'aller manger chez McDo...


Cancer du rectum : un traitement miracle ?

Encore un article dans le NEJM (LA) qui changerait le jeu. 

Le traitement classique du cancer du rectum localement avancé comprend une neothérapie adjuvante (pour diminuer la taille de la tumeur) et une radiothérapie suivies d'une résection rectale.

Une partie des cancers du rectum est causée par un mécanisme déficient de la réparation des misappariements ADN. 

Cet essai de phase 2 comprenant 12 patients a montré un résultat positif à 100 % pour la molécule dostarlimab.

Miracle !

Mais si vous êtes sceptique : écoutez cela (à partir de 2'58 pour dostarlimab) : ICI.


Le dépistage des cancers ne diminue pas les inégalités raciales (en Angleterre)

Un article de The Guardian (LA), je n'ai pas lu l'article d'où il est tiré, indique qu'en analysant tous les cancers dépistés (col, sein, colon), 8.1 % de tous les cancers sont diagnostiqués par le dépistage.

(NB : on est ahuris d'entendre de pareilles informations qui sont tues en France).

Eh bien, pour en revenir à l'article, selon les données publiées si chez les personnes "blanches" le taux de diagnostics effectués par dépistage est de 8,27 % il est de 5,11 % chez les personnes noires, soit une diminution de 38 % !

Nous ne reviendrons pas sur le bénéfice/risque des dépistages (différent selon les 3 cancers cités, surdiagnostic et sur traitement) mais l'argument souvent employé par les autorités françaises sur la gratuité des dépistages (nécessaire et donc non suffisante) tombe à l'eau.

Le constat : la médecine hors-sol ne guérit pas les inégalités.


L'endométriose ne diminue pas les inégalités de genre.



Où sont les femmes ?

L'éminence based medicine des urologues français seuls contre le monde entier détruit l'évidence based medicine...

Voici ce que les futurs médecins doivent apprendre pour réussir à l'Examen Classant national.


Rien ne va.

L'ASCO, le rendez-vous mondial des cancérologues, enfin sous la critique permanente des oncologues indépendants.

Vous connaissez Bishal Gyawali et Vinay Prasad que vous pouvez suive avec profit sur twitter (@oncology_bg et @VPrasadMDMPH, respectivement) : ils commentent en direct les communications de l'ASCO. Je ne vais pas détailler mais si vous voulez des informations non hype, indépendantes et, surtout, respectueuses des protocoles et des patients, ils publient des videos.


Voici ce qu'il est possible de retenir : 

Sur les cancérologues :



Dites quelque chose de plus optimiste que de traiter les cancers incurables :
  1. Maîtriser les conflits d'intérêts
  2. Diminuer le prix des médicaments
  3. Augmenter le pourcentage d'études randomisées
  4. Améliorer les bras contrôle
  5. Mesurer des critères principaux qui puissent profiter aux patients
En conclusion de cette session d'oncologie :
  1. Assurez-vous que le traitement est efficace sur la mortalité globale
  2. Assurez-vous que le comparateur est aussi un traitement efficace donné à de bonnes doses
  3. Si la mortalité globale est augmentée assurez-vous que des mesures de qualité de vie ont été effectuées
  4. Assurez-vous que les soins post protocole sont à la hauteur du protocole.

La phrase de la semaine (@DrGomi)

A propos de la crise des urgences : " Depuis bien longtemps j'ai rebaptisé PERMANENCE DES SOINS en SOINS PERMANENTS"

Contre-intuitif : l'exercice physique n'améliore pas le profil de risque cardiovasculaire d'adultes norvégiens âgés de 70 à 77 ans suivis pendant 5 ans et ne diminue pas le nombre d'événements cardiovasculaires.

C'est contre-intuitif mais les lecteurs de ce blog savent déjà que les préjugés de bon sens ont souvent du mal  à être prouvés (et notamment pour l'exercice physique).

L'étude est LA.

C'est une étude randomisée.

Faut-il en conclure qu'il ne faut pas proposer d'exercice physique ? Non.


La chirurgie arthroscopique du genou (méniscectomie partielle) ne fait pas mieux que la kinésithérapie chez de jeunes adultes sportifs (18-45 ans).

Une étude randomisée (LA) incluant 100 patients a montré qu'à deux ans qu'il n'y avait pas de supériorité de la chirurgie par rapport à la kinésithérapie en cas de lésions méniscales partielles (déchirures).


 

Mortalité due au Covid en Angleterre entre le 01/03/20 et le 31/12/21 chez des jeunes de moins de 20 ans : extrêmement rare.

Cette étude prospective (22 mois de surveillance) a montré que le Covid a été responsable de 1.2% de tous les décès (81/6790), avec un taux de mortalité par infection de 0,7/100000 chez les personnes de moins de 20 ans avec un taux de mortalité de 0,61/100000.

Notons que ces décès étaient fortement liés à l'âge (plus les personnes de moins de 19 ans étaient âgées... et aux comorbidités)

Ces chiffres sont à manier prudemment. Ils ne concernent que la mortalité et ne tiennent pas compte de la morbidité (en particulier les syndromes inflammatoires post Covid) ainsi que ce qu'on appelle les Covid longs...

Attendons les chiffres français, également. Rappelons que les politiques anti Covid ont été radicalement différentes des deux côtés de la Manche...

Signalons encore que les discours faiseurs de peur étaient plus des discours faiseurs de peur que des discours pédagogiques et proches des faits.

Comment l'efficacité des anti Alzheimer a été construite puis contestée : une histoire de conflits d'intérêts.

Les deux auteurs, Sébastien Dalgalarrondo et Boris Hauray, décortiquent l'histoire des anti Alzheimer, identifient les lobbys et les groupes d'intérêts, tout en dévoilant la stratégie pharmaceutique infiltrant les agences, les experts, les médecins et comment tout s'est effondré.

L'article, passionnant, est ICI. Il est non seulement passionnant mais il est déterminant du monde dans lequel vit la médecine et le soins.

Vous changez anti Alzheimer par tout autre groupe thérapeutique et vous obtenez les mêmes résultats.

Vus verrez qu'un jour on pourra parler de Big Pharma sans passer pour des complotistes.

A rapprocher de cela : Glaxo-Smith-French a dépensé selon l'auteur de l'article (LA) plus de 92 millions de dollars en 2000 pour faire de l'anxiété un trouble d'anxiété sociale.

Surdiagnostic : les effets du dépistage sur l'incidence du mélanome et le taux de biopsies.

Bel article (ICI) qui entre dans les cases surdiagnostic et sur traitement, et qui renvoie à la fameuse phrase de Gilbert Welsh : il n'y a pas d'épidémie de mélanomes il y a une épidémie de diagnostics de mélanomes.

Avec un commentaire sur twitter de la part d'un dermatologue :