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jeudi 5 mai 2011

Patrick Roy : les leçons dramatiques de la transparence.


Patrick Roy

Il fut un temps où l'on mentait aux malades en ne leur disant pas de quelle maladie grave ou mortelle ils souffraient (la période paternaliste hypocrite) et, par un tour de passe passe idéologique et moral, il est licite désormais de dire la vérité aux malades surtout quand leur maladie est grave ou mortelle (la période libérale hypocrite, libérale au sens philosophique, pas économique).
Aujourd'hui, je pense certes aux proches du député Patrick Roy qui vient de mourir d'un cancer du **** (et vous lirez ICI une analyse politique de Christian Lehman), mais moi, et j'ai hésité à écrire ce post, je l'ai fait après avoir consulté une famille de patient, je pense surtout à tous les malades qui ont actuellement un cancer du **** et qui viennent d'apprendre en direct qu'ils sont foutus. Je pense aux familles qui, telles un Etat policier, ont tenté de couper la télévision, internet ou supprimé les journaux de la maison (grève très vraisemblable des NMPP) afin que leur mari, père, fils (et la même chose dans l'autre sexe) ne perde pas définitivement l'espoir de guérir.
J'ai déjà parlé ici de la pratique barbare de dire la vérité au malade quel qu'en soit le coût moral mais je voudrais souligner ici combien la transparence et la publicité, considérées comme geste éthique fondamental vis à vis des medias, de la maladie des hommes politiques, par exemple, est une des composantes, je pèse mes mots, du totalitarisme moderne des sociétés libérales, celui de l'intrusion de la démocratie d'opinion dans la vie privée de tout un chacun.
Non, chers malades, le cancer du **** du député Patrick Roy n'est pas toujours mortel. Ayez de l'espoir.

dimanche 12 septembre 2010

DIALOGUES POST MORTEM - HISTOIRES DE CONSULTATIONS : QUARANTE-ET-UNIEME EPISODE

Le triomphe de la mort - Pieter Bruegel l'Ancien, 1562

Je reçois le fils de Madame A, 67 ans, qui est morte pendant les vacances (cf. le blog du 25 août). Il vient pour autre chose mais c'est secondaire.
Voici ce dont nous parlons : Dès le début je savais que l'issue était fatale en 3 à 6 mois. Je l'avais dit à la famille. On ne connaît pas de personnes, sauf erreur diagnostique, qui aient survécu à ce cancer. J'avais adressé Madame A à un gastro-entérologue et à un oncologue que j'apprécie tous deux. Elle avait confiance en eux. A la réflexion, je me rappelle cependant qu'elle avait demandé un second avis. Il a donc été convenu entre l'oncologue, le gastro-entérologue et elle qu'une chimiothérapie soit initiée. Comme je l'ai dit le 25 août, je n'ai pas pu aborder le problème avec elle ; je n'ai pas osé et j'ai senti qu'elle ne souhaitait pas qu'on en parle. Son fils, celui qui est en face de moi, ne m'a jamais appelé. Ni aucun autre membre de la famille durant ces dernières semaines. Quand la maladie a commencé elle ne souffrait pas. Elle était même étonnamment "bien portante". Quand la chimiothérapie a commencé elle a commencé à aller mal. Elle était fatiguée, nauséeuse, vertigineuse, dysesthésique, diarrhéique et elle ne souhaitait plus quitter sa maison. Son fils me dit : J'ai compris que c'était la chimiothérapie qui la mettait comme cela, j'en ai parlé au cancérologue, j'en ai parlé à maman mais elle m'a dit ceci : Je ne souhaite qu'une seule chose, pouvoir profiter de mes enfants et de mes petits-enfants le plus longtemps possible. Donc je me fais traiter.
C'est un dilemme classique : le médecin sait que la chimiothérapie ne va pas apporter beaucoup d'espérance de vie en plus mais aussi que la vie sous chimiothérapie sera compliquée... Il est même des anticancéreux qui obtiennent leur Autorisation de mise sur le Marché après que des essais contrôlés (en double-aveugle contre placebo) ont montré qu'ils augmentaient l'espérance de vie de quelques semaines. Mais cette femme a choisi l'espoir ; cette femme a choisi de croire qu'elle devait se battre ; pour ses enfants et ses petits-enfants. Fallait-il lui assener encore plus la vérité ?
Inhumain, n'est-il pas ?