Dernière livraison du BEH (Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire) (ICI) : deux articles ont retenu mon attention : Les infections invasives à méningocoques en 2010 (LA) et Déterminants associés à la non vaccination A(H1N1) 2009 chez les femmes enceintes de l'étude Coflupreg(ICI).
Le BEH est l'organe de publication de l'InVS, institut dont j'ai largement parlé sur ce blog, mais je n'ai pas assez insisté sur sa collusion avec le pouvoir, son manque de collaborateurs de talents et sa pratique de la corruption.
1) Les infections invasives à méningocoques en 2010 (voir L'Etat de l'Art ICI par CMT) : Dans un article, le plus important, c'est la Discussion. Sa qualité rend compte des connaissances des auteurs sur le sujet, de leur indépendance d'esprit et de leurs capacités à l'autocritique. Mais commençons par les résultats.
L’incidence globale des IIM est en diminution depuis 2008. En 2010, 522 cas ont été déclarés dont 510 en France métropolitaine conduisant à un taux d’incidence corrigé pour la sous‐notification de 0,89 pour 100 000 habitants. Les groupes d’âges les plus touchés sont les moins de 1 an, les 1‐4 ans et les 15‐19 ans. La baisse d’incidence entre 2009 et 2010 a été significative pour les IIM liées au sérogroupe C. Le sérogroupe B reste prédominant en France (74% des cas). L’incidence des IIM W135 est restée stable. Le sérogroupe Y a augmenté mais ne dépas‐ sait pas 5% des cas. La létalité des IIM en 2010 était de 10% (53 décès). La proportion des cas déclarés avec un purpura fulminans était de 26% (130 cas), la létalité étant de 23% pour ces cas contre 6% pour les autres (p<0,001). En 2010, 55% des souches invasives circulantes appartenaient à trois complexes clonaux (ST‐41/44, ST‐32 et ST‐11).
Nous y apprenons donc des choses intéressantes sur le fait que le B est le plus fréquent (on le savait déjà). C'est tout.
Mais la Conclusion est plus éclairante :
Les IIM restent en France majoritairement liées aux méningocoques de sérogroupe B ; la baisse de l’incidence des IIM C a débuté depuis 2003 et devrait se poursuivre du fait de l’introduction du vaccin conjugué méningoccique C dans le calendrier vaccinal en 2010.
Ils sont quand même légèrement gonflés !
Allons donc voir la Discussion : comme elle est un peu longue, je me permettrais de vous la résumer. On y apprend : a) qu'il est difficile de conclure sur l'incidence en raison des variations inter saisonnières et de la circulation (éventuelle) de nouvelles souches ; b) que la baisse d'incidence concerne autant la B que la C ; c) que la baisse d'incidence de la C a précédé la vaccination et qu'elle concerne, après la vaccination, des tranches d'âge non concernées par la vaccination ; d) que le taux de couverture vaccinal n'est pas connu pour les années analysées (pas connu par le BEH mais, semble-t-il, par les industriels avec, grosso modo, pas grand chose qui puisse expliquer les variations observées, notamment dans les groupes d'âge non impliqués dans la campagne) ; e) que l'incidence des Y augmente. On y apprend aussi la forte létalité des formes avec purpura fulminans. On le voit, la discussion est plutôt bien écrite (de façon "orientée") mais n'insiste pas assez sur les incertitudes de l'épidémiologie, sur l'émergence de nouvelles souches et fait peu de comparaisons avec les autres pays, sauf la Suède pour les Y. Ainsi, le contenu de la discussion n'est-il pas en rapport avec la Conclusion très pro vaccin.
Commentaires personnels : il y a eu donc 53 décès dus aux méningites à méningocoques en 2010 France. Dans 26 % des cas d'IIM (Infection invasive à méningocoque) (n = 130) il y avait un purpura fulminans dont la létalité a été de 23 % contre 6 % quand il était absent. Premières recommandations : devant tout syndrome fébrile évoquant un syndrome méningé il faut déshabiller l'enfant (ou l'adulte) à la recherche de lésions cutanées pouvant faire évoquer un purpura fulminans ; tout cabinet médical (et a fortiori ceux qui préconisent la vaccination contre la méningite C) doit disposer de ceftriaxone / rocéphine prête à l'emploi (i.e. dont la date de péremption n'est pas dépassée) (LA).
Cet article est un plaidoyer pour la vaccination. Il obéit à plusieurs objectifs : a) banaliser les méningites ; b) rendre les familles demandeuses ; c) rendre les médecins coupables.
Cet article est un plaidoyer pour la vaccination. Il obéit à plusieurs objectifs : a) banaliser les méningites ; b) rendre les familles demandeuses ; c) rendre les médecins coupables.
Mais surtout, cet article souligne combien, en France, il n'existe pas de frontière entre la science vaccinologique (c'est un néologisme), la recherche vaccinologique et Big Vaccine. Car Big Vaccine a un statut particulier : ses produits sont chers, ses profits sont pharaoniques (plus de 95 % de marge brute), la concurrence est inexistante (Big Vaccine se partage le monde, s'accorde sur les tarifs, arrose les mêmes experts, il n'existe pas de génériques - ce qui ne me dérange pas- mais, plus encore, il n'y a jamais de baisses autoritaires de prix de la part des Etats), il existe une Autorité centrale (l'OMS) qui dit la vaccinologie, il existe des bons sentiments (la Santé Publique), il existe une idéologie humaniste sous-jacente (la prévention) et les visiteurs médicaux sont soit des scientifiques de renom, soit des hommes politiques...
En France, la politique des vaccins est menée par le CTV (Comité technique des Vaccinations) dont le Président à vie est un agent payé entre autres par Glaxo et la revue scientifique d'excellence, outre ce bon BEH, est Infovac, qui est une feuille de choux sponsorisée à 100 % par Big Vaccine, dont les rédacteurs sont des Bruno Lina (ICI), et il semble que ce CTV soit protégé par tout le monde, depuis la DGS jusqu'à la Revue Prescrire qui reproduit fidèlement ses communiqués sans beaucoup de recul.
Circulez, y a rien à voir.
Je suis allé à une réunion la semaine dernière, réunion organisée par l'APSVF (l'Association des professionnels de Santé du Val Fourré dont je suis membre du bureau), où nous avions invité des médecins de la PMI des Yvelines. J'ai appris ce soir là (entre autres choses qui sont hors sujet) qu'Infovac est la référence pour les politiques de vaccination des PMI.
Y a du boulot pour remonter le courant.
2) Déterminants associés à la non vaccination A(H1N1) 2009 chez les femmes enceintes de l'étude Coflupreg. Cette étude descriptive est emblématique de l'épidémiologie à la française : description, description, rien de plus. Regardons la Conclusion :
Dans cette cohorte, la couverture vaccinale antigrippale A(H1N1) était faible, particulièrement chez les femmes enceintes d’origine étrangère non‑européenne et chez celles appartenant aux catégories socioprofessionnelles moins favorisées.
Afin d’améliorer leur efficacité, les futures campagnes de vaccination pourraient être adaptées à ces populations.
Afin d’améliorer leur efficacité, les futures campagnes de vaccination pourraient être adaptées à ces populations.
Comme quoi, Big Vaccine joue sur la corde sensible : vacciner dans les pays riches contre l'hépatite B pour en faire "profiter" les pays pauvres, on y croit beaucoup, et là, plaindre ces populations défavorisées de femmes enceintes pauvres et immigrées (Big Vaccine adopte le CARE), pour mieux les toucher. La médecine à deux vitesses existe : dans le cas du vaccin anti A/H1N1, il semble qu'il vaille mieux être pauvre et immigrée.
Retenons ceci : le BEH ne joue pas le jeu de la transparence, le BEH ne joue pas le jeu de la compétence, le BEH est un organe de Big Vaccine (la branche la plus rentable de Big Pharma).
(Pravda : 16 mars 1917)