Une méta-analyse parue dans le Lancet (et dont vous n'aurez un lien que vers l'abstract car l'article est payant si vous n'êtes pas abonné) me rappelle un mauvais souvenir et me soulage désormais.
D'abord, la méta-analyse américaine réalisée sous l'égide d'un organisme officiel, l' US National Institutes of Health, et d'une société savante, l'American Heart Association : Hüpfl M et al. Chest-compression-only versus standard cardiopulmonary resuscitation : a meta-analysis. Lancet.
Il s'agissait de comparer, en cas d'arrêt cardio-respiratoire survenant en dehors d'une structure médicale, le massage cardiaque simple (MCS) versus les mesures classiques, à savoir massage cardiaque et ventilation (MCV), réalisés par un tiers non médecin en prenant comme critère principal la survie à l'arrivée à l'hôpital.
Les auteurs ont d'abord réalisé une première méta-analyse qui rassemblait 3 essais où les patients étaient traités de façon randomisée selon les deux méthodes. Résultats : MCS est significativement supérieur au MCV (l'amélioration absolue de survie est de 2,4 % et le nombre nécessaire de malades à traiter est de 41 - voir ici pour cette notion).
Une deuxième méta-analyse a été réalisée à partir de 7 études de cohorte. Résultats : pas de différence entre les deux méthodes.
Les auteurs en concluent : pour ce qui pourrait constituer un arrêt cardiorespiratoire survenant hors d'un hôpital et chez un adulte les services d'urgence doivent conseiller et enseigner aux témoins de pratiquer un Massage Cardiaque Simple.
Ensuite, le mauvais souvenir. Depuis un bar situé en face de mon cabinet, un consommateur était venu me chercher pendant ma consultation pour ce qui pouvait ressembler à un arrêt cardio-respiratoire et, en attendant le SAMU, j'avais fait un massage cardiaque et avait ventilé en bouche à bouche un type puant l'alcool... Le SAMU était arrivé et le patient était mort peu après son arrivée à l'hôpital.
Pendant au moins trois jours j'avais eu un mauvais goût affreux dans la bouche et je m'étais dépêché d'acheter un ballon de ventilation tel que représenté par la photographie. Il est resté dans mon coffre de voitures et je ne m'en suis jamais reservi. Mes enfants rigolent encore en le voyant.
Enfin : le soulagement. Je ne ferai plus de bouche à bouche chez un adulte.