Le docteur parle de moi (et d'autres).
Nous sommes en présence d'un syndrome non neurologique que le médecin pseudonyme développe déjà depuis de nombreuses années (il semblerait que ce syndrome soit transmissible).
Résumons quelques signes intellectuels non médicaux de ce syndrome :
- La médecine est une science
- La médecine est une entité qui se développe hors sol dans des tours d'ivoire satellisées avec une orbite géostationnaire au dessus des lieux saints de la médecine : Jolimont, Harvard, Johns Hopkins, la Pitié-Salpétrière...
- La médecine est axiologiquement neutre (au sens weberien de l'expression) c'est à dire qu'elle fonctionne en autarcie intellectuelle et qu'elle délivre ses messages neutres et scientifiquement fondés par l'intermédiaire d'agences gouvernementales, de sociétés savantes, de conférences de consensus, de congrès scientifiques et de formation médicale continue, sans compter l'inénarrable Conseil National de l'Ordre des médecins et ses succursales départementales
- La méritocratie à vie est une valeur intangible (même pour les neurologues qui ne sont pas chefs de service dans La Mecque de la neurologie à savoir La Pitié-Salpétrière où les dits neurologues tournent sept fois en rond autour des pierres noires des instituts privés qui ont rendu hype ce vieil hôpital parisien) : le régime des experts qui "disent" la médecine comme d'autres disent le droit
- L'esprit critique doit être réservé au cénacle médico-médical, enfin à l'Olympe académico-universito-hospitalo-public : nos légitimes interrogations doivent rester dans l'entre-soi, ne pas être publiées surtout au cas où elles pourraient nuire à l'avancement...
- Le capitalisme néo-libéral est indépassable du moment qu'il tolère encore l'hôpital public (rassurons-nous le pays de l'ultra libéralisme, les Etats-Unis d'Amérique, tolère encore ces institutions...)
- Les laboratoires pharmaceutiques sont incriticables car qui les critique est a) un.e dangereux gauchiste, b) un complotiste (toute personne qui utilise l'expression Big Pharma est un.e dangereux complotiste), c) un.e médecin qui a perdu ses repères (les autres ont trouvé leurs repaires), d) un.e doux rêveur qui nie la réalité du monde
- L'assistanat social (on aimerait en connaître les limites car l'hôpital public est avant tout pour les contribuables un abyssal assistanat social, pas en faveur des patients, non, en faveur des soignants) est une horreur de gauchistes anti scientifiques (voir le point 3.)
- Les citoyens/patients/malades sont des khons dont le seul intérêt, lorsqu'ils ne posent pas de lapins, est de remplir les consultations et les lits des hôpitaux.
- Les khons citoyens/patients/malades doivent aussi fermer leurs gueules, qu'on ne vienne pas parler de décision partagée, ils doivent fermer leur gueule pour que les relents nauséabonds de la société profane n'atteignent pas les blouses immaculées (avec quelques taches propres) des porteurs de macarons rouges
- La médecine étant une science dure (cf. point 1.) les sociologues, les philosophes, les épistémologues, doivent passer leur chemin, sans compter les romanciers qui auraient l'indignité de parler de choses qu'ils ne connaissent pas, la médecine appartient aux médecins, non, la médecine appartient aux professeurs...
- Il est possible, la science est en perpétuel progrès, que l'on puisse délimiter, trouver, biopsier, la zone du cerveau responsable de ce syndrome intellectuel qui n'a bien entendu rien à voir avec la maudite société, ce sont des putains d'aires neurologiques apparues dès la naissance, le milieu social on s'en moque, pas plus que la culture, pas plus qu'il n'existe pas, répétons-le encore, de médecine de classe, de médecine de pouvoir, de médecine sexiste, de médecine raciste, de médecine mondaine, de médecine de merde, et donc, des IRM fonctionnelles associées à des prélèvements stéréotaxiques permettront de délimiter le syndrome des âmes pures médicales volant dans l'éther glorieux de la médecine triomphante et scientiste
- L'étape suivante sera, dans les hautes sphères intellectuelles, de trouver le moyen de détecter précocement, dès la maternelle sans doute, grâce à un test simple, fiable, sans effets indésirables (j'oubliais que les tests de dépistage n'ont, selon l'Académie de Médecine, jamais d'effets indésirables), les individu.e.s qui pourront sans effort adhérer aux 12 points précédents. On imagine donc un PACES où l'on donnerait les sujets aux testés positifs et où l'oral serait une formalité tentant cependant de pallier les défauts inhérents de sensibilité/spécificité du dit test (une enveloppe sous la table ?)... Quel monde merveilleux.
Ce TWT n'en méritait pas tant.
Disons qu'un certain nombre de médecins (et le destinataire du TWT agréable), dont quelques universitaires français, pensent que la médecine doit effectivement rester à sa place, qu'elle sur promet généralement, et qu'il est nécessaire de fixer des limites à l'intervention des médecins et de leurs supplétifs, notamment pour protéger l'immense majorité des personnes bien portantes, comme il existe des règles pour les contrôles d'identité à l'égard des supposés innocents (on me dit que cela ne marche pas). Pour finir : ces médecins ne se sentent coupables de rien sinon de constater qu'ils appartiennent à une corporation dont la devise est : "La conjuration des imbéciles".
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PS. Notre ami québécois Pierre Biron me demande par courriel si j'ai lu le livre de Jean Peneff, "La France malade de ses médecins", eh bien non. Je retrouve en revanche un entretien virtuel entre Biron et Peneff que j'avais lu en son temps (Février 2011) dans Pharmacritique (ICI) où les commentaires signés Christian Lehman et Stéphane B sont bien intéressants. Les choses ont bien évolué mais le fond est le même.