Le journal Le Monde (ici) annonce aujourd'hui que, selon le journal Le Figaro (là), le Mediator serait responsable de 500 à 1000 morts par an selon une enquête "confidentielle" de la CPAM. On nage en plein délire français.
On se rappelle que la grippe saisonnière causait entre 5000 et 7000 morts par an quand il s'agissait de promouvoir la vaccination et que les chiffres descendaient, lors d'une année où peu de gens s'étaient fait vacciner, au chiffre de 312, ou aux environs de 1000 quand Madame France Meslé écrit des articles scientifiques pour montrer combien la vaccination anti grippale est efficace dans une revue publiée par la très respectable INED (voir ici mes commentaires)...
Eh bien, pour le Mediator (benfluorex), la CPAM (on se demande ce qu'elle vient faire ici car elle n'est pas franchement connue pour ses compétences en pharmacovigilance) balance entre le simple et le double. On aimerait quand même que cette imprécision fût précisée ou fût démentie par les instances pharmacovigilantes françaises et qu'elles disent à la CPAM de se mêler de son boulot. Si la CPAM dit vrai...
On révise : le benfluorex est une molécule interdite partout dans le monde et la France a mis plus de temps que les autres pays à l'interdire (et on se demande bien pourquoi même si j'ai quelques pistes à vous proposer qui pourraient me valoir un procès, une assignation ou une interdiction d'exercice ; faisant fi à ces dangers et par esprit de résistance comme disent ceux qui ne craignent rien, voici quelques raisons explicatives : le groupe Servier est un laboratoire pharmaceutique français ; la Commission Nationale de Pharmacovigilance est un organisme indépendant ; l'hypertension artérielle pulmonaire s'arrête aux frontières de l'hexagone ; l'ASSAPS a de nombreux chats à fouetter : interdiction de l'hélicidine, notamment) ; les faits sont connus parfaitement depuis belle lurette ; les Autorités Françaises ont traîné des pieds.
Je résume ici le mal français : les médecins français ne déclarent pas les effets indésirables ; la phamacovigilance française est la meilleure du monde : elle n'a vu ni Vioxx ni Diantalvic ; mais elle a vu les mucolytiques ; l'AFFSAPs s'est laissée déborder par la CPAM sur le nombre de morts dû à une molécule : c'est comme si l'AFFSAPS se mettait à publier sur la télétransmission ; la DGS est aux abonnés absents ; l'HAS continue de publier des faux servant à asseoir le CAPI ; l'InVS fait rire tout le monde ; il existe des liaisons inscestueuses entre les laboratoires français, l'AFFSAPS, l'HAS et Big Pharma ; les Agences françaises dites indépendantes sont avant tout des agences gouvernementales aux ordres du pouvoir politique.
Un autre mal français : l'absence d'ambitions investigatrices des journalistes français, notamment dans le domaine des sciences médicales. Leur absence d'esprit critique à l'égard des publications officielles (telles celles de l'INED) mais pour être critique il faut quand même savoir de quoi l'on parle. Nous y reviendrons.
Je rappelle que mon associé et moi avions été parmi les premiers à décrire les neuropathies induites par le Vectarion, un produit du groupe Servier et qu'à ma connaissance il est toujours commercialisé.
Le mediator (plectre) est donc toujours pour moi un truc pour jouer de la guitare. Mais un peu plus dangereux quand même.
2 commentaires:
En fait, est-ce que ce médicament est ou était-il nuisible ou non? Mon père en prenait pendant des années, avec un autre médicament pour son diabète, jusque peu avant son décès. J'ai vu que le Mediator est aussi utilisé chez les vétérinaires pour les chiens diabétiques (dans les années 1990). Pourquoi la CPAM dit-elle cela? Quel est sa motivation?
Franchement, la médecine et tout ce qui s#attache avec n'a bientôt plus aucune crédibilité ou confiance de la part des clients.
Bonne journée
Oui, Chantal, ce médicament est dangereux.
Heureusement, tous les patients qui en ont reçu n'ont pas été atteints.
La molécule appartient à une série chimique qui a provoqué des hypertensions artérielles pulmonaires qui sont potentiellement mortelles.
Si je n'ai pas été assez clair : le scandale vient de ce que l'on savait cela depuis des années et que ce n'était pas à la CPAM (tant mieux si elle l'a fait mais le rapport n'est semble-t-il pas disponible) de dénoncer l'affaire mais aux autorités françaises de pharmacovigilance de monter sur la table et de démissionner si leurs données n'étaient pas divulguées. Mais elles n'ont rien fait. Et je suis d'accord avec vous : ce sont les mêmes qui "enquêtent" sur la vaccination anti grippale.
Bonne soirée.
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