dimanche 19 novembre 2023

Bilan médical du lundi 13 au dimanche 19 novembre 2023 : Eglise de dépistologie (col, sein, prostate), DMP, mépris des MG, biologie en médecine générale, Orbita 2 et Florian Zores, autocensure.

Médecin (homme) attendant que l'Eglise de Dépistologie soit identifiée comme une secte. 

303. Eglise de dépistologie.


Biche. 2019. In Charlie Hebdo.

Rappelons pour ceux qui pensent que les critiques contre le dépistage en général et contre certains dépistages en particulier sont le fait d'activistes qui souhaitent la mort de leurs patients, que Cancer Rose, l'association mal nommée (c'est mon avis et je le partage) a publié LA récemment un billet en français de Gilbert Welsh que tout professionnel de santé, tout patient, tout citoyen, devraient avoir lu pour se faire une idée des problèmes.



303.1 Dépistage du cancer du col : les femmes encore une fois méprisées et infantilisées


Les femmes méritent autonomie, dignité et choix informé. Margaret McCartney.

Un article du BMJ : Les convocations pour le dépistage du cancer du col devraient traiter les femmes comme des adultes... LA

303.2 Dépistage du cancer du sein : les femmes encore une fois méprisées et infantilisées




Les femmes méritent autonomie, dignité et choix informé. Margaret McCartney.


303.3 Dépistage du cancer de la prostate : les hommes encore une fois méprisés et infantilisés.




Le professeur Alexandre de la Taille (DPI = 435, soit 435 liens d'intérêts sur le site Transparence Santé) est interrogé par une certaine Marine Cygler (ICI) et il fait fort de chez fort. Il enfile tous les poncifs de la dépistologie avec une abnégation qui suscite l'enthousiasme. Il a fait une communication aux Journées Nationales de la Médecine Générale, un machin inventé par une revue médicale sponsorisée par l'industrie des médicaments et du matériel, La Revue du Praticien MG.

Le professeur est chef de service du service d'urologie de l'Hôpital Henri Mondor (AP-HP), le service public, le tarif de sa première consultation est de 115 euro et, selon Doctolib, il reçoit tous les quarts d'heure.

En bon Orwellien, la guerre c'est la paix, et cetera, il dit : "Le diagnostic précoce, ce n'est pas le dépistage organisé".

On finit par cela : 

C'est pourquoi il ne faut pas doser le PSA.

304. Allégorie : le dossier médical partagé (DMP)



305. Le mépris des MG, épisode trouzemille : les certificats médicaux jugés abusifs.

Le docteur Michaël Rochoy s'est attaqué depuis des lustres aux certificats inutiles demandés par nombre d'institutions, d'associations, de mairies, de je ne sais quoi (ICI) et aux certificats illégaux demandés par les assureurs (LA). Aller sur son site permet de s'informer sur ces deux questions, permet de se défendre et permet de s'améliorer.

Une thèse que nous n'avons pu encore lire (auteur : Idriss Modson) rapporte 203 demandes de certificats :


306. Et comme Outreau ne dort jamais, Michaël Rochoy et Solange Déplanque mettent en ligne : 

un site d'aide à la prescription d'examens biologiques à destination des médecins généralistes.


C'est LA.

On peut critiquer, on doit critiquer, mais, surtout, il est nécessaire, il faut, critiquer de façon constructive. Merci à tous.


(Je ne sais qui a fait ce dessin)

(les revenus des 5 éditeurs de science les plus importants : 1 milliard de dollars US entre 2015 et 2018)

307. A la suite de la publication d'Orbita 2, Florian Zores commente : angioplastie vs rien dans l'angor instable.

Je vous avais parlé d'Orbita 2 au numéro 299 du Bilan Médical de la semaine précédente (ICI). Florian Zores a commenté LA.

Comme d'habitude, billet complet.

A lire en détail.

Je vous offre la conclusion ou du moins ce que j'ai retenu de la conclusion : 

L’angioplastie dans la maladie coronaire chronique garde toute sa place, mais en deuxième ligne, après échec d’un traitement pharmacologique bien conduit. Pour savoir si l’angioplastie est un traitement de première ligne, il faudra attendre une hypothétique ORBITA-3 : traitement anti-angineux + procédure placébo vs traitement placébo + angioplastie.

 

Steve McQueen (1963)

308. Auto-censure

Je n'arrive pas à écrire que je n'arrive pas à "croire" au Covid long...





dimanche 12 novembre 2023

Bilan médical du lundi 6 au dimanche 12 novembre 2023 : traiter médicalement l'obésité, dépistage cardiovasculaire inutile, stents, Vaccination anti grippale chez l'enfant : non, mortalité et brancards aux urgences.


297. Traiter l'obésité de façon médicamenteuse : une impasse morale et budgétaire.

Nous vous avons déjà parlé du semaglutide (Ozempic ou Wegovy) comme traitement de l'obésité : point 126 : (LA) et comme le fait que toutes ces molécules (analogues du GLP-1) prenaient le chemin du Mediator, celui de l'indignité, de la corruption et des effets indésirables ( ICI : 171 et LA : 102 ).

Eh bien le Barnum continue avec une étude publiée dans le NEJM (ICI) qui est commentée de façon plutôt satisfaisante par Eric Topol (LA).

L'essai a montré que chez des patients en surpoids et obèses présentant des antécédents cardiovasculaires et n'étant pas diabétiques la prescription d'une injection par semaine de 2,4 mg de semaglutide entraînait une diminution significative par rapport au groupe placebo des décès par causes cardiovasculaires, du nombre des infarctus non fatals et des AVC non fatals sur une période de 38,9mois.

MAIS : 

Sur le critère principal composite il existe une réduction de 1,5 % du risque absolu obtenu au bout de 36 mois. Il faut traiter 67 malades pour obtenir un bénéfice ! A noter qu'en France le semaglutide est commercialisé à la dose maximum de 1 mg au prix de 76,58 € par semaine. Aux US le prix est de 337 $ par semaine !

On imagine si on s'était adressé à des patients obèses sans antécédents cardiovasculaires !

MAIS : il est probable qu'il est difficile, moralement, de proposer un traitement aussi coûteux si on ne fait rien en amont de façon préventive contre la malbouffe.

(J'apprends également que la moyenne de valeur de l'HbA1C était de 5,7, ce qui, pour Topol, peut être considéré comme du pré diabète !).


Sisyphe fait du télétravail

298. Le dépistage cardiovasculaire ne sert à rien.

Une étude danoise randomisée (LA) parue dans le NEJM :

  • Suivi pendant 5 ans d'une population d'hommes âgés de 65 à 74 ans. Ils sont assignés de façon randomisée à un groupe dépistage (n=16736) et à un groupe contrôle (n=29790)
  • Le groupe dépistage : score calcique, recherche d'anévrismes, de FA, mesures de la pression artérielle et de l'index de pression bras/cheville, recherche sanguine de diabète et d'hypercholestérolémie
  • Le groupe contrôle n'est pas informé sur l'attribution des groupes
  • Pas de différence sur le nombre de décès toutes causes.

Campagne de dépistage du cancer du testicule en GB : aucune preuve de son intérêt.



299. Orbita 2 montre que les stents marchent mieux que pas de traitement dans l'angor stable.

L'étude randomisée vs placebo est parue dans le NEJM (ICI)

Nul doute que nos amis cardiologues et le sous-groupe des cardiologues interventionnels vont s'en donner à coeur joie !

Voici le commentaire d'un de mes cardiologues favoris qu'il complètera sans doute en son blog où il a déjà beaucoup écrit sur le sujet de l'angor stable (LA) : 


40 % de sur traitements en France dans l'angor stable

C'est fait : il a publié ! C'est ICI

300. La Revue Prescrire se prononce contre la vaccination généralisée des enfants contre la grippe.

Vous pouvez lire ICI ses arguments.



 

88 ans (pas sur cette photo)

301. Les médecins sont de dangereux gauchistes.


302. Une nuit sur un brancard aux urgences majore de 40 % la mortalité hospitalière.

On se demande si on aurait cru à l'inverse...

C'est une étude française parue dans le JAMA (LA)

Bien entendu, pour ce qui est du niveau de preuves, il faut noter qu'il s'agit d'une étude multicentrique de cohorte rétrospective sur dossiers électroniques concernant des patients âgés de 75 ans et plus.

Cette étude serait importante si elle pouvait faire changer les choses.

Peut-on en espère plus qu'un rapport de la Cour des comptes ou qu'un un rapport d'une commission ad hoc ? Ou qu'un article du Canard Enchaîné ?






dimanche 5 novembre 2023

Bilan médical du lundi 30 octobre au dimanche 5 novembre 2023 : test d'effort, essais cliniques frauduleux, la FDA et ses analyses sur les vaccins, psychiatrie frauduleuse, épaule douloureuse.




Toute personne qui confond corrélation et causalité...

291. Test d'effort chez un patient asymptomatique : Non !


292. Combien d'essais cliniques ne doivent pas être pris en compte ?


Le lien : LA

Dans certains domaines : 25 %

293. Deux analyses de la FDA posent problème et concernent les vaccins anti-covid.


  1. Elles sont de mauvaise qualité (mais elles ne sont pas de moins bonnes qualités que celles qui disaient le contraire auparavant)
  2. La première (LA) indique une augmentation du nombre de crises d'épilepsie post vaccination anti covid par les vaccins Pfizer et Moderna (doses 1 et 2) chez les enfants entre 2 et 4 ans pour le premier et entre 2 et 5 ans pour le second. C'est un signal, pas une preuve.
  3. La deuxième (ICI) indique que la covaccination grippe et Covid augmente le risque d'accident vasculaire cérébral et d'accident ischémique transitoire dans le sous-groupe (analyse post hoc) des personnes âgées de 85 ans et plus. 

Ainsi, ces 2 analyses indiquent des signaux tout en confirmant pour la première le risque de myocardite, mais ce sont des signaux faibles. Elles méritent qu'on aille regarder un peu plus avant.

Ce qui est triste c'est que j'ai signalé ces deux essais sur X et que personne n'en a parlé.

Les vaccinoolâtres, c'est à dire les partisans de tout ce que l'industrie publie sur les vaccins est vrai, il n'y a rien à dire, tout est parfait, se sont tus parce que ces études faible qualité n'allaient pas dans le sens de ce qu'ils prônaient et parce que, s'ils les critiquaient d'un point de vue méthodologique, cela reviendrait à revoir leurs affirmations partir d'analyses de même qualité. Notez que si ces analyses de la FDA avaient concerné le covid et/ou la grippe, ils n'auraient pas contesté la faiblesse de ces analyses !

Les antivaxx, parce que je ne fais pas partie de leur chapelle et parce qu'ils mettent le plus souvent en avant des analyses de mauvaise qualité alors qu'ils ne cessent de critiquer des études de bonne qualité concernant les vaccins.

Les deux signaux sont très faibles. Faut-il remettre en cause, non pas la vaccination, mais la vaccination conjointe covid/grippe chez les 85 ans et plus ou la vaccination des enfants ? 

La vraie question est : est-ce que les structures de pharmacovigilance états-uniennes et... françaises sont capables d'évaluer cela? Sans doute non.




294. Une étude des US National Institutes of Mental Health est frauduleuse : STAR*D (2006).

Elle a coûté 35 millions de dollars.

Elle concerne les différents traitements médicaux de la dépression.

L'American Journal of Psychiatry détenu par l'American Psychiatric Association refuse la rétractation.

L'étude (non contrôlée) rapportait que 67 % des patients étaient améliorés. En réalité : 35 % Ce n'était donc pas un effet thérapeutique probant.

Voir l'affaire expliquée LA.


Photographie : Gordon Parks
Mobile - Alabama (1956)


295. Le docteur Asher a publié dans les années cinquante les 7 péchés des médecins : est-ce que quelque chose a changé ?

Voir LA un article le concernant.

Voici les 7 péchés de la médecine, selon lui : 

  1. Obscurité : cacher son ignorance en utilisant des mots obscurs
  2. Cruauté : en dore trop ou pas assez aux patients
  3. Mauvaises manières : à l'égard des patients, des infirmières ou des collègues
  4. Surspécialisation : incapacité de gérer le cas le plus simple en dehors de son champ d'intérêt
  5. L'amour du rare : quand seulement les cas inhabituels excitent l'intérêt du médecin 
  6. Paresse : comme demander une série de tests avant d'avoir complété l'histoire de la maladie, fait un examen clinique et évalué le patient
  7. Stupidité commune, automatisme médical, l'adhérence stupide aux modes, aux recommandations, aux algorithmes 


(Nous reviendront sur cette décision ordinale qui est explicable pour des raisons juridiques mais qui est un scandale absolu quand on sait les propos que cette personne a déversés sur les réseaux sociaux : fausses informations scientifiques, dénonciations calomnieuses, haine).

Peter Falk, Ben Gazzara et John Cassavetes.

296. Le temps d'un lapin s'intéresse à l'épaule et aux recommandations de la HAS. Ça décoiffe !

C'est LA.

Tout le monde doit écouter les deux kinésithérapeutes : les kinésithérapeutes, les médecins, les non soignants et les patients.





vendredi 3 novembre 2023

Tout coule dans le système de santé.

Eric Dupont-Moretti : tout coule.




La médiocrité défaillance du système de santé français, depuis l'université jusqu'aux soins primaires en passant par les pharmaciens, les infirmières, les sages-femmes et les kinésithérapeutes, finit par lasser. Elle s'inscrit dans le climat délétère de la gouvernance Macron (cf. supra le Ministre de la Justice) où on ne cesse de consulter et de ne pas tenir compte des avis.

Je sais, vous avez des amis universitaires qui ne sont pas comme ça (qui savent la différence entre un lien et un conflit d'intérêts). Des amis médecins généralistes qui ne sont pas comme ça (qui ne prescrivent pas des antibiotiques dans une angine virale). Des amis pharmaciens qui ne sont pas comme ça (qui ne commercialisent pas des "vaccins" homéopathiques). Des amies infirmières (qui portent toujours un masque à l'hôpital). Des amies sages-femmes (qui ne préconisent pas l'ostéopathie aux nouveaux-nés). Des amis kinésithérapeutes (qui ont renoncé aux électrodes).

Il arrive un moment, pourtant, où il n'est plus possible d'incriminer le système, il faut aussi s'intéresser aux faiblesses individuelles, aux démissions intellectuelles, à la résistance à la résistance, au conformisme, au snobisme, à la médiocrité.

Et à la corruption généralisée par l'industrie des médicaments et des matériels. Suivez l'argent.



La rétractation des articles de l'équipe Raoult et de ses acolytes devient une routine et nombre de PU-PH s'en gargarisent en oubliant que c'est leur aveuglement et leur indifférence passées qui ont conduit à ces pseudo victoires qui ne sont en réalité que les preuves de leur ignorance et de leur bêtise. Le système les a fait taire pendant des années, ce qui serait un moindre mal, on connaît les arguments, il fallait bien que je poursuive ma carrière universitaire, que je nourrisse mes enfants, mais c'est surtout le système qui les a créés et les a rendus nuls de chez nuls dans le but inavoué, la conjuration des imbéciles, qu'aucune tête ne dépasse et que le jeu de dupes se poursuive.


Professeur David Khayat


Ne vous y méprenez pas : l'incompétence raoultienne est toujours là. Les patrons bidons, les toucheurs de fesses, les petits chefs, les potentats locaux, les arpenteurs de commissions ministérielles en quête de reconnaissance, les participants vérolés par l'argent de l'industrie qui participent à des comités ad hoc, des conférences de consensus, des réunions de recommandations, des boards de l'industrie, des sous-commissions de l'HAS ou d'autres agences gouvernementales, les signeurs d'articles qu'ils n'ont pas lus, les collectionneurs de titres et travaux qu'ils n'ont pas écrits, les amasseurs d'index factors tout comme les DPIolâtres, ils sont là, ils sont partout.

Raoult, qui en tient quand même une sacrée couche, est le bouc-émissaire d'un système qui s'effondre, l'arbre qui cache la forêt, pardon pour les métaphores dignes de la machine à café d'un CHU parisien ou d'un CHG provincial, mais chaque coup qu'il reçoit de la part des résistants de la dernière heure, pas les FFI (Faisant Fonction d'Internes), non, les PU-PH qui se la pètent mais qui craignent quand même que l'on ne vienne mettre le nez dans leur caca, ils espèrent une amnistie après la tempête, chaque flèche qu'on lui envoie (et les archers ne sont pas les plus adroits du stand de tir), soulignent encore plus leur inaction, leur faiblesse, leur soumission à une autorité qui est la leur.

Quand Raoult recevait la médaille d'or de l'INSERM en 2010, quand Macron se prétendait, relayé par des courtisans qu'aucun Saint-Simon actuel n'a taillés en pièces, le plus grand épidémiologiste de France, vous avez vu un seul patron un seul PU-PH, un seul épidémiologiste de métier monter au créneau ?


Emmanuel Macron, grand épidémiologiste en chef


Quand les grands dignitaires du régime de la santé publique s'appellent Aurélien Rousseau et que le Ministère lance une campagne de vaccination qui tend à faire croire que le covid est une maladie saisonnière, qui s'insurge ?


Le Directeur Général de la Santé ? Non, il est aux ordres. 

Quand la CNAM (dirigée par Thomas Fatôme, qu'on ferait mieux d'appeler Thomas Fantôme, et sous-dirigée par la femme du Ministre de la Santé, ne cherchez pas de liens/conflits d'intérêts, il n'y en a pas) et les ARS pondent un document pour les futurs Rendez-vous de prévention, Richard Talbot, un médecin généraliste de la Manche, département où les CHU se comptent par dizaines, le découpe à la tronçonneuse mais surtout dévoile la nudité épouvantable de l'énarchie hors-sol qui réussit à postuler pour une médaille d'or aux futurs JO de Paris, catégorie, incompétence crasse.


Le principe du système pourri est de placer à la mauvaise place les plus mauvais du système. Et Macron est bon à la manoeuvre.

L'article de Richard Talbot est LA

On attend avec impatience une tribune signée par les épidémiologistes, les servants de l'Eglise de Dépistologie et de Préventologie unifiée, par les sociétés savantes, dans un grand quotidien pour dénoncer cette mascarade tragique.

Il n'y aura rien.

Encore une fois, c'est un médecin généraliste, membre d'une spécialité dont l'extinction est le but ultime de ce pouvoir hospitalocentré, qui dénonce.

Comme toujours. Je ne vous ferai pas la litanie des erreurs et des mal conduites médicales qui ont été dénoncées par des médecins généralistes et non par les sociétés savantes, comités Théodule et autres, avec sans doute l'exception du Mediator, scandale d'Etat par excellence, où une pneumologue non pharmacologue, non pharmacovigilante, contre ses pairs qui l'ont méprisée jusqu'à ce que le scandale éclate, contre les cardiologues, contre les hautes autorités de l'Etat, contre le Directeur Général de la Santé, contre l'Agence du Médicament, contre les pharmacovigilants qui ont pris le train en marche...

La litanie ? Le fluor oral, le procubitus, les glitazones, Pandemrix, anti-Alzheimer, Vioxx...

Richard Talbot le signale : les "autorités" ont consulté mais aucune des pistes, des modifications qui avaient été proposées n'a été retenue.


Comme cerise sur le gâteau, il est nécessaire de citer l'ARS Ile-de-France et son Plan Régional de Santé qui sonne creux comme un crâne anencéphale (le premier qui dit que j'ai pensé à sa directrice a perdu).


Voici le PRS dans sa splendeur : LA


La question qui se pose : tout le monde est-il pourri ? Faut-il dénoncer sans rien proposer ? 

Que chacun commence par balayer devant sa porte.

Or, le Conseil National de l'Ordre des Médecins donne le la de la médiocrité, du confusionnisme, de la soumission aux autorités, de la non poursuite de ses brebis galeuses.


En réalité, il est temps de tout dézinguer. Qu'y a-t-il à sauver ?


Dézinguer !


PS du 4/11/2023

Un navire hôpital est envoyé au large de Gaza avec 4 lits disponibles !




dimanche 29 octobre 2023

Bilan médical du lundi 23 au dimanche 30 octobre 2023 : placebo et effet placebo, spasfon, les cancérologues payés par l'industrie, tramadol, lithium dans la maladie bipolaire, MG pas représentative des MG

 

Une jeune femme états-unienne pas antisémite pour un cent : elle veut mettre les Juifs à la poubelle.

286. Placebo et effet placebo

Après la parution du livre de Juliette Ferry-Danini sur le spasfon, un placebo prescrit par des médecins dans l'indication règles douloureuses pour des raisons que l'autrice estime genrées (je n'ai pas lu le livre), 


j'ai fait un test sur twitter en demandant de citer un placebo très utilisé par les médecins.



J'ai déjà écrit de nombreux billets sur l'utilisation d'un placebo en médecine : ICI, LA (chapitre 1) et LA (numéro 161).

Ce numéro 161 est particulièrement éclairant. A mon sens.

Ce n'est pas nouveau : 

"Platt (1947) a ainsi constaté avec amertume que la fréquence d'utilisation des placebos était en relation inverse avec l'intelligence combinée du médecin et du malade."
" L'effet placebo dû au médecin lui-même peut être plus puissant que celui des médicaments."
" Le succès de la médecine, et jusqu'à un certain point celui de la chirurgie, repose en grande partie sur l'effet placebo. Fait étonnant, les ouvrages médicaux n'en parlent pratiquement pas."
" De même que les pèlerins à Lourdes ne peuvent bénéficier de discussions avec un rationaliste, les malades ne sont pas invités à suivre des conférences sur les placebos avant d'en recevoir un..."
" Le médecin incapable d'exercer un effet placebo sur son malade devrait se tourner vers l'anatomopathologie ou l'anesthésie..."
" La meilleure façon d'améliorer l'efficacité de n'importe quel traitement consiste à ne pas tenir compte des études contrôlées. Le médecin y gagne, le malade aussi ; seule la science en souffre."

Vous pouvez suivre le fil TWT de toutes interventions (en sachant qu'il y a des réponses partout, des réponses à des réponses et des culs-de-sac) : ICI 

Je rappelle donc : 
  • Il ne faut pas confondre le placebo pur (un produit inerte) et le placebo impur : une molécule qui n'a jamais fait la preuve de son efficacité et qui a obtenu une authentique AMM (une molécule comme le phloroglucinol/spasfon) ou une molécule active qui n'a non seulement pas fait la preuve de son efficacité mais qui provoque des essais indésirables potentiellement graves (les vasoconstricteurs nasaux) ou une molécule active utilisée dans une indication où elle n'a aucune efficacité (un antibiotique prescrit dans une affection virale) 
  • et
  • l'effet placebo qui est l'effet produit chez le patient par la prescription d'un placebo pur (comme lors d'un essai clinique) ou impur (le spasfon qui a pignon sur rue malgré l'absence de preuves de son efficacité) dans le contexte d'une consultation médicale dans un cabinet médical public ou privé ou lors d'un conseil pharmaceutique dans une pharmacie, ce que l'on appelle aussi l'effet contextuel.
Ensuite : il y a le problème éthique de la prescription d'un placebo : 
  • le médecin sait qu'il prescrit un placebo et il ment
  • le médecin ne sait pas qu'il prescrit un placebo (l'expérience interne du médecin lui dit que spasfon marche et que s'il n'y a pas d'essais cliniques concluants c'est parce que le produit est ancien et qu'il n'était pas besoin de faire d'études, par exemple) parce qu'il ne connaît pas la littérature et il ne ment pas
  • est-ce qu'on est obligé de mentir au malade pour le soulager ?
  • est-ce que prescrire un placebo, c'est du soin ? 
  • que faire quand le placebo ne "marche" pas ? 
  • est-ce que ne pas prescrire un placebo c'est envoyer le patient vers des charlatans ? 
Des études récentes ont montré qu'il valait mieux dire au patient qu'on lui prescrivait un placebo, cela pourrait augmenter son efficacité... et cela éviterait de mentir. Cela s'appelle le placebo "honnête".

Cette analyse (ICI) permet d'obtenir en fin de résumé un grand nombre d'essai sur le placebo "honnête".

Mark Rothko (1903-1970)



287. Quand l'industrie paye des cancérologues, ça sert à quelque chose.


L'article est ICI.

L'industrie du cancer n'est pas que philanthropique.

Quand elle donne de l'argent aux oncologues elle en tire un retour sur investissement.

Les médecins à fort DPI (nombre de déclarations publiques d'intérêts protestent pourtant de leur indépendance).

Conclusion de l'article : 

Dans le cadre de certains scénarios les paiements des médecins par l'industrie sont associés à la prescription de molécules non recommandées ou de faible valeur. Ces résultats soulèvent des préoccupations concernant la qualité des soins liée à des relations financières entre l'industrie et les médecins.







288. Qu'est-ce qui ne va pas avec le tramadol ? Beaucoup de choses. C'est une drogue dure.





Je vous propose de lire ce fil de David Juurlink, extrêmement documenté : LA.

Je ne vous rappelle pas qu'en tapant "tramadol" dans le moteur de recherche du blog vous trouverez de nombreux billets sur la question.




289. Le lithium est le meilleur traitement de la maladie bipolaire.

Voir l'article ICI

Attention, c'est une étude épidémiologique rétrospective sur fichiers électroniques ! Niveau de preuves : moyen.

C'est en Finlande.



Question : pourquoi le lithium n'est-il pas plus utilisé ?

290. Quand la MG choisie par le gouvernement dans la mission interministérielle "santé des soignants" ne va pas.

Marine Crest Guilluy est :

  • secteur 2
  • et voici son Doctolib :



mercredi 25 octobre 2023

Histoire de santé publique sans consultation.15. Cannabis.



1

Une connaissance (un voisin éloigné qui m'a un jour sollicité pour obtenir un rendez-vous rapide chez un ORL) m'aborde au marché (j'ai son accord pour publier).

"Ça va ?
- Ça va."

Nous parlons de choses et d'autres, du temps qu'il fait, le réchauffement climatique, les prix qui augmentent, j'ai vu des poivrons à 8 euro le kilo, ils exagèrent, comment font les gens qui ont de faibles moyens (ce n'est pas notre cas), les cyclistes roulent comme des fous, l'Ukraine, mais, malin comme un membre actif d'une association de patients, j'attends le motif caché.

"Toujours médecin malgré la retraite ?
- On l'est toujours un peu.
- Je peux te poser une question ?"
(A Cathobourg on se tutoie facilement, entre gens de bonne composition, entre personnes qui se connaissent depuis le catéchisme, depuis les scouts, depuis la messe du dimanche et les bonnes oeuvres, qui votent Fillon aux primaires de la droite, mais le hic vient de ce que je ne fais pas partie de cette population versaillaise, mais on me tutoie quand même et j'accepte le tutoiement comme une preuve d'adoubement social, les Cathobourgeois)
Mon non verbal dit "oui".

Il regarde autour de lui pour s'assurer que la police politique n'est pas en train de nous espionner sans se douter que la photographie de sa fille qu'il a fièrement montrée sur Facebook la semaine dernière à l'occasion de ses quatorze ans est en train de tourner sur les réseaux sociaux avec des commentaires légèrement salaces (mais pour le reste, les réseaux éphébo-pornographiques, je n'ai pas d'informations), et donc :

"Je peux te parler d'un truc ?
- Oui, bien sûr."
(Je regarde autour de moi pour m'assurer qu'un contrôleur de l'Assurance maladie, non, un contrôleur payé par la police des moeurs et de la médecine réunies, n'est pas en train de m'écouter pour pratique illicite de la médecine foraine sur un marché yvelinois)

"Marie-Charlotte et moi, on est très inquiets pour notre fils... Il fume du cannabis."

Faut-il que je prenne mon air, tout le monde en consomme, mon air, ce n'est pas très grave, mon air, ton problème me concerne, mon air, j'attends la suite ? ... Mon non verbal indique : Tu peux parler, j'en sais un bout sur la question.

"Il en fume combien par jour ?
- Je n'en sais rien mais beaucoup.
- Ça retentit sur les études ?
- Il ne fait plus rien, il se laisse aller, il est avec ses copains tous les soirs...
- Et qu'est-ce qu'il dit ?"

Bla-bla.

Bien que je ne sois pas dans un bureau en face d'un père désespéré, je lui conseille, avec ma voix doucereuse du médecin qui a fait de la formation médicale continue vespérale sur la différence entre l'empathie et la bienveillance, comment annoncer une bonne ou une mauvaise nouvelle à un patient, comment motiver les aidants, et cetera, de consulter l'antenne CSAPA de Cathobourg. Il me dit qu'il a peur qu'on le voie entrer (le centre est situé en plein centre ville). Je lui dis de téléphoner.

2

J'ai oublié l'affaire et le voisin m'appelle sur mon portable quelques semaines après.

"Salut, je viens te donner des nouvelles de mon fils.
- Il va mieux ? 
- Heu, non pas de changement, sauf que j'ai peur qu'il soit passé à la cocaïne.
- Merde !
- Oui, c'est préoccupant. Tu sais, je suis allé au truc que tu m'as conseillé, je n'arrive jamais à prononcer le nom...
- ... Le CSAPA...
- Oui, c'est ça. Ben, ils ne m'ont pas beaucoup aidé...
- Raconte.
- Eh bien, d'abord, ils ont été surpris de mon appel... 'Il a quel âge, votre fils ? - Seize ans. - Il ne peut pas venir nous voir ? - S'il voulait venir vous voir, je ne vous appellerais pas... - Enfin, votre démarche est curieuse...' Donc, j'ai fini par avoir un rendez-vous avec un des psychiatres du secteur... Une cinquantaine d'années, les cheveux broussailleux, une barbe clairsemée et habillé chemise grand-père, pantalon en velours, chaussures Timberland fatiguées et une veste marron fripée accrochée à l'arrière de son fauteuil...
- Tu t'es rappelé tout ça ?
- J'ai eu le temps de mijoter et de ressasser... Bon, il m'a dit 'Je vous écoute' et je lui ai exposé la situation. Il m'a répondu que le cannabis, c'est pas bien grave, qu'il faudrait quand même que je connaisse sa consommation exacte et que, de toute façon, c'était lui qui devait venir les voir, pas moi. 'Je ne peux donc rien faire ? - Non.' J'ai aussi appris qu'il n'y avait pas d'accoutumance au cannbis... Donc...
- Je ne te crois pas.
- Il faut me croire.
- Ouah...
- Tu peux le dire.
- Je suis sorti comme un crétin de son bureau et j'imagine qu'il a dû faire des commentaires désagréables quand je suis parti.
- Tu veux donc dire que, contrairement à ce que l'on raconte partout, surveillez vos ados et alertez dès que quelque chose vous semble anormal, c'est du pipeau ?
- Oui. Je lui ai parlé de la cocaïne, là il a pris un air plus grave mais je n'ai rien obtenu de plus.
- Qu'est-ce que tu vas faire ?
- Je n'en sais rien..."

Rendez-vous dans deux ans.