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lundi 27 mai 2024

Bilan médical du 13 au 26 mai 2024 : la médecine générale (stress, disponibilité, supervision, aires défavorisées, face cachée, Foucault) ! Certificats absurdes, faut-il encore faire des streptatests ?

L'effiScience des mutuelles qui remboursent les séances d'ostéopathie ! 

 

Nous allons nous concentrer cette semaine sur les soins primaires et en particulier la médecine générale.

Cela fera plaisir à certains qui trouvaient que ce blog "dérivait" ailleurs.

Un site indispensable pour les MG

Je rappelle l'excellent site Certificats Absurdes (LA) que vous pouvez consulter chaque fois qu'un tiers, une association, une crèche, un membre de l'Education Nationale, un assureur, une banque vous demandent ce type de document.

Cel vous dira comment gérer ces demandes.




Une enquête internationale (dix pays) analyse l'état de stress et de surmenage des MG

Cette enquête (LA) présente des limitations liées au recueil des données, aux différences des systèmes de santé, au nombre de patients vus par jour avec aide ou non d'une IDE ou d'une assistante, aux rôles des MG dans chacun des pays : Allemagne, Australie, Canada, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Suède, Suisse. 



Eh bien, ne soyez pas déçus, les MG français, issus du peuple le plus râleur du monde (il manque cependant des études comparatives contrôlées robustes...), ne sont pas toujours premiers.

L'article analyse surtout ce que qui se passe en Grande-Bretagne où la satisfaction d'être un MG est de 24 % (comme en France), la plus basse des 8 autres pays.

Seuls 14 % des MG britanniques pensent que la délivrance des soins s'est améliorée en post covid, ce qui est un peu mieux qu'en France et moins bien qu'en Nouvelle-Zélande.

La durée de consultation : 


Vous pouvez aller pêcher de nombreuses informations qui montrent que l'état de stress des MG est commun dans tous les pays. Et les Français semblent "cool".





La disponibilité des MG en France selon leur mode d'exercice.



Le lien vers l'étude est LA.

L'enquête a été menée entre octobre 2018 et avril 2019

Mode d'exercice des MG : 

  • 38 % des MG exerçaient seuls.
  • 32 % en groupes monodisciplinaires (avec d'autres MG)
  • 30 % en groupes avec des paramédicaux (avec ou sans médecins)
    • 12 % en maisons de santé pluridisciplinaires (MSP)
    • 18 % en groupes pluriprofessionnels non MSP

En 2019 plus de la moitié des MG (54 %) refusent de devenir les médecins traitants de nouveaux patients 

Mais les pourcentages ne sont pas les mêmes en fonction des 4 groupes précités : 

Les différences ne sont quand même pas énormes !
Elles le sont d'autant moins qu'en 2022 ils sont devenus deux médecins sur trois !

Fabrice Lenglart, le directeur de la DREES, rajoute ce commentaire sur X (@Fabrice Lenglart) :



Un MG doit-il être un médecin ou un superviseur ?

Joanne Reeve est une MG professeure de soins primaires à Hull York Medical school et elle n'est pas d'accord avec la nouvelle définition du rôle du MG telle qu'elle a été définie par le Royal College of général Practitioners (RCGP)... "un médecin qui est conseiller en médecine générale". 

Elle n'est pas la seule : Helen Salisbury, dans le BMJ (LA), confirme que le rôle du MG est aussi d'encadrer et d'apprendre aux étudiants à devenir MG mais conteste le fait que le MG se doive de superviser des professionnels de santé non médecins. Pour elle, se serait abandonner le rôle traditionnel du MG qui est de gérer une liste de patients (nous parlerions de médecin traitant en France) et d'offrir des soins médicaux en tant qu'expert et leur continuité aux patients et aux familles. 

Salisbury ajoute que les patients ont besoin d'un meilleur accès aux soins primaires et que pour cela il faut recruter et entraîner des MG pour faire de la médecine générale et pas pour leur donner d'autres rôles qui fragmentent et anonymement leur expertise du soin.

Reeve souligne que cela demande des financements mais des financement qui vont vers la pratique des soins primaires en redéfinissant ce qui doit et ce qui ne doit pas être fait par les MG.

Amen.  



Dieppe : AirBnb
via @massinfabien
MG : @doctolib

Les MG britanniques des zones défavorisées en ont assez de vider l'océan avec une petite cuillère.

Un article dans The Guardian (ICI) rapporte que le RCGP (cf. supra), dans une lettre ouverte demande une refonte des allocations des ressources pour les MG arguant que ce sont dans les zones les plus déshéritées que les sommes les plus faibles sont données par patient.

Les habitués du blog connaissent la Loi Inverse des Soins (Inverse Care Law).

Pour 10 % d'augmentation dans les zones défavorisées, les paiements augmentent de 0,06 %

Bien plus, dans ces zones, les MG ont des listes de patients supérieures de 300 patients à celles des zones plus riches.




La face cachée de la médecine générale.

C'est un thème rebattu mais l'article est tout à fait pertinent.

L'article fait le point (dans le système britannique ou les conditions d'exercice, bla-bla...) : c'est ICI

On résume : 

  • Le travail des MG en dehors du face-à-face médecin patient est souvent invisible et caché
  • Le travail caché est souvent associé à la complexité et à l'incertitude
  • Le travail derrière la scène est du soin comme le travail en direct avec le patient est du soin
  • Les médecins sont confrontés à des tensions entre terminer leur travail et gérer leur journée de travail
  • Il est nécessaire d'étudier et de formaliser ce travail caché pour améliorer la relation médecin patient


La France, toujours au top. Cette fois pour les sans abris.


Taux de sans abri pour 10 000 personnes (2023)
Sources : Financial Time et OCDE


Le ROSP, Foucault et la gestion du soin.

J'ai lu l'article qui est (presque) exhaustif mais que je critiquerai plus tard en raison de ses a priori et de sa négation du rôle néfaste du marché. C'est LA.



Médecine générale : faut-il faire un streptatest en cas d'angine ?

Accrochez-vous aux branches ! 

Le Conseil scientifique du CNGE, Collège Général des Généralistes Enseignants, lance un pavé dans la mare, c'est LA.

Je vous en avais déjà parlé le 11 décembre 2022 (ICI, point 2 du billet de blog) : nos amis britanniques en avaient conclu ceci : un MG sur 350 verra une infection invasive à streptocoque A par an.

Les conclusions du CNGE : 

En conclusion, devant un patient souffrant d’une angine, si la douleur est tolérable, sans risque de forme grave et que l’entourage du patient n’est pas à risque de forme grave en cas de contamination, il est raisonnable de ne traiter que par antalgiques, sans faire de TDR ni prescrire d’antibiotiques. Dans tous les autres cas, un TDR est légitime avec prescription d’antibiotique s’il est positif. L’évaluation clinique globale de la situation du patient est donc nécessaire pour poser l’indication du TDR et d’un éventuel traitement antibiotique qui ne doit pas dépendre que du résultat du test.

Je vous conseille de lire le commentaire du Dr Agibus en son excellent blog (LA, le point 3)

Je me permets de reproduire sans sa permission l'algorithme qu'il a créé.


(Je rappelle encore une fois qu'en cliquant sur l'image on l'agrandit et on la rend plus lisible).


La série de la quinzaine sur Arte.TV


Série québécoise avec un accent à couper au couteau, une langue magnifique, un scénario malin. Je n'ai vu que la saison 1 (8 épisodes). C'est bon.


dimanche 4 juin 2023

Bilan médical du mardi 30 mai au dimanche 4 juin 2023 : destruction de la médecine générale, Raoult : une nouvelle affaire Mediator ?, Cochrane et benzodiazépines, HTA et hôpital, ASCO, dépistage, psychotropes, édition, anticholinestérasiques, écoles et covid


 

192. La destruction méthodique de la médecine générale.

La pratique de la médecine générale est dévoyée depuis des décennies.

L'affiche que vous voyez plus haut montre ce qu'est devenu la médecine générale dans le milieu financier  :  une vache à lait qui ne se préoccupe plus des malades mais des symptômes des citoyens.

Et il semblerait que Ramsay ne soit pas la seule firme qui partage ce point de vue : il y a des firmes de médecins hospitaliers, des firmes de médecins généralistes libéraux ou non, des firmes de médecins spécialistes d'organes libéraux ou non, des firmes de ministres, des firmes d'universitaires, des firmes de médecins réalisateurs d'examens complémentaires tant radiologiques que biologiques, des firmes pharmaceutiques, des firmes de fabricants de matériel médical, des firmes syndicales (toutes les professions précitées sont représentées), des firmes de patients et de patientes, des firmes politiques allant de l'extrême-droite à l'extrême-gauche... Et j'en passe.

Il y a bien entendu des personnes faisant partie des catégories que j'ai nommées (dont celles que j'ai ignorées) qui n'osent pas dire : "les médecins généralistes sont de la merde, la médecine générale est une spécialité destinée aux ratés du concours national, c'est une spécialité de bobologues, d'écrivains de certificats alakhon... et on s'en ballec de la disparition de ces gens..."

Il y a aussi des hypocrites qui disent "c'est le plus beau métier du monde, le plus difficile, moi, en tant que cardiologue, neurologue, pneumologue, et j'en passe, je serais incapable de le faire, le pivot, bla-bla, mais il faut avoir la vocation et plus personne n'a la vocation d'être un médecin dévoué, disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre... et... la féminisation de la profession..."

Et au même moment où la médecine générale est décriée, certains tentent de s'emparer de ses dépouilles...

Quant à responsabilité des médecins généralistes eux-mêmes, je n'en parle plus, on ne tire pas sur des ambulances...

16 avril 2018 :


 ICI

193. Espérons que l'enterrement de Raoult ne sera pas Mediator-like.

On rappelle que le procès Mediator est toujours en cours, que Jacques Servier est mort, que nombre des protagonistes de l'affaire sont soit morts, soit gâteux, et que les victimes sont mortes, souffrent, vont souffrir et vont mourir...

Ira-t-on jusqu'au bout ?

Ira-t-on jusqu'au bout de la dénonciation des pratiques mafieuses du milieu académique marseillais en abordant les pratiques mafieuses du milieu académique français ?

A mon avis : non. 


Qui pouvait ne pas être au courant ?

Qui a fermé les yeux ?

Et pourquoi ?

Et pendant ce temps, à la Société de Pathologie Infectieuse de Lange Française : 




194. Une revue Cochrane critiquée par Peter Gøtzsche (une de plus)

Une revue Cochrane avait conclu que les benzodiazépines, comparées à l'haloperidol, "ne marchaient pas" dans les accès psychotiques aigus.


Après une longue bataille, en voir les modalités : LA, voici la réponse des auteurs : 


Mais le mal était fait et l'abstract dans PubMed n'a toujours pas été modifié.

Les benzodiazépines "marchent" autant que l'haloperidol dans les accès psychotiques aigus.



Et voici le commentaire de Rosa Rosam : 





195. Traiter l'HTA de façon intensive des personnes âgées en milieu hospitalier n'est pas pertinent.

C'est une étude rétrospective menée aux US chez les Veterans (66 140 patients).

L'étude parue dans le JAMA est LA.

On y apprend que les effets indésirables sont majeurs et que cela n'apporte rien sur le devenir des patients.


196. L'ASCO : le marketing mondial du lobby cancéro-industriel.

C'est la grand-messe de la cancérologie à Chicago ou le festival de la promotion des études non encore publiées, d'abstracts, de communications et de posters.

Les porteurs d'eau de la cancérologie sont sur le pied de guerre pour faire du hype et pour annoncer des avancées majeures, des changements de paradigmes et autres nouvelles ères.

Un abstract provocateur vient de paraître (ICI), il raconte les rapports entre l'argent perçu par les cancérologues et  leur utilisation de pratiques cancérologiques non recommandées et/ou de peu de valeur.

Rappelons-nous l'affaire Mediator et le scandale Raoult.

  • Les auteurs de cet article sont des cancérologues exerçant aux États-Unis d'Amérique.
  • L'article a été sponsorisé par le National Institute of Health (LA) dépendant du gouvernement états-unien
  • Etonnant, non ?
En conclusion, vous lirez : il existe un rapport entre les paiements de l'industrie et l'utilisation de pratiques cancérologiques non recommandées et/ou de faible valeur.

Vous ne savez pas ce qu'est le hype ? Voici :



197. La cascade du dépistage.




198. Les patients sont des khons : épisode Trouze mille.


Les commentaires montrent que si les patient.e.s grossissent sous psychotropes c'est parcequ'iels n'ont pas compris le bon mode d'action qui fait grossir mais ne fait pas vraiment grossir.


199. Les éditeurs d'articles scientifiques sont des esclavagistes.

Voir l'article : LA.

Et le commentaire de Gøtzsche : 


200. Polémique (à suivre pour les commentaires) : les anticholinestérasiques "marcheraient-ils"  dans les démences ?

Je suis désolé : je ne peux me prononcer. Je n'ai pas assez d'informations.

Voir l'article LA qui date de septembre 2022.


L'utilisation d'anticholinestérasiques diminuerait la mortalité globale.

PS  : voir le commentaire de docteur Agibus qui, lui, avait assez d'informations pour être critique de cet essai. Donc, la méta-analyse est de mauvaise qualité... J'en profite pour recommander encore la revue hebdomadaire Agibus/Pétronille : LA

201. Le rôle des écoles dans la transmission du covid.

Je n'ai pas encore assez d'éléments, non seulement pour conclure car l'expérience néo-zélandaise est un peu particulière et parce qu'il semble normal et intuitif de penser que le brassage des enfants est susceptible d'augmenter la transmission du virus. 

Je n'ai pas d'éléments pour conclure qu'une intervention dans les écoles aurait pu améliorer la situation en France.

Quelles étaient les interventions possibles ?

  • Fermeture des écoles.
  • Distanciation sociale.
  • Port d'un masque FFP2 en maternelle, primaire, collège, lycée, université.
  • Systèmes d'épuration de l'air.
  • Vaccination de tous les enfants depuis l'entrée en maternelle jusqu'à l'université.
  • Vaccination de tous les enseignants et de tous les personnels de l'Education nationale.
  • Nombre de doses de vaccins.
Je vous propose de lire un article de Stephane Korsia-Meffre décrivant non pas une étude néo-zélandaise mais un éditorial.

C'est ICI : il n'y va pas par Quatre Chemins pour asséner :



Si vous préférez lire l'éditorial original, c'est LA.



La situation en Nouvelle-Zélande était très particulière. Nous y reviendrons.


Regardons les derniers chiffres états-uniens : 


Quant aux chiffres français, ils datent. Pas de chiffres à ma connaissance depuis le 13 janvier 2022 !

LA


Les questions que nous nous posons :

  • Pouvait-on faire mieux ?
  • De combien était-il possible de faire mieux ?
  • Etait-il possible de vacciner tous les usagers de l'Education nationale ? Et combien de fois ?
  • Etait-il possible de vacciner tous les personnels de l'Education nationale ? Et combien de fois ?
  • A-t-on des études ?
  • Pourquoi n'a-t-on pas fait d'études contrôlées de clusters ?

A suivre.

(Je n'ai pu malheureusement pas traiter de très nombreux sujets de la semaine, non par manque de temps mai pour ne pas faire trop long.)




dimanche 6 novembre 2022

Bilan médical du lundi 31 octobre au dimanche 6 novembre 2022 : Oncologie pratique, EBM piétinée, Vallancien, douleur, mortalité covid, covid long, consultation, sismothérapie, bronchiolite...

La médecine à l'estomac

Nous avons cent fois ici dénoncé les médecins qui confondaient l'exercice de la médecine et la pédagogie de la santé publique avec des photoreportages dans Gala, Ici-Paris ou Closer, ces médecins qui se faisaient photographier avant la mort de leurs malades, pendant la mort de leurs malades, après la mort de leurs malades. Avec l'accord de la famille, bien entendu.

1. Un oncologue qui fait envie : Bishal Gyawali




Il publie un article dans HealthyDebate que vous pouvez lire (LA) en anglais. Il rappelle que le comportement du patient atteint de cancer qui disait "Docteur, faites tout ce que vous pensez être bon pour moi" est en train de disparaître lentement. Les patients ont à se battre entre la myriade de choix, allant des possibilités thérapeutiques, des effets indésirables, de la qualité de vie et du pronostic, afin de pouvoir choisir un parcours de soins qui leur convient.

Je résume les 10 points que toute patiente devrait savoir. Je pense que c'est applicable à toutes les procédures de soin.

  1. Est-ce que l'objectif du traitement vous convient ?
  2. Mourir avec un cancer n'est pas la même chose que mourir d'un cancer
  3. Les différents patients ont des valeurs différentes
  4. Il y a toujours des incertitudes en médecine
  5. Plusieurs anecdotes ne sont pas des données
  6. Y a-t-il une ou d'autres options ?
  7. Il est difficile d'établir une causalité sans études randomisées
  8. Une significativité statistique n'est pas toujours cliniquement signifiante
  9. Faire attention aux risques absolus et relatifs
  10. Les décisions individuelles et populationnelles ne sont pas toujours identiques
A afficher partout.


2. Qui a envie de travailler avec lui ?




3. L'EBM piétinée

Nous avons cent fois ici répété combien l'EBM avait été un progrès par rapport à ce qui existait avant où les études cliniques étaient considérées comme inutiles, où les avis d'experts résumaient les données scientifiques et où adopter une pratique non validée c'était l'apprécier.

Il y avait deux camps. 

Celui des partisans inconditionnels de l'EBM qui ne négligeaient pas les faiblesses de la méthode mais qui affirmaient qu'il n'y avait pas d'autre choix à suivre.

Celui des opposants inconditionnels à l'EBM pour des raisons pratiques.


Que reste-t-il de nos espoirs ?

Un exemple sur les bonnes pratiques dans le diabète de type 2 : ICI.


4. Guy Vallancien, charniériste



5. Les composantes de la douleur (entre autres)




6. Les derniers chiffres de la mortalité Covid dans le monde

Voir LA


7. Elon Musk et twitter : déjà un paysage cauchemardesque ?


From The New-Yorker


Honnêtement, cela n'a pas beaucoup de valeur.

Surtout en lisant un article très documenté sur l'excès de mortalité dans les pays scandinaves qui insiste beaucoup sur les méthodes de comptage.

Voir ICI.



8. Covid Long : le club des CovidsLongs fait feu de tout bois.

On résume le point de vue du club des LongsCovids (qui est décalque de l'ex-club des ZéroCovids) :
  1. Il y a de plus en plus de patients présentant des Covid longs (le club des FearMongers est mobilisé pour l'occasion)
  2. Il y a de plus en plus de publications (non françaises, on rappelle ici pour les ignorants que la France  se place au 48° rang mondial pour le nombre de publications biomédicales mais c'est dû au manque d'argent alors que la majorité des études biomédicales sont financées par l'industrie pharmaceutique qui doit trouver que c'est parce que les médecins français n'ont pas d'argent qu'ils n'ont pas de cerveau...) ce qui montre que la maladie existe (le fameux saut qualitatif que les marxiens de l'extrême-gauche ne manqueront pas de rappeler)
  3. La France est, comme toujours, à la traîne. 
  4. Il y a une perte de chance puisque les patients ne sont pas pris en charge ou considérés comme psychosomatiques...
Réponses :
  1. On attend autre chose que des études au doigt mouillé ou sur un coin de table mais plus les études annoncent des covid longs, plus les LongsCovids trépignent
  2. Le nombre de publications ne signifie pas a) que l'on avance, b) que les données scientifiques sont de qualité, c) que la non-découverte d'un mécanisme physiopathologique commun soit la preuve qu'il y en a un
  3. C'est la haine de soi bien classique
  4. Il n'y a pas de traitement mais une prise en charge empathique serait effectivement la bienvenue.
  5. Un pré print (ICI) du premier novembre 2022 annonce que la prescription pendant 5 jours de Nirmatrelvir (une des composantes du paxlovid) vs rien (étude épidémiologique cas-témoin non randomisée) chez des patients covid présentant au moins un facteur de risque pouvant entraîner une maladie sévère réduisait les syndromes post SARS-CoV-2 à 90 jours quel que soit le statut vaccinal (non,vacciné, vacciné, boosté) en cas de primo infection ou de réinfection.
  6. A suivre.

9. La durée moyenne de consultation (soins primaires)

Attention :
  1. La source (statista) n'est pas sûre
  2. Les systèmes de santé sont très différents (IDE ou non, IPA ou pas, et cetera)
  3. C'est théoriquement le BMJ
  4. Pourquoi montrer un tel diagramme ? Pour désinformer en précisant que c'est probablement d cela désinformation.

10. Sismothérapie : retour vers le futur.


11. Bronchiolite : un communiqué de l'ordre des kinésithérapeutes : tout va bien jusqu'à l'avant-dernier paragraphe

ICI pour le communique rempli de bons conseils...

Là : l'avant-dernier paragraphe non sourcé.


12. Gustave Roussy en majesté : sans masques.

L'IGR, le meilleur centre anticancéreux de toutes les terres émergées, célèbre la fin du mois octobre rose.

Sans masques, dans une enceinte fermée, avec des soignants qui sont continuellement en contact avec des patients qui sont potentiellement traités pour un cancer, immuno-déprimès, fragiles.









mercredi 8 décembre 2021

Le mépris systémique à l'égard des médecin.e.s généralistes construit par le système de santé.

L'hôpital au chevet méprisant de la médecine générale.


Première partie : le mépris systémique des médecin.e.s généralistes est construit par l'hospitalocentrisme.


Force est de constater qu'il existe un mépris systémique à l'égard des médecins et des médecines généralistes (les MG) construit dans et par l'institution académico-universitaire.


Faut-il le démontrer ?


L'organisation de l'enseignement, du métier, de la pratique se fait depuis l'hôpital, et plus précisément des hôpitaux universitaires.


Ce mépris hospitalo-centré a des origines historiques, médicales, sociales, sociologiques et politiques.

Et une origine évidente : comment des hospitaliers qui n'ont jamais mis un pied en ville pourraient-ils enseigner une pratique extra hospitalière ?


Il existe désormais des départements de médecine générale dans les facultés de médecine qui peinent à obtenir des postes, des titres, des moyens, des locaux.


Le mépris hospitalo-centré a des conséquences sociales, sociologiques et politiques. Mais surtout perturbe la santé publique.


C’est un mépris de dominateurs : des décisions d'en-haut sont prises à l'égard de pratiques d'en-bas.


Où sont les MG dans les processus décisionnaires des politiques de santé publique ?


Où sont les MG dans les institutions académiques ?


Où sont les MG dans les conférences de consensus ?

 


Où sont les MG dans les institutions croupions où les universitaires de l'establishment viennent toucher des royalties ?


Où sont les MG dans les boards de l'industrie pharmaceutique ?


(Non, ce n'est pas une plaisanterie : il serait nécessaire qu'ils soient parfois consultés)


Mais le phénomène n'est pas qu'hospitalo-universitaire : les non-MG libéraux "de ville", les spécialistes d’organes, derrière l'effusion de leurs sentiments ("un métier bien difficile"), expriment la sécheresse de leur coeur et parlent de « bobologie »


Attendez, j'ai oublié un truc : en français #NotAll ou en anglais #PasTous


Une réflexion souvent entendue : "Oui mais, il existe une haine des MG à l'égard des spécialistes d'organes hospitaliers et libéraux qui est insupportable." 

En fait, il n'y a pas de mépris anti spécialistes d'organes : c'est comme le racisme anti blanc dans un mode blanc de domination : c'est un fantasme de dominateurs.


Pour continuer de filer la métaphore.


Oui aux réunions non mixtes entre MG (entre médecin.e.s et médecins spécialistes en médecine générale).


Cela s'appelle des groupes de paroles, cela s'appelle des groupes de pairs.


Mais cela peut être n'importe quoi d'autre.


Cela s'appelle des groupes de survie.


Quand les victimes de discriminations constantes, quand les dominés, quand les sans futurs de la médecine, quand les sans reconnaissance de la médecine, en ont assez d'assister à des formations médicales continues où on ne leur laisse pas la parole, où seuls quelques oncles Tom ont le droit d'intervenir après qu'on a relus leurs écrans, quand le discours dominant est le discours hospitalier et académique dont la pandémie covidienne a montré la grande hétérogénéité intellectuelle, scientifique, morale, politique, il est nécessaire, indispensable que les médecins généralistes s'expriment entre eux sans le regard insistant de ceux qui savent, s'expriment entre eux sans les commentaires méprisants des spécialistes d'organes, en racontant leurs expériences, en racontant leurs relations avec les personnes qui les consultent, en exprimant le point de vue d'une médecine qui ne serait pas hors sol, d'une médecine qui s'exercerait dans le cadre de la société, avec des personnes qui travaillent ou qui ne travaillent pas, des personnes qui viennent "comme ça" avec leurs défauts et leurs qualités, des personnes qui souffrent et que l'on aurait bien du mal à retrouver dans les grands essais cliniques d'où ils sont exclus pour de nombreuses raisons (comorbidités, âge, contre-indications, allergies, et autres), d'une médecine impure, où la majorité des interventions médico-sociales ne sont pas validées (comme d'ailleurs dans de nombreuses spécialités d'organes), d'une médecine où les patients "reviennent" non pas six mois après ou trois mois après mais le lendemain parce qu'il y a un problème, parce que le/la patient/patiente est accompagné/accompagnée de sa femme, de son mari, de son compagnon, de son amant, de ses enfants, légitimes ou non, de sa voisine ou de son voisin, et cetera.


La médecine générale n'a pas toujours raison. Elle se trompe. Elle expérimente.

 

Les MG doivent se parler entre eux sans le regard appuyé de juges qui les méprisent a priori.


Les MG doivent parler entre eux des problèmes médicaux spécifiques de la médecine générale en toute indépendance, en toute sécurité sans craindre d'être jugés, sans craindre d'exprimer la complexité de leurs tâches et l'immensité, parfois, de leur désarroi. Et en toute insécurité sous le regard de leurs pairs.


Dans les cabinets de médecine générale on rencontre la beauté et la misère du monde, brutes de décoffrage et pas seulement en urgence, pas seulement en cas de semi-urgence, de chronicité mais aussi sans raisons. Et dans la durée.


Et ce sont les MG qui ont le plus critiqué le dosage du PSA comme moyen de dépistage du cancer de la prostate (pas les urologues), ce sont les MG qui ont dénoncé l'inanité du fluor ingéré chez les nourrissons (pas les stomatologues, pas les chirurgiens-dentistes), et ce sont les MG (un MG en particulier) qui ont dénoncé l'inefficacité et les dangers des anti Alzheimer (pas les neurologues, pas les gériatres), ce sont les MG qui ont dénoncé les conflits d'intérêts des comités HAS pour les recommandations sur le diabète (pas les éthiciens, pas les diabétologues), ce sont les MG... Sans parler des non-MG qui ont défendu becs et ongles les glitazones et/ou les coxibs contre les MG qui avaient le courage de dé prescrire.


Ce sont aussi les MG qui expérimentent en leurs cabinets, notamment dans l'exercice des relations avec des patients (décision partagée, consultation d'annonce, éducation thérapeutique, entretien motivationnel, et cetera...)... qu'ils revoient.


Les MG ne sont pas la dernière roue du carrosse : ils ne sont même pas dans le carrosse.


Le mépris des MG va jusqu'à les empêcher de parler "MG", de leur nier une parole différente, un ressenti différent, un langage particulier.


Et les MG, ce ne sont pas que des MG exerçant de la "pure" médecine générale, il y a les MG transfuges qui en ont eu assez d'être les "méprisés" de la médecine, ils ont bifurqué, des MG ras-le-bol qui sont partis vers l'Assurance Maladie, les centres de PMI ou les urgences...


La diminution vertigineuse du nombre de médecins généralistes qui s’installent en libéral est une des conséquences de ce mépris. Et est liée également à la prise de conscience de ce mépris. 


Les méprisés en ont assez mais le combat est perdu d'avance.



Deuxième partie : c'est ICI





samedi 27 octobre 2018

Pourquoi détester les médecins dévoués ?



Une des raisons principales, selon certains médecins, de ne pas s'installer en médecine générale, outre les arguments habituels sur la charge administrative, l'URSSAF, la CARMF (1), les impôts, la CPAM et le taux anormalement bas de la consultation pour l'acte de base (25 €), "le plus bas d'Europe", sic, c'est le mythe dévastateur du médecin généraliste dévoué (2).

La petite maison dans la prairie


Qu'est-ce qu'un médecin dévoué ? Eh bien, selon la mythologie colportée par certains médecins, des généralistes bien entendu, c'est le sale type qui, le plus souvent installé en campagne, parfois en banlieue (défavorisée), ne compte pas ses heures, dit oui à tout le monde ou ne sait pas dire non, se fait rabrouer par les patients, fait des visites pour des broutilles, prend des patients entre deux, consulte sans rendez-vous, prescrit des antibiotiques pour des rhino-pharyngites (c'est comme cela qu'il a fidélisé sa clientèle), des corticoïdes dans les bronchites, prescrit à tout va, appelle les patient.e.s par leur prénom, rentre crevé chez lui, compte le soir sa recette avec avidité et voit rarement ses enfants.

Que des médecins ne veuillent pas mener une vie pareille, on les comprend.




Mais, ce qui me choque, c'est que l'on considère a priori péjorative l'expression de médecin dévoué.

La lecture de la signification du verbe "dévouer" ou "se dévouer" ne donne certes pas envie. Voir ICI.
Se sacrifier pour quelqu'un ou pour quelque chose. Se consacrer entièrement à.
Voici notre contre-modèle :



Mais on ne peut pas se lamenter à la fois sur la déshumanisation de la médecine et se moquer du médecin dévoué.

J'essaie d'expliquer l'affaire : d'abord, il est de bon ton de penser que vouloir être médecin par vocation est une vieille lune et désormais une attitude sans avenir ; ensuite, être dévoué signifierait, horreur des horreurs, s'impliquer dans une relation avec les patients qui outrepasserait les sacro-saints canons de la médecine moderne et scientifique : être froidement empathique.



Je continue : il n'est pas certain que n'importe qui puisse être un "bon" médecin (et ne me dites pas que je vous sers le plat réchauffé du "bon" médecin qui serait l'autre face du médecin dévoué) ; il n'est pas certain qu'il ne faille pas une empathie "naturelle" pour être un "bon" médecin (on sait désormais, enfin, c'est ce que l'on essaie de nous faire croire, que l'empathie "ça s'apprend", en réalité tout peut s'apprendre, et pour l'empathie il est possible d'en apprendre le langage et les outils) ; il n'est pas certain qu'il ne faille pas une attention naturelle aux "gens" pour être un "bon" médecin...




Les médecins dévoués seraient-ils les victimes expiatoires des patients désirants ?

Sans rire, il est nécessaire d'avoir un certain degré de dévouement, car l'exercice de la médecine, ce n'est que l'exercice de la médecine et, sauf en cas d'urgence vitale, la médecine, c'est peu dans une relation médecin/patient.

Et encore : la médecine, c'est un métier de merde. Les médecins (comme les autres professionnels de santé) sont confrontés à la souffrance, à la douleur, à l'échec, au succès momentané, à la mort, à l'exception, à la complication inédite, au mépris, à l'orgueil, à l'absence de reconnaissance, à l'excès de sentiments, aux remords, à l'excès de confiance. C'est un métier de merde car les patients sont le reflet de la vie passée, présente ou future des médecins...

Il faut donc être soit un parfait bloc de glace pour survivre ou être emphatique avec retenue et tact, et surtout : aimer ses patients.




Passez votre chemin les robots doctolibiens, les robots télémédecins, les robots chirurgiens, et cetera.

Dans les soins palliatifs à domicile est-ce être dévoué que de toucher les patients surtout quand le fait de les toucher ne sert à rien, il faut sortir son stéthoscope, écouter le coeur, palper l'abdomen... regarder, soulever les vêtements et ici le pyjama ou la nuisette...

Etre dévoué est donc perçu comme péjoratif. Il est vrai que la médecine consumériste, néo-libérale, technicienne, n'a que faire des personnes dévouées.

Rappelons cette phrase : "Do as much as possible for the patient while doing as little as possible to the patient".

Une dernière chose : est-ce que le dévouement est une variété dévoyée du professionnalisme ? Sans doute.

Pour conclure : on peut être dévoué  et ne pas se déplacer pour une rhino-pharyngite, on peut être dévoué et ne pas prendre de patients en plus pour des vétilles, on peut être dévoué et être ferme sur la civilité, et cetera. Mais si ne pas être dévoué signifie vouloir des patients à son image ou des patients qui obéissent ou des patients polis...

L'empowerment des médecins signifie aussi que les médecins prennent soin de leurs patients en respectant leurs défauts sans vouloir absolument les corriger, sauf s'il s'agit d'un problème médical.

La médecine technicienne, scientifique, n'aurait-elle besoin que de médecins non dévoués ?

Mais comme on a tous fait référence au moins un fois à Urgences,


et à Docteur Sachs, dont acte.




J'avais déjà écrit un article en 2012 déconseillant aux jeunes médecins de s'installer : ICI.

Notes :
(1) La CARMF ou Caisse Autonome de Retraite des Médecins Français est l'organisme garantissant la retraite libérale des médecins libéraux.
(2) Il n'existe pas de cardiologue dévoué ou de chirurgien dévoué dans la mythologie médicale. J'en ai pourtant connu. Et le médecin qui fait 24 heures de garde aux urgences : ne serait-il pas dévoué ?