dimanche 27 novembre 2022

Bilan médical de la semaine du lundi 21 au dimanche 27 novembre 2022 : articles et ordonnance alakhon, la réintégration des soignants vaccinés, le cannabis thérapeutique, vérités aujourd'hui = erreurs de demain, soins palliatifs, antidépresseurs.



Viggo Mortensen
Il est temps de renoncer à changer la médecine.

1. L'article alakhon de la semaine. Laure Dasinières

Après avoir publié un article le 22 novembre 2022 dans Numerama (ICI) intitulé sobrement "'J'aimerais qu'il existe  un traitement' : la détresse du Covid long toujours sans remède" et que l'on peut résumer ainsi :

  • Disease Mongering
  • Fear Mongering
  • Veillée des chaumières
  • Hype pharmaceutique
  • Hype boursier
  • Indignité

article qui aurait mérité une publication plus appropriée dans Gala ou dans Closer...

Lire ma version longue : ICI.

2. Mais la semaine alakhon n'était pas terminée.

... notre journaliste qui-ne-se-trompe-jamais publie le 25 novembre suivant un nouvel article (LA) appelé sobrement "Le populisme nuit gravement à la santé" en association cette fois avec le prophète helvète Antoine Flahault, l'épidémiologiste qui-ne-s'est-jamais-trompé-sauf-une-fois-au-moment-de-la-pseudopandémie-de-grippe-mais-il-est-pardonné-parcequ'il-s'est-excusé que l'on peut résumer ainsi : 

  • Nous sommes les représentants du Ministère de la vérité 
  • Nous savons ce qu'est la Science 
  • La médecine est une science
  • Toute personne qui n'est pas d'accord avec nous est trumpiste, bolsonarienne ou rahoultienne
  • Théorie de l'homme de paille.
  • Fausse objectivité.

Résumons encore : toute personne qui ne pense pas comme le duo Flahault-Dasinières ou le duo Dasinières-Flahault est : trumpiste, bolsonariste ou raoultien. Et donc criminel.


James Dean (1931-1955)
En train de calculer son score calcique


3. Faut-il réintégrer les soignants non vaccinés ?

Le débat fait rage à l'Assemblée, chez les professionnels de santé, dans la société civile.

Je pense que non, il ne faut pas réintégrer les soignants non vaccinés.

Mais de quels non vaccinés s'agit-il ? Ceux qui n'ont reçu aucune dose ? Ceux qui ont refusé le premier booster ? Ceux qui ont refusé le deuxième ?

Il existe une gradation à l'intérieur du cerveau des non vaccinés et il est possible de faire la différence entre les professionnels de santé qui pensent que les vaccins ARNm protègent incomplètement contre la transmission et ceux qui affirment que les vaccins ARMm tuent.

Où placer le curseur ?

Voici une réflexion sur twitter qui mérite attention : LA.

Ne nous embêtons pas : il y a des recommandations, il faut les suivre. En sachant que les recommandations ne sont pas fondées.

La question suivante est celle-ci : faut-il désintégrer tous les professionnels de santé qui ne suivent pas en ce moment les recommandations (je ne dis pas 'de la science' puisque vous savez ce que je pense de cette assertion mensongère en médecine...) ?

La fréquentation des hôpitaux publics, des cliniques à but non lucratif ou lucratif, des cabinets médicaux de ville, est désespérante, j'ai des sources sûres, des infiltrée.e.s dans ces différents lieux, pour ce qui est du respect, hors vaccin, du respect des mesures-barrières (ah, le lavage des mains avant, pendant et après les soins, le non port des masques, le port farfelu des masques, je parle toujours des professionnels de santé) et le hiatus entre l'affichage (les petites croix dans les petites cases de respect des consignes et le non-respect des consignes)... S'il y avait un permis à point pour le non-respect des mesures-barrières de base, j'investirai dans les sociétés organisant des stages de requalification des soignants...

Quant au reste...


4. L'addictologue de la semaine. Nicolas Authier.


Mais n'oublions pas les dernières références sur l'absence de preuves (et je rajoute pour les savants : l'absence de preuves n'est pas la preuve de l'absence) : ICI


5. Il y a aussi l'alcool thérapeutique.


(Via Daniel Corcos).

Il est quand même rassurant que le bon docteur Bertillon se soit reconverti dans les glaces...


6. Margaret McCartney toujours juste.

Cela peut s'appliquer à ce que nous faisons en ce moment, bien entendu.

Voir ICI pour la suite : pratiques inadaptées

  • Rester allongé en cas de sciatique
  • Utiliser des anti-arythmiques en post infarctus
  • Un débriefing après un traumatisme empire la situation
  • La vertébroplastie en cas d'ostéoporose 
  • Chirurgie Arthroscopique pour inflammation du genou
  • Couchage en procubitus pour les nourrissons
  • Les soins palliatifs améliorent la survie par rapport à des soins "normaux"
  • Vous avez le droit de rajouter plein de trucs

Quelques brèves conclusions :

  • Le bon sens ne remplace pas les essais cliniques robustes
  • La physiopathologie n'est pas de la médecine
  • Le lucre n'est pas une bonne idée médicale
  • Avant de proposer une prise en charge, assurez-vous de posséder des données solides
  • Avant de suivre les recommandations, lisez-les


Jimmy Hendrix
1942-1970


7. Mon espace santé : une porte d'entrée pour le privé.



On savait déjà l'inanité médicale de Mon Espace Santé mais on sait désormais qu'il s'agit désormais d'une plate-forme commerciale. Rien ne nous sera épargné.


8. Le nouveau schéma vaccinal alakhon contre le Covid





9. Les soins palliatifs : les patients doivent savoir.



Cela fait des années que nous dénonçons le fait que les choix thérapeutiques en oncologie sont le plus souvent décidés en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) où la personne la plus importante, le patient, n'est pas présent et où le médecin qui connaît le mieux le patient, le médecin généraliste, n'est jamais convié.

Quant à la phase Palliative spécifique, c'est un mensonge.

Rappelons ici à tous que le but de l'oncologie est d'administrer des soins à des patients avec des prises en charge qui ont montré qu'elles augmentaient l'espérance de vie globale (et pas, par exemple, la réduction de la taille d'une tumeur solide dans incidence sur la survie) tout en respectant la qualité de vie.

Quant aux soins palliatifs : ne pas emmerder le ou la patiente en respectant la qualité de vie.


10. Freudisme



Via Christian Lehmann
-20% en envoyant le code #TaMèreAToutFaux au 81212


11. L'ordonnance alakhon de la semaine

Via @gniwing


Behind the scenes of Rear Window...
Via Rithy Panh



12. Le Danemark est le seul pays d'Europe où la prescription des antidépresseurs a diminué.


Lire l'article LA.

Et la France n'est pas mal placée.


Mads Mikkelsen attendant que la médecine change.




dimanche 20 novembre 2022

Bilan médical du lundi 14 au dimanche 20 novembre 2022 : hospitalo-centrisme, dermatologie, bronchiolite, Movember, Vinay Prasad, les morts du covid, Choisir avec soin, IGR, Revenus libéraux.

Je n'attendais rien et je suis quand même déçu.

1. L'hospitalo-centrisme, la maladie infantile de l'extrême-gauche hospitalière

Une partie de l'extrême-gauche hospitalière représentée notamment par @dessousdelasanté défend un programme révolutionnaire d'une grande simplicité : 
  • Si le service public hospitalier ne fonctionne pas, c'est uniquement par manque d'argent, ce qui signifie que les réformes médico-sociales internes ne sont pas nécessaires. Donnez-nous de l'argent, on fait le reste.
  • La suppression de la médecine générale libérale va régler l'accès et la qualité des soins primaires. Comme les médecins généralistes sont des khonnards par principe et par définition, cette nationalisation des soins primaires va être pilotée de l'hôpital.

Il s'agit d'un mépris de classe intellectuelle.




2. Un site de dermatologie utilisable en consultation.

Des dermatologues qui ont la gentillesse d'apparaître sur twitter et qui sont sommés de répondre à des questions diagnostiques à partir de photographies prises en consultation (et sans doute dans de nombreux cas sans l'accord des patients) conseillent un site de "débrouillage" animé par la Société française de dermatologie avant de poster sur twitter (ou avant de ne pas le faire).


Je l'ai testé : c'est intéressant et sans doute auto formateur.

Signalons toutefois que ce site est sponsorisé par des industriels de la dermatologie. Les liens d'intérêts sont donc déclarés, aux lecteurs d'en tenir compte.



3. Le jeu des 7 erreurs.

Le journal Le Parisien (ICI) sous la plume de Nicolas Berrod indique que la bronchiolite, c'est pas seulement chez les nourrissons (à noter que l'un des professeurs interrogés comme conseils est un dénommé Jean Pic de la Mirandole (1463 - 1494), alias le professeur Mathieu Molimard. 

Passons sur l'inintérêt de cette information en cette période d'épidémie où c'est la répétition incessante des conseils avisés qui doit être martelée aux parents des enfants susceptibles d'en être atteints : prévention, conseils hygiéno-diététiques, recherche des facteurs de risque, contacts avec les soignants) et la photographie publiée en accroche de l'article où l'on voit un kinésithérapeute et un bébé ne manque pas de sel.


Trouvez les 7 erreurs : 


3. Opinions are my owns/Mes avis n'engagent que moi

Quand vous lisez cette mention sur un compte twitter médical, et le fait de l'écrire est une fausse barbe, le mieux et l'honnêteté seraient de citer la firme qui est en cuse, cela signifie que :

  1. La personne travaille et est payée par un  industriel des médicaments ou des matériels de santé
  2. La personne fait semblant de déclarer un lien d'intérêts car une vraie déclaration serait de préciser le nom de la ou des firmes pour que le lecteur juge s'il s'agit ou non d'un conflit d'intérêts (en fonction de l'avis formulé et du sujet qui est traité)
  3. La personne ne dira jamais de mal d'une étude publiée par la firme qu'elle ne nomme pas ou ne signalera jamais un fait de corruption ou de fraude émanant de cette firme
  4. La personne est même susceptible de promouvoir une étude émanant de cette firme ou d'une autre firme pour des raisons tenant à la main qui la paye


4. La santé publique faite par Unicancer et relayée par des CPTS


Quand le mouvement Movember popularise, par l'intermédiaire  de groupes hospitaliers privés à but non lucratif, Unicancer (ICI), des dépistages non recommandés et que des CPTS les relaient, on comprend qu'il y a encore du boulot... et que la santé publique pilotée par le privé, et sous le regard attendri de l'Etat, allant à l'encontre de toutes les recommandations françaises, européennes, de l'univers, c'est pitoyable.


5. Une critique violente contre Vinay Prasad

Vinay Prasad est désormais attaqué de toute part (tout comme John Ioannidis, par exemple) et les offensives contre lui sont multiples. Un de ses "grands" ennemis est un chirurgien, David Gorski, qui lui voue désormais une haine féroce.


 

Cet article en est un exemple violent : LA. Il est écrit par Orac qui justifie son pseudonymat par son manque d'ego !

Hormis Orac, il est reproché à Vinay Prasad de faire ce qu'il a toujours fait : demander des preuves d'efficacité des traitements qui sont prescrits et des mesures-barrières qui sont instaurées, exiger des essais contrôlés, ne pas se contenter d'études épidémiologiques cas-témoins, prendre en compte les événements indésirables des vaccins anti covid (se poser sérieusement la question des myocardites/péricardites chez les adolescents, et cetera...).

Le souci vient de ce que le Sars-CoV-19 est apparu de façon brutale, qu'il fallait faire quelque chose, la première chose, en l'absence de vaccins et de traitements curatifs, étant de se référer aux modèles anciens et donc de proposer des mesures-barrières, d'isolement, de cessation des contacts, de port de matériel de protection, puis de vacciner.

Il s'agissait donc, sans preuves cliniques robustes, d'appliquer le principe de précaution (pour les choses que l'on ignorait) et le principe de prévention (pour celles que l'on connaissait).

Et comme il n'y avait aucune preuve d'efficacité d'aucune mesure, avant les preuves d'efficacité de certains vaccins sur la prévention de la mortalité et des formes graves, et comme le moment (timing) de l'instauration démesures non éprouvées semblait avoir une certaine importance, chaque pays a agi de son côté, selon sa politique, selon ses moyens, selon ses possibilités, selon ses croyances, selon ses certitudes,  et il est possible, pour les tenants du zéroCovid, les ex-tenants du ZéroCovid, les centristes, les partisans de la déclaration de Harrington comme les covidonégationistes, de tirer victoire de résultats partiels dans différents pays.

Orac reproche surtout à Vinay Prasad :
  • De ne pas réaliser lui-même des essais cliniques et de seulement les critiquer (ce qui condamne a priori toute critique littéraire de la part de critiques qui n'ont pas publié de romans, toute critique artistique de la part de critiques qui n'ont ni peint, ni sculpté, ni chanté, ni écrit de la musique, et cetera.)
  • De donner des armes aux adversaires (vieux cliché et vieille rengaine de ceux qui répètent à l'envi "Qu'il vaut mieux avoir tort avec ses amis que raison avec ses ennemis)
  • De se ranger d'emblée dans le camp des covidonégationistes (cette technique est également très connue : prendre les arguments des extrémistes pour les attribuer aux modérés : ne proposer la vaccination ARNm anticovid qu'aux personnes les plus à risque équivalant à être un antivaxx)


6. Comment compter les morts du Covid. 

Ce billet de blog de l'INSEE (LA) est tout à fait passionnant car il explique pourquoi il est difficile de compter les morts attribués au Covid et que les différentes méthodes de comptage, ayant chacune leurs avantages et leurs inconvénients, aboutissent à des résultats très différents.


 
On imagine donc ce qui peut se passer quand on fait des comparaisons internationales...

Compter les morts en excès ?




Voici une comparaison inter pays (et si on rajoute les considérations du point 6. avec celles des condition socio-politico-géographiques de ces différents pays on ne saurait manquer de s'interroger...)

7. Choisir avec soin/Choose wisely

Au Canada, non seulement on se préoccupe des surtraitements mais on surveille également leur évolution dans le temps : LA.

Notons qu'il ne s'agit pas d'un hype à la médecine canadienne dont de nombreuses sources nous ont indiqué qu'elle était très loin d'être parfaite...

Voici donc quels sont les choix de 

  • Pour les soins communautaires :
    • Imagerie diagnostique pour les douleurs du bas du dos
    • Dépistage du cancer du col de l'utérus
    • Antibiotiques délivrés dans la communauté
    • Utilisation chronique des benzodiazépines et d'autres sédatifs hypnotiques chez les personnes âgées
    • Contention physique et antipsychotiques en soins de longue durée
  • Pour les soins d'urgence
    • Radiographies thoraciques pour l'asthme étal bronchiolite en services d'urgence
    • Imagerie diagnostique pour un traumatisme crânien mineur au service d'urgences
  • Soins en milieu hospitalier
    • Arthroscopie du genou chez les adultes de 60 ans et plus
    • Césariennes dans les cas d'accouchements à faible risque
    • Transfusion de globules rouges chez des patients hospitalisés
    • Examens pré-opératoire chez des malades à faible risque
Il semblerait que celante soit pas fait en France. Pour quelles raisons ? Vous avez deux heures.


8. L'IGR en folie.



Rappelons que le directeur de l'Institut Gustave Roussy, Fabrice Barlesi, et en sachant que les années 2020 et 2021 n'ont pas été favorables raison du Covid, a signé 1069 déclarations avec l'industrie et a touché 520 468 euros.


Et dans le détail : 



9. Mes derniers mots sur twitter



10. Mélanomes, diagnostics et surdiagnostics

Une étude US sur l'incidence des mélanomes (voir LA) montre : 


En français "... L'incidence des mélanomes aux US n'est pas liée à l'exposition aux UV mais aux possibilités diagnostiques de mélanome..."

Fermez le banc

11. Sachez choisir avec soin votre spécialité médicale à partir des revenus que vous allez en tirer.




Bonne soirée.

jeudi 17 novembre 2022

PSA et cancer de la prostate. Histoire de santé publique sans consultation. 12

L'homme à la prostate sur le front.


(1. L'ignominie de l'IGR)

Au moment où l'Institut Gustave Roussy communique sur le cancer de la prostate avec un film d'une nullité, d'une vulgarité, d'une inconséquence remarquables où les principes les plus élémentaires des données des données scientifiques sont bafoués... ICI.

Où l'IGR ne sait pas faire la différence entre la prévention et le dépistage (il est vrai que le surdiagnostic fait partie de ses mots tabous) :



(2.)

Aucune agence gouvernementale dans l'univers ne propose le dépistage organisé et ciblé du cancer de la prostate par dosage du PSA chez des hommes ne présentant aucun facteur de risque.

3. Histoire de santé publique sans consultation. 12

Un de mes amis qui exerce toujours et pas à Mantes m'appelle pour me demander un conseil (médical).

Il est médecin généraliste installé dans une zone urbaine-rurale depuis plus de trente ans.

C'est un excellent médecin : les nombreuses conversations que nous avons eues ensemble, les mails que nous avons échangés en témoignent. Un seul souci (c'est une constante chez moi : je ne suis jamais venu dans son cabinet, je n'ai jamais entendu comment il parlait aux secrétaires -- il exerce dans une maison médicale-- et je n'ai jamais fait la petite souris pendant ses consultations et sans qu'il sache que je suis une petite souris...)

Il a soixante-trois ans.

Il est embêté. 

Voici : 

"Je ne sais pas quoi faire depuis deux jours.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Je suis gêné. Gêné parce que je t'en veux et gêné parce que je pense que tu avais raison.
- Diable !
- J'ai fait une prise de sang pour un prêt immobilier. Il y avait un dosage de PSA dedans...
- ... Et ?
- Il est à 6.
- Et le dernier était ?
- Un vieux vieux... il y a quinze ans...
- Quinze ans ?
- Oui, j'étais trouillard... Il était à 3... 
- Et ?
- Je me demande ce que je dois faire...
- Tu as des signes ?
- Je me lève deux fois par nuit depuis environ cinq ou six ans...
- Pas de brûlures en pissant ?
- Non.
- T'as un putain d'adénome.
- Heu...
- Refais un dosage. 
- Oui. Mais je vais quand même aller voir un urologue.
- Non. Attends le deuxième dosage.
- Cela va donner quoi ? S'il est à 6 je vais voir un urologue, s'il est à 7, idem et s'il est à 5, itou. 
- Et y va faire quoi l'urologue ?
- Je ne sais pas, c'est pour ça que j'y vais...
- Tu le connais ?
- Bien sûr.
- Il est comment ? Très acharné, moyennement acharné...
- ... Arrête...
- Il va te mettre un doigt dans le cul, demander une écho, une IRM, c'est leur nouvelle marotte, et il va te proposer des putains de biopsies...
- Je sais...
- Les putains de biopsies vont revenir négatives et tu vas refaire des putains de dosage et des putains de biopsies...
- Je me rappelle que tu m'avais dit que le dosage du PSA, c'était le doigt dans un engrenage sans fin...
- Oui. Et alors ?
- J'ai honte.
- Honte de quoi ? 
- Malgré tout ce que tu me disais sur le PSA, tout ce que tu m'as fait lire, et bien que persuadé j'ai continué, mais avec réticence, à le prescrire aux patients... Je n'ai jamais osé arrêter complètement... Je mourais de trouille. La trouille de passer à côté d'un cancer et d'avoir un procès au cul... Je préférais les surdiagnostics et les surtraitements à un procès. J'ai sacrifié à ma petite échelle mon confort personnel à celui de mes patients...
- Mais tes patients t'ont félicité.
- ?...
- Oui, ils ont été guéris, amputés et guéris pour une maladie qu'ils n'avaient pas ou qui ne les aurait jamais tués... et parfois pour un cancer qui les aurait tué de toute façon.
- Je fais quoi ?
- Tu fais ce que tu dois faire, poursuivre le processus... Puisqu'il est commencé... Ce n'est pas possible de faire autrement...
- Et toi, tu n'as jamais douté ?
- J'ai toujours douté parce que j'appliquais des données populationnelles à des individus, à des personnes uniques, les données globales sur le dépistage populationnel du cancer de la prostate par dosage du PSA, sont justes mais quid de MON patient assis en face de moi qui aurait pu être sauvé, tu entends les guillemets au téléphone, sauvé par un dosage... J'ai croisé mille fois les doigts et il ne m'est rien arrivé. Par chance... Et je n'ai jamais eu de procès ni pour ne pas avoir dosé le PSA, un procès où les professeurs d'urologie seraient venus déverser leur haine, et encore moins pour ces patients guéris d'on ne sait quoi et impuissants...
- Je te tiens au courant.
- Je ne te lâcherai pas...


 


dimanche 13 novembre 2022

Bilan médical (écourté) du lundi 7 au dimanche 13 novembre 2022 pour cause de vacances (Prague) : médecine générale, UFC Que Choisir, IPP, Croisières, grève des médecins, Cabrioles#AutodéfenseSanitaire, nationaliser la médecine générale, Prague.


 

1. La valeur de la médecine générale ne tient pas à ce qu'elle fait mais à ce qu'elle décide de ne pas faire. 

Cette phrase provocatrice de Desmond Spence à propos d'un métier qu'il connaissait bien et dont il disait que sa principale qualité était de gérer l'incertitude (à savoir se contenter de ne pas savoir en sachant qu'il n'y a rien de grave, par exemple), je l'ai resituée dans un billet  que j'écrivais en mars 2012 sur ce que pense Desmond Spence plus généralement de la médecine générale et de son rôle primordial dans le système de soins (ICI). Relisez bien ce qu'il écrit, cela devrait être la première chose à dire aux étudiants qui se décident à pratiquer la médecine générale.

En résumé : 

La fonction barrière de la médecine générale requiert une personnalité rassurante et, plus que tout, une aptitude à accepter l'incertitude. Quand on travaille en équipe les titres et les qualifications ne sont pas primordiaux pour endosser ces attitudes. Il existe trois priorités dans la pratique de la médecine générale : l'expérience, l'expérience et l'expérience.

J'avais aussi rapporté les données d'un article déjà ancien (LA) montrant que dans les hôpitaux britanniques le remplacement en consultation de porte d'un médecin par un.e infirmier.ère ne changeait pas grand chose en termes de morbimortalité mais augmentait le nombre de prescriptions et dénombre d'adressages.

Une étude plus récente du JAMA (ICI) indique qu'aux urgences les non-médecins prescrivent plus d'imagerie que les médecins (+5,3 %). On ne peut pas dire que cela soit très flagrant ! Mais cela va à l'encontre du médecin-bashing ambiant.

UFC Que Choisir a choisi Closer vs la Santé publique




Il fut un temps où la revue Que Choisir enquêtait sérieusement sur les sujets qu'elle traitait. Désormais, infiltrée par le club des Mépriseurs de Médecins généralistes et la secte des Hospitaliers Associés, elle donne désormais dans le sensationnel... 

Comme si les pédiatres consultaient en majorité des enfants malades....

2. Les inhibiteurs de la pompe à protons à prescrire en cures courtes.

Au delà des études (peu robustes) qui montrent des lupus induits (LA), des hypokaliémies et d'autres babioles il est nécessaire de respecter les indications des IPP (pour les non médecins, omeprazole, pantoprazole, eupantol, esomeprazole,...) et de suivre également les recommandations de l'HAS (ICI), c'est à dire pas plus de 8 semaines pour un RGO, pas de prescription systématique avec les AINS, et se méfier chez les personnes âgées et les nourrissons.



3. Les croisières massives : il faut couler le Majestic Princess et ses frères et soeurs.

Encore une fois la khonnerie humaine a frappé. @NicolasBerrod nous rapporte que 800 sur les 4600 passagers du bateau étaient positifs au Covid-19 (LA). A quoi servent ces croisières de masse ? Ce sont des aberrations. Des aberrations environnementales, des aberrations touristiques, des aberrations énergétiques, des aberrations de santé publique (sur bouffe, alcoolisme, obésité...), des aberrations anthropologiques. 

Il faut tous les couler, ces HLM flottants. 

Rappelons que le Diamond Princess appartenait à la même compagnie... Premier navire de croisière à avoir été mis en quarantaine début 2020.


4. La revendication du C à 50 euros et la menace de déconventionneront tuent les autres motifs (légitimes) de la grève des MG prévue pour les 2 premiers jours de décembre

Je n'ai jamais été un grand fan de la grève des médecins libéraux.

Parce que cela n'a jamais marché.

Une grève des libéraux doit être DURE, c'est à dire longue, sans concessions... Avec refus des réquisitions.

Elle ne sera pas dure, elle ne sera pas unie, parce qu'il y a des patients derrière.

Quant à la menace de déconventionnent elle est totalement irréaliste.

Mes anciens patients auraient été laissés sur la touche.

Je n'imagine même pas, moi qui travaillais plutôt dans le style 3 patients par heure, 6 ou 7 visites par semaine et 45 heures par semaine, avec une secrétaire 35 heures partagée avec une associée, et qui en vivais très bien, combien mes revenus,  auraient explosé...




5. Autodissolution du Ministère de la Vérité du Covid d'extrême-gauche.


Explications ICI des raisons de cette autodissolution.

@CabriolesDouze, si j'ai bien compris, est le seul groupe d'extrême-gauche autoproclamée qui a raison sur tout sur la pandémie de Covid. Tous les autres se trompent.

C'est aussi un groupe complotiste.


Soutenu par le merveilleux @Pr_Logos.

6. La médecine générale libérale est la cause de tous les maux de la médecine : détruisons-la.

Il existe sur twitter une représentation de la médecine libérale (et je ne parlerai ici que de la médecine générale libérale) exprimée par une certaine extrême-gauche (la vraie de vrai) hospitalière (et mon oreillette me dit que ceux qui ne s'expriment pas pensent de la même façon) qui est le décalque des préjugés de classe (intellectuelle) de la médecine mandarinale hospitalière.


L'extrême-gauche médico-hospitalière défend le service public comme les catholiques la virginité de Marie.

L'extrême-gauche médico-hospitalière désire la destruction de la médecine générale libérale (pour ce qui est de l'exercice libéral des autres spécialités, pas un mot) responsable de tous les maux de la médecine et du service public confondus.

L'extrême-gauche médico-hospitalière raconte partout que les médecins généralistes libéraux sont des feignants (ils travaillent selon eux moins de 35 heures par semaine, sans doute), qu'ils ne prennent pas de garde et qu'ils devraient assurer ce service 24/24, 7/7, 365/365 pour respecter la déontologie, sans repos compensateurs, qu'il n'existe pas de plages d'urgences non programmées dans les cabinets, qu'il y a trop de rendez-vous, que l'on devrait revenir aux non rendez-vous (vous savez ces salles d'attente bourrées, sans sas de protection, où les premiers arrivés sont les premiers servis et où l'attente est comprise entre 2 et 4 heures et c'est dans ces conditions que l'on retrouve les consultations d'abattage, la médecine casse-croûte, la médecine Uber...).

L'extrême-gauche médico-hospitalière croit également à la notion de zones surdotées telles que rapportées par Mediapart...

L'extrême-gauche médico-hospitalière exige dont la nationalisation de la médecine générale de ville.

Elle ne parle pas encore de la nationalisation des cliniques à but lucratifs et non lucratifs.

Tout ce que l'extrême-gauche médico-hospitalière dénonce à propos de la médecine générale libérale (dépassements d'honoraires, pas de prises de garde, corruption, par exemple, absence de procédures validées par l'EBM, prescriptions inappropriées) elle l'accepte à l'hôpital mais ne la dénonce pas (sauf entre elle, dans sa cabine téléphonique). 

Elle est aussi favorable à une quatrième année de médecine générale avec des IMG non expérimentés envoyés dans des déserts. 




IMG de quatrième année envoyé dans un désert.

L'extrême-gauche médico-hospitalière demande de l'argent et n'exige pas de réformes pour l'hôpital.

L'extrême-gauche médico-hospitalière méprise la médecine générale libérale et encore plus les médecins libéraux. "Ce n'est pas de la médecine, c'est de la bobologie..."

Les médecins généralistes libéraux qui sont passés au salariat ont leur mot à dire.

Les médecins généralistes libéraux qui ont choisi d'exercer dans des structures collectives ont leurs mots à dire.

Mais le problème de l'accès aux soins se pose dans tous les pays développés et quel que soit le système. 

La seule donnée dure mais dont une certaine extrême-gauche médico-hospitalière n'a pas pensé est le poids que la société est prête à donner aux soins primaires : attractivité, définition des objectifs, accompagnement médico-social, formation. Plus les soins primaires sont puissants et plus l'hôpital (cf. supra Desmond Spence) pourra se consacrer à ses objectifs fondamentaux, sauver des vies, s'occuper des maladies rares et complexes, faire de la recherche, diffuser des connaissances et permettre aux soins primaires de faire la même chose, sauver des vies, s'occuper des maladies rares et complexes, faire de la recherche, diffuser des connaissances.

Chiche ? 


7. Hors sujet : Prague

Le cheval. David Cerny.






Un Christ sur le Pont-Charles avec une inscription en hébreu.


La cathédrale Saint-Guy construite au 10° siècle et complétée au 20 ° 
Avec de magnifiques vitraux modernes de Mucha.



Le triste dernier domicile connu de Milan Kundera.



Le cimetière juif.



Franz Kafka


Carte de U Pinkashu, un des milliers de restaurants praguois.
269 Kz # 10 euros


Une entrée praguoise


Une façade praguoise


La fameuse horloge astronomique


Malek Kren : Un puits de livres


Un des trois hommages à Jan Palach.


Allez-y hors saison, sinon c'est l'enfer.