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jeudi 16 mai 2024

La maternité, le lieu de tous les charlatanismes pour les femmes et les nourrissons : virons les ostéopathes !

Le Perugin
Femme et nourrisson attendant l'ostéopathe dans un CHU.


Préambule.

La France, dit-on parfois, avait au temps des hommes des cavernes (il y a 4 millions d'années), le meilleur système de santé du monde.

Désormais on a beau écarquiller les yeux, faire des recherches, creuser des trous, prélever des carottes dans la calotte crânienne dégarnie des PU-PH en gynécologie-obstétrique et ailleurs, le meilleur système de santé du monde s'est enfui on ne sait où, sans doute dans les rêves glacés des technocrates biberonnés à l'argent de leurs parents, aux écoles de commerce, aux Grandes écoles et à l'ENA (j'ai oublié Science Po ?). 

Bien entendu la place qu'occupe la France dans le concert des nations "développées", est, mais personne ne le répète assez souvent, catastrophique : 

- mortalité infantile : Union européenne : la France est 20° sur 27

Voir LA


- mortalité en couche : une femme meurt tous les 4 jours. La France se situe dans la moyenne (les chiffres sont très faibles et les comparaisons internationales sont difficiles en raison des modes de calcul.

- pourcentage de femmes enceintes qui fument (France) : 17 % (très au dessus de la moyenne européenne)

- nombre de femmes enceintes qui boivent de l'alcool (France) : 27 % ! 

Il est clair que ce ne sont pas les ostéopathes qui sont responsables de cette situation catastrophique !

Ces résultats sidérants et démoralisants sont bien entendu cachés par la dette publique, par la guerre en Ukraine et les massacres israélo-hamassiens.

On a d'autres chats à fouetter.

Et ensuite, ce dont je vais vous parler, à savoir les rebouteux, les charlatans, les magiciens, les brûleurs de feu, présents dans les maternités de notre beau pays (je parle de la France pour ceux qui dorment au fond de la classe) ce ne sont que des broutilles par rapport à l'exploitation des Ouïgours ou au travail des enfants dans les usines des pays du tiers-monde ou à leur utilisation dans les armées de ces mêmes pays.

Car, dans notre pays si moderne, avec un président si jeune, si je vais changer le monde mais que j'y arrive pas en raison des conservatismes, la natalité baisse. A tel point que le président Macron, dont les conseillers ont trop fumé d'herbes, bu trop de vins millésimés ou consommé trop de cocaïne, a lancé un grand plan contre l'infertilité (sic).





Les ostéopathes rôdent dans les maternités.

Le bien-être des femmes est une notion marketing qui a fait son chemin dans la tête des soignants travaillant dans les maternités.

Ainsi, qu'il s'agisse d'agents hôteliers, de médecins, d'infirmières, de kinésithérapeutes, d'aides-soignantes, de pédiatres, de réanimateurs, de sages-femmes, de spécialistes de la relation mère-enfant (sic), de psychologues, de brancardiers, de psychiatres, de je ne sais quoi, les jardiniers et les cuistots s'en mêlent sans doute, il devient impératif qu'un nouveau-né en bonne santé soit confié rapidement (et s'il est en mauvaise santé c'est encore pire) à un ostéopathe.

Qui s'y oppose ? 

Voici, selon ces charlatans, sur un site alakhon, dont je ne vous donnerai pas l'adresse, les raisons de consulter pour la secte des ostéopathes et des manipulateurs de tout poil.


Voici, selon ces charlatans, ce qui doit amener à surveiller et à consulter : 


C'EST DE LA MERDE EN BARRE !


Ce même site propose une consultation chez l'ostéopathe tous les trimestres pour les nourrissons !

Ne laissons pas les ostéopathes manipuler les nourrissons !

La majorité des plagiocéphalies guérissent toutes seules.

Le syndrome de Kiss n'existe pas.

Les pathologies ORL, infectieuses et autres ne sont pas du domaine de l'ostéopathie.

Pas plus que le reflux.

Les ostéopathes profitent de la détresse de parents inquiétés à tort ! Avec des "prestations" non remboursées. 

Les professionnels de santé, les employés non de santé de l'hôpital, ne dites plus aux familles de consulter un ostéopathe : c'est sans preuves d'efficacité et c'est une escroquerie !


Ne laissons pas les ostéopathes manipuler les femmes enceintes !

L'ostéopathie pendant la grossesse ne sert à rien.

L'ostéopathie après accouchement par voie basse ne sert à rien.

L'ostéopathie après péridurale ne sert à rien.

Enfin.

Arrêtons d'opérer les freins de langue : ce n'est pas justifié dans 99 % des cas.

Et, que je sache, ce ne sont pas les ostéopathes qui s'en chargent.


Conclusion : 

L'ostéopathie du nouveau-né  est un charlatanisme.

Mais dans les services de gynécologie-obstétrique (et dans les CHU, et dans les CHU de l'AP-HP) il existe également des médecins, des sages-femmes, qui prescrivent de l'homéopathie contre la montée de lait ou contre des trucs où l'homéopathie, pratique charlatanesque bien connue, n'a aucun effet.

Mais dans les services de gynécologie-obstétrique (et dans les CHU, et dans les CHU de l'AP-HP) il existe également des médecins, des sages-femmes, qui "prescrivent" des huiles essentielles, des séances d'acupuncture et autres gracieusetés.

Mesdames et Messieurs les chefs de service, faites le ménage dans vos rangs.

Vous n'êtes pas responsables de ce qui se passe en dehors de l'hôpital et/ou de la maternité. Les conditions socio-économiques sont des facteurs de fragilité pour les femmes enceintes et les nourrissons : revenus, logement, éducation, et cetera. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas faire le ménage.







jeudi 19 décembre 2019

La consultation d'annonce ne devrait pas être réservée à l'oncologie.

Calendrier de l'Avent médical 2019, Jour 19.




Comme dirait l'autre, il s'agit de "mentir vrai" pour ce qui est des deux cas cliniques (toutes les permutations sont possibles, femme/homme, diagnostic/non diagnostic, circonstances fraies/fausses, à vos calculettes).

Passons sur le fait qu'on ne dit pas consultation d'annonce, mais dispositif d'annonce (voir LA). Voici une publication oncologique datant de 2010 qui rend compte a priori de la lourdeur du dispositif. Et, le plus beau dans l'affaire : le retour vers le médecin traitant (1). Un poème.

Je pourrais en faire des tonnes sur ce que disent les patients de la façon dont s'est passée leur consultation d'annonce en oncologie. une autre fois.

J'ajoute que la consultation/le dispositif d'annonce sont aussi préconisées en cardiologie. Je trouve ICI un papier dans un site dédié aux infirmières...

Commençons par le début.

Cas 1 (il y a au moins 5 ans).

Acte I
Mademoiselle A vient au cabinet avec un test urinaire de grossesse positif.
Elle veut une prise de sang pour confirmer : je lui blablate ce que tout le monde sait et dit.
Elle connaît parfaitement la date de ses dernières règles.
Je lui imprime son calendrier de grossesse avec les dates.
Je lui communique l'adresse du site du CRAT.
Je lui explique que je ne "suis" plus les grossesses parce que : bla bla bla. Nous parlons de qui la suivra et où (elle a déjà choisi et, entre nous, cela n'aurait pas été mon choix).
Interrogatoire.
Pesée, mesure de la pression artérielle.
Prescription du bilan habituel (cf. les référentiels). Conseil pour l'endroit où faire pratiquer la première échographie (tous les radiologues ne sont pas généricables) mais elle s'était déjà renseignée et elle avait fait le même choix.
(Je connais cette jeune femme depuis l'âge de 8 jours, je connais son copain, je connais ses frères et soeurs, je connais ses neveux, je connais sa mère,....)
On cause (alimentation, bla bla bla). J'écris à la main les conseils diététiques et les interdits (2).
La consultation est longue et je dépasse largement le quart d'heure convenu.
Rendez-vous pris pour la semaine prochaine.
Acte II
Elle revient avec les résultats. Tout est nickel.
Elle est soulagée parce qu'il y avait des trucs en gras sur les bilans. J'explique blablate bla le problème des bornes.
Au moment de partir, la consultation est beaucoup plus rapide que la dernière fois, elle a quelque chose à me dire.
" Vous savez, docteurdu16, la dernière fois, vous m'avez expédiée...
- Ah...
- Vous ne vous êtes pas rendu compte de ce que cela représentait pour moi d'être enceinte, cela me faisait entrer dans un nouveau monde inconnu... Vous auriez dû m'expliquer un peu plus..."
Acte III.
Elle est enceinte de son deuxième bébé et je lui rappelle la conversation que nous avons eue sur le sujet : elle ne se rappelle plus.


Cas 2 (novembre 2017)

Acte I et II et III
Je diagnostique chez Monsieur A, 66 ans, qui est venu me voir pour un rhume banal qui aurait très bien pu "passer" avec quelques mouchoirs non remboursés par l'Assurance maladie, une hypertension artérielle. Bref, il est hypertendu. Il a eu droit à un interrogatoire serré, à des mesures répétées de la pression artérielle, à une prise de sang, et il a acheté, sur mes conseils, un appareil automatique de tension qui confirme qu'il est hypertendu et que les valeurs qu'il trouve chez lui sont à la hauteur de celles que je mesure à mon cabinet.
Je lui prescris un traitement qui s'avère non efficace, un autre traitement qui s'avère inefficace puis une combinaison de deux traitements qui est modérément efficace mais acceptable. Je ne cite pas les classes pharmacologiques car cela n'a rien à voir avec mon propos et cela pourrait susciter des commentaires sans fin. Disons qu'il n'y avait pas de bêtabloquants.
Je lui demande de repasser un mois après.
Acte IV
Il n'est pas content. Sa pression baisse peu, il oublie de prendre ses médicaments, ce qui le met dans une rage folle contre lui-même et il me dit ceci : "Docteur, vous vous êtes foutu de moi. Vous m'avez dit sans une once d'émotion, à moi qui n'ai jamais pris un médicament de ma vie, que j'étais hypertendu et, au lieu de me rassurer, vous m'avez collé la pétoche... Vous m'avez fait entrer dans le monde de la maladie, et, à mon âge, dans le monde de la vieillesse, vous auriez pu prendre plus de gants..."

Conclusion : Dire à quelqu'un qu'il ou elle change de condition de façon provisoire (une grossesse) ou qu'il ou elle entre dans une condition chronique (être hypertendu) ou que l'une devient maman (ce qui n'est pas rien) et l'autre, à son idée, devient vieux, n'est pas anodin. Il faut en tenir compte quand nous annonçons à quelqu'un qu'il "a" quelque chose.


(1) Qui connaît le mieux a priori un.e patient.e ? Sa mère, sa voisine de palier, sa femme/mari, ses collègues, sa maîtresse/amant, ses enfants, l'oncologue  ou le médecin traitant ?
(2) Je reviendrai un jour sur ces interdits qui sont devenus effrayants, je vous entends déjà, un cas par an, cela vaut le coup... Je fais le job. Sans conviction.


jeudi 14 septembre 2017

Bracelets d'identité à l'hôpital.















Dédicace spéciale pour Ph Ameline.

BRACELET

J'avais ironisé il y a quelque semaines sur le port des bracelets d'identité pour les nourrissons dans les maternités (un élément du pompeux dispositif d'identitovigilance et de traçabilité intégré dans le processus qualité de tout établissement de soins désirant faire moderne). J'avais écrit en substance : "La pose de bracelets d'identité chez les nourrissons est le témoin évident de l'anonymisation définitive des patients à l'hôpital."

Que n'avais-je écrit ?

Les urgentistes (et les hospitaliers) avaient mis le paquet dans le style : Comment un crétin de généraliste peut-il nous apprendre notre métier ? C'est toujours les gens qui n'y connaissent rien qui parlent. Les bracelets d'identité sont un progrès déterminant pour la sécurité des patients.

Disais-je le contraire ?

Nos amis urgentistes avaient oublié ceci : la pose de bracelets d'identité (il faut d'ailleurs pour qu'il soit posé que le personnel soignant ou non dispose de la carte d'identité du patient, de son passeport ou d'un titre de séjour, ce qui pourrait aboutir finalement à ce que l'on s'assure qu'il ne s'agit pas de faux papiers...) est sans doute un progrès concernant la sécurité des patients (voulez-vous que je vous serve la rhétorique officielle ?, "Cette mesure s’intègre dans un dispositif bien plus large de sécurité par l’identification du patient qui concourt au bon déroulement de la prise en charge de celui-ci. Il constitue une sécurité supplémentaire mais ne se suffit pas à lui seul. Il ne remplace en aucun cas le professionnel dans sa pratique et la relation de confiance établie entre le soignant et le soigné.") mais ce n'est qu'un maigre progrès, un pis aller vis à vis de la dégradation des conditions de soins et de travail dans les hôpitaux. On pose un bracelet d'identité aux patients parce qu'il n'est plus possible aux soignants (débordés, mal payés, démotivés) de connaître les patients, de les identifier vraiment, de leur prodiguer des paroles et des soins personnalisés. L'hôpital taylorisé, industrialisé, T2Aisé est acté (comme disent les technocrates) et revenir en arrière serait un recul. On nous le dit. C'est le progrès.

Vous avez compris ?

Je retrouve le courrier d'un syndicat d'infirmiers du 22 janvier 2008 remis à Roselyne Bachelot alors que l'administration souhaitait généraliser le bracelet à tous les patients de l'hôpital Saint-Louis. J'ai trouvé le truc un peu outré, un peu j'en fais des tonnes, mais, finalement, pas mal du tout. Vous pouvez le lire ICI.

Bon, pour résumer, le bracelet c'est super chouette, ça évite de se tromper, "La petite dame du box 7, elle va mieux ?", "Le pappy dans le couloir, il est réchauffé ?". Cela ne peut plus se passer comme cela. Merci les urgentistes.

Mais réfléchir sur l'aspect éthique (on est là pour sauver des gens, hein) ou sur le bordel organisé dans les hôpitaux... Y a plus personne.



MADAME A

Madame A est puéricultrice dans une maternité. Depuis 20 ans. Elle craque depuis plusieurs mois (elle a aussi des problèmes personnels, comme on dit). La réorganisation de la maternité, la façon de rendre physiologiques les naissances, les tâches accumulées, l'injustice, la façon impersonnelle de traiter les problèmes de personnel, elle craque. Il faudrait qu'elle s'arrête mais "je ne peux pas faire cela à mes collègues".

Je passe sur les détails. Elle me raconte ceci : "Le matin, lorsque je fais la transmission, je pleure parce que je ne me rappelle même pas la tête des nourrissons dont je m'occupe. C'est terrible ce que l'on nous fait faire."

Les urgentistes (et les hospitaliers) ont raison : heureusement qu'il y a le bracelet.

Illustrations : Chatiliez Emile. La vie est un long fleuve tranquille. 1988.