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dimanche 13 novembre 2022

Bilan médical (écourté) du lundi 7 au dimanche 13 novembre 2022 pour cause de vacances (Prague) : médecine générale, UFC Que Choisir, IPP, Croisières, grève des médecins, Cabrioles#AutodéfenseSanitaire, nationaliser la médecine générale, Prague.


 

1. La valeur de la médecine générale ne tient pas à ce qu'elle fait mais à ce qu'elle décide de ne pas faire. 

Cette phrase provocatrice de Desmond Spence à propos d'un métier qu'il connaissait bien et dont il disait que sa principale qualité était de gérer l'incertitude (à savoir se contenter de ne pas savoir en sachant qu'il n'y a rien de grave, par exemple), je l'ai resituée dans un billet  que j'écrivais en mars 2012 sur ce que pense Desmond Spence plus généralement de la médecine générale et de son rôle primordial dans le système de soins (ICI). Relisez bien ce qu'il écrit, cela devrait être la première chose à dire aux étudiants qui se décident à pratiquer la médecine générale.

En résumé : 

La fonction barrière de la médecine générale requiert une personnalité rassurante et, plus que tout, une aptitude à accepter l'incertitude. Quand on travaille en équipe les titres et les qualifications ne sont pas primordiaux pour endosser ces attitudes. Il existe trois priorités dans la pratique de la médecine générale : l'expérience, l'expérience et l'expérience.

J'avais aussi rapporté les données d'un article déjà ancien (LA) montrant que dans les hôpitaux britanniques le remplacement en consultation de porte d'un médecin par un.e infirmier.ère ne changeait pas grand chose en termes de morbimortalité mais augmentait le nombre de prescriptions et dénombre d'adressages.

Une étude plus récente du JAMA (ICI) indique qu'aux urgences les non-médecins prescrivent plus d'imagerie que les médecins (+5,3 %). On ne peut pas dire que cela soit très flagrant ! Mais cela va à l'encontre du médecin-bashing ambiant.

UFC Que Choisir a choisi Closer vs la Santé publique




Il fut un temps où la revue Que Choisir enquêtait sérieusement sur les sujets qu'elle traitait. Désormais, infiltrée par le club des Mépriseurs de Médecins généralistes et la secte des Hospitaliers Associés, elle donne désormais dans le sensationnel... 

Comme si les pédiatres consultaient en majorité des enfants malades....

2. Les inhibiteurs de la pompe à protons à prescrire en cures courtes.

Au delà des études (peu robustes) qui montrent des lupus induits (LA), des hypokaliémies et d'autres babioles il est nécessaire de respecter les indications des IPP (pour les non médecins, omeprazole, pantoprazole, eupantol, esomeprazole,...) et de suivre également les recommandations de l'HAS (ICI), c'est à dire pas plus de 8 semaines pour un RGO, pas de prescription systématique avec les AINS, et se méfier chez les personnes âgées et les nourrissons.



3. Les croisières massives : il faut couler le Majestic Princess et ses frères et soeurs.

Encore une fois la khonnerie humaine a frappé. @NicolasBerrod nous rapporte que 800 sur les 4600 passagers du bateau étaient positifs au Covid-19 (LA). A quoi servent ces croisières de masse ? Ce sont des aberrations. Des aberrations environnementales, des aberrations touristiques, des aberrations énergétiques, des aberrations de santé publique (sur bouffe, alcoolisme, obésité...), des aberrations anthropologiques. 

Il faut tous les couler, ces HLM flottants. 

Rappelons que le Diamond Princess appartenait à la même compagnie... Premier navire de croisière à avoir été mis en quarantaine début 2020.


4. La revendication du C à 50 euros et la menace de déconventionneront tuent les autres motifs (légitimes) de la grève des MG prévue pour les 2 premiers jours de décembre

Je n'ai jamais été un grand fan de la grève des médecins libéraux.

Parce que cela n'a jamais marché.

Une grève des libéraux doit être DURE, c'est à dire longue, sans concessions... Avec refus des réquisitions.

Elle ne sera pas dure, elle ne sera pas unie, parce qu'il y a des patients derrière.

Quant à la menace de déconventionnent elle est totalement irréaliste.

Mes anciens patients auraient été laissés sur la touche.

Je n'imagine même pas, moi qui travaillais plutôt dans le style 3 patients par heure, 6 ou 7 visites par semaine et 45 heures par semaine, avec une secrétaire 35 heures partagée avec une associée, et qui en vivais très bien, combien mes revenus,  auraient explosé...




5. Autodissolution du Ministère de la Vérité du Covid d'extrême-gauche.


Explications ICI des raisons de cette autodissolution.

@CabriolesDouze, si j'ai bien compris, est le seul groupe d'extrême-gauche autoproclamée qui a raison sur tout sur la pandémie de Covid. Tous les autres se trompent.

C'est aussi un groupe complotiste.


Soutenu par le merveilleux @Pr_Logos.

6. La médecine générale libérale est la cause de tous les maux de la médecine : détruisons-la.

Il existe sur twitter une représentation de la médecine libérale (et je ne parlerai ici que de la médecine générale libérale) exprimée par une certaine extrême-gauche (la vraie de vrai) hospitalière (et mon oreillette me dit que ceux qui ne s'expriment pas pensent de la même façon) qui est le décalque des préjugés de classe (intellectuelle) de la médecine mandarinale hospitalière.


L'extrême-gauche médico-hospitalière défend le service public comme les catholiques la virginité de Marie.

L'extrême-gauche médico-hospitalière désire la destruction de la médecine générale libérale (pour ce qui est de l'exercice libéral des autres spécialités, pas un mot) responsable de tous les maux de la médecine et du service public confondus.

L'extrême-gauche médico-hospitalière raconte partout que les médecins généralistes libéraux sont des feignants (ils travaillent selon eux moins de 35 heures par semaine, sans doute), qu'ils ne prennent pas de garde et qu'ils devraient assurer ce service 24/24, 7/7, 365/365 pour respecter la déontologie, sans repos compensateurs, qu'il n'existe pas de plages d'urgences non programmées dans les cabinets, qu'il y a trop de rendez-vous, que l'on devrait revenir aux non rendez-vous (vous savez ces salles d'attente bourrées, sans sas de protection, où les premiers arrivés sont les premiers servis et où l'attente est comprise entre 2 et 4 heures et c'est dans ces conditions que l'on retrouve les consultations d'abattage, la médecine casse-croûte, la médecine Uber...).

L'extrême-gauche médico-hospitalière croit également à la notion de zones surdotées telles que rapportées par Mediapart...

L'extrême-gauche médico-hospitalière exige dont la nationalisation de la médecine générale de ville.

Elle ne parle pas encore de la nationalisation des cliniques à but lucratifs et non lucratifs.

Tout ce que l'extrême-gauche médico-hospitalière dénonce à propos de la médecine générale libérale (dépassements d'honoraires, pas de prises de garde, corruption, par exemple, absence de procédures validées par l'EBM, prescriptions inappropriées) elle l'accepte à l'hôpital mais ne la dénonce pas (sauf entre elle, dans sa cabine téléphonique). 

Elle est aussi favorable à une quatrième année de médecine générale avec des IMG non expérimentés envoyés dans des déserts. 




IMG de quatrième année envoyé dans un désert.

L'extrême-gauche médico-hospitalière demande de l'argent et n'exige pas de réformes pour l'hôpital.

L'extrême-gauche médico-hospitalière méprise la médecine générale libérale et encore plus les médecins libéraux. "Ce n'est pas de la médecine, c'est de la bobologie..."

Les médecins généralistes libéraux qui sont passés au salariat ont leur mot à dire.

Les médecins généralistes libéraux qui ont choisi d'exercer dans des structures collectives ont leurs mots à dire.

Mais le problème de l'accès aux soins se pose dans tous les pays développés et quel que soit le système. 

La seule donnée dure mais dont une certaine extrême-gauche médico-hospitalière n'a pas pensé est le poids que la société est prête à donner aux soins primaires : attractivité, définition des objectifs, accompagnement médico-social, formation. Plus les soins primaires sont puissants et plus l'hôpital (cf. supra Desmond Spence) pourra se consacrer à ses objectifs fondamentaux, sauver des vies, s'occuper des maladies rares et complexes, faire de la recherche, diffuser des connaissances et permettre aux soins primaires de faire la même chose, sauver des vies, s'occuper des maladies rares et complexes, faire de la recherche, diffuser des connaissances.

Chiche ? 


7. Hors sujet : Prague

Le cheval. David Cerny.






Un Christ sur le Pont-Charles avec une inscription en hébreu.


La cathédrale Saint-Guy construite au 10° siècle et complétée au 20 ° 
Avec de magnifiques vitraux modernes de Mucha.



Le triste dernier domicile connu de Milan Kundera.



Le cimetière juif.



Franz Kafka


Carte de U Pinkashu, un des milliers de restaurants praguois.
269 Kz # 10 euros


Une entrée praguoise


Une façade praguoise


La fameuse horloge astronomique


Malek Kren : Un puits de livres


Un des trois hommages à Jan Palach.


Allez-y hors saison, sinon c'est l'enfer.



lundi 19 novembre 2012

Les nouveaux médecins généralistes (2) : La féminisation de la profession.


J'entends dire ici et là que la féminisation de la profession médicale est une chance pour faire disparaître la pratique éculée de la médecine générale libérale telle que nous la décrivent les images d'Epinal (60 heures de travail hebdomadaire, gardes de nuit, disponibilité complète à l'égard des malades, isolement, absence de protection sociale, de congés payés, congés maternité misérables, pour ne parler que des items les plus importants ou les plus fréquemment cités, et voir ICI pour la médecine alapapa) et pour qu'adviennent une médecine générale libérale moderne et / ou le salariat salvateur d'Etat ou de région ou de municipalité.
Va pour la féminisation bienfaitrice.
Va pour le salariat.
Il n'est bien entendu pas question ici, sans passer pour un affreux misogyne, un affreux anti féministe (mais comme il existe des féminismes différents il doit bien exister des anti féministes également différents, non, les anti féministes sont des salauds et des réactionnaires, des ennemis du progrès universel, des tenants de l'ancien monde, et cetera, et cetera...) de dire que la féminisation des professions change les professions ou a changé les professions ou rend compte de ces changements ou les précède ou les suit... C'est mal de le penser.
Il n'est pas possible non plus de douter que la féminisation de la profession la rendra meilleure, tout le monde sait que les femmes, par essence, par effet de genre ou par pure génétique (on mélange et on ramasse les copies dans 4 heures), sont meilleures que les hommes, plus douces, plus compréhensives, plus proches des patients, plus empathiques, plus pertinentes, plus compétentes (elles réussissent tellement bien à l'ECN), et cetera...
Quel est le problème ? Il n'y en a pas.
Et ainsi, l'avenir de la médecine générale libérale, pour paraphraser Aragon, sera féminin ou pas.
J'entends dire ici ou là que les femmes ont plus le sens des réalités, plus le sens de la famille, plus le sens des loisirs, plus le sens du bon sens. Certainement. On voit d'ailleurs que l'Education nationale, depuis que ce ne sont plus les hussards mâles de la république qui assurent l'école primaire, va de mieux en mieux avec toutes ces femmes dévouées et peu payées qui "assurent". Et je ne dis pas que le niveau a baissé parce que les femmes sont devenues majoritairement institutrices, d'ailleurs, tout le monde le sait, le niveau ne baisse pas, (Baudelot et Establet, les chantres de la statistique anti capitaliste et éducationnelle, n'ont jamais cessé de nous le seriner... ICI), mais que la profession d'instituteur, dans une société restée hautement patriarcale, n'est plus masculine, c'est tout.
Examinons pourquoi les femmes vont changer, enterrer la médecine générale libérale, non pour des raisons idéologiques qui tiendraient essentiellement à la qualité de vie, mais pour des raisons purement mécaniques tenant à l'exploitation patriarcale (pardon pour les gros mots).
Il est vrai qu'il est rare qu'un mari diffère sa carrière professionnelle pour suivre sa femme lors d'un changement d'orientation de celle-ci ; il est vrai qu'il est rare qu'un mari accepte de renoncer à son travail et de s'occuper des tâches ménagères pour que sa femme progresse dans sa profession et devienne, par exemple, médecin généraliste au Québec ou aux Etats-Unis... Il est vrai qu'il est rare qu'un mari accepte que sa femme médecin s'installe dans un désert médical et qu'il assume le secrétariat pendant qu'elle consulte et qu'il fasse le ménage pendant qu'elle se repose ; il est vrai qu'il est rare (mais on me dit que l'on gagne cinq minutes par siècle) que les hommes passent l'aspirateur, rangent, s'occupent plus du lave-vaisselle, des courses, des enfants, des repas que leur femme...
Je ne vais pas vous faire le coup du Care et de la voix invisible des femmes qui ne plaît à personne (ni à gauche, ni à droite, la remise en cause du néo libéralisme et du patriarcat étant un peu rude, voir LA) et vous montrer que les femmes médecins doivent non seulement faire leur journée de travail mais aussi un certain nombre de tâches ménagères ou, pour les plus aisées, les faire faire à d'autres, des femmes de ménage, volontiers peu payées, volontiers peu valorisées et volontiers immigrées de fraîche date, mais, quoi qu'il en soit, il est normal que les femmes veuillent travailler moins, les plombières comme les rombières, les ouvrières d'usine comme les doctoresses, il faut bien s'occuper des enfants et du seigneur et maître... Je vois autour de moi que lorsque les enfants sont vraiment malades, c'est la femme médecin généraliste qui prend une matinée plutôt que le mari ingénieur...
Les femmes médecins généralistes travaillent moins que les hommes médecins généralistes, voient moins de patients en moyenne, ont des revenus inférieurs : est-ce pour des raisons d'intelligence ou pour des raisons de double vie ?
Pourquoi y a-t-il plus de femmes médecins généralistes qui travaillent déjà dans les PMI, dans les écoles et lycées, dans les centres de santé municipaux, plus de femmes que d'hommes qui sont des médecins généralistes salariés ? Parce qu'elles ont compris, les malignes, que c'était là qu'elles pouvaient exercer leurs qualités naturelles, s'occuper de nourrissons, d'enfants et d'adolescents ? Parce qu'elles ont compris  que c'était là qu'elles travailleraient le moins, ces feignantes ? Parce qu'elles ont compris que c'était là que leurs qualités si particulières, celles que l'on attribue aux jeunes femmes, le tricot, la couture et l'élevage des enfants, pourraient le mieux s'exercer ? Ou parce que c'est le rôle qu'on leur a assigné, le rôle qu'on leur a confié afin que, travaillant 35 heures ou moins (aux quatre cinquièmes), elles puissent accompagner les enfants (leurs enfants) à l'école le matin, les réceptionner le soir, leur faire faire leurs devoirs, les encadrer pour les activités du mercredi, passer l'aspirateur et faire la tambouille quand le mâle tout puissant rentrera, fourbu, après sa journée de travail, avec des revenus supérieurs à ceux de sa femme...
Et qu'on ne vienne pas me dire non plus que j'exagère, que je caricature, que les femmes auraient, comme par miracle, une éthique meilleure que celle des hommes, toutes choses égales par ailleurs, que les femmes médecins généralistes seraient les plus à même de critiquer le sort qui est fait aux malades ou aux malades femmes...

Car les femmes médecins ont, dans l'ensemble, intégré de façon parfaite le patriarcat médical.
Peu d'entre elles (sauf Iona Heath, voir ICI) montent aux barricades pour protester contre le dépistage organisé du cancer du sein et les risques qu'il leur fait courir.
Peu d'entre elles montent aux barricades pour s'insurger contre l'épisiotomie considérée par les obstétriciens comme un des Beaux-Arts.
Peu d'entre elles montent aux barricades pour s'insurger contre l'utilisation de l'acétate de cyprotérone comme moyen contraceptif (LA) ou comme celle du désogestrel comme progestatif de référence (ICI).
Peu d'entre elles dénoncent l'excès de douleurs physiques induit par l'utilisation de contragestifs pour interrompre les grossesse par rapport à la méthode de l'aspiration.
Peu d'entre elles protestent contre la médicalisation de la contraception et dénoncent les effets indésirables de la contraception oestro-progestative... non pas seulement sur le plan thrombo-embolique, ce qui serait déjà important, mais sur celui de la libido...

Je m'arrête là. Je n'ai pas parlé des traitements hormonaux de la ménopause, du distilbène, des hystérectomies intempestives, des "totales"...

La féminisation de la médecine générale ne va pas pouvoir freiner la disparition de la médecine générale libérale et pourrait faire apparaître une hypothétique médecine générale salariée qui n'aura plus rien à voir avec ce que nous connaissons maintenant.
J'ai déjà dit LA quels sont les tenants et les aboutissants de la disparition des médecins généralistes et de la médecine générale libérale : la société avide de médecine et de consumérisme médical décidera pour elle-même de ce qu'elle doit et peut faire.
Cela ne sera pas un progrès. Voir ICI l'histoire de consultation 135.
Je crains ne pas me tromper.

(American Medical Women's Association)