Pas de liens d’intérêt déclarés de l'auteure.
Le dernier bulletin
infovac, N°4 du 4 avril 2014, est une rareté. Ceux qui aiment le
surréalisme vont apprécier (ICI).
Infovac se définit comme une
ligne directe d’information, constituée par des experts
«indépendants», voir LA pour une analyse précédente.
On peut les croire à condition de redéfinir le concept d’indépendance. Selon une technique souvent utilisée par les laboratoires pharmaceutiques (les experts d’Infovac ont été à bonne école), ces experts jouent sur le sens des mots et sur leur ambiguïté. Etre indépendant c’est, pour eux, ne pas dépendre des autorités publiques ni de leur hiérarchie hospitalière. Quant à leurs liens d’intérêt avec les laboratoires pharmaceutiques, qu’il serait trop long de citer, le site entier n’y suffirait pas, ils n’en pipent mot. Infovac se contentant de déclarer que ses comptes sont gérés par l’association ACTIV, qui n’est elle-même qu’un cache sexe des laboratoires pharmaceutiques fondée en 1988 (LA).
On peut les croire à condition de redéfinir le concept d’indépendance. Selon une technique souvent utilisée par les laboratoires pharmaceutiques (les experts d’Infovac ont été à bonne école), ces experts jouent sur le sens des mots et sur leur ambiguïté. Etre indépendant c’est, pour eux, ne pas dépendre des autorités publiques ni de leur hiérarchie hospitalière. Quant à leurs liens d’intérêt avec les laboratoires pharmaceutiques, qu’il serait trop long de citer, le site entier n’y suffirait pas, ils n’en pipent mot. Infovac se contentant de déclarer que ses comptes sont gérés par l’association ACTIV, qui n’est elle-même qu’un cache sexe des laboratoires pharmaceutiques fondée en 1988 (LA).
Dans un précédent article (ICI), et d'après l'enquête de la journaliste Virginie Belle, je disais : "L’objectif de cette association, dont le nom ne paie pas de mine, était 'd’être une interface entre des laboratoires et des investigateurs pédiatres formés à la pratique des essais cliniques […]' d’après le site de la SFP (Société Française de Pédiatrie). Elle est financée par Novalac, Pampers, mais aussi par le laboratoire Amgen qui collabore avec les laboratoires GSK et Pfizer. »
Comme il serait trop long de passer en revue les conflits d’intérêts de tous ses membres, je me contenterai de citer ceux de Claire-Anne Siegrist, vaccinologue suisse et coordinatrice du site Infovac avec Robert Cohen. A l’Agence européenne du médicament les conflits d’intérêts de cette experte, qui est aussi la fondatrice d’Infovac Suisse, portent le niveau 3 de risque, c'est-à-dire le plus élevé, en raison de ses travaux pour GSK et Sanofi sur les vaccins. Et sa chaire de vaccinologie à l’université de Genève est financée par la fondation Mérieux, dont le fondateur, Charles Mérieux, est le fils du fondateur de l’Institut Mérieux, devenu plus tard, sous le nom de Sanofi Pasteur, le « leader mondial des vaccins » (investigation Virginie Belle pour le livre « Faut-il faire vacciner son enfant ? »). A noter que la déclaration d’intérêts de Claire-Anen Siegrist n’a pas été mise à jour sur le site de l’EMA depuis 2011 LA).
Voilà pour le décor.
Pour les « informations » contenues dans ce bulletin qui va faire date, commençons par le passage de trois à deux doses de Gardasil. Sur la base de quelles études ? Pas de références citées. Il faut aller sur le site du HCSP (Haut Conseil de la santé publique) pour en savoir un peu plus. La décision se fonde sur une étude suédoise montrant une faible différence dans la survenue de condylomes, excroissances génitales bénignes et rares apparaissant chez des femmes infectées de manière répétée par du papillomavirus lors de rapports non protégés, chez des jeunes femmes ayant reçu deux ou trois doses de vaccin entre 10 et 16 ans et examinées quelques années plus tard (LA).
On est très
loin du sujet. Très très loin des raisons pour lesquelles on explique aux
parents que faire vacciner leurs filles contre le papillomavirus est
primordial. Et on reste très très loin avec la deuxième justification invoquée
pour passer à deux doses, à savoir l’augmentation des anticorps chez des jeunes
filles de 9 à 13 ans dans l’étude initiale qui a servi de base à l’AMM du
Gardasil. Que peut bien signifier l’augmentation des anticorps quand on sait
que l’infection par le papillomavirus est une infection pour laquelle l’immunité
humorale, celle qui se manifeste par l’augmentation du taux d’anticorps, ne
joue qu’un rôle auxiliaire ? Et qu’on n’a jamais pu définir le corrélat,
c'est-à-dire le niveau d’anticorps qui assurerait une protection contre
l’infection ? Sans parler de la protection contre les transformations
cancéreuses, ce qui est encore une tout autre affaire. Broutilles que tout
cela. Le laboratoire a demandé le passage de trois à deux doses pour améliorer
l’acceptabilité du vaccin et le laboratoire obtient ce qu’il veut.
Deuxième "information" d'Infovac. "coqueluche, renforcement de la stratégie du "cocooning" pour les adultes en contact avec des nourrissons âgés de moins de 6 mois. Tout en précisant qu’il n’existe que peu de données sur la durée de protection de ces vaccins anti-coquelucheux ». Là encore, les « experts » d’Infovac omettent et oublient incidemment un ou deux détails.
L’un d’entre eux est que le vaccin
coquelucheux acellulaire a montré sa faible efficacité, efficacité qui va en
décroissant au fur et à mesure des rappels, ce qui a notamment été
mis en évidence aux Etats Unis lors d’épidémies de coqueluche en Californie et
à Washington, où l’on a pu constater que des enfants entièrement vaccinés
étaient infectés par la coqueluche, ce qui a donné lieu à des publications peu
discutables dans des journaux prestigieux dont le New Engald Journal of Medicine (ICI).
Autre détail : selon une autre étude l’efficacité d’un rappel ne serait que de 53 à 64%. Il s’agit d’une étude cas-témoin avec confirmation du
diagnostic par PCR publiée dans le British medical Journal (LA). Selon un article publié dans ScienceNews (ICI) cette baisse d’efficacité
serait due à l’émergence de résistances dues à des mutations dont la cause
est, probablement, pression de
sélection exercée par le vaccin.
Dans tous les cas la stratégie
du cocooning n’a pas fait la preuve de son efficacité et n’est pas recommandée
par l’OMS . Elle coûte très cher pour des résultats improbables. Une
étude faite dans l’Ontario au Canada (ICI) a montré qu’il faudrait vacciner entre
12 000 et 63 000 personnes pour éviter une hospitalisation, et entre
1,1 million et 12,8 millions pour éviter un décès.
Et cela avec une efficacité présumée de 85%, très éloignée de l’efficacité
réelle du vaccin.
Poursuivons l’exploration de cette petite merveille qu’est le bulletin Infovac.
On nous explique que par ces durs
temps où des anti-vaccinalistes attaquent de toutes parts, les experts
d’Infovac vont nous donner de quoi clore le bec de tous ces mécréants.
De quoi s’agit-il ? D’un
étude clinique ? Non, il s’agit d’une modélisation. Une modélisation
publiée dans le rapport hebdomadaire (MMWR) du CDC (Center for Disease control
and Prevention des Etats-Unis).
Il
faut d’abord expliquer ce qu’est une modélisation. Une modélisation est un type
d’étude où on effectue des calculs d’après des présupposés qu’on choisit
soi-même. Cela en vue de faire des estimations ou de confirmer des hypothèses.
J’exprimais déjà quelques doutes en septembre 2009 au moment de la fausse
pandémie grippale, sur la valeur intrinsèque des modélisations annonçant des
centaines de milliers de morts (LA).
J'écrivais ceci : "Ces faits historiques
et les autopsies faites sur des
victimes
de la grippe de 1918 invalident totalement les
fameux
« modèles mathématiques » tant vantés par
l’OMS,
car pour qu’un modèle mathématique puisse servir
à
quelque chose, il faut qu’il soit fondé sur des
hypothèses
justes. Or, l’hypothèse selon laquelle c’était le
virus
de la grippe lui-même qui aurait provoqué une
mortalité
cataclysmique en 1918, et non les surinfections
bactériennes,
cette hypothèse s’est avérée fausse. Les
modèles
mathématiques ont donc des limites : ce sont les
limites
à la fois idéologiques et de la connaissance de
ceux qui les conçoivent."
En réalité le fond de ma pensée
est que les modèles mathématiques sont la meilleure façon d’autoconfirmer ses
propres hypothèses. Par exemple, c’est grâce aux modèles mathématiques qu’on a
pu générer une inflation artificielle de la mortalité due à la grippe
saisonnière aux Etats Unis et au Canada. Voici comment cela peut arriver.
Kelly Crowe, journaliste au média canadien CBC
news, a mené une enquête sur la crédibilité des modèles mathématiques estimant
la mortalité due à la grippe. Pour ce faire elle a interrogé plusieurs
spécialistes du sujet (LA).
Au Canada, pays de 23 millions
d’habitants, la mortalité annuelle officiellement estimée en rapport avec la
grippe est de 2000 à 8000 décès.
Michael Gardam, directeur de l’unité de
prévention et de contrôle des maladies infectieuses à Toronto et ancien membre
du MITACS, (programme de recherche
canadien chargé de la modélisation d’une future pandémie créé en 2003 après l’épisode
du SRAS dû à un coronavirus et bénéficiant d’importants financements publics - ICI ), lui explique que l’estimation de la mortalité due à la grippe repose sur une
série de présupposés.
La formule de base du calcul de la mortalité repose sur la
notion de surmortalité ou excès de
mortalité observée. Si on simplifie le modèle, dit Michael Gardam, le
calcul consiste à dire : le nombre de décès en hiver moins le nombre de
décès en été égale à la mortalité de la grippe. Autrement dit le modèle
présuppose qu’une large part des décès supplémentaires observés en hiver sont
dus à la grippe. Pour Tom Jefferson, spécialiste de la
grippe au sein de la collaboration Cochrane, la modélisation n’est rien d’autre
qu’un travail de devinette hautement sensible aux présupposés de celui qui
construit le modèle. Comme il est impossible d’évaluer quoi que ce soit puisque
tout est fondé sur une succession d’hypothèses qui se valident mutuellement,
Tom Jefferson appelle cela « la médecine fondée sur la foi » (par
assimilation à la médecine fondée sur les preuves pour ceux qui n’auraient pas
compris).
Kelly Crowe remarque qu’au Canada,
en l’espace de 10 ans, la mortalité estimée par grippe est passée de 1500 pour
la limite supérieure à 8000, et que les changements se sont produits lorsque
les modèles mathématiques permettant de faire l’estimation ont été modifiés. La
même chose s’est produite aux Etats Unis en 2003 lorsque le modèle mathématique
utilisé pour évaluer la mortalité par grippe a changé et que la mortalité par
grippe a été brutalement propulsée à 36 000 décès annuels.
Autrement dit, plus on vaccinait,
plus on mourait de la grippe. On en a conclu qu’il fallait vacciner encore plus
et cela n’a choqué personne.
L’étude qu’Infovac présente comme définitive et incontestable repose sur la même approche (voir liens 2 et 3 du bulletin). Quant au modèle qui a permis de calculer les chiffres présentés, nous n’en saurons rien car ses présupposés ne sont pas explicités.
D’après cette étude, aux Etats
Unis, 322 millions de maladies ont été évitées en 20 ans chez l’enfant
entre 1994 et 2013, grâce à la vaccination. Et aussi 21 millions
d’hospitalisations et 732 000 décès, soit quelques 36 000 décès par
an. Ce qui reviendrait, pour la France, à quelques 7000 décès évités par an.
Sans parler d’une économie de 1380 milliards pour la
société. Donc, en évitant des décès par maladies infectieuses, qui sont, même
en en exagérant beaucoup le nombre, une cause très secondaire de décès aux
Etats Unis, où il y a environ 2,7 millions de décès chaque année, les Etats
Unis auraient économisé l’équivalent de la moitié du PIB français en 20 ans.
Rien que ça…
Comment contester une étude qui
décide des questions et aussi sur quelles hypothèses doivent reposer les
« bonnes réponses » ? Et qui ne se reconnaît de défauts ou limitations que dans la
mesure où elle aurait pris insuffisamment en compte les bénéfices inestimables
de la vaccination ?
Cette étude comporte pourtant
tous les biais habituels des études qui ont une approche
promotionnelle de l’information, plutôt que scientifique et dont les auteurs
ont des conflits d’intérêts, idéologiques, intellectuels, financiers ou quels
qu’ils soient. A savoir, surestimation des bénéfices, à travers la
surestimation des risques représentés par les maladies visées et à travers la
surestimation de l’efficacité vaccinale. Sous estimation des risques et inconvénients.
Sur ce point, le problème a été très vite réglé par les auteurs, puisque
l’intitulé de la pseudo-étude est bien «Benefits from
Immunization… », donc, soyons logiques, on ne parle ni des coûts, ni des
risques. Le problème est réglé. Ensuite, attribution systématique de
toute variation favorable dans l’épidémiologie à la seule vaccination, quel que
soit le contexte. Il n’y a pas d’autre hypothèse, et, d’ailleurs, il
n’y a pas d’hypothèse du tout puisque le but n’est pas de comprendre mais de
faire une démonstration dont le résultat est connu d’avance.
Prenons, tout de même des
exemples dans le tableau présenté à partir du lien 3, tableau qu’il faudrait
absolument présenter aux parents, d’après Infovac, pour leur montrer à quel point
les vaccins, tous les vaccins, sont tout simplement un don du ciel et une pure
merveille.
La rougeole, 57 300 décès
évités en 20 ans soit 2865 décès par an pour 3,537 millions de cas annuels.
Soit, environ un décès pour 1200 malades. Sachant qu’en France, avant le début
de la vaccination contre la rougeole, dans les années 80, on estimait le nombre
de décès entre 15 et 35 par an,
soit un décès pour 10 000 à 20 000 cas de rougeole avant l’ère vaccinale (ICI), cela placerait
les Etats Unis à un niveau plus proche du Zimbabwe que de la France, en termes
de létalité due à la rougeole. Plutôt étonnant, n’est-ce pas ?
Pour l’hépatite B. D’après
l’étude américaine le vaccin aurait évité 200 000 cas annuels. J’ai déjà
eu l’occasion de commenter à propos du fait que la baisse spectaculaire des cas
d’hépatite B s’était produite avant les recommandations de vaccination en
France. Comme en atteste l’étude citée par la Mission d’expertise pour la
vaccination contre l’hépatite B en France, présidée par Bernard Bégaud. Cette étude
faite à la Courly à Lyon, montrant une réduction de 12 cas pour 100 000 en
1986 à 2 cas pour 100 000 en 1991, cas recueillis lors d’ analyses
effectuées en laboratoire. Même en prenant les chiffres les plus élevés, de 12
cas pour 100 000, on n’arrive qu’à 6000 cas annuels en France, ce qui
ferait, pour les Etats Unis, quelques 30 000 cas. D’où sortent donc les
200 000 cas annuels américains ? D’ailleurs, Jean-Claude Grange a
bien montré que, d’après les chiffres américains, l’incidence de l’hépatite C
s’était aussi effondrée au début des années 90, alors que l’hépatite C ne
bénéficie d’aucun vaccin (LA).
Il faut donc croire qu’il y a une part de la diminution d’incidence constatée, si ce n’est la totalité pour certaines maladies, qui n’a aucun rapport avec la vaccination.
Il faut donc croire qu’il y a une part de la diminution d’incidence constatée, si ce n’est la totalité pour certaines maladies, qui n’a aucun rapport avec la vaccination.
Dernier exemple que je prends, celui de la vaccination contre le pneumocoque. Les vaccins auraient évité aux Etats Unis 1,3 millions de cas chaque année, excusez du peu. Comment expliquer des chiffres aussi spectaculaires pour un vaccin qui n’a de bénéfices clairs et significatifs que dans des maladies rares, les infections invasives à pneumocoque, qui représentent environ 10 cas pour 100 000 en France, ce qui correspond à 6000 cas environ en France et à 30 000 cas environ aux Etats Unis ? Comment est-on passés de 30 000 à 1,3 millions de cas ?
Simplement parce que les auteurs
ont décidé d’office d’intégrer un pourcentage important d’otites à pneumocoque
et des pneumopathies dans les bénéfices du vaccin, bien que le vaccin n’ait démontré que des bénéfices non significatifs, modestes
ou douteux et inconstants dans ces
pathologies (ICI).
Autre point général, autre source de biais, les bénéfices de la vaccination sont présentés comme constants dans le temps, alors que, on l’a vu pour la coqueluche, mais cela est aussi vrai pour les infections à pneumocoque, pour le papillomavirus, ou pour tout virus ou bactérie présentant différents types ou susceptible de muter, la sensibilité des microorgansimes aux vaccins peut varier dans le temps, en particulier en raison de la pression de sélection exercée par ces mêmes vaccins.
Dernière source de biais
importante à appréhender à mon sens : l’approche focale qui
implique que toute maladie combattue par la vaccination représente un bénéfice
net est fausse. Il existe des centaines, des milliers de types de
virus et bactéries pathogènes pour l’homme. Ce n’est pas parce qu’un enfant
d’un pays pauvre ne meurt pas de la rougeole qu’il ne mourra pas à cause d’une
autre infection dans l’année, s’il
est en mauvaise santé. Ce n’est pas non plus parce qu’on n’a pas eu la rougeole
qu’on ne tombera pas malade autant de fois dans l’année.
Je m’arrête là, mais j’espère
avoir montré que les « experts » d’infovac, grands défenseurs du
vaccin contre le papillomavirus, disent souvent n’importe quoi. Et que ce
n’importe quoi est notamment orienté par leurs multiples conflits d’intérêts.
Illustration : Illustrations surréalistes par Igor Morski (LA) (né en 1960)
Illustration : Illustrations surréalistes par Igor Morski (LA) (né en 1960)