La jeune A, 14 ans, vient avec sa maman.
Ce sont des patients volatiles, la maman comme la fille, elles fréquentent le cabinet de façon épisodique (tant mieux, comme dirait l'autre : elles ne sont pas malades ou, variante : moins on voit son médecin, mieux on se porte) et quand il n'y a pas de rendez-vous assez rapidement elles consultent un autre médecin. Pas de problème.
A consulte pour que je lui donne (je n'ai pas écrit "prescrive") les médicaments qui ont si bien marché l'année dernière pour "son" allergie.
Je l'interroge.
C'est la maman qui répond (un peu) pour elle. Rien de nouveau dans le domaine de l'allergie saisonnière.
L'histoire est la suivante (ce que m'apprend le dossier électronique) : les manifestations allergiques (essentiellement une rhinite) ont commencé l'an passé (pas d'antécédents dans le carnet de santé, dossier électronique : l'interrogatoire de l'an dernier ne retrouvait rien de patent sinon un frère "asthmatique") et, comme dans 98 % des cas d'allergie modérée, je n'ai pas fait appel à un allergologue (il faudra qu'un jour je me fende d'un billet sur l'allergologie).
Madame B me répète que le traitement de l'an passé a été formidable.
Je répète deux ou trois conseils sur l'allergie. Sans plus.
A a une particularité : elle dit ne pas pouvoir absorber des comprimés et/ou des gélules.
Je renouvelle l'ordonnance de l'an passé, à savoir cetirizine en gouttes pour trois mois et nasonex pour un mois.
Je lis, comme je le fais presque toujours, l'ordonnance pendant que je la tape pour vérifier que tout a été compris ou à quoi sert chaque médicament.
La maman : "Vingt gouttes ?"
Moi : "Oui, pourquoi ?"
La maman : "Parce que je lui donnais deux gouttes, c'était d'ailleurs assez difficile de ne pas donner plus."
Je vérifie l'ordonnance électronique de l'an passé : il y avait bien écrit 20 gouttes et non XX gouttes comme je me faisais jadis pour crâner. Je n'ai pas dû bien faire mon boulot l'année dernière.
Il s'en suit une longue discussion.
Je vous laisse méditer (j'ai oublié de vous dire que A avait été pesée et mesurée, que j'ai vérifié l'état de ses vaccinations, qu'elle n'était ni vaccinée contre la méningite B ni contre la papillomavirus, et nous avons parlé, chez cette jeune fille mince de sa sur consommation de boissons sucrées, coca, elle n'arrive pas à boire de l'eau plate ou gazeuse, sur son grignotage, et cetera, une consultation banale de médecine générale) sur cette consultation de routine de médecine générale (ce pourquoi on parle de bobologie) :
- Ordonnance tapuscrite non comprise
- Médecin non certain de la bonne compréhension des instructions de prescription.
- Effet placebo
- La maman est allée trois fois à la pharmacie et personne ne lui a lu à haute voix l'ordonnance.
- C'est tellement mineur que cela ne devrait pas justifier d'un billet, mais c'est la médecine générale, idiot.
Un dernier point : quand un patient ne comprend pas ou ne suit pas la prescription c'est toujours la faute du prescripteur et souvent aussi celle du prescrit.
Bonne journée.
4 commentaires:
2 gouttes par jour !
Vous êtes mûr pour l'homéopathie !
:)
Vous dites que cette jeune fille de 14 ans est mince mais qu'elle a une surconsommation de soda sucrés et qu'elle grignote. Bon. Ca n'a pas l'air de lui faire du mal, pour l'instant, donc si c'est pour lui donner des habitudes de vie saines, je veux bien, mais est-ce que vous ne pensez pas que cette conversation à ce sujet tend à lui inoculer à un âge très jeune la peur de grossir, qui ne la quittera plus jamais, alors même que c'est un problème qui ne la concerne pas, du moins pas encore, et si ça se trouve (Dame Nature sa mère la pute), ne la concernera peut-être jamais et donc l'enferme dès à présent dans le moule "attention ma fille, ne mange pas n'importe quoi si tu veux être mince, car en-dehors de la minceur point de salut" ?
@ Caroline.
Les bras m'en tombent...
Je ne lui inocule pas la peur de grossir, je lui dis simplement que ne boire que des boissons sucrées et pas d'eau, que grignoter des saloperies sucrées et salées à la place d'un fruit ou d'un légume n'est pas bon.
C'est vous qui voyez une corrélation entre sucre et grignotage et obésité.
Cela s'appelle l'instruction.
C'est vous qui interprétez et qui sur jouez.
Je ferais mieux d'aller vendre du coca.
Bonne journée.
A Caroline,
votre commentaire dénote, à minima, une ignorance crasse de l'importance de la nutrition comme facteur de santé. La consommation des boissons sucrées a explosé pendant les 50 dernières années, sans aucune autre raison que le marketing intensif et la baisse de la TVA sur les boissons non alcoolisées à 5,5% décidée dans les années 80 et non compensée par la taxe soda.
Beaucoup d'ados, surtout dans les milieux défavorisés, (la consommation de sodas est aussi un marqueur social) ne se souviennent plus de la dernière fois où ils ont bu de l'eau.
Par ailleurs, on peut être nourri depuis le berceau au Coca, ne jamais devenir obèse, et être pourtant diabétique à 30 ans. A l'inverse on peut être obèse et manger équilibré mais en trop grande quantité, mais ce n'est pas le cas le plus fréquent.
La malbouffe en elle même comporte un risque pour la santé, indépendamment du fait d'être en surpoids ou non.
On aimerait que vous ayez la même compassion pour cette jeune fille en tant que victime du marketing qui l'amène à faire des choix orientés, sous influence, et délétères pour sa santé que vous en avez pour elle comme victime d'un soi disant harcèlement médical.
Les enfants sont des victimes vulnérables et non protégées du marketing de Big Junk Food , sur tablette , smartphone et au travers des réseaux sociaux https://theconversation.com/four-ways-junk-food-brands-befriend-kids-online-77015
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