jeudi 28 avril 2022

Pourquoi il est nécessaire de mener des études contrôlées étudiant les effets du port du masque en période de pandémie Covid.

Belphégor - 1965 © AFP / COLLECTION CHRISTOPHEL 


Le port du masque a été, dès les débuts de la pandémie, une des mesures-phares non pharmacologiques (il n'y avait pas grand chose d'autre) appelées aussi mesures-barrières.

Il s'agissait d'une mesure de bon sens.

Le port du masque n'entrait pas dans le cadre du principe de précaution puisqu'il existait des éléments concrets indiquant que le port du masque avait un effet filtrant pour les particules virales qu'elles soient grosses comme pour la grippe saisonnière ou fines comme pour le covid-19.

Le port du masque ressortait du principe de prévention.

Le port du masque pose un certain nombre de questions :

  1. Quel type de masque ? Tissu, chirurgical, FFP2, FFP3
  2. Où les porter ? A l'intérieur, à l'extérieur en général, à l'extérieur en milieu concentré (foule)
  3. Comment les porter ? Bien, mal, plutôt bien, plutôt mal
Or, contrairement à toute logique, aucune étude robuste n'a montré quelque chose de probant sur la transmission, les formes symptomatiques ou asymptomatiques, la séroconversion, les hospitalisations en services de soins intensifs et/ou de réanimation, les décès et... les covid longs.

Aucune étude robuste n'a été menée car il est difficile, n'en doutons pas, de mener de telles études en raison du nombre de facteurs qui interviennent : statut vaccinal, quel vaccin, respect de la distanciation sociale, variété et concomitance des souches, lieux de possibles contaminations, et cetera... âge, facteurs de risque...

Il est étonnant que des recommandations universelles, plusieurs milliards d'individus, ne soient pas étayées par des études de qualité.

Le biais cognitif des vrais scientifiques dépositaires du savoir tiré de l'expérience est celui-ci : je me contente d'essais non robustes quand leurs résultats confortent mes opinions.

Quant aux objections qu'ils produisent, ces scientifiques qui avancent l'effet parachute pour justifier leurs arguments, trop de facteurs, pas possible de tout envisager, elles seraient balayées par la mise au point de protocoles contrôlés, randomisés, localisés qui rendraient ces objections caduques puisqu'elles seraient également réparties dans des groupes homogènes de patients...

L'absence d'études robustes nourrit les malentendus, les incompréhensions, et aggrave les idées anti science expérimentale.

La gestion catastrophique du port du masque par les autorités gouvernementales et de santé publique (on a vu que c'était la même chose) ET par les bien-disants scientifiques a créé la confusion et le doute, le grand public ayant du mal à comprendre que les prétendus scientifiques ou que les vrais scientifiques puissent au même moment et successivement dire des choses contradictoires et ne pas revenir sur leurs erreurs au lieu de répéter en boucle : "Si nous changeons d'avis, c'est en raison des données de la science." Alors que c'est faux.

L'analyse actuelle ICI des études plus robustes que d'autres mais peu robustes quand même...

1) montre que le port du masque en tissu est inefficace pour la transmission du Covid chez des personnes adultes non vaccinées (LA), étude qui comparait le port du masque en tissu vs le port de masques chirurgicaux et, pour les deux groupes, il y avait un groupe contrôle sans conseils et un groupe intervention (avec éducation au port du masque et aux enjeux des autres mesures-barrières dans la stratégie Covid) 

A noter également dans cette étude menée au Bangladesh que les masques étaient distribués gratuitement et que cette gratuité n'a eu aucune influence sur le port du masque : ce sont les informations données aux citoyens (il n'y avait que des hommes) qui ont fait augmenter le port du masque de 28 % ! 



Cette étude a fait également l'objet de critiques féroces : ICI

2) montre que le port du masque chirurgical en extérieur chez les adultes et en association avec les mesures-barrières (étude non randomisée) ne diminue pas significativement l'incidence des infections par covid-19 à un mois : LA. Etude DAN MASK. Chez des adultes. 

Cette étude présente de nombreux biais méthodologiques.

3) Il existe aussi une étude "écologique" (octobre 2021) qui montre aux US que le port du masque dans les écoles chez les enfants de moins de 18 ans une diminution du nombre des contaminations. Mais il y a tellement de biais qu'il vaut mieux ne pas trop prendre en compte les résultats (pas assez de participants, non prise en compte du statut vaccinal, hétérogénéité des environnements...)

4) enfin une méta-analyse dans le BMJ était peu conclusive : LA en raison de l'hétérogénéité des essais (8 ont été retenus) et de leur manque de robustesse.

5) A noter qu'une étude française (Qualimask) a tenté d'analyser ICI chez des adultes (nous n'avons qu'une prépublication) les perceptions, représentations et les pratiques concernant le port du masque en population générale: les premiers résultats sont tout à fait intéressants notamment sur ce que pensent les participants sur l'acquisition de la façon de porter un masque (savoir expérimentiel). On imagine la même chose chez les enfants ! 

Il est difficile de comprendre comment il n'a pas été possible, depuis janvier 2020 (et avant si on parle de la grippe saisonnière) de mener des essais contrôlés en France (mais c'est la même chose ailleurs) :

  1. Dans les bureaux (ARS Ile-de-France vs ARS Occitanie)
  2. Dans les entreprises (Renault vs Peugeot dans des ateliers de soudure)
  3. Dans les lycées (lycée Louis-Le-Grand versus lycée du Parc)
  4. Dans les collèges (93 vs 78)
  5. Dans les écoles...
  6. Dans le métro parisien (ligne 7 vs ligne 13)
  7. Dans les établissements de soins (Necker vs Avicenne)
  8. Dans les EHPADS (public vs Orpea)
  9. Chez les professionnels de santé...
  10. Et cetera...
Il existe des explications simples : l'anesthésie des épidémiologistes par la politique du tout vaccin, l'absence d'argent pour la recherche publique en épidémiologie puisqu'il n'y a pas de molécules à commercialiser... La faillite des agences gouvernementales qui, comme leur nom l'indique, obéissent, doivent obéir aux injonctions du gouvernement.


Est-il possible de faire autrement ? 

Publier le nombre de morts tous les jours, publier le nombre de contaminations tous les jours, publier le nombre (estimé) de covid longs tous les jours, très bien.

Publier le nombre d'études contrôlées en cours évaluant l'efficacité et l'efficience du port du masque : pourquoi non ?


dimanche 24 avril 2022

Bilan médical de la semaine du lundi 18 au dimanche 24 avril 2022 : les MG méprisés, la fin du procubitus ?, valproate de sodium, Pfizer, la distribution des vaccins.

 

L'avenir de la santé publique en France (ici, à Versailles)

Un journal publicitaire destiné aux médecins généralistes où aucun article n'est écrit par un médecin généraliste

Je reçois gratuitement dans ma boîte à lettres la Revue du Praticien Médecine Générale et le classement vertical est souvent la réponse à mon ennui d'avance.

L'autre jour j'ouvre le numéro 1066 (Rev Prat MG 2022 ; 36 : 157-208) . Je parcours les titres des articles et je me rends compte, mais ce n'est pas nouveau, qu'il ne s'agit pas d'une revue destinée aux préoccupations des médecins généralistes

Imagine-ton des revues de cardiologie ou de pneumologie qui soient rédigées par des non-cardiologues et des non-pneumologues ?

Quand je répète que les MG sont les méprisés du système... 

Imagine-t-on un journal féminin rédigé par des hommes ? 


Un essai contrôlé non randomisé qui remet en cause le procubitus...

... chez les patients hypoxiques atteints de Covid nécessitant une supplémentation en oxygène et ne nécessitant pas une ventilation mécanique. En ne trouvant aucune différence à J 5 sur les critères de gravité entre le procubitus et le décubitus dorsal.

C'est ICI.


Le valproate de sodium frappe encore (GB)  : 20 000 bébés seraient nés avec des difformités 

pour cause de déficit d'informations délivrées auprès des femmes enceintes..


Et malgré tout le valproate de sodium continue d'être prescrit aux femmes enceintes en Grande-Bretagne sans aucune notice ou avertissement à l'intérieur des paquets des médicament commercialisées contenant du valproate de sodium. 


Pfizer "distribuant" ses vaccins aux pays pauvres.




Est-il encore possible de distribuer des vaccins de façon égalitaire à travers le monde ? 

Un article du BMJ analyse (LA) les raisons pour lesquelles les vaccins n'ont pas été équitablement distribués (vendus ?) dans le monde entier et imagine avec beaucoup d'idéalisme que c'est encore possible. A vous de juger.




Le capitalisme triomphant.


L'industrie pharmaceutique résumée en un dessin.


Hors sujet : l'exposition Eugène Leroy au Musée d'Art Moderne de la ville de Paris


Auto-portrait

Un peintre majeur du vingtième siècle (1910 - 2000)

C'est tout pour ce soir où Marine Le Pen a perdu.




lundi 18 avril 2022

Bilan médical de la semaine du lundi 11 au dimanche 17 avril 2022 : Macron, liens d'intérêts, restriction sodée, dépistage des cancers, covid long, Sacubitril/valsartan

Je n'ai pas trouvé le nom du dessinateur...


Le Collège National des Généralistes Enseignants s'engage.


Le communiqué : LA.

Les résultats du premier tour de l'élection présidentielle me feront voter Macron au second.

Nul ne saurait ignorer combien ce blog a publié de billets critiquant à la fois la politique économique violente d'Emmanuel Macron à l'égard des plus précaires (que l'on a vus être les plus fragiles par rapport au Covid en termes de nombre de cas, de sévérité de la maladie, d'hospitalisations et de décès) et l'incompréhensible politique de santé publique vis à vis du Covid (prise en compte de gourous, refus des données, initiatives curieuses, manque de cohérence, électoralisme...) et pourtant, en raison du danger que l'extrême-droite prenne le pouvoir en France, il me paraît utile de voter Macron au deuxième tour.

Marc Gozlan et l'industrie.

Nous avons toujours beaucoup apprécié  les billets de Marc Gozlan en son blog (ICI) "Réalités Biomédicales" et nous continuerons de le lire avec attention malgré ce qui suit (ou, plutôt en en tenant compte).

En revanche, ne voilà-t-il pas qu'il promeut sur son compte twitter (désormais il m'a verrouillé, je ne peux plus y accéder) un site consacré au diabète (LA) dont il loue l'indépendance, un centre dirigé par le professeur Philippe Froguel et qui s'intitule Preci Diab, National Center for Precision Diabetic dans lequel il publie un blog "Le diabète dans tous ses états" (LA).

Voici les partenaires industriels du site.


J'avais signalé qu'il ne pouvait pas mettre en avant son indépendance et ne pas signaler que le site est sponsorisé par l'industrie (bien que le site en fasse mention). Cela n'enlève rien sans doutes aux qualités éditoriales de Marc Gozlan mais, pour le diabète, cela invite à la prudence.


Pourquoi les psychologues sont opposés au nouveau remboursement des consultations de psychologie.

Depuis le 5 avril 2022 les consultations de psychologie sont désormais remboursées par l'Assurance maladie, ce qui pourrait être une bonne nouvelle pour la profession, mais ce qui lui pose manifestement des problèmes.

Un psychologue explique dans La République du Centre  (LA) les raisons pour lesquelles la profession s'y oppose.

Quand Vinay Prasad attaque frontalement la politique #ZeroCovid à partir de la politique de santé publique chinoise : effrayant.

Vinay Prasad est désormais très contesté pour ses prises de position contre la fermeture des écoles, contre le port du masque dans l'Etat de New-York pour les enfants de 2 à 4 ans, et cetera. Mais il est toujours très important de l'écouter. (ICI pour twitter et LA pour YouTube)


La restriction sodée dans l'insuffisance cardiaque : un dogme mis à mal par la randomisation.

John Mandrola commente (LA) un essai publié dans Lancet (ICI) (dont on voit ICI le protocole).

Conclusion (rapide) : En médecine ambulatoire la restriction sodée ne diminue pas les "événements" cliniques.

Il s'agit d'un essai pragmatique randomisé testant les conseils habituels vs un régime faible en sodium à 1500 mg/jour.

Il n'y avait pas d'essai contrôlé auparavant.

Quelques remarques (de John Mandrola) : cet essai ne montre pas de différence, il est possible qu'il n'y en ait pas (vrai négatif) et il est possible que l'essai n'arrive pas à démontrer cette différence (faux négatif). Mandrola penche pour la deuxième hypothèse : 
  1. Le groupe contrôle consommait peu de sel (avec une différence quotidienne de 500 mg) (en moyenne les Etats-uniens consomment 3 g/jour)
  2. Le nombre de patients inclus était trop faible car l'estimation des événements cliniques avait été sous-estimé au départ
  3. Les patients inclus n'étaient pas assez sévères.
Quoi qu'il en soit : un dogme fondé sur le bon-sens est malmené par un essai contrôlé.

En d'autres domaines (covid, par exemple) on pourrait s'y intéresser.


Cancer screening: the good, the bad and the ugly. Mille repetita placent.

Cent fois sur le métier Gilbert Welch remet son ouvrage dans le JAMA: LA.

Cet article est fondamental. il devrait être enseigné dans toutes les facultés de médecine de France et de Navarre.

En voici la traduction française sur le site de Cancer Rose (LA).

Discussions passionnées sur Twitter, où l'on se rend compte que le dépistage et ses supposés bienfaits reculent un peu dans l'esprit des scientistes et des bonsensistes. 

Je faisais remarquer que :
  1. Le dépistage organisé du K du colon ne sauvait pas de vies et l'on m'a répondu que le critère mortalité globale était sans doute dépassé (cela m'a évoqué l'abandon ou presque du critère Survie Globale dans les essais de cancérologie au profit de critères de substitution afin de pouvoir commercialiser des molécules non efficaces)
  2. Qu'il y avait également un sur diagnostic dans le dépistage du cancer du colon mais qu'il concernait effectivement peu les lésions cancéreuses mais surtout les lésions précancéreuses et on m'a répondu qu'il n'était pas éthique de faire des essais randomisés et qu'on devrait m'inclure dans le bras contrôle d'un essai contrôlé (l'empathie des scientistes) et que, finalement, si j'étais si malin, pourquoi n'avais-je pas mené de tels essais ?
  3. Les arguments des défenseurs du dépistage organisé du cancer du colon ressemblent à ceux des urologues pour le dépistage du cancer de la prostate par dosage du PSA (dont on sait qu'il entraîne trop de sur diagnostics et de sur traitements) ou des gynécologues-obstétriciens pour le dépistage organisé du cancer du sein ou pour le dépistage sauvage du cancer du sein (quel que que soit l'âge et à des fréquences curieuses), sans oublier les oncologues et les marchands de mammographes, ou des pneumologues pour le dépistage organisé et ciblé du cancer du poumon chez le fumeur.

Covid long : une étude de cohorte ouverte mal fichue et inquiétante qui fait partie de la désinformation des Faiseurs de Peur.

Un article de Sciences et Avenir (LA) commenté sur twitter par l'auteur, Nicolas Gutieriez, à partir d'un essai français de cohorte (ICI) rapporte, dès la deuxième phrase que

Le Covid long (...) toucherait près de la moitié des personnes ayant développé le Covid.
Or, que nous apprend l'article princeps ?

... qu'environ 10 % des personnes ayant présenté un syndrome respiratoire sévère dû au covid ont présenté un Covid long...

On arrête là ? 

Je ne suis pas ici pour négliger les covid longs.
Je ne suis pas ici pour nier les covid longs.
Je ne suis pas ici pour ne pas prendre en compte et en charge et en soin les covid longs.
Je demande des données issues d'essais robustes.


Sur diagnostic (anxiété) chez les enfants/adolescents.  

Un article du New-York Times (LA) rapporte qu'un panel d'experts états-uniens recommande le dépistage de l'anxiété chez les enfants de 8 à 18 ans en soulignant l'intérêt d'un diagnostic et d'un traitement précoces.

Voici la réponse d'Allen Frances (ICI)



Hors sujet

Félix Valloton. Paysage avec paysan. Honfleur. 1912


Sacubitril et insuffisance cardiaque par Florian Zores

Lire ICI

L'association Sacubitril/valsartan est un très bon traitement de l'insuffisance cardiaque à Fraction d'éjection du ventricule gauche altérée si l'on reste dans le cadre de l'étude PARADIGM (LA).

Pour les questions en suspens lire l'article de Florian Zores.

A propos des maux de gorge non compliqués en téléconsultation : ni TDR ? ni antibiotiques ?

Sur twitter le docteur Licha montre le résultat d'une télé consultation sans visio avec prescription de céfixime pour des maux de gorge (ICI).

Lisez toute la conversation.

Et Didier Boussageon pose la question à 25 euros : était-il nécessaire de pratiquer un TDR ? Etait-il même nécessaire, sans TDR, de prescrire des antibiotiques ? 

Dans le cadre de la décision partagée, voici un document australien qu'il faut prendre en considération et qui pourrait changer nos pratiques.



C'est tout pour cette semaine mais c'était beaucoup.







dimanche 10 avril 2022

Bilan médical de la semaine du lundi 4 au dimanche 10 avril 2022. Les élections, Pfizer, les liens d'intérêts dans le diabète, l'oxymétrie covid, Sacubitril...

Image de la désastreuse politique sanitaire d'Olivier Véran et d'Emmanuel Macron. Il vote sans masque derrière un inutile Plexiglas 

 

Images Le Dauphiné Libéré


A 21 heures, voici les estimations : 



Vous avez encore envie que je vous commente l'actualité médicale de la semaine passée ?






La société francophone du diabète donne ses recommandations sur le diabète et déclare ses liens d'intérêts.


Voici les chiffres des Français.

Dans l'ordre € (nbre de déclarations) source eurofordocs pour les Français Pr B Bauduceau 241 425 (578) Pr L Bordier 172026 (636) Pr P Darmon 365228 (1343) DR Bruno Detournay 57752 (109) Pr P Gourdy 303 844 (1043)
Pr B Guerci 551 026 (1394) Dr S Jacqueminet 17 492 (103) Pr A Penformis 0 (0) Pr C Thivolet 97775 (225) Dr T Vidal 0 (28)


Selon Prescrire, le bilan des nouvelles molécules en 2021



Pourquoi l'OMS a mis deux ans avant de dire que le Covid diffusait par aérosolisation.



La retraite à 65 ans (Macron et d'autres).



Oxymétrie de pouls à domicile versus examen clinique en période de Covid

LA
Attention, c'est une étude contrôlée. Une seule.
Mais : Les auteurs affirment que l''utilisation d'un oxymètre de pouls à domicile en plus de la clinique (appréciation subjective de la dyspnée) ne change pas l'espérance de vie


Sacubitril et insuffisance cardiaque sur l'excellent blog de Florian Zores


Pour vous donner envie de lire, voici le début de la conclusion de Florian Zores

Les données publiées ces derniers mois viennent donc confirmer ce que j’écrivais il y a presque un an : le S/V est un très bon traitement de l’ICFEA si on reste dans le cadre de l’étude PARADIGM. Dès qu’on étudie une population différente, les résultats sont bien plus discutables, voire totalement négatifs. Je sais bien que la nouveauté est attrayante et que prescrire du S/V semble bien mieux qu’un vieil IEC génériqué depuis une ou deux décennies... A suivre sur le blog.


Encore une "société" de diabétologie sous influence.


Voici les partenaires philanthropes : 



Un peu d'actualité (électorale)




C'est tout pour ce soir

mercredi 6 avril 2022

Doctolib monopolise les rendez-vous : la partie est-elle finie ?

Entrepôts Amazon.


La marque Doctolib est devenue un nom commun, un éponyme et, si l'on veut faire encore plus savant, une antonomase de nom propre.

Les exemples d'antonomase sont très nombreux (voir ICI un article de Capital) : Alcootest, Botox, Caddie, Chatterton, Digicode, Jacuzzi, Velux ou Zodiac...  

Sans oublier Kleenex et Sopalin (Société du papier linge). Et encore plus les expressions comme je vais le google-iser un nom ou on se texte.

Notre vie quotidienne est remplie d'exemples du même type quand une marque monopolise le marché ou le résume ou l'avale. 

Il est rare d'entendre dans un bar un consommateur demander un Pepsi.

La réussite de Doctolib est incontestable.

J'avais tenté une première analyse de la signification de Doctolib (et de l'ostéopathie) dans les nouvelles représentations collectives de la santé ICI . En toute modestie, cela reste très pertinent.

Les optimistes et les partisans du marché vous diront qu'il faut saluer l'intelligence et le savoir-faire des créateurs et développeurs de Doctolib.

Les inquiets et les grincheux objecteront qu'il est dangereux de s'en remettre à une seule société pour prendre des rendez-vous médicaux en ville comme à l'hôpital.

Et ainsi, comme lorsque nous cherchons un vol nous nous retrouvons sur Opodo, quand nous recherchons un hôtel nous nous retrouvons sur booking, quand nous voulons acheter un maillot de sport nous nous retrouvons sur Décathlon, lorsque nous recherchons un rendez-vous chez un médecin ou pour un Scanner/IRM ou pour se faire vacciner contre le covid, nous nous retrouvons sur Doctolib...

Est-ce bien? Est-ce mal ?

C'est comme ça.

Doctolib a pris un tournant majeur lors de la pandémie Covid.

Doctolib a fait ce que la puissance publique n'a pas su faire.

Il est possible que si la logistique et la livraison des vaccins avaient été réalisées par Amazon il y aurait eu moins de ruptures de stock.

Doctolib a aussi pris le virage (ambulatoire) de la télé consultation, ce qui a été un apport considérable en temps de pandémie.

Mais les situations de monopoles ne sont jamais bonnes pour le consommateur, ici le consommateur de soins.

Booking, par exemple, prend une commission moyenne de 15 % sur le prix d'une prestation.

Et Doctolib, après avoir pris en otage les noms de patients, s'est lancé dans les dossiers médicaux.

La boucle est bouclée.

On peut dire aussi que Doctolib permet une meilleure autonomisation des patients qui savent se servir d'internet pour prendre leurs rendez-vous.

Doctolib s'inscrit dans une logique consumériste. Bon, ça choque quelqu'un ? 

Doctolib s'inscrit dans une logique de plate-forme et de déshumanisation des contacts.

Tant mieux, parce que les secrétaires médicales, les réceptionnistes, ça coûte cher.

Doctolib répond à une logique d'optimisation des coûts et de mutualisation des services.

C'est la vie du monde moderne.

Et les gens qui s'opposent à Doctolib sont des boomers et sont fous comme Don Quichotte...

La partie est finie.

Va pour Opodo, Booking, The Fork, Amazon, Decathlon, Google...


dimanche 3 avril 2022

Bilan médical de la semaine du lundi 28 mars au dimanche 3 avril 2022. Vaccin, EBM, mammographie, conflits d'intérêts, le mépris des MG.

 

96 % des habitants d'Ile-de-France sont en zones sous dotées en médecins

Efficacité de la troisième dose du vaccin Pfizer. Mais.

Une étude contrôlée menée par Pfizer (ICI) à partir du premier août 2021 sur plus de 10 000 patients (âge moyen 52 ans) ayant déjà reçu 2 doses de Comirnaty, le premier groupe recevant une troisième dose et le second un placebo, montre une "efficacité" à 2 mois sur la transmission de 95 % sans problèmes de tolérance MAIS aucun grave de maladie n'est retrouvé ni dans le groupe placebo ni dans le groupe actif.

Les illusions de l'Evidence Based Medicine. Mais.

Nul doute que cette article du BMJ (LA) pourra faire plaisir à ceux qui trouvent qu'on en fait trop avec les essais contrôlés (et notamment les industriels) qui limitent l'obtention rapide d'autorisations de mise sur le marché, à ceux qui trouvent l'EBM fatiguant, à ceux qui la détestent parce que cela les oblige de lire la littérature et de prendre en compte l'avis des patients. J'ai écrit un texte sur l'EBM : LA.

Mais les conclusions de l'article sont : 

liberation of regulators from drug company funding; taxation imposed on pharmaceutical companies to allow public funding of independent trials; and, perhaps most importantly, anonymised individual patient level trial data posted, along with study protocols, on suitably accessible websites so that third parties, self-nominated or commissioned by health technology agencies, could rigorously evaluate the methodology and trial results.

Vérité en deçà, erreur au delà. Mais.

Therapeutics initiative (University of British Columbia, Canada) (ICI) propose dans le traitement probabiliste des cystites non compliquées de la femme un traitement par nitrofurantoïne pendant 5 à 7 jours et la fosfomycine en deuxième intention si clairance de la créatinine < ou = à 30 ml/mn et/ou intolérance à la nitrofurantoïne. Pas de place pour les autres classes pharmacologiques. Pour plus de précisions en France consulter Antibioclic.

La mammographie 3 D déçoit dans le dépistage du cancer du sein

Cécile Bour (ICI sur le site Cancer Rose) analyse un article états-unien (LA) étudiant la probabilité cumulative de faux positifs après 10 ans de dépistage de la mammographie 3 D par rapport à la mammographie numérisée : la diminution des faux positifs est modeste (- 2,4 % avec un dépistage tous les 2 ans comme en France).

Les conflits d'intérêts des auteurs et des relecteurs des recommandations ne sont pas acceptables

Hervé Maisonneuve (ICI) commente les données d'un article paru récemment (LA) : Analyse des conflits d'intérêts des auteurs et chercheurs participant aux Guidelines européens en cardiologie.



A suivre.

Ne pas publier une étude négative est une fraude scientifique

Ne pas publier les essais négatifs signifie cacher des informations sur l'ineccicacité potentielle d'une molécule mais fausse les résultats des méta-analyses car les auteurs n'arrivent pas toujours à avoir accès aux données de ces essais. Un article états-unien (LA) sur les essais concernant les anti dépresseurs montre :
Among newer antidepressants, transparent publication occurred more with positive (15/15 = 100%) than negative (7/15 = 47%) trials (OR 35.1, CI95% 1.8 to 693)


Mais ça va mieux : Controlling for trial outcome, transparent publication occurred more with newer than older trials (OR 6.6, CI95% 1.6 to 26.4). Within negative trials, transparent reporting increased from 11% to 47%.

Un médecin états-unien qui pratique un humour dévastateur sur la médecine et les médecins.



C'est pas nouveau mais si vous ne connaissiez pas. Et il y a des sous-titres (anglais).  C'est LA.

Hors sujet

Stanley Kubrick : auto-portrait

Une attaque frontale contre la médecine libérale par le président de la CME de l'AP-HP.

Quand vous ne voulez pas parler de vos erreurs, accusez les autres.


Vous pouvez suivre sur twitter les réactions : ICI.

Un rappel sur le mépris à l'égard des MG : LA.