GARDASIL COLLOQUE DU
23 JUIN 2014 A LA REPRESENTATION DU PARLEMENT EUROPEEN A PARIS
Ou LE PECHE ORIGINEL
DU GARDASIL
Docteur Claudina MICHAL-TEITELBAUM
Je n’ai pas de conflits
d’intérêts
Le 23 juin 2014 dans
l’après-midi, a eu lieu un colloque organisé par
Philippe de
Chazournes, président de l’association de formation et d’information
médicale indépendante
Med’ocean (
ICI).
Philippe de Chazournes avait
invité de nombreux représentants d’instances officielles et de l’industrie
pharmaceutique (Sanofi) qui n’ont pas pu ou jugé nécessaire de venir. La salle,
obtenue in extremis, a été mise à disposition par Michèle Rivasi, députée
européenne écologiste, très impliquée dans la lutte contre les conflits
d’intérêts et leur influence sur les décisions concernant la santé prises au
sein de l’Union européenne et, en particulier, par l’Agence européenne du
médicament (EMA).
Les forces en
présence dans ce débat
Omniprésente dans ce débat,
quoique invisible et préférant souvent déléguer l’expression de ses arguments à
des leaders d’opinion bien installés, l’industrie pharmaceutique.
Les principaux laboratoires
concernés ici sont Sanofi, Merck (ou MSD) et GSK (GlaxoSmithKline). Merck,
laboratoire américain, est le
fabricant du Gardasil, mais il forme aussi une co-entreprise avec Sanofi qui
commercialise le Gardasil dans plusieurs pays européens. Merck verse aussi des
royalties sur les ventes de Gardasil
à GSK qui représenteraient 24 à 26% du chiffre d’affaires des ventes du vaccin.
A eux trois ces laboratoires pesaient, en 2013 quelques 78 Mds d’euros de
chiffre d’affaires soit quelques
100 Mds de dollars et 12%
du chiffre d’affaires mondial des ventes de médicaments
(ICI).
Comme on le sait, notamment
depuis les travaux des chercheurs canadiens Leo-Paul Luzon et Marc Hasbani une
bonne partie de cet argent, une
partie croissante des dépenses des gros laboratoires pharmaceutiques, n’est
consacrée ni à la production de médicaments ou vaccins, ni à la recherche et
développement mais au marketing, qui englobe un ensemble de stratégies d’influence. Ces stratégies d’influence ont pour
conséquence de générer la multiplication des conflits d’intérêts au sein des
Etats, des représentations parlementaires nationales et européennes et des
agences nationales et
internationales de santé. Les trois laboratoires cités totalisent quelques
300 000 employés. Le rôle de beaucoup d’entre eux, ce pour quoi ils sont payés, c’est d’imaginer et
d’implémenter toutes les formes de stratégies d’influence dont le but
principal, comme dans toute société commerciale, est de maximiser les chiffres
de vente et donc les recettes et les bénéfices de leur employeur.
De l’autre côté, lors de ce colloque,
nous étions quelques médecins, représentatifs des quelques dizaines de médecins
qui, en France, veulent favoriser une approche non idéologique et EBM (Evidence
Based Medecine ou Médecine fondée sur des preuves) du débat autour des vaccins
contre le papillomavirus. Nous avions en commun d’être des médecins de terrain,
de consacrer une bonne partie, si ce n’est l’essentiel de notre temps libre, à
essayer de comprendre les aspects scientifiques de cette controverse, à essayer
de distinguer ce qui relève du marketing et de la désinformation dans ce débat
pour ensuite pouvoir transmettre ce que nous avons compris à nos confrères et
au public. La plupart d’entre nous sommes des partisans convaincus de l’EBM
dont le principe est d’exiger une démarche scientifique rigoureuse
dans l’évaluation des médicaments qui nous permette de donner une information
de haute qualité aux patients afin qu’ils puissent ensuite faire des choix
éclairés en fonction de leurs valeurs et préférences. Notons bien, au
passage, que la démarche EBM, bien comprise, est une démarche certes
scientifique, mais, avant tout, éthique, parce que son objectif principal est
d’apporter une information de qualité au patient pour qu’il puisse faire des
vrais choix et non des choix orientés par une présentation trompeuse des faits.
Donc, des forces bien inégales en
présence.
Le choix de ne pas
s’appesantir sur les effets indésirables
C’est une décision prise par
Philippe de Chazournes et que j’approuvais. Elle a pu choquer les associations
de victimes et les associations anti-vaccinalistes qui n’ont pas été invitées à
ce colloque.
Il faut d’abord dire que la
question des effets indésirables est au centre de nos préoccupations, nous,
médecins de terrain, partisans de l’EBM, engagés dans ce débat. Tout simplement
parce que s’il ne s’agissait que de dépenser de l’argent inutilement dans un
vaccin, ce serait certes embêtant, bien embêtant pour les finances publiques,
mais ce ne serait pas tragique, et nous ne nous sentirions pas directement
concernés en tant que médecins. Mais c’est effectivement l’idée des dégâts,
parfois irréparables, qu’un vaccin inutile pourrait provoquer chez des jeunes
filles et des jeunes hommes en bonne santé qui nous motive et nous fait veiller
tard le soir.
Il faut que je précise pourquoi
ce choix de ne pas aborder ce débat sous l’angle des effets indésirables me
paraît pertinent.
D’abord parce que ce débat autour
des effets indésirables tend à déclencher des réactions de peur, des réactions
passionnelles qui rendent très difficile tout débat argumenté. La presse a tendance à se jeter sur toute
nouvelle annonce concernant les effets indésirables car cela fait vendre du
papier. Les mouvements anti-vaccinalistes et aussi les associations de victimes
emboîtent le pas et fulminent sur internet et dans la presse. Au final, les
parents ont peur pendant quelques semaines puis oublient, une nouvelle
sensationnelle chassant l’autre, sans avoir pour autant compris le fond du
débat. Dès qu’ils auront oublié ils feront vacciner leurs enfants.
Cette impossibilité d’avoir un
débat scientifique argumenté arrange énormément les laboratoires
pharmaceutiques, qui ont visiblement donné des consignes aux leaders d’opinion.
Ces consignes sont de présenter le débat autour du vaccin comme opposant le bon
sens et la rigueur scientifique de la masse des médecins pro-vaccin à l’irrationalité
des opposants au vaccin présentés comme des anti-vaccinalistes primaires. C’est
ainsi que le débat est présenté par Infovac, dont tous les experts ont des
liens d’intérêt multiples et variés avec l’industrie pharmaceutique (
LA)
.
Je donnerai exemple pour
illustrer cette stratégie de discrédit des opposants adoptée par les services
marketing des laboratoires concernés et relayée par les leaders d’opinion et
les medias d’information subventionnés pas les laboratoires pharmaceutiques.
Le 9 septembre, « radio
Sanofi » fut la première à mettre en avant une étude danoise présentée, de
manière très partiale et partisane, comme la démonstration de l’efficacité du
Gardasil (
ICI). Il s’agit en réalité d’une étude publiée en février et
passée inaperçue mais soudainement mise en avant par la grâce de radio Sanofi.
Je précise que radio Sanofi est le surnom que j’ai donné à
fm fréquence médicale (LA) radio
de l’affairiste bien connu, accessoirement titulaire d’une carte de
presse,
Jean-François Lemoine.
Cette radio est exclusivement réservée aux médecins. Voici quelques éléments de
biographie de Jean-François Lemoine (
LA)
et d’autres
informations le concernant (
ICI). Voici
également la présentation faite par
fm fréquence médicale de cette étude (
LA).
Présentation aussitôt reprise par
différents sites d’information grand public dont un autre site appartenant à JF
Lemoine « pourquoi docteur » (
ICI).
Cette étude est présentée comme
indépendante. Néanmoins, parmi les auteurs, on trouve
Suzanne S.
Kjaer du Centre danois
de recherche sur le cancer. Elle est même la directrice scientifique du Mermaid
project II (
LA), projet privé fondé
par des banquiers et hommes d’affaires qui a totalement financé l’étude. Ce
médecin a été rémunérée grâce aux financements de Merck pendant plusieurs
années pour sa participation au volet danois des essais cliniques sur le
Gardasil dans le cadre de l’essai appelé Future II. Elle est aussi rémunérée
pour sa participation aux conseils scientifiques de Sanofi et Merck et reçoit
des subventions pour ses recherches de ces deux laboratoires, entre autres.
Autant dire, au statut près, que c’est une employée des laboratoires.
Le discours du Dr Baldur-Felskov
est, mystérieusement, exactement adapté à la stratégie adoptée par les
laboratoires pour contrer les opposants à une vaccination systématique
infondée. Elle explique complaisamment aux journalistes de la radio fm fréquence médicale que, si
l’on a pu avoir ces résultats (je ne me lance pas ici dans l’analyse de cette
étude, qui le mériterait pourtant) c’est parce qu’au Danemark il y a peu
d’anti-vaccinalistes ce qui n’est pas le cas ailleurs, suivez son regard.
Mais qu’est-ce donc qu’un
anti-vaccinaliste ? Puisque moi et tous les médecins qui réclamons le
débat et plus de transparence au sujet des vaccins contre le papillomavirus sommes
censés en être j’aimerais bien le savoir. J’en donnerais une définition non
académique mais simplement empirique. Je dirais que pour moi, un
anti-vaccinaliste, est une personne qui est obsédée par les vaccins et
persuadée que les vaccins sont du poison (ce mot revient souvent dans les
écrits et propos de certaines associations) et qu’il est criminel de vacciner. Et/ou
une personne qui pense que Andrew Wakefield, le médecin qui disait avoir établi
un lien entre vaccin contre la rougeole et autisme, est un héros alors qu’il est,
de toute évidence, un opportuniste et
un escroc (cf. à ce sujet, le dernier paragraphe de mon article sur la
rougeole (
LA). L’anti-vaccinaliste
peut mélanger dans ses propos des arguments scientifiques avec des arguments
totalement irrationnels sans que cela le perturbe le moins du monde.
Je ne me reconnais absolument pas
dans ce portrait, et je pense que aucun des intervenants au débat n’y
ressemble. Disons, simplement, que pour les experts d’ Infovac est
anti-vaccinaliste toute personne qui s’autorise à penser au sujet des vaccins.
La focalisation sur les effets
indésirables se traduit finalement par des querelles de chiffonniers au sujet
des chiffres et de l’imputabilité de ces effets, querelles auxquelles les
laboratoires et les leaders d’opinion se prêtent bien volontiers parce que cela
permet de rester sur leur terrain de prédilection, en jouant sur les peurs et
les illusions, et leur évite d’aborder l’argumentaire de fond. Ce jeu finit pas
être lassant, et il y a un risque réel de banalisation des effets indésirables.
Pour ne pas faire trop long je ne
m’étendrai pas ici sur les grosses ficelles utilisées pour fausser le débat au
sujet des effets indésirables, comme de changer en permanence les règles du jeu
c'est-à-dire les critères d’interprétation de l’effet indésirable , ou exiger
que le mécanisme physiopathologique soit élucidé pour en reconnaître
l’existence, ou encore, minimiser
certains effets indésirables en les qualifiant de psychogènes, ou simplement
laisser croire que les évènements indésirables déclarés représentent la
totalité des évènements indésirables survenus... Mais je mentionne que je
regrette que la revue Prescrire soit la première à se prêter à ce jeu de dupes,
pour des raisons purement idéologiques et non scientifiques qui font qu’elle
s’éloigne de plus en plus, dans ce débat, des positions éthiques qu’elle est
censée défendre.
On pourrait finir par croire que
l’intérêt d’un vaccin est de ne pas provoquer d’effets indésirables. Nous
l’évoquerons plus loin mais un vaccin sans effets indésirables, cela n’existe
pas. Et la rareté des effets indésirables n’est pas un argument suffisant pour
justifier une vaccination généralisée.
Les parents font ils vacciner
leurs enfants dans l’espoir qu’ils n’auront pas d’effets indésirables ?
Je pense plutôt que les parents
font vacciner leurs enfants en espérant un bénéfice du vaccin.
Mais comment se définit le
bénéfice ? Certainement pas par l’absence d’effets indésirables.
Alors…
Efficace ne veut pas
dire utile
Il existe des outils qui peuvent permettre d’évaluer
l’utilité d’un vaccin dans une perspective de santé publique. L’analyse
médico-économique en fait partie. Même si son but premier n’est pas
l’évaluation de l’utilité mais celui du rapport coût-bénéfice, elle nécessite,
pour faire cette évaluation, d’envisager l’intérêt du vaccin dans la
« vraie vie ». Pour cela, elle pose des hypothèses, qui seront autant
de paramètres qui conditionneront le résultat final. L’efficacité et la constance
de cette efficacité du vaccin ne sont que des paramètres parmi d’autres. La
couverture vaccinale en est un autre tout comme la durée de protection conférée
par le vaccin.
Mais dans le cas présent, le vaccin n’est pas seul à
prévenir le cancer du col utérin. Il existe un moyen incontournable et
irremplaçable de prévention qui est le frottis de dépistage.
Le bénéfice éventuel du vaccin, qui n’a pas d’effet
thérapeutique et ne doit pas être utilisé chez des jeunes filles déjà
infectées, ne pourra être envisagé qu’en termes de bénéfice
supplémentaire obtenu à très long terme, et en marge
du bénéfice du frottis.
En fait, l’analyse médico-économique effectuée par
l’INVS (ICI), montre qu’en cas de
généralisation du dépistage organisé, et dans l’hypothèse d’un bénéfice maximal
et constant du vaccin de 70% de préventions des cas de cancer du col, une
réduction statistiquement apparente du nombre de cas du cancer du col, avec une
couverture constante de 80%,
n’apparaîtrait que dans 70 ans.
Ainsi, l’analyse médico-économique permet de répondre
à la question : « quelles sont les conditions pour que le vaccin
apporte un bénéfice ? »
La réponse est : ces conditions sont nombreuses
et très difficilement réalisables. Et, même dans le cas où toutes ces
conditions seraient réalisées, le bénéfice serait faible au niveau de la
population, donc très improbable au niveau individuel, puisqu’on n’obtiendrait,
si toutes les conditions étaient réunies, qu’une réduction supplémentaire de
18% du nombre de cas de cancer du col utérin à échéance de 70 ans.
A contrario, cela signifie que si une seule de ces
conditions n’est pas réalisée, par exemple si la couverture vaccinale n’était
que de 60% au lieu de 80%, ou si l’efficacité du vaccin n’était que de 50% au
lieu de 70%, ou bien si le vaccin ne protégeait pas à vie, etc., dans tous ces
cas le vaccin n’apporterait aucun bénéfice en termes de santé publique et donc
n’aurait aucune utilité.
Il ne resterait alors du vaccin que ses effets
indésirables et son coût exorbitant.
Le pêché originel du
Gardasil
Mais le véritable problème posé par le Gardasil et les vaccins contre le
papillomavirus est de
nature éthique et peut se résumer en quelques mots.
Le problème vient de ce qu’un petit comité de la FDA,
composé de quelques médecins et chargé de l’examen du dossier soumis par Merck
pour émettre un avis sur le choix des critères à évaluer dans les essais
cliniques sur le Gardasil, a proposé (aucune règle interne à la FDA ne l’en
empêchait) d’accepter pour la première fois au monde le principe d’une
procédure accélérée pour un vaccin.
En quoi est-ce extraordinaire et en quoi est-ce,
surtout, éthiquement inacceptable ?
Une procédure accélérée de mise sur le marché est une
procédure simplifiée d’évaluation d’un médicament, vaccin ou produit
biologique. Elle implique une évaluation incomplète de l’efficacité d’un
produit.
Les règles de mise sur le marché des médicaments et
vaccins qui s’appliquent actuellement sont fondées sur l’utilisation d’essais
cliniques randomisés et nécessitent la comparaison sur des critères
précis et pertinents sur le plan clinique ou sur le plan de la santé publique, de deux groupes statistiquement semblables obtenus par sélection
des participants et randomisation , c'est-à-dire affectation au hasard à l’un
des deux groupes des patients initialement sélectionnés, l’un de ces groupes
recevant le traitement tandis que l’autre reçoit un placebo. Ces règles ont été
imposées aux Etats Unis dans le cadre de l’amendement Kefauver-Harris voté en
1962 suite à des catastrophes sanitaires majeures que sont les scandales de la
thalidomide et du distilbène (DES ou diethylstilbestrol) dans les années quarante et cinquante. Elles
étaient destinées à assurer que seuls arrivaient sur le marché des médicaments
efficaces et dont la balance bénéfice (efficacité clinique)/risque (d’effets
indésirables) était favorable.
Historiquement, la procédure accélérée d’évaluation en
vue de l’obtention d’une AMM avait été introduite à la FDA pour faire face à
l’épidémie de SIDA en accélérant l’arrivée sur le marché des nouveaux
traitements à la fin des années quatre-vingt-dix. Avant la décision concernant
le Gardasil, il était habituel que la possibilité d’accéder à une procédure
accélérée pour un médicament soit soumise à des conditions très strictes. Elle
ne pouvait être accordée que pour des traitements concernant des maladies mettant
en jeu le pronostic vital et dans le cas où il n’existait pas d’autre
alternative au nouveau traitement pour des personnes malades.
Or, les 28 et 29 novembre 2001, le comité de la FDA
chargé de délibérer et d’émettre
des avis concernant l’évaluation des vaccins et produits biologiques (VRBPAC)
et composé, pour cette occasion, de seulement trois médecins (Douglas Pratt,
Karen Goldenthal et Antonia Geber) s’est réuni et a émis un avis favorable pour
faire bénéficier le vaccin de Merck d’une procédure accélérée. Le compte-rendu
de cette réunion est archivé à la FDA sous le numéro 3805b1_01 : voir LA.
A lire le compte-rendu on voit que le comité était
bien conscient que l’utilisation de cette procédure risquait d’aboutir à une
expérimentation d’une durée illimitée sur une population de jeunes filles en
bonne santé. Il demandait donc que ce passe droit soit assorti de l’obligation
de mener des études de confirmation démontrant un effet réel du vaccin sur les
cancers du col. Les seules études de confirmation ayant une réelle valeur
scientifique auraient été des études randomisées. Il proposait que les études
de confirmation soient fondées sur le suivi des jeunes femmes incluses dans
l’étude initiale et permettent de
comparer le nombre de cancers survenus dans chacun des groupes, celui des jeunes filles
vaccinées et celui des jeunes filles ayant reçu un placebo. Mais, une fois
l’autorisation de commercialiser en poche, le laboratoire Merck s’est empressé
de vacciner toutes les jeunes filles du groupe contrôle de l’essai clinique
(groupe non vacciné) rendant ainsi impossible une telle étude.
Exposer à très grande échelle des individus à un
vaccin ou médicament n’ayant pas démontré des bénéfices sur des critères
pertinents va à l’encontre de tous les principes éthiques. C’est l’équivalent
d’un essai clinique en population. C'est-à-dire d’un essai clinique très étendu
mais sans la garantie qu’offre un véritable essai clinique, de pouvoir un jour
tirer des conclusions quant à l’efficacité du produit.
Dès lors le mal a été fait lorsque la FDA a accepté de
mettre le vaccin sur le marché dans de telles conditions et qu’il a ainsi
renoncé aux fondements éthiques de l’évaluation des médicaments. Et toutes les
discussions qui occultent le fait que des principes fondamentaux d’éthique
médicale ont été foulés aux pieds, et que jamais l’efficacité des vaccins ne
pourra être connue, ne peuvent qu’être stériles et tourner en rond sans pouvoir
aboutir à une conclusion.
La seule manière de rendre défendable, d’un point de
vue éthique et de santé publique,
la cause d’un vaccin qui
n’a pas démontré de bénéfice est de prétendre que le vaccin n’aurait pas
d’effets indésirables ou, en tous cas, pas d’effets indésirables graves. Parce
que dès que l’on admet qu’un vaccin largement administré dans une population et
n’ayant pas démontré de bénéfices a des effets indésirables, la seule issue,
d’un point de vue éthique et face à l’opinion publique serait de le
retirer du marché.
Mais les leaders d’opinion et les laboratoires ne
peuvent pas soutenir ouvertement l’idée d’une absence d’effets indésirables
graves du vaccin, pour la raison simple qu’elle n’est pas crédible.
Alors, ils ont opté, comme souvent les industriels
sans scrupules en de telles circonstances (cf. histoire des cigarettiers et du
lien entre tabac et cancer du poumon) pour une stratégie du doute permettant de
gagner du temps. Car, en l’occurrence, on peut vraiment le dire, le temps, c’est
de l’argent. Et plus on attend pour prendre acte de l’inutilité du vaccin et de
ses effets indésirables, plus les laboratoires et les leaders d’opinion qu’ils
rémunèrent gagnent de l’argent.
Cette stratégie se traduit donc par la publication
d’une multitude d’études biaisées ou simplement conçues pour omettre
l’essentiel, c’est à dire prétendre démontrer que tel effet indésirable n’est
en réalité pas dû au vaccin. Il faut savoir qu’il y a, ces dernières années,
environ 2500 nouvelles publications concernant le papillomavirus chaque année
répertoriées sur la base de données bibliographiques Medline, et que la grande
majorité d’entre elles sont financées soit par l’industrie pharmaceutique, directement
ou de manière plus ou moins occulte, soit par des organismes publics qui ont
des conflits d’intérêts financiers au sujet de ce vaccin, comme le NIH
(National Institute of Health). Le NIH désigne un groupement d’instituts
publics américains s’occupant de recherche médicale dont le NIC (National Institute of cancer) fait partie. Le
NIC ayant cédé certains brevets concernant la fabrication du Gardasil à Merck
touche, de la part de ce laboratoire, des royalties proportionnelles aux ventes
du vaccin. Le NIH, présente la particularité de gérer les subventions publiques
à la recherche médicale et d’héberger la base de données bibliographiques
Medline, la plus grande base d’articles médicaux au monde. Le NIH dépend du
département de la santé américain.
Ainsi, le Gardasil est-il au centre d’un immense
réseau de conflits d’intérêts.
Le
péché originel du Gardasil c’est donc celui-là : c’est un vaccin qui a été
mis sur le marché en dépit des principes éthiques les plus élémentaires et dont
l’efficacité sur le cancer du col de l’utérus ne pourra jamais être clairement démontrée.
Le colloque du 23
juin
La video du colloque est divisée en quatre parties
d’un peu moins de 50 minutes.
Pour visionner il faut d'abord charger le Powerpoint.
Dans la première partie (ICI) (diapositives 1 à 27), Michèle Rivasi explique
comment, de sa position de députée, ce vaccin a d’abord attiré son attention.
Puis, vers la minute 7, Philippe de Chazournes relate comment il a été parmi
les premiers à se mobiliser pour que le débat soit ouvert, sur la base des
arguments mêmes qui étaient présentés dans les documents officiels. Puis il
présente les intervenants et les thèmes abordés.
Dans la deuxième partie (LA) (diapositives 28 à 122), Michel Coletti, médecin généraliste, ancien pharmacien, formateur
indépendant de médecins généralistes et fin connaisseur des circuits
administratifs et des politiques
du médicament en France, explique, avec humour, de quelle manière les décisions
concernant les médicaments sont biaisées et comment tout le système est
détourné au profit de l’industrie pharmaceutique. Il est suivi, vers la minute
28, par le Dr Jean-Paul Hamon, président du syndicat FMF qui cite des exemples
de dysfonctionnements de la régulation du médicament, dont le vaccin contre le papillomavirus, et les coûts
associés. Vers la minute 33, le Dr Alain Siary, médecin généraliste, formateur
dans une association de formation indépendante, la SFTG, explique de manière
circonstanciée et claire l’histoire naturelle du cancer du col utérin, les
facteurs de risque, l’épidémiologie et l’intérêt du dépistage.
Dans la partie 3 (ICI) (diapositives 123 à 138), j’interviens pour parler notamment
des essais cliniques et de la notion d’utilité du vaccin, telle qu’elle a pu
être évaluée par les analyses médico-économiques. L’utilité du vaccin va
au-delà de la notion d’efficacité, qui est toute théorique, et essaye de
représenter ce qui va se passer dans la vraie vie, selon les hypothèses admises
au départ (par exemple au sujet de la couverture vaccinale ou au sujet de
l’efficacité du vaccin). L’utilité du vaccin pourrait se définir comme le
bénéfice supplémentaire qu’on peut attendre du vaccin, compte tenu du contexte,
de la durée d’évolution du cancer,
et des autres moyens de lutte contre la maladie. Puis, vers la minute
37, Florence Baltazart, également
médecin généraliste, explique pourquoi il y a lieu de mettre en doute le lien
de causalité entre cancers ORL et papillomavirus qui est désormais présenté
comme une évidence dans les congrès sponsorisés par l’industrie pharmaceutique.
Dans la partie 4 (LA) (diapositives 139 à 160), Michèle Rivasi explique comment, en
tant que député européenne, elle essaye d’agir sur des prises de décision et de
lutter contre les conflits d’intérêts, dans un contexte où les décisions sont
prises de manière particulièrement opaque. Elle est suivie par Nicole Délépine,
qui parle de manière plus générale de la prise en charge des cancers et de ses dérives.
Ont souhaité également prendre la
parole, Didier Lambert, en tant que représentant de l’association E3M, qui se
bat pour la reconnaissance de la responsabilité de l’aluminium dans le
déclenchement d’effets indésirables graves provoqués par les vaccins, et Mme Foucras, représentante de
l’association REVAHB, association de défense des victimes du vaccin contre
l’hépatite B.